DEUXIÈME COMMISSION : DE MEILLEURES SYNERGIES SONT NÉCESSAIRES POUR RELEVER LE DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DÉCLARENT DES DÉLÉGATIONS
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Deuxième Commission
19e et 20e séances – matin et après-midi
DEUXIÈME COMMISSION : DE MEILLEURES SYNERGIES SONT NÉCESSAIRES POUR RELEVER LE DÉFI DU DÉVELOPPEMENT DURABLE, DÉCLARENT DES DÉLÉGATIONS
La Commission examine par ailleurs les efforts nécessaires
à l’amélioration des établissements humains dans un monde de plus en plus urbanisé
Les liens entre la promotion des efforts de développement, l’adaptation aux changements climatiques, la protection de la diversité biologique et l’investissement dans la réduction des risques sont extrêmement ténus, ont fait remarquer des délégations de la Deuxième Commission lors de la deuxième journée consacrée à l’examen de la question du développement durable. Elles ont plaidé pour la création de meilleures synergies, soutenues par un véritable partenariat international, entre toutes ces dimensions du développement durable.
La nécessité de développer de nouvelles synergies a été tout particulièrement relevée s’agissant du lien entre l’adaptation aux changements climatiques et la prévention des risques de catastrophes. Plusieurs délégations, à l’instar de celle de Monaco, ont plaidé pour une reconnaissance « explicite » de ce lien, le représentant jamaïcain souhaitant pour sa part que la dimension de la réduction des risques soit inclue dans le document dans lequel la communauté internationale va définir le régime à appliquer après l’expiration du Protocole de Kyoto, en 2012. La réduction des risques de catastrophes a en effet un lien inextricable avec l’adaptation aux changements climatiques et la promotion du développement durable, a relevé le représentant. La complexité des questions environnementales implique de trouver un moyen d’améliorer la coordination et la cohérence des activités menées par les Nations Unies en la matière, a souligné quant à lui le représentant de la République de Corée.
La seule manière de lutter contre les changements climatiques est, pour la communauté internationale, de mettre en œuvre des programmes conjoints d’atténuation et d’adaptation, a estimé la représentante de l’Équateur. Elle a fait part d’une initiative prise par son pays. L’application de cette initiative empêche, au nom de la protection de la biodiversité et de la lutte contre la pollution, l’exploitation d’une réserve de pétrole par l’Équateur, a noté la représentante. Alors que cette initiative prive le pays de 720 millions de dollars des États-Unis de revenu annuel au cours des 25 prochaines années, la représentante a demandé qu’en contrepartie la communauté internationale verse à l’Équateur une contribution visant à compenser cette perte volontaire de ressources budgétaires potentielles. Dans le même esprit, le représentant du Cameroun a fait part d’un projet lancé par son Gouvernement en réponse aux préoccupations internationales en matière de développement durable. Ce projet est destiné à créer des réserves forestières et à lancer des campagnes de reboisement. Arguant que la politique forestière du Cameroun contribue ainsi de façon significative à la régulation du système climatique planétaire, à la préservation de la diversité biologique et à la lutte contre la désertification, le représentant a appelé la communauté internationale à mieux soutenir et à rétribuer les efforts de conservation menés par le Cameroun pour le bien commun de l’humanité.
De meilleures synergies sont d’autre part nécessaires au niveau de la coopération, ont ainsi fait remarquer des délégations, parmi lesquelles celle de l’Inde, qui a précisé à cet égard que ce partenariat devrait se baser sur les principes de la responsabilité commune mais différenciée et du respect de la responsabilité historique qu’ont les pays développés en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, des intervenants ont estimé que la proposition de la délégation brésilienne d’organiser un Sommet de « Rio + 20 », à Rio de Janeiro, offre une bonne opportunité de donner l’élan nécessaire à la mise en œuvre des engagements et à la création de nouveaux partenariats. Ce serait également l’occasion de réaffirmer le lien fondamental qui unit les trois Conventions issues du Sommet de 1992, à savoir la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention sur la diversité biologique et la Convention sur la lutte contre la désertification.
Outre celles déjà citées, les délégations des pays suivants se sont exprimées sur le thème du développement durable: Cuba, Arabie saoudite, Guatemala, Bahreïn, Burkina Faso, Pérou, Malte, République arabe syrienne, Brésil, Argentine, Nigéria, Venezuela, Botswana et Chili. L’Observateur permanent du Saint-Siège, et les représentants de l’Organisation internationale pour les migrations, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel et de l’Organisation météorologique mondiale sont également intervenus.
En fin de journée, la Deuxième Commission s’est intéressée à l’application et au renforcement des décisions prises en matière d’établissements humains. Le monde est une planète urbaine, a souligné Mme Anna Tibaijuka, Directrice du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, qui présentait les rapports pertinents du Secrétaire général* relatifs à cette question. En effet, d’ici à 2030, deux personnes sur trois vivront dans les villes. Mme Tibaijuka a, à l’instar des délégations qui ont participé au débat, fait remarquer que cette tendance pose la délicate question de l’utilisation des terres, de l’eau, de l’énergie et des autres ressources naturelles.
Dans le cadre de ce débat, la Deuxième Commission a entendu des déclarations des délégations suivantes: Antigua-et-Barbuda (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Kenya (au nom du Groupe des États d’Afrique), Bangladesh, Indonésie, Chine, Inde, Éthiopie, Nigéria et Fédération de Russie.
En début de matinée, la Deuxième Commission a entendu la présentation de cinq projets de résolution** relatifs à l’année internationale de la chimie, à la fiabilité et la stabilité du transit des ressources énergétiques et sa contribution à un développement durable et à la coopération internationale, aux activités opérationnelles de développement, à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles, et à la coopération pour le développement industriel.
La Deuxième Commission entamera demain mercredi, le 29 octobre, dès 10 heures, l’examen de son point de l’ordre du jour relatif à la mondialisation et à l’interdépendance.
* A/63/291 et A/63/353.
** Documents publiés, respectivement, sous les cotes : A/C.2/63/L.2/Rev.1 ; A/C.2/63/L.3/Rev.1 ; A/C.2/63/L.4 ; A/C.2/63/L.5 ; et A/C.2/63/L.6.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
a) Mise en œuvre d’Action 21, du Programme relatif à la poursuite de la mise en œ uvre d’Action 21 et des textes issus du Sommet mondial pour le développement durable (A/63/304 et A/C.2/63//3)
b) Suivi et application de la Stratégie de Maurice pour la poursuite de la mise en œ uvre du Programme d’action pour le développement durable des petits États insulaires en développement (A/63/296 et A/63/297).
