DEUXIÈME COMMISSION: PERÇUE COMME UN IMPÉRATIF MORAL, L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ RESTE LE PRINCIPAL DÉFI QUE DOIT RELEVER LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
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Deuxième Commission
13e et 15e séances – matin et après-midi
DEUXIÈME COMMISSION: PERÇUE COMME UN IMPÉRATIF MORAL, L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ RESTE LE PRINCIPAL DÉFI QUE DOIT RELEVER LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
L’éradication de la pauvreté demeure l’un des principaux enjeux auquel le monde est confronté, ont estimé aujourd’hui les délégations qui ont pris part au débat organisé par la Commission économique et financière (Deuxième Commission) sur le point de son ordre du jour relatif à l’élimination de la pauvreté et aux autres questions liées au développement. S’inquiétant des menaces que font peser les crises multiples actuelles sur les efforts déployés en matière de lutte contre la pauvreté, les délégations ont souhaité que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté, qui débute cette année et s’achève en 2017, soit l’occasion de galvaniser l’action lancée pour parvenir à cet objectif, dont l’atteinte est perçue comme un impératif moral.
Plus de la moitié de la population mondiale reste prise au piège de la pauvreté, et des centaines de millions de personnes vivent dans l’extrême pauvreté, a constaté la représentante d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom des pays membres du Groupe des 77 et de la Chine. À son instar, la majorité des représentants ont rappelé que le bilan des actions et celui des progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté étaient plutôt mitigés, ces avancées étant lentes et irrégulières. De plus, les crises alimentaire, énergétique et financière qui ont éclaté en cette année 2008 risquent de pousser des millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté et le besoin, ont relevé avec appréhension les intervenants.
Dans ce contexte, de nombreux États Membres ont indiqué que la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) constituait une occasion pour s’assurer que la recherche de solutions à cette question soit la priorité absolue de la communauté internationale. La proclamation de cette deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté n’est pas un simple exercice académique, a tenu à souligner le représentant de l’Inde, marquant ainsi la gravité de la situation.
Les délégations ont exploré un certain nombre de pistes à suivre pour parvenir à l’élimination de la pauvreté au cours de la prochaine décennie. Le représentant du Kenya, qui intervenait au nom du Groupe des pays africains, a jugé qu’il est essentiel de mieux comprendre la nature et l’ampleur des obstacles auxquels les pays font face dans leurs efforts de lutte contre la pauvreté et le dénuement de tranches importantes de leurs populations. Les délégations ont conclu qu’il est indispensable que la question soit traitée de manière globale par l’ensemble des membres de la communauté internationale. Outre l’importance de disposer de politiques intégrées et qui traitent de tous les aspects de la pauvreté, plusieurs représentants ont mis l’accent sur la nécessité de centrer les efforts sur la création d’emplois, l’accès aux services de base, ou encore, la relance de l’agriculture, qui est la principale source de revenu de la majorité des pauvres.
Par ailleurs, les représentants du Pakistan et de la Mongolie ont été parmi ceux qui ont appuyé l’idée du Secrétaire général d’établir un plan d’action pragmatique pour appuyer la mise en œuvre de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté. D’autres ont aussi suggéré que cette Décennie permette de mettre en place un mécanisme de suivi en matière de réalisation des objectifs internationaux de développement. Plusieurs délégations, et notamment celle de l’Inde, ont aussi rappelé que les efforts nationaux en matière de lutte contre la pauvreté devaient être accompagnés d’une assistance internationale appropriée. Elles ont noté que l’éradication de la pauvreté passait aussi par le respect des engagements pris en ce qui concerne la fourniture d’une aide publique au développement substantielle, prévisible et de bonne qualité. L’établissement d’un système commercial multilatéral plus juste, équitable et aux règles transparentes devrait venir compléter ce dispositif.
Enfin, un certain nombre de délégations, comme celle de la France, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, et celle du Bangladesh, ont insisté sur le rôle bénéfique que peut jouer le microcrédit dans les efforts de lutte contre la pauvreté. Les représentants de ces pays ont lancé un appel pour qu’un meilleur accès soit accordé aux pauvres à ces programmes, qui doivent eux-mêmes être renforcés à la fois financièrement, et par une diversification des services susceptibles d’être offerts aux pauvres, qui n’ont pas de possibilités d’accès aux formes traditionnelles de crédits.
Les rapports pertinents du Secrétaire général* portant sur la question à l’ordre du jour ont été présentés par Mme Elissavet Stamatopoulou, Directrice par intérim de la Division du développement et des politiques sociales, du Département des affaires économiques et sociales et par M. Kandeh Yumkella, Directeur-général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).
Outre celles déjà citées, les délégations suivantes ont pris la parole au cours des débats de la journée: Indonésie (au nom de l’ANASE), Chine, Tunisie, États-Unis, Maroc, Myanmar, Kazakhstan, Mozambique, Jordanie, Philippines, Arabie saoudite, Burkina Faso, Éthiopie, Israël, Suriname (au nom de la CARICOM), Swaziland, Sainte-Lucie, Arménie; Équateur, Nicaragua, Botswana, République démocratique populaire lao, Togo, Brésil, Thaïlande, Venezuela, Cameroun, Érythrée, Jamahiriya arabe libyenne, Malawi, République islamique d’Iran, République de Corée et Koweït.
Les représentants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et de l’Union interparlementaire se sont également exprimés.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, jeudi, le 23 octobre, à 10 heures.
* Documents publiées sous la cote A/63/159, A/63/190 et A/62/309
ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT
a) Mise en œuvre de la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017)
b) Coopération pour le développement industriel
Échange interactif après la présentation des rapports
Le représentant de la République dominicaine a pris la parole et a estimé qu’il est important de transformer les objectifs nationaux de développement en réalités locales. Il s’est inquiété de l’impact du prix du pétrole sur les efforts de promotion de la croissance, et donc sur ceux visant la lutte contre la pauvreté, dans les pays en développement.
En réponse à cette intervention M. KANDEH YUMKELLA Directeur général de l’ONUDI, a déclaré qu’il fallait en effet que les pays en développement atteignent un taux de croissance élevé pour pouvoir assurer le succès de la lutte contre la pauvreté. Il a constaté que les pays qui avaient réussi dans ce domaine ont eu au moins un taux de croissance soutenu de 6%. Face à la hausse des cours du pétrole et d’autres produits, il a noté qu’il fallait accorder une attention particulière à la vulnérabilité de certains pays. Il a admis que la situation économique actuelle et, notamment la volatilité des cours des produits pétroliers, avaient un impact sur la planification à long terme nécessaire à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Débat général
Mme JANIL GREENAWAY (Antigua-et-Barbuda), qui a pris la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait remarquer que le bilan de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté est plutôt mitigé, alors que la communauté internationale a progressé au niveau global mais que certaines régions du monde restent bloquées dans la pauvreté. Beaucoup reste à faire, a-t-elle souligné. Elle a précisé qu’en dépit de plusieurs années de forte croissance économique, plus de la moitié de la population mondiale reste prise au piège de la pauvreté, et que des centaines de millions de personnes vivent toujours dans un état d’extrême pauvreté. Les progrès ont été inégaux, a-t-elle insisté, avant d’attirer l’attention sur le risque actuel de récession mondiale qui pourrait venir menacer les modestes progrès accomplis. Elle a averti qu’à ce rythme, la plupart des pays ne pourront réaliser l’objectif d’éradiquer la pauvreté.
La représentante d’Antigua-et-Barbuda a préconisé que la communauté internationale tire les enseignements qui s’imposent de la première Décennie de lutte contre la pauvreté. Il faut assurer une meilleure égalité entre les sexes et une participation effective des femmes au développement, a-t-elle précisé. Il faut d’autre part investir dans la science et la technologie au service du développement économique, en prenant soin d’y améliorer l’accès des pauvres. Il faut aussi investir dans l’agriculture, dans l’éducation et dans la création d’emplois, a dit Mme Greenaway. Enfin, il importe d’aligner l’aide publique au développement sur l’objectif d’élimination de la pauvreté et ce, dans le respect des priorités nationales, a souligné Mme Greenaway. Elle a également souhaité que le système des Nations Unies accorde une priorité absolue à la réalisation de cet objectif. Dans cette perspective, les Nations Unies devraient améliorer la mise en œuvre de la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté, a-t-elle ajouté. Pour conclure, elle a relevé l’importance de l’industrialisation pour assurer la croissance économique, le développement durable, l’éradication de la pauvreté, la création de richesses et l’intégration sociale. Elle a ainsi plaidé pour une meilleure promotion du développement industriel et de la coopération pour le développement industriel.
M. PHILIPPE DELACROIX (France), qui s’exprimait au nom des pays de l’Union européenne, a déclaré que l’élimination de la pauvreté était la condition indispensable à tout développement durable. Il a précisé que cela exigeait non seulement une approche adaptée aux besoins spécifiques des pays concernés, mais aussi l’application de solutions globales et coordonnées. Il a souligné que l’Union européenne s’était beaucoup investie en faveur de la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement, notamment à travers l’adoption du Consensus pour le développement de 2005, et par son engagement à mettre en œuvre l’Agenda pour l’action d’Accra. Une aide coordonnée, cohérente et efficace permettra de renforcer les efforts menés pour éliminer la pauvreté, a-t-il assuré, notant que la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté devait s’inscrire dans ce cadre. Il a ajouté que la mise en œuvre des programmes et politiques de la deuxième Décennie devait conserver une bonne articulation avec les mécanismes d’aide existants, notamment en matière de financement du développement. Le représentant a, à cet égard, souligné le rôle de coordination que joue le Conseil des chefs de secrétariats et celui de l’Initiative « Unis dans l’action », pour renforcer la cohérence aux niveaux local et central.
Rappelant que la pauvreté n’était pas seulement un problème économique, M. Delacroix a insisté sur l’attention qui doit être portée aux droits de l’homme et à la « dignité pour tous ». Il a soutenu qu’il fallait donner aux pauvres les moyens de participer effectivement à la prise de décisions qui ont un impact sur leur vie. Par ailleurs, il a mis en avant le rôle que joue la microfinance dans la lutte contre la pauvreté, en particulier en ce qui concerne les femmes. Il a aussi déclaré qu’il fallait réduire le nombre de personnes à faible revenu n’ayant pas accès aux services financiers formels. Il a expliqué que c’était pour cette raison que l’Union européenne avait soutenu la création du Groupe de conseillers des Nations Unies sur les secteurs financiers accessibles à tous, dont les recommandations ont permis de définir de nouvelles perspectives et opportunités dans ce domaine. Il a fait remarquer que l’Union européenne avait intégré la microfinance dans ses politiques de développement par la mise en place en 2005 d’un Programme-cadre axé sur le renforcement des capacités des acteurs et des institutions, ainsi que sur le cofinancement de programmes de notation des institutions de microfinance et le financement de systèmes d’information. Le renforcement de la microfinance suppose de favoriser les solutions qui, en la matière, sont innovantes, a-t-il préconisé en ajoutant qu’il fallait soutenir la diversification de l’offre des institutions de microfinance.
