En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/3161

À l’OCCASION DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DE LA DÉSERTIFICATION, LA DEUXIÈME COMMISSION RÉAFFIRME LA NÉCESSITÉ D’ACCÉLÉRER L’APPLICATION DE LA CONVENTION DE L’ONU

30/10/2006
Assemblée généraleAG/EF/3161
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Deuxième Commission

23e séance – matin


À l’OCCASION DE L’ANNÉE INTERNATIONALE DE LA DÉSERTIFICATION, LA DEUXIÈME COMMISSION RÉAFFIRME LA NÉCESSITÉ D’ACCÉLÉRER L’APPLICATION DE LA CONVENTION DE L’ONU


2006, Année internationale des déserts et de la désertification, l’occasion d’attirer l’attention du monde sur le problème de la désertification et de souligner l’urgence de protéger les écosystèmes précieux des déserts.  Dix ans après l’adoption de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, l’heure du bilan a sonné, ce matin, à la Deuxième Commission (économique et financière) qui a achevé l’examen des questions du développement durable par une analyse des problèmes liés à la désertification et à la sécheresse. 


De nombreuses délégations se sont félicitées des manifestations qui ont ponctué cette Année internationale, en espérant qu’elles auront contribué à sensibiliser davantage aux conséquences de la désertification et de la sécheresse qui ont pour corollaires insécurité alimentaire et pauvreté.  Illustrant ce postulat, le représentant du Niger a rappelé que chaque année, son pays perd 100 000 hectares de superficies boisées sous les effets conjugués de la sécheresse et des coupes de bois.  L’impactd’une telle situation sur la productivité des sols, l’alimentation et l’appauvrissement des populations est évident.  La carte de la pauvreté coïncide avec celle de la désertification, s’est alarmé le représentant du Cap-Vert avant que ses homologues ne soulignent combien ces pressions entravent la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).


Problème à caractère multidimensionnel, la lutte contre la désertification est une tâche longue et difficile qui relève d’une responsabilité commune de la communauté internationale, a estimé le représentant de la Chine.  De nombreuses délégations se sont, à cet égard, réjouies des avancées effectuées dans la mise en application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification.  L’élément crucial de cette mise en œuvre demeure celui de la mobilisation des ressources, a rappelé la représentante de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Elle a réaffirmé le soutien du Groupe à la Facilité pour l’environnement mondial (FEM) qui, selon ce Groupe, doit rester le mécanisme de financement de la mise en œuvre de la Convention.


Si ce Fonds a le mandat très clair de fournir un soutien à l’application de la Convention, la réussite dudit mandat dépend aussi de l’aide d’autres acteurs, a précisé le Secrétaire exécutif de la Convention qui a salué le geste du Venezuela d’un « Nous n’avons jamais vu un tel élan de générosité de la part d’un pays en développement ».  Ce pays a fait une contribution volontaire en faveur des régions d’Afrique, du Pacifique Sud, de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Ce matin, le représentant de Caracas a rappelé la création par son pays d’une Fondation pour le développement durable qui mobilisera des fonds contre la pauvreté et la désertification.


L’application de la Convention des Nations Unies est en effet une question de vie ou de mort pour la Namibie, l’un des pays les plus arides de l’Afrique subsaharienne, a alerté son représentant, réitérant, avec ses homologues africains, l’espoir qu’ils ont placé dans les programmes environnementaux développés dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), comme le programme de reboisement « Ceinture verte ».


Les délégations de l’Afrique du Sud, de la Namibie, du Nigéria, de la République islamique d’Iran, d’Israël, du Niger, de la Chine, du Japon, du Cap-Vert et du Soudan ont participé au débat.  La représentante du Fonds international pour le développement agricole(FIDA) a également pris la parole.  En fin de séance, la Deuxième Commission a entendu la présentation du rapport du Secrétaire général sur la coopération pour le développement industriel qui fera l’objet d’un débat, le 10 novembre.


