DES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION RÉCLAMENT UN PARTAGE ÉQUITABLE DES BÉNÉFICES ET DES BIENFAITS DE LA MONDIALISATION
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Deuxième Commission
21e et 22e séances – matin et après-midi
DES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION RÉCLAMENT UN PARTAGE ÉQUITABLE DES BÉNÉFICES ET DES BIENFAITS DE LA MONDIALISATION
Elles soulignent le rôle positif joué par les migrations et demandent la
restitution des fonds détournés par la corruption pour les investir dans le développement
Au milieu d’une situation économique qui, au niveau international, se fait de plus en plus grave, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont insisté sur la nécessité de mettre le développement au cœur de la gouvernance et des règles de la mondialisation. Nous faisons souvent référence à la fois aux opportunités et aux défis de la mondialisation, mais nous sommes actuellement écrasés par les défis qu’elle pose, a relevé le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine.
De nombreuses délégations ont en effet estimé que les crises alimentaire, énergétique et financière actuelles démontraient clairement les inégalités créées par la mondialisation, dont les principes de fonctionnement et les échanges ont fait que l’économie internationale soit, en fait, gouvernée par quelques puissances majeures dont les décisions ignorent les intérêts de la vaste majorité des pays. Il faut évaluer et juger la mondialisation à l’aune des effets qu’elle aura sur le développement, a précisé le représentant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, en s’exprimant au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Les délégations ont ainsi appelé à une coopération internationale accrue en faveur du développement, ainsi qu’au renforcement du partenariat mondial et à la réforme des institutions multilatérales de gouvernance économique et financière. Dans la situation économique mondiale actuelle, les pays en développement ont besoin de recevoir du soutien à un niveau sans précédent, a ajouté le représentant d’Antigua-et-Barbuda. Pour soutenir la réalisation des objectifs convenus au plan international, il est nécessaire que les politiques menées au niveau national dans les domaines macroéconomique, commercial, financier, social et environnemental le soient dans un cadre de plus grande cohérence avec les objectifs internationaux de développement, a pour sa part indiqué le représentant de la France, qui intervenait au nom de l’Union européenne.
Examinant les interdépendances sur le plan international, de nombreux représentants ont mis l’accent sur le lien étroit qui existe entre les migrations et le développement. Elles ont relevé que s’ouvrait aujourd’hui à Manille, aux Philippines, et en présence du Secrétaire général des Nations Unies, le deuxième Forum mondial sur la migration et le développement. Le représentant des Philippines, d’où 10% de la population vit et travaille à l’étranger, a été parmi les nombreux délégués à souligner l’importance d’optimiser l’impact positif de la migration sur les économies des pays d’origine, d’accueil ou de transit des migrants.
L’apport des migrants au développement de leur pays est significatif, a-t-il déclaré en notant que les foyers philippins avaient reçu, en 2007, 17 milliards de dollars des États-Unis de transferts de fonds provenant des Philippins de l’étranger.
Le représentant du Mexique, porte-parole du Groupe de Rio, a relevé le rôle que jouent, au plan du développement, les envois de fonds des migrants, en rappelant toutefois que ces flux financiers sont privés et ne sauraient se substituer à l’aide publique au développement. Ces envois de fonds dépassent désormais 10% du produit national brut du Bangladesh, soit près de cinq fois plus que l’aide publique au développement, et dix fois plus que les investissements étrangers directs que nous recevons chaque année, a pour sa part indiqué la représentante de cet État Membre. Toutefois plusieurs délégations ont indiqué que la gestion des flux migratoires devait aller au-delà des critères économiques et prendre en compte le respect des droits et la protection des migrants.
Enfin, les délégations se sont également penchées sur la nécessité de lutter contre la corruption, et plus particulièrement de progresser dans la restitution des avoirs détournés et illicitement transférés à l’étranger par des dirigeants indélicats à leur pays d’origine. Constatant que cette question était essentielle pour de nombreux pays en développement, la représentante de la Norvège a argué que l’accomplissement de progrès significatifs dans ce domaine démontrerait que la justice est du côté des victimes de la corruption. Plusieurs délégations ont notamment affirmé qu’il fallait offrir aux États concernés par ces détournements de fonds et de biens une assistance technique en la matière, tout en simplifiant les procédures de restitution des avoirs. D’autres, comme le représentant du Kenya, qui prenait la parole au nom du Groupe des États d’Afrique, ont déclaré qu’il était indispensable qu’il n’y ait aucun refuge pour ceux qui pratiquent la corruption et les détournements de deniers publics et pour les avoirs qu’ils ont obtenus de manière illicite.
Les rapports pertinents* du Secrétaire général ont été présentés par M. Nikhil Seth, Directeur du Bureau de l'appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales (DESA); M. Robert Vos, Directeur de la Division de l’analyse et des politiques de développement (DESA); M. Philip Guest, Directeur adjoint de la Division de la population (DESA); et M. Shervin Majlessi, spécialiste de la gestion des programmes de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime.
Outre celles déjà citées, les délégations suivantes ont pris la parole au cours des débats de la journée: Indonésie (au nom de l’ANASE), Chine, Soudan, Inde, Fédération de Russie, Maroc, Malaisie, Colombie, Pérou, Guatemala, Algérie, Togo, Saint-Marin, Singapour, Suisse, Norvège, Arménie, République islamique d’Iran, Iraq, Équateur, Bélarus et Jamahiriya arabe libyenne. Des représentants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) sont également intervenus.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi, le 3 novembre, à 10 heures.
* documents publiés sous la cote A/63/333, A/63/256, A/63/265 et Corr.1, A/63/88, A/63/86
MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE
a) Rôle des Nations Unies s’agissant de promouvoir le développement dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance (A/63/333 et A/C.2/63/3)
b) Migrations internationales et développement (A/63/265 et A/63/265/Corr.1)
c) Culture et développement
d) Action préventive et lutte contre la corruption et le transfert d’avoirs d’origine illicite et restitution de ces avoirs, notamment aux pays d’origine, conformément à la Convention des Nations Unies contre la corruption (A/63/88, A/63/86 et CAC/COSP/2008/15)
e) Intégration des économies en transition à l’économie mondiale (A/63/256)
Débat général
M. CONRAD HUNTE (Antigua-et-Barbuda), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que les Nations Unies devaient se positionner au cœur du débat politique international sur la mondialisation et pouvoir apporter des réponses aux défis croissants posés par la mondialisation. Nous faisons souvent référence à la fois aux opportunités et aux défis de la mondialisation, a-t-il poursuivi. Toutefois, nous sommes actuellement écrasés par les défis qu’elle pose, et il est de plus en plus difficile de se concentrer sur le renforcement des mesures qui nous permettraient d’en tirer des bénéfices. Il a souligné que dans la situation mondiale actuelle, les pays en développement auraient besoin de niveaux de soutien sans précédent dans leurs efforts de gestion de la mondialisation. M. Hunte a rappelé que la mondialisation des marchés signifiait que les ralentissements économiques causés par les échecs des politiques menées dans les pays développés se propagent rapidement à d’autres marchés. Il a estimé que cette situation s’expliquait par le fait que l’économie mondiale était gouvernée par quelques puissances majeures dont les décisions ignorent les intérêts de la vaste majorité des pays. Pour parvenir à une distribution équitable des bénéfices de la mondialisation, il a appelé à une coopération internationale accrue et à un partenariat mondial en faveur du développement. Le représentant a précisé que les considérations de développement devaient être au cœur de la gestion de la mondialisation au niveau international, et que les institutions multilatérales et de gouvernance mondiale devaient être réformées pour y assurer une plus grande participation des pays en développement.
M. Hunte s’est inquiété de l’écart croissant entre pays développés et en développement. Il a affirmé que le manque de progrès dans la plupart des domaines du partenariat mondial pour le développement, notamment en ce qui concerne le commerce, les investissements, et la participation des pays en développement dans les décisions économiques, entravait la croissance économique et le développement social. Il a demandé une réforme de la gouvernance des institutions financières et de développement internationales pour mieux refléter la représentation des pays en développement dans les prises de décisions et l’élaboration des normes. Il a ajouté que la communauté internationale, dans sa réponse aux défis actuels, devait accorder une attention particulière aux pays les moins avancés, aux pays en développement sans littoral et aux petits États insulaires en développement. Par ailleurs, le représentant a insisté sur la nécessité d’assister les pays en développement dans le renforcement de leurs capacités en ce qui concerne notamment la restitution des avoirs détournés et déposés illicitement dans des banques occidentales ou de paradis fiscaux. Il a en outre appelé les pays développés à coopérer davantage pour respecter les règles de la restitution des avoirs d’origine illicite.
