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AG/EF/3130

DEUXIÈME COMMISSION: DES STRATÉGIES AXÉES SUR L’EMPLOI PRODUCTIF ET LE RÔLE DES FEMMES JUGÉES PRIORITAIRES POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ

14/11/05
Assemblée généraleAG/EF/3130
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

29ème séance – matin


DEUXIÈME COMMISSION: DES STRATÉGIES AXÉES SUR L’EMPLOI PRODUCTIF ET LE RÔLE DES FEMMES JUGÉES PRIORITAIRES POUR LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ


Les envois de fonds des migrants, évalués à plus de 130 milliards de dollars

par an, pourraient soutenir les efforts de développement, suggèrent des délégations


Alors que la soixantième session de l’Assemblée générale survient à une étape charnière entre la fin de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006), et la première évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés, la majorité des délégations de la Deuxième Commission, à l’instar de celle de la Jamaïque qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont mis en garde contre l’incertitude de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement à l’horizon 2015.  Comme l’a en effet constaté le Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), Anwarul K. Chowdhury, la pauvreté a augmenté dans la majorité des cinquante PMA, et le risque de voir le nombre de personnes vivant dans des conditions d’extrême pauvreté progresser, de 370 millions aujourd’hui à 470 millions, d’ici 2015, est bien réel.


Afin d’inverser cette inquiétante tendance, le Sous-Secrétaire général des Nations Unies en charge du développement économique, Jomo Kwame Sundaram, a invité la communauté internationale à axer ses efforts sur la création d’emplois décents et productifs, afin de lutter contre l’extrême pauvreté.  « Les politiques de croissance économique se sont bornées, ces dernières années, à juguler l’inflation sans soutenir la création d’emplois », a-t-il fait remarquer.  Il a par conséquent recommandé la promotion d’une plus grande cohérence au sein du système multilatéral, en vue de faciliter la création d’emplois stables, productifs et décents et a suggéré que les politiques d’emploi soient pleinement intégrées aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté, y compris dans les Documents de stratégies pour la réduction de la pauvreté (DSRP).  « 49,7% de la population active des pays en développement vit avec moins de deux dollars par jour », a constaté, avec regret, le représentant de la Jamaïque, qui s’exprimait au nom des États du Groupe des 77 et de la Chine, avant de juger qu’au-delà de la politique de plein-emploi, la lutte contre l’extrême pauvreté dépendait d’autres facteurs. 


Il a ainsi jugé indispensable de mettre en œuvre des programmes d’appui au développement de petites entreprises, par le biais du microcrédit, et a réitéré la nécessité d’achever les négociations du Cycle commercial de développement de Doha en procédant à la suppression des subventions agricoles et à la levée des barrières tarifaires et douanières que posent les pays industrialisés aux exportations des pays pauvres du Sud.  Soutenu en cela par plusieurs délégations, notamment celles du Maroc et du Nigéria, le représentant de la Jamaïque a indiqué que de telles mesures étaient susceptibles de générer, d’ici à 2015, des revenus de l’ordre de 350 milliards de dollars, grâce à une rétribution plus juste de la production agricole des populations des régions pauvres, et de faire reculer de 140 millions le nombre de personnes pauvres.  La participation des femmes au processus de développement, et en particulier au processus de prise de décision, constitue l’une des clefs du succès des programmes de développement, a fait valoir la délégation de la Norvège dont la représentante a souligné le rôle des femmes dans la mobilisation des ressources provenant des travailleurs migrants.  Elle a souhaité que des mesures soient prises aux niveaux national, régional et international pour protéger les droits des femmes sur les marchés du travail de la mondialisation.


Dans l’après-midi, la Deuxième Commission a organisé une table ronde consacrée aux envois de fonds des travailleurs migrants dont les montants, en 2004, s’élevaient à 130 milliards de dollars, soit deux fois celui l’aide publique au développement et les trois quarts des sommes transférées par les flux d’investissements étrangers directs, ces chiffres reflétant seulement les envois de fonds officiels des migrants.  Présidée par Selwin Hart, de la Barbade, la table ronde avait pour but de réfléchir aux voies et moyens de structurer davantage les envois de fonds effectués par les migrants et d’évaluer leur impact sur les économies en développement.  De l’Afrique subsaharienne, où 75% des envois de fonds suivent des circuits informels, à l’Amérique latine, où ils sont à 90% officiels, en passant par les Philippines où ils constituent un apport de plus de 8 milliards de dollars par an au revenu national, ces transactions méritent une attention particulière dans la recherche de sources de financement novatrices, en particulier en faveur des zones rurales, ont indiqué la majeure partie des intervenants.  Ils ont cependant insisté sur la reconnaissance du caractère privé des fonds transférés qui ne sauraient de ce fait être substitués aux flux officiels d’aide publique au développement.


Outre les intervenants mentionnés ci-dessus, les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat relatif à l’élimination de la pauvreté tenu aujourd’hui par la Commission: Viet Nam, Islande, Chine, Israël, Jamahiriya arabe libyenne, Cambodge, États-Unis et Fidji.  Les représentants et Observateurs des organisations suivantes ont également pris la parole: Organisation internationale du Travail, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et Organisation de la conférence islamique.


La Deuxième Commission poursuivra l’examen de la question relative à l’élimination de la pauvreté demain, mardi 15 novembre, à 10 heures. 

ÉLIMINATION DE LA PAUVRETÉ ET AUTRES QUESTIONS LIÉES AU DÉVELOPPEMENT


Plan d’action (de l’Union africaine) sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté (A/60/84)


La Note verbale transmise par le Représentant permanent du Burkina Faso auprès des Nations Unies au Secrétaire général de l’ONU contient le Plan d’action sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté adopté par le Sommet extraordinaire de l’Union africaine qui s’est tenu du 3 au 9 septembre 2004 à Ouagadougou, au Burkina Faso. 


Le Plan d’action explicite les engagements pris dans la Déclaration sur la promotion de l’emploi et la lutte contre la pauvreté, et il demande aux États membres de s’inspirer du Plan d’action pour développer et mettre en œuvre leurs propres plans nationaux d’action dans le but de créer des emplois et éradiquer la pauvreté, en étroite collaboration avec les parties prenantes concernées.  Le Plan d’action devrait également être utilisé comme instrument de la mise en œuvre des différentes déclarations et engagements auxquels les chefs d’État et de gouvernement ont souscrit et donne à cette fin les orientations et les principaux objectifs à l’intention des États membres pour leur permettre de formuler leurs propres mécanismes, sur base de leurs besoins nationaux.  Par ailleurs, un mécanisme pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation aidera à s’assurer que le Plan d’action soit exécuté de façon soutenue, que les actions soient coordonnées, et que le suivi et l’évaluation soient assurés.


L’objectif fondamental de la mise en œuvre du Plan d’action est d’inverser la tendance actuelle de la pauvreté, du chômage et du sous-emploi généralisés sur le continent africain, et d’améliorer de manière tangible les conditions d’existence des populations et de leur famille aux niveaux national et communautaire en Afrique, souligne le document.  À ce titre, les principaux domaines prioritaires retenus sont les suivants: orientation politique et engagement à créer un environnement propice à la bonne gouvernance pour l’investissement, au développement et à la lutte contre la pauvreté dans le cadre du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et de la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire (ODM).  Dans la liste des objectifs à réaliser figurent également la promotion de l’agriculture et du développement rural, gestion durable de l’environnement pour la sécurité alimentaire et le développement des infrastructures d’appui; l’élaboration d’un cadre approprié pour l’intégration et l’harmonisation des politiques économiques et sociales; l’amélioration des régimes actuels de protection sociale et leur extension aux travailleurs et à leur famille qui en sont présentement exclus, ainsi que la sécurité, la santé et l’hygiène au lieu de travail; et le renforcement de la capacité des femmes à s’intégrer dans le marché du travail et à participer effectivement et plus activement à l’élaboration des stratégies, politiques et programmes de lutte contre la pauvreté.


