DANS UN CONTEXTE DE CRISE FINANCIÈRE, LA DEUXIÈME COMMISSION SOUHAITE QUE LA CONFÉRENCE DE DOHA PRODUISE DES « RÉSULTATS AMBITIEUX »
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Deuxième Commission
11e et 12e séances – matin et après-midi
DANS UN CONTEXTE DE CRISE FINANCIÈRE, LA DEUXIÈME COMMISSION SOUHAITE QUE LA CONFÉRENCE DE DOHA PRODUISE DES « RÉSULTATS AMBITIEUX »
À quelques semaines de la Conférence d’examen de la mise en œuvre des engagements du Consensus de Monterrey sur le financement du développement, qui va avoir lieu à Doha au Qatar, les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont souligné l’importance, pour cette rencontre de haut niveau, d’aboutir non seulement à un résultat ambitieux, mais aussi qu’au regard de la crise financière actuelle, ce résultat aille au-delà d’une simple réaffirmation des engagements pris dans le Consensus de Monterrey.
De nombreux représentants, dont celui d’Antigua-et-Barbuda qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont ainsi demandé que la Conférence qui doit se tenir à Doha, au Qatar, du 29 novembre au 2 décembre prochains, permette d’établir un plan d’action visant la pleine mise en œuvre du partenariat mondial en faveur du développement, établi à Monterrey en 2002. Toutefois, alors que le Document final de la Conférence est actuellement en cours de négociations au Siège des Nations Unies, les représentants ont aussi souhaité que la Conférence de Doha traite des questions systémiques qui affectent les efforts mondiaux en faveur du développement.
La communauté internationale doit reconnaître qu’un soutien économique accru est aujourd’hui nécessaire, notamment en matière de financement du développement, a notamment déclaré le représentant du Brésil. Face aux menaces que posent à l’heure actuelle les crises alimentaire, énergétique et financière, ainsi que les changements climatiques, aux pays en développement, de nombreuses délégations, et notamment celle de l’Indonésie, qui intervenait au nom des pays membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), ont également estimé que ces questions ne pouvaient être ignorées lors de la Conférence de Doha.
Un grand nombre de délégations, telles que celle du Kenya, qui parlait au nom du Groupe africain, et celle du Bangladesh, porte-parole du Groupe des pays les moins avancés, ont également déploré que l’environnement international favorable qui devait naître grâce à l’application des recommandations du Consensus de Monterrey n’était toujours pas en place. Elles ont ainsi cité les problèmes posés par le déclin de l’aide publique au développement (APD); par la persistance d’une dette insoutenable, ou encore, plus grave, par l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce. Il faut que la communauté internationale réponde à toutes ces préoccupations lors des travaux de la Conférence de Doha, ont exhorté les délégations.
Toutefois, dans le contexte actuel de crise financière, certaines délégations se sont inquiétées de savoir si les pays riches auraient encore réellement la volonté de porter assistance aux pays en développement, notamment aux plus faibles d’entre eux. Si les engagements en matière d’APD n’ont pas été respectés lorsque la conjoncture était bonne, quelles garanties avons-nous qu’ils seront respectés aujourd’hui?, a, par exemple, demandé le représentant des Philippines.
Avant d’entamer ce débat, les délégations ont entendu la présentation des rapports du Secrétaire général sur les derniers développements survenus dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et sur l’organisation de la Conférence de Doha*, par M. Alexander Trepelkov, du Bureau du financement pour le développement. De nombreux représentants ont, à cette occasion, souhaité que l’organisation de la Conférence de Doha tienne compte des événements économiques récents, notamment dans le choix des intervenants principaux et des thèmes à inscrire à son ordre du jour.
Dans l’après-midi, le Sous-Secrétaire général au développement économique, M. Jomo Kwame Sundaram, et le Représentant spécial du Fonds monétaire international auprès de l’ONU, M. Elliot Harris, ont fait des exposés sur la tenue des récentes réunions annuelles des institutions de Bretton Woods. La discussion interactive qu’ils ont eue avec les représentants des États Membres a souligné l’importance d’une part, de l’urgence qu’il y a à éviter une propagation en chaine de la crise financière, dont les effets risquent de peser lourdement sur les pays en développement, et d’autre part, de réformer à long terme l’architecture financière internationale.
Outre ceux déjà cités, les représentants des États Membres suivants ont pris la parole lors des débats de la journée: Chili (au nom du Groupe de Rio), Guatemala, Chine, Qatar, Colombie, Maroc, Japon, Algérie, Éthiopie, Ukraine, Bélarus, Jamahiriya arabe libyenne, El Salvador et Nigéria.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux en plénière lundi, le 20 octobre, à 10 heures.
* documents publiés sous la cote A/63/179 et A/63/345
SUIVI ET MISE EN ŒUVRE DES TEXTES ISSUS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE 2002 SUR LE FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT, ET PRÉPARATIFS DE LA CONFÉRENCE D’EXAMEN DE 2008
Discussion interactive après la présentation des rapports
Prenant la parole après la présentation des rapports soumis à la Commission, le représentant des États-Unis a soulevé un certain nombre de préoccupations ayant trait au fond même de la tenue de la prochaine Conférence d’examen de Doha. Nous avons reçu beaucoup d’informations sur l’organisation de la Conférence mais pas, par exemple, sur les participants, a-t-il précisé, en estimant qu’il semblait que l’accent n’avait pas encore été suffisamment mis sur la substance de la rencontre. Il a souhaité que les grands experts mondiaux du financement du développement soient réunis et que le programme de travail soit plus créatif pour permettre de discuter des questions actuelles. Au lieu d’un débat général sur l’iinvestissement étranger direct(IED), par exemple, il serait plus approprié d’examiner les obstacles auxquels font face les petites économies, a-t-il suggéré. Il a estimé que la Conférence offrait l’opportunité de traiter de problèmes réels et non pas uniquement d’avoir un débat général sur les six chapitres du Consensus de Monterrey. Il faut agir rapidement pour avoir un programme de travail plus pertinent, a-t-il insisté.
En réponse, M. ALEXANDER TREPELKOV, du Bureau pour le financement du développement, a rappelé que la résolution de l’Assemblée générale relative à la Conférence de Doha avait décidé des modalités de la Conférence, dont la tenue de réunions plénières et de six tables rondes basées sur les six thèmes du Consensus de Monterrey. Compte tenu de ces dispositions, le Secrétariat n’a pas une grande marge de manœuvre pour ce qui est du choix des thèmes des tables rondes. Mais cela ne signifie pas que l’on ne peut pas faire preuve de créativité, notamment en ce qui concerne les intervenants, a assuré M. Trepelkov. Par ailleurs, il a noté que le Secrétariat était actuellement en train d’explorer et de choisir les experts qui participeront à la Conférence. Il a encouragé toutes les délégations qui ont des suggestions à faire sur le sujet à les transmettre au Bureau pour le financement du développement.
Le représentant d’Antigua-et-Barbuda, a dit que sa délégation partageait l’opinion émise par celle des États-Unis, indiquant que les sujets de la Conférence devaient être pertinents et choisis à la lumière des circonstances actuelles, qui sont extrêmement difficiles. La Conférence doit examiner les questions de manière à relever les défis actuels et ne pas uniquement comporter des débats généraux, a-t-il dit.
La représentante de l’Australie a, elle aussi, demandé que plus d’informations soient fournies sur les participants à cette Conférence, afin que les représentants qui s’y rendront puissent mieux se préparer aux réunions. Le représentant du Japon s’est interrogé sur le processus d’inscription aux tables rondes ainsi que sur l’utilité de la grande Commission, qui a été chargée de finaliser le Document final. Il a rappelé que des négociations avaient actuellement lieu à New York dans ce sens.
Prenant note de ces remarques, M. Trepelkov a indiqué que les délégations pouvaient s’inscrire à toutes les tables rondes. En outre, il a expliqué que la grande Commission ne serait peut-être pas nécessaire si, comme pour Monterrey, le texte était approuvé ici à New York avant même le début de la Conférence. Nous avons pris cette disposition pour être sûrs que si la Conférence en a besoin, il soit possible de finaliser le texte à Doha, a-t-il poursuivi. Enfin, il a soutenu que le Secrétariat s’emploierait à tout faire pour mettre le plus d’informations possibles, en temps opportun, sur le site Internet de la Conférence.
