DES MESURES DÉCISIVES DOIVENT ÊTRE PRISES LORS DE LA CONFÉRENCE DES PARTIES AU PROTOCOLE DE KYOTO, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION
| |||
Department of Public Information • News and Media Division • New York |
Deuxième Commission
22e & 23e séances – matin & après-midi
DES MESURES DÉCISIVES DOIVENT ÊTRE PRISES LORS DE LA CONFÉRENCE DES PARTIES AU PROTOCOLE DE KYOTO, ESTIMENT DES DÉLÉGATIONS DE LA DEUXIÈME COMMISSION
Elles soulignent le rôle que doit jouer le Cadre d’action de Hyogo pour faire face aux catastrophes qui entravent le développement durable
« Il n’est plus acceptable d’hypothéquer le futur de l’humanité en ne privilégiant que le moment présent », a déclaré aujourd’hui le représentant du Canada lors de la poursuite de l’examen de la question du développement durable par la Commission économique et financière (Deuxième Commission).
Alors que doit se tenir à Montréal, à la fin du mois, la Conférence des Parties au Protocole de Kyoto, qui est la première réunion internationale depuis l’entrée en vigueur de ce Protocole, le représentant canadien a souhaité qu’un processus innovateur permettant de renforcer la coopération internationale pour faire face aux changements climatiques soit créé. Dans l’optique de la Conférence de Montréal, le représentant de Tuvalu a demandé aux pays qui émettent les plus grandes quantités de gaz à effet de serre de faire face à leurs responsabilités en réduisant ces émissions. Représentant d’un petit État insulaire, il a noté que l’existence même de son pays était menacée par le changement climatique qui provoque la montée du niveau des océans, et a estimé qu’on ne pouvait plus prétendre aujourd’hui que les catastrophes qui se produisent étaient uniquement des actes de la nature.
Tout en réitérant leur appui au Plan de mise en œuvre de Johannesburg, à Action 21 et à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, certaines délégations, à l’instar de celle de la Thaïlande, ont souligné qu’il était avant tout essentiel de parvenir aux Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). Ainsi, les représentants du Mexique et de la Croatie ont suggéré de prendre en compte les circonstances particulières des États et leur besoin de croissance. Tous deux ont affirmé qu’il fallait faire preuve de souplesse quant à la gestion des émissions de gaz à effet de serre des pays en développement et en transition.
Face au nombre et à la fréquence croissante des catastrophes naturelles, plusieurs délégations ont plaidé en faveur d’une mise en œuvre rapide du Cadre d’action de Hyogo afin de réduire la vulnérabilité des populations. Rappelant que la région d’Amérique centrale connaissait une hausse annuelle de 5% des désastres, le représentant du Nicaragua a estimé que ce Cadre, adopté lors de la Conférence internationale de Kobé sur la réduction des catastrophes, en janvier 2005, constituait un outil précieux pour atténuer l’impact de ces phénomènes, non seulement en terme de pertes en vies humaines, mais aussi en ce qui concerne les importants dommages matériels qu’ils causent et qui amputent les progrès des pays en matière de développement. Les délégations de la Colombie et du Sri Lanka ont demandé la mise en place de systèmes d’alerte rapide aux niveaux mondial et régional. À cette fin, de nombreux représentants ont insisté sur l’importance de l’échange d’information, du transfert de technologie, et du renforcement des capacités, afin d’améliorer la réponse à ces catastrophes dans les pays en développement.
Enfin, la majorité des délégations ont également salué le rôle de la Commission du développement durable (CDD) qui, depuis deux ans, a entrepris une réorganisation de ses méthodes de travail et mis en place des cycles biennaux de travail sur des thèmes précis. Le représentant des États-Unis a ainsi estimé que cette nouvelle orientation avait permis, lors du premier cycle sur l’eau, l’assainissement et les établissements, de mettre l’accent sur des mesures concrètes qui peuvent faire une véritable différence. Il s’agissait là d’un excellent exemple de ce que sa délégation souhaitait voir dans le cadre d’une ONU réformée, a-t-il insisté. Quant à la quatorzième session de la CDD, qui sera consacrée en mai 2006 à l’énergie, il a émis l’espoir, à l’instar des représentants du Nigéria et du Kenya, qu’elle soit l’occasion de galvaniser l’action pour les deux milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des services énergétiques modernes, propres et efficaces.
La Deuxième Commission a entendu une intervention de M. Jomo Kwame Sundaram, Sous-Secrétaire général au développement économique au Département des affaires économiques et sociales, sur le « Rapport sur la situation sociale dans le monde en 2005: le cercle vicieux de l’inégalité ». Dans son exposé, il a fait part aux délégations des disparités persistantes et croissantes qui prévalent dans le monde, en se penchant notamment sur les déséquilibres qui existent dans les secteurs de l’emploi ou de la santé. Il a aussi expliqué que les mécanismes de la mondialisation avaient accentué ces inégalités, citant notamment le problème de la participation des pays en développement à la gouvernance mondiale et les effets négatifs de la libéralisation financière.
En début de séance, ce matin, la Deuxième Commission a entendu la présentation des trois projets de résolution intitulés « Application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) »*; « Année internationale de la planète Terre, 2008 »**; et « Utilisation des microalgues alimentaires pour lutter contre la malnutrition aiguë dans les situations d’urgence humanitaire et favoriser le développement durable »***.
Les délégations et organisations dont la liste suit ont pris la parole aujourd’hui au cours des travaux de la Deuxième Commission: Nicaragua; États-Unis; Croatie; Singapour; Bélarus; Mexique; République démocratique populaire de Corée; Nigéria; Sri Lanka; Thaïlande; Fidji; République islamique d’Iran; Israël; Colombie; Serbie-et-Monténégro; Tuvalu; Kenya; Guatemala; Équateur; Cap-Vert; Samoa; Mongolie; Venezuela; Papouasie-Nouvelle-Guinée; Koweït; Canada; Népal; Jordanie; Syrie; Saint-Siège; Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge; et Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles.
La Commission économique et financière reprendra ses travaux, mercredi 9 novembre, à 10 heures, pour examiner la question des activités opérationnelles de développement.
* A/C.2/60/L.13
** A/C.2/60/L.10
*** A/C.2/60/L.14
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Suite du débat général
M. EDUARDO J. SEVILLA SOMOZA (Nicaragua), qui intervenait au nom des pays membres du Système d’intégration d’Amérique centrale (SIAC), a indiqué que cette région était l’une des plus vulnérables aux catastrophes naturelles, dont les ouragans, les inondations, les irruptions volcaniques et les séismes. Il a ajouté que les habitants des pays à faible revenu, membres du SIAC, avaient quatre fois plus de risques de mourir lors d’une catastrophe naturelle que ceux d’un pays à haut niveau économique. Dans les pays en développement, ces désastres causent des pertes économiques annuelles représentant de 2% à 15% du PNB, a-t-il poursuivi. Ces désastres engendrent des pertes de vie et des dommages qui limitent nos possibilités d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a-t-il insisté. Il a ainsi considéré que la priorité pour la communauté internationale devait être d’appuyer ces pays dans leurs efforts de renforcement de capacités, ainsi que dans ceux de prévention et d’atténuation des effets des catastrophes naturelles, notamment par le développement de systèmes d’alerte rapides et de méthodes de constructions d’habitations plus résistantes. Il a aussi affirmé que ces désastres entraînaient souvent la perte de récoltes entières, sources principales de revenu et d’emploi, et laissaient une grande partie de la population sans logement et sans moyen de subsistance. Il a de plus constaté que les conséquences de ces phénomènes pouvaient entraver le développement économique pendant des années. Le représentant a par ailleurs fait part des initiatives et mécanismes régionaux mis en place par les pays d’Amérique centrale depuis 10 ans pour réduire les risques de catastrophes naturelles, dont un Plan régional de réduction de ces phénomènes. Rappelant que l’occurrence des catastrophes naturelles avait augmenté de 5% chaque année dans la région, il a souligné l’importance de mettre en oeuvre les résultats de la Conférence de Kobé qui s’est tenue en janvier 2005.