À cette liste, il faut aussi ajouter le renforcement des capacités humaines et institutionnelles des institutions publiques et privées en charge de la promotion de l’emploi et de la lutte contre la pauvreté; l’utilisation des secteurs clefs à fort potentiel d’emploi afin de créer davantage d’emplois et l’allocation de ressources adéquates à cette fin.  Le rapport cite aussi le renforcement de la coopération internationale; une mondialisation juste et équitable et des partenariats pour un soutien accru de la communauté internationale aux efforts que déploie l’Afrique pour réaliser le développement durable en mettant l’accent sur la promotion de l’emploi; la réduction de la pauvreté; l’intégration régionale et une meilleure participation au processus de mondialisation; le renforcement de la coopération interrégionale et économique entre les communautés économiques régionales afin d’élargir l’espace économique, les échanges intra et interrégionaux, les marchés et de promouvoir les économies d’échelle.  D’autres objectifs sont le ciblage et la réhabilitation des groupes vulnérables tels que les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants, les jeunes et les personnes infectées ou affectées par le VIH/sida, le paludisme, la tuberculose et autres maladies infectieuses connexes, les personnes déplacées, les réfugiés, les migrants et les travailleurs pauvres; et enfin la mobilisation des ressources aux niveaux national, régional et international.


Rapport sur l’importance cruciale de l’emploi pour la réduction de la pauvreté (A/60/314)


Ce rapport du Secrétaire général est établi en application de la résolution 59/247 de l’Assemblée générale par laquelle elle réaffirmait que, dans le cadre des mesures d’ensemble visant à éliminer la pauvreté, il fallait s’attacher tout spécialement à la nature multidimensionnelle de la pauvreté et s’attaquer de manière intégrée à ce problème, en tenant compte des stratégies sectorielles dans des domaines comme ceux de l’emploi productif.  Le présent rapport examine les liens qui existent entre la croissance, l’emploi et la pauvreté, en faisant valoir que l’emploi en est le maillon manquant.  Le rapport analyse également les principaux éléments d’une stratégie de l’emploi axée notamment sur la création d’un nombre adéquat d’activités et d’emplois, l’amélioration de la productivité, le choix des techniques, les changements sectoriels, et les interventions sur le marché du travail.


Le rapport esquisse un plan directeur pour l’emploi et l’élimination de la pauvreté, préconisé à l’occasion des grandes conférences internationales, et donne un aperçu des estimations de l’ampleur et de la répartition de la pauvreté parmi les travailleurs, faisant valoir que l’emploi est le maillon manquant de l’équation entre croissance et réduction de la pauvreté.  Il envisage également les rapports entre sécurité, élimination de la pauvreté et croissance économique.  Il montre aussi que les conflits mettent en cause les acquis du développement, en empêchant la population de vivre dans des conditions décentes, et en se soldant par la pauvreté, l’absence de dignité et le non-respect des droits de l’homme qui viennent accentuer les risques de tension sociale, de violence et d’insécurité.  Le rapport s’intéresse aussi à l’emploi dans ses rapports avec les droits de l’homme.  Dans son avant-dernier chapitre, ce document traite des aspects de la sécurité et des droits de l’homme relatifs à l’emploi, ainsi que des rapports entre croissance et lutte contre la pauvreté, et se conclut par des recommandations sur les mesures à prendre.  Les recommandations qu’il contient mettent l’accent sur la nécessité de faire de la création d’emplois productifs et décents la pierre angulaire des politiques de développement et de lutte contre la pauvreté.


Dans ses recommandations, le rapport estime en effet que la croissance économique ne saurait à elle seule assurer la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement qui consiste à réduire de moitié les taux de pauvreté d’ici à 2015.  Les causes de la pauvreté sont plurielles et il en va de même pour les solutions qui permettraient d’y remédier, y est-il souligné.  Le Secrétaire général y estime que le meilleur programme de lutte contre la pauvreté est l’emploi et que le meilleur moyen d’assurer le développement socioéconomique et le bien-être de chacun est d’assurer à tous un travail décent.  La présence d’emplois productifs contribuera pour une part non négligeable à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, et notamment du premier de ces Objectifs qui consiste à réduire de moitié les taux de pauvreté extrême d’ici à 2015, peut-on lire dans ce document, et il faudrait s’attacher à créer des emplois plus adaptés et plus productifs, à l’intention notamment des fortes concentrations de travailleurs pauvres.


À cette fin, il faudrait, entre autres mesures, investir dans les industries à forte intensité de main-d’œuvre, telles que l’agriculture ; encourager une restructuration du marché de l’emploi privilégiant les activités et les secteurs les plus productifs, et améliorer la qualité des emplois offerts dans le secteur de l’économie informelle.  Il faudrait aussi doter les pauvres de compétences et de ressources qui leur permettent de tirer pleinement parti d’une éventuelle création d’emplois, recommande M. Kofi Annan.  Le chômage et le sous-emploi sont non seulement deux aspects essentiels des interactions entre développement et pauvreté, mais aussi la cause profonde et la conséquence de l’insécurité, souligne-t-il.  L’emploi joue un rôle décisif dans le maintien de la paix et de la sécurité car il aide les gens à subvenir aux besoins de leurs communautés et contribue aux efforts de reconstruction après un grave conflit ou une crise majeure.  Le respect des droits de l’homme et de la dignité humaine est essentiel à l’élimination de la pauvreté et constitue le fondement de toute action visant à créer des emplois productifs et faciliter l’accès à ces emplois, rappelle le Secrétaire général.  Il est absolument indispensable de promouvoir l’éducation, le développement des compétences, la formation et les soins de santé, de donner aux travailleurs les moyens de se prendre en main, en améliorant leur protection, en renforçant leurs droits et en leur permettant de mieux se faire entendre, et de créer de nouveaux emplois de qualité.


Compte tenu des observations faites, le Secrétaire général recommande à l’Assemblée générale de formuler quelques recommandations, dont entre autres, faire en sorte que la création d’emplois productifs soit un objectif central des politiques nationales et internationales.  Il recommande à l’Assemblée de veiller à ce que les politiques d’emploi soient pleinement intégrées aux stratégies nationales de lutte contre la pauvreté, y compris le Document de stratégies pour la réduction de la pauvreté (DSRP).  Il faut d’accroître la cohérence au sein du système multilatéral en vue de faciliter la création d’emplois productifs et décents; accroître la demande de main-d’œuvre, augmenter la productivité et le revenu des personnes vivant dans la pauvreté, et faciliter à ces dernières l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à la formation professionnelle; intégrer les groupes socialement exclus au marché du travail; et promouvoir des méthodes de travail et de production à forte intensité de main-d’œuvre qui soient efficaces et productives, dans les zones rurales comme urbaines, en accordant une attention particulière aux situations d’après conflit, estime M. Kofi Annan.


Rapport sur la participation des femmes au développement (A/60/162)


Le présent rapport traite des conséquences de la mondialisation sur l’emploi et sur le renforcement du pouvoir d’action des femmes.  Il est axé sur les tendances qui se dessinent dans l’emploi des femmes, en particulier dans le secteur des services, et fournit des éléments d’information concernant le rôle des femmes dans la santé, l’éducation, le tourisme et le secteur informatique.  Ce document présente les avantages et les défis qu’entraîne la croissance du secteur des services pour les femmes et des aspects intéressant les femmes dans l’Accord général sur le commerce des services. On y trouve également des exemples communiqués par des entités des Nations Unies concernant des activités qui favorisent l’égalité des hommes et des femmes dans le secteur des services.  Le rapport contient en outre des recommandations concernant l’égalité des sexes sur le plan économique, qui sont soumises à l’examen de l’Assemblée générale.


Dans ce rapport, le Secrétaire général constate que les inégalités entre les femmes et les hommes, en ce qui concerne notamment l’accès aux ressources productives et leur contrôle, peuvent limiter les options des femmes en matière d’emploi et entraver leur participation à la prise de décisions économiques.  Il souligne donc la nécessité de créer un environnement propice afin que les femmes et les hommes puissent tirer avantage de la mondialisation.  Kofi Annan estime que la libéralisation du marché du travail a un impact négatif sur les femmes du point de vue des salaires, des conditions de travail et de la sécurité de l’emploi dans de nombreuses régions du monde.


Le Secrétaire général relève que le secteur des services a offert aux femmes de nouvelles possibilités d’emploi, notamment dans les secteurs non traditionnels comme celui des technologies de l’information et de la communication (TIC) et celui du  tourisme, et que leur participation au commerce des services a également augmenté.  Toutefois, nuance-t-il, elles prédominent toujours dans les secteurs traditionnellement féminins, comme la santé et l’éducation.  Selon lui, il faut mettre au point des mesures permettant aux femmes et aux hommes de tirer parti des possibilités liées au secteur des services, notamment par la libéralisation du commerce, et d’atténuer les effets négatifs qui en résultent pour les femmes.


