AG/EF/432

LA DEUXIEME COMMISSION ATTIRE L’ATTENTION SUR L’IMPORTANCE DE LA REFORME DE SES METHODES DE TRAVAIL ET DES NEGOCIATIONS COMMERCIALES

8/10/03
Communiqué de presse
AG/EF/432


Deuxième commission

5ème séance – matin


LA DEUXIEME COMMISSION ATTIRE L’ATTENTION SUR L’IMPORTANCE DE LA REFORME DE SES METHODES DE TRAVAIL ET DES NEGOCIATIONS COMMERCIALES


Les quelque 80 interventions faites pendant le débat général de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont confirmé la place centrale qu’occuperont, au cours de cette session, la question de la rationalisation de l’ordre du jour de la Commission et celle de la poursuite des négociations commerciales après l’échec de la cinquième Réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’est tenue à Cancùn, au Mexique, du 10 au 14 septembre 2003. 


Au cours de ce débat ouvert le 6 octobre dernier, l’Union européenne, par la voix de l’Italie, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont été parmi les délégations qui ont le plus insisté sur la nécessité de réformer les méthodes de travail d’une Deuxième Commission dont l’ordre du jour compte 15 questions de fond subdivisées en de multiples points.  Au regard d’un ordre du jour qui apparaît surchargé et « non dépourvu de chevauchements », ces délégations ont, dans leur brèves interventions, remis en question l’opportunité d’un débat général qui semble n’être « qu’un simple prélude aux débats thématiques » et, de ce fait, une manière peu optimale de disposer du temps imparti à la Commission. 


Si elles n’ont pas adhéré à cette position radicale,les autres délégations ont reconnu la nécessité de réformer les travaux de la Commission pour, ont-elles souligné, asseoir son rôle incontournable dans la promotion et la mise en œuvre de l’agenda économique et social de l’ONU.  La majorité des délégations ont dit attendre avec intérêt l’issue des travaux, prévue pour l’année prochaine, du Groupe de personnalités éminentes chargé d’étudier la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, qui sera soumise à une évaluation en 2005.  En attendant ledit rapport, les délégations ont fixé comme cadre d’action la résolution 57/270B de l’Assemblée générale relative aux travaux du Groupe de travail chargé d’étudier le suivi des textes issus des grandes conférences organisées par l’ONU dans les domaines économique et social, dont le Sommet du Millénaire, la Conférence internationale sur le financement du développement et le Sommet mondial sur le développement durable. 


Pour les délégations, la réforme ne doit pas se limiter aux structures de l’ONU mais doit aussi toucher toutes les parties prenantes.  C’est dans ce cadre que plusieurs d’entre elles ont réitéré l’appel qu’elles ont lancé à la dernière Assemblée du Conseil des gouverneurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) qui s’est tenue à Dubai du 19 au 24 septembre 2004.  Il s’agit, pour ces délégations, de démocratiser ces institutions par la pleine participation des pays en développement à leurs processus de prises de décision, condition préalable à un avancement effectif de l’agenda du développement.  Face à ces appels, le représentant de la Banque a préféré défendre l’idée d’une plus grande cohérence systémique qui passe par la rationalisation de l’appui apporté aux pays par les institutions internationales; le renforcement de l’harmonie entre tous les partenaires de développement au niveau des pays; et la clarification des connexions, au niveau mondial, entre les niveaux institutionnel, national et international. 


Les appels à la démocratisation des méthodes de prise de décisions n’ont pas épargné l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  L’échec de sa cinquième Réunion ministérielle a été présenté par de nombreuses délégations comme l’illustration d’une frustration croissante dans les pays du Sud quant à l’absence de perspectives dans la mise en œuvre du Programme pour le développement adopté en 2001 lors de la quatrième Réunion ministérielle de l’OMC à Doha.  Ainsi, beaucoup de délégations, si elles ont regretté cet échec, se sont félicitées que les pays du Sud aient montré «leur force et leur poids politique».  A ceux qui sont disposés à créer «une alliance vertueuse des partisans du libre-échange et du développement», ces délégations ont, en prévision des négociations qui doivent se poursuivre au mois de décembre prochain à Genève, appelé au réalisme et à la souplesse pour trouver l’accord tant attendu sur les questions dites de Singapour, à savoir le commerce et le développement; le commerce et la politique de la concurrence; la transparence des marchés publics; et la facilitation des échanges.   


