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AG/EF/3129

DEUXIÈME COMMISSION: UN ACCÈS ÉLARGI AUX SOURCES D’ÉNERGIE CONTRIBUERAIT À RÉDUIRE LA PAUVRETÉ DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

11/11/05
Assemblée généraleAG/EF/3129
Department of Public Information • News and Media Division • New York

Deuxième Commission

28ème séance – après-midi


DEUXIÈME COMMISSION: UN ACCÈS ÉLARGI AUX SOURCES D’ÉNERGIE CONTRIBUERAIT À RÉDUIRE LA PAUVRETÉ DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT


La Commission adopte quatre projets de résolution, en recommandant par l’un d’eux à l’Assemblée de décréter 2008 Année internationale de la planète Terre


L’énergie occupe une part importante dans chacun des trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, l’équité sociale et la protection de l’environnement, a insisté cet après-midi le Vice-Président de la Commission économique et financière, Stefano Toscano, de la Suisse, qui présidait une table ronde organisée par la Deuxième Commission relative à l’impact des questions énergétiques sur le développement durable et l’éradication de la pauvreté.  « L’accès à l’énergie contribue à la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier dans les domaines de la santé et des infrastructures, et pourtant, environ un tiers de la population mondiale est privé d’accès à l’énergie », a-t-il dit.  Il est donc urgent d’accroître l’accès à l’énergie, a jugé M. Toscano, afin de répondre aux défis du développement durable.  Mais, cela suppose, dans le même temps, de développer des énergies plus propres, respectueuses de l’environnement, et renouvelables, a-t-il précisé.


Dans un pays comme les États-Unis, qui comptent 5% de la population mondiale, et consomment 25% de l’énergie produite sur la planète, la dépendance énergétique pose inévitablement la question de la sécurité et de la durabilité des sources d’énergie, a déclaré la Présidente de « Alliance to Save Energy », Mme Kateri Callahan.  « En dépit du fait que les États-Unis n’ont pas adhéré au Protocole de Kyoto, en raison entre autres de leurs taux élevés d’émissions de gaz carbonique, nous sommes parvenus, par une action soutenue auprès des pouvoirs publics, à imposer certaines normes écologiques », a indiqué Mme Callahan.  Des normes ont ainsi été imposées aux fabricants de produits électroménagers, aux constructeurs de véhicules, ainsi qu’à l’industrie de bâtiment, afin de garantir la rationalisation de la consommation énergétique, a-t-elle poursuivi.  Sans de telles normes, qui ont été progressivement imposées depuis trente ans, les États-Unis auraient besoin de 40% de ressources énergétiques en plus chaque année, a dit la Présidente de « Alliance to Save Energy », ajoutant que les économies ainsi réalisées s’élevaient déjà à 40 milliards de dollars et atteindraient environ 126 milliards de dollars à l’horizon 2020.  « Les pouvoirs publics américains encouragent l’utilisation de véhicules, d’électroménagers et de matériaux de construction répondant à des normes écologiques par des avantages fiscaux ou par des subventions », a indiqué Mme Callahan en soulignant toutefois que de telles mesures variaient selon les États.


Afin de réduire la dépendance énergétique, le défi à relever consiste avant tout à réduire la consommation énergétique, a fait valoir le Secrétaire exécutif de la Commission nationale pour la conservation de l’énergie du Mexique, M. Diego Arjona Aguelles.  En effet, a-t-il dit, le dilemme énergétique tel qu’il se manifeste aujourd’hui se situe entre la demande élevée et l’offre, qui tend à diminuer.  M. Arjoa Aguelles a souligné que l’insuffisance de l’offre rendait l’énergie plus coûteuse.  C’est pourquoi la priorité doit être placée aujourd’hui sur la recherche et sur le développement d’énergies renouvelables; ainsi que sur la promotion de nouveaux modes de production et de consommation,et sur le développement de technologies industrielles moins consommatrices d’énergie, a-t-il ajouté.  Au Mexique, la Commission nationale pour la conservation de l’énergie intervient à plusieurs niveaux, que ce soit pour conseiller les industriels, les producteurs et les distributeurs de pétrole, que pour sensibiliser, conjointement avec les pouvoirs publics, la population à la nécessité d’économiser l’énergie domestique, notamment par le biais d’une campagne sur la conservation énergétique comme celle qui a été diffusée dans les cinémas en novembre et décembre 2005. 


La consommation énergétique n’est pas forcément fonction de la taille d’un pays ou de sa population, a observé M. Vijav Modi, Professeur de génie mécanique de l’Université Columbia, qui a indiqué que des pays comme la Chine, le Brésil ou l’Inde consommaient un dixième de l’énergie utilisée par les États-Unis ou d’autres pays développés.  De même, les pays pauvres ne consomment que 1% du niveau de consommation énergétique des pays riches, a-t-il poursuivi, faisant valoir que, même en petite quantité, l’accès à l’énergie pouvait faire la différence dans la lutte contre la pauvreté.  Pour M. Modi, la priorité des actions à mener réside dans l’accès des pauvres à l’énergie, et ne peut être conditionnée par des normes technologiques et autres contraintes qui ne feront que retarder le processus.  « Il faut faire preuve de souplesse, » a-t-il poursuivi, avant de considérer que, pour élargir l’accès de toutes les populations à l’énergie, il fallait intégrer des politiques visant à satisfaire ce besoin dans les Documents de stratégie de réduction de la pauvreté et coordonner l’action des différents ministères concernés par cette question. 