Dans une brève déclaration, M. BYRON BLAKE (Antigua-et-Barbuda), qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que le financement du développement fait partie de la solution à apporter aux questions macroéconomiques. Il a attiré l’attention sur le caractère « crucial » de la prochaine Conférence de Doha pour l’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. Il faut y garantir le plus haut niveau de participation, a-t-il insisté. Il faut aussi instaurer un climat propice à des résultats qui viendront dynamiser les économies mondiales et renforcer le rôle des pays en développement, a-t-il ajouté. Le représentant d’Antigua-et-Barbuda s’est également dit d’avis que l’Assemblée générale devrait adopter une résolution sur le suivi de Doha, afin d’en galvaniser la dynamique.
Mme ADIYATWIDI ADIWOSO ASMADY (Indonésie), qui prenait la parole au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), a estimé que les délibérations revêtaient une importance particulière au moment où la communauté internationale se prépare à la tenue de la Conférence d’examen de Doha, qui a lieu dans quelques semaines.
Rappelant les mauvaises tendances économiques qui se sont récemment manifestées, elle a dit qu’elles menaçaient de mettre fin aux progrès réalisés sur le front du développement au cours des dernières décennies. Elle a souligné la nécessité de traiter urgemment de la crise de confiance envers les marchés internationaux, de stabiliser le système financier, et d’examiner comment le système économique mondial peut s’adapter pour répondre aux défis actuels. En outre, elle a jugé essentiel de redynamiser le Cycle des négociations commerciales de Doha de l’OMC aussi rapidement que possible afin d’ouvrir des nouveaux marchés, particulièrement aux produits des pays en développement. En ces temps difficiles, l’ANASE est toujours convaincue que la meilleure voie à suivre pour consolider la croissance et le développement est celle de l’intégration régionale, a-t-elle déclaré. La représentante a assuré que les États membres de l’ANASE continueraient à s’intégrer et à libéraliser leurs économies, afin d’attirer les investissements potentiels.
S’agissant de la Conférence de Doha, elle a indiqué que celle-ci donnerait l’occasion d’examiner les questions critiques qui se posent dans le cadre de la coopération économique internationale. Elle a précisé que le Document final de cette Conférence devait notamment refléter l’évaluation des progrès réalisés, les enseignements tirés, et les contraintes rencontrées dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. Elle a aussi souhaité que les initiatives et mesures prises pour répondre aux besoins de financement afin de relever les nouveaux défis mondiaux, comme les crises financière, alimentaire, énergétique et les changements climatiques, fassent partie intégrante du Document final. Enfin, elle a espéré que la Conférence raviverait les efforts déployés pour réformer l’architecture économique et financière mondiale qui n’est plus adaptée aux demandes actuelles. Elle a déclaré que sa délégation continuait à s’engager dans les négociations en cours sur le Document final de Doha et était convaincue que l’on pouvait parvenir à un résultat positif.
M. ZACHARY D. MUBURI-MUITA (Kenya), qui prenait la parole au nom du Groupe africain, a souligné que la plupart des pays africains ont, depuis Monterrey, largement amélioré leur gouvernance et leur gestion fiscale et macroéconomique. Toutefois, les pays qui ont le plus besoin de capitaux ont souvent été ignorés par les investisseurs, a-t-il regretté, et ce, en raison de défis structurels qui mériteraient une réaction internationale. Il a souhaité que la Conférence de suivi sur le financement du développement mette l’accent sur les besoins spécifiques de l’Afrique, en y soutenant la mise en œuvre des recommandations du Groupe de pilotage pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement en Afrique, mais également en soutenant les besoins identifiés dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Le représentant kényen a également attiré l’attention sur l’importance que revêtent les produits de base pour les exportations du continent africain. Il a, à cet égard, fait remarquer que les désaccords autour de l’accès aux marchés des produits non agricoles sont néfastes pour l’Afrique. Ce déni d’accès aux marchés empêche les pays africains de bénéficier des bienfaits du commerce multilatéral et, partant, d’accroître leurs capacités de développement, a-t-il insisté.
S’intéressant ensuite au fardeau de la dette, M. Muburi-Muita a souligné que l’amélioration de la situation générale de la dette tient surtout aux bonnes performances de quelques pays, mais également à des conditions externes favorables. Il a mis en garde contre les effets que la crise financière actuelle pourrait avoir sur ces résultats. Il a en outre fait remarquer que de nombreux pays à bas revenu doivent encore honorer le service d’une dette insoutenable, sans cependant pouvoir bénéficier des initiatives d’allégement de la dette. La solution au problème de la dette en Afrique passera par la mobilisation de ressources additionnelles pour couvrir le coût de la dette des pays qui ont des arriérés de paiement auprès des institutions financières internationales, a-t-il souligné. Faisant observer que l’augmentation de la demande de produits de base à travers le monde offre des opportunités importantes aux pays africains, le représentant kényen a estimé qu’une des manières fondamentales d’aider le continent est de lui offrir une assistance au commerce. De même, face aux changements climatiques, il est crucial d’offrir à l’Afrique un soutien financier pour aider ses pays à élaborer des mesures d’adaptation et d’atténuation, a-t-il ajouté. Pour conclure, face au contexte actuel de crise financière et de ralentissement économique, il a plaidé pour l’adoption d’une vision axée sur l’obtention de résultats concrets.
Après avoir rappelé les six chapitres et les engagements du Consensus de Monterrey, Mme ISMAT JAHAN (Bangladesh), qui intervenait au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), a indiqué que la Conférence d’examen de la mise en œuvre des recommandations et engagements contenus dans ce texte, se tiendrait à un moment critique, marqué notamment par des tendances économiques sombres. Dans ce contexte, Mme Jahan a appelé la communauté internationale à s’accorder sur un plan d’action ambitieux pour la pleine mise en œuvre du Consensus de Monterrey, et à répondre de manière efficace aux questions émergentes en matière de mobilisation de ressources additionnelles. Elle a noté que les PMA étaient le groupe de pays le plus vulnérable. Ces pays sont fragiles en raison notamment de leur faiblesse structurelle, et nombre d’entre eux ne pourront atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement si un niveau adéquat de ressources financières ne leur est pas garanti, a souligné Mme Jahan. Elle a estimé que le Document final de la Conférence de Doha devait donner la priorité aux préoccupations et aux priorités des PMA. Elle a ajouté que la participation de ces États à la Conférence était critique et devait être soutenue par le biais du Fonds créé à cet effet par la résolution 62/187 de l’Assemblée générale.
M. ALFREDO LABBÉ (Chili), qui s’est exprimé au nom du Groupe de Rio, a souligné que deux aspects d’importance vitale pour le financement du développement devront être correctement reflétés dans le Document final de la Conférence de Doha. Il s’agit du besoin d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et de la situation des pays à revenu intermédiaire, a indiqué M. Labbé. L’une des priorités du Groupe de Rio est de trouver une formule qui permette d’améliorer et de renforcer le mécanisme existant, afin de permettre un suivi des engagements pris à Monterrey et de ceux qui pourraient s’ajouter à Doha. Cette formule comprendrait notamment la création d’un forum de suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement qui remplacerait les dialogues semestriels de haut niveau et les réunions de printemps du Conseil économique et social, a proposé le représentant. La mission assignée à ce forum serait de passer en revue les progrès effectués dans la mise en œuvre des engagements et d’identifier les obstacles ou les défis. Le forum serait composé de membres du Conseil économique et social, des représentants des principales organisations internationales, de banques régionales de développement, de la société civile et du secteur privé impliqué dans le financement du développement.