M. IAIN LOGAN, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a mis l’accent sur la réduction des catastrophes et les changements climatiques, en particulier pour les petits États insulaires en développement. Nos 181 antennes mondiales ont initié des projets dans le domaine du développement durable et nous avons également mobilisé une aide humanitaire sans précédent à la suite du tsunami de l’océan Indien, a-t-il dit, regrettant toutefois que les financements des actions menées dans le domaine du développement durable soient encore peu élevés. Nous intervenons dans le domaine de la santé, a-t-il dit, en prenant l’exemple d’un projet mené au Ghana pour la vaccination des enfants par le biais de 360 clubs gérés par des femmes. Sur la question des petits États insulaires en développement, la Croix-Rouge joue un rôle important dans la région de l’océan Indien pour la gestion des catastrophes et l’alerte rapide, de même que dans la région des Caraïbes qui est sujette aux ouragans. Les catastrophes naturelles n’ont pas que des incidences au niveau humanitaire mais surtout au niveau du développement, a-t-il dit, estimant que l’investissement dans les systèmes d’alerte rapide constitue un moyen sûr de prévenir les conséquences dévastatrices des catastrophes. Cependant, a-t-il dit, un système d’alerte rapide suppose des transferts de technologies, et des programmes de renforcement de capacités, de même que des sources de financements. La Croix-Rouge des Pays-Bas s’est employée à développer des plans de réaction et d’anticipation aux conséquences des changements climatiques, appelés
« e-préparation aux catastrophes naturelles », qui tirent avantage de la technologie de l’Internet.
M. SICHAN SIV (États-Unis) a salué la nouvelle orientation prise par la Commission du développement durable (CDD) et la décision de réformer ses méthodes de travail depuis sa onzième session. Il a estimé que la CDD avait permis de mettre l’accent sur des mesures concrètes qui peuvent faire une véritable différence. Il a souligné l’importance de la gestion des connaissances dans le processus de mise en œuvre des décisions. La nouvelle CDD est un excellent exemple de ce que les États-Unis souhaitent voir dans le cadre d’une ONU réformée, a-t-il insisté. Il a affirmé que la CDD-14 serait l’occasion d’échanger des meilleures pratiques et les études de cas dans les domaines de l’énergie. Le Cycle de l’énergie permettra de faire un bilan des progrès et de galvaniser l’action pour les 2 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à des services énergétiques modernes, propres et efficaces, a-t-il avancé. Il a souligné l’importance de parvenir, lors de la CDD-14, à des résultats concrets, et s’est dit prêt à travailler avec toutes les parties pour que la CDD-14 soit un modèle de succès. En outre, M. Siv a affirmé qu’il fallait continuer à renforcer le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) en améliorant sa coordination, son financement et son efficacité. Notant que le système existant d’accords multilatéraux sur l’environnement offrait un bon équilibre entre la coordination et la décentralisation, il a déclaré qu’une autorité supranationale supplémentaire n’était pas nécessaire. Dans notre quête pour une efficacité améliorée des activités environnementales de l’ONU, il ne faut pas perdre de vue que les gouvernements nationaux ont la responsabilité principale de la gouvernance environnementale, a-t-il conclu.
Mme ALEMKA VRCAN (Croatie) a rappelé que son pays, dont le littoral comporte plus de 1 000 îles et îlots, accorde un intérêt particulier aux défis posés aux États insulaires, et elle a appelé à la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice et à la mobilisation des ressources afin de permettre aux petits États insulaires en développement d’atteindre les OMD. Concernant la Convention sur les changements climatiques, la Croatie a proposé un équilibre tenant compte des circonstances particulières des États, des besoins de croissance, et de davantage de souplesse dans la gestion des émissions de gaz à effets de serre de certains pays. Indiquant que la Croatie avait la ferme intention de ratifier le Protocole de Kyoto, la représentante a annoncé que son Gouvernement avait mis en place des mesures visant à intégrer les principales dispositions du Protocole. Toutefois, la Croatie propose une élévation des niveaux d’émissions de gaz à effets de serre afin de développer des critères réalistes, a-t-elle dit. La Croatie accorde également une importance à la question des montagnes, a-t-elle dit, rappelant que son pays est l’une des 16 nations européennes à avoir établi une commission nationale pour le suivi de l’Année des montagnes. L’Institut national pour la protection de la nature est l’instance chargée de la protection de la diversité biologique en Croatie, a dit ensuite la représentante, indiquant qu’un rapport sur la protection de la nature, et le troisième rapport national sur la biodiversité, seraient prochainement soumis par la Croatie. Sur la Convention sur la diversité biologique, la représentante croate a jugé que les réunions de la conférence des parties étaient importantes pour donner un élan à une coopération régionale et internationale.
M. TAN SHEE HIAN (Singapour) a rappelé l’engagement de son pays envers les objectifs du Plan de mise en œuvre de Johannesburg. Il s’est aussi félicité des résultats de la CDD-13 sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains. Rappelant que Singapour était un petit État insulaire disposant de peu de ressources naturelles, et ayant une forte densité de population, il a fait part des nouveaux défis environnementaux auxquels son pays faisait face, notamment en ce qui concerne ses rares ressources en eau. Il a insisté sur l’importance d’adopter des stratégies à long terme au lieu de vouloir faire des gains rapides, pour parvenir à un développement écologique durable de Singapour. Il a aussi mis en avant les efforts déployés par son pays pour réduire les émissions de gaz à effets de serre et a appuyé l’utilisation des énergies renouvelables, notamment celle solaire. Le représentant s’est dit prêt à partager les expériences et les succès que son pays a connu dans la promotion de la viabilité environnementale avec d’autres pays. Il a estimé nécessaire d’impliquer les communautés et de mettre en place des partenariats entre le secteur public et le secteur privé pour protéger l’environnement. Notant que la voie vers le développement durable exigeait des efforts concertés de toutes les parties prenantes, il a souligné l’importance, face aux changements constants et aux nouveaux défis, de réexaminer régulièrement les stratégies de développement afin de trouver de nouveaux moyens de renforcer le développement durable.
M. ULADZIMIR A. GERUS (Bélarus)a rappelé que son pays avait finalisé son adhésion au Protocole de Kyoto en août 2005 et participé aux efforts visant l’application effective de la Convention des Nations Unies contre la désertification. Soulignant que le Bélarus avait intégré cette année la Commission sur le développement durable, il a réaffirmé l’adhésion de son pays à la mise en œuvre d’Action 21 et du Programme d’action de Johannesburg. Il faut prendre des mesures résolues pour lutter contre les changements climatiques et prévenir les catastrophes naturelles, a-t-il dit, soulignant en particulier l’importance du Cadre d’action de Hyogo, pour 2005-2015, ainsi que le soutien de son pays à la protection des forêts afin de préserver les écosystèmes et la biodiversité.
