LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS (TIC) CONFIRMÉES DANS LEUR ROLE D’OUTIL INDISPENSABLE POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
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Deuxième Commission
12e séance - matin
LES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DES COMMUNICATIONS (TIC) CONFIRMÉES DANS LEUR ROLE D’OUTIL INDISPENSABLE POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT
Dans les pays les moins avancés (PMA), cinq personnes sur 100 ont un téléphone cellulaire alors que dans les pays développés le ratio est de 80 sur 100. Ce constat a été établi par le Haut Représentant pour les PMA, dans le cadre du débat que la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a organisé aujourd’hui sur « les technologies de l’information et des communications (TIC) au service du développement ». Dans « l’économie du savoir » qui caractérise le monde actuel, moins de 1% de la population des PMA a accès à l’Internet contre 30% dans les pays développés. La profondeur de ce fossé numérique a été dénoncée par l’ensemble des 15 intervenants qui ont prévenu que sans un accès aux TIC, il sera impossible aux pays les plus pauvres de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
C’est précisément pour réduire la fracture numérique que la communauté internationale a organisé le Sommet mondial sur la société de l’information dont la seconde phase s’est déroulée à Tunis en novembre 2005, après celle de Genève, en décembre 2003. Les délégations ont donc réitéré les appels à une aide financière et technique de la communauté internationale, en soulignant le rôle moteur que peut avoir pour le développement, « l’e-commerce, l’e-santé ou l’e-éducation ». Sans les TIC, on ne peut créer de systèmes efficaces de prévention et de lutte contre les urgences humanitaires et les catastrophes naturelles, a renchéri la représentante de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en citant les succès du Cameroun et de la Namibie.
Comme à Genève et à Tunis, certaines délégations ont reposé la question des normes devant régir l’évolution et l’utilisation d’Internet. Le représentant du Venezuela s’est insurgé en dénonçant l’imposition d’un système de propriété intellectuelle et de brevets dans un secteur qui aurait dû être traité comme un bien public. La connaissance n’est pas un bien monnayable, a-t-il tranché, en pointant un doigt accusateur sur « le marché financier des idées ».
Avant de débattre des TIC au service du développement, la Deuxième Commission a été saisie de trois textes de négociation relatifs au système financier international et au renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophes fournis par les Nations Unies.
La prochaine réunion plénière de la Commission économique et financière aura lieu mardi, le 16 octobre, à 10 heures. Elle examinera la question du commerce international et du développement.
Présentation de projets de résolution
Questions de politique macroéconomique
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Afrique du Sud a présenté le projet de résolution intitulé « Système financier international et développement » (A/C.2/61/L.3). Ce projet de texte est extrêmement important pour les pays en développement, a souligné le représentant, en demandant aux autres États de faire preuve de compréhension et d’accepter d’examiner le projet de résolution sans ne lui apporter aucune modification. De nombreux engagements pris par la communauté internationale en matière de financement du développement n’ont pas été tenus. C’est pourquoi nous avions réitéré, dans ce texte, certaines des demandes qui figuraient dans la résolution soumise l’an dernier sur la même question, s’est expliqué le représentant. Il a mis en garde contre la paupérisation excessive de nombreux pays du Sud, laquelle est une source d’instabilité. La Commission doit se rendre compte qu’elle est devenue un forum important pour les États qui n’ont pas suffisamment de voix dans les institutions financières internationales, mais qui peuvent, ici, exprimer leurs demandes en espérant qu’elles seront répercutées par l’Assemblée générale aux autres instances internationales, a confié le représentant, en demandant donc aux autres États d’adopter le texte par consensus.
Le représentant sud-africain a ensuite présenté, toujours au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le projet de résolution relatif à l’ « Année internationale des fibres naturelles » (A/C.2/61/L.2). Il a fait remarquer que ce texte est transmis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et que son contenu a déjà fait l’objet d’un consensus à Rome. « Il n’y a donc aucune raison que ce texte ne soit pas adopté par consensus », a estimé le représentant.
Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des nations unies
Prenant la parole à la suite de l’Afrique du Sud, le représentant de l’Argentine a présenté le projet de résolution intitulé « Participation de volontaires, les « Casques blancs », aux opérations de secours humanitaires et aux activités de relèvement et de coopération technique pour le développement entreprises par l’Organisation des Nations Unies » (A/C.2/61/L.4). Ce texte est nouveau, a indiqué le représentant, en arguant que la multiplication des catastrophes et l’insuffisance des réponses qui leur sont apportées ont amené sa délégation à proposer des solutions qui font beaucoup plus appel aux efforts des populations des pays affectés. Au vu de l’impact négatif des catastrophes sur les économies de pays, qui au départ étaient déjà fragiles, la communauté internationale doit prendre le problème beaucoup plus au sérieux et ne plus le considérer comme une question marginale. C’est pourquoi l’Argentine demande l’adoption de ce texte par consensus, a prévenu le représentant.
Les technologies de l’information et des communications (TIC) au service du développement
Présentation de rapports et débat général
Présentant une note du rapport du Secrétaire général sur le rapport du Corps commun d’inspection intitulé « Politique des organismes du système des Nations Unies pour l’utilisation des logiciels libres aux fins du développement » (A/61/94), M. KENNETH HERMAN, Conseiller pour la gestion de l’information et la coordination des politiques auprès du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination,a rappelé que la résolution 57/295 de l’Assemblée générale demande au système des Nations Unies de créer et de mettre en place une stratégie mondiale pour que les bénéfices des TIC viennent améliorer l’efficacité et l’impact des programmes de développement et des activités de coopération technique des organisations des Nations Unies. Un cadre stratégique a été proposé en 2004, a-t-il rappelé, ajoutant qu’il décrit les principes destinés à favoriser un environnement technologique unifié et identifie les initiatives qui, concrètement, permettront aux organisations de donner corps à ce cadre. Il a souligné que le système des Nations Unies a fait de nombreux progrès dans la réalisation des objectifs définis par la résolution, mais qu’un certain nombre d’obstacles demeure.
Chaque opération des TIC se fait dans le cadre difficile de budgets fluctuants et de ressources réduites, s’est-il expliqué. De plus, bien que des points communs existent, les organisations ne fonctionnent pas toutes sur le même principe, a-t-il poursuivi, expliquant ainsi que cela représente une difficulté de plus lorsqu’il s’agit de construire un système unifié. Ces défis nous rappellent que plutôt que de rechercher l’harmonisation et l’intégration des activités de TIC, il faudrait plutôt rechercher l’harmonisation et l’intégration des activités opérationnelles et administratives. Les TIC peuvent donner une direction et identifier des opportunités, mais il revient aux programmes et à l’administration d’adopter les changements nécessaires pour les rendre réelles, a-t-il estimé.
Mme SUZANNE BILELLO, Fonctionnaire principale de l’information et des liaisons à l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a présenté le rapport du Secrétaire général sur les technologies de l’information et de la communication au service du développement (A/61/254). Depuis la rédaction de ce document, a-t-elle dit, l’UNESCO a mené des consultations avec ses différents partenaires sur la possibilité de créer un système global de communication pour le développement. Cette action s’inscrit dans le contexte des Cadres d’assistance au développement de l’UNESCO. Dans sa résolution pertinente, l’Assemblée générale a souligné la nécessité de soutenir le développement de systèmes de communication qui permettent aux communautés d’exprimer leurs aspirations et leurs besoins, et ainsi de prendre part aux processus de prise de décision qui affectent leur avenir ou leur mode de vie. La stratégie de l’UNESCO pour accélérer la participation des communautés se fonde sur l’usage de la radio et des centres multimédias. La radio communautaire coûte très peu, elle est facile à opérer et elle permet aux communautés d’avoir voix au chapitre alors qu’elles étaient complètement ignorées. Les programmes soutenus par l’UNESCO fournissent aux populations des informations sur le développement humain, sur la santé, l’éducation, la nutrition et la manière dont les populations rurales pourraient se lancer dans des activités génératrices de revenus. En combinant la radio aux TIC, ces stratégies donnent aux communautés les moyens de s’autonomiser tout en brisant leur isolement, a souligné la représentante.