Cet après-midi, la Deuxième Commission organise une table-ronde sur le thème « Négocier Doha », à laquelle participera M. Pascal Lamy, Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). 


La prochaine réunion de la Commission aura lieu jeudi 2 novembre et portera sur les activités opérationnelles de développement.


APPLICATION DE LA CONVENTION DES NATIONS UNIES SUR LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION DANS LES PAYS GRAVEMENT TOUCHÉS PAR LA SÉCHERESSE ET/OU LA DÉSERTIFICATION, EN PARTICULIER EN AFRIQUE


Présentant le rapport du Secrétaire général paru sous la cote A/61/225, M. HAMA ARBA DIALLO, Secrétaire exécutif du Secrétariat de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, a expliqué que le rapport porte sur le résultat de la septième session de la Conférence des Parties et sur la célébration de l’Année internationale des déserts et de la désertification.  S’agissant des résultats de la septième session, il a rappelé qu’il a été décidé de mettre sur pied un groupe de travail intersession chargé d’élaborer un plan stratégique sur dix ans, ainsi qu’un cadre pour améliorer l’application de la Convention.  Ce groupe essaiera d’améliorer les synergies entre lutte contre la désertification et dégradation de l’environnement, changements climatiques et conservation de la biodiversité, a-t-il précisé, ajoutant qu’il s’agit de s’assurer que ces synergies contribuent à la mise en application du Plan de Johannesburg.  L’année 2006, a-t-il poursuivi, est une année charnière pour la Convention, du fait qu’elle marque non seulement la dixième année de son entrée en vigueur mais également l’Année internationale des déserts et de la désertification. 


Le Secrétaire exécutif s’est, à cet égard, dit satisfait des événements et manifestations qui ont ponctué cette Année internationale.  Il a notamment fait état de la tenue d’une Conférence en Espagne dont le thème portait sur les liens entre dégradation de l’environnement, pauvreté et migrations forcées.  Les migrations forcées constituent une des conséquences les plus sérieuses de la désertification, a-t-il précisé.  Il a enfin indiqué que le Festival international du film de Rome, prévu pour la première semaine de décembre, viendra clore cette Année internationale, en présentant des films sur des pays touchés par la sécheresse.  Il a espéré que ce festival laissera une impression sur son audience et, partant, renforcera l’engagement pour lutter contre la désertification.  Pour conclure, il s’est réjoui de ce qu’un nombre croissant de pays appuie la Convention.  Il a, à cet égard, attiré l’attention sur la contribution volontaire du Venezuela qui s’est engagé à assister la mise en application de la Convention dans les régions d’Afrique, du Pacifique sud, de l’Amérique latine et des Caraïbes.  Nous n’avons jamais vu un tel élan de générosité de la part d’un pays en développement, s’est réjoui M. Diallo, espérant que d’autres pays de la même catégorie suivront cet exemple.


Échange interactif


Renchérissant, le représentant du Venezuela a indiqué que son pays a créé une Fondation pour le développement durable qui mobilisera des fonds contre la pauvreté et la désertification.  Il faut qu’il y ait une véritable coopération Sud-Sud, a-t-il insisté avant que le représentant du Nigeria ne s’inquiète du rôle du FEM qui, selon lui, devrait être un outil financier destiné à la lutte contre la désertification.  Si ce Fonds a le mandat très clair de fournir un soutien à l’application de la Convention, la réussite dudit mandat dépend aussi de l’aide d’autres acteurs, a précisé le Secrétaire exécutif.  La lutte contre la désertification devrait être mieux financée par le Secrétariat, a estimé le représentant de la Somalie.


