FACE AUX CHIFFRES DE L’AIDE, DE LA DETTE ET DU COMMERCE, CRAINTE D’UNE RÉALISATION INSUFFISANTE DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT (OMD)
| |||
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York |
Deuxième Commission
6e séance – matin
FACE AUX CHIFFRES DE L’AIDE, DE LA DETTE ET DU COMMERCE, CRAINTE D’UNE RÉALISATION INSUFFISANTE DES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE DÉVELOPPEMENT (OMD )
Au cours de ces trois derniers jours, la majorité des 66 intervenants au débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a mis un accent particulier sur les huit Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD)* dont la réalisation, à la date agréée de 2015, apparaît de plus en plus incertaine dans la majorité des pays en développement dont les pays les moins avancés (PMA) et les pays sans littoral.
Réitérant aujourd’hui les inquiétudes exprimées par de nombreuses délégations tout au long du débat général, les représentants de la Mongolie, du Lesotho, de l’Uruguay, de Fidji, du Burkina Faso et du Népal ont rappelé que la récente évaluation à mi-parcours du Programme d’action de Bruxelles, adopté en 2001, en faveur des PMA, a clairement démontré que si des mesures exceptionnelles ne sont pas prises, la plupart de ces pays continueront de s’enfoncer dans une pauvreté de plus en plus extrême.
« Neuf années seulement nous séparent de l’année 2015 », s’est inquiété le représentant du Botswana, en soulignant l’urgence. Malgré les ressources tirées de l’aide publique au développement (APD) et des programmes de réduction de la dette, en particulier l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés(PPTE), les PMA, les pays enclavés et même certains pays à revenu intermédiaire ne parviennent toujours pas à réaliser suffisamment de croissance économique pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Au blocage des négociations commerciales du Cycle de Doha dit Cycle du développement, lancé en 2001 par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), viennent s’ajouter des facteurs négatifs tels que la propagation de la pandémie du VIH/sida, qui a été présentée comme un puissant frein au développement, par le représentant du Lesotho, s’exprimant au nom des pays de la Communauté des États d’Afrique australe (SADC). Autre facteur négatif et exogène, la volatilité des prix des produits de base et la hausse vertigineuse des cours des produits pétroliers, dont les répercussions sur la croissance et sur les budgets des pays pauvres ont été jugées désastreuses par le représentant du Burkina Faso.
Certains États comme l’Iraq ont appelé la communauté internationale à favoriser une rationalisation de l’exploitation pétrolière et une stabilisation des coûts de l’énergie, tandis que d’autres, comme le Venezuela, ont rappelé que leur gouvernement a pris des mesures spéciales pour alléger le fardeau énergétique des pays vulnérables. Il ne peut y avoir de développement sans sécurité, ont convenu de nombreux intervenants dont le représentant iraquien qui, face à la multiplication des actes terroristes, a demandé une aide accrue de la communauté internationale et plaidé pour que les dettes de l’Iraq et les dédommagements qu’il doit à ses voisins du fait des agressions du régime précédent soient annulés. PMA et pays sans littoral, le Népal a attiré l’attention de la Commission sur les besoins particuliers des PMA qui sortent d’une période de conflit. La situation de ces pays, a-t-il argué, exige des mesures spéciales pour la réhabilitation des infrastructures et des ressources humaines.
La Commission économique et financière commencera l’examen distinct des différents points que l’Assemblée générale a inscrits à son ordre du jour, lundi 9 octobre, à 10 heures.
* Objectifs fixés en 2000 dans la Déclaration du Millénaire adoptée par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement dit Sommet du Millénaire
FIN DU DÉBAT GÉNÉRAL
Déclarations
M. RAYMOND WOLFE (Jamaïque) a attiré l’attention sur la situation de son pays qu’il a qualifiée de précaire, du fait de son statut de pays en développement à revenu intermédiaire. Il a regretté que la situation des pays à revenu intermédiaire ne reçoive pas suffisamment d’attention de la part de la communauté internationale. S’agissant de la question de la dette, il a souligné que l’augmentation de la dette extérieure et des obligations connexes est particulièrement importante pour les pays d’Amérique latine et des Caraïbes et a regretté qu’aucune solution systématique n’ait été trouvée pour alléger le fardeau de la dette des pays à revenu intermédiaire comme le sien.