M. JALEL SNOUSSI (Tunisie) s’est demandé si le développement des technologies de l’information et des communications n’est pas en train de reproduire, en les creusant parfois, les mêmes sentiers de disparité et de se placer beaucoup plus comme une source de marginalisation que comme un vecteur d’intégration. Le fossé numérique est le produit d’un contexte économique mondial déséquilibré, a-t-il ajouté. Pour préciser son point de vue, il a fait observer que les TIC n’ont pas apporté les mêmes avantages à tout le monde et le même impact en termes économique et social. Elles ont contribué à aggraver les écarts entre les régions et les catégories sociales. Dans ce cadre, les TIC ont agi comme un levier d’exclusion, a-t-il martelé. Il a estimé que les TIC, par leur capacité à stimuler le développement, recèlent de grandes potentialités qu’il faudrait utiliser de façon appropriée et adaptée aux spécificités du contexte local, comme instrument stratégique de développement.
Il a fait observer que pour les pays en développement le fossé numérique est avant tout une fracture sociale. Le défi n’est dès lors pas seulement technologique mais aussi socio-économique, a-t-il expliqué. Il a préconisé que soient déployés des efforts plus soutenus pour permettre à l’ensemble des peuples de tirer profit de la révolution numérique et pour favoriser les conditions d’établissement d’un partenariat numérique mondial basé sur une vision commune de solidarité, de complémentarité et de codéveloppement. C’est dans le cadre de cette vision de solidarité et de partenariat que le Sommet mondial sur la société de l’information a été lancé, préparé et tenu respectivement à Genève et Tunis, a estimé M. Snoussi, ajoutant que les deux phases ont abouti à des résultats qu’il incombe à la communauté internationale de mettre en œuvre en faveur de la réduction de la fracture numérique et de l’établissement d’une société d’information ouverte, équitable et orientée vers le développement.
Mme RAGHAD ALI HASAN (Iraq) a dit que sa délégation soutient la création d’une coalition mondiale pour le développement des TIC, en vue de permettre à davantage de pays de réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Sortant d’une longue période de conflits et subissant encore des attaques terroristes, l’Iraq a besoin de l’assistance de la communauté internationale pour rattraper le retard qu’il a pris en matière de TIC. Le long embargo que la population iraquienne a subi au cours des années 90 l’a complètement isolée et déconnectée des échanges de connaissances que permet l’usage des TIC. L’Iraq ne dispose pas des infrastructures de base sur lesquelles s’appuie le développement des TIC. Le fossé numérique entre l’Iraq, le reste des pays de sa région et le reste du monde est énorme, a insisté la représentante. Sans TIC, l’Iraq ne pourra pas se lancer dans la promotion d’un développement durable. Le sort des femmes ne pourra pas s’améliorer si on ne leur donne pas accès à l’usage des TIC. L’acquisition des connaissances, notamment en cette période d’insécurité, serait largement facilitée, si les Iraquiens pouvaient, à partir de leurs maisons, avoir accès aux avancées du monde moderne, a-t-elle encore plaidé.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie), au nom de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ANASE), a estimé que l’engagement en faveur des TIC, au nom du développement, doit non seulement contribuer à créer une société globale de connaissances, mais également être un outil pour se rapprocher des grands objectifs du développement. Il s’est ainsi montré favorable à la décision de créer une feuille de route visant à améliorer le partage de connaissances au sein du système des Nations Unies. Il a rappelé que les États membres de l’ANASE accordent une importance toute particulière aux TIC et, ainsi qu’il est stipulé par le Programme d’action de Vientiane, souhaitent construire une communauté interconnectée plus sûre en favorisant l’accès universel aux infrastructures et services des TIC, tout comme en renforçant la coopération entre ses membres. Il a, à cet égard, expliqué que, dans le but d’accélérer la mise en œuvre de différents programmes en matière de TIC, les pays de l’ANASE ont décidé de créer un « fonds TIC » qui devrait s’élever à cinq millions de dollars. Il a, en outre, fait part de la création de mécanismes qui visent à faciliter l’échange d’information, comme par exemple le Centre météorologique spécialisé pour l’ANASE, à Singapour, qui fournit à chaque pays membre des images satellite de la région ou le Centre pour l’information des tremblements de terre de l’ANASE, à Jakarta, qui transmet à ses membres des informations en temps réel. Enfin, il a estimé que les Nations Unies ont un rôle important à jouer et notamment dans le développement d’infrastructures informatiques dans les domaines du commerce, de l’agriculture, de la santé et de l’éducation.
