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AG/EF/3219

LA DEUXIÈME COMMISSION DÉNONCE LES EFFETS DE L’OCCUPATION ISRAÉLIENNE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DES PALESTINIENS

20/10/2008
Assemblée généraleAG/EF/3219
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

Table ronde et 13e séance

Matin et après-midi


LA DEUXIÈME COMMISSION DÉNONCE LES EFFETS DE L’OCCUPATION ISRAÉLIENNE SUR L’ENVIRONNEMENT ET LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DES PALESTINIENS


La construction du mur, dont le tracé annexe les ressources 

aquifères et les terres arables des Palestiniens, est vivement condamnée


Les agissements d’Israël menacent l’environnement et la sécurité alimentaire des Palestiniens, ont souligné, cet après-midi, des délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission).  La Commission débattait de la question de la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé sur leurs ressources naturelles.


Il est indéniable que les activités d’Israël, notamment l’exploitation illégale et la dégradation des ressources naturelles du Territoire palestinien et du Golan syrien occupés, ont un impact direct sur l’environnement, a fait valoir l’observateur permanent de la Palestine.  À l’instar d’autres délégations comme celles de la Jordanie et d’Oman, la délégation de la Mission d’observation de la Palestine a fustigé les pratiques de l’autorité d’occupation israélienne qui, a-t-elle affirmé, causent une aggravation de la sécheresse, de la désertification, de la déforestation, des glissements de terrain et de la destruction de la biodiversité sur les terres palestiniennes.  Les intervenants ont tout particulièrement insisté sur les dégâts posés par la pollution des ressources aquifères, arguant que les colonies israéliennes rejettent leurs eaux usées, sans les traiter, aux alentours des champs et des villages palestiniens polluant ainsi les nappes phréatiques.


Outre la dégradation des ressources naturelles, la question de l’annexion des ressources en eau potable a été soulevée par la plupart des délégations, celles-ci s’inquiétant, à l’instar de la délégation du Soudan, qu’Israël exploite en Cisjordanie 91% des ressources d’eau potable, n’en laissant que 9% pour les Palestiniens.  Israël s’est octroyé par la force le droit de la gestion des ressources en eau, et a privé les Palestiniens d’eau potable, a déploré le représentant d’Oman, fustigeant, au passage, la construction du mur de sécurité israélien qui a, dans son tracé, annexé bon nombre de points d’eau palestiniens.


Cette situation entrave gravement la sécurité alimentaire du peuple palestinien, se sont accordées les délégations.  En effet, outre un accès limité et onéreux aux ressources en eau, les Palestiniens se voient dépossédés de leurs terres et, partant, de leur moyen de subsistance.  Quinze pour cent des terres les plus fertiles de Cisjordanie ont déjà été confisquées, a ainsi déploré l’observateur de la Palestine.  Chaque année, les Palestiniens perdent des tonnes de fruits et de légumes, des têtes de bétail et des pâturages, a, pour sa part, souligné le représentant de la Jordanie. 


Dans ce contexte, le représentant de la Malaisie a soutenu que, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), il existe une pénurie importante de nourriture dans le Territoire palestinien occupé, et que davantage d’aide est désormais nécessaire pour prévenir une crise humanitaire.  À Gaza, 302 000 personnes souffrent de pénurie alimentaire, a-t-il précisé.  Pour le représentant du Yémen, le fait de prendre le secteur agricole pour cible a pour objectif de le détruire, alors que c’est la colonne vertébrale de l’économie des Palestiniens.


D’une manière générale, les délégations, et plus particulièrement la délégation libanaise qui prenait la parole au nom du Groupe des États arabes, ont indiqué qu’alors que le monde s’accorde pour mettre en avant l’importance de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’occupation israélienne met ceux-ci hors d’atteinte de la population palestinienne, qui souffre toujours plus de la pauvreté, de la faim, et de niveaux élevés de chômage.  Les Palestiniens sont privés des droits fondamentaux les plus élémentaires, et notamment du droit au développement, ainsi que du droit à la souveraineté sur leurs ressources naturelles et du simple droit à l’alimentation, ont souligné les intervenants.


En début de séance, M. Amr Nour, Chef du Bureau des commissions régionales à New York, a présenté les rapports pertinents du Secrétaire général*.


En fin de séance, l’observateur de la Palestine a fait usage de son droit de réponse.


Outre celles déjà citées, les délégations des pays suivants se sont exprimées cet après-midi: Émirats arabes unis, Indonésie, Arabie saoudite, République arabe syrienne, Yémen, Israël, Nicaragua, Bahreïn, Égypte, Koweït, Jamahiriya arabe libyenne et Qatar.  Ce matin, la Deuxième Commission a tenu une table ronde sur la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017). 


La Commission passera à l’examen de la question de l’élimination de la pauvreté et des autres questions liées au développement, mercredi, le 22 octobre, à 10 heures.


* A/63/74-E/2008/13 et A/63/123


TABLE RONDE SUR LE THÈME « DEUXIÈME DÉCENNIE DES NATIONS UNIES POUR L’ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ (2008-2017) »


Comment les actions prises au cours de la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) peuvent-elles appuyer concrètement les efforts déjà déployés par la communauté internationale pour éradiquer ce fléau de toutes les régions du monde?  C’est la question que s’est posée ce matin la Commission économique et financière (Deuxième Commission) lors de débats organisés dans le cadre d’une table ronde qui a réuni des représentants du système des Nations Unies, d’un État Membre, d’une institution financière et d’une organisation non gouvernementale internationale impliqués dans la promotion du développement.  


Rappelant que la réduction de la pauvreté passait par la croissance économique, les participants se sont inquiétés des conséquences des nombreuses crises, notamment alimentaire et financière, qui affectent en ce moment le monde et ont un impact particulièrement négatif sur les populations et les personnes les plus vulnérables.  Ils se sont félicités que la Deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté maintienne l’élan politique des dernières années, qui a vu la communauté internationale mettre la lutte contre la pauvreté au cœur de l’Agenda international pour le développement.


Ouvrant la table ronde organisée aujourd’hui par la Deuxième Commission, Mme UCHE JOY OGWU, Présidente de la Deuxième Commission, a souligné que l’éradication de la pauvreté constitue l’un des principaux défis actuels, et que la communauté internationale ne pourra le relever qu’en lançant des actions concertées.  Elle a rappelé qu’en 1995, les gouvernements ont reconnu qu’éradiquer la pauvreté constituait un impératif éthique, social, politique et économique, et ont décidé de la tenue de la Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté.  À sa soixante-deuxième session, a-t-elle poursuivi, l’Assemblée générale a approuvé la proclamation de la Deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017).  Rappelant que la communauté internationale a encore beaucoup de travail à abattre pour atteindre l’objectif qu’elle s’est assignée, Mme Ogwu a souhaité que la table ronde d’aujourd’hui permette de discuter de solutions pratiques qui permettraient de relever ce défi majeur.


M. SHA ZUKANG, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et modérateur de la table ronde, a rappelé que la Deuxième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2008-2017) avait été proclamée lors de la soixante-deuxième session de l'Assemblée générale.  Il a précisé que celle-ci visait à appuyer la réalisation des objectifs internationaux de développement liés à l’élimination de la pauvreté.  Il a indiqué que l’éradication de la pauvreté était devenue un but crucial à atteindre à la lumière de la crise financière qui menace la croissance économique mondiale et les gains acquis à ce jour en matière de développement par les pays du Sud.  Il s’est particulièrement inquiété des conséquences de la crise pour les pays en développement, notant que la croissance de l’Afrique pourrait être plus faible que le taux de croissance de sa population, et que les économies d’Amérique latine pourraient stagner.  Ces tendances défavorables viendront s’ajouter aux prix élevés des aliments et de l’énergie que la population de ces pays, surtout les plus pauvres, subit déjà durement, a-t-il poursuivi. 


M. Sha a indiqué que la Première Décennie pour l’élimination de la pauvreté avait permis de mettre cet objectif au cœur de l’Agenda mondial pour le développement.  Toutefois, il a constaté que les progrès avaient été inégaux, la plupart des gains de réduction de la pauvreté ayant été réalisés dans un seul pays, la Chine.  En Afrique subsaharienne, il y a 100 millions de pauvres supplémentaires aujourd’hui, comparé à 1990, a-t-il dit, tout en rappelant qu’à travers le monde, les femmes et les enfants étaient affectés de manière disproportionnée par la pauvreté.  Il a affirmé que la Deuxième Décennie constituait l’occasion d’élaborer des stratégies de réduction de la pauvreté et de renforcer le cadre de politiques socioéconomiques allant dans ce sens.  Il a déclaré qu’il fallait identifier des domaines d’action prioritaires, insistant sur l’emploi productif, la protection sociale et l’élaboration d’institutions financières inclusives. 