c) Stratégie internationale de prévention des catastrophes (A/63/347 et A/63/351)
d) Sauvegarde du climat mondial pour les générations présentes et futures (A/63/294 et A/C.2/63/3)
e) Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/63/294 et A/C.2/63/3)
f) Convention sur la diversité biologique (A/63/294 et A/C.2/63/3)
g) Rapport du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement sur les travaux de sa dixième session extraordinaire (A/63/25, Supplément No 25)
Débat général
M. RAJEEV SHUKLA (Inde) a souligné l’importance d’adopter une approche intégrée pour parvenir au développement durable et a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre pleinement le Plan d’Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Reconnaissant les défis spécifiques qui se posent aux petits États insulaires en développement, dont les difficultés sont exacerbées par les changements climatiques, il a mis en avant le rôle que doivent jouer le Programme d’action de la Barbade et la Stratégie de Maurice pour y répondre. En outre, il a souligné la coopération de son pays avec ces États dans le cadre de la coopération Sud-Sud, notamment dans les domaines du renforcement des capacités, de la préparation aux catastrophes naturelles ou encore de l’adaptation aux changements climatiques. Toutefois, il a indiqué que ces pays avaient besoin d’une assistance financière et technique urgente de la part des pays développés. M. Shukla a, par ailleurs, fait remarquer que l’Inde, son pays, avait pris une série de mesures pour assurer son développement durable, dont un Plan d’action national sur les changements climatiques, la promotion du gaz naturel pour les transports en commun et l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les secteurs qui ont une forte consommation de combustibles. Il a ajouté que, tout en poursuivant sa croissance économique, l’Inde était engagée à ce que ses émissions de gaz à effet de serre par habitant ne dépassent pas celles des pays développés. Il a déclaré que les défis des changements climatiques ne pouvaient être surmontés sans des efforts mondiaux de coopération, sur la base du principe de la responsabilité commune mais différenciée, et du respect de la responsabilité historique des pays développés. M. Shukla a appuyé les négociations en cours sous les auspices de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, affirmant que leur résultat devait être équitable. Il a en outre estimé que les pays développés devaient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et assister les pays en développement en matière de financement et de transfert des technologies. Sur ce dernier point, il a plaidé pour un « changement de mentalités » qui permettrait aux pays en développement d’avoir accès à ces technologies cruciales à des conditions préférentielles et introduirait une plus grande flexibilité dans le régime de propriété intellectuelle.
Mme ILEIDIS L. VALIENTE DIAZ (Cuba) a rappelé que les pays en développement faisaient des efforts considérables pour respecter les engagements pris en matière de développement durable. Toutefois, elle a noté que les mêmes obstacles persistaient: le manque de ressources financières et l’accès limité aux nouvelles technologies. Elle argué que les pays riches ne faisaient pas preuve de volonté politique nécessaire pour appuyer les efforts des pays en développement. Le changement voulu dépend principalement de la transformation des modes de production et de consommation, a-t-elle dit, en déclarant qu’il fallait mettre fin au gaspillage des ressources par les pays du Nord. Constatant l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles que son pays subit, elle a affirmé que les petits États insulaires en développement devaient accorder la priorité aux mesures d’adaptation, et qu’ils avaient besoin, dans cette perspective, du soutien de la communauté internationale. Parmi les impératifs pour lutter contre les changements climatiques, elle a cité la réduction et le contrôle de la pollution générée par les émissions de gaz à effet de serre, la promotion d’actions concrètes pour l’usage de sources d’énergie renouvelables et la promotion de l’efficacité énergétique. Elle a souhaité que les négociations sur un accord post-2012 établissent des cibles contraignantes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de 20% à 40% d’ici 2020 et de 60% à 70% d’ici 2050. Elle a précisé que cela devait se faire sur le principe de la responsabilité commune mais différenciée et de la « dette historique » qu’ont les pays développés envers la planète. La représentante a soutenu la proposition du Brésil de tenir une conférence « Rio + 20 » en 2012, afin d’évaluer la mise en œuvre des engagements pris lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992 et du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg. Elle a conclu en insistant sur la nécessité d’une véritable coopération internationale pour parvenir aux objectifs du développement durable.
M. RAYMOND O. WOLFE (Jamaïque) s’est inquiété de la fréquence des impacts et des coûts occasionnés par les catastrophes naturelles sur les pays qu’elles affectent. Il a déploré le fait qu’il y ait une « tendance inquiétante » à la répétition de ces catastrophes qui frappent de plus en plus des pays pauvres. Il a expliqué que son pays a été touché par la tempête tropicale Gustav et a subi des pertes majeures en vies et en infrastructures. Il a également attiré l’attention sur la situation d’un autre pays de la région des Caraïbes, Haïti, qui a été frappé cette année par pas moins de quatre ouragans. Ces trois dernières années, la Jamaïque et les autres pays des Caraïbes ont été touchés par plus de cinq ouragans majeurs qui ont eu un impact colossal sur leurs économies, a-t-il souligné. Il a précisé que ce constat illustre l’extrême vulnérabilité des petits États insulaires en développement (PEID). La fréquence alarmante et la sévérité de ces phénomènes sont l’un des effets les plus visibles des changements climatiques, a-t-il fait remarquer. Il s’est dit d’avis que les efforts déployés pour la réduction des catastrophes sont intimement liés à la lutte contre les changements climatiques. La Jamaïque et les autres PEID n’ont pas à déployer ces efforts tout seuls, a-t-il averti, en relevant, par là, la nécessité d’une assistance internationale. Le représentant jamaïcain a souhaité que la question de la réduction des risques de catastrophes soit inclue dans le régime d’après Kyoto, en raison du lien inextricable qui existe entre adaptation aux changements climatiques, développement et réduction des risques. Enfin, M. Wolfe a appelé les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre à réduire drastiquement leurs émissions. Il a également souhaité que des ressources et des technologies supplémentaires soient mises à la disposition des pays en développement pour leur permettre de faire face aux effets des changements climatiques.
M. KWON HAE-RYONG (République de Corée) a estimé impératif, compte tenu de la complexité des questions environnementales, de trouver un moyen d’améliorer la coordination et la cohérence des activités des Nations Unies en la matière. Il s’est dit persuadé que le renforcement des travaux et du mandat du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) permettra d’offrir une meilleure gouvernance pour la définition des politiques et des priorités à fixer sur les questions environnementales. M. Kwon a souhaité que la communauté internationale continue son dialogue fructueux sur le développement durable, en cherchant des solutions communes aux problèmes qui se posent et en partageant les bonnes pratiques. Le représentant coréen s’est inquiété de ce que la crise financière actuelle n’éclipse l’urgence de lutter contre les changements climatiques, la désertification et la perte de la biodiversité. La dégradation de l’environnement et les changements climatiques vont sans conteste mener à d’autres crises, a-t-il averti. Il a fait remarquer que les années à venir sont cruciales, avec notamment la nécessité de respecter la date butoir fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en 2015, la conclusion du Cycle de la Commission du développement durable en 2017 et l’accord à venir sur un régime post-Kyoto, qui devrait être appliqué après l’année 2012. Il a dit que la République de Corée soutient l’organisation d’un sommet mondial en 2012. Ceci permettrait de lancer l’application du futur régime post-Kyoto et de renforcer les engagements politiques au plus haut niveau. M. Kwon a rappelé que son pays a annoncé son intention d’accueillir ce Sommet.
M. TARIQ AL-FAYEZ (Arabie saoudite) a indiqué que la réduction de la pauvreté et la réalisation du développement durable étaient les principaux objectifs de son pays. Il a fait part des efforts déployés par son gouvernement pour augmenter la productivité nationale et les capacités de production saoudiennes, notamment en encourageant les investissements du secteur privé et du secteur public. Il a aussi insisté sur la prise de mesures visant à améliorer la compétitivité des industries nationales. Le représentant a mis en avant le rôle vital des Nations Unies, et particulièrement du Conseil économique et social (ECOSOC), dans la promotion des objectifs de développement convenus au niveau international. Insistant sur le principe de l’appropriation nationale, il a estimé que le développement devait être la priorité des actions des Nations Unies. S’agissant de la protection de l’environnement, il a noté que son pays avait pris plusieurs mesures dans ce domaine et respectait les normes internationales en la matière, dont celles du Protocole de Kyoto. Il a fait valoir que le développement des technologies et l’utilisation optimale des ressources énergétiques étaient indispensables face aux nombreux défis environnementaux. M. Al-Fayez a espéré que les négociations menées au sein de la Deuxième Commission chercheraient à améliorer et à mettre en œuvre les décisions déjà adoptées. Enfin, le représentant saoudien s’est réjoui de l’adoption de politiques et de plans d’action pratiques pour surmonter les obstacles qui entravent la réalisation du développement durable.
