AG/EF/404

DEUXIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES OBJECTIFS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE NE SERONT PAS ATTEINTS EN 2015

30/10/02
Communiqué de presse
AG/EF/404


Deuxième Commission

20e séance - après-midi


DEUXIEME COMMISSION: LES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES OBJECTIFS DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETE NE SERONT PAS ATTEINTS EN 2015


Sous la présidence de M. Marco Antonio Suazo (Honduras) la Commission économique et financière (Deuxième Commission) a examiné cet après-midi le point de son ordre du jour relatif à la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, qui a commencé en 1997 et devrait s’achever en 2006.


Dans leurs déclarations, de nombreuses délégations, dont celles du Venezuela, de la Chine et du Bengladesh, ont rappelé les engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats Membres de l’ONU, qui, dans la Déclaration du Millénaire, avaient promis de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la faim et la pauvreté extrême à travers le monde d’ici à l’année 2015.  Mais, au vu des données actuelles, ont déploré les délégations, il est de plus en plus clair que cet objectif, comme les autres Objectifs de développement du Millénaire, ne sera pas atteint.  Cet échec prévisible, ont estimé les représentants, est d’abord dû à l’incapacité et au manque de volonté politique de la communauté internationale, et notamment des pays industrialisés, à respecter les niveaux d’aide publique au développement (APD) qu’ils avaient promis.  A cet égard, a rappelé le représentant de la Chine, la Banque mondiale et le Groupe de personnalités éminentes nommé par le Secrétaire général pour préparer la Conférence internationale sur le financement du développement de Monterrey, ont estimé qu’il fallait un supplément de 40 à 60 milliards de dollars d’APD par an pour mener des programmes efficaces de lutte contre la pauvreté.  Mais l’APD à elle seule ne suffira pas, a déclaré le représentant de la Chine, pour qui il faudrait aussi rendre aux pays en développement la direction et le choix de leurs programmes de développement et de lutte contre la pauvreté.  Ces pays, a-t-il estimé, devraient aussi bénéficier de meilleures opportunités de production de biens et d’échanges commerciaux.


Prenant la parole, la représentante du Danemark a déclaré, au nom de l’Union européenne, que tous les pays, soutenus par les organismes multilatéraux devraient s’efforcer de mettre en oeuvre les programmes et plans d’action adoptés à l’issue des différentes grandes conférences mondiales ayant traité des questions de développement.  L’Union européenne a adopté des mesures positives en faveur de la réduction de la pauvreté dans la Déclaration de Bruxelles en faveur des pays les

moins avancés (PMA), dans le Consensus de Monterrey sur le financement du développement et dans les engagements pris à Johannesburg pour la promotion d’un développement durable.  L’Union européenne, a dit la représentante, va augmenter son APD au cours des années qui viennent.  Mais elle souhaite aussi voir l’efficacité de cette aide améliorée à travers une meilleure gouvernance, l’intégration des femmes aux actions de développement, la transparence, et la création de meilleurs cadres d’investissements.


Le représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), a fait remarquer que sur les 1,3 milliard de pauvres, 1 milliard sont analphabètes.  Si une éducation de base leur était fournie, le monde réduirait fortement le niveau de pauvreté qui frappe ses régions les moins favorisées.  Et si, conformément aux recommandations du Forum de Dakar, les filles pouvaient avoir un accès égal à l’éducation, le niveau de pauvreté reculerait, et le bien-être des familles s’en trouverait grandement amélioré, a estimé le représentant.


Avant le débat sur la mise en oeuvre de la première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté, la Commission a entendu la présentation, par le Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d’une série de projets de résolutions.


Outre les délégations ci-dessus citées, les représentants des pays suivants ont aussi pris la parole: Norvège, Inde, Pakistan, Congo, République démocratique populaire lao, Egypte, Burkina Faso et Myanmar.  L’Observateur du Saint-Siège s’est également exprimé, ainsi que la représentante de l’Organisation internationale du travail et le Directeur de la Division des politiques sociales et de développement de l’ONU.


La Deuxième Commission poursuivra ses débats demain, jeudi 31 octobre, à 10 heures.


ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE


Présentations de projets de résolution


Dans l’examen des questions relatives à l’environnement et au développement durable, la Commission a entendu la présentation, par le représentant du Venezuela qui s'exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, d'un projet de résolution relatif à la coopération internationale pour l'atténuation des effets du phénomène El Niño (A/C.2/57/L.16).  Aux termes de ce projet de texte, l'Assemblée générale engagerait le Secrétaire général et les organismes, fonds et programmes des Nations Unies, notamment ceux qui participent à l'application de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes, et encouragerait la communauté internationale à prendre les mesures qui se révèleraient nécessaires pour faciliter la création du Centre international de recherche sur le phénomène El Niño à Guayaquil (Equateur).  L'Assemblée inviterait la communauté internationale à fournir une assistance financière, technique et scientifique et à apporter sa coopération à cette fin, ainsi qu'à renforcer, le cas échéant, d'autres centres se consacrant à l'étude du phénomène El Niño.