Ont pris part au débat les représentants des pays suivants: Ukraine, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Burkina Faso, Serbie-et-Monténégro, Philippines, Mexique, Ouganda, Jamaïque, Tunisie, ex-République yougoslave de Macédoine, République dominicaine, Syrie, Sénégal, Bolivie, Cambodge, Népal, Soudan, Malaisie, Belize, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires, Arménie et Papouasie-Nouvelle-Guinée.  Outre le représentant de la Banque mondiale, celui de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a également pris la parole.


La Commission se réunira jeudi 9 octobre à partir de 10 heures pour entamer l’examen de la mise en œuvre de la Première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006).



Débat général


M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a souligné la nécessité d’assurer la pertinence de la Deuxième Commission dans la mise en oeuvre des recommandations de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg.  Pour y parvenir, a-t-il ajouté, il faudrait parvenir à identifier le cadre de rationalisation des travaux de la Commission et restructurer son ordre du jour.  «Nos travaux devraient être organisés autour d’un nombre limité de chapitres et nos débats devraient être mieux ciblés et plus dynamiques tout en permettant à toutes les parties concernées d’intervenir» a dit M. Kulyk.  Dans le même ordre d’idées, il a ensuite souhaité une meilleure interaction entre l'Assemblée générale et le Conseil économique et social (ECOSOC) et a souligné l’importance des actions au niveau régional, terreau du développement durable. 


Par ailleurs, il s’est félicité de la tenue cette année de la cinquième Conférence ministérielle sur le thème: «Environnement et Europe», qui a été l’occasion d’adopter, en Europe, une liste d’objectifs à atteindre en matière de protection de l’environnement, de rendement énergétique, de gestion de l’eau et d’assainissement, qui vont bien au-delà des engagements de Johannesburg.  Soulignant les efforts de son pays, il a indiqué que l’Ukraine avait publié en début d’année un document sur ses objectifs de développement, en accord avec l’esprit des Objectifs du Millénaire, et regroupant un ensemble de cibles et indicateurs sur les priorités nationales de l’Ukraine en matière de développement.  En ce qui concerne le commerce international, il a formé le vœu que l’OMC puisse être transformée en une institution réellement universelle.  S’agissant de la situation économique de l’Ukraine, il a indiqué que le PNB de son pays augmentera pour la quatrième année consécutive en 2003, son taux de croissance atteignant cette année 5%.


M. MOHAMMED AL-MEHAIRBI (Emirats arabes unis) a attribué la récession économique qui affecte sa région aux conflits armés, dont la guerre en Iraq et, en particulier, à la tension croissante au Moyen-Orient.  La guerre en Iraq, a-t-il insisté, a eu de profondes conséquences au niveau régional.  Il a de ce fait demandé à la communauté internationale d’intensifier ses efforts pour la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire et des recommandations des conférences internationales qui ont suivi.  Ces textes, a-t-il estimé, ont mis au point les modalités d’un véritable partenariat international.  Faisant ensuite part des progrès économiques et sociaux enregistrés par son pays ces dernières années, le représentant a réitéré son attachement à la coopération régionale et internationale.  Il a ainsi invoqué les conventions bilatérales signées par son pays dans les domaines commercial, économique et du développement.  Il a cité des exemples concrets de coopération avec les pays d’Asie et d’Afrique avant de souligner que les Emirats arabes unis font partie du groupe des pays donateurs qui contribuent au processus de reconstruction de l’Iraq.


M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a déclaré que les Objectifs de la Déclaration du Millénaire devraient rester au centre des préoccupations des Nations Unies.  A cet égard, il s’est félicité de la tenue d’une conférence internationale en 2005, dont l’objectif est d’évaluer la mise en oeuvre des objectifs de développement qui y sont contenus.  La mondialisation est devenue un phénomène avec lequel nous devons vivre, en adoptant des mesures nous permettant d’éviter que le fossé se creuse entre pauvres et riches, a dit le représentant en soulignant également l’importance de la paix sans laquelle aucun pays ne peut parvenir au développement.