Sur la question des pays à revenu intermédiaire, M. Labbé a rappelé qu’ils hébergent aujourd’hui plus de 40% des pauvres qui vivent avec moins de deux dollars par jour. Les pays de cette catégorie ont logiquement besoin de financements spéciaux pour assurer leur développement, a-t-il souligné. Selon lui, le soutien de la communauté internationale est crucial afin de consolider les progrès et éviter des revers, surtout lors d’une période de crise comme celle que le monde traverse actuellement, qui s’accompagne d’instabilité financière, d’une hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, au moment où se manifestent également les effets des changements climatiques. Il est essentiel que la Conférence de Doha appuie les principales conclusions des trois conférences sur les pays à revenu intermédiaire tenues à Madrid, San Salvador et Windhoeck, a souligné le représentant chilien.
M. JOSÉ ALBERTO BRIZ GUTIÉRREZ (Guatemala) a fait remarquer que la question du financement du développement reçoit actuellement l’attention de toutes les délégations, réunies sous la houlette des représentants permanents de la Norvège et de l’Égypte, en prévision de la Conférence de Doha. Se félicitant que cette question figure à l’ordre du jour de la Deuxième Commission, le représentant guatémaltèque a souhaité attirer l’attention sur les effets potentiels de la crise financière actuelle sur l’évolution du financement du développement. Il a notamment attiré l’attention de la Commission sur les interrelations entre les différentes composantes économiques du monde, en soulignant que tous les effets, qu’ils soient bénéfiques ou négatifs, de l’expansion ou de la récession économique se propagent avec force et rapidité. Dès lors, aucun pays n’échappe aujourd’hui à l’appréhension, face à la tourmente économique, a-t-il souligné. Il s’est dit persuadé que la crise financière actuelle aura des conséquences pour le financement du développement. De fait, l’attention des principaux décideurs politiques est maintenant tournée vers les effets de la crise, plutôt que sur la préoccupation du développement, a-t-il précisé. D’autre part, la marge de manœuvre économique de chaque pays va être de plus en plus restreinte, a-t-il ajouté, puisque c’est une chose de financer le développement dans le cadre d’une économie en expansion, mais une tout autre réalité de le faire dans un contexte de récession.
Le représentant guatémaltèque a souhaité que la communauté internationale, lorsqu’elle s’attellera à conduire la réforme rendue aujourd’hui nécessaire de l’architecture financière internationale, exhorte le Fonds monétaire international à atténuer les effets de la crise sur les économies à revenu moyen. Celles-ci n’ont jusqu’à présent pas eu besoin d’aide de la part des institutions financières internationales, mais elles pourraient bientôt en solliciter du fait de la crise, a relevé le représentant. Pour conclure, il a espéré que la communauté internationale arrivera à faire de la Conférence de Doha un succès et parviendra à un accord sur le contenu de son Document final.
Mme TANG MENGXIAO (Chine) a rappelé que les ressources financières constituaient une condition sine qua non du développement. Tout en reconnaissant certains progrès effectués dans le domaine du financement du développement, elle a estimé que l’on n’avait pas encore réussi à élaborer un environnement externe favorable à la promotion d’un développement sérieux et durable. En plus des problèmes traditionnels, elle a noté l’émergence de nouveaux défis, dont les crises financière, alimentaire et énergétique, et les changements climatiques. Elle a souligné que les ressources nationales des pays en développement demeuraient limitées, que l’aide publique au développement était en déclin, que le fardeau de la dette pesait sur de nombreux pays et que le Cycle de négociations commerciales de Doha se trouvait dans une impasse. Elle a déclaré que la Conférence d’examen du Consensus de Monterrey constituait une occasion à ne pas manquer pour mobiliser les ressources en faveur du développement, et en assurer un financement adéquat et prévisible. Notant que la Chine avait de « grandes attentes » envers la Conférence de Doha, elle a espéré que toutes les parties intensifieraient leurs efforts pour mettre en œuvre le processus de Monterrey, faire progresser le partenariat mondial pour le développement et promouvoir le respect des engagements pris, notamment en matière d’assistance pour le développement. Dans les circonstances actuelles, a-t-elle poursuivi, la communauté internationale devrait prendre des mesures pour réformer davantage le système financier international, établir un système commercial équitable et ouvert, et promouvoir la cohérence des politiques financières, commerciales et de développement. Mme Tang a ajouté que les gouvernements devaient renforcer la coordination des politiques macroéconomiques, assumer ensemble la responsabilité de prévenir les risques financiers et maintenir la stabilité des marchés financiers et de l’économie mondiale.
M. TALAL FARHAN AL-ENAZI (Qatar) a fait remarquer que la communauté internationale a, au début de ce nouveau millénaire, assisté à des changements importants et significatifs. La situation actuelle est sans précédent et extrêmement complexe, a-t-il souligné, tout particulièrement pour ce qui est du fossé existant entre les pays riches et les pays pauvres. Il a constaté que l’interdépendance accrue entre les nations qui caractérise le monde actuel fait que les défis sont de plus en plus interconnectés et appellent une réponse mondiale concertée. En dépit des idéaux que promeuvent les Nations Unies, de nombreuses personnes continuent de mourir d’épidémies et de vivre dans une situation d’extrême pauvreté, a-t-il fait observer, arguant qu’un partenariat est nécessaire pour faire face à ces problèmes.
La Conférence de Monterrey a été un jalon dans cette approche, a estimé le représentant du Qatar. Il s’agit de la première Conférence des Nations Unies qui parle des grands problèmes financiers du monde, a-t-il précisé. Il a toutefois fait remarquer qu’en dépit des progrès réalisés en matière de bonne gouvernance, qui est une des conditions préalables imposées par la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, les pays en développement ne reçoivent que des flux d’aide et d’investissement imprévisibles. Il a rendu hommage aux efforts consentis par certains pays pour trouver des sources novatrices de financement du développement, mais a tenu à rappeler que ces propositions ne doivent pas venir supplanter l’engagement pris par les pays riches d’élever le niveau de leur aide publique au développement jusqu’à 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB). D’une manière générale, le représentant qatarien a souligné que son pays a toujours participé aux efforts internationaux, notamment en matière de réduction de la pauvreté, et a toujours appuyé les initiatives internationales de promotion du développement. C’est pour cette raison que le Qatar a proposé d’accueillir la Conférence de suivi sur le financement du développement à Doha du 29 novembre au 2 décembre, a-t-il précisé. Il a espéré que des chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des ministres, participeront en grand nombre à cet événement.
Mme CLAUDIA BLUM (Colombie) a déclaré que le contexte actuel exigeait que l’on parvienne à un résultat ambitieux à Doha. Les conclusions de Doha doivent élargir la portée du Consensus de Monterrey, et aller au-delà d’une réaffirmation des engagements pris en 2002, tout en répondant de manière concrète aux défis considérables qui se posent actuellement à l’économie mondiale, a dit Mme Blum. Elle a noté qu’il fallait appuyer le bon déroulement du processus préparatoire à cette Conférence, mais qu’il était aussi essentiel que le Document final de Doha prenne en compte la situation économique actuelle. Ainsi, elle a jugé que ce texte devait soutenir la réglementation des marchés financiers, ainsi que la création de mécanismes pour fournir des liquidités au cours des crises. Elle a par ailleurs souhaité que le Document final réaffirme les engagements pris en faveur de la promotion de la lutte contre les flux illégaux de capitaux, en particulier le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, qui sont des priorités pour la Colombie.
Mme Blum a souligné l’importance de parvenir à des accords qui intègrent les progrès issus de la Déclaration de Paris et de l’agenda d’Accra, afin de promouvoir une coopération prévisible et axée sur l’obtention de résultats. Elle a aussi souligné la nécessité d’accorder une attention particulière aux pays à revenu intermédiaire dans une nouvelle architecture de coopération financière et économique. Le principe de l’importance que revêt l’aide publique au développement dans l’appui aux efforts déployés par ces pays doit être reconnu à Doha, a-t-elle soutenu. Elle a aussi demandé que la question de la coopération Sud-Sud soit abordée de manière transversale dans le Document final de la Conférence. Enfin, la représentante a noté l’attachement de sa délégation à l’établissement d’un mécanisme de suivi renforcé du financement du développement.