M. BENITO JIMENEZ SAUMA (Mexique) a exprimé l’attachement particulier de son pays à l’application du Programme d’action de Johannesburg ainsi qu’à celle du Plan d’action de Rio, notamment en ce qui concerne les questions relatives à l’eau, aux établissements humains et aux modes de consommation et de production. Il importe que la Commission du développement durable se penche sur la question de l’eau et de l’assainissement et encourage les transferts de technologies et d’expertise, ainsi que le financement de programmes d’accès à l’eau, a dit le représentant. Il a salué le principe de responsabilité commune mais différenciée, notamment pour la question des changements climatiques, en jugeant toutefois que les régimes de pénalités contenus dans l’Annexe 1 de la Convention ne sont pas acceptables pour des pays en cours de développement de leurs capacités. Il vaudrait mieux mettre en place des mécanismes chargés d’évaluer les émissions des différents domaines d’activités, a-t-il dit, estimant que les gouvernements et les grands groupes privés devraient contribuer à promouvoir de nouveaux modes de consommation et de production durables, et à promouvoir aussi une gouvernance écologique mondiale. Il est important de renforcer les arrangements internationaux sur la protection des forêts, a-t-il dit, afin d’inverser la perte des écosystèmes et de la biodiversité. Le représentant a proposé la mise en place d’un mécanisme financier pratique et souple, afin de soutenir la diversité biologique des forêts, avant de rappeler que son pays fait partie des 15 pays qui disposent du plus grand nombre de variétés biologiques, et est classé parmi ceux détenteurs d’une « mégadiversité » biologique.
M. PANG (République démocratique populaire de Corée) a affirmé que la dégradation de l’environnement constituait un obstacle majeur aux efforts de développement durable. Cette dégradation est causée non seulement par des éléments naturels comme les changements climatiques, mais aussi par des facteurs socioéconomiques, a-t-il estimé. Il a indiqué que son pays s’employait à protéger l’environnement et à parvenir au développement durable dans le cadre de stratégies nationales. Il a rappelé qu’en avril 2005, son pays avait accédé au Protocole de Kyoto et à la Convention des Nations Unies sur le changement climatique. Il a jugé essentiel de porter une attention plus importante à la gestion des ressources en eau et à un assainissement adéquat. De plus, il a souligné que l’assistance internationale devait être renforcée pour soutenir les efforts des pays en développement pour un développement durable, à travers l’aide publique au développement (APD) et le transfert de technologies, notamment. « La priorité doit être donnée au renforcement des capacités des pays en développement », a-t-il avancé, appelant le système des Nations Unies à accélérer son assistance à ces États, en collaboration avec les institutions multilatérales de financement et de développement.
M. SCOTT O. E. OMENE (Nigéria) a réaffirmé l’attachement de son pays à la mise en œuvre d’Action 21 et du Programme d’action de Johannesburg; à l’intégration des piliers économique, social et écologique dans ses stratégies nationales; et enfin, à la réalisation des OMD. L’allègement de la dette, l’ouverture des marchés, la cohésion dans les programmes de développement et les transferts de technologies doivent venir compléter les efforts des pays en développement, a-t-il dit. « Nous devons honorer nos engagements collectifs et agir, a-t-il ensuite déclaré », se tournant à cet égard vers le programme de travail de la Commission du développement durable. Évoquant la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, il a rappelé que l’Afrique dépendait beaucoup de cette Convention, et a regretté que les fonds disponibles au titre du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) pour lutter contre la dégradation des sols soient insuffisants. « Manifestement, affecter 250 millions de dollars à la lutte contre la dégradation des sols était une mesure insuffisante », a-t-il dit, rappelant que l’Union africaine avait lancé un projet d’édification d’une « barrière verte » entre le Sénégal et Djibouti. Le Nigéria est déçu par la dernière Conférence des parties à la Convention, qui a approuvé une augmentation de 5% du budget alloué à la mise en œuvre de la Convention, ce qui implique en réalité une réduction des effectifs, au moment même où les pays africains se mobilisent pour lutter contre la désertification. Il a estimé que la transformation du PNUE en institution spécialisée serait une bonne chose, avant de se pencher sur les questions énergétiques et de soutenir le développement durable d’énergies alternatives. Cependant, a-t-il dit, la 14ème CDD devra se pencher sur cette question en envisageant des transferts de technologies « propres » dans le domaine énergétique.
M. BHAGWAT SINGH, Observateur permanent de l’Union mondiale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN), a indiqué que la majorité des écosystèmes du monde continuaient de se dégrader alors que les services qu’ils fournissent sont essentiels à la réalisation des OMD. Il est essentiel que les gouvernements, les donateurs et les institutions multilatérales intègrent la durabilité de l’environnement dans leurs cadres et stratégies de développement, a dit M. Singh. Il a noté l’engagement de l’UICN à faire de la conversation de la biodiversité un outil en faveur des pauvres. S’agissant des changements climatiques, il a salué l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et s’est félicité de la prochaine tenue de la première réunion de la Conférence des parties au Protocole à Montréal. En outre, il s’est dit en faveur de la reconnaissance par la Convention des Nations Unies pour lutter contre la désertification, du lien entre la conservation, la gestion durable des terres, et la réduction de la pauvreté. Souhaitant une meilleure mise en oeuvre de cette Convention, il a appelé les donateurs et les pays affectés par la désertification à mobiliser des ressources nationales et internationales dans ce sens. Le représentant a par ailleurs souligné que le tsunami de décembre 2004 avait touché certaines des populations les plus pauvres et la biodiversité la plus riche du monde. Il a indiqué qu’il avait été démontré que les écosystèmes intacts avaient joué un rôle important pour diminuer la force des vagues. Il a estimé que la construction post-tsunami offrait la possibilité d’intégrer la restauration des écosystèmes dans le développement et la planification des zones côtières, et a indiqué que l’UICN s’employait à réduire la vulnérabilité des populations côtières dans les pays affectés.
Mme YASOJA GUNESEKERA (Sri Lanka) a estimé que le développement durable devait demeurer un objectif clef de l’action des Nations Unies, avant de s’inquiéter de la dégradation des écosystèmes. Le 26 décembre 2006, le Sri Lanka et plusieurs pays de l’océan Indien ont connu une catastrophe sans précédent causée par le tsunami. Le monde nous a tendu la main au-delà des barrières régionales traditionnelles, a-t-elle dit, et cela nous a redonné confiance. Il y a un niveau inacceptable de pertes qui se produit du fait de l’inadaptation et de la non-préparation de nos pays aux catastrophes naturelles, a poursuivi Mme Gunesekera en appuyant la création d’un système d’alerte rapide mondial incorporant les structures régionales du même type. L’ONU peut jouer un rôle utile dans le domaine du renforcement des capacités et de la collecte d’informations concernant les pratiques optimales, a-t-elle dit, indiquant que son pays avait mis en place un cadre d’action national pour la protection et la conservation de la biodiversité et la promotion de modes de production et de consommation écologiques et durables. Le Sri Lanka a pris des mesures pour appliquer la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto, a-t-elle indiqué. Concernant la question de la désertification, elle a suggéré que des ressources soient mobilisées pour lutter contre la dégradation des sols qu’elle provoque. Les sources d’énergie renouvelables doivent être explorées, a-t-elle dit, indiquant que depuis 1996, une division chargée des énergies renouvelables avait été créée au sein du Ministère des sciences et des technologies du Sri Lanka. L’objectif est de développer des pratiques optimales, de pérenniser des stratégies de développement écologiques et de soutenir le développement de techniques modernes telles que les éoliennes et la biomasse. Cependant, Mme Gunesekera a lancé un appel aux pays développés afin qu’ils soutiennent les efforts des pays en développement par des transferts de technologies écologiquement viables.
