En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/405

DEUXIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS PRECONISENT UN MECANISME CHARGE D’EVALUER LE SUIVI DES RECOMMANDATIONS DES GRANDES CONFERENCES INTERNATIONALES

31/10/02
Communiqué de presse
AG/EF/405


Deuxième Commission

21e et 22e séances – matin et après-midi


DEUXIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS PRECONISENT UN MECANISME CHARGE D’EVALUER LE SUIVI DES RECOMMANDATIONS DES GRANDES CONFERENCES INTERNATIONALES


Les Etats-Unis, le Japon et l'Australie doutent de l’efficacité

des évaluations quinquennales et décennales sous leur forme actuelle


La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné aujourd’hui la question de l’application du suivi intégré et coordonné des résultats des grandes conférences et réunions au sommet organisées sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies dans les domaines économique et social. 


Estimant nécessaire la création d’un mécanisme de suivi intégré et coordonné, les délégations membres du Groupe des 77 et de la Chine, ainsi que celles faisant partie de l’Union européenne, ont déclaré que le rôle de l’Assemblée générale devait être renforcé en vue de promouvoir une meilleure cohérence et de meilleures synergies entre les institutions du système des Nations Unies.  De la sorte, cela faciliterait la mise en œuvre des recommandations et des engagements pris par la communauté internationale à l’issue des grandes conférences organisées par l’ONU au cours des années 1990.  Pour faciliter l’identification des tâches à accomplir et établir un bilan succinct de la mise en œuvre des programmes et des plans d’action économiques et sociaux adoptés au cours de cette période, les représentants du Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine et du Danemark, au nom de l’Union européenne, ont demandé la création d’un groupe de travail à composition non limitée qui travaillerait sous la direction du Président de l’Assemblée générale et devrait remettre ses conclusions avant la clôture de la 57ème session de l’Assemblée.  La mise en œuvre des engagements figurant dans la Déclaration du Sommet du Millénaire et la réalisation des Objectifs de développement qu’elle renferme sont la première cible que doit se donner la communauté internationale afin d’accélérer la lutte contre la pauvreté, ont estimé les délégations.


Pour leur part, les représentants du Japon, de l’Australie et des Etats-Unis ont mis en doute l’utilité des conférences d’évaluation et d’examen quinquennal ou décennal de la mise en œuvre des engagements pris par les Etats au cours des grandes rencontres internationales.  Ces rencontres et ces réunions d’évaluation, ont estimé ces délégations, ont coûté beaucoup d’argent, de temps et d’énergie pour aboutir finalement à des résultats discutables.  Les fonds et autres ressources qui leur ont été alloués

auraient sans doute été mieux utilisés s’ils avaient été mis au service d’un meilleur fonctionnement des agences opérationnelles des Nations Unies et de l’amélioration de la vie des populations dans les pays défavorisés, ont-elles estimé.  Tout en acceptant l’idée de la création, auprès de l’Assemblée générale, d’un mécanisme chargé de l’évaluation de la mise en œuvre des engagements et des plans d’action en faveur du développement, le représentant du Japon a estimé que ce mécanisme devait être intégré dans le système existant de l’ONU et ne devait pas entraîner la création d’une nouvelle structure administrative ou technique et l’allocation de budgets supplémentaires.


Avant l’examen de ce point, la Deuxième Commission avait terminé, ce matin, celui de la question de la mise en œuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, dont elle avait commencé* à débattre hier.


Outre les délégations citées plus haut, la Commission a entendu aujourd’hui les représentants de la Norvège, de la Chine, de la Fédération de Russie, du Pakistan, du Mexique, de l’Inde, de la Croatie, de l’Egypte, de l’Indonésie, de la Tanzanie, du Brésil, de l’Iraq, d’Israël, de la Jordanie, du Kenya, du Malawi, du Liban, du Mali, du Népal, des Philippines, de l’Afrique du Sud, du Suriname, de la Tunisie et de la Zambie.


Le représentant du Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits Etats insulaires en développement et le Directeur de la Division de l’appui et de la coordination du Conseil économique et social ont également pris la parole.  Les représentants du Liban et d’Israël ont exercé leur droit de réponse.


La Commission économique et financière poursuivra ses travaux demain, vendredi 1er novembre, à 15 heures, en entamant l’examen du point de son ordre du jour relatif à la mondialisation et à l’interdépendance.


* Voir notre communiqué de presse publié sous la cote AG/EF/404


MISE EN OEUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE


Déclarations


M. BOB F. JALANG’O (Kenya) a émis des doutes quant à la possibilité d’atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de lutte contre la pauvreté et la faim.  Il a noté que d’après les dernières estimations de la Banque mondiale, sur 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour, 300 millions se trouvent en Afrique subsaharienne.  Dans le même temps, on constate que le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté de 26 millions dans les années 90 dans cette région.  Ce scénario, a-t-il précisé, est aggravé par la prévalence du VIH/sida et d’autres maladies contagieuses.  Le niveau élevé de migration urbaine a conduit à la croissance des bidonvilles.  Aujourd’hui 56% des Africains venus s’installer dans les villes, vivent dans des bidonvilles.  Par chance, a-t-il souligné, le sous-continent dispose de ressources abondantes et avec la détermination des gouvernements en matière de bonne gouvernance, les conséquences des fléaux qui nous frappent pourront être allégées. 


Par ailleurs, le représentant du Kenya a souligné que le fardeau de la dette a limité la capacité des pays en développement à faire face aux problèmes qui les frappent.  La plupart de nos pays dépendent de nos produits agricoles et de leurs exportations, a-t-il également déclaré.  C’est pourquoi, a t-il dit, les partenaires commerciaux devraient démanteler les barrières qui entravent l’accès des produits agricoles africains aux marchés des pays développés.  Il a formé le vœu que la pleine mise en œuvre des conclusions des grandes conférences des Nations Unies soit la priorité de toutes les délégations.  Il s’est félicité de la décision de créer un fonds mondial de solidarité destiné à la lutte contre la pauvreté pour parvenir aux Objectifs du Millénaire.  Pour réussir, a-t-il conclu, les ressources pour le développement doivent être fournies de manière prévisible et durable.


Mme CHRISTINE LEONARDO.(Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a déclaré que l’assistance aux personnes et aux groupes les plus vulnérables devrait être le premier objectif de la lutte contre la pauvreté.  Notre Fédération, et notamment la Croix-Rouge américaine, mène des actions essentiellement centrées sur l’aide aux populations victimes de catastrophes naturelles.  Nous estimons que ces populations devraient avoir un accès assuré aux secours et aux soins de santé.  Notre Fédération travaille avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croisant-Rouge pour améliorer les mesures de prévention contre la menace des épidémies, et notamment de la pandémie du VIH/sida. 