Il s’est montré préoccupé par l’échec des négociations de Doha et a souligné la nécessité, pour les pays en développement, d’un plus grand accès aux marchés et d’un appui pour renforcer leurs capacités. Il ne faut pas faillir dans notre volonté collective, a-t-il martelé. Il a également demandé que les pays en développement participent à la gouvernance économique mondiale, ce qui est la condition d’un dialogue multilatéral efficace.
Enfin, il a fait observer qu’en tant que petit État insulaire en développement (PEID), la Jamaïque accorde une importance particulière à la question de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice et continue d’appeler les différents partenaires du développement à fournir les ressources, financières ou autres, pour aider ces pays. Il a, en outre, reconnu la nécessité pour la communauté internationale de prendre en main les problèmes des changements climatiques et des catastrophes naturelles. Il s’est, à cet égard, réjoui du lancement du Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires.
M. AAREF ABDULLAH ALTENAIJI (Émirats arabes unis) a déclaré que son pays a connu beaucoup de succès dans le domaine du développement économique et social. Grâce à une stratégie nationale de développement réaliste qui met l’accent sur un usage rationnel et efficace des ressources pétrolières, les Émirats arabes unis ont pu s’équiper en infrastructures de base, si importantes pour un soutien au développement des secteurs agricoles, industriels, commerciaux, et des services. L’objectif de cette stratégie était de diversifier la base de l’économie et de ne pas être exclusivement dépendants du pétrole. Aujourd’hui, 67% des rentrées économiques des Émirats sont assurés par les activités des secteurs non pétroliers. Les Émirats, a révélé le représentant, pensent que la réalisation de la sécurité et de la stabilité économique et sociale doit être réalisée par des investissements dans le développement des ressources humaines. L’éducation, la santé, les filets de sécurité sociale et la capacité à offrir des emplois stables sont, à cet égard, essentiels. Les Émirats encouragent le développement du secteur privé, a poursuivi le représentant, en indiquant que son pays a mis en place un cadre favorable à l’investissement local et aux investissements étrangers directs (IED), ce qui a permis le développement d’un tissu de petites et moyennes entreprises. L’usage des technologies de l’information et des communications (TIC) pour soutenir le processus de développement a été identifié comme un domaine prioritaire d’action par les Émirats arabes unis, a ajouté le représentant. Donner aux gens un accès aux technologies modernes et à la connaissance a permis de les faire participer à l’expansion de l’économie et à la maîtrise des connaissances, s’est-il expliqué.
M. MUHAMMAD SHAWKAT (Iraq) a déclaré que sa délégation soutient les politiques visant à assurer le développement humain en vue de parvenir au développement durable. L’Iraq pense que la démocratie et le respect des droits de l’homme sont des conditions nécessaires à tout projet national de développement. Malgré le terrorisme qui mine sa société et empêche son Gouvernement de mener à bien ses programmes de lutte contre la pauvreté et ses projets de reconstruction, l’Iraq est déterminé à améliorer la vie de ses populations, a assuré le représentant. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle stabilise le commerce des produits pétroliers dont dépend son économie. Face à la situation d’exception que vit notre pays, a-t-il indiqué, les institutions financières internationales ont accepté de l’inscrire sur la liste des pays devant bénéficier des initiatives de réduction ou d’annulation de la dette. L’Iraq demande néanmoins à ses voisins qui ont, dans le passé, souffert des actions de l’ancien régime, d’effacer les dettes qu’il lui doit concernant les réparations dues à des agressions militaires. Le représentant s’est ensuite félicité de l’appui que la communauté internationale apporte à son pays, en parlant du Pacte pour la reconstruction de l’Iraq. Sur le plan politique, l’Iraq est en faveur d’une solution juste et durable au Moyen-Orient et soutient la création d’un État palestinien débarrassé de la présence israélienne, a-t-il poursuivi. L’Iraq est, d’autre part, solidaire du peuple libanais qui a été victime d’une agression injustifiable et impardonnable, a ajouté le représentant.