M. PHILIPPE DELACROIX (France) qui intervenait au nom de l’Union européenne, a rappelé que la crise financière actuelle révélait l’interdépendance du système économique mondial et exigeait que soient déployés de réels efforts communs pour gérer la mondialisation de manière durable. Il a appelé à construire un partenariat global, impliquant tous les acteurs concernés, pour faire face à la crise alimentaire. Il a précisé que l’Union européenne envisageait la création d’un instrument ad hoc dit « facilité de réponse rapide à la flambée des prix des denrées alimentaires dans les pays en développement » dont les fonds pourraient s’élever à un montant d’un milliard d’euros. Il a aussi jugé essentiel que les pays adoptent des politiques nationales favorables au développement de leurs secteurs agricoles et des petits exploitants locaux. Par ailleurs, le représentant a affirmé que les effets de la crise exigeaient que soient renforcées les politiques en faveur de l’emploi et du travail décent en améliorant les capacités productives et en créant un cadre favorable à une croissance économique génératrice d’emplois durables. À cet égard, il a insisté sur le rôle de l’éducation, qui permet de former une main-d’œuvre compétitive. Pour soutenir les objectifs convenus au plan international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement, a-t-il poursuivi, il est nécessaire que les politiques nationales dans les domaines macroéconomique, commercial, financier, social et environnemental aillent vers une cohérence plus grande avec les objectifs internationaux de développement. S’agissant de l’intégration des pays à économie en transition, il a indiqué que le fort ralentissement économique actuel risquait de peser sur les résultats de ces États. Il a ajouté que l’intégration de ces pays dépendait du développement de leurs structures industrielles, de l’élargissement de leurs productions et du renforcement du niveau d’investissements étrangers directs (IED) qu’ils reçoivent. Sur ce dernier point, il a fait remarquer que les pays en transition devaient poursuivre leurs efforts pour favoriser la création d’un environnement économique stable permettant d’attirer ces capitaux.
Rappelant que la contribution des migrants au revenu mondial avoisinera 772 milliards de dollars des États-Unis en 2025, selon les chiffres de la Banque mondiale, M. Delacroix a estimé impératif de développer le dialogue entre les pays hôtes et les pays d’origine de ces travailleurs, afin que chacun puisse bénéficier des effets positifs des migrations. Il a appuyé le Forum mondial sur les migrations et le développement, dont la deuxième réunion se tient jusqu’au 30 octobre aux Philippines, arguant que celui-ci pouvait contribuer au développement d’approches globales dans ce domaine. Il a noté que l’adoption, en octobre dernier, du « Pacte européen sur l’immigration et l’asile » donnait un nouvel élan en faveur d’une politique migratoire équilibrée et concertée, pratiquée dans un esprit de solidarité et de responsabilité. Il a précisé que ce Pacte permettait une migration maîtrisée favorable pour les pays destinataires et pour les migrants. Le Pacte fait la promotion des migrations légales et vise à élaborer une coopération avec les pays d’origine, a dit M. Delacroix. Le représentant a enfin mis en avant le rôle de la culture dans le développement socioéconomique et a soutenu l’action menée par l’UNESCO à cet égard.
Intervenant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a fait observer que le montant global des transferts financiers mondiaux a été multiplié par douze depuis 1980. La valeur des transactions se monte aujourd’hui à près de 2 000 milliards de dollars des États-Unis, a-t-elle ajouté, comparant ce montant aux 80 milliards de dollars de 1980. Elle s’est réjouie que cette croissance économique ait permis à de nombreux pays de faire des progrès dans plusieurs domaines, notamment en matière de santé, d’éducation et d’égalité des sexes. Toutefois, de graves problèmes existent, a nuancé la représentante de l’Indonésie. Elle a en effet souligné que les mécanismes et les institutions mis en place ces trente dernières années n’ont pas su renforcer la cohérence, la complémentarité et la coordination des politiques macroéconomiques. Le système commercial international est également sous pression, a-t-elle ajouté, et les asymétries du monde globalisé s’ajoutent encore à ces difficultés.
Mme Savitri Wahab a souligné que les perspectives pour 2008 étaient prometteuses pour les pays de l’ANASE. En effet, au premier trimestre, le commerce y affichait une croissance de 31,8%, alors que les flux d’investissements étrangers directs avaient augmenté de 20,7% par rapport à l’année 2006, a-t-elle précisé. Les difficultés financières internationales sont venues assombrir ce tableau, a souligné la représentante indonésienne. Affirmant que les pays de l’ANASE sont déterminés à affronter, ensemble, cette crise financière, elle a expliqué que les membres de l’Association se sont mis d’accord, conjointement avec la Chine, le Japon et la République de Corée, sur la nécessité de disposer d’un Fonds d’urgence pour protéger la région face à la crise. Elle a, à cet égard, précisé que l’ANASE a grandi depuis sa création pour devenir une véritable communauté de partage et de solidarité. La récente adoption d’une Charte de l’ANASE est une preuve de l’importance que la région accorde au renforcement de la coordination, de la coopération et de la cohésion face aux impacts de la mondialisation, a-t-elle conclu.
Intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya) a constaté que l’Afrique demeurait marginalisée dans la mondialisation, ce qui confirme le fait que les bénéfices et les coûts de ce phénomène sont très inéquitablement répartis. Il a précisé que dans cette situation, les pays africains avaient perdu leur capacité politique de choix économique et de modèle de développement, alors que celle-ci est de plus en plus déterminée par des facteurs extérieurs. Il a aussi noté la contribution « minime » de l’Afrique aux décisions et à l’élaboration des normes dans les domaines du commerce, de la finance, de l’investissement, des technologies et même des migrations. Il a ainsi demandé un renforcement de la coopération internationale avec l’Afrique, et celui du partenariat mondial en faveur du développement. Le représentant a ensuite regretté la perception, créée dans les pays industrialisés, selon laquelle les migrations bénéficient uniquement aux pays d’origine. Il a rappelé qu’en 2006, les pays africains avaient adopté une position commune soulignant l’impact inéquitable des migrations sur le développement et le rôle de l’Afrique dans leur gestion. Il a ajouté que cette politique condamnait les approches sélectives adoptées par les pays industrialisés qui criminalisent la migration des Africains non qualifiés tout en encourageant celle du personnel qualifié du continent. L’Occident bénéficie en premier de la fuite des cerveaux africains, a dit M. Muburi-Muita. Il a en outre insisté sur le respect des droits de l’homme des migrants et a appuyé les échanges au sein du Forum mondial sur les migrations et le développement tout en espérant que ce sujet retrouverait bientôt sa place dans l’enceinte des Nations Unies.
S’agissant de la corruption, M. Muburi-Muita a noté que l’Afrique avait souffert de cette pratique, des avoirs publics importants ayant été illégalement transférés dans des banques étrangères et transformés en avoirs privés. Il a constaté que les demandes de restitution que font les pays africains ne sont toujours pas examinées de manière favorable par les banques et les pays industrialisés qui accueillent ces fonds. Après avoir mis en avant les efforts régionaux de lutte contre la corruption déployés en Afrique, il a estimé que ceux-ci ne pouvaient réussir sans un appui sincère au niveau international. Le représentant a jugé essentiel que tous les pays condamnent la corruption et qu’il n’y ait aucun refuge pour ceux qui la pratiquent et pour les avoirs qu’ils ont obtenus de manière illicite.
M. CAMILLO M. GONSALVES (Saint-Vincent-et-les-Grenadines) a souligné que la mondialisation a donné tout son sens à l’expression du XVIe siècle selon laquelle « aucun homme n’est une île », précisant, non sans humour, que pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM), au nom de laquelle il s’exprimait, il est clair qu’« aucune île n’est une île ». Il a déclaré que la crédibilité de la mondialisation dépend de la croissance économique qu’elle peut générer, ainsi que des améliorations concrètes qu’elle peut induire dans la qualité de vie des populations du monde. Si la mondialisation ne place pas l’accent sur le développement, les pays des Caraïbes auront de la peine à la distinguer des offres précédentes du monde développé qui n’essayaient même pas de cacher leur nature, basée sur l’exploitation pure et simple des autres peuples, a-t-il averti. Tout en reconnaissant que les bienfaits de la mondialisation sont indiscutables, le représentant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a fait remarquer que cette dernière a également amené son lot de problèmes aux pays en développement. Il a indiqué que les pays des Caraïbes subissent de plein fouet les effets des changements climatiques, alors qu’ils y ont à peine contribué. Le commerce des armes légères et de la drogue ronge nos sociétés, alors que nous n’avons produit ni ces armes, ni ces produits stupéfiants, a-t-il ajouté. Il a fustigé les barrières au commerce et les règles de la mondialisation qui n’ont su faire profiter les petits États insulaires en développement des bienfaits du commerce et ont disloqué les communautés rurales traditionnelles. Alors que nos pays continuent de lutter pour la bonne gouvernance et d’ouvrir leurs frontières au nom de la libéralisation économique, les pays développés continuent de chercher tous les moyens qui leur permettent d’échapper à leurs obligations et de mépriser les engagements qu’ils ont eux-mêmes pris en matière de soutien au développement, au détriment du progrès de tous, a-t-il souligné. M. Gonsalves a attiré l’attention sur la situation particulière dans laquelle la mondialisation a mis les pays de la CARICOM, ces derniers étant suspendus aujourd’hui entre succès et échec, et a fait valoir que le chemin offert par la mondialisation actuelle n’est peut-être pas celui qui leur convient.