M. PRAVIT CHAIMONGKOL (Thaïlande) a expliqué que tout en appuyant la mise en oeuvre d’Action 21 et le Plan de mise en œuvre de Johannesburg, son pays s’attachait avant tout à réaliser les OMD. Il a souligné le rôle que jouent les partenariats qui permettraient à la Thaïlande de partager ses expériences avec les autres pays en développement. Il a insisté sur l’importance de trouver de nouvelles sources d’énergies et a affirmé qu’il fallait promouvoir l’usage efficace de l’énergie, aux niveaux national et international. Il s’est félicité du prochain « Cycle de l’énergie » qu’abordera la CDD lors de sa prochaine session prévue en mai 2006. M. Chaimongkol a salué l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto et a estimé que le « Mécanisme pour le développement propre » constituait un outil pratique pour, au minimum, maintenir le climat mondial actuel. S’agissant des catastrophes naturelles, il a salué le Cadre d’action de Hyogo, résultat de la Conférence de Kobé, et a fait part de l’engagement de son pays à établir un système mondial d’alerte rapide contre les catastrophes. Il a aussi indiqué qu’un Fonds régional pour le tsunami avait été mis en place le mois dernier afin de combler le fossé des capacités dans la région et a appelé tous les donateurs à verser des contributions. Enfin, il a insisté sur le rôle des technologies de l’information et des communications (TIC) pour fournir et partager l’expertise technique. Il a aussi estimé qu’il fallait promouvoir la coordination et le partage d’information entre les agences de l’ONU qui traitent des questions du développement et de l’environnement, afin d’éviter les doublons et le gaspillage des ressources.
M. ISIKIA SAVUA (Fidji), est intervenu sur la question de la mise en oeuvre de la Stratégie de Maurice en faveur des petits États insulaires en développement, et a prôné une approche globale et cohérente associant toutes les structures pertinentes des Nations Unies pour en assurer la mise en œuvre. Il a ensuite déploré que les efforts ne soient pas encore traduits en actions concrètes sur le terrain, et a rappelé que la résolution 59/31 de juillet 2005 avait mis en place un Groupe consultatif chargé de développer une matrice pour le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice. Un point focal chargé des petits États insulaires en développement devrait être désigné dans chaque institution et programme des Nations Unies, a-t-il dit, regrettant que les institutions ne coordonnent pas assez leurs efforts et se retrouvent davantage en situation de concurrence. Il faut encourager la coopération entre petits États insulaires en développement (PIED), y associer les organisations régionales et sous-régionales, les milieux universitaires, le monde des affaires et la société civile pour assurer la mise en œuvre de programmes allant dans le sens de la réalisation des OMD, a estimé M. Savua. « Fidji a initié un projet de biocombustible basé sur le mélange de l’éthanol et de l’essence, et un autre projet visant à transformer de l’huile de coco en gazole », a annoncé le représentant en indiquant que ces projets sont soutenus par le PNUE et le PNUD.
M. JAVAD AMIN-MANSOUR (République islamique d’Iran) s’est inquiété des mauvais indicateurs de progrès concernant les progrès accomplis dans la réalisation des OMD. Il a estimé que l’on avançait plus rapidement dans la planification et la prise de décision que dans l’exécution. Afin de parvenir aux OMD, il a souligné le rôle que doit jouer le Conseil économique et social, et notamment son organe subsidiaire, la CDD, dans la coordination des actions et le suivi des progrès. Il a estimé que les résultats de la CDD-13 sur l’eau, l’assainissement et les établissements humains n’avaient pas été complètement satisfaisants pour certains pays. Il a espéré que la CDD-14 prendrait en compte les obstacles et les contraintes qui existent sur le thème abordé, dans le contexte de la réalisation des trois piliers du développement durable. M. Amin-Mansour a dit que les travaux devaient se centrer sur l’efficacité énergétique, la recherche et le développement, et le transfert de techniques avancées, ainsi que sur la promotion des sources d’énergies nouvelles et renouvelables. S’agissant de la Conférence de Kobé, il a estimé que l’application du Cadre d’action de Hyogo devrait avoir un impact positif considérable sur la coordination et permettrait de réduire les pertes en vie et les pertes matérielles dues aux catastrophes. Il s’est dit convaincu que la pleine mise en œuvre de ce Cadre à tous les niveaux, au cours des 10 prochaines années, ainsi que la mobilisation adéquate de ressources, provoqueraient une résistance accrue des populations actuellement vulnérables, aux catastrophes. Enfin, il a souhaité que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre en exergue la question des déserts en examinant les causes profondes de la désertification et son impact sur le développement. Estimant qu’il fallait insister sur la mise en œuvre de plans d’actions nationaux, il a déclaré qu’il était crucial d’allouer des ressources adéquates et prévisibles dans ce sens, notamment en faveur du Fonds mondial pour l’environnement.
M. ELI BEN-TURA (Israël) a déclaré que son pays avait accompli des progrès notables dans le domaine des technologies nouvelles orientées vers la lutte contre la désertification. « Nous sommes l’un des premiers pays à avoir signé et ratifié la Convention sur la lutte contre la désertification », a-t-il dit, en indiquant que son pays mène des recherches de pointe dans le domaine du développement durable des terres arides dans la région du Neguev. Cela s’est fait grâce à la coopération technologique et scientifique des partenaires d’Israël, a dit M. Ben-Tura, qui a indiqué qu’Israël partageait déjà ses expériences avec certains pays du pourtour méditerranéen. « Israël est prêt à partager ces expériences avec d’autres pays », a-t-il annoncé, avant de s’inquiéter de la gestion durable des ressources en eau en Israël et dans sa région. Il a souligné que les experts israéliens avaient mis en place des techniques de désalinisation de l’eau de mer pour en faire de l’eau douce. Un effort considérable a été fait depuis la création d’Israël pour développer des énergies renouvelables, a-t-il poursuivi, soulignant que son pays avait décidé d’augmenter de 2% par an la part d’énergie propre dans sa production énergétique. L’introduction progressive du gaz naturel devrait sensiblement réduire les émissions de gaz à effets de serre en Israël, a-t-il dit. M. Ben-Tura a souligné que son pays avait ratifié le Protocole de Kyoto et initié un système de primes aux foyers qui utilisent les énergies renouvelables. « Le service d’imagerie terrestre de l’Université Ben Gourion s’est engagé dans des recherches de pointe pour créer des radars qui peuvent suivre l’évolution des sables et les mouvements de l’eau, notamment dans l’océan Indien, afin de prévoir le déclenchement de catastrophes naturelles », a annoncé le représentant d’Israël.