Il a par ailleurs formé le vœu d’un nouveau partenariat entre les pays développés et les pays en développement, qui serait fondé sur l’interdépendance et la coopération, des avantages mutuels, la justice et la responsabilité commune.  S’agissant du soutien de son pays au développement, il a déclaré que l’Arabie saoudite a soutenu un certain nombre de pays en développement à travers une assistance financière s’élevant à 176,3 milliards au cours des trois dernières décennies ce qui représente l’équivalent de 4% de son PNB.  Le Royaume, a-t-il ajouté, a également contribué à l’allègement de la pauvreté en annulant certaines dettes des pays les plus pauvres.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a jugé urgent de placer la lutte contre la pauvreté au centre des préoccupations mondiales en soulignant qu’un tel engagement suppose que soient prises en compte les nécessités d’une répartition équitable des revenus, d’un accès égal aux ressources économiques; et d’une promotion de l’égalité entre les sexes.  L’action internationale en faveur de la lutte contre la pauvreté devra se renforcer, a-t-il ajouté, à travers l’allègement de la dette, l’augmentation de l’aide publique au développement (APD), et l’apport de l’investissement étranger direct (IED).  Sur un plan plus général, a encore dit le représentant, les relations commerciales internationales connaissent de nombreuses disparités.  L’échec de la Réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Cancùn, a-t-il estimé, pourrait mettre en péril la question de l’insertion des pays les moins avancés (PMA) dans le système commercial multilatéral. 


Le représentant a donc demandé la stabilisation des prix et une garantie des exportations des produits des pays en développement par la revalorisation des matières premières à travers une stabilisation des recettes d’exportation.  Il a aussi réclamé le libre et plein accès des produits du Sud aux marchés du Nord par la suppression des mesures protectionnistes.  Il a enfin lancé un appel à la suppression des subventions agricoles dans les pays du Nord et a demandé une réforme des institutions de Bretton Woods pour les adapter aux nécessités et préoccupations des pays en développements.  Le représentant a évoqué la question des migrations en demandant la convocation d’une conférence des Nations Unies sur le lien entre ce phénomène et le développement.  Il a conclu en adhérant à l’idée d’un renforcement des méthodes de travail de la Deuxième Commission.


M. DEJAN SAHOVIC (Serbie-et-Monténégro) a déclaré qu’il était indispensable, après l’échec des négociations commerciales de Cancùn, de relancer le Cycle de Doha.  Il faut non seulement une plus grande ouverture des marchés ouverts mais aussi un commerce équitable permettant aux plus démunis de tirer partie de la mondialisation, a-t-il estimé.  On estime, a-t-il ensuite indiqué, qu’il faudrait une croissance annuelle de 3% du revenu par habitant pour réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015.  Dans ce contexte, il a estimé que la Déclaration du Millénaire, ainsi que les consensus atteints à la suite des conférences de Monterrey et de Johannesburg fournissaient des bases de travail permettant d’agir aux niveaux international, régional, national et local.  Il a salué l’adoption par l'Assemblée générale, en juin dernier, de la résolution A/57/270B qui fixe de nouveaux objectifs en ce qui concerne le renforcement du rôle de l'Assemblée générale et une meilleure coopération avec l’ECOSOC dans le souci de l’application et du suivi intégrés et coordonnées des textes issus des grandes Conférences de l’ONU dans le domaine économique et social


Par ailleurs, il a souligné l’importance du Consensus de Johannesburg sur la question du développement durable qui, selon lui, doit rester au centre des priorités de l’ordre du jour international.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’initiative prise par la Commission du développement durable qui a adopté un programme de travail multiannuel pour la période 2004-2007, qui établit une Feuille de route qui permettra à cette Commission de remplir son rôle et ses fonctions.  Les réussites au niveau national, a-t-il ajouté, seront le meilleur indice que nous pourrons donner en matière de mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.  S’agissant de la situation économique de son pays, le représentant a déclaré indispensable l’aide de la communauté internationale pour faciliter son intégration européenne. 


M. LAURO L. BAJA (Philippines) a stigmatisé l’environnement économique international, qu’il a jugé extrêmement défavorable aux pays en développement.  Invoquant la Déclaration du Millénaire et les textes adoptés à l’issue des autres grandes conférences qui ont suivi le Sommet du Millénaire, le représentant a appelé les pays développés et les pays en développement à faire preuve de ferme volonté politique.  Il a aussi appelé à une collaboration étroite entre toutes les parties prenantes au processus de développement.  Abordant les questions commerciales, le représentant a plaidé pour une véritable libéralisation des marchés du Nord.  Il a réclamé un système financier et commercial ouvert, et fondé sur des règles prévisibles et non discriminatoires.  Il a ensuite souligné l’urgence qu’il y a à placer les questions du développement au cœur de l’ordre du jour de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et s’est déclaré déçu par le manque d’engagement des pays développés lors de la Réunion ministérielle de l’OMC à Cancùn. 