Face à la crise financière, le représentant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a demandé aux pays donateurs de résister à la tentation de diminuer leur aide publique au développement (APD). La mise en œuvre des engagements que les pays industrialisés ont pris à cet égard a trop tardé, a-t-il averti. Il a également fait remarquer qu’une augmentation de l’APD est même plutôt conseillée pour limiter les impacts de la crise, non pas au niveau des capitaux financiers internationaux, mais pour les populations et les villages du monde en développement. M. Gonsalves a souligné que le défi posé aux Nations Unies aujourd’hui est de redéfinir l’architecture de la mondialisation en plaçant l’être humain en son centre. Il faut évaluer et juger la mondialisation à l’aune des effets qu’elle aura sur le développement, a-t-il estimé. Avant de conclure, le représentant de Saint-Vincent-et-les-Grenadines a déploré que la mondialisation ait donné lieu à l’imposition d’une forme d’hégémonie culturelle d’inspiration occidentale, qui est basée sur la propagation d’une culture de consommation de masse. Les cultures du monde risquent d’être supplantées par un modèle de consommation superficiel dominé par les entreprises multinationales qui ont pour seul intérêt de créer une population standardisée d’acheteurs et de consommateurs, a-t-il averti.
M. CLAUDE HELLER (Mexique) a expliqué que les pays membres du Groupe de Rio, au nom duquel il prenait la parole, ont une longue histoire de migrations. Il a en effet rappelé que l’Amérique latine a, jusqu’à peu, été une terre d’immigration. Aujourd’hui, la situation est plus complexe, a-t-il fait remarquer, la région étant tout autant une zone d’origine, que de transit et d’accueil de migrants. Il a expliqué que le Groupe de Rio considère les migrations comme un enrichissement entre les sociétés et comme un facteur important pour l’évolution vers des sociétés plus tolérantes, ouvertes et respectueuses des droits de l’homme. Le représentant mexicain a toutefois fait remarquer que les migrations posent toute une série de problèmes et de défis, parmi lesquels figure notamment la tendance à stigmatiser les populations migrantes. Il a plaidé pour qu’un meilleur dialogue soit institué entre tous les acteurs impliqués dans les migrations, afin de pouvoir tirer pleinement parti des bénéfices de tels mouvements de populations.
M. Heller a également estimé impératif de garder à l’esprit que ce phénomène ne concerne pas des marchandises ou des ressources matérielles, mais des êtres humains. Les droits et la dignité de ces derniers doivent, dès lors, être au centre des préoccupations, a-t-il souligné. Relevant le rôle important que jouent, au plan du développement, les envois de fonds des migrants, M. Heller a rappelé que ces flux financiers, qui sont privés, ne sauraient se substituer à l’aide publique au développement. Il a par ailleurs relevé l’importance de prendre des mesures pour éviter la fuite des cerveaux du Sud vers le Nord. Attirant, ensuite, l’attention sur la nécessité de protéger les migrants de toutes les formes d’exploitation, il a enjoint les membres de la communauté internationale à ratifier les instruments internationaux relatifs à cette question. Le représentant mexicain s’est ainsi réjoui de la tenue du Forum global sur la migration et le développement qui se tient à Manille, aux Philippines, du 27 au 30 octobre, précisant qu’un tel forum permettra d’offrir un cadre de discussion privilégié pour toutes ces questions. Il a souhaité que le travail effectué lors de ce Forum soit considéré comme une « plate-forme technique ». Des dialogues de haut niveau sur la migration internationale devraient également être périodiquement tenus dans le cadre de l’Assemblée générale, a-t-il préconisé.
Mme NAHIDA SOBHAN (Bangladesh) a insisté sur le rôle des migrations et des envois de fonds dans le développement économique de son pays. Rappelant que plus de 4,5 millions de Bangladais vivaient à l’étranger, elle a précisé que leurs envois de fonds dépassaient désormais 10% du produit national brut du pays. C’est près de cinq fois plus que l’aide publique au développement, et dix fois plus que les investissements étrangers directs que nous recevons chaque année, a-t-elle dit. Toutefois, elle a regretté que dans l’ouverture créée par la mondialisation, la main-d’œuvre étrangère souffre de nombreuses discriminations. Elle a donc appelé à des efforts renouvelés pour que les capitaux et la main-d’œuvre bénéficient du même traitement au niveau international et a plaidé pour une libéralisation des marchés, facilitant ainsi une libre circulation des fournisseurs de services. En outre, elle a mis en exergue le coût économique, social et politique élevé que paient les migrants, notamment pour financer leur passage, mais aussi parce que nombre d’entre eux travaillent dans des conditions dangereuses et occupent des postes mal rémunérés.
Mme Sobhan a affirmé qu’il fallait ériger une large coalition pour s’accorder sur un revenu minimum pour les travailleurs migrants et simplifier leur processus d’intégration. Elle a aussi fait valoir que la facilitation des envois de fonds pourrait permettre de faire de larges bénéfices et que les gouvernements devaient œuvrer avec le secteur privé dans ce sens. S’agissant de la corruption, elle a noté que ce phénomène affectait les pauvres et les vulnérables de manière disproportionnée. Elle a déclaré que la restitution des avoirs illicites était indispensable. Elle a noté que le transfert des avoirs détournés des pays du Sud pauvres vers les pays du Nord riches avait des impacts négatifs importants sur la croissance économique et le développement durable des pays spoliés. Elle a fait remarquer que la lutte contre la corruption était une priorité au Bangladesh, et que d’importantes réformes avaient été prises dans ce sens mais que le pays avait encore besoin de renforcer ses capacités en la matière. La représentante a aussi regretté que le processus de restitution d’avoirs aux pays où ils ont été volés par les institutions et les gouvernements des pays où ils sont illicitement transférés soit particulièrement complexe et long, affirmant qu’une assistance internationale accrue dans ce domaine était nécessaire. Enfin, elle a salué l’Initiative pour le recouvrement des avoirs volés (StAR) lancé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et la Banque mondiale, et a espéré que celle-ci engendrerait des résultats concrets.
Mme LIU ZHENMIN (Chine) a souligné que les impacts de la mondialisation économique touchent, de nos jours, chaque recoin du monde. Tout en reconnaissant qu’elle offre des opportunités non négligeables pour la croissance économique et les progrès sociaux, la représentante chinoise a fait remarquer que la mondialisation reste surtout orientée vers la satisfaction des acteurs du marché. Tout en stimulant la compétition, elle approfondit les inégalités de développement et génère de nombreux risques, pressions et défis, a-t-elle expliqué, rappelant qu’en raison de leurs différents niveaux de développement économique, les pays ne sont pas à égalité dans cette compétition. La représentante a fait remarquer que les bénéfices de la mondialisation n’ont pas été partagés de manière égale, et que cette dernière a même eu des effets négatifs sur le développement de nombreux pays. Soulignant que la mondialisation économique est la tendance économique actuelle, elle s’est posé la question à savoir quelles étaient les mesures à prendre pour faire en sorte qu’elle se déploie de manière saine. Elle a tout d’abord attiré l’attention sur la nécessité de circonscrire la crise financière actuelle.
Sans croissance économique, la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement est menacée, a averti la représentante de la Chine. Si la crise financière n’est pas réglée de manière rapide et efficace, elle sapera non seulement les progrès en matière de développement, mais compliquera également les ajustements à venir, a-t-elle ajouté. La représentante a également relevé l’importance, dans cette période de crise, de renforcer l’assistance internationale. Ce sont les pays en développement qui sont les plus touchés par les crises alimentaire, énergétique et financière, a-t-elle rappelé, avant d’enjoindre les donateurs à respecter leurs engagements en matière d’aide publique au développement. Elle a par ailleurs souhaité que la mondialisation soit orientée vers le développement universel, au lieu d’être considérée comme une fin en soi. Le fait que de nombreux pays en développement sont marginalisés par ce processus et que les règles de la compétition ne sont pas égales mérite toute notre attention, a-t-elle insisté. Avant de conclure, elle a soulevé d’autres questions relatives à la mondialisation, comme la corruption, le trafic de drogues, les trafics humains et les migrations. Sur ce dernier point, elle a fait observer que les obstacles posés aux mouvements des personnes au-delà de leurs frontières nationales augmentent le risque de migrations illégales. Pour régler la question des migrations de la meilleure manière, la représentante a préconisé de promouvoir la migration légale, d’un côté, tout en veillant, de l’autre, à combler les écarts de développement qui sont souvent les causes de la migration.