M. MARTY M. NATALEGAWA (Indonésie), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), s’est réjouit des progrès effectués dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Il a précisé que des millions de personnes sont sorties de la pauvreté et que les chances de réduire la faim d’ici à 2015 sont bonnes dans la région de l’ANASE. Il a toutefois estimé que la communauté internationale ne va pas assez vite. Dans un contexte de crises multiples, l’ampleur et la complexité du défi de l’éradication de la pauvreté se sont accrues, a-t-il averti, avant d’enjoindre la communauté internationale à saisir l’opportunité offerte par l’adoption de la résolution proclamant la célébration de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté de donner un nouvel élan à la poursuite de cet objectif. Le représentant a rappelé l’importance d’adopter une approche basée sur le respect des intérêts mutuels de toutes les parties, et de maximiser les synergies entre les différents acteurs. Il faut également que la communauté internationale soutienne les efforts nationaux et régionaux en créant un environnement économique global qui favorise le travail décent et l’expansion des petites et moyennes entreprises, a-t-il ajouté.
M. Natalegawa a précisé que la réalisation des OMD n’est pas une fin en soi, mais qu’elle peut aussi contribuer à faire avancer les autres objectifs que s’est assignée l’ANASE. Il a à cet égard précisé que l’ANASE a mis au point un programme pour le développement rural et l’éradication de la pauvreté pour la période 2004-2010, ainsi qu’un plan de travail pour les années 2007-2017, qui inclut notamment les questions du microfinancement, de l’adaptation aux changements climatiques, de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et de la réduction de la pauvreté. Le représentante indonésien a, par ailleurs, fait observer que le développement industriel peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre la pauvreté. Pour cette raison, un programme de coopération industriel de l’ANASE a été mis en place en 1996 pour promouvoir le partage de ressources et accroître la compétitivité des industries de la région, a-t-il précisé. Pour conclure, M. Natalagewa a rappelé que les pays développés s’étaient engagés à fournir 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique en faveur des pays en développement; à leur assurer un accès aux marchés sans contingentement et en franchise de droits; à trouver une solution au problème de la dette et à réformer l’architecture financière internationale. Peu de progrès ont cependant été réalisés, a-t-il regretté, avant de rappeler que l’éradication de la pauvreté et la réalisation des OMD constituent une responsabilité partagée aussi bien par les pays en développement que par les pays développés.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya), qui prenait la parole au nom du Groupe des États africains, a déclaré que l’élimination de la pauvreté était le plus important défi auquel le monde faisait face aujourd’hui. Il a constaté les résultats mitigés atteints par les efforts de lutte contre la pauvreté, ce qui exige une meilleure compréhension de la nature et de l’ampleur des obstacles rencontrés par les pays en développement dans leurs efforts pour réduire la pauvreté. Il a insisté sur la nécessité d’avoir des stratégies nationales de développement inclusives et d’adopter des approches intégrées pour traiter de toutes les dimensions de la pauvreté. M. Muburi-Muita a souhaité que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté renforce les alliances mondiales pour le développement en trouvant des politiques novatrices, basées sur les réalités actuelles. Le représentant a demandé que la mise en œuvre des programmes de cette Décennie se fasse sur la base d’une vision et d’une direction claires, en accordant une attention particulière aux besoins spécifiques de l’Afrique. À cet égard, il a appuyé l’idée du Secrétaire général de mettre l’accent sur le rôle du travail décent en tant que moyen crucial pour parvenir aux OMD. Il a en outre suggéré que la deuxième Décennie soit l’occasion de renforcer les mécanismes d’évaluation des progrès effectués en faveur de la réalisation des objectifs internationaux de développement.
M. Muburi-Muita a, par ailleurs, estimé que les turbulences économiques et financières actuelles auraient un plus grand impact sur l’Afrique que sur les autres régions. Il a jugé impératif que les pays développés traitent de ces crises en s’assurant de protéger les pays en développement de leurs effets négatifs. Il a indiqué qu’il fallait assister les pays qui n’avaient aucune responsabilité dans l’éclatement de ces crises, mais qui en subissaient néanmoins les effets. À cet égard, il a souhaité que la communauté internationale ne diminue pas son soutien à l’Afrique et a exhorté les pays développés à saisir l’occasion de la deuxième Décennie pour respecter les engagements qu’ils ont pris en matière d’aide publique au développement (APD). Il a, par ailleurs, constaté que bien que la pauvreté soit considérée comme un thème multidimensionnel, cette question ne bénéficiait pas, comme la parité entre les sexes ou encore le développement durable, d’un mécanisme interagences. S’agissant du développement industriel, il s’est inquiété du fait que dans la majorité des pays d’Afrique subsaharienne, la part des produits manufacturés dans le produit national brut (PNB) n’ait jamais dépassé 12%. Il a en effet souligné l’importance de l’industrialisation dans les efforts pour éradiquer la pauvreté et a espéré que des actions concertées soient prises par les pays africains et la communauté internationale pour surmonter les obstacles au développement industriel de l’Afrique. Outre l’industrialisation, il a demandé que la deuxième Décennie soit aussi l’occasion de promouvoir, entre autres, une mondialisation équitable, la création d’emplois décents, le développement des structures sociales et économiques et des sources novatrices de financement pour le développement.
Mme BAI YONGJIE (Chine) a estimé que la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté devait axer ses efforts sur la situation des populations pauvres en temps de crises. Elle a demandé à la communauté internationale de mobiliser des ressources, d’examiner de nouvelles façons de coopérer et d’édifier un environnement international favorable à l’élimination de la pauvreté. La Chine estime qu’il est impératif de créer un environnement économique international qui favorise la croissance économique et la création d’emplois, a dit Mme Bai. Elle a également recommandé aux pays en développement d’établir des stratégies de réduction de la pauvreté qui s’accordent aux conditions locales, pour ensuite engager les pays développés à honorer leurs engagements en matière de financement. La représentante a également insisté sur la participation des femmes et des jeunes. Elle s’est ensuite félicitée du travail accompli par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) qui met, entre autres, l’accent sur l’utilisation efficace des ressources énergétiques et la protection de l’environnement.
M. HABIB MANSOUR (Tunisie) a fait observer que le contexte présent de crise illustre bien la vulnérabilité du système économique et financier mondial actuel et l’impératif de sa réforme. La structure de gouvernance internationale actuelle, a-t-il précisé, n’est pas suffisamment inclusive et équilibrée. Il s’est demandé si le processus de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement n’est pas désormais relégué au second plan, tant la crise financière occupe largement le devant de la scène politique et économique internationale. Dans ce contexte, il a appuyé la proposition du Secrétaire général de tenir un sommet sur les progrès accomplis en faveur de la réalisation des OMD en 2010, soulignant que l’organisation d’une telle réunion traduit l’impératif de redynamiser la mobilisation internationale, dans ce contexte de crise, pour prévenir les risques de réversibilité des processus de réalisation des OMD.
Le représentant de la Tunisie a attiré l’attention des membres de la Commission sur les enseignements majeurs à retenir, et a notamment fait observer que les moyens de riposte mondiale se caractérisent par l’existence de déséquilibres et de disparités en termes économiques, financiers et technologiques. La qualité et la célérité de la réponse dépendent des intérêts en jeu, a-t-il souligné, précisant que ces intérêts ne sont pas toujours harmonisés et coordonnés. M. Mansour a également fait remarquer que des questions demeurent en ce qui concerne les moyens de financement et de mobilisation des ressources pour les pays en développement. Il a, à cet égard, estimé que la Conférence internationale de Doha sur le suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey constitue un « véritable tournant » pour lancer une nouvelle dynamique en matière de financement du développement. Il a souligné que sa délégation appuie l’idée de mettre en place un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des engagements. Le Partenariat mondial pour le développement est avant tout un partenariat contre la pauvreté, a-t-il souligné, avant de préciser que la mise en œuvre de ce partenariat fait appel à nombre de programmes de coopération et de soutien concernant le système commercial multilatéral, l’aide publique au développement, le niveau gérable et soutenable de la dette extérieure, le transfert de technologies et le suivi de l’application des grandes décisions économiques et financières. Pour conclure, le représentant tunisien a fait remarquer que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté prend, dans le contexte actuel de crise, toute sa signification et toute sa pertinence.
M. ALIM (Bangladesh) a reconnu les initiatives spéciales prises lors de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, rappelant que les pays en développement avaient alors formulé et mis en œuvre des plans de lutte contre la pauvreté. Toutefois, il a constaté que les résultats obtenus étaient plutôt mitigés et a affirmé que les efforts nationaux ne pouvaient réussir sans appui externe. Il s’est donc inquiété du déclin continu de l’aide publique au développement et de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales du Cycle de Doha. Il a indiqué que l’élimination de la pauvreté demeurait un enjeu important et a précisé que, selon une étude récente de la Banque mondiale, en 2005 le nombre de pauvres dans le monde était estimé à 1,4 milliard de personnes, soit une augmentation de 500 millions si on compare ce chiffre aux estimations des années précédentes. Tout en relevant une baisse de la pauvreté extrême, M. Alim a estimé que les progrès étaient lents et irréguliers. Le représentant a mis en avant la complexité de l’enjeu de la pauvreté, qui appelle une action collective, notamment pour mieux comprendre la nature et l’ampleur des obstacles qui se posent à la lutte contre la pauvreté. Il a déclaré que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté constituait une opportunité pour progresser dans ce domaine et a appuyé la proposition du Secrétaire général de mettre au point un plan d’action global et pragmatique pour appuyer cette deuxième Décennie. Il a souhaité que ce plan identifie les rôles et les mandats des différentes agences des Nations Unies et a suggéré la mise en place d’un mécanisme de suivi annuel de la mise en œuvre de ce plan.
M. Alim a ensuite insisté sur le rôle du microcrédit, qui a permis au monde de comprendre que les pauvres peuvent se sortir du dénuement en toute dignité et qu’ils ont la créativité nécessaire pour améliorer leur propre situation. Il est maintenant largement reconnu que la microfinance contribue à l’expansion des affaires, à la création d’emplois, à la sécurité économique, à l’accumulation de l’épargne et à des dépenses plus importantes dans la santé et l’alimentation, a-t-il poursuivi. Il a souligné le renforcement des programmes de microfinance ces dernières années et noté qu’ils bénéficiaient avant tout aux pauvres et aux femmes. M. Alim a cependant regretté que de nombreuses personnes n’aient toujours pas accès à ces services, alors que la demande de crédits va certainement doubler dans les cinq prochaines années. Il a relevé que les institutions financières de microcrédit allaient devoir trouver les fonds pour répondre à cette hausse de la demande. En outre, il a soutenu que le microcrédit avait un rôle à jouer dans la résolution des crises actuelles. Il a, à cet égard, constaté que les institutions de microcrédit semblaient être à l’abri des chocs externes et n’avaient pas subi les effets de la crise des marchés internationaux de crédits.