Entre autres recommandations, M. Kofi Annan suggère que des nouveaux efforts soient faits afin de réduire les inégalités de salaire entre les hommes et les femmes et la segmentation du marché du travail par sexe, et d’améliorer les conditions d’emploi des femmes et la sécurité de leur emploi, y compris dans le secteur des services. Il demande aussi que soient renforcées les stratégies visant à accroître la participation des femmes aux postes de direction.  Afin de définir et d’examiner les perspectives sexospécifiques de la libéralisation du commerce dans le secteur des services, il indique qu’une attention particulière doit être portée aux salaires, aux conditions de travail, à la sécurité de l’emploi, à la participation aux processus décisionnels, à la capacité des femmes d’exporter des services, et à l’accès au crédit et aux TIC.  Enfin, le Secrétaire général recommande que soient pris en compte les obstacles affectant plus particulièrement les femmes migrantes employées dans le secteur des services, notamment les pratiques en matière de recrutement, l’accès à l’information, la protection des droits fondamentaux et les procédures de transferts de fonds.


Rapport sur la mise en valeur des ressources humaines (A/60/318)


Le présent rapport analyse la nécessité de promouvoir des approches globales et intersectorielles dans la mise en valeur des ressources humaines.  Il met également l’accent sur le caractère complémentaire de la mise en valeur des ressources humaines et de la réalisation des objectifs de développement convenus au niveau international, notamment ceux qui figurent dans la Déclaration du Millénaire, et sur la manière de s’attacher à l’une et l’autre dans le cadre des stratégies nationales de développement.  Le rapport insiste tout particulièrement sur le besoin d’investissements dans le développement humain, l’intégration d’une perspective sexospécifique, et le souci d’égalité entre les sexes.  Il mentionne l’importance qu’occupe la place des technologies de l’information et des communications, le rôle joué par le secteur public, et la large participation de la société à la formulation et à la mise en œuvre des politiques locales et nationales visant à promouvoir la mise en valeur des ressources humaines, et le rôle de l’aide apportée par les organismes des Nations Unies.


Entre autres recommandations, le Secrétaire général souligne dans ce rapport que pour réduire le fossé de compétence séparant les pays développés des pays en développement, ces derniers doivent adopter des politiques plus globales pour favoriser la croissance économique et l’emploi.  Il met aussi l’accent sur l’utilisation efficace des technologies de l’information et des communications (TIC) à des fins de mise en valeur des ressources humaines dans les pays en développement.  Cet usage doit s’appuyer sur des politiques nationales favorables, bénéficier de l’appui résolu des gouvernements, et s’inscrire dans des cadres réglementaires adaptés tout en faisant participer le secteur privé pour la mise en place de l’infrastructure nécessaire au développement des TIC, précise-t-il. 


Ce rapport s’intéresse en outre aux répercussions de la circulation de la main-d’œuvre qualifiée, et analyse le niveau et les caractéristiques des migrations de travailleurs qualifiés, la manière d’y faire face, et les mesures proposées pour passer de « l’exode des cerveaux » à « la circulation des cerveaux ».  Seule une approche ouverte de la gestion de la migration visant à atténuer les facteurs incitatifs dans les pays d’origine et limitant certaines des incidences préjudiciables du recrutement international dans les pays bénéficiaires, peut se traduire par une réelle répartition des avantages découlant de la mobilité internationale, affirme Kofi Annan.  Le Secrétaire général suggère d’appuyer les efforts visant à renforcer les accords bilatéraux, régionaux et multilatéraux ayant pour objet d’accroître la mobilité de la main-d’œuvre.  Ces processus sont essentiels pour la gestion concertée de la migration et améliorent la coopération à l’échelle mondiale, poursuit-il.  Enfin, le Secrétaire général propose que les pays d’origine, de transit et de destination des migrants, renforcent leur collaboration à tous les niveaux afin d’échanger et d’améliorer les informations concernant les secteurs en pénurie ou en excédent de main-d’œuvre et ainsi de faciliter la mobilité et la flexibilité des marchés du travail dans le but de répondre à la demande de main-d’œuvre partout dans le monde.


Introduction et présentation de rapports


M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général chargé du développement économique au Département des affaires économiques et sociales, a présenté les rapports du Secrétaire général relatifs à la mise en œuvre de la première Décennie pour l’éradication de la pauvreté - 1997-2006 (A/60/314) et à la mise en valeur des ressources humaines (A/60/318).  Il a déploré que la situation de l’emploi et de son impact sur la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement reste préoccupante.  La création d’emplois joue un rôle très important pour le maintien de la paix et de la sécurité, a observé M. Sundaram, jugeant que l’élimination de la discrimination, en particulier contre les femmes, est un facteur de stabilité.  En définitive, a-t-il dit, la création d’emplois productifs doit être intégrée dans les stratégies nationales et internationales de développement de façon prioritaire. 


La mise en valeur des ressources humaines reste une priorité pour sortir les pays en développement du sous-développement et leur permettre d’atteindre la prospérité.  L’objectif à atteindre est d’élargir les possibilités et les choix des personnes actives afin de leur offrir une variété de domaines dans lesquels ils peuvent prospérer.  Le rapport du Secrétaire général place l’accent sur la mise en valeur des ressources humaines en recommandant un investissement dans la création d’emploi, dans la recherche et le développement, et dans le développement d’infrastructures.  Le problème de l’insuffisance des ressources est encore plus grave, a constaté M. Sundaram, en déplorant que la mise en valeur des ressources humaines dans les pays en développement souffre de l’insuffisance des flux d’aide au développement.  Insistant sur le lien entre le bien-être des femmes et le renforcement des capacités et la mise en valeur des ressources humaines, le Sous-Secrétaire général a demandé que soient introduits des critères de sexospécificité dans les approches du développement.  De même, il a mis l’accent sur le lien entre les migrations et le manque d’emplois dans les pays en développement qui deviennent des pourvoyeurs de travailleurs qualifiés, dont la présence et les activités ont un effet sur le marché du travail des pays développés et, très certainement, constituent une perte à court, moyen et long terme pour les opportunités de développement des pays d’origine. 


Mme CAROLYN HANNAN, Directrice de la Division de la promotion des femmes du Département des affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la participation des femmes au développement (A/60/162).  Elle a indiqué que l’examen du rôle des femmes dans le développement, opéré tous les deux ans par l’Assemblée générale, permettait à l’ONU de contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre de politiques de développement sensibles aux préoccupations des femmes.  Elle a rappelé que le Sommet de septembre avait réaffirmé l’importance de la pleine mise en oeuvre des objectifs de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ainsi que des résultats de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, pour permettre aux pays d’atteindre les objectifs de développement agréés au niveau international.  Elle a estimé que le fait de ne pas prendre en compte les dimensions sexospécifiques du développement dans tous les domaines du travail accompli par les Nations Unies exacerbait les inégalités entre hommes et femmes et mettait en péril la réalisation de tous les autres objectifs. 


Elle a souligné que le rapport du Secrétaire général portait une attention particulière à la question des femmes et de la mondialisation.  Elle a constaté la présence accrue des femmes dans la force de travail au niveau international, qui a augmenté de 1 milliard de personnes entre 1993 et 2003.  Mme Hannan a toutefois regretté que les femmes fassent partie des travailleurs les plus pauvres du monde et soient plus nombreuses que les hommes dans le secteur informel.  S’agissant plus spécifiquement du secteur des services, qui est mis en lumière dans le rapport, elle a indiqué que les technologies de l’information et des communications (TIC) avaient permis d’augmenter l’emploi et les opportunités économiques pour les femmes dans de nombreux pays.  Elle a fait remarquer que les femmes travaillaient surtout dans les secteurs des services sociaux et personnels comme la santé et le tourisme, où les niveaux de compétences sont plus bas.  Mme Hannan a noté que le rapport du Secrétaire général mettait en lumière la délocalisation accrue des services.  Cette nouvelle tendance, a-t-elle expliqué, a ouvert des possibilités pour les femmes, notamment parce qu’elles peuvent travailler à domicile.  Toutefois, elle a observé que cette situation leur faisait aussi subir un double fardeau, du fait qu’elles partagent leur énergie entre leur travail et leurs tâches domestiques.  Enfin, elle a relevé que le rapport s’intéressait à la question des migrations internationales, qui permettent aux femmes d’accéder à de nouvelles possibilités d’emploi.  À ce sujet, Mme Hannan a affirmé que la question des femmes migrantes, qui acceptent souvent des emplois pour lesquelles les qualifications requises sont inférieures à leurs compétences, constituait un réel problème. 