Mme MELANIE SANTIZO-SANDOVAL (Guatemala) a expliqué que sa délégation s’est toujours engagée en faveur du développement durable car elle reste persuadée que le développement et l’éradication de la pauvreté ne seront possibles qu’avec une gestion durable des ressources naturelles. Elle a fait observer qu’à mi-parcours de la date butoir fixée pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le monde se trouve encore bien en retard en la matière. Elle a également fait remarquer que l’objectif d’inverser la tendance à la perte de biodiversité d’ici à 2010 s’avère difficile à réaliser. Dans le contexte de la crise financière actuelle, elle a enjoint la communauté internationale à ne pas oublier les priorités qu’elle s’est fixées. Elle a dit que la Deuxième Commission pourrait lancer un message clair en faveur de l’éradication de la pauvreté dans le respect de la richesse, de la beauté et de la diversité de la planète Terre. La représentante guatémaltèque s’est à cet égard réjouie des travaux effectués par la Commission du développement durable, relevant l’importance de réaffirmer l’intention de la communauté internationale de rester sur la voie tracée par le Plan d’Action 21. D’autre part, son pays faisant partie de la région des Caraïbes, elle a plaidé pour que la mer des Caraïbes soit reconnue comme une zone spéciale et que, de ce fait, les efforts déployés en matière de coopération technique et financière, et dans l’élaboration de projets communs aux pays de la région soient renforcés. Elle a, par ailleurs, fait remarquer que la région des Caraïbes et d’Amérique latine est confrontée à un grave problème de déforestation. Cette région devrait pouvoir compter sur l’appui de la communauté internationale dans sa lutte pour conserver sa biodiversité, a-t-elle ajouté.
M. MOHAMED AL-MURBATI (Bahreïn) s’est réjoui du futur Sommet mondial sur le développement durable, prévu en 2012 au Brésil. Il a assuré que son pays fait tout son possible pour assurer la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement et pour se débarrasser des obstacles qui entravent la poursuite du développement durable. Il a dit que Bahreïn était persuadé que seul le développement durable peut contribuer au bien-être des populations à tous les niveaux. M. Al-Murbati a expliqué que le Roi de Bahreïn a lancé une nouvelle vision économique pour le royaume. C’est un cadre qui devrait permettre la réalisation des ambitions économiques et sociales du pays. À cet égard, le représentant de Bahreïn s’est réjoui que son pays soit l’un des plus performants de la région du Golfe et a souligné que les bonnes performances de Bahreïn ont d’ailleurs été mises en exergue par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). Le Royaume de Bahreïn a promu les investissements dans les secteurs économique et industriel, a-t-il précisé. Son succès est dû à ses spécificités, a poursuivi M. Al-Murbati, en arguant que Bahreïn est l’une des économies les plus libérales et les plus ouvertes de la région. Outre son emplacement géographique stratégique, Bahreïn dispose d’un réseau de routes extrêmement bien développé qui lui offre un accès aux marchés régionaux et mondiaux. Il s’agit également d’un des meilleurs centres de communication et de commerce international, a ajouté le représentant.
M. RÉGIS BAKYONO (Burkina Faso) s’est inquiété de la persistance de la désertification, qui représente une menace pour de nombreux pays, dont le Burkina Faso. Il s’est réjoui de l’adoption, à Madrid en 2007, du Plan-cadre stratégique décennal (2008-2018) qui vise la mise en place d’un partenariat mondial aux fins de la réduction de la pauvreté, et d’un engagement réel pour la promotion du développement durable. Il a estimé que la gestion durable des terres, l’augmentation de la productivité agricole des terres arides, la restauration des sols, et l’application de mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques devaient en être les priorités. M. Bakyono a en outre indiqué que la réalisation de résultats substantiels en matière de développement durable dépendait de la volonté des États à coopérer. Il a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier les Conventions relatives à ces questions clefs et à mettre en place des partenariats dynamiques et consolidés pour atténuer les effets des actions et des activités humaines sur le climat. Sur la question de la désertification, le représentant a souhaité l’établissement effectif d’une base de référence pour en assurer le suivi. Il a aussi jugé important d’accorder une attention particulière aux écosystèmes terrestres, notamment dans les zones arides, dans le contexte de l’atténuation des effets des changements climatiques et de la préservation de l’environnement. Enfin, il a estimé qu’il fallait demeurer actif sur la question du plaidoyer en faveur du financement, précisant que les donateurs devaient demeurer engagés aux côtés des pays durement affectés par les changements climatiques.
M. JIDDOU OULD ABDERRAHMANE (Mauritanie) a noté que les pays en développement étaient les plus touchés par les effets des changements climatiques. À la veille de la Conférence de Doha sur le financement du développement, et alors que ces pays ne sont pas en bonne voie pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), il a appelé les pays riches à honorer leurs engagement en matière d’aide publique au développement. Il a, par ailleurs, regretté l’échec des négociations commerciales du Cycle de Doha et a appelé les pays industrialisés à faire preuve de souplesse et de volonté politique pour permettre à la communauté internationale de sortir de cette impasse. Par ailleurs, il a mis en avant les efforts déployés par son pays pour combattre la pauvreté et assurer des services sociaux à toutes ses populations. Étant donné nos ressources nationales limitées, nous ne pourrons y parvenir sans appui des partenaires de développement, a-t-il cependant noté. S’agissant de la désertification, dont souffre son pays, il a exhorté la communauté internationale à agir d’urgence pour lui permettre de répondre à ce défi. Il a aussi demandé le lancement d’une action commune pour lutter contre le fléau des invasions de criquets pèlerins, phénomène particulièrement menaçant pour le développement durable de nombreux pays, dans le contexte actuel de la crise alimentaire mondiale.
Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a fait remarquer que les changements climatiques sont en grande partie produits par les émissions de gaz à effet de serre et provoquent des catastrophes toujours plus graves, en particulier pour les pays en développement. Elle a souligné que la seule manière de lutter contre les changements climatiques est, pour la communauté internationale, de mettre en œuvre des programmes conjoints d’atténuation et d’adaptation. Elle a ainsi lancé un appel aux pays développés, en particulier ceux qui n’ont pas encore ratifié les instruments internationaux relatifs aux changements climatiques, pour qu’ils se joignent à cette vaste entreprise. La déléguée équatorienne a expliqué que son pays est en train de mettre en œuvre une initiative appelée « Yasuni – ITT » qui empêche l’exploitation de 920 millions de barils de pétrole dans une région qui compte l’une des plus grandes biodiversités du monde, la région Yasuni. Cette initiative empêchera l’Équateur d’émettre plus de 100 millions de tonnes de carbone, a-t-elle précisé, ajoutant toutefois qu’elle l’empêchera aussi de recevoir 720 millions de dollars des États-Unis annuels de revenu au cours des 25 prochaines années. Mme Espinosa a souligné que son pays est prêt à consentir ce sacrifice, mais demande en contrepartie une participation de la communauté internationale. Avant de conclure, la représentante équatorienne a attiré l’attention de la Commission sur les effets dévastateurs des catastrophes naturelles, en particulier sur les pays en développement. Elle a rappelé que l’Équateur a connu, il y a peu, des inondations sans précédent qui ont provoqué la mort de dizaines de personnes et la destruction de milliers d’hectares de terres arables. Il s’agit d’un exemple des effets que peuvent avoir les changements climatiques, a-t-elle précisé, avant de souligner que son pays a, pour cette raison, sollicité l’aide de la communauté internationale.