M. Z. D. MUBURI-MUITA (Kenya) a attiré l’attention sur les défis que doivent affronter les pays en développement, défis qui sont, a-t-il souligné, exacerbés par une mauvaise infrastructure, des ressources inadéquates pour les programmes de développement et un déséquilibre des échanges économiques. Il a, à cet égard, espéré que les délibérations menées dans cette Commission serviront à informer la communauté internationale et donneront une impulsion positive.
La dette extérieure demeure un obstacle au développement, a-t-il poursuivi, avant de se réjouir de la mise en place d’initiatives comme l’Initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). Il a souligné que le problème de la dette affecte aussi les pays à revenus faibles et moyens, dont fait partie le Kenya et ce, de manière alarmante. Il a ensuite voulu que le commerce international bénéficie à tous de manière égale. Il a attiré l’attention sur le fait que de nombreux pays en développement sont producteurs et exportateurs de matières premières agricoles et que les cours de ces dernières continuent de fluctuer de manière incontrôlable. Les pays en développement sont aussi affectés par les subventions accordées par les pays développés, a-t-il ajouté, espérant qu’une discussion honnête s’ouvrira et mènera à la création d’un système économique équitable.
Le représentant a conclu en mettant l’accent sur les résultats obtenus par son pays qui a connu des avancées positives dues à des politiques macroéconomiques prudentes. Il a ainsi expliqué que le Kenya a enregistré une croissance de 2,08% en 2003, de 4,3% en 2004 et de 5% en 2005; l’objectif ultime étant d’assurer une croissance économique durable.
Mme VANESSA INTERIANO (El Salvador) a déclaré que son pays se félicite de l’adoption de la résolution relative au suivi des engagements pris lors du Sommet mondial de 2005. Il est essentiel que la communauté internationale aide les pays en développement à assurer une croissance durable de leurs économies. Pays classé à revenu moyen, El Salvador demande que ce groupe d’États bénéficie de certaines aides. Les pays à revenu moyen ont été exclus d’un certain nombre d’initiatives lancées, ces dernières années, en ce qui concerne les réductions de dette et les flux de l’APD. Comme les pays à faible revenu, les pays à revenu moyen ont pourtant besoin de plus de soutien qu’ils n’en reçoivent actuellement. El Salvador soutient les termes qui régissent la création de partenariats mondiaux pour le développement. Les pays en développement, dans leur majorité, ont besoin de bénéficier de plus de transferts de technologies modernes afin de pouvoir améliorer la qualité de leurs ressources humaines, leurs capacités de production et leur compétitivité. El Salvador relève, par ailleurs, que les migrations sont devenues un phénomène incontournable qui a besoin d’être géré de manière juste et rationnelle. Il est indispensable d’assurer aux migrants la jouissance de tous leurs droits. L’expérience acquise par les travailleurs migrants et les revenus qu’ils renvoient dans leurs pays d’origine peuvent être une contribution importante à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a dit Mme Interiano.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) a attiré l’attention sur le fait que l’interdépendance, renforcée notamment par les avancées technologiques et la mondialisation, affecte la vie quotidienne des populations. Elle a appelé à relever collectivement les défis et enjeux du XXIe siècle. Les menaces elles-mêmes ne sont pas uniquement liées entre elles mais elles sont également multiples, a-t-elle estimé, soulignant, à titre d’exemple, que le terrorisme, le crime organisé, le commerce illicite, le trafic de drogue, la violence, l’intolérance religieuse ou autres exacerbent le cycle de la pauvreté, les maladies infectieuses et la dégradation de l’environnement.
Elle a expliqué que son pays attache une importance particulière à la réalisation des OMD et a indiqué que le Parlement a adopté une résolution qui consacre ces objectifs et établit les principes en vue d’un développement économique et social. Elle a souligné que son pays est bien placé pour atteindre certains de ces objectifs en 2015 et, notamment, ceux en matière d’éducation et de santé. Elle a cependant souligné que les objectifs en matière d’éradication de la pauvreté et d’environnement restent une source de préoccupation. La représentante a enfin rappelé que son pays s’est engagé activement pour promouvoir les intérêts des pays en développement sans littoral, au niveau international, et a fait part des différents projets menés avec ses voisins pour favoriser les réseaux de transport.