M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement (PIED), a rappelé que lors de la deuxième phase du Sommet mondial sur la société de l’information, qui a eu lieu en novembre dernier à Tunis, après la phase de Genève, la communauté internationale a réitéré l’engagement qu’elle avait pris à Genève de prêter attention aux besoins spéciaux des PMA, des pays enclavés et des petites îles en développement. L’engagement a été pris de faire en sorte que les populations de ces pays aient un accès assuré aux TIC en vue de mieux participer aux actions de développement et de s’intégrer dans les échanges internationaux. Cette promesse a connu des débuts de réalisation, a reconnu le Haut Représentant. Le Fonds de solidarité digitale a ainsi engagé 60% de ses ressources au profit des PMA. Mais à Tunis, les experts avaient estimé qu’il fallait faire plus, notamment dans les domaines du financement et des transferts de technologies, a précisé M. Chowdhury en estimant que la communauté internationale devrait tout faire pour combler le fossé numérique qui isole les PMA. Les 50 PMA sont les pays les plus digitalement isolés, a-t-il insisté en indiquant que leur écart, même envers les autres pays en développement, était énorme.
Le fossé numérique qui affecte les PMA est d’abord dû à leur pauvreté et à l’absence d’infrastructures, notamment d’électricité, qui rendent les populations de ces pays incapables de s’équiper en ordinateurs ou même parfois de se procurer un téléphone cellulaire. Dans les PMA, seulement cinq personnes sur 100 disposent d’un téléphone mobile alors que dans les nations développées ce sont 80 habitants sur 100 qui en ont un. Quant à l’accès à l’Internet, moins de 1% de la population des PMA peut se le permettre alors que la moyenne mondiale est de 13% et celle des pays riches de 30%, a souligné M. Chowdhury. Le lancement à Tunis d’un ordinateur à 100 dollars, qui pourrait être à la portée de toutes les bourses, est une initiative à encourager, a-t-il ajouté. Cette initiative montre que la réponse aux défis technologies auxquels font face les pays pauvres se trouve dans la capacité de la communauté internationale à mettre à leur disposition d’autres technologies qui soient adaptées à leurs besoins et peu coûteuses, a dit Anrawul Chowdhury.
Mme KIM EUN-JEONG (République de Corée) a réaffirmé le potentiel énorme que représentent les TIC dans les domaines du commerce, de l’administration publique, de la santé, de l’éducation et de la science, soulignant qu’elles peuvent aussi contribuer à la réalisation des OMD. Elle a notamment rappelé que les gouvernements ont la responsabilité cruciale d’établir les normes qui définiront l’évolution et l’utilisation d’Internet et, en la matière, a souhaité que soit créé un cadre législatif qui respecte la liberté d’expression. Elle a également souligné que son pays a toujours insisté sur le rôle des femmes dans le développement et a préconisé que les gouvernements s’assurent que les TIC et la formation en la matière leur soient accessibles. Dans la recherche d’assistance, les gouvernements ne devraient pas négliger les ressources et la coopération régionale, a-t-elle estimé, rappelant que l’année dernière la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a créé en République de Corée, le Centre d’Asie-Pacifique pour les TIC. Le Centre est en train de préparer des programmes de formation qui devraient contribuer à réduire la fracture numérique, a-t-elle ajouté. Enfin, elle a estimé que les Nations Unies devraient servir de modèle et être le fer de lance de l’intégration des TIC. Elle s’est, à cet égard, félicitée des résultats obtenus par les diverses initiatives visant à créer un cadre stratégique en matière de TIC au sein des Nations Unies. Consciente du potentiel des TIC en matière de développement, la République de Corée a mis l’accent sur le renforcement des capacités en matière de TIC dans ses programmes de développement en faveur de l’Afrique, a-t-elle précisé. Elle a également fait observer que le programme des volontaires Internet coréens envoie chaque année plus de 300 jeunes gens dans les pays en développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique Latine.