Mme NADIA OSMAN (Soudan) a déclaré que la mondialisation avait amené une prise de conscience sur les liens entre migrations et développement. Elle a rappelé la tenue du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur ce thème et a souhaité que la communauté internationale mette au point un mécanisme de suivi des recommandations de cette rencontre. Par ailleurs, elle a souligné le rôle du Forum mondial sur les migrations et le développement dans le renforcement de la coopération internationale dans ce domaine. La représentante a estimé que la dimension de développement des migrations ne devait pas se limiter aux critères économiques. En effet, elle a jugé nécessaire de conjuguer les efforts afin que les migrations soient un outil utile pour les migrants, leurs pays d’origine, et ceux de destination, particulièrement en prenant en considération les préoccupations des migrants. Elle a précisé qu’il fallait renforcer la coopération internationale et régionale pour assurer le respect des droits des migrants, la tolérance, et les partenariats entre pays d’origine et d’accueil. Mme Osman a ensuite fait part de la préoccupation de sa délégation en ce qui concerne la propagation de la xénophobie et de la violence à l’égard des étrangers. Elle a aussi constaté que certains pays durcissaient leurs procédures d’entrée contre les migrants. Face à cette situation, elle a suggéré de consolider les efforts visant à mieux intégrer les migrants dans leur pays d’accueil et à assurer un dialogue entre les civilisations. Elle a rappelé que le Soudan était un pays multiethnique, suite à des vagues de migrations qui se sont produites à travers son histoire. La société soudanaise est caractérisée par sa tolérance, a souligné la représentante. Elle a ajouté que son pays avait mis en place des mesures en faveur des migrants, mais que cela créait des demandes supplémentaires alors que le Soudan affronte déjà les défis de la consolidation de la paix et de la reconstruction. Elle a donc souhaité un renforcement des capacités nationales dans ce domaine, notamment pour prévenir la fuite des cerveaux.
M. SUDARSANA NATCHIAPPAN (Inde) s’est félicité que le rapport du Secrétaire général ait mis en évidence que la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement dépende d’une gestion concertée de la mondialisation et du renforcement du partenariat pour le développement. Tout en reconnaissant les bénéfices apportés par la mondialisation, il a déploré que très peu d’attention ait été accordée à la protection contre ses effets potentiellement négatifs. On a compté sur l’autorégulation du marché, a-t-il rappelé, avant de souligner que les événements récents démontrent que les effets négatifs de la mondialisation existent et ont des impacts importants sur le développement. La crise financière actuelle, couplée aux crises alimentaire et énergétique, produit un environnement qui n’est pas propice aux efforts de développement des pays du Sud, a-t-il averti. Le représentant indien a souhaité que davantage d’espace décisionnel soit alloué à ces derniers pour qu’ils puissent choisir leurs propres politiques, conformément à leurs propres caractéristiques de développement. Il a qualifié cette mesure de « vitale », du fait que la mondialisation a tendance à réduire l’autonomie nationale. Il a également déploré les prescriptions uniformes imposées par les organes de gouvernance de la mondialisation. M. Natchiappan a fait remarquer que les régimes internationaux, qui sont défavorables aux pays en développement, ont également empêché ces derniers de jouir des bénéfices de la mondialisation. Il a, à cet égard, fustigé les subventions agricoles versées par les pays développés à leurs producteurs, notant qu’elles ont sapé la production agricole des pays en développement. En outre, des technologies fondamentales en matière de santé et d’adaptation aux changements climatiques restent inaccessibles et inabordables pour les pays pauvres qui en ont besoin, en raison des lois sur la propriété intellectuelle, a-t-il ajouté. Pour conclure, le représentant indien a souligné que la mondialisation, pour être juste, doit bénéficier à toute l’humanité.
Mme ANNA B. OVCHARENKO (Fédération de Russie) a rappelé que de nombreuses réunions et rencontres internationales tenues ces dernières années avaient mis en évidence la nature complexe des migrations et leur lien étroit avec le développement socioéconomique. Même si nous sommes tous d’accord sur la contribution positive des migrations, il existe encore des disparités dans les approches adoptées pour traiter des questions y afférant, a-t-elle soutenu. Elle a estimé que les actions de l’ONU dans ce domaine devaient renforcer le dialogue entre États intéressés afin de définir des moyens plus avantageux permettant de tirer partie des bienfaits des migrations. Elle a précisé que le Forum mondial sur les migrations et le développement est un résultat du Dialogue de haut niveau sur la question tenu par l’Assemblée générale, affirmant que la vaste participation dont il jouit et son caractère officieux en font une bonne base pour des échanges fructueux d’opinions et l’élaboration de partenariats. Selon la représentante, les processus régionaux et la coopération bilatérale constituent les formes les plus efficaces de coopération en matière de migrations et de développement. Par ailleurs, elle a noté que son pays accordait une attention particulière à la coopération en matière de corruption, et particulièrement à l’assistance technique. Elle a aussi mis en avant l’adoption par son pays d’un Plan d’action national de lutte contre la corruption et a assuré que la Fédération de Russie travaillait à la mise en place de mesures législatives, après avoir ratifié la Convention des Nations Unies de lutte contre la corruption.
M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a souligné que son pays, carrefour entre l’Europe et l’Afrique, est devenu un pays de transit et également une destination pour les migrants. Il a précisé que le Maroc articule sa politique en matière de migration autour, notamment, du renforcement du dialogue et de la coopération entre les pays d’origine, de transit et d’accueil. Le Gouvernement privilégie également une gestion de la migration dans sa dimension globale, plutôt que de privilégier un aspect par rapport à un autre, en s’attaquant à ses causes profondes. Il veille en outre à lutter contre les réseaux criminels de traite des migrants et contre la criminalité transfrontalière, a précisé le délégué marocain, avant d’ajouter que son pays veille également à la protection et au strict respect des droits de l’homme et de la dignité des migrants. Rappelant l’importance qu’accorde son pays à la coopération régionale, il a fait part de la tenue à Rabat, en juillet 2006, de la Conférence euro-africaine sur les migrations et le développement. Il a souligné que cette réunion a été couronnée par l’adoption d’un plan d’action et d’une déclaration politique sur la coopération entre l’Europe et l’Afrique. Une Conférence de suivi aura lieu, dans quelques semaines, en France, a-t-il précisé. Le représentant marocain s’est félicité que, par une gestion intégrée des migrations, des résultats très encourageants aient été atteints, notamment en matière de lutte contre les réseaux criminels. Il a indiqué à cet égard que les autorités nationales ont enregistré une baisse des tentatives d’émigrations illégales vers l’Europe de 61,2% en 2008 et le démantèlement de 149 réseaux de trafic de migrants. Enfin, le délégué marocain a souligné que son pays, conscient du souci de favoriser une approche participative visant à faciliter la contribution des migrants dans le développement du pays, a mis en place, en 2007, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger. Ce Conseil s’occupera de la politique de gestion des affaires des Marocains établis à l’étranger pour faciliter leur participation aux projets de développement du pays, a-t-il précisé.
M. NASHARUDIN MAT ISA (Malaisie) a fait remarquer que les rapports du Secrétaire général montrent qu’il importe aujourd’hui de donner une forme humaine à la mondialisation, en plaçant le développement en son centre. Il a fait remarquer qu’actuellement la mondialisation a pour conséquence d’accroître les inégalités entre les régions et entre les pays. Il a souligné à cet égard que la hausse du revenu de 58 des 112 pays en développement a connu son apogée avant 2000, alors que celui des 24 membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques n’a jamais cessé de croître. Il a également fait remarquer que dans les périodes propices, ce sont les riches qui tirent des bénéfices de façon disproportionnée, mais que, dans les moments difficiles, ce sont les pauvres qui souffrent de façon disproportionnée. Dans ce contexte, le représentant de la Malaisie a plaidé pour que la mondialisation ne soit plus considérée comme un phénomène purement économique dans lequel les individus sont censés être des agents économiques rationnels à la recherche du profit. Il a également souhaité que l’on cesse de considérer les mécanismes de régulation des marchés comme fondamentalement mauvais et les marchés eux-mêmes comme des entités séparées ou intelligentes. Dans ce contexte, M. Mat Isa a demandé aux pays développés de renoncer à adopter des mesures protectionnistes et à consentir, plutôt, à augmenter leur aide publique au développement. Il a souhaité que les pays en développement, et non pas seulement les économies émergentes, deviennent parties de l’économie mondiale. Se tournant, ensuite, vers la question de la migration, le représentant de la Malaisie a expliqué que 20% de la force de travail de son pays est d’origine étrangère. Il a fait part de la volonté du Gouvernement malaisien de réduire sa dépendance envers les travailleurs étrangers, en passant de 2,2 millions de personnes aujourd’hui à 1,5 millions d’ici à 2015. Il s’agit également d’améliorer la gestion des travailleurs migrants et de définir des procédures claires et rigoureuses dès leur entrée au pays, a-t-il ajouté.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a fait part de l’importance que son pays attachait à la question des migrations. Elle a indiqué que la Colombie élaborait une politique d’immigration complète, qui souligne la vulnérabilité particulière des migrants, et reconnait qu’ils ont besoin de la protection des pays d’origine, de transit et de destination. Elle a estimé qu’en raison des conditions de vie de millions de migrants à travers le monde, les politiques migratoires internationales devaient aller au-delà des critères économiques et se pencher sur la qualité et la sécurité des migrations, conformément aux normes internationales des droits de l’homme. Elle a noté que les actions dans le domaine des migrations devaient viser à améliorer l’impact de ces mouvements sur le développement, à faire passer les migrations par des réseaux réguliers, à assurer les droits des migrants et à lutter contre le trafic des personnes. En outre, elle a souligné que les envois de fonds opérés par les migrants vers les pays en développement étaient estimés à 251 milliards de dollars des États-Unis en 2007, mais que la somme totale réelle était certainement plus importante. Mme Blum a souligné que ces envois sont composés de ressources privées et ne doivent donc en aucun cas être perçus comme pouvant se substituer à l’aide publique au développement. Elle a ajouté que pour que ces fonds bénéficient à l’augmentation du revenu mondial, il devait y avoir des accords entre les pays d’origine et d’accueil sur, entre autres, le passage des frontières par les migrants, la recherche d’emplois et l’envoi des revenus. Elle a déclaré que les pays qui ne reconnaissaient pas pleinement la contribution des migrants à leur développement perpétuaient le phénomène de la migration irrégulière et a demandé que la gestion des migrations soit complétée par des politiques d’emploi, des incitations au retour et des permis de résidence à long terme pour ceux qui contribuent à leur société d’accueil. Enfin, elle a souhaité un suivi périodique au Dialogue de haut niveau tenu par l’Assemblée générale sur les migrations et le développement et la promotion de liens directs entre l’ONU et le Forum mondial sur les migrations et le développement.