« Le secteur privé a également un rôle à jouer dans le développement de sources d’énergie pour les populations défavorisées », a estimé pour sa part le Président de « E+Co », M. Philip LaRocco.  « L’objectif de notre société, qui est à but non lucratif, est de fournir des services et des capitaux aux prestataires de services énergétiques modernes des pays en développement», a-t-il dit, soulignant l’importance de ces entreprises pour améliorer l’accès de tous à l’énergie.  Insistant ensuite sur les limites du financement public dans ce domaine, il a expliqué que « E+Co » tentait d’aider les PME locales à saisir les possibilités qu’offrent le gaspillage et la pauvreté énergétiques.  Ces petites et moyennes entreprises fournissent des services souhaités par les décideurs politiques et répondent mieux aux besoins des populations locales parce qu’elles sont aussi issues du niveau local, a-t-il ajouté.  À cet égard, il a estimé qu’il fallait abandonner le modèle des grands projets et s’intéresser avant tout à l’accès à l’énergie au niveau des communautés.  Il faut laisser les entreprises être la force motrice de l’accès universel aux services énergétiques modernes, a-t-il déclaré, en faisant valoir que 10 millions de personnes avaient déjà bénéficié du travail de « E+Co » et qu’il espérait que ce chiffre atteindrait 100 millions de personnes.



Échange interactif


Au cours du débat interactif qui a suivi ces exposés, les représentants de l’Éthiopie et de la Jamaïque, ont, en insistant sur le défi posé par l’accès des pauvres à l’énergie, souhaité que des mesures incitatives soient également envisagées au niveau des pays en développement pour soutenir le développement énergétique.  Face à l’incertitude des marchés de l’énergie, et en particulier de celui du pétrole, il faut envisager des mesures alternatives, a plaidé le représentant de la Jamaïque, soutenu en cela par le délégué du Koweït qui a admis qu’il fallait certes pallier la demande croissante de ressources énergétiques, mais également réduire les taxes dans les pays développés.  « Le Koweït vient de commander une usine de production de pétrole écologique pour un montant de 6 milliards de dollars en collaboration avec la compagnie Shell, » a-t-il ensuite annoncé en exhortant les autres pays producteurs à investir dans des technologies propres. 


La République islamique d’Iran a mis en avant les problèmes posés par la demande élevée de pétrole aux États-Unis, une demande accentuée par les catastrophes naturelles.  Le représentant a suggéré une diversification énergétique en axant les investissements vers le gaz naturel et l’énergie hydraulique.  La représentante du Bénin a interrogé la représentante de l’organisation « Alliance to Save Energy » sur la possibilité de saisir les autorités des États-Unis et de les convaincre de rejoindre le Protocole de Kyoto, compte tenu des niveaux élevés d’émissions de gaz à effet de serre.  « La crise énergétique actuelle aux États-Unis a un impact sur les comportements, » a assuré en retour Mme Callahan, en prenant l’exemple des véhicules qui consomment beaucoup d’essence.  Elle a estimé que cette crise pouvait provoquer une nouvelle réduction de la consommation d’énergie aux États-Unis, tandis que dans le même temps, M. Modi insistait de nouveau sur l’urgence d’élargir l’accès à l’énergie dans les pays en développement en faisant preuve de souplesse sur les critères et les normes retenus.  Pour sa part, M. LaRocco a jugé que la microfinance avait un rôle clef à jouer dans le développement énergétique dans les pays pauvres, en particulier pour les énergies renouvelables comme le solaire. 


Plus tôt dans l’après-midi, avant la tenue de la table ronde, la Deuxième Commission avait adopté, sans vote, les résolutions A/C.2/60/L.10/Rev.1, intitulée «Année internationale de la planète Terre, 2008 »; A/C.2/60/L.8/Rev.2, intitulée « Aide humanitaire à la somalie et soutien au relèvement économique et social du pays »; A/C.2/60/L.9/Rev.1, relative à l’« Assistance humanitaire et le relèvement pour El Salvador et le Guatemala » et A/C.2/60/L.5/Rev.1, intitulée « Assistance économique pour la reconstruction et le développement de Djibouti ». 