M. GONZALO GUILLEN BEKER (Pérou) s’est dit gravement préoccupé par les conséquences des effets des changements climatiques. Il a rappelé que son pays était affecté par des inondations sur les côtes et des sécheresses à l’intérieur des terres, alors que les glaciers sont marqués par une fonte rapide de leurs neiges et glaces. En outre, le Pérou a constaté que sa forêt amazonienne, la deuxième en Amérique latine par la superficie et qui est une grande réserve de biodiversité, subissait aussi l’impact négatif des changements climatiques, a dit M. Guillen Beker. Il a appelé à une action multilatérale concertée de toute la communauté internationale, conformément au cadre juridique convenu, et sur la base du principe de la responsabilité commune mais différenciée, pour faire face à ces dangers. Il a affirmé que la discussion sur les changements climatiques devait se dérouler dans le cadre du développement durable et d’un équilibre entre ces trois piliers. Il a demandé la prise de mesures concrètes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et mettre en œuvre les engagements pris dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques et du Protocole de Kyoto. M. Guillen Beker a insisté sur la contribution des Nations Unies en ce qui concerne l’intégration des politiques d’atténuation et d’adaptation à l’Agenda de développement des pays. En outre, il a estimé que les pays développés devaient jouer le rôle de chef de file en réduisant de manière urgente leurs émissions de gaz à effet de serre, et en se fixant des objectifs ambitieux en la matière. Il les a aussi appelés à fournir un financement adéquat et un transfert de technologies effectif aux pays en développement. Par ailleurs, il a affirmé qu’il fallait modifier les modes de consommation et de production actuels. Enfin, s’agissant de la désertification, phénomène qui affecte le Pérou, il a souligné l’importance de la Convention adoptée sur ce sujet, et a rappelé que son pays avait sollicité une aide afin de consolider les efforts nationaux de mise en œuvre de cet instrument.
M. PHILIP MULLER (Îles Marshall) a rappelé qu’au cours des vingt dernières années, les défis à relever avaient été identifiés en matière de développement durable et qu’il fallait maintenant traduire ces objectifs en une réalité concrète. Il a insisté sur la nécessité de transformer la Commission du développement durable (CDD) en un mécanisme d’évaluation efficace, précisant que les petits États insulaires en développement devaient y jouer un plus grand rôle. Il a en outre demandé que le système des Nations Unies et les États Membres continuent à augmenter non seulement le niveau de ressources disponibles, mais également les interactions en matière de communication et de partage d’informations entre les petits États insulaires en développement et les bureaux pertinents des Nations Unies. Il s’est inquiété que les indicateurs économiques traditionnels des Nations Unies, dont ceux de la CNUCED, ne reflètent pas pleinement la vulnérabilité des économies de ces États. Il a estimé qu’il fallait examiner comment les Nations Unies et d’autres partenaires pouvaient notamment améliorer les mécanismes de financement qui répondent aux besoins spécifiques de chaque pays et assister ceux-ci à intégrer des stratégies d’adaptation dans leur planification sectorielle, tout en renforçant la coopération en faveur du développement durable des petits États insulaires en développement à tous les niveaux.
Sur la question de la diversité biologique, il a souligné que les petits États insulaires en étaient une source importante. Il a fait part du « Micronesia Challenge » qui vise à préserver les ressources côtières et terrestres de la région d’ici à 2020. Toutefois, il a noté que cette stratégie régionale de conservation ne pouvait réussir sans un financement soutenu et une collaboration internationale. S’agissant de son propre pays qui se situe à seulement deux mètres du niveau de la mer, il a rappelé que les changements climatiques menaçaient non seulement son développement mais aussi son existence. Il a argué que les Nations Unies, tout comme les États Membres, ne s’étaient pas encore efficacement mobiliser autour de la menace existentielle et sécuritaire que posent les changements climatiques.
Tout en rappelant que le développement durable devait faire l’objet d’une approche intégrée, M. SAVIOUR F. BORG (Malte) a insisté sur la priorité à donner à la lutte contre les changements climatiques. Énumérant les nombreuses conséquences des changements climatiques, il a affirmé que celles-ci transcendaient tous les continents, régions et divisions entre le Nord et le Sud. Il a souligné la vulnérabilité des petites îles, comme Malte. Il a insisté sur la nécessité de mettre l’accent sur les efforts nécessaires pour l’atténuation et l’adaptation des pays aux effets négatifs des changements climatiques. Dans cette perspective, il a mis en exergue la Déclaration commune de Paris, adoptée en juillet dernier par les pays de la région euro-méditérranéenne, en affirmant que cette initiative pouvait jouer un rôle important dans le traitement des défis auxquels la région fait face. M. Borg a ensuite mis en avant les efforts que fait Malte pour contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Ainsi, il a indiqué que la Commission sur les changements climatiques de son pays devait présenter des recommandations afin que Malte réalise les objectifs d’émissions convenus au sein de l’Union européenne. Il a ajouté que la Commission élaborait des politiques et des campagnes d’éducation qui visent les comportements de la population dans son ensemble. Par ailleurs, le représentant a noté que son pays avait organisé une conférence internationale sur les changements climatiques, avec la « DiploFoundation », qui a aussi été l’occasion de lancer un programme de formation en la matière en faveur de représentants des petits États insulaires. Il a fait valoir que 100 personnes doivent être formées en 2009 grâce à cette initiative. Enfin, il a insisté sur la nécessité d’une action urgente et décisive en ce qui concerne les négociations pour un accord international sur les changements climatiques.
Mme VALÉRIE S. BRUELL-MELCHIOR (Monaco) a expliqué que le Prince souverain de Monaco a, par le biais de sa Fondation, conclu un certain nombre d’accords en faveur de la protection de l’environnement et du développement durable dans plusieurs pays du Sud comme du Nord. Ces accords, a-t-elle précisé, visent à promouvoir la biodiversité, notamment dans l’Arctique, à préserver les ressources en eau en Afrique subsaharienne, à soutenir l’Accord pour la protection des gorilles et à encourager des campagnes de sensibilisation à la protection de l’environnement dans plusieurs pays. La représentante monégasque a dit que la convocation d’une réunion spéciale de haut niveau en 2010 pour célébrer l’année internationale de la diversité biologique devrait permettre de réaffirmer la détermination de la communauté internationale en vue de réduire la perte de la biodiversité. Elle a assuré que son pays s’engage à apporter son soutien au processus de négociation établi par la feuille de route de Bali. Monaco a également signé un Accord bilatéral de mécanisme pour un développement propre avec la Tunisie visant à lutter contre les changements climatiques sur une durée de cinq ans, a-t-elle ajouté. Aux termes de cet accord, Monaco soutiendra l’accréditation par les Nations Unies de trois projets dans les domaines des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, a-t-elle précisé. En outre, au-delà de leur portée environnementale, ces projets intègrent des critères de développement social, le gouvernement princier souhaitant aussi promouvoir des activités respectueuses du développement social, a-t-elle ajouté.