Le représentant a poursuivi en soulignant la nécessité de renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans la promotion de la coopération au développement.  Il a invoqué, à ce propos, la résolution 57/270B adoptée au mois de juin dernier.  Abordant, à son tour, la question des migrations, il a voulu qu’elle soit examinée sous l’angle du développement durable et comme partie intégrante du processus de mondialisation. 


M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a déclaré que le moment était venu de réexaminer l’utilité du débat général de la Deuxième commission.  A cet égard, il a déclaré que sa délégation s’abstiendrait de faire une intervention d’ordre général, et a suggéré un débat sur la nécessité pour la Commission de tenir un débat général à l’avenir. 


M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) s’est félicité des jalons que représentent la Déclaration du Millénaire, la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, tenue à Bruxelles, ou encore la Conférence de Monterrey et le Sommet de Johannesburg, pour répondre aux besoins de développement des pays du Sud.  Il a cependant regretté qu’en dépit de ces événements, les ressources allouées aux pays en développement soient restées bien inférieures au niveau requis pour atteindre les objectifs de développement agréés.  Il a rappelé que les ressources extérieures sont la principale source de financement du développement des pays les plus pauvres.  A cet égard, il a exhorté les pays développés à ouvrir leurs marchés aux produits de base des pays en développement et à supprimer les barrières douanières injustes. 


Il a tout particulièrement apprécié le rôle joué par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans le domaine du conseil et du renforcement des capacités des pays en développement et a appelé les pays donateurs à allouer un financement adéquat à cette structure.  S’agissant de la situation économique de son pays, il a précisé que l’Ouganda est un des 7 pays qui ont atteint le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Sans un allègement de la dette, a-t-il précisé, les pays les pauvres ne parviendront pas à atteindre leurs objectifs de développement, notamment les pays sans littoral comme l’Ouganda, qui ont à faire face à des coûts particulièrement lourds en matière de transports.  Pour les pays enclavés, l’appui international est indispensable pour assurer le développement des infrastructures de transports.  Le représentant s’est ensuite félicité des initiatives du NEPAD et de la Troisième Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD III), tout en reconnaissant la responsabilité des pays africains dans la facilitation de leur propre développement.


Nous sommes dans un monde déséquilibré.  Nous avons besoin d’un nouvel équilibre entre les pays riches et les pays pauvres.  Cela est essentiel non seulement pour la réduction de la pauvreté et la prospérité mais aussi pour la sécurité et la paix, a déclaré M. EDUARDO DORYAN, de la Banque mondiale, en paraphrasant le Président de son institution, M. James Wolfensohn.  Offrant un point de vue pratique sur la manière de précéder à une «exécution résolue» de l’ordre du jour du développement, le représentant a souligné la nécessité de parvenir à une plus grande cohérence systémique.  Cette cohérence, a-t-il expliqué, peut être atteinte par le biais de trois changements, à savoir la rationalisation de l’appui apporté aux pays par les institutions internationales; le renforcement de l’harmonie entre tous les partenaires de développement au niveau des pays; et la clarification des connexions, au niveau mondial, entre les niveaux institutionnel, national et international.  Après avoir expliqué les fondements et les buts de cette théorie, le représentant a déclaré que «la synergie entre les formes institutionnelle, nationale et mondiale de la cohérence exige que l’on identifie et rende opérationnels les liens institutionnels, nationaux et internationaux pour réaliser les objectifs définis dans la Déclaration du Millénaire, à Monterrey et à Johannesburg».  Il s’agit en fait de traduire les normes, les politiques et les discussions en réalité sur le terrain, a-t-il précisé.


M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a fait part de ses doutes quant à la pertinence de certaines actions menées en direction des pays en développement.  Les expériences varient d’un pays à l’autre dans les pays en développement, et même s’il y a des signes de dynamisme dans certains pays, la perspective d’ensemble n’est pas encourageante.  Les options que nous avons ne présentent pas beaucoup d’opportunités, a-t-il poursuivi en estimant que même si la mondialisation offre des opportunités, elle pose aussi de nombreux défis.  Et la stratégie générale pour tirer partie de la mondialisation, repose sur l’adoption de politiques basées sur le modèle du marché auquel nous ne croyons pas forcément.  Pour tirer partie de la libéralisation, il faut avoir un secteur privé fort, ce qui est loin d’être le cas pour la plupart des pays en développement.  Nous devrions donc accorder un rôle plus important à l’Etat en matière de promotion du développement.