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a déclaré que le Forum mondial sur les migrations et le développement, résultat du Dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale sur ce thème, constituait une plate-forme mondiale pour un dialogue soutenu en faveur de la coopération internationale en matière de migrations. Les migrations ne posent pas un obstacle inamovible au développement et ne sont pas non plus une baguette magique pour y parvenir, a-t-il ajouté, en déclarant qu’il fallait élaborer des politiques qui encouragent l’éclosion du potentiel positif de ces mouvements de populations. Il a regretté que les liens entre migrations et développement ne soient pas systématiquement pris en compte dans les cadres stratégiques de développement. De plus, il a souhaité que des sujets tels que l’éducation, la santé, ou encore les changements climatiques, soient perçus sous l’angle de leur relation aux migrations et au développement, et fassent l’objet d’une plus grande attention. M. Dall’Oglio a par ailleurs insisté sur la nécessité d’un renforcement de capacités afin d’optimiser les effets des migrations sur le développement. Il a aussi mis en exergue le rôle des partenariats et des initiatives prises aux niveaux national, régional et international, pour progresser dans la compréhension de ce phénomène et des actions à prendre pour y répondre. Enfin, il a demandé que les besoins des migrants soient spécifiquement examinés dans les solutions envisagées pour faire face au ralentissement économique actuel.
M. GONZALO GUILLEN BEKER (Pérou) a fait remarquer que les travailleurs qui migrent illégalement sont tout particulièrement vulnérables, parce que les menaces de détention et de déportation les empêchent de se joindre à des associations syndicales et les exposent à des conditions de travail parfois dangereuses. Il a, dans ce contexte, attiré l’attention sur les instruments internationaux qui ont été créés pour remédier à ces problèmes, comme la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles. Cette dernière est entrée en vigueur en 2003 grâce à sa ratification par 23 pays, a-t-il précisé, avant de regretter que ces 23 États signataires soient tous des pays d’origine des courants migratoires. Le représentant péruvien a plaidé pour une coopération renforcée et un dialogue plus ouvert et sincère au sein des Nations Unies sur la question. Les migrations sont un outil de développement, tant pour les pays d’origine que ceux d’accueil, a-t-il souligné. Elles offrent des opportunités d’enrichissement et de progrès, et promeuvent la construction d’espaces multiculturels plus tolérants, a-t-il ajouté. Le représentant péruvien a fait remarquer qu’une bonne gestion de cette question commence par la mise en œuvre des instruments internationaux de protection des migrants. Il s’agit également de mettre l’accent sur les bénéfices mutuels que les pays d’origine comme ceux de destination peuvent tirer des migrations, a-t-il souligné.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a rappelé qu’aujourd’hui s’ouvrait à Manille, capitale de son pays, le deuxième Forum mondial sur les migrations et le développement, avec la participation du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon. Il a souligné qu’environ 10% de la population de son pays se trouvait dans 199 différents pays et territoires à travers le monde entier. Il a ajouté que selon la Banque mondiale, les Philippines étaient parmi les dix premiers pays bénéficiaires d’envois de fonds de migrants, avec un total de 17 milliards de dollars des États-Unis reçus en 2007. La protection des citoyens philippins vivant à l’étranger et la promotion de leur bien-être sont des piliers de la politique étrangère de notre pays, a dit M. Davide. Il a en outre noté que ces questions étaient aussi prises en compte dans toutes les politiques et législations nationales, notamment par le biais de commissions et d’autorités qui traitent des besoins des migrants avant leur départ, de leur assimilation à l’étranger, et de leur réintégration lors de leur retour. Le représentant a espéré que les résultats du Forum mondial en cours, qui a pour thème « Protection et autonomisation des migrations et du développement » seraient reflétés dans le projet de résolution présenté devant la Deuxième Commission. Il a appuyé l’idée d’organiser un autre Dialogue de haut niveau au sein des Nations Unies en 2011, pour faire le suivi de celui tenu en 2006.
Mme MELANIE SANTIZO-SANDOVAL (Guatemala) a fait remarquer que le phénomène des migrations ne peut plus continuer à être un tabou. La migration internationale ne doit pas être considérée comme une faute ou un délit, a-t-elle averti. Il s’agit d’une décision personnelle et difficile de la part d’individus à la recherche d’une vie meilleure, a-t-elle souligné. Elle a fait remarquer que dans de nombreux cas, les migrants souhaitent garder contact avec leur pays d’origine et contribuer à améliorer la vie des personnes qui leur sont chères. La représentante guatémaltèque a souligné que l’Assemblée générale ne peut simplifier ou ignorer cette réalité. Il est clair que les migrations peuvent être un élément moteur du développement durable, a-t-elle insisté. Elle a toutefois reconnu que la migration pose des défis indéniables, notamment en matière de sécurité, d’économie et de régulation. Ces défis sont aussi une opportunité de collaboration, a-t-elle précisé, enjoignant les pays à ne pas criminaliser la migration en guise de réponse à ces questions. Elle a ainsi plaidé pour un dialogue ouvert, à tous les niveaux, sur la thématique des migrations internationales. Avant de conclure, la représentante a tenu à rappeler le caractère privé des transferts de fonds des migrants, arguant qu’il ne s’agit ni d’argent public, ni d’aide publique au développement.
Mme BAYA BENSMAIL (Algérie) a souligné que son pays, à la fois pays de transit et de destination de flux de migrants clandestins, était un acteur principal de la lutte contre l’immigration clandestine. Elle a noté que l’Algérie proposait une approche globale des migrations et des moyens de gestion privilégiant la prévention, le contrôle, la coopération et le partenariat. C’est là la priorité que s’est fixée mon pays à travers sa participation active à toutes les réunions sous-régionales, régionales et internationales sur la migration, a-t-elle dit. Elle a mis l’accent sur le rôle des Nations Unies dans le suivi de la question des migrations et du développement et a appuyé les efforts visant à établir un mécanisme de suivi du Dialogue de haut niveau de 2006 tout en se félicitant de la tenue du Forum mondial sur les migrations et le développement. Elle a en outre affirmé que la Convention des Nations Unies sur la protection des travailleurs migrants et des membres de leur famille était un « acquis majeur » qui devait être renforcé par une ratification universelle. La représentante s’est dite favorable à une coopération étroite et constructive en matière de migration clandestine, précisant que la lutte contre les mouvements illégaux de personnes devait être intensifiée. À cet égard, elle a fait part du dispositif juridique efficace et dissuasif mis en place par l’Algérie, qui prévoit notamment des sanctions contre les passeurs. Elle a cependant déclaré que la véritable solution aux graves problèmes migratoires actuels résidait dans la promotion du développement et la réduction de l’écart économique entre pays développés et en développement. Enfin, elle a dit que la lutte contre l’immigration clandestine devait intervenir dans le cadre du respect des droits de l’homme et des principes de coopération, de solidarité et de responsabilité partagée entre les pays d’origine, de transit et de destination.
Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a estimé indispensable que la question des migrations soit abordée dans le cadre multilatéral où peuvent intervenir les pays d’origine, de transit et de destination. Elle a souligné que des dialogues de haut niveau devraient être organisés tous les deux ans, de sorte à assurer l’effectivité des discussions sur les migrations. La représentante équatorienne a rappelé que les bénéfices des migrations, aussi bien pour les pays d’origine, que de transit et de destination, sont immenses. Les migrants doivent être considérés comme des acteurs clefs pour les économies des pays, a-t-elle souligné. Dans la même idée, Mme Espinosa a souligné que les transferts de fonds des migrants ont un impact indéniable sur le niveau de vie de leurs familles et sur l’économie en général. Elle a à cet égard tenu à souligner qu’il s’agit d’argent privé et que, partant, cet argent ne saurait remplacer l’aide publique au développement. Mme Espinosa a, par ailleurs, rappelé que la libre circulation des personnes est un droit qui doit être assuré, attirant sur ce point, l’attention sur la directive de retour élaborée par l’Union européenne. Aujourd’hui, plus que jamais, les Nations Unies doivent s’unir et exiger la mise en œuvre des obligations contenues dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme et aux droits des migrants, a-t-elle insisté.