M. ULADZIMIR A. GERUS (Bélarus) a déclaré que le niveau de disponibilité et d’usage des TIC définit aujourd’hui le niveau et le mode de vie de chaque peuple et de chaque pays. Le Bélarus souhaite que les engagements pris à Tunis envers les pays souffrant du fossé numérique soient tenus, car la réussite de toutes les stratégies de développement dépend aujourd’hui de la capacité d’un pays et de sa population à faire usage des TIC. Le fossé numérique ne sera comblé que si on accélère le transfert des technologies et le niveau des investissements mis à la disposition des pays qui ont pris du retard et se retrouvent aujourd’hui de plus en plus isolés. Lors du Sommet des pays non alignés à La Havane, le Président du Bélarus a proposé la création d’une base de données de développement qui mettrait à la disposition des gouvernements, des chercheurs et des universités, les informations qui sont aujourd’hui si indispensables à la maîtrise du développement durable. Le Bélarus est en faveur d’un développement des TIC qui soit équitable et réduise l’écart qui ne fait que croître entre riches et pauvres, a affirmé le représentant.
M. RAM NATH ADHIKARI (Népal) s’est réjoui du lancement, à Kuala Lumpur, d’un réseau des pays non alignés. Rappelant que les TIC sont un outil important pour le développement et la croissance, il a regretté que moins de 1% des personnes vivant dans les pays en développement aient accès à ces technologies. Il s’est montré convaincu que les TIC sont un outil essentiel pour réaliser les OMD et a fait observer que la fracture numérique pose un sérieux défi au monde actuel. Il a ajouté qu’en raison du manque de capacités humaines et d’infrastructures, les TIC n’ont pas contribué au développement des pays pauvres, ajoutant qu’elles n’ont au contraire fait que les marginaliser et les empêcher de s’intégrer aux échanges internationaux. Il s’est également dit convaincu que les TIC ont un potentiel énorme en matière de croissance économique et pourraient permettre d’accéder aux bénéfices de la mondialisation et de réduire la pauvreté. Enfin, il a fait observer que le Népal a intégré les TIC dans ses politiques et stratégies nationales de développement, avec notamment un accent particulier mis sur leur expansion dans les zones rurales, et a espéré que ses efforts seront appuyés par la communauté internationale.
Mme ALICE ARMANNI SEQUI, (Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge), a déclaré que sans les TIC, on ne pouvait créer de systèmes efficaces de prévention et de lutte contre les urgences humanitaires et les catastrophes naturelles. La préparation des populations aux catastrophes, par le biais d’outils électroniques, ne peut se faire qu’à travers une coopération entre la Croix-Rouge et les populations et gouvernements locaux, a-t-elle estimé. À cet égard, prenant pour exemple les actions entreprises par la Croix-Rouge au Cameroun, la représentante a indiqué que la Croix-Rouge camerounaise a utilisé le concept de la création d’un réseau d’ordinateurs pour construire sa stratégie d’intervention à long terme. Elle a créé un réseau qui lie ses différents bureaux, qu’ils soient situés dans les villes ou dans les villages, à son quartier général. Ceci permet une meilleure cohérence dans ses actions et une forte capacité de transmission de l’information. La Croix-Rouge camerounaise a ensuite identifié et mis en œuvre les meilleurs outils de gestion disponibles et les a adaptés aux capacités locales pour en faire usage en cas de catastrophe nationale ou locale, ce qui a augmenté ses capacités de réaction.