M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a fait observer que la désertification, les changements climatiques et les atteintes à la biodiversité constituent des obstacles majeurs à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Il a expliqué que la politique du Cameroun en matière d’environnement et de développement durable s’articule autour de certains axes principaux comme le renforcement de la gouvernance environnementale, l’amélioration du cadre de vie des populations, la conservation et la gestion durable de la biodiversité et la prise en compte la sexospécifité dans la politique environnementale. Il a souligné que plusieurs actions sont entreprises sur le plan national en cohérence avec les principales conventions des Nations Unies. Sur le plan régional, le Cameroun apporte sa contribution à la Commission du Bassin du lac Tchad, au Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, et à la Commission des forêts d’Afrique centrale, a-t-il précisé. Le représentant camerounais a ensuite attiré l’attention de la Deuxième Commission sur la gestion durable des ressources forestières et fauniques, qui est, a-t-il précisé, une question d’importance particulière pour son pays. Il a rappelé que la forêt primaire du Cameroun est considérée comme le deuxième poumon forestier du monde après l’Amazonie. La forêt, a-t-il poursuivi, constitue un des principaux supports du développement économique national, les ressources forestières représentant 11% du produit intérieur brut (PIB) et le secteur forestier employant plus de 22 000 personnes. M. Biya a indiqué que son pays, prenant en considération les préoccupations internationales dans le domaine du développement durable, s’est engagé dans l’aménagement des forêts, la création de réserves forestières et les campagnes de reboisement. La politique forestière du Cameroun contribue de façon significative à la régulation du système climatique planétaire, à la préservation de la diversité biologique et à la lutte contre la désertification, a-t-il fait valoir. Il a, dans ce contexte, appelé à un soutien plus accru de la communauté internationale pour une rétribution des efforts de conservation du Cameroun.
M. OSAMA ALI (République arabe syrienne) a expliqué que le développement durable a été intégré dans les stratégies et les plans de développement nationaux de son pays. La Syrie a fait des progrès sensibles dans différents aspects du développement durable, a-t-il souligné, avant de déplorer les effets potentiels que peuvent avoir, aujourd’hui, les crises alimentaire, énergétique et financière mondiales, couplées aux changements climatiques, sur les progrès obtenus dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le représentant syrien a par ailleurs souligné que son pays n’a ménagé aucun effort pour lutter contre la désertification et la sécheresse qui menacent une grande partie de son territoire. En réponse aux vagues récentes de sécheresse, le Gouvernement a fourni une aide d’urgence aux ménages touchés, a-t-il indiqué. La Syrie fait tout son possible pour mettre en œuvre la Convention sur la lutte contre la désertification, a-t-il affirmé. Rappelant que la communauté internationale réalise les menaces posées par la désertification, il a estimé qu’elle devrait faire tout son possible pour assurer la mise en œuvre des engagements prévus par la Convention. Avant de conclure, M. Ali a attiré l’attention sur la marée noire causée par les bombardements d’Israël sur des installations libanaises. Il a fait valoir que ces bombardements ont touché l’économie et l’environnement du Liban et que leurs effets sont encore ressentis dans la région, notamment sur les côtes syriennes. Il a précisé que les coûts de nettoyage de cette marée sont extrêmement importants et, rappelant que l’Assemblée générale a demandé à Israël de s’en acquitter, il a souhaité que la communauté internationale réitère cet appel.
M. PIRAGIBE DOS SANTOS TARRAGÔ (Brésil) a déclaré que l’Assemblée générale devait fournir une orientation politique générale sur la mise en œuvre d’Action 21, une mise en œuvre qui devrait bénéficier d’une évaluation appropriée sous l’autorité de l’Assemblée. M. Dos Santos Tarragô a estimé que cette évaluation serait nécessaire d’ici à 2012 pour consolider l’élan politique en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable. Il a précisé que cela permettrait de faire le point sur l’application des décisions et des recommandations convenues depuis le Sommet de la Terre de 1992 et fournirait l’occasion d’examiner les progrès effectués sur la question de la gouvernance environnementale internationale notamment. Tout en saluant le rôle de la Commission du développement durable (CDD) dans le suivi des objectifs de développement durable, le représentant a estimé que les crises actuelles exigeaient d’accorder la plus haute priorité politique au développement durable. Rappelant l’offre de son pays d’accueillir un Sommet sur la question en 2012, il a souligné que cet examen « Rio + 20 » permettrait de compléter le travail de la CDD et de donner l’élan nécessaire pour combler le fossé existant en matière de mise en œuvre. Il s’est dit convaincu qu’un tel sommet serait l’occasion de réaffirmer les engagements visant à répondre de manière concrète aux nombreux défis du développement durable.
M. EDUARDO PORRETTI (Argentine) a attiré l’attention de la Commission sur l’importance qu’il y a à réduire les risques de catastrophes naturelles, relevant, dans ce contexte, l’urgence d’accélérer la mise en œuvre du Plan d’Action de Hyogo. Il a espéré qu’une deuxième réunion de la Plate-forme mondiale pour la réduction des risques de catastrophe se tiendra en juin 2009, et que ses travaux auront lieu sur la base des résultats obtenus lors de la première réunion, tenue en 2007. M. Porretti a attiré l’attention sur les efforts déployés dans le cadre de la stratégie de réduction des risques de catastrophe, arguant que le déploiement de ces efforts encourage une synergie entre la réduction des risques et la lutte contre les changements climatiques. Investir dans la réduction des risques peut s’avérer bénéfique pour minimiser les impacts des catastrophes naturelles, contribuer à une meilleure adaptation aux changements climatiques et promouvoir les efforts pour le développement, a-t-il précisé. Il a conclu son intervention en recommandant qu’un financement stable, prévisible et suffisant soit accordé au Secrétariat de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes.
Mgr CELESTINO MIGLIORE, Observateur permanent du Saint-Siège, a rappelé que l’être humain devait être le gardien de l’environnement mondial, et il a dit que les êtres humains et la nature font partie d’une alliance dont les membres sont inséparables. Il a déclaré qu’il existait une « responsabilité de protéger » l’environnement qui exigeait des interactions accrues entre les besoins d’assurer la sécurité alimentaire et la lutte contre les changements climatiques. Ces interactions doivent être axées sur l’être humain, a dit Mgr Migliore. Il a particulièrement insisté sur le sort des populations vulnérables qui résident souvent dans les zones rurales des pays en développement. En outre, il a déclaré que la « responsabilité de protéger » le climat devait reposer sur la solidarité mondiale, et a fait valoir que les questions environnementales ne pouvaient être examinées séparément d’autres questions telles que celles ayant trait à l’énergie, à l’économie, à la paix et à la justice. Il a estimé que le monde ne pouvait protéger l’environnement sans sérieusement revoir ses modes de vie, de consommation et de production. Il a affirmé qu’il fallait d’urgence éduquer les gens en matière de responsabilité écologique et mettre en avant des solutions coordonnées, sur la base d’une vision morale cohérente du monde. Il a précisé que cette éducation exigeait une véritable modification des comportements et devait avoir à sa base la préservation de la dignité de la personne humaine.
M. ASAD M. KHAN (Pakistan) a fait observer que la protection de l’environnement est entravée par une mise en œuvre insuffisante du Plan d’Action de Bali. Il a rappelé que la communauté internationale a reconnu que les changements climatiques posent des risques sérieux, notamment pour les pays en développement qui restent les plus vulnérables. Il s’est inquiété que certaines tendances observées dans les négociations ne menacent les perspectives d’obtenir un accord pour le régime post-Kyoto. Il a à cet égard regretté que certains principes clefs de Rio soient réinterprétés. Il s’est également inquiété que certains veuillent donner un nouveau statut légal à cet instrument, mettant ainsi en péril l’avenir du Protocole de Kyoto. En outre, le représentant pakistanais s’est dit déçu qu’une coordination efficace entre pays en développement n’ait pu être mise en place en raison de la fragmentation du processus de négociations. Il a rappelé que les émissions de son pays, qui est le cinquième pays le plus peuplé au monde, ne se montent qu’à 0,43% du total mondial. Or, les changements climatiques ont causé des dommages sans précédent au Pakistan, a souligné M. Khan. Il a fait valoir que, de son point de vue, un accord renforçant la mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques est non seulement urgent, mais également impératif.