Mme MARIA ANGELA HOLGUIN CUÉLLAR (Colombie) a insisté sur l’importance que la Colombie accorde à la protection et à l’utilisation durable de la diversité biologique, notamment la protection des ressources génétiques. À cet égard, elle a souligné l’attachement de son pays à l’entrée en vigueur du Protocole de Carthagène, afin de trouver un équilibre entre les intérêts des pays importateurs et ceux exportateurs « d’organismes vivants modifiés ». Sur la question des catastrophes naturelles, elle s’est félicitée de l’engagement international envers la Déclaration et le Cadre d’action de Hyogo. Elle a estimé qu’il fallait une base de financement plus large et à long terme à travers le budget ordinaire de l’ONU pour promouvoir et soutenir l’intégration de la réduction des risques dans les activités humanitaires et de développement des Nations Unies. Mme Holguin Cuéllar a aussi souligné l’importance des systèmes d’alerte rapide et de ceux permettant d’échanger les bonnes pratiques sur la réduction des risques. « Face aux risques de plus en plus importants de désastres, nous manquons de stratégies d’alerte rapide, qui soient intégrées et centrées sur les personnes, afin d’améliorer la capacité de réponses de ceux qui sont en danger » a-t-elle regretté. Enfin, elle a noté que pour mieux protéger le climat mondial, il fallait promouvoir les objectifs de développement durable visant à renforcer la coopération internationale, afin d’augmenter les capacités des pays en développement et d’adopter des mesures pour assurer le transfert de technologies propres et efficaces d’un point de vue énergétique.
M. SLOBODAN NENADOVIC (Serbie-et-Monténégro) a indiqué que la treizième session de la Commission du développement durable (CDD) avait permis de réaffirmer l’engagement de la CDD en faveur du renforcement des capacités en appui au développement durable. « Des efforts sont en cours, dans mon pays, pour mettre au point une stratégie reposant sur les trois piliers du développement durable –économique, social et environnemental-, de même qu’une stratégie de développement des petites entreprises, des énergies renouvelables et de la lutte contre le VIH/sida », a annoncé M. Nenadovic. Appuyant ensuite la transformation du PNUE en agence institutionnalisée des Nations Unies, il a invité l’ONU à inverser les tendances que l’on observe actuellement en matière de préservation de l’environnement. Notre pays devrait, d’ici la fin de 2005, achever la protection de 9% de son territoire en matière de biodiversité, mais, nous sommes préoccupés par la dégradation des sols causée par des causes multiples, a-t-il dit. Les écarts entre la pauvreté des zones montagneuses et les autres zones sont disproportionnés, a-t-il dit, en exhortant la communauté internationale à intensifier la coopération régionale pour le développement des zones montagneuses.
M. ENELE S. SOPOAGA (Tuvalu) a affirmé qu’il était nécessaire de mettre en oeuvre la Stratégie de Maurice, d’abord au niveau national, pour faire face aux vulnérabilités spécifiques des PEID. Il a ajouté que cette mise en oeuvre devait être menée par les États eux-mêmes sur la base de leurs stratégies nationales de développement durable. M. Sopoaga a relevé qu’une coordination améliorée et plus efficace des activités de l’ONU pour les PEID était essentielle, et a demandé que l’ONU envisage une présence permanente dans les PEID. S’agissant des changements climatiques, il a déclaré qu’on ne pouvait plus prétendre que les cyclones et les ouragans étaient simplement des actes de la nature. Il a souligné l’urgence d’agir dans ce domaine, et a plaidé en faveur d’un engagement fort de tous les pays dans les efforts de réduction des émissions de gaz à effets de serre. Il a espéré que la première réunion de la Conférence des Parties au Protocole de Kyoto, prévue à Montréal, lancerait des actions décisives, afin que les pays émetteurs de gaz à effets de serre contribuent effectivement à la réduction de ces émissions. Il s’est dit convaincu que les plus importants producteurs de gaz à effets de serre devaient prendre des actions immédiates et faire face à leur responsabilité. « Les pays développés ne peuvent continuer à dire qu’ils ne prendront pas de mesures tant que les pays en développement ne réduiront pas eux-mêmes leurs émissions », a-t-il précisé en attirant l’attention sur les quantités effrayantes de gaz polluants émises par les populations des pays industrialisés. Il a en outre souhaité la création d’un nouveau fonds pour le développement des énergies nouvelles et renouvelables. Il a aussi espéré que la réunion de Montréal se pencherait sur la question de l’impact du changement climatique sur les pays les plus vulnérables, en prenant en compte les besoins de relocalisation des réfugiés environnementaux. Enfin, il a estimé que seul un sommet des dirigeants mondiaux sur le changement climatique pouvait générer l’élan nécessaire pour progresser dans ce domaine.
Mme AMINA C. MOHAMED (Kenya) a salué l’engagement actif de la communauté internationale dans le débat sur le développement durable. Le Sommet de septembre 2005 a revitalisé la mise en œuvre d’Action 21, du Programme d’action de Johannesburg, et des autres engagements pris en faveur du développement durable, a-t-elle dit, en estimant que la priorité doit être d’investir dans la protection de l’environnement. Pour cela, il faut faire preuve de volonté politique, a-t-elle dit, en déplorant que les pays d’Afrique subsaharienne soient en retard dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement qui aurait dû se faire d’ici 2015. « Il faut mobiliser des ressources additionnelles et appliquer des mécanismes de mise en œuvre et de suivi rigoureux dans les divers domaines », a dit Amina Mohamed. Elle a recommandé, dans le cas de la Convention sur la désertification, une meilleure coordination entre les parties prenantes. La détérioration de l’environnement résulte d’une mauvaise utilisation des produits chimiques et d’une surexploitation des sols, deux phénomènes qui affectent davantage les pauvres, a-t-elle estimé. Elle a appuyé l’initiative de célébrer l’Année internationale des déserts et de la désertification en 2006, pour laquelle le Prix Nobel de la paix, Mme Wangari Mathai a été désignée porte-parole honoraire. Elle a ensuite appuyé le Cadre de Hyogo pour la prévention des catastrophes, de même que le récent mécanisme mis en place au niveau africain. Concernant la gestion des ressources en eau, elle a appuyé les initiatives régionales, notamment le Conseil de l’eau africain. « Un fossé énergétique croissant entre les pays africains et le reste du monde, s’est créé », a-t-elle dit, estimant que la 14ème session de la CDD serait l’occasion d’aborder le développement des énergies renouvelables, et plus particulièrement l’énergie solaire. Elle a invité la communauté internationale à soutenir l’émergence d’une gouvernance écologique mondiale, dans le contexte de la Déclaration de Carthagène.
Présentation du « rapport sur la situation sociale dans le monde en 2005: le cercle vicieux de la pauvreté »
Dans un exposé sur le « Rapport sur la situation sociale dans le monde en 2005: le cercle vicieux de la pauvreté », M. JOMO KWAME SUNDARAM, Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, a noté que l’inégalité continuait d’entraver les progrès effectués en faveur du développement. Il a constaté que la pauvreté était associée à l’absence de pouvoir économique, social et politique. Il existe un fossé immense entre certaines régions de notre monde, a-t-il poursuivi, en mettant l’accent sur le fait que le monde industrialisé représentait 80% du PNB mondial contre 20% pour les pays en développement. De plus, il a indiqué que les disparités entre les pays riches et les pays pauvres s’étaient accentuées au cours des dernières décennies. Le revenu par habitant des 20 pays les plus riches a été multiplié par trois depuis les années soixante, a-t-il poursuivi, alors que les 20 pays les plus pauvres n’ont connu qu’une hausse de moins de 25% de ce revenu.