M. KOMI BAYÉDZÈ DAGOH (Togo) a indiqué que les crises financière, énergétique et alimentaire posaient de graves problèmes à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a ajouté que les arrangements financiers internationaux en vigueur, qui favorisent les flux de capitaux privés et les intérêts des créanciers, aggravaient la vulnérabilité des pays en développement face aux chocs extérieurs. Il a indiqué que l’ONU devait promouvoir la coopération internationale pour le développement et la cohérence des politiques de développement dans le contexte de la mondialisation. M. Dagoh a estimé que la mondialisation contribuerait au développement si elle parvenait à lever les obstacles qui se posent aux échanges commerciaux des pays en développement. À cet égard, il a précisé qu’il était urgent de conclure les négociations du Cycle de négociations commerciales de Doha de l’Organisation mondiale du commerce. Il a mis en avant le souhait des pays en développement de se voir activement associés à la prise de décisions et à l’élaboration des règles internationales régissant les domaines économiques, commerciaux et financiers mondiaux. M. Dagoh a déclaré que la personne humaine devait être placée au cœur de la mondialisation et que l’ONU devait s’assurer qu’elle aide à assurer l’efficacité de mécanismes de financement innovants afin d’éradiquer la pauvreté.
M. DANIELE D. BODINI (Saint-Marin) a fait remarquer que personne ne peut encore saisir l’ampleur de la crise financière et de ses effets collatéraux. Tout en se félicitant des efforts entrepris par un grand nombre de nations pour faire face à la crise, il a fait remarquer que les engagements pris jusqu’à présent ne suffiront probablement pas à l’enrayer. Il a souligné que certains pays, plus que d’autres, subiront les conséquences de cette crise. Le représentant de Saint-Marin a déploré que les institutions n’aient pas su répondre à toutes les demandes urgentes soumises par les États et qu’elles n’aient pu prévoir la crise « gigantesque » qui a surpris le monde entier. L’Assemblée générale devrait être au cœur de la gestion de cette crise financière, a-t-il préconisé, notamment en ce qui concerne l’amélioration du fonctionnement des institutions de Bretton Woods.
M. CHAN WEI SERN (Singapour) a déclaré que l’élan de la mondialisation ne pouvait être stoppé, et que les États ne pouvaient plus se permettre de maintenir des mesures protectionnistes qui entravent le commerce mondial et les forces du travail. Il a également signalé que la mondialisation avait eu un impact important sur la migration internationale, relevant qu’en 2005, 191 millions de personnes ne vivaient pas dans leur lieu de naissance ou d’origine. Le représentant a ensuite indiqué qu’en 2007, l’Index de la mondialisation avait indiqué, pour la quatrième fois consécutive, que Singapour était le pays le plus mondialisé de la planète. Il a expliqué que son pays ne pouvait dépendre uniquement de ses marchés domestiques, dont la taille est limitée, et s’était donc ouvert aux investissements étrangers pour demeurer compétitif sur le plan international. Un faible taux de naissances l’a également poussé à adopter une série de mesures destinées à faire venir de la main-d’œuvre étrangère dans le pays, a-t-il ajouté.
Le représentant de Singapour s’est félicité des contributions des immigrants en faveur de la croissance et du développement de Singapour. Il a précisé que ces derniers disposent d’un visa de séjour, et que tout ressortissant étranger est protégé par la juridiction nationale. Qui plus est, le Code pénal de Singapour prévoit des sanctions plus sévères que la norme pour tout abus perpétré par un employeur à l’encontre d’un travailleur domestique étranger. Le représentant a également évoqué les tensions sociales qui accompagnent souvent les flux migratoires internationaux et le risque de voir certains travailleurs migrants exploités par des criminels ou des terroristes. Des efforts collectifs aux niveaux régional et international permettraient de renforcer les capacités nationales dans ce domaine, a souligné Chan Wei Sern.
Mme NADIA ISLER (Suisse) a relevé l’importance de poursuivre le déploiement d’efforts pour trouver les moyens de maximiser l’impact bénéfique de la migration internationale sur le développement et réduire ses effets indésirables. Elle a fait remarquer que les synergies entre migration et développement peuvent tout à fait contribuer à ce que la migration devienne un choix et non plus une nécessité. Nous devons apprendre à voir les migrants comme des agents du développement, à la fois pour les pays d’origine et pour les pays de destination, a-t-elle souligné, précisant, par là, que leur apport ne se limite pas à leurs transferts de fonds, mais s’étend également aux compétences qu’ils acquièrent et aux réseaux de contacts qu’ils se constituent. Elle a fait remarquer que c’est aux gouvernements de réunir les conditions qui favoriseront l’éclosion de ces apports. Elle a également relevé l’importance de promouvoir le développement durable et la bonne gouvernance, de sorte que personne ne soit forcé de quitter son pays en raison d’absence de perspectives économiques ou sociales. Personne ne doit d’autre part être empêché de rentrer volontairement dans son pays d’origine en raison de conditions économiques ou de sécurité précaires. Estimant que seule une perspective globale permettra d’appréhender la migration dans toute sa complexité, Mme Isler a proposé que l’Assemblée générale organise régulièrement -par exemple tous les trois ans- un dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement. L’ONU possède par son statut universel la légitimité nécessaire pour définir un agenda global commun dans ce domaine, a-t-elle estimé.
Mme LENE RICHTER STRAND (Norvège) a rappelé que la lutte contre le problème de la corruption exigeait une coopération internationale effective, et elle s’est félicitée que 120 États soient désormais parties à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la corruption. Elle a fait remarquer qu’il existait une volonté collective pour aller de l’avant, et que la tâche principale à accomplir était d’assurer des progrès dans la restitution des avoirs illicitement détournés et transférés. L’assistance technique nécessaire sur cette question doit être fournie, a dit Mme Richter Strand. Elle a insisté sur l’importance de mettre en œuvre efficacement les dispositions de la Convention. Rappelant que la restitution des avoirs était une question clef pour de nombreux pays en développement, elle a argué que des progrès dans ce domaine démontreraient que la justice est du côté des victimes de la corruption. La représentante a précisé que la troisième Conférence des États parties à la Convention se tiendrait en 2009 au Qatar et serait l’occasion de faire des avancées dans les domaines de la restitution des avoirs, de l’assistance technique et de la mise en œuvre de la Convention. Enfin, elle a appuyé l’Initiative StAR lancé par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et la Banque mondiale qui vise à promouvoir et à faciliter la restitution des avoirs détournés et illicitement transférés à l’étranger.
Mme NARINE KERELIAN (Arménie) a expliqué que son pays a, comme d’autres, connu une vague d’émigration causée notamment par les confrontations militaires qui avaient cours en Arménie. Elle a souligné que dans un premier temps, les migrants étaient surtout des travailleurs peu qualifiés. Puis, a-t-elle poursuivi, le pays a connu une fuite de cerveaux. Le représentant arménien a indiqué qu’une amélioration de la performance économique a permis de ralentir ces mouvements de population. Elle a attiré l’attention sur l’importance que revêtent les transferts de fonds des migrants, précisant que, pour le cas de l’Arménie, ces flux se sont montés à 2 milliards de dollars des États-Unis en 2008. Il a toutefois souligné que dans la majorité des cas, ces fonds comptent pour seulement 2% des investissements dans le domaine des affaires et sont plutôt utilisés pour soutenir les familles des migrants. Dans ce contexte de bouleversements économiques, il a dit s’attendre à une baisse des fonds en provenance des États-Unis, d’Europe et de la Fédération de Russie, s’inquiétant, d’avance, des pressions que cette baisse va infliger au marché du travail de l’Arménie. La représentante arménienne a par ailleurs attiré l’attention sur les bienfaits de la migration de main-d’œuvre, les travailleurs migrants pouvant, à leur retour dans leur pays, partager leurs connaissances et l’expertise qu’ils ont acquises à l’étranger. Il est dès lors impératif que les gouvernements créent un environnement économique et social attractif pour encourager les migrants à revenir et faire profiter les pays d’origine de leur expertise, a-t-elle souligné.