Mme ZAKIA EL MIDAOUI (Maroc) a attiré l’attention de la Commission sur les faits marquants survenus depuis l’adoption du Consensus de Monterrey, citant notamment l’envolée des cours des produits de base et la crise financière internationale. Ce contexte, a-t-elle précisé, confère aux réunions de la communauté internationale une portée d’importance stratégique et nous impose de faire preuve d’une volonté inébranlable pour rendre l’environnement national plus propice au financement du développement. Elle a rappelé que la hausse des prix des combustibles et de nombreux produits agricoles a plongé nombre de pays en développement dans une crise profonde. Rappelant que l’Afrique reste le seul continent qui ne serait pas sur la bonne voie pour réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), la représentante marocaine a souligné la nécessité de mettre en place des stratégies pour réduire la pauvreté et les déficits importants observés en matière de développement humain. Elle a précisé que son pays, qui fait du raffermissement de ses liens avec l’Afrique une priorité, réitère son engagement envers l’assistance technique, l’échange d’expériences et la promotion des OMD.
Mme El Midaoui a rappelé que le Consensus de Monterrey affirme que les efforts des pays en développement devraient être complétés par des flux internationaux de capitaux privés, en particulier d’investissements étrangers directs. L’un des principaux objectifs de ce Consensus est également d’assurer une plus large diffusion des effets positifs du commerce international à tous les pays en développement, a-t-elle ajouté. Or, ces derniers objectifs n’ont pas encore été pleinement atteints et ils le seront difficilement, en raison du ralentissement économique actuel, a-t-elle fait remarquer. Elle a également déploré que les engagements souscrits en matière d’aide publique au développement (APD) ne soient pas respectés. De plus, elle a regretté que la part de l’APD affectée à la santé ou à l’éducation se soit accrue considérablement au détriment de celle affectée à la modernisation des infrastructures économiques et au renforcement des secteurs productifs. Pour toutes ces raisons, elle a expliqué que son pays estime primordial que soit fixé, à la Conférence de Doha, un échéancier précis pour l’application des recommandations visant à améliorer les structures mondiales de la gouvernance économique, financière et monétaire, et à renforcer les mécanismes de suivi de la Conférence de Monterrey.
Tout en reconnaissant que le financement du développement constitue une partie importante de l’ensemble du processus de développement, M. SHIGEKI SUMI (Japon) a fait remarquer qu’il y a plus à gagner à promouvoir une croissance durable qu’à se contenter de mettre à la disposition de certains groupes de pays des ressources financières. Il a estimé crucial que les pays en développement aient une vraie conscience de l’appropriation, puisque, a-t-il précisé, les partenariats internationaux sont plus efficaces lorsqu’ils s’alignent sur ce principe d’appropriation nationale. Les ressources, a-t-il poursuivi, devraient permettre des progrès tangibles en matière de sécurité humaine, de renforcement des capacités et de croissance économique.
Dans ce contexte, le représentant japonais a fait remarquer le fait qu’une des valeurs majeures du Consensus de Monterrey est qu’il met l’accent sur la participation de toutes les parties prenantes. Des synergies entre les secteurs public et privé peuvent contribuer à la création d’emplois et au transfert de technologie, a-t-il souligné. De telles synergies peuvent également favoriser la croissance économique basée sur le commerce et les investissements, a-t-il ajouté, précisant que l’aide publique au développement seule ne saurait le permettre. M. Sumi a également relevé l’importance de la responsabilité partagée, arguant que les partenaires au développement devraient œuvrer ensemble à promouvoir la bonne gouvernance, élaborer des politiques macroéconomiques sérieuses et construire un environnement propice aux investissements. Le représentant japonais a ensuite attiré l’attention sur les flux d’aide venant de nouveaux donateurs qui, a-t-il précisé, comptent aujourd’hui pour presqu’un quart du montant de l’aide financière. En outre, les flux d’investissements étrangers directs allant de pays du Sud vers d’autres nations du Sud représentent un montant équivalent au quart des flux d’investissements que reçoivent les pays en développement, a précisé le représentant. Il a à cet égard rappelé l’importance d’assurer que cette assistance et ces investissements soient faits de manière responsable. Il est impératif que les créditeurs respectent les cadres internationaux pertinents et prennent en considération la viabilité de la dette des pays bénéficiaires en adoptant des méthodes de prêt responsables, a-t-il précisé. Pour conclure, face à la crise financière, le représentant japonais a souhaité que le Fonds monétaire international assume ses responsabilités en offrant de l’assistance aux pays. Il a dit que le Japon était prêt à participer au financement dont cette institution aurait à cet égard besoin, si nécessaire.
M. NOR-EDDINE BENFREHA (Algérie) a estimé que face à la conjoncture mondiale défavorable, la communauté internationale devait redoubler d’efforts pour raviver l’esprit du Consensus de Monterrey à travers la consolidation des gains acquis dans la réalisation des objectifs internationaux de développement. Il a indiqué que les Nations Unies avaient un rôle central dans le domaine du développement et devaient, à cet effet, mobiliser l’ensemble des moyens pour assurer un environnement propice au développement durable à travers des financements internes et externes adéquats. Il a mis en avant l’évaluation « mitigée » du Consensus de Monterrey, alors que de nombreux pays en développement ont honoré leurs engagements, mais que les partenaires en développement n’ont pas tenu une part importante de leurs promesses. Il a particulièrement insisté sur le déficit de mise en œuvre du chapitre du Consensus relatif aux questions systémiques, rappelant que les efforts pour relever les défis liés au développement restaient tributaires de la volonté de la communauté internationale à, entre autres, instaurer un climat mondial propice à la croissance.
M. Benfreha a souhaité que la Conférence de Doha soit l’occasion de consolider les acquis et de passer à une étape qualitative en matière de mobilisation des ressources pour le développement. Il s’est notamment inquiété du fardeau de la dette qui pèse encore sur de nombreux pays, du déclin de l’APD, et de l’impasse dans laquelle se trouvent les négociations commerciales de Doha. Il a aussi insisté sur la nécessité d’assurer une participation équitable aux pays en développement dans le fonctionnement des institutions de Bretton Woods et de consacrer leur participation à la définition des normes internationales relatives aux marchés financiers internationaux. Il importe que la Conférence de Doha parvienne à la définition de mécanismes fiables et pérennes pour appliquer les décisions qui sont prises, et qui placent les Nations Unies au centre du processus de suivi visant à consolider la cohérence des politiques sur le financement du développement, a-t-il ajouté. Il a suggéré de renforcer les mécanismes intergouvernementaux de suivi des conférences de Monterrey et de Doha et d’établir un partenariat de qualité entre l’ONU et les acteurs internationaux dans le domaine du financement du développement.
Mme HIRUT ZEMENE (Éthiopie) a dit que sa délégation appréciait la motivation des partenaires de développement et la qualité de l’aide qu’ils ont fournie dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, citant notamment les mesures d’annulation de la dette prises dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (Initiative PPTE). Toutefois, a-t-elle ajouté, le rythme de mise en œuvre des engagements du Consensus de Monterrey n’est pas assez rapide, notamment dans les domaines de la propriété ou de l’alignement et de l’harmonisation du partenariat. En ces temps de crise financière, le déclin de l’aide publique de développement (APD) est également un sujet de vive préoccupation, a-t-elle indiqué, avant de plaider pour une bonne participation des pays en développement dans l’élaboration du financement pour le développement. Ces pays doivent pouvoir choisir leurs propres programmes de développement national, tout en élaborant des politiques permettant d’optimiser l’aide des partenaires en développement.
Mme Zemene a par ailleurs souhaité la totale application des mesures d’exemption de taxes et de quotas visant à garantir l’accès aux marchés mondiaux aux produits des pays à bas revenu et leur permettre de consolider leurs revenus tirés du commerce. De même, la représentante a appelé à la relance rapide des négociations du Cycle de Doha de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et à la mise en œuvre de l’Initiative d’aide au commerce, estimant qu’il fallait minimiser l’importance des éléments qui entravent le commerce et citant à cet égard les barrières non tarifaires. S’agissant des investissements étrangers directs, Mme Zemene a estimé que les pays en développement devaient créer des conditions favorables à leur afflux, tout en affirmant que le montant de ces investissements devait augmenter dans le domaine des infrastructures vitales que sont les routes, l’énergie et les télécommunications. Elle a conclu en expliquant que, du fait des crises actuelles, beaucoup de pays d’Afrique étaient déjà contraints de réorienter vers l’alimentation et l’énergie les ressources initialement prévues pour la réalisation des OMD, et elle a dit espérer que leurs difficultés seraient prises en compte lors de la Conférence de Doha.