Débat interactif


Intervenant au nom de l’Union européenne, la représentante du Royaume-Uni a souhaité savoir quelles mesures étaient prises pour corriger les incidences du virus du VIH/sida sur le travail des femmes dans les pays en développement.  M. Kwame Sundaram a reconnu que les problèmes posés par le virus du sida sont très graves, car les victimes, souvent très jeunes, ne peuvent plus être des travailleurs productifs.  La plupart du temps, les malades deviennent dépendants de leurs enfants ou de leur parents, les enfants étant généralement contraints d’abandonner l’école, a-t-il indiqué.  Mme Hannan a admis que la pression exercée sur les femmes par la pandémie du VIH/sida était plus importante que l’impact de cette maladie sur les hommes.


Interrogeant à son tour M. Kwame Sundaram sur la question des migrations, le représentant du Guyana a demandé si des statistiques existaient qui permettraient d’évaluer les pertes de compétences subies par les pays en développement.  Le Sous-Secrétaire général a indiqué qu’en dépit de l’absence de données précises, des propositions ont été soumises pour faire en sorte que l’impact des migrations de cerveaux soit limité, notamment par un processus de migrations limitées dans le temps, afin de garantir le retour des travailleurs qualifiés dans leur pays.  Les femmes migrantes jouent un rôle important dans l’apport de fonds aux pays en développement, a dit pour sa part Mme Hannan.  Elles sont confrontées à une culture nouvelle, et disposent d’un emploi en fonction de leurs compétences.  Mais, a-t-elle dit, les travailleuses migrantes sont aussi victimes de violences comme en témoigne la position adoptée cette année par la Troisième Commission sur cette question. 


Le représentant de la France, a rappelé que le Document final du Sommet de septembre 2005 avait souligné la nécessité d’introduire l’objectif de pourvoir un emploi décent aux travailleurs dans les stratégies nationales, et a jugé important que les différentes composantes des fonds et programmes et autres agences des Nations Unies apportent leur soutien à la mise en œuvre de cet objectif.  M. Kwame Sundaram, qui a constaté que ces dernières décennies les politiques économiques avaient eu tendance à vouloir soutenir la croissance en jugulant l’inflation, a déploré que l’autre objectif, celui de la création d’emploi, ait été négligé.  C’est pourquoi le Département des affaires économiques et sociales a mis en avant la problématique de la création d’un emploi décent au cœur des préoccupations des stratégies nationales de développement, a-t-il indiqué.  Mme Hannan a de nouveau plaidé, dans le cadre du débat sur la promotion d’un emploi pour tous, pour l’intégration de critères sexospécifiques. 


M. ANWARUL K. CHOWDHURY, Haut Représentant pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), a déploré qu’alors que la première Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté (1997-2006) touche à sa fin, la pauvreté ait augmenté dans la majorité des 50 PMA.  « Nous ne devons pas oublier que 370 millions de personnes sont frappés par l’extrême pauvreté dans ces pays, et qu’on prévoit que ce nombre augmentera de 100 millions d’ici à 2015 », a-t-il souligné.  Il a estimé que la situation des PMA nécessitait une action résolue de la communauté internationale afin de permettre à ces pays de faire face aux défis de la création d’emplois, de la promotion des femmes et du développement des capacités humaines.  S’agissant spécifiquement de l’Afrique sub-saharienne, où se trouvent 34 PMA, il a souligné que l’extrême pauvreté y touchait particulièrement les femmes et les enfants.  Cette région a le plus grand nombre de travailleurs pauvres, a-t-il indiqué en précisant que 55,8% des personnes ayant un emploi dans ces pays vivent avec moins de 1 dollar par jour. 


Il a déclaré qu’il fallait reconnaître que les PMA ne possédaient pas les capacités nationales nécessaires, qu’elles soient financières, humaines ou institutionnelles, pour inverser cette tendance négative sans un soutien extérieur.  Rappelant les efforts déployés par ces États pour créer un environnement propice à la réduction de la pauvreté, il a déploré que ces efforts n’aient pas été jugés suffisants.  Il a indiqué que les PMA avaient besoin d’un allégement de la dette et de ressources externes accrues pour le développement, afin de créer des emplois qui ont un rôle central à jouer dans l’éradication de la pauvreté.  En ce qui concerne le secteur agricole, il a constaté qu’il employait  sept personnes sur 10 dans les PMA africains.  Dans ce contexte, M. Chowdhury a estimé qu’il était crucial d’élaborer des approches à court et long termes pour augmenter la productivité dans le secteur informel et formaliser peu à peu le travail dans ce secteur.  Sortir les travailleurs du secteur informel de la pauvreté devrait être une priorité stratégique aux niveau national et international, a-t-il fait valoir.  Enfin, il a déclaré que si aucune attention particulière n’est portée à la création d’emplois productifs pour les femmes et les jeunes, aucune stratégie de réduction de la pauvreté ne pourrait réussir dans les PMA.  


Débat général


Intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Byron Blake (Jamaïque) a rappelé que la soixantième session de l’Assemblée générale se tenait au cours d’une année charnière, dans la mesure où elle est la dernière de la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté et la dernière avant l’évaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action de Bruxelles.  49,7% des personnes actives dans les pays en développement vivent avec moins de 2 dollars par jours, a rappelé le représentant, en s’inquiétant de la faible probabilité de voir les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) atteints d’ici à 2015.  « Nous devons nous pencher sur la valorisation de la capacité des pauvres à créer des entreprises grâce au microcrédit, mais également finaliser l’agenda de Doha, qui permettrait, d’ici à 2015, grâce à la levée des subventions agricoles et des barrières tarifaires et douanières posées par les pays industrialisés, de générer des revenus de l’ordre de 350 milliards de dollars grâce à des rétributions plus équitables de la production agricole des populations des régions pauvres.  140 millions de personnes sortiraient ainsi de la pauvreté extrême d’ici à 2015, soit 8% de la population ciblée dans les OMD », a ensuite dit M. Blake.  Il a suggéré, au nom des pays du Groupe des 77 et de la Chine, que la communauté internationale, et plus particulièrement les institutions de Bretton Woods, soient plus réactives. 


« Il faut par ailleurs renforcer la cohérence entre les politiques d’aide au développement, et les politiques fiscales et budgétaires aux niveaux international, régional et national », a poursuivi M. Blake.  S’agissant des recommandations du Secrétaire général relatives à la valorisation des ressources humaines, le représentant du Groupe des 77 et de la Chine a attiré l’attention sur l’incohérence des politiques nationales et internationales concernant les politiques migratoires.  M. Blake a déploré que les « cerveaux » des pays en développement soient recrutés dans les pays développés sans que des derniers ne tiennent compte de l’investissement perdu par les pays d’origine.  Il importe de transformer « l’exode des cerveaux » en « circulation des cerveaux » sur la base d’un « partenariat », a-t-il proposé.  Par ailleurs, a-t-il dit, les pauvres ont besoin qu’on leur donne une chance de gagner leurs vies, et de contribuer au développement de leur pays. 


M. DUONG HOAI NAM (Viet Nam) a rappelé qu’alors que la mise en œuvre des politiques de la première Décennie des Nations Unies pour l’éradication de la pauvreté serait examinée l’année prochaine, la pauvreté et la faim étaient devenues des défis majeurs pour toute la communauté internationale.  Parmi les raisons pouvant expliquer cette situation, il a insisté sur l’iniquité et le déséquilibre du système commercial international et sur le manque de ressources financières, qui sont les obstacles majeurs qui se posent à l’application des projets et des programmes visant à éradiquer la pauvreté.  Rappelant que le commerce est un moteur du développement, il a souligné les distorsions persistantes qui affectent le marché agricole mondial et qui entravent la capacité du secteur agricole des pays en développement à contribuer efficacement au développement économique durable.  Il a indiqué qu’on estimait que les sommes consacrées aux subventions agricoles constituaient six fois le montant actuel de l’aide publique au développement (APD).  La disparition graduelle des subventions agricoles est un élément essentiel de la réussite du Cycle des négociations commerciales de Doha, menées dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a-t-il souligné.  À cet égard, il a qualifié de « geste de bonne foi » les initiatives européennes et américaines de réduire le montant global de leurs subventions à l’exportation.  Le représentant du Viet Nam a par ailleurs souligné le rôle de l’aide publique au développement (APD) dans les efforts de réduction de la pauvreté, en notant que ces ressources étaient pour l’instant insuffisantes.  Il a de plus souligné l’importance de trouver des sources novatrices de financement ainsi que des instruments qui fourniraient un complément prévisible et durable aux flux traditionnels d’APD.  Notant que le Viet Nam avait réussi à réduire de moitié son nombre de pauvres, dès 2004, il a estimé que la lutte contre la pauvreté nécessitait des efforts systématiques et a, à ce titre, souligné l’importance d’améliorer le rôle du système de développement des Nations Unies afin qu’il soit plus actif.