M. LEBOHANG FINE MAEMA (Lesotho), s’exprimant au nom des États membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a déclaré que la pauvreté continue à affecter de manière démesurée les pays de la région d’Afrique australe, malgré une croissance moyenne de 5% en 2005. Réunis au Lesotho en 2006, les dirigeants des pays de la SADC ont centré leurs débats sur la lutte contre la pauvreté, et ont constaté que leurs États ne pourraient réaliser ni les OMD ni les objectifs de développement agréés au niveau international, dans les temps impartis. Le Sommet a créé un groupe de travail composé des ministres des finances, des investissements, du développement, du commerce et de l’industrie qui travailleront avec le secrétariat de la SADC afin de définir une feuille de route destinée à soutenir la lutte contre la pauvreté. Le représentant a poursuivi en indiquant que la SADC réclame une reprise des négociations de Doha et l’élimination des subventions agricoles versées par les pays riches à leurs producteurs. Il est inacceptable que des pays riches plongent dans la pauvreté la plus abjecte des millions de paysans dans le monde en développement, en créant des distorsions commerciales dans le seul secteur qui permettrait aux populations rurales des pays défavorisés de sortir de la pauvreté. Les pays de la SADC, a insisté le représentant, demandent une réforme en profondeur de l’OMC afin d’en rendre les processus plus justes et plus transparents. Les populations de la SADC étant, d’autre part, frappées par la pandémie du VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et d’autres maladies contagieuses, le Sommet des dirigeants de la SADC a demandé à la communauté internationale de fournir un plus grand effort d’assistance.
M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fait observer que le développement durable est un objectif de grande envergure qui s’inscrit sur le long terme et requière différents éléments internes et externes. En ce qui concerne les facteurs internes, il a fait référence à l’importance du respect de l’état de droit, des droits de l’homme, de la lutte contre la corruption, de la gestion saine et transparente des affaires publiques, financières et monétaires. S’agissant des facteurs externes, il a préconisé que la communauté internationale réalise des efforts conjoints pour éradiquer la pauvreté. Il est nécessaire de rendre l’APD plus efficace, de l’augmenter et de continuer de rechercher des sources de financement alternatives, a-t-il ajouté. Les pays à revenu intermédiaire, a-t-il poursuivi, ont subi le contrecoup des crises internationales. Il a donc lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle réfléchisse aux questions qui intéressent ces pays qui sont pratiquement exclus de l’APD sur la base de critères qui ne reflètent pas la réalité économique et sociale des populations concernées.
Le représentant a attiré l’attention sur divers programmes mis en place par son pays en vue de réaliser les OMD, et notamment un plan d’urgence sociale qui répond aux besoins fondamentaux des personnes en situation de pauvreté extrême. En ce qui concerne l’économie, il a souligné que les efforts effectués par son pays dépendent d’une plus grande ouverture du commerce international. Il a souhaité que soient promus la libéralisation du commerce international et le développement d’un système commercial et financier ouvert, prévisible et non discriminatoire, sans mesures protectionnistes d’aucune sorte, qui puisse fournir un meilleur accès aux marchés, particulièrement mais pas uniquement, aux pays en développement.
M. FILIMONE KAU (Fidji) a déclaré que sa délégation soutient la mise en œuvre du Plan d’action de Johannesburg sur la promotion du développement durable. Il a estimé que les résultats de la 14ème session de la Commission du développement durable ont ouvert la voie à une bonne solution des questions ayant trait à l’énergie et au changement climatique. La mise en œuvre des engagements pris à Johannesburg permettrait aux pays de s’attaquer, avec des chances de réussite, aux problèmes de la pauvreté, de la modification des modes de production et de consommation non viables, de la santé, de l’éducation et de la promotion d’un développement durable.