De ce fait, nous sommes impliqués dans de nombreux programmes de lutte contre la pauvreté.  Notre Fédération tient à dire qu’il faudrait améliorer la coordination des efforts, notamment entre les actions gouvernementales et l’appui que leur apportent les organisations non gouvernementales comme la nôtre.  Ensuite, nous aimerions que la communauté internationale prenne conscience du fait que la pauvreté n’est pas un phénomène qui se limite aux pays en voie de développement.  On constate de plus en plus la montée de ce phénomène dans les pays riches, où des poches de misère urbaine et parfois rurale côtoient l’opulence la plus visible.  Des mesures d’aide devraient être instituées en faveur des groupes victimes de cette montée de la pauvreté dans les pays du Nord.


Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré qu'en dépit du fait que, entre 1990 et 1999, son pays a pu réduire de 25% le nombre de personnes vivant dans la pauvreté, il y a encore un tiers de la population du Brésil, soit 47 millions de personnes vivant dans la pauvreté.  Pourtant, le Brésil a mis en œuvre de nombreux programmes sociaux en matière de santé, d’éducation, de développement rural, d’emploi, de sécurité sociale et d’intégration nationale.  De plus, a ajouté la représentante, le nouveau gouvernement élu continuera à promouvoir la décentralisation, pour favoriser la prise de décision et la participation de la société civile à tous les efforts.  Le Brésil, a-t-elle rappelé, a signé avec les Nations Unies, au début du mois, un accord portant création, à Rio de Janeiro, d’un Centre international pour l’élimination de la pauvreté.  Après avoir indiqué que tous les efforts déployés par les pays en développement resteront insuffisants dans un environnement économique international défavorable, elle a expliqué que, dans ce contexte, le commerce restera un outil décisif pour l’élimination de la pauvreté.  Il faudrait qu'à la base, les produits agricoles et manufacturés des pays en développement puissent trouver des débouchés sur les marchés des pays développés.  En conclusion, Mme Viotti s’est félicitée de la décision de créer un fonds mondial de solidarité, décision qu’elle a définie comme un signe clair de volonté politique, de détermination et d’engagement pour éliminer la pauvreté et promouvoir le développement durable dans les pays en développement.


Mme LINDA VUYOLWETHU SHONGWE (Afrique du Sud) a salué les consensus de Monterrey et de Johannesburg et a formé le vœu que les pays développés fassent preuve du soutien requis  en matière d’aide publique au développement et de flux financiers pour soutenir les stratégies de développement des pays en développement.  Elle s’est félicitée de la décision de créer un Fonds mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté.  En ce qui concerne la politique et la stratégie de son pays en matière de lutte contre la pauvreté, elle a précisé que l’Afrique du Sud a axé ses priorités en direction des enfants, des personnes âgées, des handicapés, des victimes du VIH/sida et des femmes, tout particulièrement dans les zones rurales.  Après avoir évoqué la récente inflation des prix de la nourriture due à la dépréciation de la monnaie nationale sur les marchés internationaux, ce qui a porté atteinte à la qualité de vie des plus démunis, la représentante a indiqué qu’en réponse à ce phénomène, le Gouvernement sud-africain a mis en place un Fonds de 400 millions de rands pour la fourniture de l’aide alimentaire d’urgence.


Par ailleurs, la représentante de l’Afrique du Sud a précisé que le gouvernement continue d’accorder une attention particulière aux communautés rurales qui connaissent une forte concentration de pauvres, attention qui s’est traduite par la mise en place d’une stratégie pour le développement rural intégré.  Dans le même ordre d’idée, a-t-elle ajouté, un programme a été mis en place à destination des jeunes et des victimes du VIH/sida dans les zones urbaines.  La mise en place de ces programmes devraient générer environ 60 000 emplois dans les trois années à venir.  Elle s’est dit persuadé que le développement humain et l’amélioration de la qualité de la vie ne pourront se faire qu’en résolvant les problèmes spécifiques des populations. 


M. ANTONIO V. CUENON (Philippines) a déclaré que la lutte contre la pauvreté, du fait de ses liens avec les autres problèmes et de son caractère central en matière de développement durable, doit être traitée de façon prioritaire par tout le système des Nations Unies. Car, le fléau de la pauvreté ne connaît pas de frontière et menace la stabilité et la paix internationales.  A l'échelle planétaire, on estime que 1,1 milliard de personnes n’ont pas accès à l’eau potable, 130  millions d’enfants en âge scolaire, en majorité des filles n’ont pas accès à l’école.  S'il est vrai que le développement national est la responsabilité première de chaque pays, il n'en demeure pas moins que la coopération multilatérale, notamment en matière de ressources financières, de transfert de technologies et de renforcement des capacités, est fondamentale.  Nous avons besoin d’investissements étrangers directs substantiels pour nous permettre de promouvoir un réel développement durable, basé sur une croissance économique soutenue et le bien-être des populations. 


M. Cuenon par ailleurs a souligné que son pays s'efforce de garantir un climat propice aux investissements et à la bonne gouvernance dans le secteur public et privé.  Actuellement en déclin, l'aide publique au développement devrait reprendre, de même qu'il faudrait permettre que les produits des pays en développement aient un meilleur accès aux marchés des pays développés.  Le représentant s'est félicité des résultats obtenus aux récentes dernières grandes Conférences des Nations Unies, notamment le Processus de Monterrey et le Plan d’application adopté à Johannesburg pour aider les pays en développement à orienter leurs sociétés vers le développement durable.  Il a salué la décision de créer un fonds mondial de solidarité pour aider à atteindre les objectifs en matière de lutte contre la pauvreté d’ici 2015.  Nous avons les outils, il manque une volonté politique affirmée pour les appliquer, a-t-il conclu.  Le miracle ne viendra pas du ciel et nous devrons y travailler année après année par le biais d’actions concrètes. 


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a déclaré que l’objectif commun de la communauté internationale doit être d’éradiquer la pauvreté et de promouvoir l’inclusion et la justice, afin d’intégrer tous les marginalisés dans l’économie et la société mondiale.  Il est à cet égard indispensable de mobiliser les ressources intérieures aux fins du financement de la lutte contre la pauvreté, de stimuler l’épargne nationale, de favoriser un climat propice aux investissements étrangers directs (IED), d’adopter des mesures macroéconomiques efficaces et cohérentes, et d’encourager le secteur privé.  Il faut permettre à chaque individu d’accéder à un emploi rémunéré et de bénéficier de services d’éducation, en particulier pour les femmes et les filles, et  promouvoir l’accès au microcrédit et au microfinancement.  Au plan national, les politiques que mènent la Tunisie lui ont permis de faire reculer le taux de pauvreté de sa population de 22% en 1975 à 6,7% en 1990 et à 4,2% en l’an 2000. Selon le rapport du Secrétaire général, il est nécessaire d’augmenter de 40 à 60 milliards de dollars par an le niveau mondial d’aide publique au développement (APD).  Mais cette simple augmentation de l’APD ne suffira pas.  Il faut également réduire les obstacles au commerce, dont les fruits doivent être mis au service de la réduction de la pauvreté et au service du développement.  La libéralisation des échanges commerciaux pourrait se traduire par des dizaines de milliards


de dollars de bénéfices pour les pays du Sud.  Nous devons lutter contre les tendances protectionnistes et éliminer les subventions agricoles qui portent préjudice aux exploitants agricoles des pays du Sud.  La Tunisie appelle aussi à la stabilisation des cours des produits de base et à une solution à la question de la dette.  Notre délégation soutient la décision de création du fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté, et nous aimerions souligner que les gouvernements ne devraient pas être exclus du fonctionnement de ce fonds, dont la coalition aura une envergure de portée mondiale.


M. DARMANSJAH DJUMALA (Indonésie) a souligné le caractère inégal et mitigé des progrès observés en matière de lutte contre la pauvreté malgré les consensus des grandes conférences des Nations Unies.  Bien que la responsabilité première en matière de développement repose sur les pays eux-mêmes, ceux-ci ne peuvent réussir seuls.  Le soutien de la communauté internationale est essentiel en matière d’aide publique au développement, d’ouverture des marchés occidentaux aux produits des pays en développement et de règlement du fardeau de la dette.  La mobilisation des ressources financières et domestiques reste le principal problème des pays en développement, notamment depuis la chute de l’APD, qui reste la contribution essentielle pour atteindre les Objectifs du Millénaire.  Il a défini les Consensus de Monterrey et de Johannesburg comme une opportunité historique pour lancer un nouvel ordre du jour de développement mondial qui à terme inclurait la lutte contre la pauvreté.  Il s’est félicité de la décision de créer un fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté et parvenir aux Objectifs de développement du Millénaire.  Nous devons, a-t-il conclu, faire en sorte que la période durant laquelle on arrête des objectifs soit suivie d’une période d’action et d’application. 


M. ABRAHAM JOSEPH (Bureau du Haut Représentant pour les pays les moins avancés, les pays sans littoral et les petits Etats insulaires en développement), a déclaré que la situation des pays les moins avancés ne s’est pas améliorée ces dernières années.  L’APD destinée à ces pays a diminué, alors que le Programme d’action de Bruxelles aurait voulu qu’elle soit rapidement relancée à la hausse.  La tendance à la pauvreté dans les PMA pourrait rapidement être inversée si les engagements de la Déclaration de Bruxelles étaient respectés.  Le nombre de PMA est passé de 25 à 49 au cours de la dernière décennie.  L’augmentation de ce nombre a surtout eu lieu du fait de l’augmentation de la pauvreté en Afrique.  Nous aimerions faire remarquer que les grandes lignes du Programme d’action de Bruxelles se retrouvent dans certains objectifs du NEPAD.  Il faudrait donc travailler en vue d’établir de fortes synergies entre ces deux plans, ce qui permettrait de promouvoir des conditions de croissance dans les PMA.   Ce point a été clairement souligné au cours de la Conférence des Ministres des finances et de l’économie de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui s’est tenue il y a deux semaines.  Cette rencontre a abouti à la publication d’une déclaration ministérielle qui insiste sur les synergies qui doivent être établies entre le NEPAD et la Déclaration de Bruxelles.  En tant que Coordonnateur des PMA, le gouvernement du Bénin a, quant à lui, organisé une rencontre des Ministres des PMA à Cotonou du 5 au 7 août dernier.  Les Ministres y ont discuté les progrès accomplis dans la mise du Plan d’action


de Bruxelles.  Ils ont évoqué le niveau de respect, par les partenaires au développement, des engagements qu’ils ont pris envers les PMA.  Beaucoup reste à faire à cet égard.  A la fin de cette conférence, ils ont adopté la Déclaration de Cotonou dans laquelle ils réaffirment que la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement durable sont des objectifs auxquels ils s’attellent.  Ils ont souhaité l’amélioration des conditions de vie des populations, basée sur le renforcement de leurs capacités de production.


M. N’GOLO FOMBA (Mali) a déclaré que la mondialisation, qui s’est accélérée, a laissé de côté ceux que l’histoire de l’humanité a condamné à un départ difficile.  La solidarité, a-t-il ajouté, constitue un levier important de développement social, de paix et de concorde.  C’est pourquoi, les autorités maliennes ont institué le mois de la solidarité, la Banque de la solidarité et plus récemment le Fonds national de solidarité financé par l’État, les entreprises, les particuliers, les partenaires du développement.  Il a estimé que pour permettre au fonds mondial de solidarité d’atteindre les objectifs qu’il s’est fixés en matière de lutte contre la pauvreté, une large place doit être faite aux bénéficiaires dans sa gestion au niveau national, ce qui passe également par la nécessité de renforcer les fonds nationaux de solidarité. 


M. ISAAC LAMBA (Malawi) a précisé que 6,3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté dans son pays, représentant 65,3% de la population.  Ces personnes, a-t-il ajouté, souffrent d’un manque d’accès aux services de base comme l’éducation, la santé, l’alimentation, les transports, la communication, l’eau potable et les services sanitaires, mais aussi les ressources énergétiques en général et l’électricité en particulier.  L’espérance de vie est passée de 43 ans en 1996 à 39 ans en 2000 au Malawi.  Il a souligné que l’agriculture reste la première source de revenus, de nourriture et d’emplois pour les pauvres des zones rurales, mais que 3,2 millions de personnes ont été touchées récemment par les conséquences de sécheresse.  Il a évoqué les efforts de son pays, comme en témoigne la mise en place en 1994 d’un programme de réduction de la pauvreté.  Il a évoqué la stratégie de réduction de la pauvreté mise en place dans le cadre de l’Initiative en faveur des petits pays très endettés, stratégie qui aborde les questions de développement rapide et durable d’une croissance économique en faveur des pauvres, des transformations structurelles, du développement du capital humain, ainsi que de la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la pandémie du VIH/sida. 


Par ailleurs, M. Lamba s’est félicité de la décision de créer un fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté.  Il a exhorté la communauté internationale à respecter ses engagements en matière d’aide publique au développement et à apporter tout son soutien à l’initiative du NEPAD dans l’intérêt de la lutte contre la pauvreté.  Car, a-t-il ajouté, quelles que soient la motivation et les efforts des pays en développement, ceux-ci ne pourront atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire sans la mise en place par la communauté internationale d’un environnement mondial favorable.  Cela passe par une APD substantielle, l’allégement de la dette, et un accès aux marchés occidentaux pour les produits agricoles des pays en développement. 


M. SAID SHIHAB AHMAD (Iraq) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine et a déclaré que la communauté internationale n’est pas assez active dans ses engagements en faveur de la lutte contre la pauvreté.  Ceci est visible dans la baisse continue de l’APD, alors que les pays du Nord connaissent une situation de richesse sans précédent.  L’ONU est de plus en plus marginalisée dans les décisions concernant l’économie mondiale.  L’Iraq est d’avis qu’une réforme financière s’impose au niveau mondial et que la question de la dette doit être rapidement résolue.  Seule la création d’un environnement international propice pourra permettre la promotion d’un développement durable et équitable.  L’Iraq a été volontairement appauvri depuis une décennie par l’imposition d’un embargo décrété, contre lui, au nom des Nations Unies.  Avant cet embargo, notre pays était un donateur de crédits aux pays les moins développés, a dit l’orateur en précisant que l’Iraq avait versé plus d’un milliard de dollars sous forme d’aide et de dons à des pays en développement.  Le Président Saddam Hussein, a-t-il déclaré, a été le premier Chef d’Etat à proposer la création d’un fonds mondial de solidarité auquel les pays pétroliers, notamment, verseraient des fonds destinés à aider les pays les plus démunis.  La formule proposée par l’Iraq visait à verser une aide à ces pays, sans aucune condition, tout en respectant leur dignité.


M. ALI AL-AYED (Jordanie) a expliqué que son pays a mis en place en mai 2002 une stratégie nationale de lutte contre la pauvreté prenant en considération les différentes facettes de ce fléau.  Cette stratégie définit une méthode pour le développement d’un système de sécurité sociale pour la Jordanie et le développement d’une base d’information sur les personnes dans le besoin.  Il s’agit d’une politique qui a comme ambition de réduire le caractère aigu de la pauvreté de manière graduelle.  Il ne fait aucun doute, a-t-il ajouté, que la pauvreté revêt des dimensions multiples quant à ses causes et manifestations, ce qui exclut l’adaptation de toute méthode rigide pour lutter contre ce phénomène.  La stratégie de la lutte jordanienne contre la pauvreté englobe des initiatives à court, à moyen et à long terme dans différents domaines, avec l’extension de la base des possibilités de travail et un accès garanti à l’éducation et à la protection sanitaire.  Il a également souligné que la détérioration de la situation dans le domaine de l’éducation et de la santé est le fruit de la pauvreté.  A cet égard, il a déclaré que la protection sociale et sanitaire est importante car elle est susceptible de juguler le taux élevé de croissance démographique. 


M. MWELWA C. MUSAMBACHIMA (Zambie) a déclaré que les politiques de développement ne pourront être couronnées de succès sans une élimination préalable de la pauvreté.  C’est pourquoi la Zambie consacre tous ses efforts, à travers son Programme de redressement national et social, à la lutte contre ce phénomène.  La Zambie estime cependant que les efforts nationaux à eux seuls ne peuvent tirer les pays les plus défavorisés de leur situation de sous-développement.  Elle se réjouit donc de la création du fonds mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté, au sein du système des Nations Unies.  Nous lançons un appel à nos partenaires de développement et à toute la communauté des donateurs, pour qu’ils versent des ressources adéquates à ce fonds et aux programmes agréés de développement économique et social, dont ceux contenus dans la Déclaration du Millénaire.


M. MAJDI RAMADAN (Liban) a déclaré que l’objectif qui consiste à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015 semble inaccessible.  Il s’est demandé s’il fallait à la communauté internationale attendre encore quelques décennies pour atteindre ses objectifs ou si, au contraire, il était d'ores et déjà possible de tirer les enseignements de notre manque de coopération internationale.  Il a exhorté la communauté internationale à répondre à ses engagements en matière d’APD, d’investissement étranger direct, d’allégement de la dette et d’ouverture des marchés aux produits des pays en développement.  Evoquant l’expérience accumulée par son pays depuis la fin de la guerre, il a souligné le coût très lourd de la reconstruction des services de santé et de l’amélioration des services d’éducation.  Il a souligné la mise en place, début 1999, du Programme national pour l’amélioration de la qualité de vie au Liban, grâce au soutien de la Norvège, du PNUD et du Ministère des affaires sociales libanais.  L’objectif de ce programme est de développer une stratégie nationale de réduction de la pauvreté et de renforcer les capacités du gouvernement de mettre en œuvre cette stratégie, d’améliorer les statistiques sociales et de mobiliser la société civile dans cette bataille contre la pauvreté. 


M JEANELLE VAN GLAANEN WEYGEL (Suriname) a salué la décision de créer un fonds Mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté.  Il a fait sien les propos du Secrétaire général sur la nécessité d’accélérer le rythme de nos travaux et actions si nous voulons atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de réduction de la pauvreté d’ici 2015.  Les efforts déployés par le Suriname à cet effet se sont traduits par la mise en place d’un Plan prévoyant la mise en place d’un programme d’assistance sociale, d’une gestion économique à moyen et à long terme en phase avec les réalités du Suriname.  Ce programme, a-t-il ajouté, est composé de deux éléments principaux, à savoir un programme pour améliorer le filet de sécurité sociale et un programme de développement de ressources et d’embauches qui prévoit des gains à long terme.  Nous devons comprendre, a-t-il conclu, qu’il est de notre devoir de veiller au bien-être des uns et des autres, car nous vivons dans un monde interdépendant et nos problèmes risquent de devenir ceux des autres si nous n’y prenons garde.


M. TAPAS ADHIKARI (Népal) a déclaré que les Objectifs de développement du Millénaire, les engagements de Monterrey et de Johannesburg et ceux de la Déclaration de Bruxelles devaient être respectés et servir de feuille de route à la promotion du développement, si l’on veut mettre fin à la pauvreté qui affecte la majorité des peuples du monde.  Selon les statistiques actuelles, la communauté internationale ne pourra pas réduire de moitié le nombre de pauvres à travers le monde en 2015, comme elle s’y était engagée en l’an 2000.  Les PMA sont les plus affectés.  Il est urgent de relancer à la hausse l’APD et de trouver une solution à la question de la dette.  La plupart des PMA étant des sociétés essentiellement agricoles, les pays de l’hémisphère Nord devraient mettre fin au versement de subventions à leurs agriculteurs; ils devraient leur faciliter l’accès à leurs marchés.  Malgré tous les efforts qu’il a déployés, le Népal n’arrive pas à sortir de la spirale négative de paupérisation que rencontrent ses populations.  Notre pays, comme ceux d’Afrique subsaharienne, a besoin d’une aide substantielle et constante pour faire face à ses besoins immédiats.


M. BOB F. YAHYA (Israël) a déclaré que les pays industrialisés ne pouvaient continuer à ignorer les questions de pauvreté qui affectent les pays du Sud.  La pauvreté est un danger pour le monde entier et ses conséquences sont extrêmement contre-productives au niveau global.  Les mouvements de population que crée ce phénomène sont exploités à des fins de terrorisme par certains groupes qui tirent avantage de la détresse de certains groupes de population.  Génératrice d’exclusion sociale, la pauvreté entraîne la propagation des trafics de drogues et de l’alcoolisme.  Les privations qu’elle crée entraînent aussi la propagation du phénomène des familles monoparentales.  Israël a mis en place un cadre national qui permet aux pauvres de mettre en valeur leurs dons et de pouvoir ainsi se réinsérer dans la vie sociale.  Nous estimons que le développement des infrastructures sociales, du logement, de l’emploi et des structures de formation sont les domaines qui devraient recevoir la priorité dans les programmes de réduction de la pauvreté.  Pour répondre à la délégation du Liban, notre délégation estime que la mise en place de politiques honnêtes de lutte contre la pauvreté peut être le premier pas à accomplir pour mettre fin aux conflits.


APPLICATION ET SUIVI INTEGRES ET COORDONNÉS DES GRANDES CONFERENCES ET REUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES SOUS L’ÉGIDE DES NATIONS UNIES DANS LE DOMAINE ÉCONOMIQUE ET SOCIAL


Présentant le rapport sur cette question (A/57/75), M. SARBULAND KHAN, (Directeur de la Division d’appui et de coordination de l’ECOSOC, du Département des affaires économiques et sociales ), a déclaré que le principal souci était la manière de suivre la mise en œuvre des décisions des grandes conférences des Nations Unies.  Le rapport va au-delà de la seule question de l’examen périodique après cinq ou dix ans, a-t-il déclaré.  Il est question d’aborder des questions plus spécifiques comme les PMA et l’égalité des sexes.  Cette mise en œuvre doit être cohérente dans les différents organismes des Nations Unies, au niveau de ses différents fonds et programmes.  Elle doit être équilibrée et concrète.  Elle ne doit pas être sélective et ne doit pas être axée sur un point plutôt qu’un autre. 


Par ailleurs, il a souligné que la question clef est de savoir comment faire en sorte que nos délibérations à l’Assemblée générale, à l’ECOSOC et dans les grandes commissions aillent au-delà d’une simple discussion et se transforment en une mise en œuvre et des résultats concrets sur le terrain.  Il s’agit aussi de garantir une attention continue et un engagement systématique des différentes parties prenantes, qu’il s’agisse de la société civile ou du secteur privé.  Il s’agit, en outre, de s’assurer que l’on pourra faire preuve de la même dynamique en matière de suivi et de mise en œuvre, que celle qui a été observée lors des Conférences de Johannesburg, de Monterrey, de Beijing ou d’autres, pour transformer la manière dont nous assurons le suivi de ces Conférences.  Le rôle du Conseil économique et social, a-t-il ajouté, est de garantir la coordination au sein du système des Nations Unies et d’aborder les questions de manière interdisciplinaire dans un souci de mise en œuvre cohérent.  Les commissions doivent axer leurs réflexions sur les conférences de façon à ce qu’elles soient complémentaires et qu’elles dégagent des vues qui puissent servir aux experts. 


Déclarations


M. VICENTE VALLENILLA (Venezuela) a déclaré, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qu’il est essentiel de renforcer le rôle de l’Assemblée générale, qui est le plus haut mécanisme intergouvernemental de formulation des politiques économiques et sociales et le principal responsable du suivi coordonné et intégré des conférences et des sommets mondiaux.  Nous devons considérer les résultats et engagements des grandes conférences et réunions de l’ONU, y compris ceux du Sommet du Millénaire, de la Conférence de Monterrey et du Sommet de Johannesburg, comme des résultats liés, interconnectés, et interdépendants, qui doivent contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement agréés au niveau global.  Les principaux objectifs devraient viser la réduction de la pauvreté, une croissance économique soutenue, la promotion du développement durable et l’amélioration des conditions de vie des populations, notamment dans les pays en développement.  Le financement et les mesures de mise en œuvre des politiques et programmes nécessaires sont au cœur de tous les travaux que tient en ce moment notre Commission.  Considération devrait être donnée à l’action à accomplir au niveau intergouvernemental.  Au niveau institutionnel nous devons examiner comment mieux utiliser les ressources de développement dans un esprit d’impartialité, de neutralité et de non-sélectivité en vue d’éviter l’imposition de conditionnalités.


L’Assemblée générale doit promouvoir plus de cohérence au sein du système du soutien au développement de l’ONU en vue de faciliter la mise en œuvre des recommandations des grandes conférences sur le développement.  Les recommandations qu’elle doit faire doivent se baser sur les travaux de l’ECOSOC et elle doit viser à améliorer la collaboration entre l’ONU, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en vue de faciliter la promotion du développement durable.  Nous demandons la création d’un groupe de travail à composition non limitée travaillant sous la responsabilité du Président de l’Assemblée et chargé d’examiner la question du suivi des grandes conférences et réunions au sommet.  Ce groupe devrait commencer ses travaux le plus tôt possible et remettre ses conclusions avant la fin de la 57ème session de l’Assemblée.


S’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés, Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a souligné la nécessité d’apporter de la cohérence dans le processus de suivi et de mise en œuvre des grandes conférences et sommets des Nations Unies.  Les objectifs du Millénaire, nous avons pu obtenir des objectifs mesurables dans le domaine économique et social, a-t-elle précisé, et les Nations Unies doivent faire œuvre de pionnières dans la poursuite de ces objectifs.  L’Union européenne, a-t-elle ajouté, reconnaît que la mise en œuvre et le suivi des grandes conférences est une tâche énorme qui va bien au-delà de la présente session de l’Assemblée générale.  Nous devons changer la manière dont nous conduisons nos travaux.  Il faut affirmer et garantir la pertinence du système des Nations Unies en ce qui concerne le fonctionnement des 2ème et 3ème Commissions, de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Nous devrions utiliser l’opportunité de chaque résolution et chaque décision pour mettre l’accent sur l’appui nécessaire pour garantir une application concrète sur le terrain. 


Par ailleurs, la représentante de L’Union européenne a souligné la nécessité d’inclure la société civile, le secteur privé et les autres partenaires au suivi des grandes conférences.  La principale responsabilité de la croissance économique, du développement économique et de la lutte contre la pauvreté incombe à tous les pays, a-t-elle ajouté, d’où la nécessité de procéder à la mise en place de cadres nationaux de développement avec des mécanismes nationaux de coordination.  Ce débat sur la mise en œuvre des grandes conférences des Nations Unies n’est pas un débat Nord-Sud, mais doit être l’occasion de garder « la maison des Nations Unies » en ordre et de mettre en œuvre ce que nos dirigeants ont décidé de concert.


Intervenant dans le cadre du droit de réponse, le représentant du Liban a estimé que les déclarations faites au cours des réunions devraient respecter le point inscrit à l’ordre du jour, et il a demandé au Bureau d’y veiller.  L’occupation israélienne a créé de grandes destructions sur le territoire libanais, détruisant de nombreuses infrastructures dont des ponts, des routes et des installations électriques.  Les attaques d’Israël, qui occupe toujours des parties du territoire libanais, notamment la zone des Fermes de Sheba’a, empêchent notre peuple de mettre ses terres en valeur.  Curieusement, ces attaques n’ont lieu qu’en saison touristique, sans doute pour essayer de priver notre pays de revenus, a dit le représentant.  Israël essaie ainsi de saper les efforts de reconstruction du Liban.  Quant à la présence de la Syrie, dont parle Israël, c’est une question qui relève d’accords entre deux pays souverains, en l’occurrence le Liban et la Syrie.  Par conséquent, cette question ne concerne personne d’autre.


Le représentant d’Israël a exercé son droit de réponse et a pris la parole pour déclarer qu’il souhaitait au Liban d’être un pays prospère.  Israël a quitté le territoire libanais, a-t-il affirmé.


Le représentant du Liban a repris la parole pour dire que les mines abandonnées par les forces israéliennes sur le territoire libanais avaient rendu de nombreuses parcelles de terres arables impossibles à mettre en valeur.


Mme KJERSTI RODSMOEN (Norvège) a souligné la nécessité d’une utilisation plus efficace des structures existantes pour l’application et le suivi intégré et coordonné des résultats des grandes conférences des Nations Unies. Selon Mme Rodsmoen de nouvelles conférences devraient être organisées uniquement lorsque des directives de haut niveau et de politiques générales seront nécessaires au niveau mondial.  Nous sommes persuadés, a-t-elle ajouté, que l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, ainsi que leurs organes subsidiaires, doivent jouer un rôle primordial dans le suivi des résultats des conférences.  Néanmoins, elle a précisé que les gouvernements ont la première responsabilité de l’application de ces conférences au niveau national, qu’il s’agisse de la lutte contre la pauvreté ou de la promotion du développement durable et de l’intégration des programmes de ces conférences aux réalités du pays.  Nous devons nous assurer de la pleine mise en œuvre du Sommet du Millénaire qui nous offre un cadre exceptionnel pour atteindre nombre d’objectifs des autres conférences internationales.  Elle a formé le vœu que le dialogue de haut niveau de l’Assemblée générale devienne une étape importante de ce suivi.  Après tant de grandes conférences, a-t-elle conclu, les Etats Membres attendent des résultats significatifs. 


Mme LIU HUE (Chine) a déclaré que l’exécution intégrée et coordonnée des plans d’action et programmes de développement adoptés sous l’égide de l’ONU doit se baser sur des objectifs concrets respectant les thèmes de développement sur lesquels la communauté internationale est arrivée à des consensus.  L’objectif principal, comme démontré par les diverses conférences et réunions, doit être de promouvoir, de manière concrète, le développement des pays en développement.  Le Sommet du Millénaire et la Conférence de Monterrey ont traité des aspects primordiaux de ce développement.  La Chine estime qu’il est urgent de renforcer les synergies entre l’Assemblée générale, l’ECOSOC et les fonds et programmes de l’ONU.  Les actions menées par ces différentes entités devraient être complémentaires et non pas entrer en compétition les unes avec les autres.


M. YURIY N. ISAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que ce travail de suivi nécessite des efforts concertés de l’ensemble des organes des Nations Unies et un appui des Etats Membres, y compris dans l’élaboration de paramètres intergouvernementaux.  La tâche qui vise à appliquer de façon concertée les décisions passe par la mise en place d’un mécanisme intégré, qui se concentre sur les questions les plus importantes.  La prolifération des nombreux processus de suivi porte en elle le risque de double emploi.  C’est pourquoi, nous sommes en faveur d’une approche en trois niveaux dans l’application des Consensus de Monterrey, de Johannesburg et du Sommet du Millénaire.  Elle implique l’utilisation optimale des mécanismes intergouvernementaux existant et la définition claire de la contribution du Conseil économique et social et de ses organes subsidiaires.  Les débats du mois de septembre de l’Assemblée générale sont idéaux puisque c’est à ce moment là que la plupart des délégations sont présentes.  Nous estimons que nous devons trouver les moyens d’arriver à un bon mécanisme coordonné pour ce qui est de l’application des grandes conférences et des conclusions des réunions de haut niveau de l’ONU.  Nous appuyons la proposition du Groupe des 77 de créer un Groupe de travail à composition non limitée qui traitera des questions relatives aux résultats des grandes conférences organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social. 


M. AIZAZ AHMAD CHAUDHRY (Pakistan) a déclaré que son pays a proposé la création d’un mécanisme intégré, global et coordonné de suivi de la mise en œuvre des recommandations, des programmes, et des plans d’action adoptés à la suite des grandes conférences et réunions au sommet tenues sous l’égide de l’ONU.  Ce mécanisme devrait être lui aussi, placé sous la responsabilité de l’ONU, qui est selon la Charte, le seul organe jouissant de la pleine légitimité internationale.  Ce mécanisme devrait fonctionner sur trois niveaux qui seraient respectivement celui de grandes commissions, celui de l’ECOSOC et celui de l’Assemblée générale. 


Les commissions auraient en charge l’évaluation de fond de la mise en œuvre des programmes.  Elles seraient supervisées par l’ECOSOC, et chaque commission serait chargée du suivi de la mise en œuvre des résultats de toutes les conférences relevant de son domaine de spécialisation.  Trois commissions techniques pourraient être créées et seraient respectivement chargées du suivi des engagements de la réunion de l’OMC tenue à Doha ainsi que des autres questions liées au commerce; du suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey, donc des questions financières et d’investissements; et enfin, pour la troisième, des questions liées au développement durable, qui ont été discutées à Johannesburg. 


La rotation des réunions de la commission chargée du commerce et du développement entre Genève, New York et Washington permettrait de renforcer les interactions entre l’ONU et les autres parties prenantes.  Cette commission n’empièterait pas sur le mandat de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), mais elle profiterait plutôt des prestations que pourrait lui rendre le secrétariat de la CNUCED, dont elle renforcerait le message.  Le Secrétariat de la CNUCED, il va de soi, travaillerait pour cette question seulement quand elle se réunirait à Genève et le Conseil du commerce et du développement orienterait ses travaux.


M. MAURICIO ESCANERO (Mexique) a déclaré que le cycle de conférences qui viennent de se dérouler nous a permis de préciser un programme de développement pour le monde.  La Déclaration du Millénaire a eu le mérite de synthétiser les principaux objectifs de développement en mettant l’accent sur la lutte contre la pauvreté et l’accès à une prestation universelle de services de santé et d’éducation en respectant l’égalité des sexes.  Dans la recherche des moyens les plus efficaces pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, il sera nécessaire de donner la priorité à la définition d’indicateurs de suivi qui nous permettront de déterminer les progrès accomplis ou les revers subis.  Le défi fondamental réside dans la mise en œuvre du nouveau programme de développement durable dans le souci de rendre des comptes aux peuples du monde.  Seul un multilatéralisme renouvelé, orienté vers une action responsable, nous permettra de répondre à ces attentes.  Dans ce contexte, il s’agit de renforcer la coopération entre les différents organes des Nations Unies. 


Par ailleurs, il a déclaré que son pays a affirmé à maintes reprises son plein appui au renforcement indispensable des Nations Unies, aux efforts de modernisation de nos méthodes de travail, dans le souci de mieux répartir les tâches et les fonctions entre l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les différentes commissions.  Cela exigera une réorganisation de notre ordre du jour pour définir des thèmes plus en rapport avec nos engagements et la définition de modalités de travail propices à des débats interactifs; synthétiser et améliorer les rapports qui servent à nos délibérations et négocier des résolutions consolidées qui permettent de transmettre des messages plus concis et plus clairs.  Nous jugeons utile de créer au sein de l’Assemblée générale un Groupe à composition non limitée qui aurait pour tâche de définir, avant la 58ème Assemblée générale, les modalités de lancement de cette modernisation. 


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a estimé que les conférences d’évaluation quinquennales ou décennales de l’état de mise en œuvre des recommandations et plans d’action adoptés par les grandes conférences tenues sous l’égide de l’ONU n’ont eu qu’un succès mitigé.  Elles ont pris beaucoup de temps et consommé beaucoup d’argent pour des résultats discutables.  Alors que l’on a dépensé des millions de dollars pour les organiser, ces réunions d’évaluation, qui se tenaient souvent en même temps que les délibérations de l’Assemblée et les réunions de l’ECOSOC, ne nous ont pratiquement rien apporté.  Aussi le Japon pense-t-il qu’il est temps d’adopter une approche plus pragmatique.  Les Etats Membres doivent échanger leurs idées sur la création possible d’une structure ou d’un mécanisme chargé de l’évaluation de la mise en œuvre des engagements internationaux, et le Japon est d’avis que ce mécanisme doit être créé au sein des structures qui existent déjà dans le système de l’ONU.  Ensuite nous rappelons que l’ECOSOC est l’organe responsable de la coordination des activités des autres organes de l’ONU.  L’ECOSOC doit donc adopter une approche d’examen transversal des thèmes communs aux grandes conférences organisées par l’ONU.  Notre pays pense d’autre part que les différents organismes onusiens devraient opérer respectivement un suivi technique des sujets abordés par chaque grande conférence.  Enfin, le Japon estime qu’il revient à l’Assemblée générale de donner l’orientation politique qui doit globalement guider la mise en œuvre des plans d’action, engagements et recommandations des grandes conférences et réunions au sommet de l’ONU.


M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a souligné l'importance de la question du suivi des conférences, surtout pour ce qui est de l'application des recommandations et des plans d'action adoptés.  La responsabilité partagée préconisée met en évidence l'importance d'une action cohérente internationale.  Pour ce qui est de l’application des décisions, il existe des obligations particulières devant être remplies par les pays les plus riches, notamment en matière d’APD, d’ouverture des marchés et de flux financiers.  Ceux qui n’honorent pas leurs engagements en la matière manquent à leurs responsabilités à promouvoir l’égalité, la justice et la dignité humaine.  La responsabilité partagée veut dire que les indicateurs pour mesurer les progrès doivent être appliqués à tous les membres de la communauté internationale.  D’un côté, cela requiert une approche coordonnée et intégrée et, de l’autre, il s'agira de connaître les progrès réalisés depuis la tenue de chaque conférence.  Nous sommes persuadés, a-t-il ajouté, de la nécessité d’une approche unique en ce qui concerne le suivi de l’ensemble des conférences.  L’Inde, a-t-il conclu, travaillera de manière constructive afin d’arriver à un consensus en ce domaine. 


Mme IRENA ZUBCEVIC (Croatie) a déclaré que l’ECOSOC doit être renforcé dans son rôle de coordination de l’examen des questions liées au développement socioéconomique et qui relève de son mandat.  Il faut cependant lui donner aussi les moyens de mieux traiter des questions touchant à la mondialisation de l’économie.  La Croatie pense aussi qu’il faudrait procéder à une meilleure division du travail qui est confié aux commissions techniques, afin de permettre à chacune d’elles de mieux s’acquitter du suivi des recommandations des grandes conférences relevant de son champ de spécialisation.  La Croatie soutient d’autre part la prise de mesures spéciales au profit des Etats sortant de longues périodes de conflit pour les aider à réaliser les objectifs de développement prônés lors des grandes conférences de l’ONU, et nous soutenons à cet égard la création de l’Equipe spéciale pour la Guinée-Bissau.


M. IHAB GAMALELDIN (Egypte) s’est dit surpris que cette question du suivi des conférences des Nations Unies et de l’application de leurs recommandations ne figurent qu’à l’ordre du jour de la Deuxième Commission alors que de nombreuses questions relèvent également de la Troisième.  Chacune des conférences a sa propre nature et son propre mécanisme de suivi.  Nous gagnerions tous à promouvoir les synergies entre les domaines d’intérêt de chaque conférence et à ce que chaque conférence se focalise sur son domaine spécifique, afin d’éviter les répétitions et les doubles emplois.  Le représentant a regretté que ce qui est arrêté à l’issue d’une conférence est souvent remis en cause dès la conférence suivante.  Le suivi intégré et coordonné ne doit être une façon de renégocier les textes précédemment


adoptés et devrait respecter l’esprit de la résolution 50/27 de l’Assemblée générale.  La seule raison d’être du suivi de la mise en œuvre est la nécessité de mobiliser des moyens nécessaires à l’exécution.  Il s’est interrogé sur les modalités d’examen de la mise en œuvre des résultats des réunions au sommet et des conférences.  A un moment où les Nations Unies sont en train de s’atteler à la revitalisation et à la modernisation de son fonctionnement, il nous incombe d’examiner ensemble toutes ces questions et la marche à suivre de manière intégrée, au lieu de les envisager de manière dispersée. 


M. GUY O’BRIEN (Australie) a déclaré que les grandes conférences ont créé une espèce de longue distraction sur la scène internationale et ont relégué à l’arrière-plan le rôle qu’auraient dû jouer les structures du système des Nations Unies, dont elles ont réduit les ressources, du fait du coût de leur organisation.  Les grandes conférences ont aussi donné au grand public l’impression que l’ONU est un lieu de grandes déclarations qui ne connaissent pas de suite concrète.  Ceci est regrettable, parce que certaines d’entre elles, comme celles de Monterrey et de Johannesburg, ainsi que le Sommet du Millénaire, ont permis d’identifier des besoins réels et d’avancer des propositions qui, si elles sont appliquées, amélioreront le sort des populations de la planète.  Nous devons changer nos méthodes de travail et nous atteler à mettre en œuvre les résolutions que nous avons adoptées dans un passé pas très lointain.


M. DJAUHARI ORATMANGUN (Indonésie) a tenu à rappeler le bien-fondé des objectifs arrêtés ces dernières années par la communauté internationale en matière de lutte contre la pauvreté, de croissance économique et de promotion du développement durable au cours des dernières conférences internationales des Nations Unies.  Dès lors que les objectifs à atteindre sont clairement établis, il faudrait passer à leur réalisation sur le terrain.  Pour ce faire, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social ont un rôle primordial à jouer.  Il a souligné l’importance du renforcement du rôle de l’ECOSOC pour l’application des résultats des conférences dans les domaines économique et social.  L’Assemblée générale devrait renforcer la cohésion entre l’Organisation des Nations Unies, les Institutions de Bretton Woods et l’OMC, notamment en ce qui concerne la sécurité alimentaire, la promotion du développement durable et la lutte contre la pauvreté.  Dans le contexte des débats en cours sur la revitalisation du fonctionnement des Nations Unies, il a souhaité la création d’un Groupe de travail à composition non limitée présidé par le Président de l’Assemblée générale et dont le rôle serait de soumettre un rapport avant la fin de la 57ème session avec des recommandations pour assurer le suivi intégré et coordonné des résultats des différentes conférences des Nations Unies.  Il a souligné toute la pertinence de la résolution 50/227 de l’Assemblée générale et la nécessité d’assurer une bonne complémentarité des processus de réforme de l’Organisation des Nations Unies. 


Mme MSUYA (République unie de Tanzanie) a déclaré que l’adoption des Objectifs de développement du Millénaire avait pour but d’accélérer la mise en œuvre des résolutions des différentes grandes conférences organisées au cours des années 1990 par l’ONU.  Pour assurer cette mise en œuvre, l’ECOSOC a pris des mesures visant à renforcer ses liens avec les commissions techniques.  L’ECOSOC devra s’intéresser aux questions intersectorielles, pour améliorer la manière dont travaillent les commissions techniques fonctionnelles. 


La Tanzanie est en faveur de la création d’un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des résultats obtenus à l’issue des grandes conférences internationales.  Nous insistons cependant pour que le rôle des Etats soit respecté dans cet exercice, car ce sont eux qui sont chargés de la mise en œuvre des programmes de réformes économique et politique destinées à créer les conditions qui seront les plus optimales pour la croissance.  A travers le NEPAD, l’Afrique veut, en partenariat avec ses partenaires, promouvoir une approche intégrée favorable à la conduite de programmes qui devraient aboutir à un développement durable, adapté à ses besoins et coordonné.


M. JOHN DAVISON (Etats-Unis) a déclaré que les conférences qui se sont succédé ces dix dernières années ont non seulement contribué à faire changer et évoluer les politiques et les opinions publiques internationales, mais à fournir également un forum pour le lancement de nouvelles initiatives et de nouveaux partenariats.  Il a précisé que la tendance à organiser systématiquement des examens tous les cinq ou dix ans a montré ses faiblesses et ses limites.  Il est temps désormais, a-t-il ajouté, de se concentrer sur la réalisation des objectifs et la concrétisation des buts et paramètres concrets définis à l’issue des différents sommets ou conférences.  Il a également ajouté que les commissions fonctionnelles devraient être plus fonctionnelles, engager des débats interactifs et s’imposer comme un forum favorisant le lancement de nouvelles initiatives.  Les gouvernements, a-t-il insisté, devraient être encouragés à envoyer des experts qui connaissent les domaines abordés et qui sont prêts à partager leurs expériences nationales.  Il a formé le vœu que les membres de la société civile, tout particulièrement les ONG et le secteur privé, soient associés aux réunions annuelles en accord avec les dispositions du règlement intérieur.  Dans le même ordre d’idées, il a souhaité que l’on organise les réunions de façon à entendre ceux qui travaillent sur le terrain.  Le Conseil économique et social devrait identifier des thèmes intersectoriels et fixer les priorités en collaboration avec les Institutions de Bretoon Woods et l’OMC en évitant les chevauchements de mandats et de rapports. 


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