M. Sundaram a aussi mis en lumière les inégalités entre pays du Sud et du Nord en ce qui concerne le niveau de consommation en général. S’agissant particulièrement de la faim et de la malnutrition, il a expliqué que depuis 2000, on comptait 30 urgences alimentaires par an, alors que la moyenne était de 15 par an au cours de la décennie ayant commencé en 1980. M. Sundaram a par ailleurs indiqué que le chômage demeurait une importante source d’inégalité. Le nombre de chômeurs a augmenté de 31% dans le monde entre 1993 et 2003, a-t-il précisé. En outre, il a souligné l’existence persistante d’une économie parallèle, un phénomène qui concerne majoritairement les femmes et crée des conditions de travail précaires et peu sûres. Il a expliqué que cette croissance de l’économie parallèle était entre autres due à l’absence de création d’emplois, à la réduction du nombre d’emplois dans le secteur public dans de nombreuses parties du monde, et à la dé-industrialisation de certains secteurs, comme celui du textile dans les pays en développement. Le Sous-Secrétaire général a aussi souligné les inégalités qui existent dans le domaine de la santé, et qui existent entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci. Il a affirmé que cette situation avait été aggravée par l’imposition de droits dans le domaine de la propriété intellectuelle, et la présence de monopoles. Les prix élevés des médicaments empêchent une bonne partie du monde d’avoir accès à des soins médicaux adéquats, a-t-il regretté.
En outre, M. Sundaram s’est intéressé aux mécanismes de la mondialisation qui ont accentué les inégalités. Il a ainsi expliqué qu’alors qu’on espérait que la libéralisation financière conduirait à une création de flux de capitaux des pays riches vers les pays pauvres, on a plutôt constaté la tendance inverse, avec des flux de capitaux nets considérables allant du Sud vers le Nord. De plus, il a déclaré que la libéralisation financière avait accru la volatilité financière, et qu’on constatait ainsi des crises financières plus fréquentes ayant des impacts qui renforcent la pauvreté et les inégalités. Dans le domaine du commerce international, il a mis en exergue le rôle des tarifs douaniers, qui ont entravé la capacité d’exportation et de développement des pays pauvres. Ainsi, il a observé que les tarifs posés aux importations entre pays développés étaient en moyenne de 1% alors que ceux des exportations de textiles des pays en développement sur les marchés du Nord représentaient 9% et pouvaient atteindre jusqu’à 20% en ce qui concerne les produits agricoles en provenance de pays en développement.
M. Sundaram a estimé que le retrait de l’État avait également était un facteur d’accroissement des inégalités. L’amoindrissement de son rôle s’est particulièrement fait sentir dans les domaines de l’éducation, de la santé ou encore du logement, a-t-il précisé en affirmant que les priorités de la plupart des pays en développement avaient été revues. Il a de plus noté que l’agenda économique mondial était dominé par les questions intéressant avant tout les pays riches, comme le libre-échange ou les droits de propriété intellectuelle. En revanche, a-t-il conclu, les questions importantes pour les pays en développement, comme la gouvernance économique mondiale ou l’allègement de la dette, restent peu visibles ou sont totalement ignorées par les États nantis.
Échange interactif
Le Vice-président de la Deuxième Commission, s’est interrogé sur le contenu du rapport relatif à la transmission de la pauvreté et des inégalités de génération en génération. Il a souhaité disposer d’exemples concrets. Citant le Rapport sur la situation sociale dans le monde en 2005: le cercle vicieux de l’inégalité, M. Jomo Sundaram a fait valoir que si par exemple certaines ressources, notamment les forêts, ne sont pas renouvelées, elles ne pourront être transmises aux futures générations. Il importe, a-t-il dit, que les gouvernements s’efforcent de faire en sorte que les ressources non renouvelables soient préservées et conservées. Prenant l’exemple du VIH/sida, il a considéré que les populations affectées par la pandémie ne sont plus actives dans la société, et ne peuvent donc être des sources de revenus pour leurs familles. La dimension internationale des inégalités ne saurait être négligée, a poursuivi M. Sundaram, qui a estimé que les inégalités générées au niveau international sont plus graves que celles existant au niveau national.
Suite du débat général sur le développement durable
M. JORGE SKINNER-KLEE (Guatemala) a rappelé que le Sommet de septembre 2005 avait réaffirmé l’importance de promouvoir le développement durable en orientant les efforts sur la conjonction des trois piliers économique, social et environnemental. Le tourisme constitue une source de revenus importante pour le Guatemala, a-t-il dit, en assurant que son pays déployait des efforts pour protéger les sols et les écosystèmes montagneux. Pour autant, nous avons été durement frappés par le cyclone Stan, qui a touché 4 000 personnes parmi les communautés autochtones, a-t-il dit. Il a exhorté la communauté internationale à mettre en place les capacités techniques et financières nécessaires pour pouvoir anticiper les catastrophes naturelles. Les communautés autochtones participent directement aux décisions qui affectent leurs vies, a-t-il dit, avant de demander l’allègement de la dette, et des transferts de technologies afin de permettre au Guatemala de disposer d’énergies renouvelables. Nous avons un potentiel important de bagasse, de ressources hydrauliques et d’énergie solaire, a-t-il dit, en indiquant qu’à cet égard la priorité était d’investir dans les zones rurales et d’atténuer les conséquences de la crise du pétrole.
M. DIEGO CORDOVEZ (Équateur) a déclaré que le niveau de développement des pays affectés par les catastrophes naturelles déterminait leurs capacités de réaction à ces désastres. Il a estimé que la mise en oeuvre du Cadre d’action de Hyogo devait bénéficier d’une coordination efficace et de ressources adéquates. Faisant part de la grande vulnérabilité de son pays face aux catastrophes, il a souligné l’importance de se centrer sur les capacités des pays et sur les systèmes d’alerte rapide. Il a mis en exergue le rôle du Centre international d’étude du phénomène El Niño, basé en Équateur, qui travaille pour la promotion des projets destinés à mieux gérer ce phénomène au niveau régional. S’agissant du tourisme, il a estimé que ce secteur pouvait grandement contribué au développement durable, à l’emploi et à la lutte contre la pauvreté. Il a ajouté qu’il fallait augmenter la part du tourisme dans les pays en développement, notamment en renforçant les stratégies de ces États par la coopération internationale. Il a souligné l’importance du « Code d’éthique du tourisme », adopté par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) en 1999. Il a ainsi appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à y adhérer et à devenir membre de OMT et d’y entrer pour renforcer ses efforts de coopération internationale et de promotion du développement durable.
Mme MARIA DE FATIMA LIMA DA VEIGA (Cap-Vert) a insisté sur la nécessité de l’application de la Stratégie de Maurice sur le développement durable des petits États insulaires en développement et sur le rôle crucial que doit jouer le système des Nations Unies à cette fin. « Il faut améliorer la coordination et l’efficacité du système », a-t-elle dit, estimant que des synergies doivent être encouragées entre les diverses parties prenantes au niveau collectif et individuel. Il importe de combler les lacunes auxquelles font face les pays africains et plus particulièrement les États insulaires en développement, a-t-elle dit, estimant qu’il fallait mettre l’accent sur la participation de toutes les parties prenantes, sur la mobilisation des ressources, ainsi que sur des programmes opérationnels de suivi. Nous demandons à ce qu’il y ait une plus grande coordination entre les organismes des Nations Unies et qu’ils accordent une plus grande attention aux petits États insulaires en développement (PEID), dans la perspective de la réunion prévue par la FAO à Rome dans le courant du mois de novembre. Abordant la lutte contre la désertification, la représentante a souligné que la dégradation des sols était un obstacle aux efforts d’éradication de la pauvreté. Elle s’est inquiétée de la modeste progression du budget du Secrétariat de la Convention sur la lutte contre la désertification et des réductions d’effectifs envisagées lors de la dernière conférence des parties.