Débat général


Mme SUHAYFA ZIA (Afrique du Sud) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qu’il y a quatre ans, les dirigeants du monde ont accepté, de manière consensuelle, de considérer la Convention sur la lutte contre la désertification comme un des outils les plus importants de la lutte contre la pauvreté.  Mais à ce jour, la communauté internationale n’a pas fourni, pour cette tâche, les moyens dont elle a besoin pour être couronnée de succès.  Le Groupe des 77 et la Chine expriment leur profonde inquiétude concernant cette question et regrette notamment que le Rapport du Secrétaire général sur le travail de l’Organisation ne mentionne même pas, cette année, la question de la désertification.  Face à ce silence inexplicable, le Groupe des 77 et la Chine appellent donc la communauté internationale à se pencher sur cette question cruciale, qui affecte des centaines de millions de vies, en cette Année internationale sur les déserts et la désertification, a dit la représentante.  Nous réaffirmons ce que la Conférence des Parties a tenu à souligner à sa septième session.  Il est urgent que soit créée une alliance stratégique pouvant promouvoir des directives et des objectifs clairs pour soutenir la mise en œuvre de la Convention.  L’élément crucial de cette mise en œuvre est celui de la mobilisation des ressources, a rappelé la représentante.  Le Groupe des 77 et la Chine réaffirment, à cet égard, leur soutien à la Facilité pour l’environnement mondial (FEM) qui doit rester le mécanisme de financement de la mise en œuvre de la Convention.


M. KAIRE MBUENDE (Namibie) a expliqué que l’application de la Convention est, pour son pays, une question de vie ou de mort.  La Namibie possède un des plus vieux déserts du monde et est l’un des pays les plus secs de l’Afrique subsaharienne.  Nous devons gérer la fragile écologie, tout en prenant des mesures pour lutter contre la désertification, a-t-il expliqué.  La variabilité climatique, incarnée par des sécheresses, des pluies imprévisibles, des températures contrastées et le manque d’eau rend bien réel le spectre de la désertification, a-t-il poursuivi, ajoutant que la prévalence du déboisement, le surpâturage et la détérioration des terres arables viennent compléter cette menace.  Il a expliqué que son gouvernement combat le processus de désertification par la promotion d’un développement durable et équitable des ressources naturelles et ce, pour le bien des générations actuelles et futures.  Le Gouvernement continue de promouvoir la durabilité de l’environnement en s’attachant à promouvoir des méthodes protégeant les moyens de subsistance, a-t-il poursuivi, indiquant notamment qu’avec le soutien du FEM, des ONG et de la société civile, un programme national pour la gestion intégrée des terres a été créé.  Il vise à remédier à la dégradation des terres pour le bien des communautés locales. 


Rappelant que la recherche et la formation sont un élément clef dans la lutte contre la désertification, il a indiqué que son gouvernement a alloué des ressources substantielles à la formation, notamment dans le domaine de la gestion des ressources naturelles.  Par la promotion de la gestion durable des ressources naturelles au niveau des communautés, nous réussirons à combattre la désertification, réduire la pauvreté et favoriser la bonne gouvernance, a-t-il espéré. Il a fait observer, pour conclure, que, dans le cadre de l’Année internationale pour les déserts et la désertification, son pays a organisé de nombreuses manifestations, et notamment des expositions de photos ou des activités de reboisement.  Nous sommes fiers de la beauté de nos déserts mais nous continuons de lutter contre la désertification, a-t-il souligné.


M. ANADEU (Nigéria) a déclaré que l’impact de la sécheresse affecte les capacités alimentaires et de développement agricole de nombreux pays.  Il a demandé que la décision prise sur le financement du FEM et sur son statut soit appliquée sans retard pour faire de cet organisme le mécanisme officiel de financement des opérations visant à mettre en œuvre la Convention sur la lutte contre la désertification.  Le représentant a affirmé que son pays déploie beaucoup d’efforts pour sensibiliser ses populations au phénomène de la désertification et pour promouvoir une meilleure conservation des terres.  Un programme de reboisement national a été lancé, dans le cadre de la promotion de la « Ceinture verte », pour reconquérir les terres affectées par l’aridité.  Le programme de la « Ceinture verte » est mené non seulement au Nigéria mais aussi dans les pays voisins, dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Le Nigéria, a conclu le représentant, estime que la désertification est un problème mondial qui devrait être traité comme tel.  La Convention y afférente devrait recevoir autant de soutien  que d’autres traités internationaux que la communauté internationale juge primordiaux.