En effet, il a souligné que l’emploi productif et le travail décent étaient essentiels pour une réduction durable de la pauvreté, et particulièrement de la pauvreté des femmes.  Toutefois, il a soutenu qu’il n’y avait pas eu de croissance appropriée de l’emploi, en dépit de la croissance économique rapide que le monde a connue ces dernières années.  De plus, il a observé que 500 millions de personnes avaient des emplois dont le revenu était nettement insuffisant pour leur assurer une vie décente et les sortir de la pauvreté extrême.  Par ailleurs, il a déclaré que la protection sociale permettrait d’alléger la situation des pauvres et permettrait d’éviter que ceux qui sont menacés par la pauvreté ne tombent dans cet état lorsqu’ils font face à une perte de revenu ou une autre urgence.  Enfin, il a indiqué que la réduction de la pauvreté passait par une croissance économique soutenue, laquelle était facilitée par un système financier qui fonctionne bien.  Dans ce contexte, M. Sha a plaidé pour davantage d’efforts en faveur de systèmes inclusifs, pouvant offrir des services et des produits abordables, dont la microfinance, à tous les segments de la société. 


Mme JANE STEWART, Directrice du Bureau de l’Organisation internationale du Travail auprès de l’Organisation des Nations Unies, a fait remarquer qu’alors que la Première Décennie pour l’élimination de la pauvreté prend fin, le monde a connu une réduction notable de la pauvreté, surtout en Chine.  Toutefois, 2,6 milliards de personnes, soit 40% de la population mondiale, vivent encore avec moins de 2 dollars par jour, a-t-elle indiqué, soulignant qu’il s’agit du même nombre qu’en 1981.  Cette situation est d’autant plus inacceptable que ce ne sont pas les pauvres qui créent la pauvreté, a-t-elle lancé, arguant que la pauvreté est le résultat de lacunes structurelles et d’un système économique et social inefficace.  Soulignant que la situation actuelle montre l’urgence de repenser les stratégies et les efforts déployés pour aider les pauvres, elle s’est demandé si la communauté internationale a réellement fait tout ce dont elle est capable pour éradiquer la pauvreté.


Mme Stewart a expliqué que les réunions tripartites de l’OIT ont abouti, cet été, sur une Déclaration sur la justice sociale pour une mondialisation équitable, Déclaration qui place le travail décent et l’emploi productif au cœur de la stratégie pour l’éradication de la pauvreté.  Cette stratégie est basée sur l’idée que les pauvres, si on leur offre une chance, peuvent sortir de la condition dans laquelle ils sont enfermés.  Elle a expliqué que ce cadre d’action, plus connu sous le nom d’« Agenda pour le travail décent », vise à soutenir les activités de promotion de l’emploi, tout en créant un environnement économique propice, en renforçant les mesures de protection sociale, en soutenant le dialogue social et en respectant les droits et les libertés au travail.  Mme Stewart a plus précisément expliqué que l’OIT a établi des recommandations exhaustives, à destination des entreprises, sur l’offre et la demande au sein du marché de l’emploi.  En matière de ressources humaines, l’OIT a mis au point un éventail de suggestions indiquant comment les pays peuvent préparer leur main-d’œuvre pour qu’elle puisse participer au développement et au bien-être de leur pays.  En outre, l’OIT veille à plaider pour une meilleure intégration des femmes dans le marché du travail, pour la mise en place d’allocation pour les enfants et de pension pour les personnes âgées, a-t-elle ajouté.  Lorsque l’on permet aux citoyens de jouir d’une protection sociale, il y a des retombées importantes en matière de pauvreté, a-t-elle souligné.  Pour conclure, elle s’est faite l’avocate de ce programme pour un travail décent, estimant qu’il constitue un outil puissant par sa simplicité et son efficacité.


M. AUGUSTINE PHILIP MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a évoqué l’expérience de son pays qui a choisi, pour réduire la pauvreté, de mettre l’accent sur les droits des travailleurs.  Il a rappelé qu’en 2004, les chefs d’État et de gouvernement africains s’étaient engagés à appuyer les efforts allant dans ce sens et avaient demandé à l’OIT de les appuyer avec son Programme pour le travail décent.  M. Mahiga a précisé que les objectifs fondamentaux de ce Programme étaient de promouvoir et de mettre en œuvre des normes internationales de travail; d’offrir davantage de possibilités pour un revenu décent; d’améliorer la couverture et l’efficacité de la protection sociale; et de renforcer l’aspect tripartite du dialogue social.


Par ailleurs, il a souligné que la Réunion de haut niveau sur les besoins de l’Afrique, qui a eu lieu en septembre dernier à New York, avait rappelé que l’élimination de la pauvreté sur le continent africain était un enjeu central pour le monde à l’heure actuelle.  Pour se faire, il faut appuyer la croissance de base, en y favorisant la création d’emplois stables et le travail décent, a-t-il dit. 


M. Mahiga a indiqué que le Programme de l’OIT donnait aux pays les orientations dont ils ont besoin pour parvenir à l’objectif national du plein-emploi et du travail décent.  En République-Unie de Tanzanie, cet outil a été aligné avec la stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, a-t-il ajouté.  Il a expliqué que le Programme pour le travail décent, qui a été lancé en 2005 dans son pays, insistait sur la création d’emplois et d’entreprises, notamment au profit des jeunes et des groupes les plus vulnérables.  En outre, il a constaté que le Programme avait permis de réduire le taux de chômage des jeunes ainsi que les cas de travail d’enfants, ce dernier phénomène étant passé de 25% à 21% des enfants mineurs entre 2005 et 2007.  S’appuyant sur le constat démontré par ces résultats, M. Mahiga a estimé que la Deuxième Décennie pour l’élimination de la pauvreté devrait être consacrée à la question prioritaire de la promotion de l’emploi décent. 


M. ARNOLD KUIJPERS, Directeur exécutif des Institutions financières Rabo pour le développement, a expliqué que RaboBank est une banque qui emploie 60 000 personnes dans 43 pays.  Elle n’a pas d’actionnaires, a-t-il précisé, et, plutôt que de rechercher la maximisation du profit, elle est orientée vers la satisfaction du client.  Il a expliqué que la RaboBank est avant tout active dans le domaine de l’agriculture.  RaboBank été fondée il y a 110 ans par des petits paysans qui n’avaient pas accès aux services financiers, et elle s’est donnée pour mission de soutenir le développement du secteur financier dans les pays en développement.  Par ses prestations financières, elle espère apporter une contribution substantielle au développement économique, en particulier dans les zones rurales de certains pays en développement, a-t-il ajouté.  Plus concrètement, a indiqué M. Kuijpers, RaboBank a participé à la création d’une banque rurale en Tanzanie.  Cette banque continue à opérer au niveau local, a-t-il précisé, soulignant que son conseil d’administration compte des directeurs locaux.

Les professionnels de la RaboBank sont venus des Pays-Bas partager leurs connaissances et expériences avec les professionnels locaux, a-t-il expliqué, faisant remarquer que l’objectif à atteindre est d’assurer à la banque locale un appui de l’étranger et non un contrôle de l’étranger.  Il a rappelé que l’accent est mis sur le développement à long terme ainsi que sur le développement rural et l’agriculture.


S’intéressant ensuite à la crise alimentaire actuelle et aux stratégies de réduction de la pauvreté, M. Kuijpers a fait remarquer que la demande de denrées alimentaires va croître sous l’impulsion de l’augmentation de la population mondiale et de la modification des habitudes alimentaires des consommateurs.  Les marchés alimentaires mondiaux doivent, dès lors, être de bonne qualité et proposer une offre de produits à bas prix, a-t-il préconisé.  Il a expliqué que ces constats posent des problèmes dans les pays en développement où la production souffre souvent d’une productivité faible et où les infrastructures manquent.  Une meilleure qualité et une haute productivité requièrent des technologies agricoles et de l’équipement en infrastructures plus performants, ce qui nécessite des investissements et des mesures de renforcement des capacités, a-t-il souligné.


Le Directeur des Institutions financières Rabo a ensuite attiré l’attention sur le rôle joué par les coopératives.  Il a fait observer que dans les pays en développement, les coopératives offrent 100 millions d’emplois, soit davantage que les entreprises multinationales.  Certaines d’entre elles sont des coopératives de crédit qui servent les communautés de petits exploitants agricoles, a-t-il précisé. 