M. MOHSEN CHITSAZ (République islamique d’Iran) a affirmé que la situation économique actuelle démontrait la complexité des effets de la mondialisation sur la situation économique, sociale et politique de tous les pays. Il a rappelé que l’impact de la mondialisation sur l’espace politique national était beaucoup plus important dans les pays du Sud. Il a déclaré que le développement devait être au cœur de la gestion de la mondialisation et qu’il fallait une cohérence accrue entre les différentes politiques de tous les pays. Le représentant a regretté que l’ONU n’ait pas été en mesure, dans ses activités, de remplir son mandat relatif au développement, notamment parce que de nombreuses fonctions du domaine économique reviennent au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale et à l’Organisation mondiale du commerce. Il a suggéré que les Nations Unies remplissent pleinement leur rôle, qui leur donne l’autorité de guider les affaires du monde, tel que stipulé dans leur mandat et la Charte. Il a précisé que le Forum de coopération pour le développement de l’ECOSOC devait jouer un rôle central dans les efforts de développement et que les pays développés devaient s’engager résolument en faveur de la mise en œuvre des recommandations de l’ONU dans ce domaine. Sur la question des migrations, M. Chitsaz a estimé que ces flux de populations reflétaient les inégalités structurelles qui existent dans le système économique mondial. Il a appuyé l’idée de suivre la question des migrations et du développement périodiquement, au cours de rencontres de haut niveau de l’Assemblée générale. Il a rappelé que l’Iran était à la fois un pays d’origine, de transit et d’accueil de migrants et jouait un rôle important dans la région en ce qui concerne la gestion des flux migratoires. Il a insisté sur la nécessité de garantir les droits des migrants, de les traiter de manière équitable et de leur donner accès aux services sociaux.
Mme KAUTHER SAFAA AHMED (Iraq) s’est réjouie que la lutte contre la corruption soit devenue une priorité de la communauté internationale et des organisations internationales. Il s’agit d’un des grands dangers qui planent sur le développement et qui, partant, devrait être une priorité à tous les niveaux, a-t-elle averti. Elle s’est à cet égard félicité de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la corruption, arguant qu’elle témoigne de l’intérêt accru de la communauté internationale pour la lutte contre la corruption. Elle a expliqué que la Constitution de l’Iraq a établi une organisation qui a pour fonction de déceler la corruption dans les institutions nationales et internationales et d’en soumettre les cas et les affaires à des tribunaux spéciaux. La lutte contre la corruption est l’une des priorités du Gouvernement d’unité nationale iraquien, a-t-elle insisté, précisant que le Gouvernement souhaite se débarrasser de pratiques de corruption héritées du régime antérieur. Le Gouvernement iraquien travaille ainsi à promouvoir l’intégrité et à renforcer le rôle de supervision des institutions financières, a-t-elle souligné. Il défend les valeurs de la comptabilité et de la transparence pour ériger un nouveau système de gouvernement qui lutte contre toutes les formes de corruption en assurant transparence et responsabilisation, a ajouté la représentante iraquienne.
M. ALEKSANDR STRIGELSKY (Bélarus) a souligné la vulnérabilité de certains pays face à la mondialisation, estimant que les régimes commerciaux devraient protéger les pays en développement et faciliter la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, notamment pour les pays à revenu intermédiaire. Il a salué la décision de l’Assemblée générale d’examiner la possibilité de mettre en place une équipe d’experts pour étudier la réforme de la structure financière mondiale. En outre, il a estimé que le Conseil économique et social (ECOSOC), en tant qu’organe principal d’examen des activités économiques au sein du système de l’ONU, devait être impliqué dans la recherche d’une solution à la crise financière actuelle, notamment par la prise de mesures d’atténuation. Par ailleurs, il a noté que la prochaine conférence sur l’énergie, qui se tiendra au Turkménistan en 2009, serait l’occasion de mettre l’accent sur les besoins des pays importateurs et exportateurs et de formuler des recommandations dans ce domaine. Enfin, il a affirmé que le développement de sources renouvelables d’énergie était vital, suggérant que cette question soit discutée lors d’un débat thématique de l’Assemblée générale.
Mme AMBER BARTH, Représentante de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a fait remarquer que les inégalités entre les niveaux de revenus ont augmenté depuis les années 1990 et a souligné que ce fait témoigne des impacts de la mondialisation, des inégalités qu’elle génère, et de l’incapacité des politiques à en répartir équitablement les bénéfices et les bienfaits. Alors que la crise financière nord-américaine devient une crise globale, ces inégalités risquent d’augmenter, a-t-elle averti. Mme Barth a également fait remarquer que la crise financière fait planer une menace importante sur les entreprises, et les travailleurs et leur famille partout dans le monde. Selon l’OIT, le nombre de demandeurs d’emploi pourrait s’accroître de près de 20 millions de personnes, a-t-elle averti. Mme Barth a souligné que les montants des transferts de fonds des migrants ont déjà diminué et que des baisses supplémentaires sont à redouter. La représentante de l’OIT a tenu à rappeler que les travailleurs migrants ne sont pas une « marchandise », appelant, par là, les pays à adopter des politiques cohérentes de promotion du travail décent et de respect des droits des migrants. Elle a précisé que l’OIT a toujours œuvré à rendre la mondialisation juste pour tous. Ainsi, a-t-elle expliqué qu’un Forum sur le travail décent et une mondialisation équitable a été organisé à Lisbonne et a rassemblé plus de 400 participants. Elle a également rappelé que l’OIT a adopté cette année une Déclaration sur la justice sociale pour une mondialisation équitable. Cette Déclaration, a-t-elle précisé, initie un processus de réformes destinées à améliorer la capacité de l’Organisation à soutenir les activités de ses différentes composantes en cette ère de mondialisation.
M. WILFRIED LUETKENHORST, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a déclaré qu’il fallait trouver un moyen pour que tous les pays bénéficient des opportunités de la mondialisation. Il a insisté sur le rôle que joue le développement du secteur industriel dans l’essor des pays en développement et des économies en transition. Concernant ces derniers, il a mis l’accent sur l’importance de diversifier leur production et de leur donner un meilleur accès aux marchés. Il a constaté qu’une grande majorité des technologies utilisées dans les pays à économie en transition étaient obsolètes, et a demandé que la communauté internationale leur apporte son soutien dans ce domaine. Il a en outre évoqué les projets menés par l’ONUDI en faveur de la modernisation technologique, précisant que l’assistance fournie mettait l’accent sur le renforcement des capacités, notamment en faveur du développement du secteur privé et de politiques macroéconomiques favorables aux pauvres. Il a aussi indiqué que l’ONUDI s’employait à améliorer la sécurité alimentaire et les exportations de ces pays à travers le développement et la modernisation de leurs secteurs agro-industriels. Il s’est dit convaincu qu’avec ces activités, l’ONUDI pouvait jouer un rôle important dans l’intégration des pays en transition à l’économie mondiale.
M. MOHAMED A. A. ALAHRAF (Jamahiriya arabe libyenne) a fait remarquer que certains regardent la mondialisation comme un moyen d’avoir accès à des compétences et des technologies, alors que d’autres y voient le mal, l’injustice et la raison du fossé entre riches et pauvres. Il a souligné que beaucoup reconnaissent que la mondialisation fournit aux pays en développement de réelles opportunités, mais qu’elle n’a pas su placer la dimension du développement en son centre. Il a regretté que la mondialisation ne prenne en considération ni les problèmes économiques des pays en développement, ni leur risque de dépendance à l’égard des pays développés. Il a également noté que les bénéfices tirés de la mondialisation n’ont pas été les mêmes pour tous. Dans ce contexte, le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a appelé à accroître la coopération pour le développement et à élaborer des règles justes et équitables pour que tous puissent bénéficier de la mondialisation. Il incombe à la communauté internationale de traiter de manière sérieuse des principes et règles qui seraient à même d’assurer la participation des pays en développement aux échanges de la mondialisation, a-t-il souligné. Il faut faire en sorte que les bases du système financier et commercial soient justes. Il s’agit aussi de permettre aux pays en développement de restructurer leur développement sur des bases saines, a-t-il ajouté. S’intéressant ensuite à la question de la corruption, le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a fait remarquer qu’un tel fléau constitue une menace au développement, à la stabilité et à la démocratie, et est contraire à l’éthique. Le blanchiment d’argent et le transfert d’argent à l’étranger provenant de sources illégales sont autant d’obstacles au développement, a-t-il poursuivi. Il a fait remarquer que des sommes énormes ont ainsi été détournées des pays du Sud alors qu’elles auraient dû être consacrées au développement. Il a attiré l’attention sur les lieux connus pour leur secret bancaire, qui sont devenus, au su et au vu de tous, des lieux de transit pour blanchir l’argent et mettre à l’abri des sommes énormes d’argent volé. Il est inacceptable de garder le silence face à ces lieux de secret bancaire, a-t-il insisté.
Documentation
Action préventive et lutte contre la corruption et le transfert d’avoirs d’origine illicite et restitution de ces avoirs, notamment aux pays d’origine, conformément à la Convention des Nations Unies contre la corruption (A/63/88)
Ce rapport donne un aperçu de la deuxième session de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption et des préparatifs de sa troisième session. Il présente en outre des informations sur les mesures prises par les États pour prévenir et combattre la corruption et œuvrer à la prompte restitution des avoirs d’origine illicite. Il donne un aperçu des mesures prises au niveau international pour lutter contre la corruption et favoriser le recouvrement d’avoirs, ainsi que des travaux menés par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, individuellement et en partenariat avec d’autres organismes.