M. JAVAD AMIN MANSOUR (République islamique d’Iran ) a rappelé que la 58ème session de l’Assemblée générale avait décidé de faire de l’année 2006 l’Année internationale des déserts et de la désertification.  Étant donné que les déserts couvrent un tiers des terres de la planète et qu’ils affectent la vie de plus d’un milliard de personnes vivant dans une centaine de pays, l’ONU avait pris cette décision pour aider à prévenir l’aggravation des conséquences de la désertification à travers le monde.  Le représentant a donc exhorté la communauté internationale à écouter la voix des populations vivant dans des zones désertiques ou arides.  Les implications de la désertification et de l’aridité des terres devraient être prises en considération dans la conception et l’énoncé des politiques et des objectifs du développement durable, a dit M. Mansour.  Il est important de reconnaître que la désertification a un impact sur la capacité des pays à réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il souligné.  Face à la désertification et à l’expansion continue des déserts, l’Iran pense que des études approfondies devraient être lancées sur les véritables causes de ces phénomènes ainsi que sur leurs impacts.  C’est à l’issue de ces études qu’un plaidoyer pourrait être monté en vue de faciliter la mobilisation des ressources nécessaires à la lutte contre la désertification, a dit le représentant iranien.  Il est crucial, a-t-il poursuivi, de reconnaître l’expertise des populations vivant dans les déserts et de bénéficier de leurs connaissances de gestion des ressources de cet environnement.  Au-delà des études, les pays affectés ont besoin de recevoir de la communauté internationale, et notamment des pays développés, les technologies modernes.  Ils ont besoin, a insisté le représentant, de technologies qui leur permettraient d’utiliser, par exemple, l’énergie éolienne pour faire face à leurs besoins énergétiques et pour exploiter, de façon durable, les nappes phréatiques qui existent sous la surface des déserts. 


Afin d’évaluer les progrès effectués depuis l’entrée en vigueur de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, une Conférence internationale aura lieu la semaine prochaine dans mon pays, a indiqué M. UZI MANOR (Israël).  Cette Conférence portera sur le thème: « déserts et désertification: défis et opportunités » et se tiendra pendant quatre jours.  Le premier jour sera consacré à la vie dans les terres sèches, et le deuxième aux causes indirectes de la désertification, en tenant compte des aspects sociaux dont la pression démographique.  La troisième journée consistera, quant à elle, en des visites sur le terrain, là où des communautés ont tiré parti des conditions désertiques pour accumuler des bénéfices économiques.  Enfin, lors de la dernière journée, les exposés porteront sur des projets concrets visant à fournir des conditions de vie durables dans les zones arides et à combattre la désertification, a aussi expliqué le représentant.


M. BOUBACAR SEYNI (Niger) a rappelé que le désert couvre les deux tiers de la superficie de son pays.  Chaque année, le Niger perd 100 000 hectares de superficies boisées sous les effets conjugués de la sécheresse et des coupes de bois.  Le bois reste la principale source d’énergie pour la plupart des ménages nigériens.  Ces activités ont affecté les ressources naturelles et les sols, entrainant la baisse de la productivité, l’insécurité alimentaire et l’appauvrissement des populations.  Le Gouvernement a adopté des mesures en vue d’atténuer les facteurs qui contribuent à la désertification et à la sécheresse, a indiqué M. Seyni.  Parmi ces mesures, il a cité le Plan national de lutte contre la désertification; le Programme national de gestion des ressources naturelles; le Plan d’action forestier et le Plan national de l’environnement pour un développement durable, adopté en 1998 et confirmé en 2000 comme politique nationale.  La date du 3 août, qui est celle de la fête nationale nigérienne, a d’autre part été proclamée « Fête de l’arbre ».  Les populations procèdent chaque année, à cette occasion, à la plantation d’arbres sur tout le territoire national.  Mais le Niger a besoin d’aide, la tâche étant immense et ses moyens limités.  Une coopération internationale renforcée est donc indispensable pour combattre le fléau de la désertification qui menace des millions de personnes à travers le monde. 