S’agissant des ressources nécessaires à notre développement, a poursuivi le représentant, notre épargne nationale est loin d’être suffisante et les aides extérieures sont loin d’atteindre les promesses et engagements pris par les pays développés.  L’échec de Cancùn, a-t-il insisté, montre la nécessité d’un ensemble de mesures accordant une plus grande préoccupation aux spécificités des questions liées au développement.  Il ne s’agit pas seulement d’ouvrir les marchés, mais aussi d’aider les pays les plus démunis à renforcer leurs capacités et infrastructures pour leur permettre de tirer parti du commerce international.   Nous sommes découragés, a-t-il conclu, mais nous espérons encore un nouvel élan permettant de faire avancer la cause du développement en invitons la Deuxième Commission à être la source de cet élan. 


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a estimé que le regrettable échec de la Réunion ministérielle de l’OMC à Cancùn venait rappeler l’énormité des obstacles que les pays en développement doivent surmonter pour améliorer leurs secteurs d’exportation et pour s’intégrer dans l’économie mondialisée.  Il a jugé, à cet égard, que la Déclaration du Millénaire, les résultats de Monterrey et ceux de Johannesburg, ainsi que les conférences et réunions au sommet qui ont jalonné la décennie écoulée ont tracé la voie à suivre pour lutter contre la pauvreté et promouvoir le développement durable.  Il s’agit aujourd’hui de passer à l’action, a déclaré le représentant en appelant au renforcement et à la dynamisation des diverses formes de coopération et de partenariat.  Dans ce contexte, il s’est félicité de la résolution 57/270 de l’Assemblée générale et de ses dispositions relatives à la tenue, en 2005, d’un sommet sur la mise en œuvre des engagements convenus. 


Le représentant a, toujours dans ce contexte, évoqué le Fonds mondial de solidarité qu’il a décrit comme un nouvel instrument pour réaliser les objectifs agréés au niveau international.  Il a espéré que le PNUD accélèrerait le démarrage effectif des opérations de ce Fonds en constituant, sans délai, le comité de haut niveau chargé de définir sa stratégie et de mobiliser les ressources financières requises.  Rappelant, par ailleurs, que la première phase du Sommet mondial sur la société de l’information se tiendra à Genève au mois de décembre prochain et que sa deuxième phase est prévue à Tunis en novembre 2005, le représentant a dit l’intention de sa délégation de soumettre un projet de résolution, au cours de cette session, pour faire entériner l’architecture d’organisation de la phase de Tunis.  Quant à la réforme de la Deuxième Commission, il a dit que sa délégation attendait avec intérêt le rapport que le Groupe de travail de haut niveau chargé de réfléchir à l’orientation des débats de l’ordre du jour économique et social de l’Assemblée générale doit présenter l’année prochaine.


M. DIMCE NIKOLOV (Ex-République yougoslave de Macédoine) s’est dit encouragé par les signes de relance de l’économie mondiale, tout en estimant que les perspectives sont assombries par les déséquilibres macroéconomiques.  L’Ex-République yougoslave de Macédoine continue de renforcer sa coopération au niveau régional, persuadée du lien entre stabilité régionale et développement économique.  En ce qui concerne l’échec des récentes négociations commerciales de Cancùn, le représentant a déclaré que cet échec ne devait pas décourager la communauté et que le Cycle de négociations commerciales de Doha restait toujours d’actualité, avec pour objectif d’offrir des perspectives de développement à tous les pays. 


Il a estimé que le Consensus de Monterrey reste la grande référence en matière de recherche de financements pour le développement des pays les plus démunis.  S’agissant de la mise en œuvre des objectifs de développement définis au niveau international, il a rappelé l’étape importante que constitue le Dialogue de haut niveau de l'Assemblée générale sur le financement du développement qui se tiendra les 29 et 30 octobre prochains.  Il a salué l’adoption par l'Assemblée générale de la résolution A/57/270B qui fixe de nouveaux objectifs en ce qui concerne le renforcement du rôle de l'Assemblée générale et une meilleure coopération entre l’Assemblée, l’ECOSOC et les Commissions concernés par l’application et le suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes Conférences de l’ONU dans le domaine économique et social.  Dans le même ordre d’idées, il s’est particulièrement félicité de la tenue en 2005 de l’évaluation de la mise en œuvre des Objectifs de développement contenus dans la Déclaration du Millénaire.