D’après les informations reçues par le Secrétariat, les États ont pris un certain nombre de mesures de prévention de la corruption. Ainsi, 78% des États ayant répondu avaient mis en place des politiques anti-corruption et 60% avaient créé des organismes de prévention de la corruption. D’autre part, les États ont pris des mesures claires pour garantir l’identification et la reconstitution des mouvements financiers liés à la corruption et la restitution des avoirs illicites. Ainsi, des exemples prometteurs ont été évoqués concernant l’application de mesures liées à l’établissement de systèmes de divulgation de l’information financière et à la déclaration des opérations suspectes. Il y a eu également quelques exemples de coopération internationale fructueuse ayant abouti à la restitution d’avoirs, reposant sur des mesures conformes à la Convention. Le rapport indique cependant que des problèmes subsistent s’agissant du respect des dispositions relatives au recouvrement des avoirs dans l’ensemble.
Le rapport souligne qu’afin de consolider les acquis des première et deuxième sessions de la Conférence des États parties et de préparer la troisième session de manière adéquate, il faudra pouvoir continuer à compter sur l’engagement de tous les États Membres. Cette troisième session, précise le rapport, aura la délicate tâche de dégager un accord quant au mandat du mécanisme qui sera chargé d’examiner l’application de la Convention. Le rapport souligne par ailleurs que le recouvrement d’avoirs restera une priorité. Dans ce domaine, le succès dépendra de la capacité de la Conférence des États parties à se concentrer sur les questions de fond et la pleine application des dispositions pertinentes de la Convention. Il importera d’aborder l’application des dispositions relatives au recouvrement d’avoirs en ayant pleinement conscience de la complexité des mesures en jeu et en acceptant d’investir temps, énergie et ressources pour identifier les meilleurs moyens d’avancer, notamment en instaurant la confiance, y compris la confiance mutuelle, et en renforçant la coopération. Il sera tout aussi important de faire participer à ce processus des experts nationaux ayant à la fois une expertise de fond, une expérience pratique et le pouvoir politique de décision.
Intégration de l’économie des pays en transition à l’économie mondiale (A/63/256)
Ce rapport du Secrétaire général donne un aperçu des progrès de l’intégration de l’économie des pays en transition dans l’économie mondiale en 2006 et 2007. Le Secrétaire général y résume des questions que pose aux pays en transition le choix des stratégies et des politiques concernant l’investissement, notamment l’investissement direct étranger, le renforcement des liens commerciaux, l’amélioration des conditions de l’activité économique par la réforme des marchés, et l’augmentation de l’investissement consacré au capital humain. Le rapport contient aussi plusieurs recommandations aux organisations internationales, qui devraient renforcer leur assistance technique et améliorer les orientations qu’elles proposent aux pays en transition.
Le rapport décrit en particulier les choix qui se présentent aux petits États membres de la Communauté d’États indépendants (CEI), qui se heurtent à de redoutables obstacles dans leur politique de croissance et de réduction de la pauvreté. Il indique que la croissance économique est restée vigoureuse dans ces pays, et dans ceux de l’Europe du Sud-Est, mais que la structure de la production et des exportations repose sur une base trop étroite, ce qui limite les avantages potentiels que la région peut retirer d’une intégration complète dans l’économie mondiale. La difficulté qui se présente à des degrés divers à ces pays est d’élargir la base de la croissance et de réduire leur vulnérabilité aux chocs extérieurs, précise le Secrétaire général.
À cet égard, le rapport souligne qu’en dépit de la récente forte augmentation des entrées d’IED dans ces pays, davantage d’investissements sont nécessaires, aussi bien dans les industries que dans l’infrastructure de la région, pour relancer leur capacité industrielle et diversifier leur production et leur base d’exportation. Pour attirer encore plus d’investissements étrangers directs, les pays en transition doivent continuer de concentrer leur action sur les réformes systémiques et axées sur la relance du marché, ajoute notamment le Secrétaire général dans ce document.
Il estime dans ce rapport que les pays en transition, qui sont en train de négocier leur entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), ont besoin d’une assistance continue pendant ce processus, et que la CNUCED ainsi que l’OMC pourraient les aider dans ce domaine. De plus, il avance qu’afin d’améliorer l’accès aux marchés pour les pays d’Europe du Sud-Est et de la CEI, les organisations internationales doivent soutenir les activités de promotion des exportations et de l’investissement dans la région. Il fait aussi valoir que le développement des infrastructures, notamment la revitalisation des réseaux routiers et ferroviaires régionaux, revêt une importance capitale pour une modernisation réussie des industries et pour le développement du commerce extérieur des pays en transition.
Enfin, le Secrétaire général affirme dans ce rapport qu’étant donné les différences de schémas et de rythmes de l’intégration des pays en transition aux marchés internationaux, la combinaison de politiques nécessaires pour promouvoir et faciliter la diversification économique varie d’un pays à l’autre.
Migrations internationales et développement (A/63/265)
Le rapport fournit un cadre pour examiner les possibilités d’assurer un suivi approprié du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement que l’Assemblée générale a tenu les 14 et 15 septembre 2006 à New York. Le rapport évalue également les activités entreprises par l’ensemble des organismes, institutions, fonds et programmes des Nations Unies et d’autres organisations concernées pour traiter des questions liées aux migrations internationales et au développement. Le rapport inclut une évaluation des mécanismes existants dans le domaine de la coopération sur les migrations et le développement, faite après un examen des efforts qui sont actuellement déployés par les gouvernements pour inclure les aspects relatifs au développement dans les mécanismes de coopération régionaux et interrégionaux ainsi que dans les processus consultatifs régionaux axés sur les migrations internationales.
Le rapport rappelle que lors du Dialogue de haut niveau, les États Membres ont accueilli très favorablement la proposition du Secrétaire général de créer un forum mondial où les gouvernements examineraient les liens existant entre les migrations internationales et le développement d’une manière approfondie et systématique. La première réunion du Forum mondial sur la migration et le développement a été organisée par le Gouvernement belge. Le Gouvernement philippin prépare actuellement la deuxième réunion du Forum mondial, et la Grèce et l’Argentine ont proposé d’organiser respectivement ses troisième et quatrième éditions.
Le Secrétaire général souligne ainsi que la coopération intergouvernementale dans le domaine des migrations s’est considérablement accrue. Les groupes intergouvernementaux et les processus de consultation régionaux attachent de plus en plus d’importance aux enjeux des migrations internationales pour le développement, même si leurs approches et leurs perspectives diffèrent. Le volume de l’aide au développement consacré à des projets relatifs aux migrations et au développement est en augmentation.
Le Secrétaire général précise que la difficulté reste de tenir les engagements et de réaliser les plans d’action élaborés par les groupes ou les processus régionaux. À cet égard, il faudrait que les différents mécanismes de coopération communiquent davantage sur leurs projets et il faudrait évaluer leurs résultats, indique-t-il. Il conviendrait, enfin, de mieux contrôler les ressources financières, en particulier celles qui proviennent de l’aide au développement, en vue de mener à bien les activités relatives aux migrations internationales et au développement.
Impact de la mondialisation sur la réalisation des objectifs convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (A/63/333)
Ce rapport aborde l’impact de la mondialisation sur la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Le Secrétaire général y souligne que chacune des forces qui se trouvent derrière la mondialisation –les finances, le commerce, les investissements, la technologie et les migrations– a des incidences économiques, sociales et environnementales et influe sur la formulation et la mise en œuvre des politiques aux niveaux national, régional et mondial. Ébranlées par des forces économiques qu’elles ne contrôlent pas, les économies les moins fortes ne peuvent réussir seules à réaliser ces objectifs. Le Secrétaire général met donc en lumière les menaces à la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international qui planent actuellement, telle que la crise alimentaire. De plus, il constate l’impact social et environnemental de la mondialisation et porte l’attention tout particulièrement sur quatre groupes d’Objectifs du Millénaire: la pauvreté, la faim et l’éducation, l’égalité des sexes, la santé et le développement durable.
Dans ses conclusions, le Secrétaire général affirme que le développement doit donc être placé au centre de tous les efforts lorsqu’on examine la manière dont la mondialisation est gérée, plutôt que d’être considéré comme un sous-produit de la mondialisation. Il considère qu’il faut parvenir à une plus grande cohérence entre les politiques menées dans les domaines macroéconomique, commercial, financier, social et environnemental et d’égalité entre les sexes dans tous les pays, de sorte qu’ils appuient tous l’objectif commun de faire en sorte que la mondialisation fonctionne pour tous. Il faut déployer davantage d’efforts au niveau international pour établir des régimes justes et équitables en matière de commerce, d’investissement, de technologie et de transfert des connaissances, précise-t-il. De plus, il estime que les institutions multilatérales et le système de gouvernance mondiale doivent être réformés, avec une plus grande participation des pays en développement.
Au niveau des pays, le Secrétaire général plaide pour que les ressources et les institutions internes soient renforcées et mobilisées afin d’assurer que la stratégie de développement sert à promouvoir les objectifs et les priorités des programmes nationaux de développement et à permettre aux pays de réagir face aux tendances et aux impacts mondiaux. Il faudrait accorder une haute priorité aux filets de sécurité et aux plans de protection sociale qui protègent les avoirs des pauvres en cours des crises, ajoute-t-il. Enfin, il insiste sur l’amélioration des statistiques et des capacités de suivi et d’évaluation afin d’assurer que les politiques soient bien ciblées.
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