M. WANG QI (Chine) a estimé que la lutte contre la désertification implique aussi d’améliorer l’écologie, d’éradiquer la pauvreté et d’atteindre un développement économique et social durable.  Il s’agit d’une tâche longue et difficile, a-t-il précisé, ajoutant qu’elle relève d’une responsabilité commune de la communauté internationale.  La Convention des Nations Unies constitue notre guide en la matière et doit être appliquée, a-t-il insisté, soulignant qu’une contribution financière et technique s’avère indispensable.  Les pays en développement sont particulièrement touchés par la désertification et sont handicapés par le manque de ressources et de capacités, notamment technologiques, a-t-il expliqué.  L’insuffisance des ressources et les mauvais fonctionnements des mécanismes de financement ont freiné la mise en application de la Convention.  Le représentant a ainsi souligné que la lutte contre la désertification implique la participation de tous, de la communauté internationale, du gouvernement concerné, du secteur public, du secteur privé, des ONG et des instituts de recherche scientifique.  Il a expliqué que son pays figure parmi les pays affectés par la désertification et a rappelé que ce problème représente une contrainte pour son développement.  Le Gouvernement accorde une importance toute particulière à la lutte contre la désertification et a lancé des mesures importantes pour mettre en œuvre la Convention, a-t-il indiqué, faisant notamment part de projets de construction tenant compte des impératifs de la protection des forêts.  La Chine a accumulé une certaine expérience, a-t-il souligné, rappelant qu’elle mène des activités de coopération étroite avec différents pays, dans le but de partager son expérience et fournir une formation à un grand nombre de techniciens des pays en développement.


M. YOSHIAKI ITO (Japon) a dit que son pays avait accueilli au mois d’août une Conférence sur la lutte contre la désertification afin de sensibiliser les Japonais à ce phénomène et de proposer des solutions.  Le Gouvernement japonais a créé un site Web sur lequel il expose ses réflexions et les politiques qu’il promeut sur cette question.  L’ancien Premier Ministre défunt Ryutaro Hashimoto avait été nommé président honoraire de l’initiative japonaise de soutien à la lutte contre la désertification et l’avancée des déserts.  Le Japon remercie M. Diallo et le Secrétariat exécutif de la Convention sur la lutte contre la désertification de l’honneur qu’ils ont rendu à sa mémoire.  


M.JOSÉ MARIA SILVA (Cap-Vert) a rappelé que la priorité principale des pays en développement est de faire reculer la pauvreté et a souhaité que, dans le cadre de la Convention, des mesures soient prises en la matière.  La pauvreté est le résultat de la désertification et sa carte correspond à celle de la désertification, a-t-il souligné.  Il a expliqué que son pays, qui est confronté à la sécheresse, attache la plus grande importance aux questions examinées aujourd’hui.  Il s’est inquiété de ce que, dans le monde, les problèmes tendent à augmenter plutôt qu’à diminuer.  Soulignant que de nombreux problèmes restent dans l’ombre, il a regretté que celui de la désertification ne bénéficie pas de l’attention qu’il mérite.  Il s’est toutefois félicité des efforts déployés dans la mise en œuvre de la Convention, avant de s’alarmer devant le fait que l’Afrique est le continent le plus frappé par les sécheresses et le moins à même de réaliser les OMD.  Nous n’allons pas attendre d’être riches pour résoudre nos problèmes de développement, a-t-il insisté, ajoutant qu’à moins qu’il n’y ait un soutien international, les OMD resteront lettres mortes.  Il faut allouer plus de ressources à la lutte contre la désertification, a-t-il martelé.