WILLIAM A. HEIDT (États-Unis) a rappelé l’engagement de son pays à travailler avec tous les autres partenaires mondiaux pour soutenir les efforts de lutte contre la pauvreté. Il a à cet égard estimé qu’il fallait, lors de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement, réaffirmer les Objectifs de la Déclaration du Millénaire et les recommandations du Consensus de Monterrey pour y parvenir. Il a indiqué qu’hier, le Président des États-Unis avait tenu un sommet sur le développement international à la Maison Blanche, précisant que les États-Unis avaient fourni davantage d’aide internationale au cours des huit dernières années que lors des cinquante années précédentes. Il a souligné que pour sortir les gens de la pauvreté de manière durable, il fallait assurer une croissance économique durable, et a insisté sur l’importance de certains éléments, dont l’appropriation nationale, la bonne gouvernance, la paix et la sécurité, et de bonnes conditions pour l’accueil des milieux d’affaires et des investissements, tout ceci participant à la création d’un environnement favorable au développement. M. Heidt a ainsi expliqué que la responsabilité du développement économique reposait avant tout sur les gouvernements et les citoyens des différents pays. Il a aussi souligné l’importance du secteur privé, affirmant que les initiatives de ce secteur, ses innovations, et son financement avaient permis de propulser la croissance dans de nombreux pays depuis la révolution industrielle. Le représentant a d’autre part noté qu’il fallait accroître les efforts déployés pour pouvoir atténuer les défis particuliers auxquels font face les pays émergeant d’un conflit ou souffrant d’instabilité, afin que le développement puisse s’y ancrer durablement. M. Heidt a assuré qu’il ne fallait pas se laisser décourager par les crises actuelles, soulignant que tout défi comportait aussi de nouvelles opportunités. Il s’est félicité que les Nations Unies aient mis la lutte contre la pauvreté au cœur de leur agenda de développement et a demandé aux membres de la Commission de tirer les leçons fondamentales des politiques mises en place par les pays qui avaient réussi à sortir de la pauvreté.
M. HAMID CHABAR (Maroc) a attiré l’attention sur les objectifs qui risquent de ne pas être atteints si une action vigoureuse n’est pas entreprise de toute urgence. Il a en effet expliqué que malgré les progrès enregistrés, plus de 500 000 femmes meurent chaque année des suites de complications de grossesses ou d’accouchements. Il a également indiqué qu’à la fin 2006, on estimait à 39 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida à travers le monde et que le paludisme et la tuberculose continuaient à tuer des milliers d’enfants tous les ans. Les pays africains sont les plus touchés, a-t-il averti, soulignant à cet égard qu’en dépit des réformes politiques, économiques et sociales et de leur engagement dans la bonne gouvernance, ces pays n’arrivent pas à atteindre un niveau de croissance économique qui leur permette de rompre le cercle vicieux de la pauvreté et d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement. Pour leur part et malgré les promesses faites aux pays en développement, les pays donateurs n’ont pas atteint l’objectif de consacrer 0,7% de leur produit national brut (PNB) à l’aide publique au développement, a également fait remarquer M. Hamid Chabar, avant d’ajouter que l’engagement pris de doubler l’aide à l’Afrique n’a pas non plus été tenu. Le représentant du Maroc a dès lors souligné qu’il incombe aux États Membres de passer à l’action pour donner espoir aux millions de personnes qui vivent dans la pauvreté.
S’intéressant plus précisément à son pays, M. Chabar a expliqué que le Maroc a accéléré son processus de développement économique et social en activant les programmes de lutte contre la pauvreté et l’exclusion, et en allouant une part importante du budget de l’État aux secteurs sociaux. Cette part est passée de 39% en 1993, à plus de 47% en 2002, pour atteindre 55% actuellement, a-t-il précisé. Il a également fait part de l’Initiative nationale pour le développement humain, lancée par le Roi Mohammed VI, qui est une initiative visant à résorber la pauvreté, la vulnérabilité et la précarité. Il a précisé qu’elle a notamment pour objectif d’améliorer les conditions d’accès aux services et aux infrastructures de base dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’alphabétisation, et qu’elle vise également à promouvoir la création d’activités génératrices d’emplois et de revenus stables. Plus de 12 100 projets sont actuellement en cours d’exécution, et 3 300 nouveaux projets ont été programmés pour 2008 dans ce cadre, a-t-il ajouté. Avant de conclure, M. Chabar a souligné que son pays s’investit pleinement dans la consolidation de la coopération Sud-Sud, notamment par l’annulation de la dette de certains pays, l’exonération totale de droits de douane sur les produits de certains autres pays et le transfert de savoir-faire.
M. U THAN TUN (Myanmar) a présenté l’élimination de la pauvreté comme l’un des défis les plus pressants qui se posent au monde d’aujourd’hui. Le déclin de l’aide publique au développement (APD), l’impact des changements climatiques, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et du pétrole, ainsi que la crise financière mondiale, menacent d’inverser les progrès accomplis, a prévenu le représentant. Les appels urgents lancés par la récente Réunion de haut niveau sur les besoins de développement de l’Afrique mettent en exergue la nécessité pour la communauté internationale de redoubler d’efforts, a-t-il déclaré.
Le représentant du Myanmar a saisi l’occasion offerte par cette réunion de la Deuxième Commission pour décrire le Programme national de développement appliqué par son pays afin d’éliminer la pauvreté. Il vise, a-t-il souligné, à obtenir un développement équitable et équilibré à travers la promotion d’une meilleure croissance économique, ceci afin de réduire le fossé existant entre les zones urbaines et rurales. Pour atteindre cet objectif, la priorité est mise sur l’éducation, la santé, l’énergie, l’agriculture, l’infrastructure et les centres de communication, a-t-il indiqué.
Mme BYRGANYM AITIMOVA (Kazakhstan) a déclaré que sa délégation était persuadée que des actions concertées de la part de la communauté internationale viendront soutenir les efforts déployés aux niveaux national et régional, ainsi qu’au sein du système des Nations Unies, pour parvenir à la mise en œuvre effective des stratégies de réduction de la pauvreté. Elle a précisé qu’une forte volonté politique est, à cet égard, cruciale. Elle a expliqué que le Kazakhstan a déjà atteint les objectifs d’éradication de la pauvreté et d’élimination de la faim. Elle a profité de l’occasion pour remercier les programmes, fonds et agences des Nations Unies qui ont coopéré avec le Gouvernement et participé à ces avancées. Mme Aitimova a précisé que le revenu par habitant au Kazakhstan est passé de 700 dollars à 5 100 dollars. En outre, le Kazakhstan a réussi à attirer plus de 70 milliards de dollars des États-Unis en investissements étrangers directs, a-t-elle souligné.
Mme Aitimova a également indiqué que la stratégie adoptée par le Gouvernement kazakh pour la réduction de la pauvreté pendant les années allant de 2000 à 2007 a permis d’accroître le salaire moyen et d’augmenter l’emploi. Elle a, à cet égard, précisé que le taux de chômage au Kazakhstan est actuellement de 7,3%. Elle a par ailleurs expliqué que le Gouvernement a adopté une approche visant à offrir des opportunités d’emploi aux citoyens, à améliorer l’accès à une éducation de qualité et aux services de santé, à accroître l’aide aux groupes marginalisés et, plus généralement, à améliorer la qualité de vie de la population et à accroître l’espérance de vie. Parmi les autres efforts déployés par son pays, la représentante du Kazakhstan a notamment fait part de la mise sur pied d’un système de protection sociale qui assure une aide aux personnes âgées, aux personnes handicapées, et aux ménages pauvres. Des allocations sont également offertes aux femmes enceintes, a-t-elle précisé. Mme Aitimova a toutefois souligné que la pauvreté reste un problème urgent à résoudre pour son pays, alors qu’à la fin 2007, 1,4% de la population gagnait moins que le niveau de revenu nécessaire à la subsistance, et que les taux de pauvreté dans les campagnes étaient trois fois supérieurs à ceux des villes. Elle a précisé que le système social mis en place par le Gouvernement du Kazakhstan est vulnérable à la crise financière et à la volatilité des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Elle a toutefois assuré que son pays a déjà pris des mesures pour pouvoir faire face aux conséquences des crises actuelles, notamment en débloquant un fonds de 15 milliards de dollars des États-Unis en soutien au secteur économique et financier.
M. VISHVJIT SINGH (Inde) a dit espérer que la dynamique instituée par la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté serait soutenue par des actions concrètes lors de la deuxième. À ce titre, il a souligné l’importance du Document final du Sommet mondial de 2005 et de la prochaine Conférence de Doha sur le financement du développement. Soulignant que les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et l’élimination de la pauvreté étaient loin d’être atteints, il a appelé les partenaires de développement à tenir leurs engagements en termes d’aide publique au développement (APD), d’allégement de la dette, d’accès aux marchés, et de transferts de technologie. M. Singh a de même estimé que les dépenses orientées vers les programmes de développement devaient augmenter, tout en laissant aux États la liberté d’utiliser ces fonds pour mettre en œuvre les stratégies qu’ils jugent les meilleures et les plus adaptées à leur situation. Le Forum de la coopération pour le développement du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) doit jouer un rôle central dans les efforts de coopération internationale, a-t-il par ailleurs expliqué, plaidant également pour une réforme urgente de l’architecture financière internationale, qui doit être menée sous les auspices de l’ONU.
Soulignant la part importante du développement industriel dans la croissance économique, M. Singh a souhaité la mobilisation d’un plus grand soutien international pour aider les pays en développement à aller vers l’industrialisation. Citant les conclusions du rapport de l'Organisation des Nations Unies pour le développementindustriel (ONUDI), il a dit que les exigences des pays développés dans les négociations du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) menaçaient les avancées industrielles limitées obtenues par les pays en développement, et a appelé de ses vœux à l’établissement d’un régime commercial multilatéral qui soit souple et flexible. Enfin, il a encouragé les pays développés à accroître leurs transferts de technologie vers les pays en développement et a plaidé pour un renforcement des capacités de l’ONUDI.
Mme MARIA GUSTAVA (Mozambique) a fait remarquer aux membres de la Deuxième Commission que la première Décennie pour l’élimination de la pauvreté avait permis de mettre cet objectif au cœur de l’agenda mondial pour le développement. Toutefois, a-t-elle admis, beaucoup reste à faire en la matière. Elle a relevé que la deuxième Décennie débutait dans un contexte d’incertitude économique. Elle a de ce fait jugé essentiel de mieux comprendre la nature et l’ampleur des obstacles auxquels les pays font face dans leurs efforts de lutte contre la pauvreté et a recommandé que la question soit traitée de manière globale. S’agissant du Mozambique, elle a indiqué que le pays mettait actuellement en œuvre son deuxième plan d’action de réduction de la pauvreté extrême, qui s’étale de 2006 à 2009, et qui a permis au Mozambique de maintenir une croissance économique élevée de 7% et de réduire la pauvreté. Mme Gustava a ajouté que l’éradication de la pauvreté était au centre de tous les plans et actions du Gouvernement mozambicain, mais que le pays faisait encore face à des défis tels que le chômage élevé, l’insécurité alimentaire et le VIH/sida. La représentante a noté que les pays en développement et ceux développés partageaient la responsabilité d’assurer l’éradication de la pauvreté. Dans cette perspective, elle a souhaité que la deuxième Décennie assure l’adoption de politiques en faveur des pauvres et donne à ceux-ci accès aux ressources, aux savoirs et aux techniques. La représentante a aussi suggéré que cette Décennie soit l’occasion d’alléger le fardeau de la dette des pays pauvres, de rendre le système commercial multilatéral plus équitable, d’augmenter les montants de l’aide publique au développement, et d’encourager les programmes agricoles dans les pays en développement. Mme Gustava a appuyé la proposition du Secrétaire général d’adopter un thème d’action pour la deuxième Décennie qui traduirait le sentiment d’urgence que revêt la mise en œuvre les engagements pris pour éradiquer la pauvreté.