      Mme SIGRID ANNA ODDSEN (Norvège) est intervenue sur la question de la participation des femmes au développement, et a souligné les mauvaises conditions de travail des femmes et l’insécurité dont elles sont victimes sur le marché de l’emploi.  Les recommandations du Secrétaire général concernant la discrimination dont sont victimes les migrantes doivent être traduites en programmes d’action, a-t-elle dit en insistant plus précisément sur la lutte contre la traite des femmes et les conséquences du VIH/sida.  Revenant sur l’inégalité entre les sexes devant le travail, la représentante de la Norvège a demandé que la sexospécificité, la lutte contre le VIH/sida et la sensibilisation aux questions de santé reproductive soient prises en considération à chaque étape d’élaboration des stratégies de développement.  « La Norvège continuera de soutenir le FNUAP », a-t-elle dit, avant d’inviter les pays en développement à soutenir la gouvernance démocratique et le développement économique en encourageant la participation des femmes au processus de décision.


M. HJAMAR W. HANNESSON (Islande) a affirmé qu’il était aujourd’hui essentiel de porter une attention particulière aux défis auxquels font face les femmes à la suite de la croissance du secteur des services.  Il a noté que les échanges accrus de services avaient été ces dernières années un facteur important de la croissance économique mondiale.  Il s’est inquiété des tendances négatives que l’on observe actuellement dans le secteur de l’emploi des femmes, en citant la réduction des salaires et la détérioration des conditions d’emploi, et a déclaré qu’il fallait aborder cette question sans délai.  Il a de plus estimé que la lutte contre le trafic des êtres humains devait constituer une priorité pour tous.  Il a fait part des efforts de son pays dans ce domaine, notamment en ce qui concerne la sensibilisation du public par la tenue de conférences sur ce sujet.  Il a aussi fait remarquer que l’Islande participait activement à cette lutte dans le cadre du Conseil ministériel nordique et dans celui de l’Organisation pour la sécurité et coopération en Europe (OSCE).  En outre, il a indiqué que, parmi ses critères pour recevoir des réfugiés, son pays portait une attention particulière aux « femmes à risques » en se référant à la définition qu’en donne le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). 


M. WANG QI (Chine) a jugé que la pauvreté, qui affecte plus d’un milliard de personnes, constituait un défi majeur pour la communauté internationale.  En cette neuvième année de la Décennie internationale pour l’élimination de la pauvreté, nous sommes encore loin de l’objectif visé, a observé M. Wang, en suggérant que des efforts concertés soient déployés par les pays en développement, qui doivent formuler des stratégies cohérentes, et par les pays développés, qui doivent honorer leurs obligations en matière d’aide au développement, de transferts de technologies, d’allègement de la dette et d’accès aux marchés. « La communauté internationale doit créer un environnement international propice à la croissance des pays en développement, notamment par la mise en place d’un environnement financier stable, et permettre aux populations de ces pays de bénéficier des retombées positives de la mondialisation », a recommandé M. Wang Qi.  Les gouvernements, le secteur privé, et la société civile, doivent tous s’inscrire dans des synergies et explorer des mécanismes novateurs d’atténuation de la pauvreté, a-t-il poursuivi.  « La Chine entend adopter des mesures plus fermes pour atténuer la pauvreté dans les zones rurales, en développant des programmes d’infrastructures, conformément au Programme de Shanghai pour la réduction de la pauvreté adopté l’an dernier », a précisé M. Wang Qi. 


M. ELI BEN-TURA (Israël) a fait part de l’engagement profond de son pays envers l’éradication de la pauvreté.  Parmi les moyens pour créer de nouvelles opportunités pour les femmes, il a souligné le rôle des micro et petites entreprises en tant que mécanismes efficaces pour générer de nouvelles sources de revenus et donc, améliorer la statut de la femme.  Il a affirmé que le microcrédit contribuait directement à la réduction de la pauvreté et à la parité entre les sexes.  Toutefois, il a souhaité que les crédits versés dans ce domaine soient accompagnés de mécanismes plus larges pour promouvoir le rôle des femmes.  Dans ce contexte, M. Ben-Tura a fait part des initiatives lancées aux plans national et international par son pays pour améliorer le rôle des femmes dans le développement de petites entreprises, notamment par le biais de formations, de la mise en place d’institutions gouvernementales à cet égard, et par la coopération internationale.  En outre, il a souligné le travail accompli par l’Agence pour les petites entreprises, créée en 1994 par le Gouvernement israélien, ainsi que celui du Centre de formation international Golda Meïr Mount Carmel.  S’agissant de ce Centre, il a fait observé qu’il avait formé plus de 11 500 femmes à travers le monde et traitait, depuis 1961, des questions mises en lumière par le Programme d’action de Beijing.  Enfin, il a noté que son pays se tenait prêt à collaborer avec d’autres États Membres pour aborder l’importante question de la promotion de la parité entre les sexes et de l’éradication de la pauvreté.


M. OMAR BOUCHIAR (Maroc) a rappelé que la communauté internationale s’était engagée, dans la Déclaration du Millénaire, à réduire de moitié d’ici à 2015, la part de la population mondiale vivant avec moins de 1 dollar par jour, et a salué les avancées réalisées par les États lors du Sommet mondial de septembre dernier, au cours duquel les dirigeants de la planète ont réitéré l’urgence de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Les pays en développement se sont engagés à mettre en place et à appliquer immédiatement des stratégies nationales de développement basées sur l’investissement dans le développement humain, a-t-il poursuivi, avant de se féliciter de la décision de certains pays développés d’établir un calendrier pour atteindre l’objectif de verser 0,7% de leur PNB à l’aide au développement.  Par ailleurs, M. Bouchiar a également salué l’approbation, par la Banque mondiale et le FMI, de la décision du G-8 d’annuler la dette de 18 pays pauvres très endettés (PPTE), ainsi que l’adoption par la Banque mondiale d’un Plan d’action pour l’Afrique.  Le Maroc fait de la lutte contre la pauvreté, en particulier en milieu rural, la pierre angulaire de sa politique socioéconomique, a-t-il dit ensuite, estimant que les évaluations réalisées établissaient que des résultats avaient été obtenus, en particulier en ce qui concerne la scolarisation des filles en zone rurale.  Afin de permettre à des pays comme le Maroc de poursuivre leurs efforts en matière de lutte contre la pauvreté, M. Bouchiar a exhorté les pays développés et les organisations internationales à assurer une intégration effective des pays pauvres dans le commerce mondial et à leur faciliter l’accès aux marchés des pays développés; à accompagner les réformes structurelles entreprises; à augmenter l’APD, et à répondre aux besoins spécifiques des pays les moins avancés. 


M. JAMAL ABUJELA (Jamahiriya arabe libyenne) a noté les efforts internationaux visant à éliminer la pauvreté, mais a estimé que les résultats ne reflétaient pas les aspirations des pays en développement.  Il s’est inquiété des conséquences des inégalités qui existent actuellement dans le monde, affirmant qu’elles menaçaient la réalisation des OMD.  Il a dit que son pays était convaincu de la nécessité de renforcer les droits fondamentaux des peuples, afin de parvenir à la dignité humaine et afin d’éliminer la pauvreté.  Il a notamment insisté sur le droit à l’emploi, dans conditions équitables, et qui s’accompagne de droits sociaux dans les secteurs de l’éducation et de la santé, entre autres.  Il a indiqué que la création d’emplois productifs était essentielle pour parvenir aux OMD.  Le plein emploi doit être la priorité des politiques nationales et internationales, a-t-il poursuivi.  Le représentant a par ailleurs regretté que les migrations de travailleurs qualifiés et hautement qualifiés constituent une perte de potentiel économique pour les pays d’origine, qui remet en cause leurs possibilités de croissance.  Enfin, il a souligné les besoins spécifiques de l’Afrique en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté, et a demandé la prise de mesures tangibles et communes, afin que les pays en développement parviennent au développement durable grâce à leur participation plus juste au système commercial mondial et à leur meilleure représentation dans la gouvernance internationale. 