M. RAMON OSIRIS BLANCO DOMINGUEZ (République dominicaine) a indiqué que les difficultés découlant des différentes crises internationales ont une forte incidence sur l’économie de son pays.  Il a cité les problèmes cruciaux de la dette et du prix du pétrole, en souhaitant qu’un nouvel élan soit donné au développement par le respect des engagements pris au niveau international.  L’expérience malheureuse vécue à Cancùn, a-t-il poursuivi, ne saurait remettre en cause le système d’échanges multilatéraux.  Cet échec permettra peut-être de mettre en évidence l’urgence de la question et celle d’appliquer le Programme pour le développement adopté à Doha, a conclu le représentant.


M. CHEIKH NIANG, (Sénégal) a rappelé le souci maintes fois exprimé de voir les travaux de la Deuxième Commission rationalisés et se concentrer sur les objectifs du Consensus de Monterrey sur le financement du développement et sur les Objectifs du Millénaire.  Il s’est inquiété de la situation économique de l’Afrique qui se caractérise par un taux de croissance qui est passé de 4,3% en 2001 à 3,2% en 2002, par plus de 29 millions de personnes vivant avec le VIH/sida, et par 380 millions de personnes vivant dans la pauvreté absolue.  Il a ajouté que ces tristes records s’expliquent en partie par des situations d’instabilité politique, de conflits armés et de guerres civiles qui ont prévalu dans de nombreux pays africains.  Mais il y a aussi et surtout l’impact négatif de la situation économique mondiale et la marginalisation de l’Afrique dans les échanges mondiaux de biens, de services et de capitaux.  La situation est telle que le dernier rapport sur le «Développement humain» prévoit que très probablement l’Afrique n’atteindra pas les Objectifs du Millénaire à la date convenue de 2015.


Par ailleurs, il s’est félicité de l’engagement africain en faveur du développement qui s’est traduit par la mise en place du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), et a souhaité que la communauté internationale accorde une attention particulière au continent africain en matière d’aide publique au développement (APD), de réduction de la dette et de commerce.  Rappelant la gravité de la situation de la dette africaine, il a estimé inappropriée l’Initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés.  A ce sujet, a-t-il dit, les dirigeants africains envisagent d’organiser en 2004 une conférence internationale sur la dette africaine.  S’agissant de l’échec des négociations commerciales menées à Cancùn, il a cité les effets dévastateurs sur les pays en développement des subventions agricoles versées par les gouvernements des pays développés à leurs producteurs.  A titre d’illustration, il a expliqué comment les subventions accordées à quelques milliers de producteurs de coton du Nord ont fait chuter de façon drastique les prix du coton, mettant en péril la survie de quelques 9 millions de personnes qui dépendent de cette culture dans la sous-région d’Afrique de l’ouest.


M. EDUARDO E. GALLARDO APARICO (Bolivie) a appelé au respect des engagements pris au niveau international.  Le système économique, financier, commercial et les technologies promues ne répondent toujours pas aux besoins des pays en développement, a-t-il affirmé.  La responsabilité en incombe à toutes les parties concernées, mais la principale responsabilité dans la transformation du système actuel incombe à ceux qui ont la plus grande influence dans l’orientation et le fonctionnement dudit système, a-t-il estimé.  Les efforts nationaux doivent donc être accompagnés d’un appui et d’une coopération de la communauté internationale.  Appelant à une libéralisation des marchés, le représentant a espéré qu’après l’expérience de Cancùn, les délibérations feront preuve de plus de souplesse pour assurer le développement des peuples.  Le commerce étant le moteur du développement, les pays développés doivent ouvrir leurs marchés aux PMA, a-t-il insisté. 


M. LANGMORE, Organisation internationale du travail (OIT), a déclaré qu’il était nécessaire de relancer le marché du travail pour pouvoir renforcer la reprise économique à l’horizon 2004.  Depuis la récession de 2001, le nombre de personnes sans emploi est passé de 160 à 180 millions d’individus.  Ceci représente non seulement une immense perte de revenus, mais également une perte de dignité et du sens de la vie pour ces personnes qui ne peuvent plus contribuer à l’essor de leur société.  A coté de ces chômeurs, il y a le problème de ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté alors qu’ils ont un emploi. 