M. Kuijpers est en faveur de la promotion et du renforcement d’une structure de chaîne d’offres.  Ainsi, il a proposé que des groupes cohérents de paysans qui cultivent la même denrée soient créés et fixent un prix convenu pour leur produit.  La banque donnerait alors de l’argent à une coopérative, qui elle-même redistribuerait ces ressources financières aux producteurs de manière individuelle, a-t-il ajouté.  Une atténuation des risques serait possible en améliorant l’accès de la production de ces pays aux marchés internationaux, et en leur proposant aussi une assistance technique.  La qualité de la chaîne d’offres s’améliorant constamment, les prix pourraient augmenter, ce qui rapporterait plus à l’agriculteur, a indiqué M. Kuijpers.  Pour conclure, il a relevé combien il est important d’appuyer les infrastructures agricoles.  Il faut aussi créer des centres d’expertise pour assurer la formation et la gouvernance des employés des coopératives, a-t-il recommandé.  Les gouvernements devraient, quant à eux, être encouragés à mettre les terres entre les mains de propriétaires privés, notamment lorsque les paysans ont du mal à avoir accès à des terrains cultivables.  Enfin, il faut encourager les entreprises internationales à investir dans les pays en développement, comme le fait déjà la RaboBank, a-t-il conclu.


M. GAWAIN KRIPKE, Conseiller principal pour les politiques, Oxfam Amériques, s’est félicité que l’ONU continue à mettre l’accent sur la lutte contre la pauvreté.  Il a souligné que la réduction de la pauvreté était une entreprise de longue haleine cherchant à obtenir des résultats sur le long terme, et que de nombreux succès avaient été enregistrés dans ce domaine.  Il a ainsi noté qu’en deux décennies, la Chine avait réduit le nombre de ses pauvres de plus de 400 millions de personnes.  Comparé à la situation qui prévalait en 1990, il y a aujourd’hui dans ce pays 30 millions d’enfants en âge scolaire de plus qui vont à l’école, et 2 millions de décès infantiles en moins, a constaté M. Kripke. 

Il a cependant rappelé que les échecs persistaient en matière de lutte contre la pauvreté au niveau mondial.  Les revenus des 500 personnes les plus riches du monde excèdent ceux des 416 millions de personnes les plus pauvres, a-t-il fait remarquer.  Chaque minute, dans le monde en développement, une femme meurt des conséquences d’une grossesse ou d’un accouchement, a-t-il ajouté. 


Il a déclaré que dans un monde riche en ressources, la pauvreté était « une injustice moralement indéfendable qui peut et doit être surmontée ».  Le représentant d’Oxfam a indiqué que, trop souvent, la pauvreté était le résultat de décisions prises intentionnellement au niveau international ou par des gouvernements qui sont au pouvoir.  Les pratiques et les politiques injustes qui existent aux niveaux national et international doivent être combattues et éliminées, a-t-il insisté.  D’autre part, a-t-il estimé, avec des ressources, un soutien et une formation adéquate, les pauvres pouvaient résoudre leurs propres problèmes.  Il a souligné que les pauvres ne demandaient pas à recevoir la charité, et que les meilleures pratiques de développement commençaient avec la prise en compte des atouts et des idées des pauvres.  Il a noté que, si la perspective multidimensionnelle de la pauvreté était largement acceptée, l’attention était cependant plutôt accordée à la pauvreté « de revenu », communément définie par l’adoption arbitraire du « seuil de revenu d’un dollar par jour ». 


Le représentant d’Oxfam a dit qu’il fallait mettre en place « une approche de citoyens actifs et d’États efficaces ».  Il a estimé qu’il fallait permettre aux pauvres d’avoir un certain contrôle sur leur propre destin et sur la considération des facteurs qui ont une influence sur leur vie, dont les politiques économiques et sociales, le système judiciaire et l’accès à la terre.  M. Kripke a ainsi précisé que les gouvernements devaient être plus responsables et fournir des opportunités aux pauvres par le biais d’une éducation décente, de services de santé, d’assainissement et d’eau potable, notamment.  Il a ajouté que les gouvernements devaient briser le cycle de l’injustice, par exemple en réformant les systèmes fiscaux et les taxes s’appliquant aux héritages, tout en faisant la promotion de la création d’emploi.  Le Conseiller principal d’Oxfam Amériques a souligné que des citoyens plus actifs amélioraient la qualité de la vie publique, ainsi que la politique et la vie civique de leur pays, et que des États efficaces étaient ceux qui garantissaient la sécurité des populations et le respect de l’état de droit.  Ces États sont aussi ceux qui sont capables d’élaborer des stratégies inclusives de croissance, a-t-il noté.  Il a rappelé que l’histoire avait montré qu’aucun pays n’avait prospéré sans disposer d’un État qui gère activement son processus de développement.


Débat interactif


Après les déclarations liminaires des panélistes, la représentante du Maroc s’est félicitée des résultats réalisés dans le cadre de l’agenda pour le travail décent.  Il est clair que le travail décent peut contribuer à l’élimination de la pauvreté, a-t-elle insisté.  S’adressant directement à la représentante de l’OIT, elle a souhaité connaître les actions et mesures prises par cette institution pour appuyer les stratégies nationales des pays.  Elle a expliqué que l’économie du Maroc dispose d’un important secteur informel dont le fonctionnement peut poser problème à la poursuite d’une stratégie de promotion du travail décent.


Le représentant des Comores a fait remarquer que la pauvreté est un sujet majeur, voire « terrifiant et intolérable » parce que ce phénomène provoque la mort d’un enfant toutes les trois secondes, fait 27 millions de victimes supplémentaires chaque année, et touche un cinquième des habitants de la planète.  Les voies et moyens de lutter contre la pauvreté existent, a-t-il fait valoir, avant de faire remarquer que c’est le financement des programmes de développement et la volonté politique nécessaire au soutien de ces efforts qui manquent.  Il a souhaité connaître l’avis des panélistes s’agissant de la conception de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), qui voit dans la pauvreté un déni des droits de l’homme et une violation de la dignité humaine. Cette approche commence à faire son chemin, s’est-il réjoui, relevant l’importance de faire de l’être humain non seulement le point de départ, mais aussi le destinataire des politiques de développement.


Le représentant de la Malaisie a expliqué que son pays a mis en œuvre avec succès des programmes pour éliminer la pauvreté.  Il a attiré l’attention sur l’équilibre nécessaire qui doit être trouvé entre la gestion des questions sérieuses et celle des problèmes qui le sont moins.  L’expérience montre qu’on ne peut éliminer la pauvreté sans croissance économique, et qu’il n’y a pas de croissance économique sans renforcement des infrastructures, a-t-il expliqué.  Que faire pour promouvoir la technologie en tant qu’élément clef de l’éradication de la pauvreté?, a-t-il d’autre part demandé.


Le renforcement des infrastructures est essentiel, a reconnu M. ARNOLD KUIJPERS de la RaboBank, tout en estimant crucial que les gens soient réellement éduqués et formés et puissent ainsi contribuer au développement de leur pays.  Il faut que l’emploi soit productif et utile pour la performance du pays, a-t-il insisté. 


M. GAWAIN KRIPKE, de l’ONG Oxfam, a fait observer qu’à mesure que les besoins croissent, il faut adapter les technologies de production.  Il s’est toutefois posé la question du lieu où doivent être développées ces technologies et, partant, des possibilités qui s’offrent aux populations pour y accéder.  La recherche qui a cours dans le domaine des technologies n’est pas orientée vers l’éradication de la pauvreté et elle ne vise pas les marchés pauvres, où personne ne peut acheter les appareils conçus, a-t-il rappelé.  Il a d’autre part déploré l’absence de structures internationales qui pourraient se faire les défenseurs du droit des pauvres à obtenir les technologies dont ils ont besoin pour sortir de leur état.  Il n’existe aujourd’hui que très peu d’enceintes pouvant jouer ce rôle, a-t-il relevé.  Il a ainsi espéré que des débats de ce type puissent avoir lieu, notamment dans le contexte de la crise financière actuelle.  La question de l’expansion des droits des gens, et celle de la création d’un cadre respectueux de la dignité des populations doivent demeurer au centre du débat, a-t-il insisté, en préconisant d’éviter que ces questions ne deviennent marginales.


M. AUGUSTINE PHILIP MAHIGA (République-Unie de Tanzanie) a également estimé important que les Nations Unies continuent de discuter de la question de la pauvreté.   Il n’y a pas de meilleure enceinte pour ce faire que les Nations Unies, a-t-il insisté, précisant que tous les États peuvent, à l’ONU, partager leurs connaissances et leurs expériences et susciter une volonté politique collective pour l’éradication de la pauvreté.  La pauvreté, c’est l’indignité, a-t-il insisté.  Il a souhaité que l’accent soit mis sur les lieux où se trouve la pauvreté, et que les pays pauvres bénéficient de toute l’attention de la communauté internationale.  Il a également relevé l’importance d’investir dans le secteur agricole, de créer des services, à l’image de la RaboBank, et de mobiliser une aide publique au développement suffisante.