Passant à la mondialisation, le représentant de Fidji a estimé que toutes les tentatives visant à rendre ce phénomène plus juste et plus équitable ont jusqu’à maintenant échoué. La preuve de cet échec se trouve dans le fossé grandissant entre pays riches et pays pauvres, a-t-il dit pour illustrer ces propos. Fidji garde encore cependant espoir, a dit M. Kau, en invoquant la foi de son pays en l’ONU « dont une des missions essentielles est de trouver des solutions pouvant améliorer le sort des États pauvres, petits et marginalisés ». Petit État insulaire en développement, Fidji a une économie extrêmement vulnérable. Cette économie est cependant ouverte aux échanges et dépend à 70% du commerce extérieur, a rappelé le représentant en arguant que « le système commercial multilatéral dans sa forme actuelle est profondément biaisé contre les petits pays ». Les règles de l’OMC, s’est expliqué le représentant, ont eu tendance à imposer à tous les pays les mêmes mesures, sans tenir compte de leur taille, de leur niveau de développement et de leurs réalités. Les traitements spéciaux et différenciés en ont pâti, et les petits États insulaires sont les grands perdants du système actuel, a regretté M. Kau.
Fidji regrette, a-t-il poursuivi, que l’OMC soit en ce moment un outil au service des intérêts des pays développés, riches, influents et qui ont une histoire commerciale bien établie. La preuve est que les décisions de l’OMC sont prises par un groupe restreint d’États qui ne laissent aucune marge aux plus petits, qui sont constamment marginalisés, a encore accusé M. Kau. Il a attiré l’attention de la Deuxième Commission sur l’importance que revêt aux yeux des petits États insulaires le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice. Cette Stratégie est la base de tout développement durable des petits États insulaires et leur seule chance de réaliser les OMD. Nos États sont prêts à mettre en œuvre les engagements de Maurice. Mais ils ont besoin de partenaires sincères qui tiennent leurs promesses, a souligné le représentant.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a fait observer que la Conférence de Monterrey a mis en exergue l’importance d’un partenariat renforcé pour une meilleure prise en compte des impératifs du développement. Il a regretté que, malgré la bonne volonté manifestée, beaucoup reste à faire. Il est indispensable de poursuivre les efforts de négociation et cette Commission peut nous en donner l’occasion, a-t-il estimé.
Il a également insisté sur l’importance de promouvoir un commerce international équitable et a dénoncé l’échec des négociations de Doha. Le Burkina Faso a pris des initiatives allant dans le sens d’une meilleure rémunération des produits agricoles des pays en développement, sur le marché international, notamment concernant le coton, a-t-il expliqué, ajoutant qu’il y a lieu de revendiquer que les pays développés mettent fin à leur politique de subventions à leurs productions agricoles.
Faisant référence à la hausse du prix du pétrole, il a fait remarquer que ses effets sur la croissance et le pouvoir d’achat des populations ont été désastreux. Pour un pays comme le Burkina Faso, et d’autres pays sans littoral, les préjudices de cette hausse sont incommensurables, notamment au niveau du coût des transports et des produits de première nécessité, a-t-il souligné. Il a, à cet égard, rappelé la nécessité d’un traitement spécial pour cette catégorie de pays et a ajouté que le sien appuie fortement le principe consistant à prévoir et à appliquer, dans le cadre des négociations de l’OMC, un traitement spécial et différencié pour les produits agricoles dont dépendent les économies des pays sans littoral.