RÉUNION D’INFORMATION AVEC LE SOUS-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET LE REPRÉSENTATNT SPÉCIAL DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONIAL AUPRÈS DE L’ORGANISATIOON DES NATIONS UNIES
Présentation sur les réunions annuelles des institutions de Bretton Woods
M. ELLIOT HARRIS, Représentant spécial du Fonds monétaire international auprès de l’ONU, a rappelé que la crise financière actuelle avait trouvé son origine dans des marchés « matures » et que son déclenchement était lié au fait que les organismes de réglementation, les banques d’investissement et les institutions financières n’avaient pas bien su gérer les risques qui ont été pris. Il a indiqué qu’après des semaines d’hésitation et d’interventions fragmentées, un accord d’ensemble est intervenu sur les éléments clefs d’une réponse politique pour rétablir la confiance et la stabilité financière et sur le fait que cette réponse devait être coordonnée au niveau international. Il a rappelé que les éléments immédiats de cette réponse avaient été mis en avant dans le plan du G-7.
Parmi les réponses à mettre en œuvre, il a cité la nécessité d’intervenir de manière décisive en utilisant tous les outils afin de prévenir la chute des institutions financières, la fourniture et l’accès aux liquidités pour dégeler les marchés monétaires et de crédits, ou encore, l’injection de capitaux neufs directement dans les institutions financières en péril. Il a par ailleurs souligné que le Communiqué du FMI appelait à la mise en œuvre rapide des recommandations du Forum de la stabilité financière et mettait l’accent sur le rôle joué par le FMI pour rassembler la coopération multilatérale nécessaire, tirer les leçons de cette crise et recommander une action efficace. Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de renforcer le rôle de surveillance du FMI, particulièrement en ce qui concerne la supervision des liens macrofinanciers, et le besoin d’établir des systèmes d’alerte précoce. Notant la nécessité de renforcer la coopération internationale, le Représentant spécial a aussi pris note des appels visant à réformer l’architecture financière internationale. Il a indiqué les réunions annuelles des institutions de Bretton Woods avaient en outre souligné que les effets négatifs de la crise sur les pays en développement, notamment le risque de voir naître des obstacles à la mobilisation de ressources destinées à l’assistance financière dont ont besoin les pays en développement.
M. Harris a ensuite évoqué les autres sujets discutés lors des réunions annuelles FMI-Banque mondiale qui viennent d’avoir lieu. S’agissant de l’assistance, il a relevé que les participants à ces rencontres avaient noté l’importance, pour les donateurs, de respecter leurs engagements, d’améliorer l’efficacité de l’aide et de fournir des ressources supplémentaires pour que les pays en développement puissent faire face aux nouveau défis qui émergent, tels que les changements climatiques. Il a précisé que le G-24 avait eu une discussion sur le financement du développement et avait appelé la Conférence de Doha à obtenir
des résultats concernant le respect des engagements pris à Monterrey. De plus, le G-24 a également demandé que la Conférence protège les flux d’aide, à la lumière de la crise financière actuelle, et qu’elle fournisse un financement supplémentaire aux pays pour qu’ils puissent affronter les crises alimentaire et énergétique, notamment.
Le Représentant spécial du FMI auprès de l’ONU a enfin indiqué que des discussions avaient eu lieu sur la question de la réforme des institutions de Bretton Woods. Il a affirmé que le texte portant sur la réforme des quotas et des voix au sein du Conseil des gouverneurs du FMI et celui relatif à la série de réformes concernant le renforcement de la participation des pays en développement à la gouvernance de la Banque mondiale étaient considérés comme des premières étapes importantes dans ce processus. Il a fait valoir que la crise actuelle mettait en exergue la nécessité de raviver le système multilatéral et d’y voir reflétées les réalités de l’économie mondiale.
Présentation faite par le Sous-Secrétaire général de l’ONU chargé des questions relatives au développement économique
M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général au développement économique, a souligné que les effets de la crise financière se reflètent dans tous les marchés financiers, bien que l’impression première ait été que les pays en développement avaient plutôt bien survécu à ces premiers assauts. Les pays en développement seront touchés, a-t-il averti, mettant en garde contre la tendance à sous-estimer cette réalité. Il a souligné que les effets complexes de la crise doivent être pris au sérieux. Il a tout particulièrement attiré l’attention sur les produits de base, soulignant que de nombreux pays avaient pu récemment profiter de la hausse des prix de ces produits et qu’il est maintenant probable que les cours mondiaux diminuent. Si cette diminution des prix peut être un soulagement, notamment pour ce qui est des prix du pétrole pour les pays importateurs, elle est également une menace, a souligné le Sous-Secrétaire général. En effet, les prix des denrées alimentaires n’ont pas autant diminué que les prix du pétrole, a-t-il fait observer. Il a expliqué qu’en raison de la crise alimentaire, 100 millions de personnes supplémentaires sont venues grossir les rangs des pauvres à travers le monde. Quarante millions de personnes supplémentaires souffriraient aujourd’hui de malnutrition, a-t-il ajouté, attirant ainsi l’attention sur les effets de la crise sur la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Tout en saluant la réaction des Ministres européens de l’économie et des finances, M. Sundaram s’est inquiété de la durabilité des mesures prises, arguant que bien qu’elles aient temporairement rétabli la confiance, l’avenir n’en demeure pas moins incertain. Pour ce qui est de la suite à donner à la crise financière, il a expliqué que plusieurs nouveaux instruments et initiatives ont été lancés. Ainsi, la Banque mondiale a lancé une initiative « énergie pour les pauvres », et le Fonds monétaire international a mis en place un nouvel instrument en matière de liquidité. Toutefois, a averti le Sous-Secrétaire général, la portée et l’impact de ces nouveautés sont limités. Rappelant, en outre, qu’au cours des deux dernières années beaucoup de pays et de cercles de réflexion ont discuté des questions que suscitait l’apparition des fonds souverains, à commencer par ceux appartenant à des pays exportateurs de pétrole et à certains pays d’Asie de l’Est et du Sud-Est, il a expliqué que des suggestions ont été faites sur la manière dont les liquidités et les réserves détenues par ces fonds pourraient être
utilisées et redéployées pour faire face à la crise. Enfin, s’agissant du financement du développement, M. Sundaram a rappelé que le G-24, tout comme les réunions récentes tenues à Washington, D.C., ont généré toute une série de propositions sur le rôle que devrait jouer la Conférence de Doha sur le financement du développement. Il a enjoint les délégations à s’y intéresser.
Discussion interactive
Suite à ces exposés, le représentant d’Antigua-et-Barbuda s’est interrogé sur le manque d’un cadre général qui permettrait de traiter des questions évoquées par les deux panélistes. Il a par exemple noté qu’en ce qui concerne les changements climatiques, la Banque mondiale avait réussi à obtenir rapidement des ressources pour ses initiatives alors que le Fonds d’adaptation de la Convention n’a pas reçu de ressources pendant des années. Il a aussi demandé si on pouvait contenir la crise financière actuelle et quelle était la perspective du FMI sur la Conférence de Doha.
Va-t-on se contenter de réaffirmer les engagements de Monterrey à Doha, en raison de la crise financière?, a demandé le représentant du Pakistan.
Le représentant du Brésil a noté un écart entre les aspects techniques et réglementaires de la crise financière et l’aspect politique de la solution recherchée, qui vise à assurer une plus grande participation des pays en développement dans l’architecture financière internationale. Pourquoi ne pas en parler simultanément?, a-t-il lancé.