Le représentant a ensuite prévenu que les Objectifs du développement du Millénaire ne pourront pas être atteints, si l’objectif d’un travail décent pour tous ne se réalise pas.  Il a regretté que la stratégie de la promotion de l’embauche ne soit pas une priorité des travaux de la Commission et a rappelé que la promotion de politiques d’emplois va de pair avec la réduction de la pauvreté.  Accorder un rôle central à l’emploi passe par des ajustements au niveau macroéconomique qui porteraient attention aux services d’éducation et de santé.  Soulignant l’importance du niveau régional en matière de promotion de l’emploi, il a précisé que l’OIT participe à la préparation d’une conférence régionale qui doit se tenir au Burkina Faso en 2004 sur le thème de la réduction de la pauvreté et la promotion de l’emploi. 


M. OUCH BORITH (Cambodge) a attiré l’attention de la Commission sur le fait que depuis le 11 septembre, les facteurs géopolitiques sont venus, aux côtés des contraintes de la mondialisation, peser sur l’économie mondiale.  Il a, en conséquence, appelé l’Assemblée générale et le Conseil économique et social à assumer leur rôle de «contrôleur» du respect des engagements pris au niveau international.  Faisant part des politiques économiques et sociales de son pays et des progrès qu’elles ont permis d’enregistrer, le représentant a souligné la nécessité pour ces politiques d’être appuyées par une action internationale à travers une approche holistique et collective.  Des questions telles que le déclin de l’Aide publique au développement (APD), le fardeau de la dette, la protection de l’environnement et la pandémie du VIH/sida doivent être résolues ensemble, a-t-il insisté en citant les pays développés, les pays en développement, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile.  A cet égard, il a souligné l’importance des investissements étrangers directs (IED) pour les pays les moins avancés (PMA).


MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré qu’à côté de la faiblesse de la reprise économique mondiale, des risques géopolitiques et des instabilités politiques continuent de freiner la reprise économique des pays en développement.  Il a regretté que ces pays aient eu à faire face à tous les mauvais aspects de la mondialisation sans avoir pu bénéficier de ces avantages.  En ce qui concerne l’échec des négociations commerciales de Cancùn, il a estimé qu’il était dû à certains pays qui campaient sur leur positions et décisions en ce qui concerne les subventions agricoles.  Rappelant que les échanges commerciaux sont un moteur puissant de la croissance, il a regretté que l’on ne donne pas aux pays en développement les moyens de tirer profit des opportunités de la mondialisation et du commerce international, notamment en raison des obstacles non tarifaires et des barrières douanières. 


Par ailleurs, il a tout particulièrement regretté la faiblesse du niveau des flux financiers en direction des pays les moins avancés(PMA), ceux de ces pays qui sont sans littoral se retrouvant marginalisés dans le commerce mondial et souffrant de coûts de transports excessifs du fait de leur situation de pays enclavés.  S’agissant de la situation du Népal, il a expliqué que son gouvernement a mis en place un programme en trois phases pour aider ses populations à satisfaire leurs besoins essentiels. 


M. SIDDIG MOHAMED ABDALLA (Soudan) a lancé un appel pour la mise en place d’un dispositif efficace destiné à évaluer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements économiques et sociaux pris au niveau international.  Constatant une contradiction «très forte» entre les ambitions exprimées et les actions conduites sur le terrain, le représentant a ajouté que les déséquilibres

de l’économie mondiale et le fossé croissant entre riches et pauvres ne pouvaient être éliminés que par des mesures capables d’augmenter le niveau des flux financiers dans les pays en développement à travers notamment le commerce.  Dans ce cadre, le représentant a réitéré son attachement à la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui permettra, a-t-il prévenu, de mesurer la volonté des pays du Nord d’appuyer les efforts de ce continent.


M. RADZI ARMAN (Malaisie) a salué la portée de la Conférence internationale de Monterrey qui a donné aux pays en développement de nouveaux espoirs en matière de dialogue intergouvernemental sur les questions de financement du développement.  Il a estimé que les pays en développement ne pourront trouver les ressources nécessaires à leur développement sans un environnement international propice au commerce international.  Il a également attiré l’attention sur les conséquences des récentes crises financières asiatiques qui, selon lui, ont démontré que l’architecture financière internationale n’est pas en mesure de faire face aux défis de la mondialisation.  Dans ce contexte, il a souhaité qu’une attention particulière et urgente soit accordée à l’amélioration des institutions financières internationales afin d’éviter que ne se reproduisent des crises financières particulièrement dévastatrices pour les pays en développement comme celles que l’on a connues. 