Résumé des projets de résolution adoptés:


Aux termes du projet de résolution A/C.2/60/L.10/Rev.1, adopté cet après-midi par la Commission, et relatif à l’Année internationale de la planète Terre, 2008, la Deuxième Commission suggère à l’Assemblée générale -compte tenu du rôle crucial qu’une telle initiative pourrait jouer dans la sensibilisation du public à l’importance pour le développement durable des phénomènes et des ressources terrestres, de la prévention, de la réduction et de l’atténuation des catastrophes et du renforcement des capacités nécessaires pour la gestion durable des ressources-, de proclamer 2008, Année internationale de la planète Terre.  Par ailleurs, elle recommande à l’Assemblée de désigner l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture comme organisme chef de file et centre de coordination de l’Année afin qu’elle organise les activités à entreprendre durant l’Année, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement et les autres entités compétentes du système des Nations Unies, ainsi que l’Union internationale des sciences géologiques.  Par l’adoption de ce texte, l’Assemblée déciderait par ailleurs que les activités de l’Année internationale de la planète Terre seront financées par des contributions volontaires, notamment des milieux industriels et des grandes fondations, mobilisées par un consortium d’organisations internationales ayant à sa tête l’Union internationale des sciences géologiques. 


Aux termes du projet de résolution intitulé « Aide humanitaire à la somalie et soutien au relèvement économique et social du pays » (A/C.2/60/L.8/Rev.2), l’Assemblée générale demanderait aux dirigeants somaliens de continuer d’œuvrer à la mise en place d’une gouvernance nationale effective par le dialogue et le consensus entre toutes les parties dans le cadre des institutions fédérales de transition, conformément à la Charte fédérale de transition de la République somalienne, adoptée en février 2004.  Elle engagerait instamment à cet égardles dirigeants somaliens à n’épargner aucun effort pour créer les conditions nécessaires pour accroître l’efficacité de l’aide humanitaire, notamment en améliorant la sécurité sur le terrain.  Par ailleurs, elle demanderait instamment aux paysdonateurs et aux organisations régionales et sous-régionales, qui jouent un rôle capital, de maintenir leur contribution à la reconstruction et au relèvement de la Somalie.  L’Assemblée demanderait à la communauté internationale de fournir d’urgence une aide et des secours humanitaires aux institutions fédérales de transition et au peuple somalien, en particulier pour atténuer les conséquences de la guerre civile et de la sécheresse actuelle.  Elle demanderait également à la communauté internationale de maintenir et d’accroître son aide en répondant à l’Appel global interinstitutions des Nations Unies pour 2004 en faveur de l’assistance humanitaire et du soutien au relèvement et à la reconstruction de la Somalie. 

Par le projet de résolution relatif à l’assistance humanitaire et relèvement pour El Salvador et le Guatemala (A/C.2/60/L.9/Rev.1), que la Deuxième Commission a adopté cet après-midi, l’Assemblée générale demanderait à la communauté internationale de fournir l’aide demandée dans l’appel éclair en faveur du Guatemala et dans l’appel lancé conjointement par les organismes des Nations Unies présents en El Salvador.  Elle saluerait l’actionet les progrès accomplis par El Salvador et le Guatemala pour renforcer leur préparation en prévision des catastrophes, soulignerait combien il importe de consentir des investissements en faveur de la réduction des risques occasionnés par les catastrophes, et inciterait la communauté internationale à coopérer en ce sens avec les Gouvernements salvadorien et guatémaltèque.  De plus, l’Assemblée prierait le Secrétaire général et tous les organes et organismes des Nations Unies, ainsi que les institutions financières internationales et les organismes de développement, de venir en aide à El Salvador et au Guatemala en poursuivant une assistance humanitaire, technique et financière efficace qui contribue à les aider à remédier à leur situation d’urgence et à assurer le redressement de leur économie et le relèvement de leur population à court, moyen et long terme, conformément aux priorités établies au niveau national.


      Aux termes du projet de résolution A/C.2/60/L.5/Rev.1, adopté cet après-midi, et concernant l’Assistance économique pour la reconstruction et le développement de Djibouti, la Deuxième Commission recommande à l’Assemblée générale de se déclarer solidaire du Gouvernement et du peuple djiboutiens, qui continuent de se heurter à des graves problèmes humanitaires et de développement dus en particulier à un manque de ressources naturelles conjugué à de dures conditions climatiques, y compris une pénurie dramatique d’eau potable et une grave crise alimentaire, qui entravent les efforts de développement du pays.  Elle lui recommande d’encourager le Gouvernement djiboutien, en dépit des difficultés économiques et régionales, à poursuivre son action importante pour consolider la démocratie, promouvoir la bonne gouvernance et la responsabilité et éliminer la pauvreté et prie le Secrétaire général, agissant en étroite coopération avec le Gouvernement djiboutien, de poursuivre ses efforts en vue de mobiliser les ressources nécessaires à un programme efficace d’aide financière, technique et matérielle à Djibouti. 


La Deuxième Commission entamera lundi 14 novembre à 10 heures l’examen du point de son ordre du jour relatif à l’élimination de la pauvreté et aux autres questions liées au développement (point 56). 


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À l’intention des organes d’information • Document non officiel
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