Le réseau électronique de la Croix-Rouge camerounaise est maintenu par l’Institut africain d’informatique, installé dans la capitale du pays, qui forme aussi les volontaires de la Croix-Rouge, son personnel, les candidats venus du secteur privé et des experts gouvernementaux. Le modèle camerounais a montré qu’on pouvait créer une structure nationale efficace, faisant usage de capacités locales, et capable de faire face à la plupart des désastres en intervenant dans les zones les plus reculées, a dit Mme Armanni Sequi. Le modèle a été repris en Namibie où la Croix-Rouge nationale a développé un partenariat avec une ONG locale, « Soul City ». Ce partenariat permet non seulement l’utilisation du réseau électronique mis en place mais aussi l’usage de la radio et des journaux pour diffuser des messages de sensibilisation à la lutte contre le VIH/sida, a dit la représentante. La Croix-Rouge namibienne s’est aussi lancée, grâce à sa structure, dans la prévention et la lutte contre le paludisme, la violence contre les femmes et l’alcoolisme. Son outil informatique lui permet de publier, à un million d’exemplaires et en cinq langues locales, un livret de sensibilisation contre ces maux. Ces deux exemples montrent comment des sociétés nationales de la Croix-Rouge ont pu se servir des TIC à des fins de soutien au développement. La Fédération internationale en a fait des exemples de bonne pratique entrant dans sa stratégie internationale de préparation et de réaction électronique aux catastrophes, a indiqué la représentante.
M. ALESSANDRO MOTTER, Représentant de l’Union Parlementaire, a réitéré l’importance des TIC comme outil d’efficacité et de renforcement de l’impact des stratégies de développement. Il a rappelé que les parlements utilisent les TIC et a précisé qu’en 2006 près de 90% des parlements ont un site Internet. Les parlements utilisent les TIC pour être plus transparents et accessibles au public et pour améliorer l’efficacité de leurs processus, a-t-il expliqué. S’agissant du fossé numérique, il a souligné qu’il affecte les parlements autant que les sociétés en général et a fait observer que les pays font de leur mieux, dans la limite de leurs moyens. Il a expliqué que, dans le but d’essayer de compenser ces inégalités, un centre mondial pour les TIC des parlements a été créé et officiellement lancé en 2005. Ses deux principales missions, a-t-il poursuivi, consistent à renforcer la capacité des parlements d’exploiter les TIC et leur rôle dans la mise en œuvre des principes établis lors du Sommet mondial sur la société de l’information. Le Centre se propose également d’être le catalyseur pour l’information, la recherche et l’innovation, a ajouté M. Motter, précisant que les enseignements tirés sur la mise en œuvre des projets TIC sur les 10-15 dernières années est une base de connaissances pouvant servir pour l’introduction des TIC dans les pays en développement. Il a pour conclure rappelé que les parlements ont un rôle essentiel à jouer dans la promotion du développement des TIC dans la société, soulignant notamment qu’il leur incombe d’adopter le cadre législatif nécessaire au développement des sociétés de l’information.
M.JORGE ARTURO REYES (Venezuela) a déclaré que les TIC sont devenus un outil de domination des riches sur les pauvres. L’émergence de l’informatisation des données et des échanges d’information s’est traduite par l’exclusion des masses populaires, a-t-il regretté. On a imposé le système de la propriété intellectuelle et du respect des brevets sur un secteur qui aurait dû être traité comme un bien public. La connaissance ne devrait pas devenir un bien monnayable, et il ne devrait pas y avoir, comme on le constate en ce moment, un marché financier des idées. Le Venezuela soutient le respect des cultures dans les échanges d’information tout en insistant sur la nécessité de mettre les TIC au service de toutes les sociétés, a dit le représentant.
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