M. WUNNA MAUNG LWIN (Myanmar) a déclaré qu’au cours des dix années qui viennent de s’écouler, la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement rural ont été les domaines dans lesquels son Gouvernement s’est le plus investi. Il ne devrait y avoir aucune restriction unilatérale aux activités économiques et commerciales d’un pays, a-t-il dénoncé en arguant que le respect des droits de l’homme et le discours sur la démocratie ne peuvent en aucun cas justifier la prise de mesures unilatérales et discriminatoires contre un État membre de la communauté internationale. Le territoire du Myanmar est à 90% composé de terres arables. Sa population est de 54 millions de personnes, dont 80% vivent en zones rurales, a précisé M. Maung Lwin. Le Myanmar exporte des produits agricoles et des bois précieux et le Gouvernement a accordé la priorité à la promotion d’infrastructures qui permettent à la population de disposer de routes, de systèmes d’irrigation, d’énergie électrique, d’eau potable, d’écoles, d’hôpitaux et d’un réseau ferroviaire fonctionnels. Ces efforts de développement ont permis de réduire les cultures de drogues au Myanmar et de mettre fin aux trafics d’êtres humains à des fins économiques. Le Myanmar, a souligné le représentant, aurait pu atteindre des résultats plus spectaculaires s’il avait reçu l’aide de la communauté internationale et un soutien dans ses efforts de développement. En cette période de mondialisation, aucun pays ne peut s’en sortir seul et les pays développés devraient comprendre que les bénéfices seraient mutuels s’ils traitaient tous les pays en développement de manière juste, équitable et non discriminatoire.
M. SAMUEL OTSILE OUTLULE (Botswana) a souligné que la prospérité économique et de meilleures conditions de vie devraient être le patrimoine commun de l’humanité et non le privilège de quelques nations. En tant qu’habitants de cette planète, nous avons une histoire commune, nous partageons le présent et nous avons une destinée commune, a-t-il poursuivi. Rappelant la décision du Sommet mondial de 2005 de continuer à soutenir les efforts de développement des pays à revenu intermédiaire, il a souligné la nécessité qu’elle soit sérieusement mise en œuvre. Les pays à revenu intermédiaire risquent de ne pas atteindre les OMD car ils sont vulnérables à toute une variété de chocs et de crises. Le représentant a ajouté que bien que ces pays soient différents, ils affrontent les mêmes défis comme un taux élevé de pauvreté, le VIH/sida et les catastrophes naturelles.
Nous n’avons plus besoin de conférences sur le développement. Nous avons besoin, a-t-il estimé, d’engagements et de détermination à concrétiser les mesures adoptées et à financer les programmes et les projets bien convenus. Le partenariat mondial pour le développement n’aura de sens que si tous les pays, développés ou en développement, honorent les obligations qui leur incombent en vertu des différents sommets et conférences. Neuf années seulement nous séparent de 2015 et nombreux sont les pays en développement qui n’atteindront pas les OMD, a souligné M. Outlule. L’Afrique est loin derrière, s’est-il alarmé, en réclamant le renforcement des efforts et la mobilisation des ressources. L’Afrique a pris en main ses propres efforts de développement à travers le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD). Elle a maintenant besoin d’une plus grande assistance de la part de la communauté internationale, a insisté le représentant.
Mme SUSHILA SWAR (Népal) a plaidé en faveur d’une aide accrue aux PMA qui ont besoin de mesures exceptionnelles d’urgence. La récente évaluation de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles a clairement montré qu’aucun PMA ne pourra réaliser les OMD si la communauté internationale ne leur vient pas en aide, a déploré Mme Swar, en attirant l’attention sur le fait que même les promesses du programme « Tout sauf les armes » n’ont pas été tenues par l’Union européenne. Bien que les PMA aient connu une croissance modeste de leurs économies, cette croissance ne s’est pas traduite en réduction du niveau de pauvreté. « C’est une croissance purement statistique », a noté la représentante. Un récent rapport de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED) indique que tant que les PMA n’auront pas de capacités de production qui leur permettraient de créer des richesses, ils continueront de s’enfoncer dans la pauvreté, a rappelé la représentante. Il est crucial, a-t-elle averti, que ces pays disposent de ressources d’investissements publics adéquates et que la communauté internationale les aide à développer des infrastructures. D’autre part, les PMA devraient, sans exception, recevoir une annulation de leur dette extérieure et les pays riches devraient tenir à leur égard les promesses relatives à l’APD. « Le temps est venu pour les pays industrialisés de verser 0,7% de leur PNB à cette aide dont 0,20% devrait aller aux PMA », a dit Mme Swar. La communauté internationale devrait, d’autre part, a-t-elle poursuivi, accorder une attention particulière à ceux des PMA comme le Népal, qui sont à la fois sans littoral et sortant d’un conflit. Leur situation étant extrêmement précaire, ces pays ont besoin de programmes de reconstruction spéciaux pour rebâtir leurs infrastructures détruites par les combats et réhabiliter leurs ressources humaines, a insisté la représentante.