Mme JANE STEWART, du Bureau de l’OIT auprès de l’ONU, a expliqué que l’OIT a tenu plusieurs débats sur les stratégies à adopter pour lutter contre l’économie informelle.  Rappelant que les pauvres n’ont pas le luxe de ne pas travailler, elle a souligné l’importance de leur fournir les connaissances dont ils ont besoin pour comprendre comment être plus productifs.  Il y a une pauvreté d’emplois productifs et une pauvreté de la reconnaissance de la situation des gens et de l’assistance sociale dont ils ont besoin, a-t-elle fait remarquer, avant de souligner que le travail confère de la dignité aux individus.  Elle a également relevé l’importance de développer des infrastructures qui, a-t-elle précisé, devraient être de plus en plus « vertes ».  Un rôle central doit être accordé aux ressources humaines, et il faut intégrer le travail décent au sein des politiques macroéconomiques et y assurer une formation des personnes et un renforcement du secteur productif, a-t-elle préconisé.  Le programme pour un travail décent et durable est un excellent outil pour sortir du cercle vicieux de la pauvreté et pour rendre la Deuxième Décennie rapidement productive, a-t-elle estimé.


Le représentant du Pakistan a fait remarquer que tantôt on se félicite des progrès considérables réalisés dans l’éradication de la pauvreté, tantôt on déplore que beaucoup reste à faire.  Tout ce que les pauvres savent, c’est qu’après des années d’espoirs et d’attentes, le verre leur semble toujours à moitié vide, a-t-il souligné. 


Les familles pauvres sont composées de personnes qui luttent au quotidien pour leur simple survie, a-t-il rappelé, avant de relever l’importance de soutenir ceux qui se trouvent sous le seuil de la pauvreté tout en aidant ceux qui viennent d’en sortir pour éviter qu’ils y replongent.


Le représentant de la République islamique d’Iran a attiré l’attention sur la nature des obstacles auxquels sont confrontés les pays.  Il faut faire plus pour que cette Deuxième Décennie soit une réussite, a-t-il souligné, plaidant pour une meilleure prise en considération des causes profondes de la pauvreté à partir des leçons tirées de la Première Décennie.  Il faut réduire les dépenses militaires au niveau mondial pour dégager plus de ressources pour le développement.  Il faut aussi mieux investir dans les régions qui sont dans le besoin, et il faut atteindre l’objectif fixé à l’aide publique au développement (APD), a-t-il ajouté.


SOUVERAINETÉ PERMANENTE DU PEUPLE PALESTINIEN DANS LE TERRITOIRE PALESTINIEN OCCUPÉ, Y COMPRIS JÉRUSALEM-EST, ET DE LA POPULATION ARABE DANS LE GOLAN SYRIEN OCCUPÉ SUR LEURS RESSOURCES NATURELLES


Présentation et débat général


Échange de questions et de réponses après la présentation du rapport du Secrétaire général


Après la présentation du rapport du Secrétaire général relatif à la question ci-dessus mentionnée, le représentant de la Palestine a regretté que lorsqu’il parle des attaques lancées par des Palestiniens contre les forces de l’occupant, le rapport donne l’impression que l’occupation israélienne est la conséquence de ces attaques.  Ceci est faux, a-t-il souligné en insistant que ces attaques n’étaient que des réactions à l’occupation illégale menée par Israël.  Il a également déploré que la mention des conflits internes palestiniens et de leurs répercussions donnent une impression erronée, qui voudrait insinuer que les conditions difficiles dans lesquelles vivent les populations palestiniennes subissant l’occupation sont causées par la situation de division entre factions palestiniennes qui a aujourd’hui cours dans les territoires palestiniens occupés.  Il a toutefois reconnu que les chiffres relatifs aux conditions de vie et aux conditions économiques montrent clairement le lien existant entre les souffrances des Palestiniens et l’occupation israélienne.  Pour conclure, il a attiré l’attention de la Commission sur l’importance des preuves visuelles, souhaitant, à cet égard, que le rapport contienne des tableaux et des données qui mettent en lumière la situation sociale et économique des Palestiniens.


Le représentant de la République arabe syrienne a demandé des clarifications sur les origines des informations figurant dans le rapport, et a voulu savoir si les experts de la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) avaient eu l’occasion de visiter les territoires palestiniens occupés, afin de voir, par eux-mêmes, la réalité quotidienne de la vie imposée aux Palestiniens et aux Syriens.  Y-a-il eu une coopération étroite, au moment de l’élaboration du rapport, entre ses rédacteurs et les agences et programmes des Nations Unies actifs sur le terrain?, a-t-il demandé. 


M. AMR NOUR, Chef du Bureau des commissions régionales à New York, a indiqué que le rapport était le fruit de longues consultations entre la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale et les experts travaillant sur le terrain.  Les experts ont la possibilité de se rendre sur place, et ont une bonne connaissance de la situation qui prévaut sur le terrain, a-t-il assuré.  Le rapport est également le fruit des contributions des agences qui travaillent sur le terrain, a-t-il ajouté.  Rappelant que le rapport compte 34 notes de bas de page, il a souligné qu’il s’agit d’un des rapports les plus étayés parlant de la situation qui prévaut dans les territoires arabes occupés.


Déclarations


M. HASSAN SALEH (Liban), qui prenait la parole au nom du Groupe des États arabes, a rappelé que les Palestiniens souffraient depuis plus de quatre décennies de l’occupation israélienne ainsi que des pratiques, politiques et mesures oppressives israéliennes, qui constituent une violation flagrante de toutes les conventions et coutumes internationales.  Il a ajouté que les politiques israéliennes et les autres actes d’abus de la puissance occupante étaient commis en totale ignorance et en rejet des centaines de résolutions adoptées par les Nations Unies.  Il a indiqué que les arrestations arbitraires, l’usage excessif de la force, la destruction de maisons, la restriction de la liberté de mouvement, et les politiques de blocus menées dans les territoires palestiniens occupés avaient restreint l’accès des Palestiniens aux services de santé, à l’éducation, au marché de l’emploi et à leurs ressources naturelles.  Il a noté qu’Israël avait imposé un siège économique suffoquant aux Palestiniens, et augmenté les restrictions à l’encontre des agences humanitaires travaillant dans les territoires occupés, particulièrement dans la bande de Gaza. 


Rappelant les confiscations de terres et les nouvelles constructions entreprises par Israël, répertoriées dans le rapport de la CESAO, le représentant a, par ailleurs, insisté sur le délit que constitue l’érection du mur de séparation dont 80% de la construction est achevée.  Il a souligné que ce mur mènerait à une nouvelle réalité qui contredit l’esprit et la lettre du processus de paix entamé à Madrid.  Il a constaté que le mur de séparation annexerait 10,2% des terres de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, au profit d’Israël.  Il a rappelé que pour la seule année 2004, la construction de ce mur avait déplacé plus de 11 000 Palestiniens et séparera, dans sa phase finale, plus de 50 000 Palestiniens vivant dans 15 communautés résidentielles, du reste de la Cisjordanie.  Il a fait remarquer que ces Palestiniens devront obtenir des permis de résidence à long terme ou permanent pour vivre dans leurs maisons ou sur des terres qui pourtant leur appartiennent.  De plus, il a constaté que le mur avait été conçu pour inclure les ressources naturelles palestiniennes, dont celles d’eau potable, niant ainsi le droit des Palestiniens à ces ressources. 


M. Saleh a indiqué qu’alors que le monde s’accordait pour mettre en avant l’importance de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), l’occupation israélienne rendait ceux-ci hors d’atteinte pour la population palestinienne, qui souffre toujours plus de la pauvreté, de la faim, et de niveaux élevés de chômage.  Il a déclaré que les Palestiniens ont été privés des droits de l’homme les plus élémentaires, ainsi que du droit au développement, à la souveraineté sur leurs ressources naturelles, et du simple droit à l’alimentation.  Il a estimé que toutes ces questions exigeaient que les États Membres œuvrent ensemble afin de forcer Israël, puissance occupante, à respecter les engagements qu’il a pris, conformément au droit international, au droit humanitaire international, et aux résolutions pertinentes des Nations Unies.  Il a assuré que tant que l’occupation israélienne des territoires palestiniens et syriens se poursuivrait, et à la lumière de l’incapacité de la communauté internationale à y mettre fin, l'Assemblée générale de l’ONU, et particulièrement la Deuxième Commission, aurait la responsabilité de souligner l’impact économique, social et écologique néfaste de cette occupation.