Mme PERINA J. SILA (Samoa), qui a pris la parole au nom du Groupe du Forum des îles du Pacifique, a souligné l’importance de la Stratégie de Maurice pour ces pays afin d’encourager le développement durable dans la région du Pacifique. Elle a appelé une mise en œuvre sans délai des activités proposées dans le cadre de la résolution 59/311, dont l’intégration de cette Stratégie dans les programmes des agences compétentes de l’ONU. Elle a indiqué qu’il y a deux semaines, Samoa avait accueilli la Réunion régionale pour le suivi de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice, du Plan de mise en œuvre de Johannesburg et des OMD. À cet égard, elle a reconnu le besoin critique de simplifier les processus pour obtenir des ressources financières et techniques afin de soutenir les efforts nationaux et régionaux dans ce domaine. Elle s’est aussi félicitée de la tenue, dans deux semaines en Italie, d’une réunion interrégionale des PEID, pour trouver de nouveaux moyens de mise en œuvre de la Stratégie de Maurice et pour y engager les partenaires de développement. Mme Sila a salué l’opportunité offerte par la CDD de consacrer une journée de sa prochaine session à l’examen de l’application de la Stratégie de Maurice. Reconnaissant que la responsabilité première de la mise en œuvre de la Stratégie de Maurice appartenait aux États, elle a quand même demandé l’aide des partenaires pour les besoins spécifiques des PEID soient réellement pris en compte, et a exhorté les Nations Unies et la communauté internationale à fournir le soutien nécessaire à cette démarche.
Mme OCHIR ENKHTSETSEG (Mongolie) s’est inquiétée du phénomène de la désertification et a salué la célébration de l’Année internationale des déserts et de la désertification en 2006. La désertification a des coûts humains importants dans la mesure où elle touche aujourd’hui 1 milliard de personnes, a-t-elle dit, soulignant l’importance qu’il y a à mobiliser des ressources, promouvoir les transferts de technologies, et coordonner les efforts pour lutter contre la dégradation des sols. En tant qu’État partie à la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, à laquelle elle attache une importance cruciale, la Mongolie a mis en place un plan d’action national qui se manifeste dans la sensibilisation, la formation et la participation des communautés. La Mongolie est l’une des zones les plus arides de la planète, a-t-elle précisé, en soulignant que le désert de Gobie recouvre 42% du territoire de la Mongolie. Nous avons initié un programme couvrant les 30 prochaines années, et destiné à créer une ceinture verte sur 2 500 kilomètres dont l’objectif est de faire progresser de près de 7% la couverture forestière de notre pays. Les problèmes de la dégradation des sols et de la désertification doivent être conjointement traités par le Secrétariat de la Convention et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM), a dit Mme Enkhtsetseg.
Mme IMERIA NUNEZ DE ODREMAN (Venezuela) a dénoncé les effets de la mondialisation néolibérale qui a eu des effets désastreux sur le tissu social, la sécurité alimentaire et l’environnement. La capacité de destruction de la mondialisation est énorme et galopante, a-t-elle dit, dénonçant le traitement inégal des conséquences de ce phénomène par le Document final du Sommet mondial de 2005. Elle a jugé décourageant de voir que, 30 ans après la Conférence des Nations Unies sur l’environnement de Stockholm de 1972, et plus de 10 ans après la Conférence de Rio, les pays développés continuent d’opter pour des modes de consommation et de production qui mèneront à leur propre extinction. Cette situation est insoutenable, a-t-elle dit, car la voracité du système économique développé actuellement pèse inévitablement sur les conditions de vie des populations les plus pauvres. Mme Nunez de Odreman a dénoncé les effets négatifs des changements climatiques, ajoutant que la progression vers un développement durable suppose de réels changements dans les comportements humains. Le Venezuela développe un programme de promotion du développement durable qui est basé sur la participation de toutes les parties prenantes, notamment la société civile, sur la justice, et sur la démocratie. Le développement local est au cœur des politiques publiques, en particulier pour ce qui est de l’eau et de l’assainissement, de même que pour le logement, l’habitat et l’accès à la terre, a dit Mme Nuñez de Odreman. Elle a attiré l’attention de la Deuxième Commission sur les questions énergétiques et sur la façon dont certains pays développés ont voulu pointer du doigt la responsabilité des pays producteurs de pétrole dans la récente hausse des cours, alors que le problème réside dans le fait que les réserves de pétrole commencent à s’épuiser. Nous avons initié un système d’accès favorable aux ressources pétrolières du Venezuela par les pays de la région des Caraïbes, a-t-elle dit, estimant toutefois que des ressources nouvelles et renouvelables doivent être explorées.
M. SAKIAS TAMEO (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a estimé qu’il fallait mettre un terme aux hésitations du processus international de prise de décisions économiques et obtenir des résultats sur le terrain. Il faut se concentrer sur les progrès à faire dans la mise en œuvre, notamment par le renforcement des capacités, le transfert des technologies et les ressources financières, a-t-il précisé. Rappelant l’engagement des PEID à mettre en œuvre la Stratégie de Maurice, il a demandé à la communauté internationale de faire sa part. S’agissant des catastrophes naturelles, M. Tameo a mis l’accent sur la mise en œuvre des résultats de la Conférence de Kobé dans la région Pacifique et au niveau national également. Il a applaudi l’approche basée sur l’action de la Conférence de Bonn qui doit avoir lieu en mars prochain, et a espéré que celle-ci serait l’occasion d’aborder les questions prioritaires comme celle de l’établissement de systèmes d’alerte rapide contre les catastrophes. En outre, il a évoqué la vulnérabilité des PEID aux effets des changements climatiques qui menacent l’existence même de ces petits pays insulaires. Notant l’engagement de son pays envers la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques, il a souhaité un soutien accru de la communauté internationale dans ce domaine pour ralentir, entre autres, la montée du niveau des mers. Enfin, il a indiqué que Samoa détenait 5% des ressources en biodiversité du monde, et a parlé de la nécessité pour la communauté internationale d’aider les pays qui possèdent une importante biodiversité.
M. NAWAF AL-MOWED (Koweït) a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey ainsi que du Programme d’action de Johannesburg. « Mon gouvernement s’est engagé dans une politique de bonne gouvernance économique, politique et sociale, afin de mobiliser des investissements étrangers et de parvenir à un développement durable. Notre monde traverse une époque complexe, marquée par des défis et des obstacles », a dit le représentant, invitant la communauté internationale à promouvoir davantage de démocratie dans le processus de décision économique au niveau international. Les flux d’aide publique au développement devraient répondre à l’objectif défini de 0,7% du PNB des pays développés, a-t-il dit, rappelant que le Fonds de développement du Koweït, parallèlement au Fonds de l’OPEC et à celui de la Banque africaine de développement, auxquels son pays contribue, élève à 1,3% la part du PNB du Koweït consacrée à l’APD. Notre gouvernement a développé une politique axée sur la sauvegarde de l’environnement, a-t-il dit, indiquant que son pays avait implanté des coraux dans ses fonds marins. La dépendance énergétique du Koweït demeure élevée notre pays étant trop dépendant du pétrole, a-t-il dit, et notre objectif est de réduire cette dépendance en tirant profit des nouvelles technologies. L’instabilité des cours du pétrole ne provient pas d’une quelconque rétention des stocks mais plutôt de l’insuffisance d’investissements dans les capacités de raffinage, qui restent insuffisantes et ne répondent pas à la demande des marchés mondiaux.