S’agissant de la prochaine Conférence de Doha, le Représentant spécial du FMI auprès de l’ONU, M. Harris, a noté que le G-24 et le Comité du développement avaient indiqué que cette rencontre devait permettre un plus grand partenariat en faveur du développement. Il a souligné que le FMI était conscient du fait que la crise financière pouvait faire dérailler le partenariat lancé à Monterrey. Répondant à la délégation d’Antigua-et-Barbuda, il a soutenu que les économies en transition et en développement n’échapperaient pas aux effets de la crise. Il a précisé qu’il n’y avait pas eu de propositions concrètes pour répondre à ce problème, mais que le FMI avait mis en place des procédures d’urgence pour aider les pays en développement.
En ce qui concerne l’écart entre les aspects techniques et politiques de la crise, question soulevée par le Brésil, M. Harris a indiqué que la première réaction avait été de trouver une première riposte à la crise, mais que l’importance de procéder à la réforme de l’architecture financière internationale, dont celle des institutions de Bretton Woods, avait aussi été soulignée.
M. Sundaram, Sous-Secrétaire général de l’ONU au développement économique, a ajouté qu’il ne fallait pas seulement s’intéresser aux réformes réglementaires, mais également assurer la disponibilité de liquidité de manière urgente, ainsi que la manière de compenser les conséquences sociales, notamment le chômage, qui vont se faire sentir pendant la récession qui s’annonce.
Ouvrant une deuxième série de questions, le représentant du Mexique a plaidé pour une action coordonnée de grande envergure contre le marasme financier actuel et s’est interrogé sur le rôle que doivent jouer les Nations Unies afin d’aider à établir une plus grande cohérence entre toutes les initiatives prises ces dernières semaines.
Rappelant que cette crise était similaire à celle qui avait eu lieu dans son pays au début des années 90, le représentant du Japon a indiqué que son pays était prêt à partager son expérience en la matière. En outre, il a fait remarquer que le Japon avait annoncé qu’il était prêt à fournir des ressources additionnelles pour répondre aux prêts d’urgence du FMI en faveur d’économies émergentes et autres économies en développement pour éviter ainsi une propagation en chaîne de la crise financière. Que fait le FMI pour mobiliser des ressources dans ce sens?, a-t-il demandé.
Le représentant du Bangladesh a pour sa part estimé que le Plan d’action du G-7 cherchait à corriger la situation mais ne s’attaquait pas à ses causes. Il a aussi souhaité que l’ONU joue un rôle dynamique dans la réponse à fournir à la crise, notamment par le biais de l’ECOSOC « qui peut prendre des mesures concrètes ».
Où étaient donc la Banque mondiale et le FMI pour se retrouver aujourd’hui dans cette situation?, a lancé la représentante du Bénin. Elle a aussi constaté que des sommes considérables étaient consacrées aux tentatives de correction de cette situation, alors qu’on affirmait, en même temps, ne pas avoir les moyens d’aider au développement.
M. Sundaram a signalé que des annonces de contributions d’un montant de 16 milliards de dollars des États-Unis avaient été faites récemment pour le soutien à la réalisation des OMD alors que les engagements pour faire face à la crise financière dépassaient déjà 3 trillions (3 000 milliards) de dollars des États-Unis. En outre, il a estimé que l’ONU pouvait fournir un leadership essentiel dans le règlement des questions liées à la crise. Il a ajouté que la communauté internationale estimait qu’il n’était pas pertinent que le FMI soit le chef de file de l’évaluation des maux et de la réforme de l’architecture financière internationale.
Faisant écho à la question soulevée par le représentant du Japon, le Représentant spécial du FMI, M. Harris, a assuré que le FMI avait examiné le montant des ressources à mobiliser, pour voir si elles étaient suffisantes. Il a assuré que les réponses d’urgence ne seraient pas surchargées de conditionnalités et visaient à aider « rapidement » et « rationnellement » les pays en développement. Il s’est dit convaincu que l’on peut empêcher une récession de portée mondiale en agissant rapidement. Il a enfin indiqué que le FMI et la Banque mondiale avaient mis en garde, dans leurs publications passées, contre l’éclatement de cette crise et contre ses risques potentiels. Il y a toutefois un déséquilibre des pouvoirs dans le système, et il est constaté que, si les petits pays écoutent ces mises en garde du FMI et de la Banque mondiale, les pays ayant les économies les plus importantes s’en détournent, a-t-il déploré. Dans cette perspective, il a jugé essentiel de renforcer les systèmes de surveillance.
M. HILARIO G. DAVIDE (Philippines) a fait remarquer que toutes les délégations ici présentes partagent les mêmes préoccupations, à savoir que les crises financière, alimentaire et énergétique, couplées aux effets des changements climatiques, vont aggraver les difficultés économiques des pays en développement. Ces défis, a-t-il précisé, doivent pousser la communauté internationale à tirer pleinement profit de la Conférence de Doha, non seulement pour évaluer la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, mais également pour envisager sérieusement une restructuration de l’architecture financière internationale. M. Davide a fait remarquer que, s’il est pertinent de chercher des moyens d’éviter d’autres crises financières à l’avenir, il n’en demeure pas moins que beaucoup d’autres problèmes doivent aussi être résolus.
Rappelant que la nécessité de mieux réguler les marchés financiers est largement reconnue, il a fait remarquer que l’organe qui serait le plus adapté pour le faire n’a pas encore été clairement identifié. Il a souligné que le Fonds monétaire international (FMI) a été critiqué pour ne pas avoir su empêcher la crise financière actuelle et a dit que sa délégation attendait une réponse du FMI sur ce point. Pour le représentant philippin, la vraie question est de savoir si le système actuel peut être réformé afin de faire face aux nouveaux bouleversements des marchés. Si tel n’est pas le cas, quel cadre pourrait être élaboré pour répondre à la crise?, s’est-il interrogé. M. Davide a, par ailleurs, souligné qu’étant donné les mesures permettant de restaurer la confiance dans les marchés qui ont été prises, il reste maintenant à s’atteler à la phase plus difficile de restructuration des compagnies et des institutions financières. Citant certains experts qui ont souligné que les actions drastiques prises par les gouvernements ont eu un coût fiscal énorme et s’avéreraient peut-être incapables d’assurer un rétablissement économique rapide, le représentant philippin s’est posé la question sur la validité des mesures prises pour faire face à la crise. Pour conclure, le représentant philippin a rappelé que les études montrent qu’après une crise, les donateurs tendent à diminuer les montants de l’aide publique au développement (APD). Si les engagements en matière d’APD n’ont pas été respectés lorsque la conjoncture était bonne, quelles garanties avons-nous qu’ils seront respectés aujourd’hui?, a-t-il demandé. Il a estimé que le projet de texte final de la Conférence de Doha sur lequel travaille la communauté internationale ne reflète pas les réalités actuelles et, partant, a souhaité que les discussions de New York tiennent mieux compte de la réalité de la situation actuelle.
M. GUILLERME PATRIOTA (Brésil) a estimé que la Conférence de Doha sur le financement du développement offre une excellente opportunité pour évaluer les progrès réalisés depuis 2002, pour réaffirmer les engagements adoptés à Monterrey, et pour définir de nouvelles mesures « ambitieuses » qui permettraient de mieux mobiliser des ressources en faveur du développement. Il a dit souhaiter tout particulièrement la création d’un mécanisme efficace de suivi de la mise en œuvre des engagements pris en matière de financement du développement. Face aux crises actuelles et aux multiples obstacles qui entravent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il a demandé à la communauté internationale de reconnaître qu’un soutien accru est aujourd’hui nécessaire, notamment en matière de financement du développement.
Tout en saluant le projet de texte issu des différentes réunions de préparation de la Conférence de Doha, il a toutefois fait remarquer que la situation a changé depuis le début de son élaboration. Dès lors, il a estimé nécessaire que ce document reflète l’urgence que crée la situation actuelle. Ainsi, s’agissant de la mobilisation des ressources nationales pour le développement, le Brésil est d’avis que le texte de Doha devrait souligner la nécessité d’accorder aux États suffisamment de marge de manœuvre dans le domaine politique pour qu’ils puissent procéder à l’adoption de mesures fiscales et monétaires essentielles pour le développement. S’agissant des flux financiers internationaux privés, le Brésil considère impératif de réaffirmer l’engagement de la communauté internationale à mettre en place des régulations transparentes, appropriées et efficaces, a dit le représentant. En matière de libéralisation du commerce, et sans nier les difficultés qui ont émaillé les négociations du Cycle de Doha, le représentant du Brésil a souhaité que les parties prenantes fassent en sorte que les progrès obtenus jusqu’ici soient préservés. Il a également plaidé
pour un document final qui exprime la volonté de trouver une solution durable et efficace au problème de la dette. La Conférence de Doha offre non seulement l’opportunité d’évaluer les défis qui se posent en matière de financement du développement, mais également de s’atteler à consolider et protéger les efforts déployés pour lutter contre les impacts négatifs de la crise financière actuelle.