M. AMMAR HIJAZI, Observateur permanent de la Palestine, a rappelé que le peuple palestinien a, cette année, commémoré les soixante années de la Nakba, la catastrophe survenue en 1948 lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont été forcés de fuir leur maison et leurs terres, du fait de la déclaration de création d’Israël et des événements qui l’ont suivie.  Il a également attiré l’attention sur les suites de cette catastrophe, soit 41 années d’occupation militaire brutale de la part d’Israël, a-t-il indiqué, en soulignant à ce sujet l’impuissance du peuple palestinien face à la puissance occupante qui confisque, exploite et dégrade les ressources naturelles palestiniennes.  Il a fait remarquer qu’il est indéniable que l’exploitation illégale et la dégradation des ressources naturelles des territoires palestiniens occupés ont eu un impact direct sur la progression de la sécheresse et de la désertification en Palestine.  Les rares ressources en eau, a-t-il poursuivi, ont été réduites, notamment en raison de la construction illicite du mur d’annexion d’Israël.  De fait, lors de la première phase de construction du mur, la puissance occupante a confisqué 200 citernes et 36 sources d’eau, a-t-il précisé.  Le représentant palestinien a également souligné que la puissance occupante utilise 73% de l’eau disponible en Cisjordanie, alors que les Palestiniens n’en utilisent que 17%.  Il a fait valoir que par voie de conséquence, un demi-million de Palestiniens doivent acheter l’eau qu’ils consomment dans leurs foyers, mais également celle nécessaire pour leurs activités agricoles et industrielles.  Pour ce qui est de la situation dans la bande de Gaza, 70% des familles ne reçoivent de l’eau qu’une fois tous les cinq jours, a ajouté le représentant.


M. Hijazi a déploré que la puissance occupante refuse aux Palestiniens le droit de mettre en place des projets dans les domaines de l’eau et de l’environnement.  Cette situation, a-t-il précisé, est insoutenable et constitue une grave violation du droit à l’alimentation.  En outre, les dégâts environnementaux, liés à la pollution, sont sources de grave préoccupation pour les Palestiniens, a ajouté M. Hijazi, en faisant valoir que les colonies israéliennes implantées dans le territoire occupé et à Jérusalem-Est, accueillent près de 200 entreprises qui produisent des toxines et polluent l’eau et les terres de la région.  De même, la puissance occupante a détruit près d’un million et demi d’arbres dans le territoire palestinien occupé, et 15% des terres les plus fertiles de Cisjordanie ont déjà été confisquées, a-t-il déploré.  Le représentant de la Palestine a, par ailleurs, fustigé les restrictions imposées aux mouvements des Palestiniens par la puissance occupante, ainsi que la brutalité des colons israéliens à l’encontre des fermiers, activistes et journalistes palestiniens, faisant remarquer que les effets désastreux de l’occupation israélienne sur les ressources naturelles et l’environnement ne sont que la pointe visible de l’iceberg.  M. Hijazi a condamné le recours, par la puissance occupante, à une rhétorique de la paix « pour gagner du temps ».  Il a souligné que le peuple palestinien continuera de revendiquer ses droits, tant qu’Israël n’aura pas cessé l’exploitation de ses ressources, et tant que le peuple palestinien ne sera pas dédommagé.


M. ALI RASHED AHMED ALMAZROUEI (Émirats arabes unis) a indiqué que les crises humanitaire et sociale palestiniennes se poursuivaient du fait de la persistance de l’occupation israélienne.  Il a mis en avant la séparation des territoires palestiniens et l’imposition de blocus et d’embargo sur les villes palestiniennes, la présence de points de contrôle sur les différentes routes et les différents passages, ainsi que les contraintes imposées aux mouvements des marchandises et des personnes.  Il a ajouté que ces obstacles avaient eu pour résultat une réduction du produit intérieur brut (PIB) par habitant palestinien et une hausse du chômage, ainsi que la malnutrition, notamment des enfants.  Il a fait part de sa préoccupation concernant l’impact de la politique d’expansion d’Israël, qui confisque des terres et des ressources naturelles palestiniennes et persiste à construire le mur de séparation, détruisant des terres arables et des produits agricoles.  Il a souligné qu’Israël violait le droit international et les résolutions internationales, ainsi que les droits politiques, économiques et culturels des Palestiniens.  Le représentant a fait un constat similaire de la situation prévalant au Golan syrien, notant qu’Israël continuait à y construire des colonies illicites pour changer l’identité historique de cette région. 


Le représentant des Émirats arabes unis a apporté le plein appui de son pays au peuple et au Gouvernement palestiniens, surtout en ce qui concerne les activités visant à récupérer leurs territoires et à exercer leurs droits à la terre, aux ressources et à la souveraineté.  Il a aussi soutenu le droit de la Syrie à récupérer le territoire du Golan.  Il a appelé à adopter toutes les mesures nécessaires pour qu’Israël mette fin à son agression et rende tous les territoires qu’il occupe en Palestine et en Syrie.  Il a d’autre part sommé Israël de mettre fin à la construction de colonies et de procéder au démantèlement de celles existantes tout en mettant fin à l’exploitation des ressources naturelles palestiniennes et syriennes.  Il a aussi insisté sur la nécessité de tenir Israël responsable de ses actes, pour qu’il indemnise les Palestiniens pour tout ce dont ils ont souffert.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à augmenter son aide humanitaire et économique aux Palestiniens afin de permettre aux autorités palestiniennes de remplir leur rôle et de tenir leurs engagements. 


M. AMAR DAOUD (Soudan) a fait remarquer que l’occupation israélienne continue d’« agresser » le peuple palestinien et les populations arabes du Golan syrien occupé.  Il a souligné que la puissance occupante impose non seulement des contraintes à la circulation mais a également étendu ces contraintes jusqu’à entraver le travail des agences humanitaires.  L’extrême pauvreté a augmenté, l’accès au bien-être est sapé, et la construction du mur et l’établissement des colonies ont miné les conditions de vie des Palestiniens, a-t-il dit.  Le représentant soudanais a également fustigé les arrestations et les détentions arbitraires, ainsi que la destruction et la confiscation des ressources. « La construction du mur est une violation flagrante du droit international », a-t-il insisté, faisant référence à l’arrêt rendu par la Cour internationale de Justice en 2004.  Il a attiré l’attention de la Commission sur l’impact des colonies israéliennes sur la vie des Palestiniens, soulignant qu’« elles ont mené à la confiscation de terres et au déplacement de plusieurs milliers de personnes ».  Les colonies et les routes sont fermées aux Palestiniens, et l’expansion des colonies continue encore aujourd’hui, a-t-il déploré, tout en précisant qu’Israël cherche aujourd’hui à construire plusieurs colonies dans Jérusalem-Est.  Il a souligné qu’Israël exploite 91% des ressources en eau du territoire palestinien occupé, ne laissant que 9% pour les Palestiniens en Cisjordanie, avant d’attirer l’attention sur les conséquences d’une telle réalité pour la sécurité alimentaire.  Il a, en outre, fait état de lacunes dans le domaine sanitaire, suite à l’embargo et aux points de contrôle imposés par Israël.  Le représentant soudanais a indiqué que son pays suit avec préoccupation ces agissements qui, a-t-il précisé, « contreviennent au droit international, au droit international humanitaire et à la Déclaration universelle des droits de l’homme ».  La communauté internationale doit prendre ses responsabilités et mettre un terme au calvaire des Palestiniens, a-t-il conclu.


M. SYED ALI AL-HABSHEE (Malaisie) s’est inquiété de certaines questions citées dans le rapport de la CESAO, dont la destruction de 83 structures résidentielles entre février et décembre 2007, et le fait que la fourniture d’eau dans les territoires palestiniens occupés soit bien en dessous des normes minimum recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).  Il a aussi noté que les restrictions de mouvements et la politique de blocages des forces armées israéliennes entravaient les activités économiques normales.  Il a estimé que l’attitude d’Israël n’était guère surprenante, étant donné son histoire d’oppression brutale à l’encontre de ceux vivant sous son occupation, et a critiqué le manque de respect d’Israël pour les normes et les lois qui gouvernent les États civilisés.  Le représentant a aussi indiqué qu’Israël continuait à restreindre les mouvements des travailleurs humanitaires, alors que le nombre de personne dépendant de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour leur survie est passé de 63% de la population vivant sous occupation en 2006 à 80% en 2007.  Il a soutenu que, selon le Programme alimentaire mondial (PAM), il existait une pénurie importante de nourriture dans le territoire palestinien occupé et que davantage d’aide était nécessaire pour prévenir une crise humanitaire.  À Gaza, 302 000 personnes souffrent de pénurie alimentaire, a-t-il ajouté. 


Il s’est dit préoccupé par le fait que les Palestiniens souffriront encore plus l’année prochaine, alors que l’on anticipe un déclin des niveaux d’aide publique au développement.  Il a aussi regretté que les Palestiniens n’aient pu bénéficier de la hausse des prix alimentaires, notamment par l’exportation d’huile d’olive, en raison des restrictions imposées par Israël.  Il a précisé qu’en 2006/2007, 7 000 tonnes d’huile d’olive palestinienne, équivalant à 28 millions de dollars des États Unis, n’ont ainsi pu être vendues.  Le représentant a demandé qu’Israël respecte l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) de 2004 qui vise à mettre un terme à la construction du mur et à dédommager les Palestiniens pour tous les dommages causés.  Il a aussi demandé un engagement sincère et fort de toutes les parties afin de trouver une solution durable au conflit et de reconnaître le droit de la population sur ses ressources.