Mme SOUHAD KHRIESAT (Jordanie) a souligné qu’aujourd’hui encore des millions de personnes sont en proie aux effets ravageurs de la pauvreté. La pauvreté, a-t-elle précisé, constitue l’obstacle principal au développement, mais également le défi éthique le plus grave de notre époque La représentante jordanienne a en effet fait remarquer que la pauvreté met en péril les droits de l’homme et jette des millions d’individus dans un état de marginalisation caractérisé par la discrimination. Elle a souligné que, quelles que soient les opportunités offertes par la mondialisation, les avantages qu’elle apporte et les coûts qu’elle génère sur le plan social et humain sont partagés de manière très inégale. La pauvreté est, de par sa nature et ses incidences, une question à caractère international qui ne saurait être traitée que par le biais d’efforts collectifs, a-t-elle averti.
S’intéressant plus précisément à la situation qui prévaut dans son pays, elle a expliqué que la Jordanie a été l’un des premiers États à soutenir les stratégies de lutte contre la pauvreté et à promulguer des lois destinées à attirer les investissements étrangers directs (IED). Le pays a également veillé à créer une zone économique franche et à signer des accords de libre-échange avec, notamment les États-Unis et l’Union européenne, a précisé la représentante. Elle a également expliqué que les institutions jordaniennes ont, afin de renforcer les capacités des pauvres, créé une association de microfinance offrant des programmes de microcrédit que les bénéficiaires peuvent utiliser pour lancer des projets générateurs de revenus. Trente-trois mille projets, d’une valeur de 125 millions de dollars des États-Unis, et dont ont bénéficié 200 000 personnes, ont ainsi été mis en œuvre, a-t-elle indiqué, précisant que près de 50% de ces bénéficiaires étaient des femmes. La déléguée jordanienne a également précisé que cette association de microfinance approuve également d’autres projets pour le développement du pays, notamment dans les domaines de la santé, de la famille, de la lutte contre la désertification et de la lutte contre le chômage. Il faut que les gouvernements et les individus œuvrent ensemble pour trouver des financements, afin de mettre un terme au calvaire que vivent les pauvres et pour raffermir les bases de leur survie économique, a-t-elle conclu.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a insisté sur le lien existant entre l’élimination de la pauvreté et le respect des droits de l’homme. Il a affirmé que dans son pays, il existait une déclaration solennelle selon laquelle ceux qui ont moins doivent recevoir plus par l’application de la justice. Il a précisé que la législation des Philippines garantissait cet équilibre, et que la Constitution appelait l’État à promouvoir un ordre social juste et dynamique qui garantisse la prospérité de la nation et libère sa population de la pauvreté. Il a ainsi estimé que la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté devait se baser sur ces perspectives des droits de l’homme. Le respect des droits de l’homme des personnes pauvres doit être la pierre angulaire de toutes les politiques, programmes et efforts déployés pour éradiquer la pauvreté, a-t-il insisté. Il a ajouté qu’il fallait encourager la participation et l’inclusion des besoins des pauvres dans la planification et la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pauvreté. Il a dit qu’avant le début des crises actuelles, les Philippines avaient fait des progrès dans la lutte contre la pauvreté. M. Davide a expliqué qu’environ un million d’emplois y étaient créés par année, et que le pays enregistrait une croissance annuelle qui se situe au-dessus de la moyenne. Il a toutefois regretté que les gains obtenus en faveur de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement soient aujourd’hui menacés par la convergence des crises auxquelles le monde fait face. Il a appuyé les divers appels lancés en faveur d’une discussion coordonnée sur la crise financière, tel que la tenue d’une réunion spéciale de l'Assemblée générale sur la crise financière, et l’établissement d’une équipe spéciale similaire à celle mise en place pour la crise alimentaire. Le représentant a rappelé que ces temps difficiles pouvaient fournir l’occasion de corriger les pratiques et politiques qui appartiennent à un ordre financier et économique désuet. Il a déclaré que la pauvreté alimentait la violence et divisait les gens et qu’il fallait donc saisir cette occasion pour protéger le futur des générations à venir.
M. ALI MOHAMMED AL-ABBAD AL-HURABI (Arabie saoudite) a expliqué que son pays s’est lancé dans la préparation d’une stratégie de réduction de la pauvreté et a, notamment, créé un Fonds pour la lutte contre la pauvreté, qui est financé par le Gouvernement de l’Arabie saoudite et par des contributions du secteur privé et des particuliers saoudiens. Ce Fonds, a-t-il précisé, constitue l’un des leviers principaux pour lutter contre la pauvreté en Arabie Saoudite. Le représentant saoudien a précisé qu’une réunion devrait se tenir sous peu pour discuter des moyens de la mise en exécution des initiatives et des programmes destinés à venir en aide aux personnes vivant dans le besoin. Des programmes pour la création de petites et moyennes entreprises, pour la famille, et pour l’octroi de bourses d’éducation sont notamment prévus, a-t-il précisé. Le délégué saoudien a expliqué que la stratégie nationale pour la réduction de la pauvreté de son gouvernement prévoit notamment d’augmenter les allocations de solidarité sociale, d’accroître le nombre de logements sociaux, d’appuyer les associations bénévoles et d’augmenter les allocations destinées aux orphelins et aux handicapés. Il a assuré que le Gouvernement saoudien continuera à lutter contre la pauvreté et n’épargnera aucun effort pour entreprendre toute action qui serait susceptible d’éradiquer totalement ce fléau. Il a également indiqué que son pays assume pleinement sa responsabilité humanitaire au plan international et offre d’importantes sommes pour l’aide aux pays en développement les plus pauvres. L’Arabie saoudite appuie notamment les institutions internationales qui agissent en matière de lutte contre la pauvreté et elle accorde de l’aide au développement aux pays les plus pauvres, a souligné le représentant.
M. SAÏDOU ZONGO (Burkina Faso) a noté que l’éradication de la pauvreté exigeait « davantage d’engagement et d’initiatives ingénieuses », ce qui est d’autant plus envisageable que les causes de la pauvreté sont connues. Il s’agit de l’insuffisance des ressources; de la difficulté d’accès des produits des pays pauvres aux marchés mondiaux; des problèmes posés par la gouvernance politique et économique; des difficultés liées à la question de la terre et des problèmes environnementaux. Le représentant du Burkina Faso a indiqué que son pays « s’était déjà engagé dans la voie de l’éradication de la pauvreté en actualisant son cadre stratégique de lutte contre la pauvreté, adopté en 2000, pour tenir compte des Objectifs du Millénaire pour le développement ». M. Zongo a noté que compte tenu du « rôle de direction » que l’ONU est appelée à jouer dans l’élimination de la pauvreté, « la question de la coordination apparaît cruciale ». En d’autres termes, « les mécanismes de coordination interorganisations existants doivent continuer de jouer pleinement leur rôle pour assurer la cohérence et la coopération à l’appui de cette nouvelle Décennie de lutte contre la pauvreté », a préconisé le représentant burkinabè.
Mme HIRUT ZEMENE (Éthiopie) a fait observer que l’éradication de la pauvreté au niveau mondial prendra certainement plus de temps que prévu. Elle a relevé l’importance, dans cette entreprise, d’assurer aux personnes pauvres l’accès à l’éducation et aux soins de santé, ainsi que de créer un environnement propice à l’emploi et au travail décent. Un partenariat entre le Gouvernement, la société civile et le secteur privé est crucial à cet égard, a-t-elle précisé, avant d’ajouter que des améliorations mériteraient aussi d’être faites en matière d’aide publique au développement. La représentante éthiopienne s’est dite persuadée que la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté devrait permettre de donner un nouvel élan à la satisfaction des besoins de développement de l’Afrique.
Elle a dit que l’Éthiopie était d’avis que les mécanismes d’éradication de la pauvreté devraient être établis sur la base d’une large participation de tous les acteurs concernés. C’est pour cette raison, a-t-elle poursuivi, que le plan stratégique de réduction de la pauvreté de l’Éthiopie a, en préalable à son adoption, fait l’objet d’une discussion incluant les différentes parties prenantes. Mme Zemene a, par ailleurs, précisé que son pays en est à son deuxième plan stratégique, qui est un plan visant un développement durable accéléré, destiné à mettre un terme à la pauvreté. Elle s’est réjouie que ces plans d’action aient permis de réduire le pourcentage de la population vivant en dessous du niveau de pauvreté, le faisant passer de 48% en 1990 à 34,6% en 2006. Elle a également attiré l’attention de la Deuxième Commission sur un certain nombre de mesures mises en place par l’Éthiopie pour améliorer les capacités productives des pauvres et générer de l’emploi. En outre, des politiques ont été élaborées pour attirer les investissements étrangers directs, dans le but, notamment, de faciliter le transfert des technologies et de permettre la création d’une main d’œuvre qualifiée. La représentante éthiopienne a assuré que le Gouvernement de l’Éthiopie est attaché à la transformation du secteur agricole, et promeut un soutien aux initiatives privées de développement des petites entreprises ainsi que la création d’emplois. En outre, l’accélération de la croissance et du développement durable est au cœur de l’agenda national pour l’éradication de la pauvreté, a-t-elle conclu.
M. ELI BEN-TURA (Israël) a estimé que la pauvreté extrême demeurait une grave réalité dans les pays les moins avancés notamment. La lutte contre ce fléau exige une action rapide et concertée de tous les pays, a-t-il indiqué. Il a rappelé que la pauvreté pouvait déclencher des changements démographiques et culturels qui pouvaient aussi, dans certains cas, nourrir le développement de mouvements terroristes locaux qui exploitent les sentiments d’inégalités sociales et de dénuement ressentis par les populations pauvres. Il a dit que les pays en développement devaient formuler des stratégies identifiant des objectifs clairs d’élimination de la pauvreté, et que les pays développés devaient pour leur part investir dans un certain nombre de secteurs qui permettraient aux pauvres de sortir de la misère extrême. Le représentant a argué qu’il fallait renforcer la société civile en autonomisant les citoyens et les groupes ayant des besoins particuliers tout en promouvant le développement d’organisations communautaires. Il a indiqué que l’approche adoptée par Israël en faveur du développement renforçait les efforts de lutte contre la pauvreté. Ainsi, a expliqué le représentant, le modèle israélien est basé sur une approche ayant pour fondement la satisfaction de la demande des individus et des communautés. Il est important d’identifier les ressources communautaires, de gérer l’investissement externe, et de développer des programmes qui répondent à des problèmes existants, a indiqué le représentant.