M. CHEM WIDHYA (Cambodge) a dit que l’élimination de la pauvreté était une priorité pour le Gouvernement du Cambodge, afin d’assurer la stabilité économique et sociale du pays.  La croissance de l’économie cambodgienne est de 6,1% cette année, et le Gouvernement a fait beaucoup pour diversifier une activité économique jusqu’ici largement dominée par l’agriculture, a-t-il dit, en soulignant que le programme de réforme macroéconomique du Gouvernement a modifié le système financier pour promouvoir le microcrédit.  Le développement du crédit dans le monde rural a permis de stabiliser les populations et de générer des revenus additionnels, a dit M. Chem Widhya en insistant également sur le développement du textile et des services dans les zones urbaines.  Saluant l’objectif des pays développés de parvenir à verser 0,7% de leur PNB à l’APD, M. Chem Widhya s’est également félicité des propositions relatives à la création de nouvelles sources de financement du développement.  Il a demandé aux pays développés de consentir une élimination de leurs subventions agricoles et de leurs barrières tarifaires et douanières, ces questions devant être réglées lors des prochaines négociations de Hong Kong, le mois prochain.


M. BULUS PAUL ZOM LOLO (Nigéria) a déclaré que la pauvreté persistait non pas à cause du manque de savoir, mais à cause de l’échec collectif à mettre ce savoir et des ressources au service de la lutte contre ce phénomène.  « Il est temps de porter notre attention non plus sur la nature et la structure de la pauvreté, qui sont désormais bien connues, mais sur les mesures pratiques pouvant nous permettre de faire face aux défis de la pauvreté », a-t-il indiqué.  Il a estimé qu’on ne pourrait parvenir à éradiquer la pauvreté sans créer des opportunités économiques, des libertés politiques et un environnement favorable aux initiatives individuelles et aux entreprises, aux niveaux national et international.  Il s’est associé à l’appel lancé en faveur de la mise en place de politiques économiques, sociales et d’emploi complémentaires.  Il s’agit non seulement d’atteindre l’équilibre fiscal et de générer des emplois, mais aussi de mettre plus de pouvoir dans les mains des pauvres par le biais d’emplois qualitatifs et de revenus décents, a-t-il ajouté.  M. Lolo a en outre insisté sur l’importance de porter une attention particulière aux femmes, afin qu’elles bénéficient d’une protection adéquate dans le secteur de l’emploi.  Il a estimé que les stratégies de développement humain devaient faire partie intégrante des programmes nationaux de développement.  « Ces stratégies doivent tirer avantage du savoir scientifique et des technologies de l’information et des communications tout en faisant participer toutes les parties prenantes », a-t-il estimé.  Enfin, il a relevé l’importance d’un accroissement des dépenses consacrées aux infrastructures, à la santé, à l’éducation et au logement, et a indiqué que les Nations Unies avaient un rôle crucial à jouer pour mobiliser le soutien de la communauté internationale à cet égard. 


            M. SICHAN SIV (États-Unis) a estimé que si l’échelle des problèmes posés par la pauvreté était impressionnante, de nombreux pays avaient cependant réussi à en inverser les tendances.  Nous souhaitons que la notion de « marché » ne soit plus taboue à l’Assemblée générale, a-t-il dit, en estimant que le fait de mettre de côté cette question hypothèque toute stratégie de lutte contre la pauvreté.  « La pauvreté ne sera pas résolue en organisant un afflux massif de capitaux des pays développés vers les pays en développement », a observé M. Siv.  Il a considéré ensuite que l’éducation des filles et des femmes, le soutien à la création d’entreprises, et les stratégies de création d’emploi étaient autant de mesures de lutte contre la pauvreté qu’il ne fallait pas minimiser et dans lesquelles les pays en développement devaient miser de façon prioritaire. 


M. DJANKOU NDJONKOU, représentant de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné la relation qui existe entre la croissance, l’emploi et la pauvreté.  Il a fait part du « Programme pour un travail décent » de l’OIT et a noté que le travail de son Organisation était basé sur les principes de justice sociale.  Pour les pauvres, le travail est souvent le seul moyen de sortir de la pauvreté, a-t-il insisté.  Il a indiqué que la croissance économique était essentielle, mais pas suffisante pour réduire la pauvreté.  La réduction de la pauvreté doit inclure une réorientation des politiques économiques en faveur des pauvres, une stratégie de développement centré sur l’emploi, la mise en place de filets de sécurité sociaux, et des changements dans les institutions, les lois et les pratiques actuelles, qui créent et perpétuent la pauvreté, a-t-il entre autres estimé.  Il a déclaré que la réduction de la pauvreté devait se baser non seulement sur la création d’emplois, mais aussi sur l’amélioration des conditions de travail, dont la dégradation a contribué en premier lieu à la paupérisation des travailleurs.  M. Njonkou a en outre constaté l’importance du développement des ressources humaines, et en particulier de l’éducation et de la formation, pour créer des opportunités d’obtenir un travail décent et productif.  Affirmant que l’emploi constituait le meilleur programme contre la pauvreté, il a insisté sur la notion de travail décent.  Pour y parvenir, il a noté qu’il fallait améliorer les complémentarités entre les moyens d’action et les diverses niveaux d’intervention.  Enfin, il s’est dit prêt à participer à la session de fonds de l’ECOSOC de 2006 qui traitera de la question de l’emploi productif et décent. 


Mme FLORENCE CHENOWETH, Représentante de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a, en évoquant l’Année internationale du riz, rappelé que le riz est l’aliment de base pour plus de la moitié de la population mondiale et peut contribuer à réduire la pauvreté en assurant la sécurité alimentaire.  Sans alimentation, il n’est pas possible d’étudier et de vivre sainement, a-t-elle dit, avant de souligner que la sécurité alimentaire de près de 3 milliards d’êtres humains vivant dans le monde dépendait du riz.  « Il est la source alimentaire dont la croissance a été la plus rapide en Afrique subsaharienne », a-t-elle dit, en mentionnant que le riz venait à cet égard devant la farine de maïs, et que ce phénomène avait déjà été constaté depuis longtemps en Asie.  « Outre la production agricole de riz, la culture de cette céréale représente aussi un facteur de développement économique en raison des produits qui en sont dérivés, notamment les pâtes à base de riz, ou encore les produits cosmétiques, tandis que sa production respecte les écosystèmes » a souligné Mme Chenoweth.  Depuis 1995, la chute des cours du riz a eu un impact sur la production, et les populations ont cessé, dans certaines régions, d’en produire, a-t-elle dit, avant de souligner la nécessité de promouvoir des pratiques agricoles nouvelles pour réduire l’incidence des pesticides sur la santé des consommateurs de riz dans les pays en développement. 


M. FILIMONE KAU (Fidji) a indiqué que son pays s’était fixé pour objectif de réduire la pauvreté de 5% par année.  À cette fin, il a noté que Fidji s’employait à mettre en place une approche intégrée et à élaborer un cadre national pour faciliter la mise en oeuvre des OMD, mais que les gouvernements nationaux ne pouvaient atteindre ces objectifs sans soutien international adéquat.  Il a saisi l’opportunité qui lui était offerte pour rappeler aux délégations qu’il est nécessaire de réformer les marchés, notant que des politiques commerciales équitables étaient centrales pour la réussite des programmes d’élimination de la pauvreté.  Il a souligné l’importance du secteur agricole pour les pays en développement, et a regretté que les exportations issues de ce secteur ne puissent être compétitives sur le marché international tant que les termes commerciaux ne seront pas plus équitables.  S’agissant de la situation de l’emploi, il a estimé qu’il fallait se concentrer sur la création d’emplois stables et bénéficiant de revenus adéquats.  Il s’est par ailleurs inquiété de la migration des travailleurs qualifiés dans la région du Pacifique.  Ainsi, il a appelé les migrants à créer des réseaux avec leur pays d’origine afin notamment de faciliter les échanges de savoir, de technologies et d’investissements.  Il a fait valoir qu’on estimait que les citoyens de Fidji travaillant à l’étranger envoyaient 262 millions de dollars par an dans leur pays d’origine.  Enfin, en ce qui concerne les femmes, il a affirmé que la question des salaires devait être abordée de manière systématique, et a reconnu la nécessité de promouvoir la femme afin de résoudre les problèmes d’inégalité entre les sexes.  