M. MOHAMED LATHEEF (Maldives) a attiré l’attention sur la fréquence des catastrophes naturelles et a rappelé les conséquences désastreuses qu’a eues le tsunami de 2004. Il a fait part de diverses mesures mises en place par son pays pour sa reconstruction, citant notamment le développement d’une économie plus forte et plus diversifiée, la mise en œuvre d’un système de santé et d’éducation fiable ou la mise en place de normes de gestion des déchets. Il a souhaité remercier la communauté internationale pour l’assistance qu’elle a fournie aux Maldives après le tsunami. Il l’a appelée à aider son pays à obtenir les 100 millions de dollars nécessaires aux programmes de reconstruction et de relance.
Le représentant a attiré l’attention sur les principaux défis auxquels son pays doit faire face, citant notamment la vulnérabilité écologique et la fragmentation géographique. Il a rappelé que les Maldives sont menacées par la dégradation de l’environnement et s’est dit préoccupé par le fait que la communauté internationale n’a pas réussi à prendre de décisions décisives pour enrayer ce phénomène de dégradation. Il a, à ce titre, appelé tous les États à adhérer au Protocole de Kyoto et à mettre en œuvre les principes énoncés dans Action 21 et la Stratégie de Maurice. Les disparités régionales au niveau des revenus, le manque d’accès aux services sociaux ou le chômage font partie des barrières au développement qu’affrontent les Maldives, a-t-il expliqué, tout en réaffirmant la détermination de son pays à surmonter ces obstacles. Il a rappelé que les Maldives ont atteint certains OMD, notamment en matière de réduction de la pauvreté et d’éducation.
M. FRANCISCO JAVIER ARIAS CÁRDENAS (Venezuela) a imputé le blocage des négociations de Doha à la duplicité des pays développés qui veulent revenir sur les engagements qu’ils ont pris de faire du nouveau cycle de négociations commerciales un « Cycle de développement ». Cet échec est un puissant symbole de l’égoïsme des pays industrialisés, a estimé M. Cardenas qui a remis en cause les politiques de développement prônées depuis un certain nombre d’années au niveau international. Il a invité la Deuxième Commission à accorder la priorité à l’examen de la situation des pays pauvres. Il a proposé, pour faire cela, la démocratisation du fonctionnement des institutions de Bretton Woods et le respect du droit des États à prendre des mesures souveraines. Chaque pays, a-t-il insisté, devrait être capable de définir les politiques économiques qui lui conviennent et qui bénéficient à son peuple. On a voulu nous faire croire que le marché et ses pseudo-règles étaient la panacée que tous les pays devaient respecter. Mais nous savons tous qui sont les vrais maîtres de ce marché, a affirmé le représentant.
Il a proposé le développement de la coopération Sud-Sud, en se gardant néanmoins de prétendre qu’elle pourrait remplacer une coopération Nord-Sud. Elle devrait plutôt venir la compléter, a-t-il expliqué en soulignant cependant que chaque pays pourrait être capable de générer des ressources pour le développement, si ses produits lui étaient achetés à un prix juste et si le commerce n’était pas faussé par des règles discriminatoires. Le représentant s’est dit favorable à un réexamen et une évaluation du financement pour le développement et a soutenu, à cet égard, la proposition faite par le Qatar d’accueillir une conférence d’évaluation du Consensus de Monterrey. En ce qui le concerne, le Gouvernement bolivarien du Venezuela est partisan de la création d’un monde plus solidaire comme en témoigne le programme d’assistance énergétique, « Petro caraibe », à travers lequel le pays aide les pays des Caraïbes à obtenir un approvisionnement pétrolier prévisible, en quantité suffisante et à un prix et à des conditions de paiements souples et préférentielles qui ne soit pas au-dessus de leurs moyens.