M. MAGDI MOFADAL (Soudan)  a déclaré que les impacts de la désertification ont été exacerbés au Soudan par plusieurs facteurs, dont ceux de la croissance démographique trop rapide; du ralentissement de la croissance économique; de la guerre civile dans le Sud du pays et de l’afflux de réfugiés provenant des pays voisins.  La population soudanaise est passée de 14,1 millions en 1973 à 34,5 millions en 2004, et la guerre a duré 21 ans dans le Sud du pays.  L’augmentation de la population a décimé le couvert végétal du pays alors que les sécheresses répétées ont détruit une grande partie du cheptel ovin et bovin soudanais, a dit M. Mofadal.  Au niveau régional, le Soudan est membre de l’Autorité intergouvernementale de développement (IGAD), née en 1986 de la volonté de six chefs d’État d’Afrique de l’Est qui ont estimé que la paix était la condition première du développement.  La sécheresse et la désertification ne peuvent être traitées de manière isolée.  Elles doivent être perçues sous un angle plus large: celui de la promotion de la paix, de l’essor économique durable et du développement, a estimé le représentant.  Le Soudan attend de la Commission qu’elle adopte le projet de résolution relatif à la question de la désertification qui est en cours de négociation, afin de placer cette question au centre de l’agenda de l’ONU et de la communauté internationale.


Mme XENIA VON LILIEN-WALDAU, Fonds international pour le développement agricole (FIDA), a attiré l’attention sur le lien qui prévaut en Afrique entre dégradation de l’environnement et pauvreté.  Elle a, à cet égard, rappelé que les objectifs de développement de l’Afrique ne seront pas atteints si les problèmes de désertification ne sont pas résolus.  Les défis sont importants mais nous pouvons intensifier nos efforts, a-t-elle estimé.  S’intéressant plus particulièrement au travail de la FIDA, elle a indiqué que près de 70% des projets appuyés par le Fonds sont basés dans des environnements écologiquement fragiles.  Le FIDA a investi plus de 3,5 milliards de dollars dans des régions concernées par des problèmes de dégradation des terres.  La représentante a rappelé que les efforts visant à combattre la désertification sont plus que jamais urgents.  Elle a préconisé que soit améliorée la prise en charge des pays et le renforcement de leurs capacités, en faisant tout particulièrement en sorte que leur implication soit durable.  Il faut promouvoir davantage les synergies entre les cadres nationaux et les Conventions de Rio, a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’il importe également d’améliorer les mécanismes de contrôle de la Convention sur la lutte contre la désertification.


ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT: COOPÉRATION POUR LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL


Présentation de rapport


M. KANDEH YUMKELLA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a présenté à la Commission le rapport sur la coopération pour le développement industriel (A/61/305) qui est transmis aux délégations par une note du Secrétaire général.  Le Directeur général de l’ONUDI a d’abord rappelé que 2006 marque les 40 ans d’existence de l’ONUDI, dont le personnel est passé de 1 400, dans les années 90, à 700 aujourd’hui.  L’ONUDI a porté le montant de ses activités de coopération de 57 millions de dollars en 1998 à 128 millions en 2005, a ajouté M. Yumkella.  Sur cette somme, en 2005, 80 millions lui ont été versés par des gouvernements, dont ceux de certains pays en développement.  Concernant la coopération pour le développement industriel, qui est le principal mandat de l’ONUDI, elle s’est caractérisée, ces dernières années, par son adaptation aux changements qui se sont produits dans l’évolution du paysage industriel mondial.  L’an dernier, les pays en développement ont produit un quart des produits manufacturés mondiaux et un tiers des biens industrialisés commercialisés, a dit M. Yumkella en notant que les échanges Sud-Sud de produits industriels ont connu une croissance appréciable.  C’est pour répondre à ce phénomène que l’ONUDI s’est lancée dans une nouvelle initiative: la coopération industrielle Sud-Sud, qui, au cours de ces dernières années, a eu tendance à équilibrer celle qui existe entre le Nord et le Sud.