M. SHAHID HUSAIN, Observateur de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), a souhaité, concernant le rôle des femmes dans le développement, qu’un climat propice soit créé pour permettre aux hommes et aux femmes de bénéficier équitablement des effets de la mondialisation.  À la suite de la mondialisation, l’exode rural a progressé, avec ses corollaires et ses conséquences négatives sur le statut des femmes, qui se caractérisent notamment par l’exploitation et la traite des femmes, a déploré l’Observateur de l’OCI.  La conférence ministérielle de l’OCI sur les femmes, qui se tiendra bientôt, aura pour objectif de prendre des mesures concrètes pour soutenir l’implication des femmes dans le développement, a-t-il indiqué.  « L’élimination des discriminations à l’égard des travailleuses migrantes est également un objectif sur lequel les pays membres de l’Organisation de la Conférence islamique entendent promouvoir des mesures et des critères orientés vers le respect des droits humains » a-t-il ajouté.  Appuyant les initiatives des femmes dans tous les secteurs de la société, M. Husain a mis l’accent sur le rôle que devraient jouer les médias dans la promotion de nouveaux modes de vie et dans la sensibilisation du public au respect de l’égalité entre hommes et femmes. 


TABLE RONDE SUR LE THÈME « ENVOIS DE FONDS », ORGANISÉ PAR LE BUREAU DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT DU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES


Cet après-midi, la Deuxième Commission a organisé une table ronde consacrée aux « Envois de fonds », des migrants vers leurs pays d’origine, qui, en 2004, s’élevaient à 130 milliards de dollars, soit deux fois le montant de l’aide publique au développement et les trois quarts de celui des investissements étrangers directs dans les pays du Sud, ce chiffre concernant uniquement les envois de fonds officiellement déclarés.  Présidée par M. Selwin Hart, de la Barbade, cette table ronde avait pour objectif de réfléchir aux voies et moyens de structurer davantage les envois de fonds effectués par les migrants et d’évaluer leur impact sur les économies en développement.  De l’Afrique subsaharienne, où 75% des envois de fonds suivent le circuit informel, à l’Amérique latine, où pour 90% ils empruntent des circuits officiels, en passant par les Philippines où ils constituent chaque année un apport de plus de 8 milliards de dollars au revenu national, ces transactions méritent une attention particulière dans la recherche de sources de financement novatrices, en particulier pour les zones rurales, ont indiqué la majeure partie des intervenants, tout en insistant cependant sur le caractère privé de ces fonds qui ne sauraient se substituer aux flux officiels d’aide publique au développement.


Déclarations liminaires


Conseiller économique au Secrétariat d’État à la coopération internationale de l’Espagne, M. Sofiane Khatib a indiqué qu’entre 2005 et 2008, le pourcentage du PNB consacré à l’APD par l’Espagne passerait de 0,35% à 0,5%, avant d’atteindre 0,7% en 2012.  L’Espagne s’est également associée à l’Initiative mondiale contre la faim et la pauvreté, conduite par le Président brésilien Lula da Silva, et a annoncé une contribution de 220 millions d’euros sur 20 ans au titre de la Facilité internationale pour la vaccination, a indiqué Sofiane Khatib.  Entre 1960 et 1970, les envois de fonds des migrants ont soutenu le développement économique de l’Espagne, a-t-il dit, avant d’indiquer que 2004 avait été la première année où la Banque d’Espagne avait enregistré des transferts nets, évalués à 3,476 milliards d’euros. 


Ces envois pourraient s’élever à 8,7 milliards si l’on tient compte des envois informels, a-t-il poursuivi, avant de souligner que les transferts de fonds devaient être distincts de l’APD versée par l’Espagne, qui s’élève quant à elle à 1,9 milliards d’euros.  Les envois de fonds des migrants doivent garder leur caractère privé mais devraient être utilisés plus efficacement, a proposé M. Khatib.  Il y a actuellement deux obstacles à l’efficacité des flux financiers résultant des envois des migrants, a-t-il dit en citant l’absence de couverture de la part d’institutions financières, tandis que les pays d’accueil connaissent souvent des problèmes de stabilité, et le manque d’initiative pouvant permettre d’orienter ces flux vers des projets nationaux ayant besoin de financements.  M. Khatib a ensuite insisté sur la nécessité de réduire les coûts des virements et sur celle de la création d’institutions financières, notamment de microcrédit, y compris dans les zones rurales les plus isolées. 


Est-il possible d’évaluer, au stade actuel, l’impact des envois de fonds effectués par les migrants sur le développement économique des pays de destination?  C’est pour répondre à cette question que M. Alan Winters, Directeur du Groupe de recherche de la Banque mondiale sur le développement, est intervenu et a souligné que les effets positifs que pourraient causer ces envois de fonds ont à ce jour été plus un rêve qu’une réalité palpable pour les pays en développement.  Déplorant le manque de données et d’analyses sur la question, M. Winters a indiqué que 180 millions d’êtres humains sont à ce jour des migrants, ce qui correspond à 3% de la population mondiale, dont les envois de fonds se sont élevés en 2005 à près de 167 milliards de dollars.  Les défis posés à ces transferts de fonds sont les coûts de transaction -frais de service, et écarts entre taux de change- qui sont élevés, a-t-il dit.  Le fait que les marchés financiers ne soient pas très développés dans les pays destinataires, et le fait que les migrants n’aient pas de compte en banque dans les pays d’accueil, ajoutés aux coûts élevés des transferts, sont autant de facteurs qui justifient que les transferts effectués vers l’Amérique latine sont à 90% officiels, tandis que ceux effectués entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne sont pour 75% d’entre eux, informels, a fait remarquer M. Winters. 


Le coût d’un transfert a un impact important sur les montants envoyés, a-t-il ensuite constaté, avant de prendre l’exemple des Philippines et de souligner l’importance des envois de fonds pour les investissements qui y ont été constatés pendant la crise financière asiatique.  Les chocs exogènes, en l’occurrence une crise asiatique qui a augmenté les volumes d’argent transférés du fait des gains en termes de taux de change, ont un impact immédiat sur l’économie du pays de destination et ont dans ce cas particulier contribué à atténuer les effets de la crise elle-même, a-t-il constaté, en indiquant que la moyenne de gains additionnels avait alors été évaluée à 3,5% par foyer, ce qui a permis aux familles destinataires de créer de petites structures entreprises familiales. 


Dans le contexte de l’historique des envois de fonds, M. Damian Popolo, Administrateur aux affaires internationales du Conseil de recherche pour les arts et les sciences humaines, a donné l’exemple de la situation qu’a connue l’Italie à la fin du 19ème siècle.  Il a ainsi affirmé que grâce aux envois de fonds des migrants, l’Italie a pu se centrer uniquement sur les problèmes bancaires domestiques, car les réserves de monnaie étrangère et d’or et d’argent n’y ont pas décliné.  Notant que les institutions italiennes n’étaient pas assez fortes, il a fait valoir le rôle de la Poste, dont le réseau a permis aux envois de fonds de toucher toute la péninsule, et a contribué au développement bancaire du pays.  De même, il a remarqué que la Banque d’épargne et des envois de fonds postaux, créée en 1930, avait tenu un rôle similaire en Chine, en ouvrant 680 branches à travers le pays dès 1936.  S’appuyant sur ces exemples, il a affirmé que l’impact positif des envois de fonds était prolongé lorsqu’il existait un effort coordonné pour assurer que ces flux soutiennent la création d’institutions financières modernes et a plaidé pour l’utilisation dans ce sens du « temps de grâce » qu’offrent dans leur période initiale les envois de fonds. 


En outre, M. Popolo a insisté sur la dimension culturelle des envois de fonds qui peuvent générer des pratiques différentes, et il a noté l’importance de la relation entretenue par le migrant avec son pays d’origine dans ce domaine.  Il a affirmé que, pour bien fonctionner, les centres d’envois de fonds devaient avoir une bonne intégration dans les diasporas, sans quoi les migrants utiliseraient des canaux non officiels.  Il a conclu en insistant sur la nécessité de penser de manière créative à la question des envois de fonds, en allant au-delà de la simple réduction des coûts de transfert de ces fonds et en s’interrogeant sur les buts à long terme de ces envois et sur l’importance de les formaliser. 


Prenant l’exemple du Costa Rica, du Honduras et du Salvador, M. Marco Sanchez, Spécialiste des questions sociales à la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a démontré l’impact des envois de fonds sur les politiques macroéconomiques.  Ainsi, il a fait observer que ces trois pays avaient entrepris, depuis 15 à 20 ans, des réformes de politiques commerciales visant à améliorer la rentabilité de leurs secteurs d’exportations, et qu’en dépit de politiques commerciales très similaires, les résultats avaient été très différents.  Les effets attendus ont été influencés par plusieurs facteurs, a-t-il poursuivi, en indiquant que les envois de fonds avaient joué un rôle très important dans l’obtention de ces résultats variés.  Toutefois, il a estimé que les attitudes que l’on observe dans ce domaine sont imprévisibles et sont largement liées au régime des changes.  Il a constaté que la dévaluation de la monnaie nationale permettait d’augmenter les montants des envois de fonds que reçoivent les petites économies, y réduisant ainsi grandement la pauvreté. 