Mme HANNA PROROK (Ukraine) a indiqué que la situation économique actuelle menaçait les progrès qui auraient pu être accomplis dans un proche avenir en ce qui concerne le financement du développement. S’agissant de son pays, elle a fait valoir que les ajustements conduits en matière de législation et de régulation ainsi que l’ouverture de nouvelles opportunités d’investissements avaient permis à l’Ukraine d’accueillir plus de 36 milliards de dollars des États-Unis en investissements étrangers directs (IED) au mois de juillet 2008. Elle a espéré que la crise financière n’affecterait pas cette tendance à la hausse des IED dans le pays et a appelé au renforcement de ces flux financiers en faveur des marchés émergents. Après avoir souligné le rôle que joue le commerce comme moteur du développement, la représentante a souhaité une conclusion réussie du Cycle de négociations commerciales de Doha. Elle a aussi estimé que la priorité devait être donnée à la stabilisation des systèmes financiers et commerciaux, et qu’il fallait renforcer les interactions entre l’ECOSOC, les institutions de Bretton Woods et l’OMC.
Elle s’est félicitée du rôle de l’OMC dans l’établissement de relations commerciales multilatérales équitables et non discriminatoires, précisant que cette Organisation devrait être transformée en un organe véritablement universel. Par ailleurs, elle a affirmé que l’augmentation du volume de l’aide devait s’accompagner de l’amélioration de l’efficacité de cette assistance. Elle a jugé cruciale que cette aide s’aligne sur les priorités de développement des pays et que les donateurs en harmonisent le versement. Enfin, elle s’est dite convaincue que des mécanismes novateurs de financement du développement pouvaient aider à combler le fossé existant entre le montant nécessaire de ressources et la réalité qui est, que les ressources sont en baisse, et améliorer la prévisibilité du versement de l’aide. Elle a, à cet égard, insisté sur l’importance de réduire les coûts de transaction des envois de fonds.
M. ANDREI METELITSA (Bélarus) a fait remarquer que les espoirs placés dans la libéralisation des régimes commerciaux et la force des marchés ont été surestimés et sont aujourd’hui une source de grande déception. Ces espoirs, a-t-il précisé, ne peuvent être réalisés sans des mécanismes de régulation nationaux efficaces et un environnement international propice au développement. Il s’est dit convaincu que la libéralisation et l’ouverture des marchés devraient se faire à un niveau adéquat pour le développement. Le représentant du Bélarus a fait remarquer que les investissements étrangers directs restent la source principale de financement du développement, avant de souligner que son gouvernement met actuellement en œuvre un certain nombre de mesures destinées à améliorer le climat des investissements au Bélarus. Il s’est, à cet égard, réjoui de la tenue, à Londres, le 18 novembre prochain, du premier Forum pour l’investissement au Bélarus, qui est destiné à proposer aux entreprises étrangères des possibilités d’investissement dans ce pays.
M. Metelitsa a ensuite fait remarquer que les revenus du commerce constituent également une source de financement du développement. Dans ce contexte, il a souhaité une conclusion du Cycle de négociations commerciales de Doha et une démocratisation de l’adhésion des pays à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Le système de parrainage qui règle les conditions d’adhésion à l’OMC est souvent utilisé comme moyen de pression économique et politique, a-t-il dénoncé. Il a estimé, à cet égard, que l’ONU devrait intervenir pour assurer des conditions justes et équitables. Il a également fustigé les mesures coercitives unilatérales, précisant que de telles mesures entravent le développement des pays et contreviennent au droit international. Le représentant du Bélarus a, par ailleurs, attiré l’attention sur l’importance, pour le développement, de l’accès aux technologies. Il a fait valoir qu’à l’ère de l’innovation, l’introduction des techniques nouvelles joue souvent un rôle plus important que les transferts financiers. L’ONU devrait jouer un rôle plus important en la matière, a-t-il souligné. Pour conclure, il a plaidé pour une réforme des institutions de Bretton Woods, souhaitant notamment qu’elles tiennent mieux compte des besoins spécifiques des pays à revenu intermédiaire.
M MOHAMED ALAHRAF.(Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la Conférence de Monterrey avait été un jalon important de la coopération internationale pour le développement qui avait permis de créer un partenariat unique en faveur du développement international, responsabilité commune de la communauté internationale. Il a plaidé pour davantage d’investissements, notamment pour faire face à la crise alimentaire, et a souhaité qu’on aide les pays en développement à restructurer leurs institutions financières, en tenant compte des réformes entreprises par ces pays. Il ajouté que, dans cette perspective, les pays en développement devaient bénéficier de transferts de technologie. Il a noté que la crise financière risquait de réduire la mobilisation des ressources en faveur du développement. Par ailleurs, il a jugé regrettable que les avantages fournis par le commerce ne soient pas accessibles à tous.
Le représentant a demandé une aide spéciale en faveur des pays en développement afin que ceux-ci puissent diversifier leur production et leurs exportations, renforcer leurs capacités commerciales et devenir plus concurrentiels. Dans cette perspective, il a espéré que le Cycle de Doha sortirait de l’impasse dans laquelle il se trouve. Constatant le déclin de l’APD ces dernières années, il a appelé les donateurs à honorer leurs engagements et à ne pas accompagner leur aide de conditionnalités injustes et irréalistes. La crise actuelle a montré l’urgence d’accélérer la réforme de la structure financière internationale et d’améliorer la participation des pays en développement au fonctionnement des institutions de Bretton Woods, a poursuivi le représentant. Il a noté qu’il fallait répondre aux difficultés qui empêchaient la bonne mise en œuvre du Consensus de Monterrey et que la Conférence de Doha devait permettre de surmonter les lacunes en la matière. Il a aussi souhaité l’établissement d’un mécanisme intergouvernemental de suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. Enfin, il a insisté sur la situation particulière de l’Afrique et demandé que ses besoins spécifiques soient pris en compte à Doha.
M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a fait part de l’importance que son pays accorde à la question du financement du développement, en particulier dans un contexte de crise multidimensionnelle et sans précédent. Il a assuré qu’El Salvador est résolu à poursuivre la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, de manière intégrale, par la mobilisation de ressources tant internationales que nationales. Il a fait remarquer que la Conférence de Doha constitue une « opportunité inestimable » pour évaluer, dans un contexte de crise, les enseignements à tirer et les progrès à faire pour élaborer une réponse aux défis actuels qui contribue aussi à la construction d’une nouvelle architecture financière internationale. Il a, dans ce cadre, soutenu la proposition de créer un mécanisme de suivi du Consensus de Monterrey.
D’autre part, le représentant d’El Salvador a expliqué que son pays a mis en place des politiques et élaboré des stratégies pour promouvoir un développement durable basé sur la mobilisation de ressources nationales et internationales. Il a relevé le rôle prépondérant que joue l’aide publique au développement (APD), notamment pour les pays qui ont très peu de capacité d’attraction des investissements étrangers directs, comme les pays à revenu intermédiaire. M. Garcia Gonzalez s’est, à cet égard, réjoui de la tenue de la Conférence internationale sur la coopération pour le développement des pays à revenu intermédiaire qui s’est tenue, dans son pays, en octobre 2007. Le document adopté lors de cette Conférence invite la communauté internationale à envisager des critères plus efficaces pour l’aide aux pays à revenu intermédiaire. Ces critères doivent notamment viser à consolider les progrès réalisés et éviter tout retour en arrière, a-t-il précisé. Le représentant salvadorien a conclu son intervention en témoignant de la confiance que son pays a envers les négociations sur le document qui devrait être adopté à la Conférence de Doha sur le financement du développement. Il a souhaité que ce document reflète le contexte économique international de manière objective et équilibrée, réaffirme les engagements pris à Monterrey, et prenne en considération les nouvelles thématiques, y compris celle liée aux problèmes spécifiques des pays à revenu intermédiaire.
