AG/EF/3133

LES OPINIONS EXPRIMÉES AU COURS D’UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION ENCOURAGENT LE SECTEUR PRIVÉ À S’IMPLIQUER DANS LA RÉALISATION DES OMD

17/11/05
Assemblée généraleAG/EF/3133
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

Table ronde - matin


LES OPINIONS EXPRIMÉES AU COURS D’UNE TABLE RONDE DE LA DEUXIÈME COMMISSION ENCOURAGENT LE SECTEUR PRIVÉ À S’IMPLIQUER DANS LA RÉALISATION DES OMD


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a débattu ce matin du rôle du secteur privé dans la réduction de la pauvreté et des moyens d’améliorer la coopération entre les entreprises et le système des Nations Unies.  Au cours d’une table ronde intitulée « Partenariat mondial: le rôle du secteur privé dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement », quatre représentants du monde des affaires et de la société civile, de différentes régions du monde, ont mis en lumière les contributions possibles des entreprises en faveur du développement.  La rencontre était organisée par le Bureau du Pacte mondial, en coopération avec le Bureau de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination et le Bureau du financement du développement du Département des affaires économiques et sociales.


« Les entreprises peuvent apporter leur savoir-faire, leurs ressources et leurs compétences non seulement aux partenariats individuels mais aussi à l’ensemble du système des Nations Unies qui, à l’heure actuelle, peut énormément bénéficier de ces transferts », a déclaré le Vice-Président de la Deuxième Commission, M. Juraj Koudelka, qui présidait cette réunion.  Il a rappelé que le Sommet mondial de 2005 avait mis l’accent sur l’importance d’encourager les partenariats entre secteurs privé et public pour, entre autres, créer de nouveaux emplois et investissements, financer le développement ou encore promouvoir la science et la technologie en faveur du développement.


Lors de son intervention, M. Arun Maira, Président du Boston Consulting Group, a mis en avant l’exemple de la compagnie Tata, un groupe sidérurgique indien qui, depuis sa création il y a cent ans, s’attache aussi bien à sa croissance économique qu’au bien-être de ses employés.  Ainsi, il a noté que Tata était célèbre pour fournir des maisons, des écoles ou des hôpitaux pour ses travailleurs et les communautés locales.  S’inquiétant d’un possible phénomène d’assistanat, la compagnie a, depuis les années 1970, adopté une nouvelle approche basée sur une plus grande participation et responsabilisation des employés, complétée par l’aide de Tata.  M. Maira a aussi souligné que Tata était restée fidèle à ses valeurs philanthropiques depuis sa création malgré les demandes formulées par des institutions financières, dans les années 1990, pour qu’elle se concentre uniquement sur ses actionnaires.  Il s’est ainsi félicité que de nombreuses entreprises indiennes s’inscrivent dans la droite ligne de cet exemple et s’attachent à la fois à générer des profits pour leurs actionnaires tout en tentant d’améliorer les conditions de vie de leurs employés les moins nantis.  Il a cependant estimé que les entreprises souffraient d’un concept trop restrictif du rôle qu’elles peuvent jouer dans la réduction de la pauvreté et d’une vision trop étroite de ce qu’elles peuvent apporter à la société.  À cet égard, M. Maira a souligné l’importance du Pacte mondial pour faire changer cette conception des choses. 


Le Directeur exécutif d’Oxfam International, M. Jeremy Hobbs, a quant à lui estimé que le secteur privé n’avait pas encore réalisé tout son potentiel en ce qui concerne son rôle dans les efforts de réduction de la pauvreté et a, à ce titre, souligné trois domaines dans lesquels des améliorations sont possibles.  Il a indiqué que les gouvernements et les entreprises pourraient travailler ensemble pour développer des industries stratégiques, rassembler les compétences, et favoriser les transferts de technologie et l’emploi local.  Il a ensuite insisté sur la responsabilité sociale des entreprises qui doivent, selon lui, s’engager à respecter les droits de l’homme.  À cet égard, M. Hobbs a regretté que les participants au Pacte mondial n’aient pas retenu les droits de l’homme comme normes des Nations Unies, et a estimé qu’à long terme, des règles devraient être adoptées sur la responsabilité sociale des entreprises.  « La pression publique, en ce qui concerne cette responsabilité », ne cessera de croître, a-t-il estimé, en recommandant que son principe soit intégré et adopté par les compagnies.  Enfin, le Directeur exécutif d’Oxfam a déclaré que les entreprises devaient participer ouvertement et de façon transparente aux débats publics, notamment en ce qui concerne les questions commerciales.  « Les ONG ont besoin des entreprises pour faire prévaloir l’argument du développement dans les négociations du Cycle de Doha », a-t-il plaidé, en espérant que les intérêts étroits de certaines entreprises agricoles n’entraveraient pas les progrès qui doivent être accomplis, lors de la Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le mois prochain à Hong Kong. 