M. HASSAN SALEH (Liban) a mis en évidence les enjeux qu’affronte l’économie mondiale, soulignant que le fossé entre pays développés et pays en développement s’agrandit. La pauvreté n’a pas été éradiquée, la création d’emplois représente un défi, la dette extérieure continue à être un frein au développement et les problèmes de l’environnement nécessitent une attention particulière, a-t-il continué. Les chances de relever ces défis sont nombreuses, a fait observer M. Saleh, et cela implique des efforts de la part de tous les États Membres. Développement et stabilité vont de pair, a-t-il poursuivi, le développement contribuant à la paix. Il a expliqué que les possibilités qui existent représentent un espoir pour tous les peuples du monde, mais qu’elles dépendent de différents facteurs. Il a, entre autres, souligné qu’il faut réaliser les Objectifs du Millénaire pour le développement, soulager les peuples de la faim et de la pauvreté, réduire la fracture numérique, accorder plus de poids aux pays en développement dans les institutions de Bretton Woods, annuler la dette et promouvoir les IED.
Les pays développés ont un rôle important à jouer, a-t-il ajouté, arguant qu’ils représentent un moteur pour rendre le système commercial plus équitable. Il a ainsi préconisé qu’ils fournissent une assistance technique aux pays en développement pour les aider à rendre leurs économies plus attractives ou qu’ils encouragent les acteurs de leurs secteurs privés à investir dans les pays en développement. Il a également insisté sur l’importance de réduire le fardeau tarifaire qui affecte les échanges de biens entre pays développés et pays en développement. Il a enfin souhaité que soit réduite la dette et que les initiatives dans ce sens soient encouragées. Il est clair qu’il y a nécessité urgente d’annuler la dette des PMA, a-t-il conclu.
M. JEAN-PIERRE NDINGA (République du Congo) a déclaré que malgré quelques avancées, beaucoup reste à faire pour que les pays en développement puissent parvenir à la réalisation des OMD. La Deuxième Commission devra tout faire pour faciliter la mise en œuvre des recommandations contenues dans la résolution 60/265 sur le suivi des engagements en matière de promotion du développement. Le Congo relève qu’en matière commerciale, la reprise des négociations de Doha, actuellement suspendues, est importante pour les pays en développement. Il en est également du débat qui doit avoir lieu sur les produits de base dont les prix continuent à être extrêmement volatiles. La République démocratique du Congo pense que la Commission devra sérieusement se pencher sur ces deux questions aux cours de ses travaux. Devenues outils indispensables à tout effort de développement sérieux, les technologies de l’information et des communications (TIC) sont inscrites à l’ordre du jour de la Commission, ce dont se réjouit la délégation du Congo, a indiqué, par ailleurs, le représentant.
M. YOUSSEF SABRI, Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a expliqué que l’ONUDI se concentre sur trois domaines où sa contribution s’avère la plus importante à savoir la réduction de la pauvreté, le renforcement des capacités commerciales, l’énergie et l’environnement. Il a expliqué qu’elle travaille avec différents partenaires, appartenant ou non au système des Nations Unies. Dans le domaine de la réduction de la pauvreté, il a souligné que le but premier de l’Organisation est de permettre aux pauvres de participer à la croissance économique par l’accès aux richesses. Il a, en outre, fait part de programmes spécialisés qui visent à favoriser le développement du secteur privé, incluant des dimensions comme le développement d’industries agricoles ou l’assistance au transfert des technologiques.
L’ONUDI est, d’autre part, acteur principal dans l’assistance au renforcement des capacités commerciales, a-t-il poursuivi. Il a notamment expliqué que, dans le cadre de ce programme, elle aide les pays en développement et les pays en transition à renforcer leurs capacités de production et à remplir les critères en vigueur dans les marchés du Nord. Dans le domaine de l’environnement, le programme de l’ONUDI vise à promouvoir un développement industriel durable et contribue à la viabilité écologique. Elle travaille en étroite collaboration avec les gouvernements et d’autres organes internationaux comme le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).
L’ONUDI fournit également une assistance en matière de coopération Sud-Sud, d’appui au NEPAD ou de création de partenariat pour le développement.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel