AG/EF/415

DES DELEGATIONS DENONCENT LE PROTECTIONNISME DES PAYS DU NORD ET “L’HYPOCRISIE” DES POLITIQUES COMMERCIALES ACTUELLES

11/11/02
Communiqué de presse
AG/EF/415


Deuxième Commission

30e séance – après-midi


Des dELEGATIONS dEnoncent le protectionnisme des pays du Nord et “l’hypocrisie” des politiques commerciales actuelles


“Il faut se féliciter que le commerce mondial reste le seul domaine de la vie internationale dans lequel le multilatéralisme prévaut encore.  L’unilatéralisme que l’on observe de plus en plus dans d’autres secteurs n’a pas encore fait son apparition dans le domaine des échanges commerciaux, où les Etats, petits ou grands, continuent de se soumettre aux arbitrages de l’Organisation mondiale du commerce”, a déclaré cet après-midi devant la Commission économique et financière M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  “Cependant”, a poursuivi M. Ricupero, “les sujets d’inquiétude sont nombreux, le premier étant la montée des protectionnismes”.


La question du commerce et du développement, dont la Deuxième Commission a entamé cet après-midi l’examen, a été jugée par les délégations comme étant le point central des débats relatifs à la promotion du développement et à la mobilisation des ressources nécessaires à son financement.  Prenant en premier la parole, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant du Venezuela, a estimé, après avoir condamné les pratiques protectionnistes qui se multiplient du coté des pays industrialisés, que sans une ouverture des marchés de ces pays aux produits en provenance des Etats en développement, ces derniers n’arriveraient pas à générer les ressources et la croissance dont ils ont besoin pour sortir de la pauvreté et amorcer un développement durable.


Appuyant les arguments développés par la délégation du Venezuela, la représentante de Singapour a estimé, en citant les rapports les plus récents de la Banque mondiale, du Fonds monétaire internationale (FMI), du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de la CNUCED, que les politiques imposées par les pays industrialisés à ceux du monde en développement dénotent une certaine hypocrisie.  “Car au moment même où l’on oblige les pays en développement à libéraliser, à réduire leurs tarifs douaniers et à ouvrir leurs marchés, on crée des barrières artificielles contre leurs produits dans les pays du Nord; en même temps ces pays versent d’énormes subventions agricoles à leurs producteurs dans le domaine qui est l’épine dorsale de la majorité des économies du Sud”.  Illustrant son point de vue, la représentante a dit que les pays en développement perdent des milliards de dollars et des millions d’emplois à cause de ces mesures protectionnistes.  Les subventions privent les pays en développement de toute compétitivité, a-t-elle dit, citant Mme Clare Short, Ministre britannique à la coopération et au développement, qui récemment a déclaré que “l’échec de la réforme de la Politique agricole commune européenne, signifiera la fin de l’Accord de Doha, dont les termes visaient à ouvrir les marchés agricoles mondiaux aux pays en développement”.


Selon la Banque mondiale, la suppression des barrières commerciales permettrait d’augmenter le revenu mondial de 2,8 trillions de dollars américains, et permettrait de tirer 320 millions de personnes de la pauvreté.  En terme de développement, l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires permettrait aux pays en développement de gagner plus de 182 milliards de dollars dans le secteur des services, 162 milliards en biens manufacturés et 32 milliards en revenus agricoles.  L’éducation pour tous, qui est l’un des principaux Objectifs de développement du Millénaire (ODM) coûterait 10 milliards de dollars par an, mais dans un cadre commercial équitable, les pays du Sud pourraient gagner 15 fois annuellement cette somme, a dit la délégation de Singapour.  Tous les ODM pourraient être réalisés, selon le FMI et la Banque mondiale, pour un coût total de 54 milliards de dollars par an, soit le tiers des revenus que les pays du Sud pourraient tirer chaque année du commerce.  Les profits que les pays du Sud pourraient tirer de la libéralisation du commerce, équivaudraient en fait à huit fois le montant qu’ils recevront de tous les programmes de réduction ou d’annulation de leur dette, a conclu la représentante de Singapour.


Dans son intervention, la représentante de la Communauté européenne, s’exprimant au nom de l’Union européenne, a déclaré que l’Union européenne est en faveur de la libéralisation du commerce et de l’amélioration de l’accès aux marchés européens des produits des pays en développement, notamment les pays les moins avancés.  L’Union européenne, a-t-elle indiqué, pense cependant que le seul accès aux marchés ne suffit pas à assurer le développement de ces pays qui doivent, en même temps, améliorer la gestion et la gouvernance au niveau local.


Outre les intervenants cités ci-dessus, la Commission a aussi entendu les représentants de Cuba, de la Fédération de Russie, de la Libye et du Mexique.


La Deuxième Commission poursuivra l’examen de la question du commerce et du développement demain, mardi 12 novembre, à 10 heures.



Questions de politique macroEconomique: commerce et dEveloppement


Rapport du Conseil du commerce et du développement sur les travaux de sa vingt-huitième réunion directive (Genève, 12 mars 2002) – A/57/15 - (Part I)


Le rapport traite des questions appelant une décision du Conseil du commerce et du développement, qui découlent des rapports et activités de ses organes subsidiaires ou qui s’y rattachent.  Dans ce contexte, sont présentés les rapports des quatre organes suivants : la Commission de l’investissement, de la technologie et des questions financières connexes sur sa sixième session (4-8 février 2002); de la Commission de l’investissement, de la technologie et des questions financières connexes sur sa sixième session (21-25 janvier 2002); de la Commission des entreprises, de la facilitation du commerce et du développement sur sa sixième session (18-21 février 2002); et du Groupe de travail du plan à moyen terme et du budget-programme sur la reprise de sa trente-huitième session (17 et 18 janvier 2002).


Dans sa deuxième partie, le rapport traite de la suite donnée par le Conseil du commerce et du développement au paragraphe 166 du Plan d’action de Bangkok, avant d’aborder dans sa troisième et dernière partie les questions institutionnelles, questions d’organisation, questions administratives et questions connexes.


Rapport du Conseil du commerce et du développement sur sa dix-neuvième session extraordinaire (Bangkok, 29 avril au 2 mai 2002) - A/57/15 - (Part II)


En ouverture de ce rapport, il est rappellé qu'à sa 24ème réunion directive, en mai 2000, le Conseil du commerce et du développement a décidé de réaliser un examen à mi-parcours des activités de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) au cours du deuxième trimestre de l'année 2002, sur la base des indicateurs de résultats approuvés dans le plan à moyen terme.  Il a également dècidé d'examiner le fonctionnement du mécanisme intergouvernemental de la CNUCED.  A sa 48ème session, tenue en octobre 2001, le Conseil a décidé d'accepter l'offre de la Thaïlande d'accueillir la réunion d'examen à mi-parcours dans la ville de Bangkok.  Dans sa résolution 56/178 du 21 décembre 2001, l'Assemblée générale s'est félicitée de la décision prise par le Conseil du commerce et du développement de procéder, à Bangkok, du 29 avril au 3 mai 2002, à l'examen à mi-parcours de la suite donnée aux conclusions de la Xème session de la CNUCED.  A cet égard, elle a exprimé sa profonde gratitude au Gouvernement thaïlandais qui avait offert d'accueillir la réunion.


Le rapport contient les comptes rendus des travaux de cette session extraordinaire du Conseil du commerce et du développement.  La première partie du rapport est consacrée aux observations faites sur l'efficacité et le fonctionnement du mécanisme intergouvernemental de la CNUCED, tandis que dans la deuxième partie figure le bilan de la mise en oeuvre des engagements et du programme de travail adoptés dans le Plan d'action de Bangkok, lui-même issu des travaux de la Xème session de la CNUCED.  Après un aperçu du résumé des débats interactifs et du dialogue directif de haut niveau, établi par le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlanade, le rapport contient les conclusions relatives à l'examen à mi-parcours, présentées par le Secrétaire général de la CNUCED, M. Rubens Ricupero.


Dans ses conclusions, M. Ricupero rappelle que cet examen à mi-parcours s'est déroulé à la suite de trois très importantes conférences internationales, à savoir celle de Bruxelles sur les pays les moins avancés; celle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), tenue à Doha au Qatar, et celle de Monterrey, consacrée au financement du développement.  Au cours de ces conférences, déclare M. Ricupero, il a été reconnu qu'il fallait réintroduire la dimension du développement dans les débats sur la gestion du commerce international, du financement international et de l'investissement, de façon à permettre aux pays en développement de réaliser leur plein potentiel dans un environnement mondial économiquement et financièrement globalisé.  Ensuite, ces conférences ont fait ressortir la nécessité, pour les gouvernements et les décideurs des pays en développement, d'assumer une plus grande responsabilité de leurs propres actions et de leur propre destin économique.


Lorsque la CNUCED a été créée il y a une quarantaine d'années, l'objectif de croissance pour les pays en développement était de 5 à 6% par an, indique M. Ricupero.  La région d'Asie de l'Est a démontré que cet objectif n'était pas déraisonnable et qu'il n'était pas impossible à atteindre.  D'autres régions du monde n'ont pas pu y parvenir; mais si quelques pays et quelques zones géographiques y sont arrivés, c'est sans doute que la voie suivie est la bonne, mais qu'elle est trop étroite.  Nous devons donc l'élargir au moyen des réformes nécessaires de l'environnement extérieur et en même temps conforter les économies nationales dans leurs efforts afin de tirer des enseignements des succès en matière de développement et d'exploiter au mieux les possiblités existantes.


La CNUCED tient à souligner la nécessité d'établir des liens utiles entre les négociations commerciales et le renforcement du secteur productif, dit M. Ricupero dans les conclusions de ce rapport.  Plutôt que d'attendre le résultat des négociations commerciales, il faut s'employer à renforcer les capacités d'exportation des pays avant même la fin de ces négociations.  Il faut aussi obtenir des résultats qui soient profitables aux secteurs dans lesquels les pays du Sud peuvent accroître leurs capacités d'exportation commerciale.  Ceci signifie qu'au lieu d'adopter une attitude défensive, ces  pays doivent aller de l'avant, formuler des positions conformes à leurs intérêts commerciaux, et négocier ces positions dans des conditions qui leur permettent d'obtenir des résultats positifs, avec notamment la prise en compte de leurs intérêts dans le résultat final des négociations.  Pour la CNUCED, les pays en développement doivent être associés, à part entière, et sur un pied d'égalité, à la définition de leurs objectifs de développement et de leurs options de politique générale.  L'équilibre à trouver entre responsabilités intérieures et responsabilités internationales est certes difficile, mais il ne fait aucun doute qu'à la Conférence de Bretton Woods en 1944, la conception du multilatéralisme était que des pressions internationales défavorables ne devaient pas être absorbées au moyen de mesures sacrifiant la croissance et l'emploi.  La CNUCED pense que la mondialisation sans une véritable interdépendance conduit à une véritable détérioration des conditions du développement.


Rapport sur le Commerce international et développement (A/57/376)


Le rapport rend compte, en application de la résolution 56/178 de l'Assemblée générale, de l’évolution du système commercial multilatéral.  Il évoque la portée de la Quatrième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’est tenue à Doha (Qatar) du 9 au 14 novembre 2001, sur fond de stagnation économique et dans certains cas de déclin du commerce international.  Il rappelle qu’en 2001, le commerce mondial a enregistré un taux de croissance de moins de 1% en volume total des exportations mondiales, soit une baisse substantielle par rapport au taux de 11% enregistré en 2000.  Ce ralentissement, précise le rapport, tient essentiellement à la baisse de la demande mondiale pour les produits des technologies de l’information et de la communication. 


Par ailleurs, il est noté que le faible niveau de la croissance sur les principaux marchés est fort inquiétant pour les exportations des pays en développement et il est peu probable que la demande des importations des pays développés reprenne véritablement avant le second semestre 2002.  Les conditions économiques actuelles et la sensibilité du commerce international à la reprise, insiste le rapport, montrent l’importance des négociations menées dans le cadre de l’OMC pour remettre la reprise sur les rails.  Dans ce contexte, le rapport présente le programme de travail de l’OMC après la Conférence de DOHA dans les secteurs comme l’agriculture (accès aux marchés, politiques de concurrence à l’exportation, mesures de soutien interne), les produits industriels, les services, le commerce et investissement, le commerce et politique de la concurrence, le commerce et environnement, le commerce dans le contexte de la dette et des finances, le transfert de technologie ou encore les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC).  Parmi les autres points évoqués figurent les marchés publics, le commerce électronique, la facilitation des échanges, les petites économies, les pays les moins avancés, le traitement spécial et différencié, la coopération technique et le renforcement des capacités. 


Enfin, le rapport souligne l’importance du rôle de la CNUCED, notamment de son programme relatif aux initiatives de négociation qui a été mis en place après la Première Conférence ministérielle de l’OMC, tenue à Singapour en décembre 1996, pour aider les pays en développement à se préparer aux négociations commerciales.  Il reste encore à savoir, conclut le rapport, si l’actuel programme de travail de l’OMC approuvé à Doha atteindra ses objectifs de développement.  Cela dépendra pour une très large part des efforts qui seront faits pour répondre aux besoins économiques des pays en développement, notamment en ce qui concerne le traitement spécial et différencié, les périodes de transition, l’assistance technique et la mise en place de filet de sécurité sociale et d’autres formes d’appui en faveur des pays et secteurs qui pourraient se ressentir des résultats des négociations. 


Déclaration liminaire


M. RUBENS RICUPERO, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a déclaré que, contrairement à ce qui se passe dans d’autres secteurs de la vie internationale, où les décisions se font de plus en plus de façon unilatérale, le commerce international et le multilatéralisme continuent de marcher main dans la main.  Les pourparlers qui se poursuivent à Genève, au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), montrent que tous les pays, puissants et moins puissants, semblent accepter l’arbitrage de l’OMC.  Le danger qui se profile à l’horizon tient cependant au fait que des tendances croissantes se font jour en faveur de la recherche d’accords régionaux qui “favoriseraient,” selon certains, le libre commerce dans certaines régions.  Ces accords posent des dangers parce qu’ils attaquent le cœur même du système multilatéral.  Il y a quelques années, un pays comme les Etats-Unis n’aurait jamais eu recours à des accords commerciaux régionaux qui sortent du cadre global.  Juste après Doha, le Japon, le Singapour et d’autres pays se sont mis à signer des accords préférentiels entre eux.  Le problème qui se pose est de savoir si ces arrangements sont réellement ouverts et si d’autres pays peuvent y adhérer.  On a plutôt l’impression que ces accords visent à créer des zones préférentielles dont les mécanismes de fonctionnement constituent des bases de discrimination réelle envers ceux qui n’en sont pas au départ membres.


La réalité est que le système commercial multilatéral n’a jamais été de créer un cadre totalement ouvert, mais plutôt de mettre en place un cadre non discriminatoire.  Le GATT a créé la notion de “nation la plus favorisée” pour éviter justement les accords à caractère discriminatoire.  Nous ne pensons donc pas que le type d’accords qui est en ce moment promu soit non discriminatoire.  L’OMC ne pourra rien faire contre ce type d’arrangements, parce que son statut ne le lui permet pas.  Néanmoins, si les négociations de Doha suivaient leur cours normal, les pays en développement, notamment les moins avancés, pourraient trouver des voies de sortie au cadre actuel.


S’agissant d’un nombre de questions importantes, certains pays cherchent par exemple à réinterpréter ce qui avait eté convenu à Doha.  On peut le voir dans la question des médicaments et celle des règles de propriété intellectuelle.  On essaie de modifier les termes qui permettraient à certains pays de bénéficier de médicaments pour la lutte anti VIH/sida sur des bases préférentielles et on cherche à créer des conditionnalités et à ajouter d’autres pays sur cette liste, selon des intérêts inavoués.  Les secteurs où les pays en développement jouissent d’avantages comparatifs continuent d’être surtaxés.  Par exemple, les Etats-Unis imposent au Bangladesh des taxes de 14% sur ses textiles et n’imposent que 1% de taxe aux produits textiles de luxe français.  Sur la question agricole, l’OMC tiendra une réunion à Cancun, au Mexique, l’an prochain.  Tout le monde, notamment les pays du Sud, espère que des accords pourront y être conclus.  Malheureusement, parmi des pays comme les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne, seuls les Etats-Unis ont fait des propositions concrètes, alors que le Japon et l’Union européenne se distinguent par leur silence sur une question qui est pourtant cruciale pour les pays en développement.  Or, nous savons que l’on ne peut avoir de libéralisation sélective.  Cette Commission est chargée d’assurer le suivi des grandes conférences, dont celle de Monterrey.  Mais nous devons aussi parvenir à la mise en œuvre de leurs engagements, ce qui doit vous amener à faire des évaluations distinctes de la mise en œuvre des engagements de chaque conférence, qui sont liés les uns aux autres.  Si par exemple les promesses de financement du développement ne sont pas tenues, tout l’édifice de Bruxelles et de Johannesburg s’effondre.  Le commerce est le point central de la mobilisation des ressources nécessaires au financement.  Vous devez donc en étudier soigneusement les structures, les mécanismes et les négociations et stimuler le respect de tous les engagements qui y ont trait. 


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. VICENTE VALLENILLA (Venezuela) a souligné le caractère vital du commerce pour les pays en développement comme source primordiale de création de richesse.  Il a regretté que l’on ait pu progresser sur des questions aussi élémentaires que le commerce international lors de la Commission préparatoire au niveau ministériel, qui s’est tenue à Bali (Indonésie).  Il a souligné le danger de ne pas avoir des règles respectées par tous.  Il a précisé que la part des pays développés dans l’économie mondiale est passé de 73% en 1980, à 77% en 1999, alors que celle des pays en développement stagnait sous les 20%.  L’ouverture des marchés du Nord, a-t-il ajouté, constitue la question la plus importante pour lutter contre la pauvreté et atteindre les Objectifs du Millénaire.  A titre d’illustration, il a estimé que plus de 700 milliards de dollars de recettes d’exportation pourraient être réalisés par les pays en développement si l’on mettait fin au protectionnisme qui protège les activités agricoles des pays industrialisés.  Dans ce contexte, il a regretté que peu de progrès aient été réalisés dans les travaux de l’OMC sur les questions d’un intérêt particulier pour les pays en développement, tout en insistant sur le fait que le processus de Doha reste d’une grande crédibilité.


Par ailleurs, il a précisé que la somme totale des subventions agricoles des pays de l’OCDE s’élève à 365 milliards de dollars soit 1 milliard par jour.  Il est vital, a-t-il ajouté à cet égard, que les négociations sur l’agriculture contribuent à éliminer cette injustice.  La crédibilité du Processus de Doha repose également sur la capacité de résoudre les problèmes générés par la mise en œuvre des accords de l’Uruguay.  Les mesures protectionnistes perdurent malgré les progrès réalisés et la déclaration de Doha, notamment dans les domaines de l’agriculture, du textile et des produits manufacturés, a-t-il regretté.  Les frustrations demeurent les mêmes et les mesures protectionnistes et douanières entravent les flux commerciaux et empêchent les pays en développement d’atteindre les buts de la libéralisation commerciale.  En outre, il s’est dit préoccupé par la lenteur du processus d’adhésion à l’OMC.  Il est utile que l’on explique les accords asymétriques entre les pays développés et les pays en développement et qu’il y ait un renforcement des capacités des pays en développement post-Doha.  Il a salué le rôle décisif de la CNUCED en matière de soutien analytique et technique pour améliorer les capacités humaines et techniques des pays en développement pour favoriser leur intégration à l’économie mondiale.


Mme DITTE JUUL-JORGENSEN, Représentante de la Communauté européenne, a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que l’Union partage le point de vue selon lequel le commerce peut accélérer la croissance, promouvoir le développement et réduire la pauvreté.  L’Union européenne soutient la libéralisation du commerce mondial et a été un des principaux acteurs de l’Accord de Doha.  Nous réitérons les engagements que nous avions pris à Doha en ce qui concerne l’accès aux marchés, en particulier pour les produits dans lesquels les pays en développement ont des avantages comparatifs.  Mais nous pensons que le seul accès aux marchés ne suffit pas.  L’accès aux marchés doit être appuyé par de bonnes politiques au niveau national et par une véritable appropriation, par les pays pauvres, de leurs stratégies de réduction de la pauvreté.

C2.4Cuba


M. ORLANDO REQUEIJO (Cuba) évoquant le marasme économique qui frappe le monde et les pays en développement en particulier, a déclaré que le système actuel du commerce international doit être changé pour aboutir à un système plus équitable pour les pays en développement.  Il a regretté que l’on demande au pays en développement d’ouvrir leurs marchés alors que les pays développés font preuve de plus en plus de protectionnisme.  Il a dénoncé l’injustice des subventions aux producteurs de coton américains qui portent atteinte aux producteurs de coton africains.  Il a précisé que le montant total de ces subventions américaines est supérieur au PNB du Burkina Faso et représente le triple du montant de l’aide des Etats-Unis au développement du continent africain.  Dans ce contexte, il a souligné la nécessité d’obtenir des accords au service du développement et l’application du Consensus de Doha.  Il a évoqué le rôle important de la CNUCED, pour aider les pays en développement à participer de manière plus efficace aux travaux de Doha et à l’économie mondiale.  En conclusion, il a déclaré qu’il est indispensable de créer un ordre mondial qui corrige les inégalités et asymétries qui existent entre les pays en développement et les pays développés.


M. ISAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que le commerce international doit être la première source de revenus budgétaires des pays en développement.  La mise en place des structures d’un commerce international juste est la première question que doit résoudre la communauté internationale.  Le protectionnisme qui se développe dans les pays riches doit prendre fin.  Il est temps de passer des grands discours aux actes concrets, et il faut faciliter le processus d’accession des pays en transition à l’OMC qui doit devenir une organisation réellement universelle.  La Fédération de Russie estime que les négociations commencées à Doha doivent se poursuivre sans heurt.  L’admission de la Russie à l’OMC devrait se faire sans qu’on lui pose d’obstacles d’ordre purement politique comme ceux invoqués dans le concept “OMC plus”.  Dans le domaine agricole, notre pays est pour l’élimination des subventions à l’exportation, et nous tenons à ce que soit maintenue l’architecture de l’Accord sur le commerce et les services adopté à l’issue des négociations du Cycle d’Uruguay.  Nous considérons que l’inclusion de la “problématique des nouvelles sphères” serait bénéfique à une participation de pays comme la Fédération de Russie.  La CNUCED est pour nous un des forums mondiaux les plus importants en cette ère de mondialisation et d’accélération de l’usage des technologies.  Notre pays soutient le programme de coopération technique proposé par la CNUCED au profit des pays les moins avancés, en transition et en développement, pour les aider à prendre part aux pourparlers relatifs au cycle de négociations commerciales lancé à Doha.


Mme SUSAN GOH (Singapour) a déclaré que l’hypocrisie est une caractéristique de l’être humain.  Nous prêchons tous la vertu mais ne la pratiquons cependant pas dans nos propres vies.  Il en est ainsi des hommes comme des Etats.  Nicholas Stern, Economiste en chef de la Banque mondiale, a dit «qu’il est hypocrite d’encourager les pays pauvres à ouvrir leurs marchés alors que nous leur imposons des mesures protectionnistes qui profitent à nos puissants lobbies et intérêts».  Les obstacles qui sont régulièrement posés aux importations, notamment dans le domaine agricole et dans celui des textiles, ne sont pas de simples péchés de la part des pays riches.  L’hypocrisie du commerce international a des conséquences sérieuses sur la vie de millions de personnes dans le monde en développement.  Des milliards de dollars et des millions d’emplois y sont perdus à cause des mesures protectionnistes.  L’agriculture est l’épine dorsale de la plupart des économies en développement.  Mais les énormes subventions qui sont versées par les pays riches à leurs producteurs agricoles enlèvent aux pays en développement toute chance d’être compétitifs sur les marchés mondiaux.  C’est au vu de ces distorsions que l’agriculture a été placée au centre des négociations de l’OMC de Doha.  L’ancien représentant américain au commerce, M. Clayton Yeutter, a noté que c’était la première fois, depuis le Cycle d’Uruguay, que les pays avaient une chance de discuter sérieusement des questions agricoles.  Mme Clare Short, Ministre britannique pour les questions de développement a quant à elle déclaré que “l’échec de la réforme de la Politique agricole commune européenne signifiera la fin de l’Accord de Doha, qui vise à ouvrir les marchés agricoles mondiaux aux pays en développement”.


Le Singapour estime qu’au moment où le commerce international a connu un net ralentissement, passant d’un taux de progression de 12% en l’an 2000 à seulement 2% cette année, la communauté internationale doit prendre des mesures de redressement.  Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les perspectives économiques estime que la suppression des barrières commerciales permettrait d’augmenter le revenu mondial de 2,8 trillions de dollars américains et permettrait de tirer 320 millions de personnes de la pauvreté.  En terme de développement, l’élimination des barrières tarifaires et non tarifaires permettrait aux pays en développement de gagner plus de 182 milliards de dollars dans le secteur des services, 162 milliards en biens manufacturés et 32 milliards en revenus agricoles.  Des études récentes montrent que le coût de réalisation de l’un des Objectifs de développement du Millénaire (ODM), l’éducation, s’élève à 10 milliards de dollars par an.  Les pays du Sud pourraient gagner 15 fois cette somme si les termes d’un commerce juste leur étaient offerts.  Tous les ODM pourraient être réalisés, selon le FMI et la Banque mondiale, pour un coût total de 54 milliards de dollars par an, soit un tiers des revenus que les pays du Sud pourraient tirer annuellement du commerce.  Si les mesures protectionnistes étaient réduites de moitié, ces pays auraient 150 milliards de revenus supplémentaires par an, soit 3 fois le montant total de l’APD.  Les profits que les pays du Sud pourraient tirer de la libéralisation du commerce équivaudraient à huit fois le montant qu’ils recevront de tous les programmes de réduction ou d’annulation de leur dette.  Le Singapour partage l’analyse du Rapport sur le développement humain du PNUD, quand il dit que “le défi de la mondialisation n’est pas d’arrêter l’expansion des marchés.  Le véritable défi est de trouver de meilleures règles de gouvernance locales, nationales, régionales et mondiales pour que la mondialisation soit profitable à tous les pays et à tous les peuples.”


M. JABER ALI J. RAMADAN (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que le commerce est un des éléments les plus importants de la stratégie de développement.  Selon lui, il faudrait intégrer les pays en développement et les pays en transition dans le système commercial international.  De plus, il faudrait supprimer les droits de douanes.  Le représentant a d'autre part attiré l'attention sur les faiblesses en matière d’infrastructures commerciales des pays en développement et a dénoncé les mesures protectionnistes des pays développés, mesures qu’il considère comme autant d'obstacles au progrès économique et social.  Les consensus des Conférences de Doha, Monterrey et Johannesburg concernent, entre autres, une plus grande participation des pays en développement au commerce international et un accès moins problématique de ces pays, notamment des PMA, à l’OMC.  La Réunion ministérielle sur le transport de transit, qui se tiendra au Kazakhstan en décembre 2003, devrait permettre d’améliorer la situation des pays sans littoral dans ce domaine.  Dans le même ordre d’idées, le représentant a émis l'espoir que le Sommet mondial sur l’information, qui se tiendra à Genève l’année prochaine, offrira l’occasion à tous les pays d’avoir accès équitablement aux technologies de l’information et de la communication et de combler le fossé numérique entre pays développés et pays en développement.


M. CARLOS VALERA (Mexique) a déclaré que le multilatéralisme reste la seule voie à suivre pour renforcer le commerce international, principal pilier de la mobilisation des ressources en faveur du développement.  Il est temps d’éliminer les distorsions qui sont posées au développement du commerce des pays en développement.  Le Mexique espère que les progrès qui avaient été faits à Doha pourront garantir un cycle de négociations pouvant aboutir à la création d’un cadre plus juste.  Nous demandons l’élimination des subventions agricoles et de celles accordées aux exportations des produits des pays riches.  Les subventions agricoles représentent 5 fois les montants totaux de l’APD mondiale et cette politique est inacceptable.  Nous espérons que la réunion ministérielle que notre pays accueillera l’an prochain à Cancun permettra de mettre fin aux mesures protectionnistes les plus criantes, notamment celles qui sont posées aux exportations agricoles et textiles des pays en développement.


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