Pour sa part, M. Herman Mulder, Vice-Président exécutif d’ABN-AMRO, a constaté que l’établissement de partenariats dans la réalisation des OMD allait dans le sens des préoccupations du secteur privé.  Le monde des affaires a besoin d’un environnement socioéconomique stable, durable, et prospère, a-t-il assuré, insistant sur le rôle que doivent jouer les entreprises dans la recherche active de solutions.  En outre, il a estimé qu’alors que les questions de développement durable et de respect de l’environnement étaient aujourd’hui prises en considération par les entreprises, la coopération entre les gouvernements, la société civile et le secteur privé était devenue essentielle et devait se baser sur l’identification d’objectifs communs.  Le plus important, c’est de suivre un processus d’apprentissage, a observé le Vice-Président exécutif d’Abn-Amro, avant de suggérer la mise en place d’une méthodologie et d’une discipline concernant la réalisation des OMD.  Il a cité en exemple certaines entreprises des Pays-Bas qui sont notées sur la base de critères de transparence, de bonne gouvernance -y compris environnementale- et de promotion du développement durable.  De telles pratiques ont le mérite d’instiller une forme d’émulation et de concurrence positive entre les entreprises, a-t-il dit, en estimant  toutefois que le défi à relever reste celui de l’établissement d’un dialogue, au sein du Pacte mondial, et de l’appropriation du processus de la réalisation des OMD par les entreprises. 


Prenant en dernier la parole au cours des exposés liminaires de la table ronde,  M. Sam Jonah, ancien Président d’AngloGold Ashanti, qui est la deuxième compagnie productrice d’or au monde, a indiqué que la contribution du monde des affaires à la réalisation des OMD ne pouvait se faire que dans le contexte du premier objectif d’une entreprise, à savoir le retour sur investissement.  Toutefois, il a expliqué que pour AngloGold Ashanti, qui exploite de l’or dans huit pays en développement sur les dix où l’entreprise est présente, le partenariat avec les gouvernements et les communautés locales était central.  M. Jonah a affirmé que les investissements de sa compagnie s’accompagnaient toujours de versements de fonds à projets sociaux ou de développement rural.  Il a ainsi souligné qu’un fonds annuel d’aide sociale, de 2 millions de dollars, a été mis en place par AngloGold Ashanti pour soutenir des projets ruraux en Afrique du Sud, et que des initiatives similaires ont été lancées au Mozambique, au Lesotho, et au Ghana.  Conformément aux recommandations des OMD, AngloGold Ashanti accorde une priorité au rôle des femmes dans le développement en respectant le principe d’égalité et d’équité des chances à l’emploi, a-t-il dit, avant de souligner les efforts déployés par la multinationale pour promouvoir l’éducation, la santé, et la réduction de la mortalité infantile.  M. Jonah a de plus insisté sur le programme de prévention du sida et de prise en charge des porteurs du VIH/sida dans les zones minières gérées par sa compagnie, en particulier en Afrique du Sud où 30% de la population active est touchée cette pandémie. 


Après ces présentations, les représentants de la Jamaïque et de la Suisse ont souligné que ces pratiques en faveur du développement n’avaient pour le moment été adoptées que par un nombre limité d’entreprises et se sont demandés comment en mobiliser davantage.  M. Maira a estimé qu’il fallait avant tout créer un mouvement vers cette tendance positive et faire prendre conscience au secteur privé qu’il n’est pas dans son intérêt de se concentrer uniquement sur les intérêts de ses actionnaires.  Pour sa part, M. Mulder a noté que la pression des groupes de la société civile ou des employés pouvait avoir un impact important sur la responsabilisation sociale des entreprises, qualifiant cette surveillance de « démocratie immédiate ».  Il a estimé que ce système était préférable à l’adoption d’une législation en la matière, car le plus grand risque pour une entreprise est de perdre sa réputation ou la confiance de ses actionnaires. 


Répondant à une question du représentant des Pays-Bas sur le rôle que peuvent jouer les Nations Unies pour inciter les entreprises à prendre part à la réalisation des OMD, M. Jonah a constaté l’intérêt croissant pour le Pacte mondial, qui comprend aujourd’hui 2 400 entreprises participantes.  Il a toutefois noté qu’il fallait encore encourager les petites et moyennes entreprises à se joindre à ce Pacte.  M. Hobbs a quant à lui souligné les limites de l’action des Nations Unies, indiquant que l’application de normes sociales relevait en fin de compte des gouvernements nationaux.


Les représentants du Nigéria et du Ghana ont par ailleurs insisté sur la participation et l’appropriation, par les communautés locales, des projets de développement des entreprises.  Dans cette perspective, M. Mulder a estimé que beaucoup de marchés émergents n’avaient pas encore les ressources institutionnelles et humaines indispensables à la gestion de leur développement.  Ce n’est pas la loi qui améliorera la participation et l’appropriation par les communautés locales, mais bien les compétences et les programmes de renforcement de capacités, a-t-il conclu.


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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