L’ONUDI s’inquiète de la part extrêmement réduite de l’Afrique dans la production industrielle mondiale, a poursuivi M. Yumkella.  Cette part a stagné et reste aujourd’hui de 1%.  Les activités de production industrielle africaine sont quasiment inexistantes en ce qui concerne le secteur des produits de moyenne et haute technologie.  Malgré divers accords commerciaux, signés au niveau régional, les échanges interafricains se sont accrus à un rythme beaucoup plus faible que celui que l’on observe dans les autres régions en développement.  L’expérience des pays qui ont réussi à réduire sur une grande échelle la pauvreté de leurs populations –la Chine, l’Inde et les nouveaux pays industrialisés dits « tigres » ou « dragons »– peut servir de guide à ceux qui veulent faire de même en Afrique.  L’augmentation de la production industrielle et de sa qualité est la solution.  La Chine est devenue une puissance industrielle en 15  ans, et sa part dans la production mondiale a cru de manière spectaculaire, a dit le Directeur général de l’ONUDI.  Les Africains n’ont pas seulement envie qu’on leur apprenne à pécher.  Ils veulent fabriquer eux-mêmes la canne à pêche qui leur permettra de prendre du poisson ou la moustiquaire qui les protégera du paludisme, a souligné le Directeur général de l’ONUDI.


N’est-il pas remarquable que la Malaisie, qui s’est appuyée sur la transformation de ses produits locaux, exporte aujourd’hui du carburant écologique fabriqué à partir de l’huile de palme alors que l’Afrique de l’Ouest, qui avait les plus grandes potentialités en ce qui concerne ce produit, soit encore totalement dépendante des cours mondiaux du pétrole?  Les pays africains pourraient, s’ils déployaient des efforts que soutiendrait la communauté internationale, tirer eux aussi d’énormes dividendes de la transformation de leurs produits naturels.  L’ONUDI est très active dans le domaine des biocarburants, a poursuivi le Directeur.  Elle y travaille avec la FAO et pense que c’est un secteur porteur de succès.  Le développement des biocarburants permettrait aux pays en développement de générer des revenus et de créer des emplois tout en promouvant des sources d’énergie propres et en contribuant à la réduction des émissions de carbone, à la lutte contre la déforestation, la dégradation de sols et la pollution.  Au mois de septembre dernier, l’ONUDI a organisé une réunion des ministres d’Amérique latine sur le thème « sécurité énergétique en Amérique latine: les énergies renouvelables comme solution de rechange », a indiqué M. Yumkella.  En présence de 19 ministres, dont celui de l’Espagne, cette rencontre a permis la création d’un Observatoire régional des énergies renouvelables qui sera un réseau latino-américain de partage d’informations et d’expériences et un centre de développement de projets énergétiques.  L’an prochain, le Brésil accueillera une conférence sur les énergies renouvelables et, toujours en 2007, la Malaisie sera l’hôte d’une conférence sur les biocarburants.


Le rôle de l’ONUDI est d’aider les pays à construire les capacités dont ils ont besoin pour utiliser de nouvelles technologies, s’adapter à de nouveaux processus de fabrication et mettre en place des concepts manufacturiers qui leur permettent ensuite de générer plus de valeur ajoutée.   L’ONUDI est devenue le premier organe de l’assistance technique qui permet ensuite aux pays de mieux se positionner sur les questions commerciales.  L’ONUDI coordonne, en ce moment, une initiative interinstitutions visant à créer un guide complet des services que le système de l’ONU est capable d’offrir en matière de commerce.  Cette démarche vise à éliminer les doublons, à identifier les opportunités qui s’offrent et à fournir aux États Membres des informations sur les questions commerciales en temps opportun.  En ce qui concerne l’Afrique, l’ONUDI soutient le NEPAD à travers sa coopération industrielle avec les pays du continent et l’Initiative africaine de promotion des capacités de production (APCI).  Adoptée en 2004 par l’Union africaine, l’APCI est la composante de promotion d’un développement industriel durable du NEPAD et son premier objectif est d’augmenter la valeur ajoutée de secteurs industriels sélectionnés dans les cinq sous-régions du continent, a dit M. Yumkella. 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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