Intervenant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. HENRY LEONARD MAC-DONALD (Suriname) a estimé qu’un large éventail d’actions et de politiques sont nécessaires pour assurer l’éradication de la pauvreté et que toutes les institutions du système des Nations Unies se doivent de poursuivre cet objectif dans leurs domaines d’activités respectifs. Il a fait remarquer que le niveau de la pauvreté dans le monde non seulement met en exergue la distribution inégale des opportunités économiques, sociales et politiques, mais qu’elle constitue également une violation des droits de l’homme. Relevant le rôle que peut jouer la mondialisation dans l’élimination de la pauvreté par les opportunités de création de richesses qu’elle offre, M. Mac-Donald a plaidé pour l’établissement d’un système commercial plus juste et plus équitable. L’expérience montre que la pauvreté est inséparable d’un manque d’accès ou de contrôle des ressources, que ce soit les terres, les connaissances ou le capital, a fait valoir le représentant du Suriname. Rappelant, dès lors, l’urgence d’agir pour éradiquer durablement la pauvreté, il s’est demandé si les États étaient prêts à faire montre d’une vraie volonté politique. Il a fait observer que les pays développés pourraient apporter une contribution notable à la lutte contre la pauvreté en allégeant la dette, en respectant leurs engagements en matière d’aide publique au développement et en levant les barrières protectionnistes posées au commerce. Pour conclure, il a attiré l’attention sur la situation de plusieurs pays de la CARICOM, qu’il s’agisse des petites îles ou des pays à revenu intermédiaire, une situation d’autant plus précaire que ces pays sont très vulnérables aux crises actuelles.
M. JOEL M. NHLEKO (Swaziland) a souligné que son pays souffrait de niveaux de pauvreté élevés. Il a indiqué que, faisant suite à la nécessité de mettre en œuvre des approches intégrées, le Swaziland avait adopté une Stratégie et un Plan d’action de réduction de la pauvreté dont l’objectif est de réduire la pauvreté de 50% d’ici à 2015 et de l’éradiquer d’ici à 2022. Il a précisé que ce cadre politique se basait sur divers engagements pris par le Gouvernement, y compris celui de maintenir la discipline macroéconomique. Il a affirmé que l’objectif était de créer un environnement qui permettrait aux pauvres de participer activement aux efforts visant à améliorer leurs conditions de vie. Dans cette perspective, il a insisté sur l’importance de transformer le secteur agricole, d’investir pour réduire les risques auxquels les pauvres font face et de restructurer les schémas des dépenses publiques. M. Nhleko a estimé que cela permettrait de créer des liens avec le secteur manufacturier tout en obtenant les moyens pour améliorer les revenus des pauvres et donc répondre à leurs besoins de base. Il a noté que le pays s’employait à réorienter les systèmes agricoles vers une production durable, et a ajouté que les programmes de développement en faveur des pauvres étaient conçus pour leur permettre de participer et de partager pleinement les fruits de la croissance économique et du développement humain.
Mme DONATUS ST. AIMÉE (Sainte-Lucie) a relevé l’importance du développement industriel pour le développement durable, l’éradication de la pauvreté, la promotion de la croissance économique et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Elle a expliqué que son pays doit aujourd’hui affronter les effets négatifs des crises qui affectent l’économie mondiale et qu’il est, dès lors, essentiel d’investir davantage dans le développement industriel, et en particulier dans les petites et moyennes entreprises. Dans ce contexte, elle a déploré les obstacles existants, comme le manque d’infrastructures, les barrières tarifaires et non tarifaires et le manque de ressources financières. Tout en reconnaissant l’importance de l’appropriation, par chaque pays, de son développement, la représentante de Sainte-Lucie a souligné qu’aucun pays ne peut affronter seul les défis du développement. Il faut renforcer la coopération dans les domaines du transfert des technologies et du partage des bonnes pratiques, a-t-elle fait remarquer. Elle a également expliqué que les incertitudes économiques entravent la créativité locale. Les qualifications manquent pour assurer la compétitivité des entreprises locales, a-t-elle ajouté, avant de relever l’importance, pour son pays, de pouvoir bénéficier d’une aide extérieure dans ce domaine. L’idée n’est pas de dépendre des partenaires, mais de bénéficier de leur assistance dans les domaines pertinents, a-t-elle précisé. Parmi les éléments nécessaires pour assurer une compétitivité aux entreprises et aux produits locaux, elle a notamment cité la nécessité de leur fournir un soutien technique et des formations, ainsi que de leur assurer un accès à des sources d’énergie renouvelables et moins onéreuses que le pétrole.
Mme LILIT TOUTKHALIAN (Arménie) a indiqué que son pays avait, au cours de la dernière année, poursuivi une agressive réforme de son économie, maintenu une croissance économique à deux chiffres, et continué ses efforts destinés à réduire la pauvreté. Elle a expliqué que le développement économique de l’Arménie et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement allaient de pair. Elle a indiqué qu’entre 2004 et 2007, la pauvreté avait été réduite en Arménie et touchait maintenant 27,9% de la population, grâce principalement à une croissance économique notable et à un marché de l’emploi stable, et grâce à l’augmentation des retraites et des avantages sociaux ainsi que les transferts de fonds privés en provenance de l’étranger. Elle a toutefois admis que la pauvreté demeurait un défi important en Arménie, puisqu’elle affecte encore un quart de la population du pays. Elle a estimé que ce niveau de pauvreté menaçait le développement durable du pays et l’établissement de la société civile. En outre, elle a fait remarquer que le principal objectif du Gouvernement était de réduire la pauvreté à 11,2% de la population d’ici 2012, et qu’il avait adopté un Plan de réduction de la pauvreté pour 2008-2012 allant dans ce sens.
Mme MARIA FERNANDA ESPINOSA (Équateur) a rappelé, à l’instar des autres délégations, que les conséquences de la crise financière actuelle mettent en péril les progrès accomplis jusqu’ici en matière d’éradication de la pauvreté. Soulignant que cette crise est le fait d’un système financier global dépourvu de mécanismes clairs et indépendants de contrôle, elle a estimé urgent que les États Membres s’attellent dès aujourd’hui à établir une nouvelle architecture financière internationale dont le fonctionnement et les règles soient démocratiques, transparents et équitables. Pour éradiquer durablement la pauvreté, Mme Espinosa a estimé qu’un engagement ferme de la part des pays développés est crucial, notamment en matière d’aide publique au développement. Elle s’est dite persuadée que la Conférence de Doha sur le financement du développement permettra à la communauté internationale d’effectuer à cet égard des progrès notables. La représentante de l’Équateur a précisé que son pays s’est engagé sur la voie de la démocratie et du développement. Le Gouvernement équatorien, a-t-elle expliqué, a adopté un plan national de développement qui cherche à éliminer la pauvreté en veillant à assurer l’établissement d’une société équitable, ainsi que l’accès à l’eau, un environnement sain et durable, et la promotion d’un système économique basé sur le principe de la solidarité. Mme Espinosa a, à cet égard, indiqué que les dépenses sociales ont, en 2007 et pour la première fois de l’histoire du pays, dépassé le montant du service de la dette. Pour conclure, elle a souligné que son pays s’engage à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, à combattre la pauvreté, et à devenir le pionnier d’un nouveau modèle de développement basé sur le respect des droits de l’homme, de sa culture et de sa dignité.
Mme CLAUDIA LOZA (Nicaragua) a constaté que tous les pays faisaient le même diagnostic sans cependant pouvoir se mettre d’accord sur la voie à suivre pour vaincre les maux qui affectent l’humanité. L’ordre international injuste dans lequel on vit doit être changé, a-t-elle déclaré, affirmant que c’était ce modèle qui avait mené l’économie mondiale au bord de la catastrophe et qui constituait la menace principale à la paix mondiale. Elle a insisté sur le fait de trouver la volonté nécessaire pour restructurer pleinement et immédiatement l’architecture financière internationale. Elle a argué que les institutions financières internationales avaient brillé par leur incompétence, non seulement parce qu’elles n’avaient pas été capables de prévenir les crises, mais aussi parce qu’elles avaient aggravé la pauvreté et la misère à travers le monde. Elle a affirmé que l’économie ne pouvait seulement consister à produire des biens, mais que l’on devait aussi s’assurer de l’établissement de mécanismes de distribution de la richesse pour permettre à tous les peuples de parvenir au développement. Dans cette perspective, elle a cité en exemple l’Alternative bolivarienne des Amériques (ALBA) et l’Initiative PetroCaribe, qui constituent des plates-formes de coopération dans tous les domaines, et agissent notamment en faveur de la lutte contre la pauvreté. Elle les a qualifiés de « modèles d’intégration solidaire capables de produire un développement social équitable pour tous ». La représentante a précisé que ces initiatives avaient, entre autres, permis au Nicaragua d’investir dans des projets sociaux, surtout dans le domaine de l’éducation, qui est un des outils principaux de la lutte contre la pauvreté. Pour le Nicaragua, le mot « solidarité » n’est pas un concept vide de sens, mais le ciment de la société que nous construisons, a-t-elle conclu.
M. CHARLES T. NTWAAGAE (Botswana) a fait remarquer que la persistance de la pauvreté sur le continent africain devrait continuer d’interpeller la communauté internationale et de la pousser à déployer, à tous les niveaux, des actions urgentes. La pauvreté sape la dignité humaine et constitue un crime contre l’humanité, a-t-il averti. Il a reconnu que des efforts doivent être déployés, tant au niveau national qu’au niveau international, notamment s’agissant de l’accès aux services de santé, à l’éducation et à l’alimentation, ainsi qu’en matière de création d’emplois. Toutes ces actions doivent pouvoir compter sur un environnement de paix, de stabilité et de bonne gouvernance, a-t-il précisé. Le représentant du Botswana a fait remarquer qu’un éventail large d’initiatives internationales, régionales ou locales existe en matière de lutte contre la pauvreté. Ce qui semble manquer, a-t-il toutefois ajouté, ce sont des actions coordonnées pour répondre aux besoins spécifiques des pays. Il a estimé que, dans ce contexte, le soutien de la communauté des donateurs revêt une importance cruciale pour renforcer les capacités nationales et les institutions. Déplorant l’image négative mais infondée que certains ont parfois du continent africain, M. Ntwaagae a souhaité que la Conférence de Doha sur le financement du développement mette l’accent sur la mise en œuvre des recommandations émises par le Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique. Il a également regretté que les donateurs lèsent les pays à revenu intermédiaire comme le Botswana.
M. BOVONETHAT DOUANGCHAK (République démocratique populaire lao) a rappelé que l’éradication de la pauvreté était le plus grand défi à relever actuellement au niveau mondial, particulièrement pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement. Il s’est félicité du lancement de la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté et a estimé que celle-ci devait se baser sur la mise en œuvre, le soutien et l’évaluation des initiatives pouvant générer un élan global pour l’action. Pour y parvenir, il a estimé qu’il fallait renforcer l’appropriation nationale, le partenariat entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé, et honorer les engagements pris en matière d’aide publique au développement. Après avoir rappelé que son pays était à la fois enclavé et classé dans la catégorie des pays les moins avancés, il a déclaré que la priorité de son gouvernement était de lutter contre la pauvreté et la faim. Il a indiqué que les Objectifs du Millénaire pour le développement et le Plan d’action de Bruxelles avaient été intégrés dans le plan de développement national de la République démocratique populaire lao pour 2006-2010. Il a ajouté qu’au cours de la dernière décennie, grâce à l’engagement du Gouvernement et au soutien des donateurs internationaux, le niveau de pauvreté lao était passé de 46% de la population du pays en 1992 à 33% en 2002, puis à 28,7% en 2006. Malgré ces progrès, M. Douangchak a noté que le pays faisait encore face à de nombreux défis, notamment en ce qui concerne les taux élevés de mortalité maternelle et infantile. Pour progresser encore dans la mise en œuvre des stratégies de développement, il a dit que son pays avait besoin d’un soutien financier et technique accru et coordonné.
M. KOMI BAYÈDZÉ DAGOH (Togo) a indiqué qu’en mars 2008, le Togo avait adopté son Document de Stratégie intérimaire de réduction de la pauvreté (DSRP) qui est axé sur la promotion du système d’éducation et de formation; le développement du système sanitaire et des services de santé; l’amélioration du niveau nutritionnel de la population togolaise, et l’amélioration de l’accès à l’eau potable et aux infrastructures d’assainissement. Le DSRP du Togo accorde également une attention particulière à la promotion de l’équité entre les genres, de l’emploi, de la protection sociale et du développement communautaire, a-t-il précisé. M. Dagoh a ensuite estimé que la communauté internationale devait honorer ses promesses d’aide et d’assistance au développement. Il importe d’accorder une attention particulière au microcrédit et à la microfinance, a-t-il noté. À l’instar du Secrétaire général, le Togo souhaite vivement que soit élaboré un plan d’action qui aura pour objectif le renforcement des institutions sociales et la mise en œuvre des politiques publiques nécessaires pour engendrer le développement, a dit le représentant, tout en évoquant notamment «l’insécurité croissante » du marché de l’emploi. La solidarité entre les États et les peuples doit être réaffirmée, a-t-il notamment déclaré en conclusion de son intervention
M. CH. BAATAR (Mongolie) a estimé que les progrès lents et irréguliers accomplis en matière de lutte contre la pauvreté s’expliquaient par les causes profondes de ce mal et par les défis multidimensionnels de la pauvreté. Il a indiqué qu’en examinant les pays qui avaient réussi à réduire la pauvreté, on se rendait compte qu’ils avaient d’abord basé leurs efforts sur le règlement des problèmes qui sont la cause de la pauvreté. S’agissant de la deuxième Décennie, il a noté qu’il fallait faire plus que de réaffirmer les engagements pris en faveur de la réduction de la pauvreté et a insisté sur l’importance d’adopter une nouvelle approche. Il a précisé qu’« aider les pauvres à s’aider eux-mêmes » devait être la leçon centrale à tirer de la première Décennie. Il a reconnu que le chômage et le sous-emploi étaient les sources principales de la pauvreté et de l’inégalité. La réduction de la pauvreté par le biais de la croissance économique et de la création d’emplois est devenue l’objectif premier de la politique macroéconomique de la Mongolie, a-t-il assuré. Notant la croissance économique rapide enregistrée dans le pays ces dernières années, il a souligné que son gouvernement s’employait à en distribuer les bénéfices à toutes les couches de la population. Il a par exemple cité la hausse des salaires survenue dans la fonction publique depuis 2005, ainsi que celle des retraites, ou encore l’introduction de programmes pour la distribution de repas à l’école. Il a aussi mis en avant les efforts déployés par son pays pour générer des emplois, notamment en encourageant le développement des petites et moyennes entreprises.
M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé qu’éradiquer la pauvreté implique de lutter contre l’exclusion et les inégalités tout en promouvant la cause de la justice sociale et du développement durable. Il a attiré l’attention sur les implications éthiques liées à l’élimination de la pauvreté, estimant inacceptable qu’alors que le monde produit autant de richesses, 800 millions de personnes souffrent encore de la faim et vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Le représentant brésilien a précisé que la lutte contre la pauvreté au Brésil a, depuis l’investiture du Président Lula, constitué une priorité pour le Gouvernement. Raison pour laquelle, a-t-il poursuivi, le Président a lancé une « action contre la pauvreté et la faim » en 2004, au Siège des Nations Unies à New York. Il a, à cet égard, fait remarquer que la présence de 58 chefs d’État et de gouvernement à cette occasion, suivie de l’adhésion de plus de 100 autres États Membres de l’ONU à cette déclaration, montre que la communauté internationale peut se mobiliser pour éradiquer la pauvreté. M. De Aguiar Patriota a fait remarquer que la proclamation, en 2007, d’une deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté indique qu’il reste encore beaucoup de travail à effectuer dans ce domaine. Il a dit que, pour relever ce défi, les gouvernements, les organisations internationales et la société civile doivent agir ensemble et sur plusieurs fronts. Les pays développés doivent continuer d’offrir un soutien aux pays en développement par le biais de l’aide publique au développement, de l’allégement de la dette et des flux d’investissements, a-t-il précisé. En outre, la communauté internationale doit s’engager en faveur d’une vraie libéralisation du commerce, a ajouté le délégué brésilien. Il a précisé que, pour leur part, les pays en développement doivent s’engager à utiliser les ressources mises à leur disposition de manière effective, en favorisant les programmes sociaux, pour sortir leurs populations de la pauvreté. Il en a profité pour signaler que son pays a réussi à réduire le niveau de pauvreté de sa population de près de 60%, réalisant, ainsi, le premier OMD bien avant la date butoir fixée en 2015.
Mme SANSANEE SAHUSSARUNGSI (Thaïlande) a relevé que la pauvreté émanait, entre autres, d’un manque d’opportunités. Elle a mis l’accent sur l’importance pour un pays de disposer de systèmes de microcrédits et de microfinance. Elle a estimé que des « filets de protection » devraient être mis en place pour aider les plus pauvres parmi les pauvres, qui sont souvent exclus des prestations que peuvent accorder les services de microfinance. La promotion de la microfinance doit se faire parallèlement avec la mise en place d’une stratégie tendant à faire augmenter le revenu et les épargnes des ménages, a estimé la représentante. Après avoir passé en revue les initiatives lancées par la Thaïlande dans ce domaine, la représentante a insisté sur l’importance d’autonomiser les femmes. L’aide au développement est primordiale, a-t-elle poursuivi, ajoutant que les pays en développement devaient assurer la transparence de leurs mesures économiques tout en promouvant l’investissement public et privé, la création d’emplois et la croissance. Mme Sahussarungsi a également évoqué le rôle du commerce international, « moteur crucial » pour la réduction de la pauvreté, selon elle. Elle a appelé de ses vœux à une conclusion rapide et positive du Cycle des négociations commerciales de Doha, soulignant ensuite l’importance des efforts collectifs, notamment dans le cadre de la coopération Sud-Sud et Nord-Sud.
M. ASAD M. KHAN (Pakistan) a affirmé que la deuxième Décennie pour l’éradication de la pauvreté devait être un cadre pour le lancement d’une action globale et un véhicule d’évaluation de la réalisation de l’OMD nº1 et de l’appui aux efforts nationaux allant dans ce sens. Il a soutenu la suggestion du Secrétaire général d’établir un plan d’action pragmatique pour appuyer cette deuxième Décennie, qui viendrait compléter les stratégies nationales existantes en matière de réduction de la pauvreté. Il a soutenu que le Pakistan, pays importateur de denrées alimentaires et d’énergie, était un des États les plus affectés par les crises actuelles et que selon une étude récente, 17 millions de Pakistanais supplémentaires pourraient se retrouver piégés dans la pauvreté. Il a noté qu’un des défis principaux pour son pays était qu’une large part de la population vivait juste en dessus du seuil de la pauvreté et qu’une sécheresse, une maladie ou une augmentation des prix des produits de base, pouvaient les faire tomber dans la misère et le besoin. Le représentant a déclaré que la stratégie de réduction de la pauvreté du Pakistan visait à redresser la distribution des revenus et de la consommation et à traiter des inégalités existant dans l’accès à l’éducation et la santé. Il a fait valoir que le pays avait réussi ces dernières années à tirer 13 millions de personnes hors de la pauvreté, mais que ces progrès étaient menacés par les crises actuelles. Il a argué qu’au plan international, il fallait respecter les engagements pris pour parvenir aux objectifs de développement afin d’éradiquer la pauvreté. À cet égard, il a proposé d’intensifier les investissements dans l’infrastructure de développement, notamment dans le secteur agricole. Il a aussi souhaité que soit établi un mécanisme d’indicateurs pour suivre la mise en œuvre des objectifs agréés internationalement. Il a aussi recommandé d’identifier des nouvelles sources d’assistance, qui viendraient s’ajouter à l’APD, et de rectifier les mécanismes de marché qui ont généré les hausses des prix alimentaires et énergétiques.
M. JORGE VALERO (Venezuela) a souligné que la crise financière actuelle s’est ajoutée à celle récurrente et systématique qui secoue le système capitaliste et touche les plus vulnérables. Il est indispensable de surmonter la spéculation et l’égoïsme du système capitaliste pour libérer nos peuples de l’esclavage de la pauvreté, et avancer vers des sociétés basées sur des valeurs comme l’équité, la justice sociale, la solidarité et le respect des droits de l’homme, a-t-il expliqué. La leçon à tirer de cette crise est que nous ne pouvons pas éliminer la pauvreté dans le cadre du capitalisme, a-t-il ajouté. M. Valero a assuré que l’élimination de la pauvreté constitue la base de la politique de développement social du Venezuela. Le modèle de développement appliqué par son gouvernement, a-t-il dit, a permis de créer une structure pour l’élimination de la pauvreté, au travers de programmes appelés « Missions sociales ». Le Venezuela a ainsi obtenu des résultats « significatifs » dans la lutte contre la pauvreté, en réduisant de 43,9% à 28,5% de la population le taux de personnes vivant dans la pauvreté de 1998 à 2007 et de 17,1% à 9,7% la proportion de ceux en situation de pauvreté extrême, a-t-il souligné.
Par ailleurs, le représentant vénézuélien a manifesté sa préoccupation face à la réduction depuis deux ans des montants de l’aide publique au développement provenant des pays développés. Il s’est déclaré d’autant plus inquiet que la crise financière actuelle pourrait être utilisée comme un argument par les nations développées pour ne plus respecter du tout leurs engagements. Par conséquent, M. Valero a lancé un appel pour que cette crise financière, qui a commencé aux États-Unis, ne frappe pas les efforts déployés par les pays en développement dans la lutte contre la pauvreté. En conclusion, il a plaidé pour une réforme urgente de l’actuel système financier international.
M. PHILIPPE FOUDA TSILLA (Cameroun) a estimé qu’en instituant pour la seconde fois une décennie consacrée à l’élimination de la pauvreté, l’ONU confirme la place centrale qu’occupe cette question dans l’agenda de la communauté internationale. Il a fait remarquer que cet objectif est un impératif global qui requiert la mise en commun des efforts de tous les États, riches ou pauvres. Il a toutefois déploré que le pilier « développement » des Nations Unies semble lésé, la part du budget ordinaire alloué à ce secteur étant passé de 21,8% en 1998-1999 à 17,8% en 2008-2009. Le représentant camerounais a également noté qu’il n’existe aucun mécanisme interorganisations entièrement consacré au problème de la réduction de la pauvreté. Il a ainsi proposé que le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales dirige les efforts déployés à l’échelle du système et exerce les fonctions de coordonnateur pour la deuxième Décennie.