M. Sanchez a fait valoir que le Costa Rica avait choisi, parallèlement aux réformes engagées, de dévaluer fortement sa monnaie tandis que, dans les deux autres pays, l’arrivée des envois de fonds avait entraîné une augmentation des taux de change, ce qui a eu un impact négatif sur le secteur commercial.  M. Sanchez a conclu en indiquant que les pays devaient s’interroger sur la manière d’empêcher la fluctuation à la hausse des taux de change, et sur celle d’encourager les exportations conformément aux règles de l’OMC, ainsi que sur la façon d’investir cet argent de manière productive.


La stratégie visant seulement à encourager une augmentation des envois de fonds ne peut contribuer en elle-même au développement, a observé M. Manuel Orozco, Attaché principal de recherche au Dialogue interaméricain, qui a rappelé que la priorité à cette fin devait être l’augmentation des flux d’aide publique au développement.  Mais dans ce cas également, la capacité d’absorption, à court terme, des économies locales, reste l’élément le plus important, a-t-il dit, en soulignant que l’épargne nationale reste très peu développée dans la plupart des pays destinataires des transferts de fonds.  Se basant sur les recherches effectuées, et abordant la question de la réactivité des envois de fonds par rapport à l’inflation, il a indiqué que les transferts de fonds restaient stables dans la durée, contrairement au tourisme ou aux produits de base, pour les pays, comme cela a été relevé en République dominicaine ou au Nicaragua. 


Par ailleurs, a-t-il dit, 30% de ces envois de fonds sont destinés aux zones rurales, en particulier en Afrique et dans beaucoup de pays en développement.  Ces fonds sont souvent orientés vers des versements sur des comptes bancaires, ce qui a un impact immédiat sur l’économie des pays.  Dans certains pays, par exemple entre le Japon et les Philippines, 80% des récipiendaires des envois de fonds sont des femmes, a-t-il dit, avant d’aborder les coûts des transferts de fonds qui devraient diminuer, dans la mesure où la concurrence a fait passer les institutions de transferts de fonds de quelques unes dans les années 1990 à une vingtaine aujourd’hui.  Les transferts de fonds suivent la même évolution que les autres outils de communication bénéficiant des nouvelles technologies comme la téléphonie cellulaire, a-t-il observé, en notant que dans des pays en développement d’Asie et d’Afrique, le téléphone cellulaire a supplanté le téléphone fixe grâce à la concurrence, même si ses prix demeurent élevés. 


En 1983, 500 000 Philippins travaillaient dans les pays du Golfe, a souligné Mme Patricia Santo Tomas, Secrétaire au Département du travail et de l’emploi des Philippines, qui a noté qu’en 2004, ils étaient 8 millions répartis dans le monde, dont 39% sont considérés comme résidents permanents légaux, 16% travailleurs illégaux, et le reste étant des travailleurs temporaires légaux.  Les envois de fonds proviennent le plus souvent des travailleurs temporaires, a-t-elle dit, soulignant qu’en ce qui concerne les migrants permanents, leurs familles les rejoignent, ce qui ne justifie plus l’envoi de fonds à leurs familles.  8,5 milliards de dollars ont été envoyés en 2004 vers les Philippines par les migrants, pour un coût de transaction de 550 millions de dollars, a-t-elle dit ensuite, en précisant que 57% de ces fonds provenaient des États-Unis, 25% de l’Arabie saoudite, et le reste en grande partie de pays Européens et d’États du Golfe. 


Les transactions les plus élevées proviennent du Japon, avec 18 dollars par envoi, contre 7 dollars pour les États-Unis en moyenne.  Les envois de fonds vers les Philippines connaissent un taux de croissance de 13% par an pour une évolution du nombre de migrants de 3% par an.  Ce différentiel s’explique, entre autres, par le fait que les travailleurs migrants ont davantage recours aux canaux officiels de transferts de fonds, a expliqué Mme Santo Tomas.  Dans les régions de forte émigration, comme le Nord des Philippines d’où les premiers migrant sont partis vers Hawaï dans les années 1920, les envois de fonds ont été orientés vers la construction immobilière et ont poussé 26 banques à ouvrir des agences, développant par conséquent l’épargne et le crédit.  La Banque centrale des Philippines, afin de canaliser les envois de fonds, a mis en place un système de loterie et émet des bons du trésor pour les travailleurs migrants, afin d’attirer les fonds de l’étranger vers les circuits officiels d’investissement.


Intervenant à la suite de Mme Santo Tomas, la Directrice de l’INSTRAW, Mme Carmen Moreno, a indiqué que les femmes représentent la moitié des migrants et sont aussi majoritairement les destinataires des envois de fonds.  L’étude de l’impact des envois de fonds sur le développement économique et social suppose que la dimension sexospécifique soit prise en compte, a-t-elle dit, avant de souligner que les envois de fonds étaient des flux d’argent privés et que seuls les États avaient l’obligation de créer les conditions du développement et ne pouvaient donc considérer ces flux privés comme des substituts à l’aide publique au développement.  L’INSTRAW a mis au point un document de travail sur les envois de fonds et la sexospécificité et a entrepris une étude sur le lien entre l’Espagne et la République dominicaine, de telles études permettant de disposer de données précises, a-t-elle indiqué. 


Échange interactif


Après les présentations liminaires, les représentants du Cameroun et de l’Éthiopie ont souligné les différentes perspectives qui existent sur la manière d’aborder la question des envois de fonds des migrants.  D’un côté, certains souhaitent connaître tous les détails de cette question et traiter le sujet de manière globale; de l’autre, certains affirment que l’on peut envisager des mesures à prendre de manière successive avant d’en avoir une perspective complète, ont relevé les deux délégations.  En réponse à cette remarque, M. Winters a prôné la prudence sur cette question en affirmant qu’il fallait d’abord mener une analyse globale du phénomène avant de passer à l’énoncé de propositions politiques.  Il a noté que dans l’examen de la question, il fallait avant tout conserver et respecter les grands principes de politiques économiques et sociales, comme celui du respect des droits de propriété.  M. Khatib a, pour sa part, estimé que certaines mesures, comme la réduction des coûts de transaction, pouvaient être prises rapidement, mais qu’il fallait voir comment cela était lié au développement sur le terrain.  Quant à M. Orozco, il a insisté sur l’importance de faire comprendre, au niveau national, l’impact de ces envois sur l’économie, affirmant qu’il s’agissait là d’un premier pas important. 


En réponse à la remarque du représentant du Brésil qui constatait que seuls 30% des habitants de Harlem possédaient un compte en banque, M. Orozco a fait valoir que l’impact de l’épargne provenant des envois de fonds était très important et favorisait son utilisation productive.  Le représentant du Brésil a par ailleurs souligné que la distinction entre l’argent consommé et celui investi n’était pas toujours valable car les dépenses se font parfois pour l’éducation ou la santé qui sont des investissements majeurs.  M. Winters a partagé cette opinion tout en notant que l’utilisation actuelle des flux d’envois de fonds ne devait pas empêcher la conduite d’une réflexion sur le développement.  Il a estimé que si les envois de fonds avaient une incidence positive sur la pauvreté et méritaient l’attention de la Deuxième Commission, ils n’étaient cependant pas le facteur le plus important à considérer pour le développement à long terme.  M. Sanchez a pour sa part déclaré qu’il ne faisait aucun doute que l’augmentation des flux de transferts de fonds favorisait l’allégement de la pauvreté.  « Toutefois », a-t-il noté, « il faut voir dès maintenant comment investir ces sommes de manière productive, car on ne peut prendre pour acquis que ces envois vont se poursuivre ».


Enfin, la représentante de l’Italie a interrogé M. Popolo pour savoir si l’expérience italienne de développement du système bancaire, pouvait être reprise ailleurs.  Rappelant que les circonstances étaient plus compliquées aujourd’hui, ce dernier a toutefois indiqué que la poste pouvait en effet avoir un rôle déterminant à jouer dans le développement d’un système bancaire.  Cette question devrait être étudiée, car certains enseignements peuvent être tirés des exemples historiques, a-t-il suggéré.  


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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