M. KHALID SHANABKAH (Jordanie) a fait remarquer que la construction des colonies israéliennes a eu des conséquences dévastatrices pour les populations palestinienne et arabe, surtout s’agissant de leurs droits à des conditions de vie décentes, à des soins de santé et à l’emploi.  La sécurité alimentaire dans les territoires occupés est menacée, a-t-il averti.  Il a, en effet, fait remarquer que les colonies rejettent leurs eaux usées, sans les traiter, celles-ci venant polluer les nappes phréatiques palestiniennes.  Il a également fait part d’autres conséquences comme la déforestation, des glissements de terrain, et la destruction de la biodiversité.  Il a fait remarquer que le mur de séparation construit par Israël a entraîné des dommages majeurs dans le secteur agricole.  En outre, en raison de la construction de plusieurs milliers de bâtiments au-delà du mur, des familles se sont vues privées de leurs sources de revenus, a-t-il souligné, déplorant que des mesures supplémentaires aient été prises pour boucler encore plus de zones palestiniennes.  Chaque année, les Palestiniens perdent des tonnes de fruits et de légumes, des têtes de bétail et des pâturages, a-t-il déploré.  Il a également attiré l’attention sur l’impact des agissements israéliens sur l’environnement, dénonçant le fait que les ressources en eau soient sous supervision israélienne.  Il faudra des années de compensation pour réparer les dommages causés, a-t-il averti, attirant l’attention de la Commission sur les répercussions des agissements d’Israël sur la pauvreté, la faim, le chômage et l’autonomisation des femmes palestiniennes.  Les pratiques israéliennes entravent la paix et les progrès en vue de la paix, a-t-il insisté.  Il a ainsi demandé qu’Israël cesse ces agissements, mette un terme à la construction du mur, et rende toutes les terres confisquées aux Palestiniens.


Mme DEWI SAVITRI WAHAB (Indonésie) a rappelé que la récente Réunion de haut niveau sur les Objectifs du Millénaire pour le développement avait mis l’accent sur l’importance de donner un meilleur accès aux ressources aux régions qui sont à la traîne dans la réalisation de ces objectifs.  Elle a estimé qu’il fallait inclure les Palestiniens parmi ceux dont les efforts pour parvenir aux OMD sont entravés.  Elle a noté que bien que 2008 devait être l’année de la transition politique pour les Palestiniens, les changements se font encore attendre.  Les obstacles à l’accès aux ressources et la situation économique grave demeurent une réalité dans les territoires occupés, a-t-elle dit.   Elle a affirmé qu’il fallait traiter de manière urgente des problèmes des activités de colonisation israélienne qui sont une violation flagrante du droit international et ont des conséquences économiques graves.  Elles dépossèdent les Palestiniens de leurs terres et de leurs ressources, a-t-elle poursuivi.  En outre, elle a indiqué que la situation humanitaire des Palestiniens nécessitait une attention urgente, alors que tous les indicateurs montrent que leurs conditions de vie se détériorent sans cesse.  Elle s’est félicitée de l’appel consolidé 2008 des Nations Unies, mais a rappelé que cela ne constituait pas une stratégie à long terme et que seule une solution politique permanente pouvait permettre d’améliorer les conditions de vie dans les territoires.  Elle a ajouté que la création d’un État palestinien était la solution aux divers problèmes de la population. 


Toutefois, elle a fait valoir que cela nécessiterait une préparation et une planification continues et que la communauté internationale devait équiper les Palestiniens pour toutes les responsabilités qu’ils auront alors à assumer.  Insistant sur le financement nécessaire pour y parvenir, la représentante a salué les résultats de la Conférence des donateurs tenue à Paris, notamment.  De plus, elle a noté que son pays travaillait, à travers le Nouveau Partenariat stratégique Asie-Afrique pour renforcer les capacités techniques de la population palestinienne.  Elle a indiqué que ce Partenariat avait organisé une conférence ministérielle, à Jakarta, le 14 juillet 2008, pour le renforcement des capacités en Palestine, qui a permis de recueillir des promesses de formation pour 10 000 Palestiniens.


M. TARIA ALFAYEZ (Arabie saoudite) a rappelé l’embargo économique étouffant imposé aux Palestiniens, ainsi que la construction de colonies israéliennes.  Il a estimé que la seule façon de mettre un terme à cette situation dangereuse était d’établir la paix entre Israéliens et Palestiniens, de mettre un terme à ce conflit, ce qui aurait des répercussions positives sur la paix et la stabilité internationales.  Sinon, la souffrance des Palestiniens augmentera et leurs possibilités de développement diminueront, a-t-i averti.  Il a affirmé que l’histoire montrait qu’un engagement permanent en faveur d’une paix équitable mènerait au règlement de la situation de conflit actuelle.  S’agissant des pourparlers de paix, il a appelé les deux parties à trouver une solution exhaustive, tout en notant que les forces d’occupation n’avaient pas de capital de crédibilité et que tous les efforts préalables s’étaient concentrés sur des solutions partielles à ce conflit.  Cela n’a pas mis un terme à la souffrance du peuple palestinien, a-t-il constaté.  Soulignant l’importance de trouver une nouvelle vision, le représentant a mis en avant l’Initiative de paix arabe, déclarant qu’elle constituait une opportunité unique pour établir la paix au Moyen-Orient.  Il a précisé que celle-ci se proposait de mettre un terme à ce conflit en respectant les accords qui se fondent sur le retrait des forces israéliennes des territoires occupés en 1967.  Chacune des parties au conflit doit assumer ses responsabilités, a-t-il poursuivi.  Il a indiqué que les pays arabes s’étaient engagés envers la paix et que c’était désormais aux forces internationales de modifier leur approche face à ce conflit.  Il a déclaré qu’Israël devait au moins mettre un terme aux violations quotidiennes des droits de l’homme, et arrêter la construction de colonies et du mur de séparation, afin de façonner une nouvelle réalité. 


M. BASHAR JA’AFARI (République arabe syrienne) a attiré l’attention de la Commission sur les souffrances des peuples vivant sous l’occupation israélienne, souffrances qui, a-t-il précisé, persistent en dépit des résolutions adoptées par la communauté internationale.  Il a fait remarquer que le rapport met en exergue certaines de ces souffrances, notamment par le biais de faits et de chiffres qui reflètent les agissements d’Israël et montrent que les commandants de l’armée israélienne commettent des crimes contre l’humanité.  Il a précisé, par ailleurs, que ces personnes devraient être jugées pour ces actes.  Les souffrances persistent, a-t-il répété.  S’intéressant plus précisément au « joug imposé par Israël sur le peuple syrien », il a voulu attirer l’attention sur certaines de ces pratiques.  Partant, il a expliqué qu’Israël persiste à étendre ses colonies sur les ruines des villages syriens dans le Golan occupé.  Les mines antipersonnel menacent les habitants des villages syriens, a-t-il poursuivi, soulignant que quatre enfants syriens ont été blessés en 2006 en raison de ces mines qui avaient la forme d’un jouet.  Israël pille les ressources naturelles du Golan et prive les Syriens de l’exploitation de ses ressources.  Il détruit les terres arables et déracine les arbres, a-t-il déploré.  Le représentant syrien a également dénoncé les pratiques de naturalisation forcée.  Les politiques d’occupation violent les droits de l’homme et les instruments internationaux, a-t-il ajouté. 


M. Ja’afari a, par ailleurs, dénoncé la position de certains États qui plaident en faveur des droits de l’homme dans toutes les enceintes internationales, mais, lors des délibérations sur les résolutions relatives aux droits économiques, sociaux et culturels, refusent de citer les souffrances des populations vivant sous occupation étrangère.  Il s’est dit d’avis que si l’Assemblée générale n’est pas en mesure d’imposer ses résolutions, c’est en raison du déséquilibre du pouvoir politique.  Il a toutefois fait valoir que ces résolutions n’en ont pas moins d’importance.  Il a estimé qu’il est de la responsabilité morale de la communauté internationale de poursuivre dans cette voie et de défendre les peuples vivant sous occupation étrangère.  La Deuxième Commission ne doit pas ménager ses efforts pour exercer une pression sur les puissances occupantes, a-t-il conclu.


M. AWSAN AL-AUD (Yémen) a constaté la poursuite des agressions à l’égard du peuple palestinien, de ses propriétés et de ses biens.  Il a attiré l’attention sur les pratiques israéliennes s’agissant de l’agriculture, principale source de revenu pour les Palestiniens.  Il a indiqué que le secteur agricole palestinien souffrait de pertes énormes en raison de la destruction de terres arables et du déracinement d’arbres.  Reprenant les chiffres du rapport de la CESAO dans ce domaine, il a affirmé que toutes ces pratiques israéliennes avaient contribué à l’escalade de la pauvreté en Palestine et entravaient les efforts de l’Autorité palestinienne visant à réaliser les OMD.  En outre, il a fait remarquer qu’au Golan syrien occupé, les fermiers n’obtenaient que 25% de l’eau dont ils avaient besoin par exemple, et qu’Israël imposait également des droits élevés sur les produits, ce qui les rend plus difficiles à commercialiser.  Ceci a donc une incidence néfaste sur les revenus des fermiers.  Il a déclaré que ces politiques d’agression systématique, pratiquées par Israël, étaient des violations flagrantes du droit international.  Il a argué que le fait de prendre le secteur agricole pour cible avait pour objectif de le détruire, alors que c’est la colonne vertébrale de l’économie des Palestiniens. 


M. ELI BEN TURA (Israël) s’est dit déçu que la Deuxième Commission persiste à considérer ce point qui reste inscrit à son ordre du jour.  Il l’a qualifié de « sélectif, partial et politisé ».  Cette discussion ne fait pas progresser la paix, pas plus qu’elle ne fait avancer la question du partage des ressources qui, a-t-il précisé, a toujours fait l’objet de concertations bilatérales.  Il a estimé que cette discussion n’est qu’un instrument politique qui sert « à promouvoir une campagne de désinformation partiale et déséquilibrée qui dénigre l’État d’Israël ».  Il a déploré qu’aucune référence ne soit faite « des attaques régulières du Hamas contre les citoyens israéliens », précisant que des roquettes sont lancées au hasard sur les villes, avec pour simple objectif de tuer et de blesser « autant de civils innocents que possible ».  À aucun moment du débat, les incitations « vicieuses » contre Israël auxquelles s’adonnent les professeurs des écoles « dirigées » par le Hamas n’ont été condamnées, a-t-il ajouté.


M. Ben Tura a également déploré les attaques fréquentes « menées par les terroristes du Hamas » aux passages de frontières entre Israël et la bande de Gaza, arguant que ces points de passage sont essentiels pour l’assistance humanitaire.  Les mesures de sécurité d’Israël sont une réponse nécessaire aux menaces que le pays doit affronter, a-t-il fait valoir.  S’il n’y avait pas de terrorisme, il n’y aurait pas de mesures de sécurité, a-t-il ajouté.  Le représentant israélien a, par ailleurs, déploré que le rapport ne fasse aucune mention du fait que l’autorité palestinienne exerce déjà une juridiction sur de nombreuses ressources naturelles et que des arrangements de coopération sont prévus pour les autres ressources.  D’une manière générale, il s’est dit d’avis que la Deuxième Commission devrait porter son attention « sur des questions internationales urgentes qui concernent tous les pays, plutôt qu’isoler une seule question qui incrimine un seul pays ».  La situation économique et sociale de toutes les parties s’améliorera une fois que les Israéliens et les Palestiniens auront négocié un accord juste, équilibré et durable, a-t-il souligné.  Insistant sur le fait que la paix ne sera trouvée que par le biais d’un dialogue bilatéral « authentique », il a fait remarquer qu’ « instrumentaliser la Deuxième Commission sur cette question » ne saurait promouvoir la paix dans la région.


Mme CLAUDIA LOZA (Nicaragua) a déclaré qu’il n’était pas pertinent de parler de croissance quand un peuple ne peut exercer de contrôle sur sa terre et ses ressources naturelles, encore moins quand l’État occupant ne permet pas à ce peuple de jouir de droits de base tels que les droits à la santé et à l’éducation.  Elle a avancé que l’étranglement de l’économie palestinienne était une conséquence directe de l’occupation.  Le peuple palestinien ne peut se consacrer pleinement à son développement économique et social si sa priorité est de survivre aux bombardements commis par les forces armées israéliennes, a-t-elle ajouté.  Elle a, par ailleurs, estimé que le mur de séparation était un crime contre des personnes innocentes.  Rappelant que le Nicaragua avait souffert de l’occupation étrangère, elle a réaffirmé la légitimité de la lutte du peuple palestinien jusqu’à ce qu’il soit doté d’un État indépendant, avec des frontières clairement définies et reconnues.  Elle a indiqué qu’il fallait faire respecter les résolutions qui obligent Israël à reconnaitre la souveraineté du peuple palestinien et de lui permettre de retourner sur le territoire qui lui appartient historiquement.  Mme Loza a ensuite condamné les violations du droit international et des résolutions des Nations Unies commises par Israël


M. MOHAMMED ASHOON (Oman) a expliqué que son Gouvernement a, à plusieurs reprises, dénoncé les pratiques israéliennes commises dans les territoires arabes occupés.  Il a condamné l’établissement de colonies et l’utilisation des ressources naturelles palestiniennes et syriennes par Israël, attirant l’attention sur les dommages, les pertes et la destruction des ressources liées à ces activités.  M. Ashoon a également déploré que le mur de séparation construit pas la puissance occupante ait mené à la privation pour les Palestiniens et ait limité les droits fondamentaux des Palestiniens sur les terres ainsi confisquées.  À l’heure actuelle, plus de 473 000 colons vivent en Cisjordanie, dans 132 colonies reconnues par le Gouvernement israélien, et près d’une centaine d’autres, jugées illicites, qui n’ont pas reçu l’aval des autorités israéliennes, a-t-il expliqué.  Il a fait état de dommages environnementaux, d’arbres brûlés, de déchets déversés dans le voisinage des villages palestiniens qui en diminuent la qualité des terres arables en empoisonnent les eaux souterraines.  Selon l’Association agricole palestinienne, des centaines de familles dont le revenu dépend de l’agriculture ont perdu leurs terres, a-t-il ajouté.  Israël, a-t-il poursuivi, s’est octroyé le droit de la gestion des ressources en eaux et a privé les Palestiniens d’eau potable et propre.  Pour conclure, il s’est dit persuadé que la meilleure solution est la paix, et a appelé la communauté internationale à œuvrer à cette fin.


Rappelant la situation économique mondiale actuelle, M. MOHAMED AL MURBATI (Bahreïn) a déclaré que la croissance économique dans tous les pays du monde était liée à la sécurité et à la paix.  Il a noté qu’Israël, depuis qu’il occupe les territoires arabes depuis 1967, établissait des colonies de peuplement et utilisait les ressources naturelles des territoires occupés, en violation flagrante des résolutions des Nations Unies.  Il a mis en avant les textes qui reconnaissent le droit des Palestiniens à revendiquer des indemnisations suite aux abus commis par les Israéliens et aux pertes de ressources naturelles subies par les Palestiniens.  Il a de plus estimé que les mesures d’oppression d’Israël visaient à isoler les populations des territoires occupés.  Ces pratiques ont mené à la détérioration de la situation économique palestinienne, tout en entravant l’accès de la population à la santé, à l’éducation, à l’emploi, empirant ainsi la pauvreté.  Le représentant a ajouté que les activités de colonisation étaient la cause de la détérioration de l’environnement et de la mauvaise gestion des ressources en eau, qui sont déjà très rares au Moyen-Orient.  Il a rappelé que la colonisation, bien que légale dans le droit israélien, n’est pas une pratique légale au titre des conventions internationales.  Il a noté qu’en dépit de l’avis consultatif de 2004 de la CIJ, Israël continuait à construire le mur de séparation, avec des conséquences dévastatrices pour l’agriculture de la Palestine.  Face à ces restrictions et à ces problèmes économiques et humanitaires, il a argué que la seule solution était un règlement politique qui mette fin à l’occupation et octroie aux Palestiniens tous leurs droits et leur indépendance. 


M. HATEM TAG-ELDIN (Égypte) a estimé que le contenu du rapport du Secrétaire général sur les ressources des territoires arabes occupés justifie la préoccupation internationale croissante à l’égard de la détérioration des conditions de vie des populations palestiniennes vivant sous occupation.  Les droits du peuple palestinien ne sont pas respectés par la puissance occupante, et leur droit à l’utilisation et à l’exploitation de leurs ressources est tout autant violé, a-t-il fait remarquer.  Il a également fustigé les pratiques israéliennes de détentions arbitraires, de déplacements des populations et de destruction et confiscation des terres pour assurer la construction du mur de séparation, au mépris de l’arrêt consultatif de la Cour internationale de Justice.  Des arbres sont déracinés et des récoltes détruites, a-t-il ajouté, précisant que ces faits violent également le droit international.  Il a réitéré l’importance d’assurer une intervention efficace de la communauté internationale face à la détérioration de la situation du peuple palestinien.  Il a attiré l’attention sur les taux de chômage, la malnutrition, et les problèmes de santé qui prévalent parmi les Palestiniens, ainsi que les politiques discriminatoires et de limitation de la circulation, pratiquées par Israël.  Les souffrances du peuple arabe réduisent la capacité de ce peuple à gérer ses ressources naturelles, a-t-il précisé.  Le représentant égyptien a assuré que son pays déploie tous ses efforts pour maintenir la dynamique du processus de paix qui œuvre pour la construction d’un État palestinien indépendant qui jouirait de la souveraineté sur ses ressources.  Le plan de paix prévoit le retrait d’Israël des territoires qu’il occupe depuis 1967, a rappelé le représentant.  Il ne pourra y avoir de changement radical de la situation humanitaire s’il n’y a pas un règlement complet et juste de la question israélo-palestinienne et si on ne voit pas la création d’un État palestinien, a-t-il averti.