M. EMMANUEL A. OGUNNAIKE (Nigéria) a rappelé que les changements climatiques constituent un des défis majeurs actuels, menaçant non seulement l’environnement, mais mettant également en danger l’existence même et la survie de millions de personnes. Il a assuré que son pays reste engagé en faveur du développement durable, précisant à cet égard que le Gouvernement nigérian a aligné ses priorités sur les principes du Plan de mise en œuvre de Johannesburg, notamment en ce qui concerne le développement de l’agriculture et des ressources en eau, la diversification des sources de revenus, et le développement des infrastructures de transport. Dans ses efforts en faveur du développement durable, le Nigéria s’est rendu compte des limites des actions unilatérales, a indiqué M. Ogunnaike, soulignant notamment que le Gouvernement s’est engagé dans des partenariats avec le secteur privé et d’autres parties prenantes. Il a part ailleurs fait part de la création, en 1999, d’une agence nationale de gestion des urgences, qui est destinée à renforcer les capacités de réponse du Nigéria en cas de feux, de tremblements de terre, d’épidémie, d’inondations, et de sécheresse. Attirant ensuite l’attention sur les effets dévastateurs de la sécheresse et de la désertification dans de nombreuses parties de l’Afrique, le représentant nigérian a demandé le soutien de la communauté internationale pour éviter une plus grande dégradation de cette « catastrophe environnementale ».
M. WILFRIED LUETKENHORST, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a souligné qu’un élément central de la philosophie de l’ONUDI est d’intégrer les principes du développement durable dans tous ses programmes. Il a fait part des activités menées par l’ONUDI dans ce domaine et a notamment indiqué que le Directeur général a, en mai dernier, été enjoint à élaborer un rapport sur la manière dont l’ONUDI pourrait contribuer à une solution à la crise alimentaire. Le représentant a souligné que les activités menées par l’ONUDI en rapport avec ce domaine incluent notamment la coopération pour la promotion de la productivité et de la production agricole. Il a précisé que l’organisation a cherché, ces dernières années, à développer des partenariats avec des institutions financières internationales afin de dépasser les obstacles à l’expansion de ses activités en matière de promotion du secteur des industries agroalimentaires. Le représentant a également attiré l’attention sur les mesures déployées par l’ONUDI pour promouvoir le recyclage, les sources renouvelables d’énergie et l’efficacité énergétique, alors que le secteur industriel compte pour un tiers de la consommation d’énergie et d’émissions de carbone dans le monde.
M. LUCA DALL’OGLIO, Observateur permanent de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a rappelé que les facteurs environnementaux avaient un impact sur les flux migratoires et qu’on prévoyait que ces mouvements augmenteraient dans les années à venir en raison des changements climatiques. Il a affirmé qu’il existait un consensus international sur la nécessité de mieux comprendre les implications environnementales des migrations et de planifier et de s’adapter aux effets des changements climatiques en matière de sauvegarde de la mobilité humaine. M. Dall’Oglio a fait remarquer qu’en raison du manque de données dans ce domaine, l’OIM, en collaboration avec l’Université des Nations Unies, et avec le parrainage de la Fondation Rockefeller, allait lancer une étude sur les migrations et l’environnement qui comprendrait sept domaines d’études. De plus, il a indiqué que l’OIM s’employait à établir, avec notamment le PNUE, une alliance sur les changements climatiques, l’environnement et les migrations, qui doit être lancée à Poznań, en Pologne, au mois de décembre. Il a ajouté que cette alliance était un partenariat mondial entre parties prenantes visant à intégrer les considérations migratoires dans les agendas de la sauvegarde de l’environnement et de la promotion du développement. Enfin, M. Dall’Oglio a souligné que l’OIM continuait le travail qu’elle accomplit pour élaborer une approche complète permettant de traiter les conséquences migratoires des changements climatiques, du point de vue de la sécurité humaine, notamment en renforçant les capacités des populations vulnérables.
M. ALEXIS COLMENARES (Venezuela) a indiqué que son Gouvernement a lancé un nouveau modèle de développement durable, qui est un modèle « socialiste à caractère humaniste ». Il a précisé que la Constitution du Venezuela souligne la responsabilité de son Gouvernement dans la préservation de l’environnement. Le représentant du Venezuela a fait part d’une initiative sur le pétrole que le Gouvernement a l’intention de lancer pour promouvoir des zones d’utilisation d’une énergie propre. Il a exhorté tous les gouvernements du monde à mettre en œuvre les engagements, plans, programmes et objectifs auxquels ils ont souscrit en matière de développement durable. Il a souhaité que le programme international à adopter en matière de lutte contre les changements climatiques tienne compte des réalités, asymétries, capacités et circonstances propres à chaque pays. Il a précisé que la feuille de route de Bali proposait des voies et moyens pour assurer la mise en œuvre de la Convention-cadre sur les changements climatiques, et ne constitue en aucun cas un nouvel accord. Ce dont il est question, a-t-il précisé, c’est de la mise en œuvre des engagements souscrits par les pays développés lors de la première période d’engagement et de la définition des nouveaux objectifs à fixer pour la deuxième période.
Mme EMOLEMO MORAKE (Botswana) a noté l’importance d’adopter une approche intégrée et globale en matière de développement durable, tout en mettant en lumière la vulnérabilité particulière des pays africains. Elle a espéré que la communauté internationale accélérerait ses efforts pour fournir aux pays vulnérables le financement, les technologies et les capacités dont ils ont besoin pour faire face aux défis du développement agricole, et donc de la pauvreté, en particulier en Afrique. Elle a constaté que les pays qui contribuaient le moins aux changements climatiques étaient pourtant les plus affectés par leurs conséquences. Mme Morake a affirmé que la lutte contre ce phénomène exigeait la volonté politique nécessaire pour intensifier la mise en œuvre des engagements pris conformément à la Convention-cadre des Nations Unies et son Protocole de Kyoto. Elle a fait part des efforts du Botswana dans ce domaine, et a cité à cet égard la mise en place d’une autorité nationale chargée de traiter de la lutte contre l’augmentation de la pollution. Toutefois, elle a déclaré que les pays en développement avaient besoin de ressources accrues et des technologies appropriées pour renforcer leurs capacités à prévenir, s’adapter et atténuer les effets des changements climatiques. S’agissant de la désertification, elle s’est félicitée du Plan stratégique décennal et du cadre adopté pour améliorer la mise en œuvre de la Convention relative à ce sujet.
M. FERNANDO BERGUŇO (Chili) a, dans une brève intervention, apporté son soutien à la proposition du Brésil d’organiser un Sommet mondial « Rio + 20 ». Il a expliqué que son pays est sensible à la question des changements climatiques, puisqu’il a lui-même vécu des périodes de sécheresse et des périodes de pluies acides, et qu’il connaît le phénomène de la fonte des glaciers. Il a en outre attiré l’attention de la Commission sur le phénomène d’immersion des îles entraîné par le réchauffement de la planète. Dans certaines régions du monde, la montée du niveau des océans atteint déjà les deux mètres, a-t-il fait remarquer.
M. BATJARGAL ZAMBA, Représentant de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a rappelé que cette agence des Nations Unies traite des questions liées à la météorologie, au climat et à l’eau. Il a indiqué que l’OMM, en collaboration avec d’autres agences onusiennes, organiserait la troisième Conférence mondiale sur le climat du 31 août au 4 septembre 2009 à Genève, en Suisse. Il a précisé que cette Conférence mondiale examinerait les avancées scientifiques relatives aux prévisions climatiques et comment les appliquer à la résolution de problèmes concrets. Il a affirmé qu’une meilleure prévision du climat offrait de nombreuses opportunités aux preneurs de décisions, dont les mesures à prendre en matière d’atténuation, de production énergétique ou de planification urbaine. Il a ajouté que la Conférence souhaitait assurer des services climatiques efficaces pour tous, et une « boîte à outils » opérationnelle afin de pouvoir planifier des mesures de sauvegarde face à un climat mondial de plus en plus changeant. Ces outils permettront de réduire l’impact des catastrophes naturelles, d’améliorer la sécurité alimentaire et de gérer d’autres risques climatiques, a dit M. Zamba.
APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (HABITAT II) ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT)
Débat général
Mme JANIL GREENAWAY (Antigua-et-Barbuda), prenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a souligné que l’habitat joue un rôle déterminant dans le développement durable. Elle a fait remarquer que les tendances croissantes en matière d’établissements humains, et, parmi elles, l’urbanisation croissante, ont montré l’importance de mettre en œuvre l’Agenda de l’habitat et notamment de diminuer de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes ne disposant d’aucun accès à l’eau potable ou à des installations sanitaires. L’urbanisation rapide fait que le défi du développement durable est, pour une grande partie, le défi de la gestion des villes et de l’expansion des zones urbaines, a-t-elle fait remarquer. S’inquiétant par ailleurs des conséquences des crises alimentaire et énergétique actuelles sur la marginalisation des pauvres vivant en milieu urbain, elle a exhorté le Programme des Nations Unies pour les établissements humains à continuer d’accorder une attention toute particulière à cette catégorie de la population. La représentante d’Antigua-et-Barbuda a également attiré l’attention sur le rôle que peuvent jouer les villes dans la lutte contre les changements climatiques, relevant notamment l’importance que revêtent les comportements, l’utilisation des terres et l’expansion urbaine à cet égard. Mme Greenaway a d’autre part fait remarquer que l’objectif visant à accorder à chacun un logement convenable ne pourra être réalisé tant que d’autres questions, comme l’emploi décent, l’accès à l’eau ou le recyclage des déchets, ne seront pas réglées. Elle a, à cet égard, déploré que les efforts déployés par les pays en développement en matière d’eau et d’assainissement n’aient pas reçu un écho très fort de la part de la communauté internationale. D’une manière générale, elle a regretté l’écart que l’on observe, dans le financement du budget d’ONU-Habitat, entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya), qui prenait la parole au nom du Groupe des pays africains, a rappelé qu’un des défis majeurs de l’urbanisation rapide et non planifiée était la croissance des taudis et d’autres formes informelles d’établissements humains. Il a noté que près de 1,2 milliard de citadins vivaient dans des taudis, chiffre qui risque d’augmenter si des mesures ne sont pas prises. Il a indiqué que les crises actuelles alimentaire, énergétique et financière, avaient un impact sur les objectifs de l’agenda concernant les établissements humains. Il a souhaité qu’ONU-Habitat mène une étude sur la crise des crédits immobiliers afin d’en partager les conclusions et d’éviter que d’autres pays ne rencontrent des problèmes similaires à l’avenir. Le représentant a souligné que la plupart des zones urbaines d’Afrique souffraient d’une insuffisance en logements sûrs, en accès à l’eau et à l’assainissement, ainsi que de lacunes en matière de collecte des ordures et de services énergétiques modernes.
M. Muburi-Muita a déclaré que le défi de mettre des établissements humains viables à la disposition de toutes les populations exigeait qu’on lui accorde une attention urgente. Pour faire face à l’urbanisation croissante, a-t-il poursuivi, les dirigeants africains ont établi la Conférence ministérielle africaine sur le logement et le développement urbain. Il a précisé que lors de sa dernière réunion, en juillet 2008, la Conférence avait adopté le Plan d’action d’Abuja, qui comprend des décisions pragmatiques et des engagements dans les domaines du financement, du renforcement des capacités, ou encore, des mesures institutionnelles qui peuvent amener un vrai changement de la situation dans laquelle se trouve le secteur du logement et du développement urbain en Afrique. S’agissant d’ONU-Habitat, M. Muburi-Muita s’est félicité du début de la mise en œuvre du plan stratégique à moyen terme pour 2008-2013, espérant que celui-ci permettrait d’accélérer les réalisations en faveur de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement concernant les établissements humains. Il a appelé les États Membres à soutenir ONU-Habitat, afin que ce Programme reçoive les ressources financières et techniques dont il a besoin.
Rappelant que la moitié de la population mondiale vivait dans des villes, M. FAZLE KABIR (Bangladesh) a en outre indiqué que le reste de la population de la planète dépendait aussi de ces villes pour son développement économique, social et politique. Il a noté que l’urbanisation croissante à venir générerait l’élargissement des taudis et l’aggravation du manque de services de base, dont l’eau et l’assainissement. Il s’est félicité du rôle d’ONU-Habitat dans la mise en œuvre de l’Agenda pour l’habitat et dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement qui lui sont associés. Il s’est dit encouragé par l’adoption du plan stratégique à moyen terme pour 2008-2013, saluant le fait que l’urbanisation durable en soit à la base. Il a noté qu’ONU-Habitat avait fait quelques progrès dans la mobilisation des ressources, mais a toutefois regretté qu’elles soient insuffisantes pour mettre en œuvre les mandats assignés à l’agence. Il a demandé que la base sur laquelle s’appuie ONU-Habitat pour ses ressources soit élargie. Par ailleurs, il a estimé que l’urbanisation durable devait être intégrée dans les stratégies nationales de développement et devait se baser sur des technologies respectueuses de l’environnement.
M. Kabir a en effet rappelé que si les villes n’occupent que 2% de la superficie des terres, elles produisent 70% des ordures et des déchets. Une infrastructure urbaine et des services respectueux de l’environnement sont donc indispensables, a-t-il insisté. Le représentant a, par la suite, fait valoir que 20 milliards de dollars des États-Unis, par année, étaient nécessaires pour parvenir à l’amélioration de la situation qui règne dans les taudis, conformément aux besoins de l’OMD nº11. Toutefois, il a constaté que l’aide publique au développement dans ce domaine avait stagné à 2 milliards de dollars par an au cours des années précédentes. Il a appelé les pays développés à augmenter leur flux d’aide en faveur du développement urbain dans les pays en développement. Enfin, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux pays les moins avancés, dont les investissements en faveur des logements et des services de base sont à la traîne quand on les compare à leur niveau de croissance démographique et à l’expansion de leurs villes.
M. ARMANATHA NASIR (Indonésie) a fait remarquer qu’il est impératif de s’atteler à la question du développement durable dans le contexte urbain, alors que près de la moitié de la population mondiale vit dans des villes. Il a fait valoir que la tendance récente à l’urbanisation rapide, combinée aux crises actuelles, montre l’importance d’assurer la mise en œuvre de l’Agenda sur l’habitat. À court terme, il est vital d’élaborer des mesures pour soulager les pauvres de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, a-t-il souligné. À moyen terme, il faut faire en sorte que les États Membres mettent en œuvre les conditions nécessaires à la stabilisation de la croissance des taudis, ainsi que le prévoit le plan stratégique et institutionnel pour les années 2008-2013, a souligné le représentant indonésien. Enfin, il faudrait, à long terme et pour régler le problème de l’urbanisation, s’atteler au problème du sous-développement rural, a-t-il fait remarquer. Sur ce dernier point, il a souligné que le sous-développement rural est le résultat de la baisse de la production et des activités agricoles dans les pays en développement. Il a fustigé, à cet égard, les stratégies de développement préconisées par les institutions de Bretton Woods, qui ont négligé l’agriculture, ainsi que les subventions agricoles versées par les pays développés à leurs agriculteurs, arguant qu’elles ont eu pour conséquence un déclin de l’agriculture dans les pays en développement. Ces éléments ont mené à une urbanisation invivable et à l’insécurité alimentaire au Sud, a-t-il souligné. Le représentant de l’Indonésie a, dès lors, fait remarquer que la promotion d’une urbanisation durable est intimement liée à la promotion du développement rural. Il a expliqué que son pays a, dans cette perspective, promu des synergies entre les milieux urbain et rural. Des efforts ont été déployés en matière d’emplois, et une attention toute particulière a été accordée à la zone suburbaine en tant que transition entre les secteurs rural et urbain, a-t-il précisé.