M. GILBERT LAURIN (Canada) a plaidé pour que la communauté internationale fasse tout ce qui était nécessaire pour s’attaquer au problème des changements climatiques afin d’assurer un environnement et une prospérité durables. Il a déclaré que la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Montréal à la fin du mois, était un exemple de la détermination de son pays dans ce domaine. Il a rappelé que cette année le Canada avait publié son nouvel « Énoncé de politique internationale » qui souligne l’importance de promouvoir le développement durable à l’échelle planétaire. Il a estimé qu’aborder la question des changements climatiques était aussi un moyen de traiter de développement, de santé, de démographie et de sécurité énergétique. Il a en outre expliqué que la politique étrangère du Canada visait à promouvoir une approche multilatérale axée sur les responsabilités communes en matière d’énergie. « Il n’est plus acceptable d’hypothéquer le futur de l’humanité en ne privilégiant que le moment présent », a insisté M. Laurin. Reconnaissant la lourde tâche d’identifier une voie future lors de la Conférence des Parties à Montréal, il a souhaité qu’en émerge un processus innovateur pour une coopération accrue à long terme. Il a indiqué que le Canada avait entrepris des discussions avec 140 pays pour dessiner une voie à suivre pour des actions relatives au climat. Il a noté que ces consultations avaient fait ressortir, entre autres, l’importance d’élargir la participation, de réaliser le potentiel du développement des technologies de pointe, et d’aborder la question de l’adaptation.
M. BALA BHADRA BHARATI (Népal) a axé son intervention sur le développement des régions montagneuses, en expliquant qu’elles renferment une grande quantité de diversité biologique. Mais dans le même temps, leur relief constitue un obstacle qui empêche l’accès aux populations les plus isolées comme on a pu le constater récemment lors du séisme survenu en Asie du Sud. Les pays montagneux ont les mêmes défis à relever que les autres pays pauvres, à savoir l’enclavement, le manque d’infrastructures, et la dégradation des ressources naturelles. « Il importe donc de développer durablement les montagnes par la promotion de partenariats élargis de nature à faciliter la mise en pratique des engagements internationaux » a indiqué M. Bharati. Revenant sur le chapitre 13 d’Action 21, le représentant népalais a insisté sur la nécessité d’assurer la gestion des écosystèmes des montagnes, avant d’exprimer son soutien au Protocole de Kyoto et à la Convention sur les changements climatiques, auxquels le Népal est partie. Les montagnes offrent également des atouts pour le domaine médical, a poursuivi M. Bhadra Bharati, qui a souhaité que les stratégies de développement des montagnes placent l’homme au cœur de leurs préoccupations. Le Népal a lancé plusieurs initiatives pour venir en aide aux populations des régions montagneuses, a-t-il ensuite dit, notamment par la promotion de l’écotourisme et par des projets pour la conservation du massif de l’Annapurna.
M. BASHEER F. ZOUBI (Jordanie) a centré son intervention sur l’assèchement de la Mer Morte, dont le niveau se situe à 412 mètres en dessous de celui des océans. Depuis le détournement du cours du fleuve Jourdain en 1967, a-t-il expliqué, ce lac fermé a connu une évaporation plus importante de ses eaux, qui est supérieure à son alimentation en eau venant du Jourdain. Il a fait observer que la superficie de la Mer Morte s’était réduite de 30% au cours des 40 dernières années et que si cela continuait, elle serait complètement sèche d’ici 50 ans. Il a rappelé que ce phénomène affectait les divers peuples de cette région et entraînait des conséquences économiques, sociales et politiques dangereuses. Il a fait part de l’accord signé, le 9 mai dernier, par la Jordanie, Israël et l’Autorité palestinienne, pour faire face à cet assèchement: il prévoit la construction d’un canal qui drainera de l’eau de la Mer Rouge et l’acheminera à la Mer Morte. Il a remarqué que la première étape de ce projet constituait en une étude de faisabilité de deux années et d’un coût de 20 millions de dollars, qui sera financée par la Banque mondiale. Il a espéré qu’une fois opérationnel, ce projet serait un exemple de développement durable car il sauvera non seulement un écosystème entier mais utilisera aussi les ressources supplémentaires en eau pour les terres des trois parties participant au projet.
Mgr CELESTINE MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège, a estimé que les actions en faveur de l’environnement devaient être intensifiées afin de soutenir le développement durable. Il importe de replacer des approches sectorielles fragmentées dans un contexte holistique global, a-t-il dit. Les communautés locales doivent pouvoir participer aux actions orientées vers la protection des avoirs naturels, particulièrement les écosystèmes, a indiqué Mgr Migliore. « Il ne faut pas oublier les Objectifs du Millénaire pour le développement », a-t-il poursuivi, notamment ceux relatifs à l’eau, à l’assainissement et aux établissements humains. Il est encourageant de voir que les pays sont de plus en plus conscients de l’impact des changements climatiques, a ensuite dit l’Observateur du Saint-Siège en lançant un appel à la prise en compte du défi posé par les changements climatiques car, a déclaré Mgr Migliore, les besoins énergétiques vont aller en s’accroissant.
M. MANR TALEB (République arabe syrienne) a réaffirmé que l’environnement était la base essentielle de promotion du développement durable. Soulignant le rôle de la CDD, il a invité la communauté internationale à aider les pays en développement dans ce cadre et à mettre en œuvre les décisions de la CDD-13. Quant à la CDD-14, il a affirmé que ce cycle consacré à l’énergie devait se concentrer sur les transferts de technologies et sur la recherche et le développement, en prenant en compte la question des prix abordables, en ce qui concerne les énergies renouvelables, pour les pays en développement. De plus, il a insisté sur la question de l’eau, affirmant qu’il était nécessaire de préserver cette ressource. Il a encouragé les Nations Unies à continuer d’apporter leur soutien à la Décennie « Eau, source de vie ». S’agissant de la désertification, il a estimé que ce problème était un des plus importants de la planète et a regretté que des problèmes financiers entravent la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies pour lutter contre la désertification. Il a appelé la communauté internationale à s’engager sincèrement à fournir des fonds. Enfin, il a accusé Israël d’avoir transformé en déserts les terres agricoles appartenant aux citoyens arabes des territoires occupés et de les avoir privé de ressources d’eau. Il a aussi affirmé que l’occupation israélienne était responsable d’autres formes de dégradation des terres, notamment à cause de l’enfouissement de déchets toxiques.
Droit de réponse
Exerçant son droit de réponse, le représentant d’Israël a indiqué au représentant de la Syrie que la matière toxique la plus dangereuse était le mensonge, et a rappelé que la semaine dernière, devant la Deuxième Commission, les accusations faites par la Syrie avaient été démenties par la représentante de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie occidentale (CESAO).
Le représentant de la République arabe syrienne, a accusé le délégué d’« Israël, puissance occupante », de « délire », et a fait état de « nombreux rapports soulignant l’impact des pratiques du Gouvernement israélien sur les conditions de vie des populations arabes ». Que dire des pratiques israéliennes d’exploitation démesurée des ressources naturelles des populations arabes? a-t-il demandé.
* *** *
À l’intention des organes d’information • Document non officiel