M. Fouda Tsilla a ensuite souligné que la mise en œuvre de cette deuxième Décennie ne sera couronnée de succès que si toutes les parties prenantes honorent leurs engagements dans le domaine du financement du développement. Il a exprimé le vœu que la crise financière ne remette pas en cause les efforts des pays du Sud tout en altérant la volonté des pays riches de fournir une aide substantielle aux efforts de développement. Le représentant a également précisé que les résultats de cette Décennie dépendront de l’application des Principes de Paris sur l’efficacité de l’aide; de la mise en place d’un système commercial multilatéral plus équitable; et de l’adoption, par les pays en développement eux-mêmes, de politiques et de programmes réalistes. Le représentant camerounais a clos son intervention en attirant l’attention des membres de la Deuxième Commission sur les progrès réalisés par le Cameroun dans la lutte contre la pauvreté, et dans la promotion d’un cadre macroéconomique stable et la diversification de l’économie. Il a également tenu à préciser que le point d’achèvement de la dette du Cameroun, atteint en 2006, a permis d’orienter des sommes -qui auraient dû être consacrées au service de la dette- vers l’amélioration des conditions de vie des populations.
M. TESFA ALEM SEYOUM (Érythrée) a fait observer que l’état actuel de l’économie mondiale est source de grande préoccupation et d’anxiété. Tout en reconnaissant la menace que font planer les crises actuelles sur les progrès effectués dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il s’est dit d’avis que le contexte actuel pourrait également servir à pousser la communauté internationale à travailler davantage en faveur des OMD. Il a souligné que quoi qu’il arrive jusqu’à 2015, rien ne devrait réduire l’importance de la réalisation des OMD. Le représentant de l’Érythrée a souligné qu’au moment où la Présidente de la Commission mettra un terme à la séance du jour, le continent africain aura enterré 5 500 personnes de plus à cause du VIH/sida. L’Afrique comptera 40 millions d’orphelins d’ici à 2010 si rien n’est fait pour enrayer la propagation de cette terrible maladie, a-t-il averti.
M. Seyoum a également attiré l’attention sur les 24 000 personnes qui meurent, chaque jour, en raison de la faim ou de la malnutrition. Plus d’un milliard de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour, a-t-il précisé. Un enfant meurt chaque seconde d’une maladie liée à la mauvaise qualité de l’eau et plus de 300 millions de personnes souffrent du paludisme. Ce sont des faits réels qui touchent des personnes comme nous, a-t-il relevé. Le représentant érythréen a, dès lors, enjoint la communauté internationale à honorer la promesse qu’elle a faite en 2000. Les objectifs de développement n’ont pas fait l’objet d’une prédiction, mais d’une promesse, a-t-il souligné, avant de déclarer qu’il n’y a aucune excuse à ne pas réaliser les OMD, à plus forte raison alors que le monde dispose de suffisamment de ressources. Avant de conclure, il a attiré l’attention sur les efforts déployés par son pays, et a notamment précisé que des centaines de millions de dollars y ont été investis dans des infrastructures destinées à assurer la sécurité alimentaire. Il a ajouté que le coût de la réalisation des OMD en Érythrée devrait se monter à 1,5 milliard de dollars des États-Unis pour les huit prochaines années, avant de préciser que cette somme sera assumée par le secteur public puisque l’aide extérieure tarde à arriver.
M. MOHAMED A. A. ALAHRAF (Jamahiriya arabe libyenne) a fait observer que la pauvreté mène à l’exclusion et à la marginalisation, et que ces deux états contribuent eux-mêmes à la perpétuation de la pauvreté. Celle-ci viole les droits de l’homme et prive l’être humain de sa dignité, a-t-il ajouté, avant de souligner qu’il appartient à toute la communauté internationale de relever ce défi. Il a rappelé que l’éradication de la pauvreté est indispensable pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement. Attirant l’attention sur les multiples dimensions de la pauvreté, le représentant libyen a fait remarquer qu’il ne s’agit pas seulement d’élever le niveau des revenus des pauvres, mais également de leur offrir un meilleur accès aux services de santé et d’éducation. Il a souligné qu’en dépit des efforts déployés par les gouvernements, le nombre de pauvres a augmenté dans de nombreux pays, notamment en Afrique subsaharienne. Il a rappelé qu’une stratégie efficace de réduction de la pauvreté et de développement exige la participation de la communauté des donateurs. Il a également estimé que les Nations Unies doivent jouer un rôle décisif en encourageant les États Membres et les organismes internationaux à renforcer les objectifs et programmes en matière d’éradication de la pauvreté, et en faisant en sorte que la crise financière n’entrave pas les flux d’aide publique au développement. Le représentant libyen a, ensuite, attiré l’attention sur le rôle crucial du microcrédit pour générer des revenus en faveur des pauvres, en leur assurant un accès à des services financiers.
M. J. KALILANGWE (Malawi) s’est félicité, en tant que représentant d’un PMA, de la proclamation de la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté. Il a rappelé que la lutte contre la pauvreté était loin d’être achevée et a indiqué que cette question était au cœur de la stratégie de développement et de croissance du Malawi. Soulignant que l’économie du pays était principalement basée sur l’agriculture, il a noté que la production agricole n’y était pas régulière et que cela avait entraîné des taux élevés de pauvreté et une croissance économique lente. Il a fait remarquer qu’au cours des trois dernières années le Malawi avait lancé un programme de subventions des intrants agricoles en faveur des petits agriculteurs afin de parvenir à la sécurité alimentaire au niveau national. Il a de plus fait part des efforts manifestés pour diversifier la production agricole et encourager l’investissement dans l’agriculture. Il a estimé que l’expérience de son pays montrait l’intérêt d’investir en faveur de la stabilité des récoltes des petits fermiers en tant que première étape pour une croissance économique soutenue et pour l’éradication de la pauvreté. Par ailleurs, il a ajouté que le Gouvernement du Malawi avait mis en place des programmes sociaux en faveur des pauvres, tels que l’éducation primaire gratuite. S’agissant du microcrédit, M. Kalilangwe a mis en avant la création d’un réseau de microfinance dans le pays visant à augmenter l’accès des paysans à ces prêts, ceci notamment au bénéfice des femmes et des jeunes. Il a reconnu que pour traduire la croissance économique en gains pour les pauvres, celle-ci devait être accompagnée du renforcement des capacités institutionnelles, d’une fourniture équitable des services publics, d’une inclusion sociale, et d’efforts pour réduire l’écart entre le développement rural et celui des zones urbaines notamment.
M. MOHSEN CHITSAZ (République islamique d’Iran) a souligné l’importance de faire preuve d’une réelle volonté politique pour éradiquer la pauvreté. Sans des mesures efficaces, les décennies passeront sans véritables progrès, a-t-il dit. Il a affirmé qu’il fallait, aux niveau national et international, adopter des mesures et des politiques qui visent à fournir de meilleures conditions de vie aux pauvres. Soulignant l’engagement de son pays dans la lutte contre la pauvreté et les réalisations qu’il y a enregistrées, il a noté que l’Iran s’attachait désormais à réduire le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de la pauvreté alimentaire, soit 8,99% de la population. Il a soutenu que la communauté internationale avait la responsabilité d’appuyer les efforts nationaux en créant un environnement économique mondial qui fait la promotion de la croissance et de la création d’emplois dans les pays en développement. De plus, il a noté l’importance du renforcement des capacités pour certains pays en développement. Le représentant a estimé que les grandes puissances percevaient et montraient la pauvreté comme étant un problème interne aux pays en développement afin de ne pas attirer l’attention sur leur propre échec à fournir des politiques appropriées au niveau macroéconomique. Il a ajouté que cela leur permettait également d’interférer dans tous les aspects des affaires domestiques et de la gouvernance des pays en développement pour y imposer toutes sortes de conditionnalités. Notant le rôle de coordination des Nations Unies, M. Chitsaz a appuyé l’idée d’établir un plan d’action pragmatique pour faire de la deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté un succès.
M. KWANGSUK PARK (République de Corée) a rappelé qu’en dépit des progrès réalisés lors de la première Décennie d’élimination de la pauvreté, leurs bénéfices n’avaient pas été bien distribués. Il a estimé que la situation pourrait s’empirer lors de la deuxième Décennie, à la lumière des crises multiples qui frappent actuellement l’économie mondiale. Pour y faire face, il a souhaité que des engagements de haut niveau soient pris afin de redoubler les efforts déployés par la communauté internationale. Il a déclaré que la deuxième Décennie devait être un cadre de réflexion et d’action allant dans ce sens. En outre, il a noté que sans soutien approprié de la communauté des donateurs, les pays en développement qui luttent pour réduire la pauvreté ne pouvaient renforcer leurs capacités et mobiliser des ressources nationales. Le représentant a toutefois argué que cet appui externe ne pouvait jouer qu’un rôle limité, et que l’appropriation nationale et le leadership national étaient indispensables pour garantir le succès de la deuxième Décennie. Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de mieux coordonner les efforts des agences de l’ONU en faveur de l’éradication de la pauvreté. Enfin, il a soutenu que même en ces temps économiques difficiles, il était essentiel que la communauté internationale maintienne l’élan politique nécessaire pour aider les pauvres.
M. JARRAH JABER AL AHMAD AL JABER AL SABAH (Koweït) a déclaré que l’éradication de la pauvreté exigeait que l’on offre des opportunités économiques justes à tous, ainsi que des efforts considérables pour accélérer le rythme de développement des pays en développement, et particulièrement les PMA. Il a argué que cela ne pouvait se faire que par le respect des engagements pris par les donateurs en ce qui concerne l’assistance financière et technique. S’agissant du microcrédit, il a insisté sur l’importance de donner aux pauvres, et notamment aux femmes, un meilleur accès à ces services. Il a noté que le Koweït n’avait épargné aucun effort pour fournir une assistance aux pays en développement et aux PMA par le biais de ses institutions officielles et non officielles. Il a précisé que le Fonds du Koweït pour le développement économique arabe fournissait, depuis sa création en 1961, des prêts et des dons afin de financer des projets d’infrastructures dans les pays en développement, le montant total de ces prêts et dons dépassant aujourd’hui 12 milliards de dollars des États-Unis. Il a ajouté que ces projets avaient été menés dans plus de 100 pays. De plus, il a relevé que de nombreuses associations et fondations contribuaient à fournir un soutien à ceux qui souffraient de la pauvreté.
M. LUCA DALL’OGLIO, Représentant de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a attiré l’attention sur le rôle que peuvent jouer les migrations dans l’éradication de la pauvreté, notamment à travers les envois de fonds des migrants à destination de leur pays d’origine. Il a estimé que la question de la migration devrait être inclue dans le débat sur l’élimination de la pauvreté. Les migrations internationales, a-t-il expliqué, peuvent générer des gains importants pour les migrants et leur famille restée au pays, ainsi que pour les pays d’origine et de destination. D’ici à 2025, le revenu des travaux accomplis par les migrants pourraient se monter à 300 milliards de dollars des États-Unis par année, répartis de manière égale entre pays d’origine et pays de destination, a-t-il souligné, citant les estimations d’économistes.