M. LIU YUYIN (Chine) a constaté qu’en dépit des efforts déployés, la question des établissements humains était loin d’être réglée, et que la situation dans ce domaine demeurait grave, surtout dans les pays en développement. Ainsi, renforcer la coopération internationale dans le domaine des établissements humains est indispensable, a-t-il continué. Il a déclaré que seul le développement durable offrait une véritable solution aux défis liés au logement. Il a précisé que ces établissements devaient être développés de concert avec la croissance de la population et la productivité, et en équilibre avec l’exploitation des ressources et la protection de l’environnement. Le représentant a d’autre part estimé que cette question nécessitait à la fois des efforts nationaux et un environnement externe favorable ainsi qu’une coopération internationale efficace. Affirmant que l’amélioration de la situation du logement au niveau mondial passait par les pays en développement, il a souligné que les pays développés devaient respecter les engagements pris en matière de financement, de transfert de technologie, de ressources humaines, d’accès aux marchés et d’allégement de la dette. Par ailleurs, M. Liu Yuyin a insisté sur la nécessaire participation de la société civile au règlement des problèmes relatifs aux établissements humains. Il a ensuite noté que la Chine accordait une grande importance à la question du logement et poursuivait ses efforts pour améliorer l’infrastructure de ses zones urbaines tout en préservant l’environnement. Enfin, il a indiqué que le quatrième Forum mondial sur les villes se tiendrait du 3 au 6 novembre 2008 à Nanjing, sous le thème de l’« urbanisation harmonieuse ».
Mme SANGEETA SINGH DEO (Inde) a rappelé que son pays a été l’un des membres fondateurs du Programme des Nations Unies pour les établissements humains. Elle a dit tout particulièrement soutenir le plan stratégique et institutionnel à moyen terme de l’ONU-Habitat pour la période 2008-2013. Elle a souligné que son pays a été très actif dans le domaine des établissements humains, notamment par le biais du financement de la construction de logements et la promotion d’allocations pour les pauvres. Elle a précisé que son pays a toujours valorisé la participation des autorités locales dans la prise de décisions et la mise en œuvre de politiques dans ce domaine. Saluant les efforts déployés par ONU-Habitat, la représentante indienne a déploré l’écart, dans le financement de cette organisation, entre les ressources de base et les ressources extrabudgétaires. Avant de conclure, Mme Singh Deo a attiré l’attention sur les efforts déployés par l’Inde, et elle a notamment fait part du lancement d’une politique nationale du logement urbain qui vise à offrir à tous un logement abordable. L’un des éléments de cette politique a pour objectif de fournir aux pauvres l’accès à un terrain, à un logement convenable, à l’eau, à la santé, à l’éducation et à la sécurité sociale, a précisé la représentante indienne. Elle a également indiqué que des mesures de promotion de l’emploi et de l’égalité des sexes viennent compléter ce dernier programme.
Mme HIRUT ZEMENE (Éthiopie) a estimé que les crises actuelles rappelaient l’importance de traiter, de manière urgente, des conséquences sociales, économiques et environnementales de l’urbanisation. Elle a affirmé que pour y répondre, il fallait mettre en place une approche intégrée et globale, basée sur la lutte contre la pauvreté. La représentante a en effet constaté que la pauvreté se concentrait encore trop souvent dans les zones rurales et que si l’urbanisation jouait un rôle dans la réduction de la pauvreté rurale, il fallait aussi assurer le développement des campagnes. Dans cette perspective, elle a mis en avant la nécessité d’améliorer la production et la productivité du secteur agricole afin d’augmenter les revenus des pauvres vivant dans les zones rurales. Elle a fait part des efforts déployés par l’Éthiopie pour traiter des questions du logement décent pour les pauvres vivant en milieu urbain, notamment par la mise en place de projets de logements peu chers, ce qui a aussi permis de générer des emplois. Elle a indiqué que la création d’emplois, soutenue dans son pays notamment par la promotion des petites et microentreprises, permettait d’améliorer les revenus des ménages et d’avoir accès aux projets de logements à coûts modérés. Enfin, Mme Zemene a affirmé que la communauté internationale devait accorder une attention similaire à tous les Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a précisé que l’objectif d’améliorer les conditions de vie des personnes vivant dans des taudis était particulièrement important pour de nombreux pays en développement. Elle a indiqué que le système des Nations Unies, notamment les partenaires au développement, devaient traiter efficacement des questions du renforcement des cadres légaux et institutionnels, des capacités des autorités municipales et des liens entre zones urbaines et rurales.
M. ADAMU A. EMOZOZO (Nigeria) a déclaré que les défis de l’urbanisation rapide rappelaient la nécessité de renouveler les efforts en faveur de la réalisation des objectifs du Programme Habitat. Il a noté que ces questions étaient étroitement liées au développement durable, et a donc demandé un soutien financier accru pour ONU-Habitat afin que ce Programme puisse assister les États à faire face aux effets négatifs de l’urbanisation rapide. Il s’est félicité de l’adoption du plan institutionnel stratégique à moyen terme d’ONU-Habitat et de son organisation, qui est davantage axée sur les résultats. De plus, il a appuyé les opérations de financements remboursables établies par ONU-Habitat, ce qui représente un nouveau mécanisme de financement de logement en faveur des pauvres. Par ailleurs, M. Emozozo a estimé que l’urbanisation durable et la lutte contre la pauvreté exigeaient une pleine coopération de toutes les parties. À cet égard, il a salué les partenariats établis avec le secteur privé, les autorités locales et les autres agences de l’ONU pour renforcer les capacités d’ONU-Habitat à assister les pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement dans le domaine des établissements humains. Il a indiqué que le Nigeria s’était engagé à traiter les défis qui se posent en matière de logement, de réduction du nombre des taudis et de l’accès à l’eau. Dans cette perspective, le Nigéria a mis en place des cadres politiques et des plans visant à améliorer la qualité de vie de la majorité des habitants de ses zones de taudis d’ici à 2020, a assuré le représentant.
Mme ANNA B. OVCHARENKO (Fédération de Russie) s’est prononcée en faveur du renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), qu’elle a qualifié de « maillon essentiel du système des Nations Unies ». Elle a affirmé que sa délégation partageait les recommandations du Secrétaire général visant à augmenter le niveau des activités d’ONU-Habitat et à renforcer la coopération du Programme avec les gouvernements des pays où il intervient. La représentante de la Fédération de Russie a souhaité que l’on ne perde toutefois pas de vue le mandat du Programme qui est, a-t-elle rappelé, d’aider les États Membres à offrir un logement à toutes leurs populations et à régler les problèmes sociaux liés au développement urbain. La représentante russe a relevé l’importance d’assurer un meilleur financement, ainsi qu’une meilleure gestion et un meilleur contrôle du Programme. Il faut en outre veiller à mettre en œuvre un mécanisme d’évaluation de l’efficacité de ce Programme et améliorer ses méthodes de collecte de données statistiques et d’analyse, a-t-elle ajouté.
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