M. YACOUB Al NASRALLAH (Koweït) a fait part de la préoccupation de sa délégation en ce qui a trait aux « pratiques inhumaines israéliennes » contre le peuple palestinien.  Il a estimé que les pratiques de la machine militaire israélienne, ainsi que les mesures prises par l’autorité d’occupation, avaient entravé toute possibilité pour les populations des territoires occupés de parvenir aux éléments minimum pour la création de conditions décentes de vie.  Il a affirmé que la construction du mur de séparation avait créé un nouveau schéma d’émigration interne, qui a mené au déplacement de gens dans toute la Cisjordanie.  Il a précisé que plus de 700 familles palestiniennes avaient perdu leurs terres agricoles et que 60 000 Palestiniens n’avaient plus accès à leur lieu de travail.  Par ailleurs, il a souligné que la puissance occupante avait le contrôle de la majorité des ressources en eau et que l’activité militaire avait endommagé le réseau d’adduction d’eau installé dans les territoires occupés.  Il a déclaré que les politiques d’occupation israélienne avaient contribué, en large partie, à la détérioration de l’économie palestinienne.  Il a aussi fait valoir que les politiques d’arrestation arbitraires avaient mené à l’emprisonnement de 9 400 prisonniers politiques, dont 120 femmes.  Il a dit qu’on ne pouvait ignorer les terribles faits qui se produisent sur le terrain et les terribles conséquences sociales et matérielles de l’occupation, telles qu’exposées dans le rapport de la CESAO.  Il a appuyé la mise en œuvre de l’Initiative de paix arabe afin de parvenir à une paix complète, juste et durable, ainsi qu’au retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés, y compris le Golan syrien. 


M. MOHAMED A. A. ALAHRAF (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que le rapport ne montre aucun changement de comportement de la part de la puissance d’occupation.  Il a souligné que le nombre des prisonniers palestiniens se monte à plus de 8 000, avant d’attirer l’attention sur les dommages psychologiques que de tels actes causent à la communauté palestinienne, du fait de la disparition de ses membres.  La puissance occupante poursuit la destruction de quartiers résidentiels, l’annexion de ressources d’eau potable, et la confiscation des terres, a-t-il souligné.  Elle poursuit la construction du mur au mépris de l’arrêt de la Cour internationale de Justice, soumet les citoyens palestiniens à des restrictions arbitraires et inhumaines et prive des milliers de familles palestiniennes de leurs moyens de subsistance, a-t-il poursuivi.  Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a également souligné que la politique de blocus de la puissance occupante entrave l’accès de l’assistance humanitaire et notamment la livraison des médicaments aux Palestiniens.  Il a déploré la paralysie de plusieurs secteurs productifs, qui a pour conséquence d’augmenter le taux de chômage, ainsi que de creuser les lacunes qu’ont déjà les services de santé.  « Les Palestiniens vivent dans des conditions de vie catastrophiques, du fait de l’occupation, a-t-il souligné ».


M. TALAL AL ENAZI (Qatar) a noté que le conflit israélo-palestinien méritait une solution immédiate, exhaustive, durable et équitable.  Il a rappelé que les Palestiniens étaient privés de leurs droits économiques et politiques depuis des années et a noté la détérioration récente de la situation.  Il a affirmé que la communauté internationale devait accorder toute l’attention nécessaire à la résolution de ce conflit.  Faisant référence au rapport de la CESAO, il a indiqué que celui-ci témoignait de la souffrance infligée au peuple palestinien par l’occupation israélienne.  Il a de plus fait valoir que les pratiques israéliennes constituaient des obstacles au développement économique et social du peuple palestinien.  Il a aussi mis en avant l’avis consultatif rendu par la CIJ en juillet 2004 sur la construction du mur, ainsi que les autres résolutions pertinentes des Nations Unies affirmant que si Israël souhaite vraiment la paix et la sécurité, il devrait mettre en œuvre les textes adoptés au niveau international.  Il a réitéré la légitimité de la lutte du peuple palestinien, qui devrait jouir de son droit national légitime et bénéficier de la création d’un État indépendant sur tout son territoire, avec Jérusalem-Est comme capitale.  Il a aussi appelé au retrait total d’Israël du Golan syrien occupé.


Exercice du droit de réponse


L’Observateur de la Palestine a souhaité exercer son droit de réponse.  Il a dit en réponse à la déclaration du délégué israélien, qui déplorait que la Deuxième Commission examine ce point, le qualifiant d’« agenda politique, partial et biaisé », que cette question est présentée à la Deuxième Commission, pour l’évaluation des incidences politiques et sociales des actes israéliens commis dans le territoire palestinien occupé.  Citant le rapport, il a souligné que le mur enferme 10 000 Palestiniens dans une « prison ouverte ».  Quatre-vingt sept pour cent de ce mur se trouvent dans le territoire palestinien occupé, 10% de la Cisjordanie se retrouve ainsi enfermée, a-t-il précisé.  S’agissant des restrictions à la liberté de circulation imposées aux Palestiniens, l’Observateur de la Palestine a souligné que le nombre des obstacles en place a augmenté.  Ces faits, contenus dans le rapport, expliquent pourquoi la Deuxième Commission s’intéresse à ce thème, a-t-il précisé, avant d’estimer que la délégation israélienne, plutôt que d’attaquer la Commission, devrait redoubler d’efforts pour inverser cette tendance.


Lettre datée du 8 juillet 2008, adressée au Secrétaire général par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Italie auprès de l’Organisation des Nations Unies (A/63/123)


La lettre contient le texte des quatre résolutions adoptées par la cent dix-huitième Assemblée de l’Union interparlementaire.  Ces résolutions portent, respectivement, sur les thèmes suivants: « Trouver un équilibre entre sécurité nationale, sécurité humaine et libertés individuelles, et déjouer la menace qui pèse sur la démocratie et le rôle des parlements »; « Le rôle que les parlements et l’Union interparlementaire peuvent jouer pour mettre fin immédiatement à la dégradation rapide de la situation humanitaire dans les zones de conflit et à sa dimension environnementale, pour faciliter l’exercice du droit des Palestiniens à l’autodétermination –en particulier en faisant cesser le blocus à Gaza– et pour accélérer la création d’un État palestinien au moyen d’un processus de paix viable »; « Les travailleurs migrants, la traite des êtres humains, la xénophobie et les droits de l’homme »; et « Contrôle parlementaire des politiques étatiques en matière d’aide étrangère ».


Rapport relatif aux répercussions économiques et sociales de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et de la population arabe du Golan syrien occupé (A/63/74)


Le rapport souligne que l’occupation israélienne du territoire palestinien ne cesse d’aggraver la situation socioéconomique des peuples palestinien et syrien.  Les attaques des activistes palestiniens et les tirs de roquettes sur les villes israéliennes depuis la bande de Gaza se poursuivent, tout comme les opérations militaires israéliennes, de concert avec les mesures de détention arbitraire, l’usage disproportionné de la force, la démolition des habitations, les considérables restrictions à la liberté de circulation et la politique de bouclage du territoire palestinien occupé, est-il souligné dans ce rapport.  Toutefois, la violence entre Palestiniens et Israéliens a diminué en 2007, tandis que s’intensifiait la violence entre Palestiniens, qui a abouti à la prise du pouvoir dans la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007.


Le rapport souligne que le conflit interne qui a lieu dans le territoire palestinien occupé a exacerbé les difficultés.  Après la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas, Israël a imposé de nouvelles restrictions sur la circulation des biens et des personnes dans la bande de Gaza, d’où la détérioration de la situation et les pénuries de produits de base, dont les denrées alimentaires, l’électricité et le carburant.  Les restrictions accrues posées aux opérations des organismes humanitaires ont entravé la fourniture de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, constate le rapport.


La politique de bouclage pratiquée par Israël, qui limite l’accès des Palestiniens aux services de santé et d’éducation, à l’emploi, aux marchés et aux réseaux d’organisations sociales et religieuses, a pour effet d’accroître la pauvreté et les besoins humanitaires dans le territoire palestinien occupé, poursuit le rapport.  L’implantation de colonies de peuplement israéliennes, la confiscation des terres, et la construction d’une barrière en Cisjordanie, en violation de la Convention de Genève et d’autres normes du droit international, isolent Jérusalem-Est occupée, divisent en deux la Cisjordanie, et compromettent toute vie économique et sociale normale, est-il souligné dans le document.


Le rapport souligne enfin qu’en violation des résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, Israël continue d’occuper le Golan syrien, d’y étendre des colonies de peuplement et d’imposer des restrictions aux citoyens syriens qui y habitent.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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