M. Arman s’est par ailleurs félicité de la Réunion de haut niveau qui s’est tenue le 14 avril dernier entre l’ECOSOC et les Institutions de Bretton Woods, et qui a notamment porté sur la bonne gouvernance économique et les réformes institutionnelles nécessaires à la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire.  Il a également estimé que la réalisation des Objectifs de Rio et de Johannesburg reste l’un des plus grands défis à relever par la communauté internationale.  C’est dans ce contexte que nous attendons avec impatience la tenue de la deuxième session de la Commission du développement durable, a déclaré le représentant.


M. STUART LESLIE (Belize) qui prenait la parole au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires, a souligné le caractère essentiel du multilatéralisme qui sous-tend la notion de sécurité collective, et qui offre un cadre propice à la quête d’équité et de justice dans la nouvelle donne économique et le nouveau paradigme commercial multilatéral.  Le travail de la Deuxième Commission couvre toutes ces questions et il est temps de redoubler d’efforts pour assurer la mise en œuvre des nombreux mandats qui lui sont conférés, a estimé M. Leslie.  S’attardant sur la question de l’examen décennal du Programme d’action de la Barbade prévu à Maurice en 2004, il a souligné qu’il s’agira d’évaluer la mise en œuvre des 14 domaines critiques identifiés dans ce texte.  Cette réunion devrait sensibiliser la communauté internationale à la situation vulnérable unique dans laquelle se trouvent les petits insulaires en développement.  Si le revenu par habitant de ces pays est assez élevé, il faut cependant savoir, a affirmé le représentant, qu’il ne fait que refléter la petitesse de ces Etats qui est elle-même un symptôme de sous-développement potentiel.  


M. ARMEN MARTIROSYAN (Arménie) a rappelé que son pays s’est attelé à construire un Etat, après la chute de l’Union soviétique, qui serait basé sur la démocratie et l’économie de marché.  Il s’est félicité de la portée du consensus de Johannesburg sur le développement durable en insistant sur la nécessité d’assurer la mise en œuvre intégrée de ses différents objectifs.  Nous nous concentrons sur le renforcement institutionnel et l’accès de nos produits aux

marchés des pays développés, et ceci a permis une croissance constante de notre PNB au cours des trois dernières années, a dit le représentant en ajoutant que l’an dernier le PNB de l’Arménie connu une croissance de 16%,tandis que ses exportations augmentaient de 40% au cours des huit premiers mois de l’année 2003.  Il a ensuite formé l’espoir que l’adhésion de son pays à l’OMC en janvier 2003 se traduise par des progrès économiques réels.


Il a ensuite dénoncé le blocus économique imposé à l’Arménie par deux pays voisins, qu’il a défini comme une atteinte au droit au développement de son pays.  Il a également présenté les progrès enregistrés par son pays en matière d’accès aux technologies de l’information et de la communication qui représentent un outil efficace pour le développement mais aussi pour la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Nous formons le vœu, a-t-il ajouté à cet effet, que le futur Sommet mondial sur la société de l’information dont la première phase se tiendra à Genève en décembre 2003 permette de jeter un pont sur la fracture numérique en offrant aux pays en développement et en transition de nouvelles opportunités de croissance.  Le représentant a également souligné l’importance de la récente Conférence internationale sur la coopération en matière de transport de transit qui s’est tenue au Kazakhstan en août 2003. 


M. DOMINIC SENGI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a estimé que la Commission pouvait jouer un rôle positif dans la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire et des résultats de Monterrey, de Johannesburg et de Doha.  Il ne fait aucun doute, a-t-il dit, que les pays développés sont sincères et veulent s’attaquer aux problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement.  Mais il faut qu’ils fassent preuve de compréhension a-t-il dit en encourageant l’OMC à reprendre les négociations du Cycle de Doha aussi rapidement que possible.  Venant à la question de la ratification du Protocole de Kyoto, le représentant s’est tourné vers les pays développés pour les appeler à prendre la tête du mouvement et à adopter les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.  La Commission, a-t-il dit, devrait s’efforcer de faire comprendre la situation à certain pays, notamment les Etats-Unis, la Fédération de Russie et l’Australie.  Concluant sur la question de l’examen décennal de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade, le représentant a appelé les pays développés et les autres parties prenantes à aider les petits Etats insulaires dans cet exercice important qui consistera à déterminer pour les années à venir les mesures à prendre pour relever les défis de la préservation de l’environnement et du développement.  


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