En ce qui concerne les envois de fonds auxquels procèdent les migrants, M. Dall’Oglio a précisé que ces fonds avaient atteint en 2007 la somme de 318 milliards de dollars des États-Unis, dont 240 millions à destination des pays en développement. Le montant réel, comprenant également les flux informels, devrait être beaucoup plus élevé, a-t-il fait observer. Le représentant de l’OIM a souligné que bien que beaucoup s’accordent à penser que ces fonds ne servent pas directement le développement, il n’en demeure pas moins que cet argent contribue à améliorer la vie de leurs destinataires et, partant, l’économie nationale des pays vers lesquels ils sont envoyés. Il a précisé qu’en Afrique subsaharienne, l’OIM a, en partenariat avec l’Union postale universelle (UPU) et l’Union postale panafricaine, mis en place des programmes destinés à améliorer, renforcer, et étendre les services d’envois de fonds des migrants, notamment par la réduction de leurs coûts de transfert. Il a, par ailleurs, tenu à préciser que ces fonds constituent des ressources privées et ne sauraient se substituer à l’aide publique au développement. Enfin, il a fait valoir que les migrations devraient être intégrées dans les stratégies de réduction de la pauvreté et les programmes de développement.
Mme ANDA FILIP, Observateur de l’Union interparlementaire (UIP), a rappelé que l’éradication de la pauvreté demeurait la préoccupation majeure du travail de développement conduit par les gouvernements et les organisations internationales. Elle a indiqué que la cent dix-huitième Assemblée de l’UIP, qui s’est tenue en avril dernier, avait été dédiée à la pauvreté, et que des centaines de parlementaires s’étaient rencontrés pour discuter des moyens de lutter contre ce fléau. Elle a souligné que l’UIP avait considéré toutes les manifestations de la pauvreté et s’était inquiétée de l’augmentation des inégalités au sein des pays et entre les pays. Mme Filip a indiqué que les membres de l’UIP avaient identifié un certain nombre de mesures à prendre de manière prioritaire, et que la plupart d’entre elles pouvaient être classées sous le thème des ressources humaines, au sens large. Ainsi, elle a cité la création d’emplois, l’éducation et la formation ou encore les services sociaux comme ceux de la santé, les retraites, et l’assurance-chômage. Elle a déclaré qu’investir dans ces domaines de manière raisonnable permettrait d’accorder l’attention nécessaire à des groupes qui ont trop longtemps été marginalisés. Par ailleurs, elle a souligné l’importance de soumettre les plans et les stratégies de réduction de la pauvreté aux parlements nationaux des pays, afin que leurs membres puissent les examiner. Mme Filip a enfin fait remarquer que l’UIP s’employait à mobiliser des ressources en faveur de l’éradication de la pauvreté.
Lettre et rapports
Lettre datée du 8 juillet 2008, adressée au Secrétaire général par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Italie auprès de l’Organisation des Nations Unies (A/63/123)
Le rapport contient le texte des quatre résolutions adoptées par la cent dix-huitième Assemblée de l’Union interparlementaire. Ces résolutions portent, respectivement, sur les thèmes suivants: « Trouver un équilibre entre sécurité nationale, sécurité humaine et libertés individuelles, et déjouer la menace qui pèse sur la démocratie: le rôle des parlements »; « Le rôle que les parlements et l’Union interparlementaire peuvent jouer pour mettre fin immédiatement à la dégradation rapide de la situation humanitaire dans les zones de conflit et à sa dimension environnementale, pour faciliter l’exercice du droit des Palestiniens à l’autodétermination –en particulier en faisant cesser le blocus à Gaza– et pour accélérer la création d’un État palestinien au moyen d’un processus de paix viable »; « Les travailleurs migrants, la traite des êtres humains, la xénophobie et les droits de l’homme »; et « Contrôle parlementaire des politiques étatiques en matière d’aide étrangère ».
Rapport du Secrétaire général portant sur le rôle du microcrédit et de la microfinance dans l’élimination de la pauvreté (A/63/159)
Le rapport contient une réévaluation, à partir d’études récentes, du rôle que peuvent jouer le microcrédit et la microfinance dans les efforts de lutte contre la pauvreté et dans l’élimination de ce phénomène. Le rapport décrit également les derniers faits nouveaux en matière de microfinance, notamment l’apparition de nouveaux fournisseurs de crédits.
Le rapport indique que, selon la Campagne du Sommet du microcrédit, 3 316 institutions de microcrédit ont accordé des prêts à 133 millions de clients à travers le monde en 2006, contre 618 institutions et 13 millions de clients en 1997. Il souligne que la microfinance n’a pas le même rayonnement dans toutes les régions du monde. L’Asie et l’Amérique latine comptent le plus grand nombre d’emprunteurs, alors que les bénéficiaires du microfinancement sont peu nombreux au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ainsi qu’en Asie centrale. La microfinance était initialement censée s’adresser aux populations pauvres, poursuit le rapport, mais il ressort d’une étude qu’une forte majorité de clients de ces institutions étaient des ménages modérément pauvres, quelques-uns étaient des ménages extrêmement pauvres et aucun n’était totalement démuni.
Dans ce rapport, le Secrétaire général montre ainsi à la fois que le microcrédit contribue de façon remarquable à l’amélioration de la situation de plus de 100 millions de pauvres dans le monde, et qu’il donc faut élargir la capacité institutionnelle, les objectifs et les stratégies des établissements de microfinancement. À l’heure actuelle, la microfinance contribue à améliorer la vie des pauvres, non à les faire vraiment sortir de la pauvreté, souligne le Secrétaire général dans ce rapport. Les activités non salariées rendues possibles par les microprêts sont peu productives par nature et donnent très rarement naissance à des petites entreprises, souligne-t-il. Dans une large mesure, cela tient au fait que les pauvres, en particulier dans les zones rurales, vivent dans des régions privées de débouchés économiques.
À cet égard, le rapport mentionne que les États Membres pourraient envisager d’examiner la constitution d’un cadre pour promouvoir le développement d’établissements financiers accessibles à tous. Ces établissements devraient proposer des produits et des services financiers adéquats à toutes les couches de la population, et notamment aux pauvres. Ils pourraient également envisager l’adoption de normes réglementaires qui protègent les consommateurs, et en particulier les pauvres qui maîtrisent mal les notions financières des pratiques de prêt déloyales et abusives. En outre, un appui pourrait être fourni à l’expansion et au rayonnement de la microfinance grâce à la promotion de programmes de création d’entreprises, notamment de micro, petites et moyennes entreprises, recommande le Secrétaire général.
Rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) (A/63/190)
Ce rapport contient des recommandations émises par le Secrétaire général sur la manière d’assurer l’efficacité de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017), à l’appui des objectifs de développement convenus au niveau international relatifs à l’élimination de la pauvreté, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Dans cette perspective, le Secrétaire général suggère à l’Assemblée générale d’envisagerd’adopter pour la deuxième Décennie un thème général qui mette bien en relief l’urgence de la réalisation des engagements pris en vue d’éliminer la pauvreté et de réduire la pauvreté mondiale de moitié d’ici à l’année 2015.
M. Ban Ki-moon espère dans ce rapport que l’Assemblée générale se mettra d’accord pour demander au Secrétaire général d’élaborer un plan d’action, en consultation avec les États Membres, les organismes compétents du système des Nations Unies, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et la société civile. L’expérience montrant qu’un tel plan jouera un rôle crucial dans le succès de la deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté. Ce plan devrait être axé sur la complémentarité des efforts déployés à l’appui de la Décennie en faveur des stratégies et programmes nationaux existants sur la question de l’élimination de la pauvreté, et il devra utiliser au maximum les mécanismes interorganisations existants pour soutenir ces activités, précise le Secrétaire général.
Il propose également à l’Assemblée générale d’intégrer la célébration de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté dans le plan d’action de la deuxième Décennie pour mieux faire ressortir le rôle utile qu’elle peut jouer dans la sensibilisation de l’opinion publique et dans la mobilisation de toutes les parties intéressées par les efforts de lutte contre la pauvreté.
Il est rappelé dans ce rapport que la célébration de la deuxième Décennie offre l’occasion de renforcer dans chaque pays les institutions sociales et de mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires pour engendrer le développement. Il en est ainsi de la création d’institutions efficaces pour la fourniture de biens collectifs à l’ensemble de la population et au secteur de production; de la mise en place d’un cadre apte à favoriser une croissance favorable à la création d’emplois pour pouvoir offrir un travail décent aux populations dans un environnement économique mondial fondé sur l’équité; la protection et l’intégration sociale; et un partenariat international efficace. La maîtrise nationale d’activités pouvant appuyer la Décennie est une condition indispensable à son succès et doit en conséquent être encouragée et soutenue par la communauté internationale, souligne le Secrétaire général dans ce rapport.
R apport du Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) sur la Coopération pour le développement industriel (A/63/309)
Le rapport porte sur les principaux problèmes auxquels font face les pays en développement, qui peuvent en partie être résolus par des stratégies appropriées de développement industriel. Il met en relief les faits et les tendances qui se sont dégagés dernièrement en ce qui concerne les performances industrielles des pays en développement, et le rôle décisif que jouent le développement industriel et la croissance économique, quand elle est axée sur l’activité du secteur privé, en matière de développement économique durable et de lutte contre la pauvreté.
Le rapport examine les difficultés liées à l’industrialisation, telles que le sous-investissement dans les secteurs productifs, qui entravent l’émergence et le développement du secteur des petites et moyennes entreprises, l’inégalité des résultats de la mondialisation et la capacité limitée de participer au commerce international, le coût de l’énergie pour l’industrie et, enfin, les conséquences environnementales de l’activité industrielle. Ce rapport met en évidence le rôle joué par l’ONUDI, en partenariat avec les organismes des Nations Unies et les entités extérieures au système des Nations Unies, face aux défis à relever en matière de développement industriel, en particulier dans les pays les moins avancés.
Le rapport souligne que les tendances qui se dégagent dans le domaine du développement industriel montrent que l’industrie manufacturière se déplace des pays développés vers certains pays en développement, ce qui donne lieu à des disparités en matière de productivité industrielle entre les régions et à l’intérieur des régions situées dans le monde en développement. Les pays de l’Asie de l’Est et la Chine, en particulier, dépassent de loin les autres pays pour ce qui est de la croissance des entreprises. D’autres régions du monde en développement connaissent un ralentissement, comme l’Amérique latine, ou continuent de stagner, comme l’Afrique subsaharienne.
Pour combler ces disparités et lutter contre la pauvreté, l’ONUDI préconise d’encourager la croissance par le biais du secteur privé dans les régions et les pays à la traîne et, en particulier, dans les pays les moins avancés. Les stratégies industrielles devraient viser à supprimer les réglementations qui entravent l’activité économique et à favoriser le développement du « milieu manquant » en encourageant la création de petites et moyennes entreprises novatrices et dynamiques, capables d’affronter la concurrence sur le plan local et au niveau international. Au niveau international, pour que la mondialisation soit équitable, un accord commercial multilatéral, tenant compte des intentions exprimées en matière de développement dans le cadre du Cycle de négociations de Doha, doit être conclu, précise l’ONUDI.
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