M. ANTHONY A. SEKUDO (Nigéria) a déclaré que son pays a mis en œuvre toute une série de réformes macroéconomiques qui lui ont permis de réaliser quelques « modestes gains » en matière de croissance. Il a souligné qu’étant donné le fait que le Nigéria doit affronter de nombreux défis liés aux crises actuelles, sa délégation attache une grande importance aux discussions sur le suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. Il a fait remarquer que le Consensus a eu des effets positifs sur les aspirations de nombreux pays en développement, notamment s’agissant de l’allégement de la dette. Tout en se réjouissant de l’augmentation du niveau des investissements étrangers directs, il a attiré l’attention sur les défis qui persistent, toutefois, pour attirer les investisseurs. Il a dès lors souhaité que la Conférence de Doha sur le financement du développement veille à consolider les acquis dans ce domaine.
M. Sekudo a estimé que cette Conférence devra par ailleurs explorer les moyens d’étendre les nouvelles initiatives prises en matière de mobilisation de ressources pour le financement du développement. Il faudra toutefois veiller à ce que de telles initiatives ne constituent pas un fardeau supplémentaire pour les pays en développement, a-t-il précisé. Le représentant nigérian a également souhaité que la Conférence de Doha s’attelle à résoudre la question des transferts de fonds des migrants et a précisé, à cet égard, que son pays soutient une politique de « codéveloppement » qui veut que les fonds transférés par les migrants puissent être alloués à des projets de développement économique sur le long terme. Cette stratégie implique des concessions fiscales et une bonne coopération entre les pays d’origine et les pays de résidence des expatriés, a-t-il souligné. Parmi les autres questions que sa délégation voudrait voir abordées à Doha, figurent notamment celle de l’importance de promouvoir et de renforcer le rôle des petites et moyennes entreprises dans les pays en développement et celle du rôle crucial du commerce pour le développement, a indiqué M. Sekudo.
Présentation des rapports
La lettre datée du 8 juillet 2008, adressée au Secrétaire général par le Chargé d’affaires par intérim de la Mission permanente de l’Italie auprès de l’Organisation des Nations Unies (A/63/123) contient le texte des quatre résolutions adoptées par la cent dix-huitième Assemblée de l’Union interparlementaire. Ces résolutions portent, respectivement, sur les thèmes suivants: « Trouver un équilibre entre sécurité nationale, sécurité humaine et libertés individuelles, et déjouer la menace qui pèse sur la démocratie: le rôle des parlements »; « Le rôle que les parlements et l’Union interparlementaire peuvent jouer pour mettre fin immédiatement à la dégradation rapide de la situation humanitaire dans les zones de conflit et à sa dimension environnementale, pour faciliter l’exercice du droit des Palestiniens à l’autodétermination –en particulier en faisant cesser le blocus à Gaza– et pour accélérer la création d’un État palestinien au moyen d’un processus de paix viable »; « Les travailleurs migrants, la traite des êtres humains, la xénophobie et les droits de l’homme »; et « Contrôle parlementaire des politiques étatiques en matière d’aide étrangère ».
Le rapport publié sous la cote A/62/921 contient les « Résumés, établis par le Président de l’Assemblée générale, des sessions d’examen consacrées aux six domaines thématiques du Consensus de Monterrey, tenues à New York entre février et mai 2008 ».
Ce rapport rappelle que l’Assemblée générale avait prié le Président de l’Assemblée d’établir un programme de travail pour les préparatifs de la Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, chargée d’examiner la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, qui doit avoir lieu à Doha. Le calendrier comprenait des sessions d’examen sur les six domaines thématiques du Consensus de Monterrey, et des auditions interactives avec des représentants de la société civile et du monde des affaires.
Ces résumés présentent, d’une part, les exposés des participants à la table ronde et les réponses aux questions des participants et, d’autre part, le compte rendu des délibérations sur les politiques, avec la participation de toutes les parties prenantes.
Rapport du Secrétaire général sur les faits récents concernant l’examen du financement du développement et la mise en œuvre du Consensus de Monterrey (A/63/179)
Dans ce rapport, le Secrétaire général présente les faits les plus récents en reprenant les six chapitres du Consensus de Monterrey à un moment où le ralentissement de la croissance, l’incertitude des marchés financiers et le renchérissement de l’énergie et des denrées alimentaires menacent de susciter une nouvelle flambée d’inflation. Le Secrétaire général estime que des politiques macroéconomiques judicieuses doivent donc être suivies pour alléger les pressions inflationnistes, tout en apportant un soutien ciblé aux ménages pauvres les plus touchés par la hausse des prix des denrées alimentaires et des combustibles. Ces politiques doivent aussi comporter des mesures de politique budgétaire anticyclique appropriées, ajoute-t-il.
Face à cette toile de fond, le Secrétaire général souligne que la communauté internationale doit poursuivre des efforts de développement, maintenir les gains acquis dans la réduction de la pauvreté ces dernières années et explorer de nouveaux moyens de dégager les ressources extérieures et intérieures nécessaires pour augmenter le financement du développement.
S’agissant de la mobilisation des ressources financières intérieures pour le développement, premier volet du Consensus de Monterrey, le rapport souligne que les crises alimentaire, énergétique et financière actuelles montrent que la communauté internationale doit continuer à maintenir des niveaux adéquats d’investissement productif et appliquer des politiques intérieures anticycliques efficaces. À long terme, il est d’importance critique d’augmenter considérablement les recettes publiques et de diversifier l’assiette fiscale si l’on veut mobiliser des ressources pour le développement, préconise le Secrétaire général.
En ce qui concerne l’investissement direct étranger (IDE) et les autres flux de capitaux privés, le rapport met en avant la nécessité d’augmenter les investissements d’équipement et ceux consacrés aux ressources humaines, afin d’améliorer le climat des affaires. Il constate aussi l’augmentation des investissements entre pays en développement (Sud-Sud), qui sont passés de 2 milliards de dollars en 1985 à 60 milliards de dollars des États-Unis en 2004, soit 25 % de l’ensemble des investissements directs étrangers dans les pays en développement.
Dans le domaine du commerce, le rapport s’inquiète de l’impasse des négociations commerciales de Doha. Selon l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la croissance du commerce mondial a baissé pour être de 5,5% en 2007 contre 8,5% en 2006, et elle sera de 4,5% en 2008. L’issue des négociations commerciales de Doha, notamment en ce qui concerne l’agriculture, aura une forte incidence sur l’accès aux produits alimentaires des personnes qui vivent dans la pauvreté dans le monde, ajoute-t-il, insistant sur les politiques de financement qui favorisent un renouveau de l’agriculture dans les petites exploitations.
Sur le quatrième volet du Consensus de Monterrey, relatif à la coopération financière et technique internationale, le rapport note que les flux d’aide totaux en provenance de pays du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation pour le développement et la coopération économiques (OCDE) sont restés très en deçà des objectifs globaux et souligne l’importance de fournir des ressources prévisibles à des fins de développement.
Sur la question de la dette extérieure, le document indique que les indicateurs de la dette se sont dans l’ensemble considérablement améliorés, mais constate toutefois que de nouvelles difficultés ont vu le jour, dont l’importance croissante de la dette privée dans le montant total de la dette extérieure.
Enfin, s’agissant de l’amélioration de la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux, dernier chapitre du Consensus, le rapport insiste sur l’importance de réformer le régime de gouvernance des institutions financières internationales, pour y permettre une participation accrue des pays en développement. Le rapport note aussi les appels croissants en vue de renforcer les mécanismes intergouvernementaux de suivi des Conférences de Monterrey et de Doha, et de poursuivre le partenariat établi entre l’Organisation des Nations Unies et les autres principaux acteurs institutionnels dans l’accomplissement de cette tâche.
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