Le représentant du Venezuela a ensuite introduit un projet de résolution sur la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (A/C.2/57/L.21), aux termes duquel l’Assemblée générale déciderait de convenir, à sa 58ème session, de la date de la dernière manifestation marquant la conclusion de l’examen de la Stratégie de Yokohama pour un monde plus sûr: “Directives pour la prévention des catastrophes naturelles, la préparation aux catastrophes et l’atténuation de leurs effets et du Plan d’action correspondant”. 


La Commission a ensuite pris connaissance d'un projet de résolution intitulé "Catastrophes naturelles et vulnérabilité" (A/C.2/57/L.22) et présenté par le Venezuela, au nom du Groupe des 77 et de la Chine.  Aux termes de ce projet de résolution, l'Assemblée générale demanderait instamment à la communauté internationale de continuer à étudier les différents moyens de réduire les effets préjudiciables des phénomènes météorologiques extrêmes et des catastrophes naturelles associées, au moyen de la mise en œuvre de la Stratégie internationale de réduction des catastrophes, et elle encouragerait son équipe spéciale interinstitutions pour la prévention des catastrophes, en particulier son Groupe de travail sur le climat et les catastrophes naturelles, à continuer ses travaux dans ce domaine.


Le représentant du Venezuela a ensuite présenté à la Commission un projet de résolution relatif à l'application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique (A/C.2/57/L.17).  Aux termes de ce projet de texte, l'Assemblée générale inviterait le Conseil du Fonds pour l'environnement mondial à adopter, à sa réunion en mai 2003, le Programme opérationnel visant à prévenir et à combattre la désertification en assurant la gestion durable des terres, et elle soulignerait que compte tenu de l'évaluation en cours de l'application de la Convention, les pays en développement doivent bénéficier de l'appui sans réserve du Fonds pour l'environnement mondial et d'autres partenaires pour exécuter des activités afin de les aider à s'acquitter de leurs obligations au titre de la Convention.


La Commission a ensuite entendu l'introduction, par le représentant du Venezuela, du projet de résolution relatif à la Convention sur la diversité biologique (A/C.2/57/L.18), aux termes duquel l'Assemblée générale demanderait aux parties à la Convention de devenir parties au Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques dès que possible.  Selon ce texte, l'Assemblée soulignerait de nouveau l'importance de la décision prise dans le cadre de la quatrième Réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce concernant l'examen, par l'intermédiaire du Conseil des aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce, des liens existant entre l'Accord sur les aspects de droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce et la Convention sur la diversité biologique et la protection des connaissances ancestrales.


La Commission a ensuite entendu la présentation, par la délégation du Venezuela, d’un projet de résolution relatif à la promotion d’une approche intégrée de la gestion de la zone de la mer des Caraïbes dans la perspective du développement durable (A/C.2/57/L.19) et d’un projet de résolution ayant trait à la poursuite de l’application du Programme d’action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement (A/C.2/57/L.20).  Ces deux derniers textes, a noté le représentant, sont essentiellement basés sur les résultats obtenus, par consensus, lors des travaux du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg.  Le dernier texte traite en particulier de l’évaluation et du suivi du plan d’action adopté à la Barbade en faveur du développement des petits Etats insulaires en développement.  Selon ses termes, l’Assemblée générale déciderait de convoquer une réunion internationale en 2004, dont une partie aurait lieu à un niveau élevé, pour procéder à un examen approfondi de la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade.


MISE EN ŒUVRE DE LA PREMIERE DECENNIE DES NATIONS UNIES POUR L’ELIMINATION DE LA PAUVRETE (1997-2006)


Présentation de rapports


M. JOHAN SCHOLVINCK, Directeur de la Division des politiques sociales et de développement au Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, a déclaré, en introduisant les rapports du Secrétaire général publiés sous les cotes A/57/137 et A/57/211, et respectivement relatifs au projet de création d’un fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté, et à la mise en œuvre de la Première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (1997-2006), que l’élimination de la pauvreté est devenue, à cause de l’impact de ce phénomène sur tous les aspects de la vie des régions qu’il affecte, un thème commun aux Première et Deuxième Commissions de l’Assemblée générale.  Par conséquent, nous ne devons pas uniquement réfléchir aux moyens matériels et financiers de la lutte contre la pauvreté.  La Deuxième Commission se doit d'inclure dans ses analyses l'aspect “justice sociale” sur la question de la lutte contre la pauvreté.  Ainsi, nous devrions pouvoir arriver à établir des liens entre les travaux de la Commission économique et financière et ceux de la Commission des affaires sociales.  Les rapports du Secrétaire général font le point sur les activités menées au niveau international et régional dans la mise en œuvre des politiques de développement visant la réduction du niveau de pauvreté. 

L’Objectif de l’ONU et de la communauté internationale, exprimé au Sommet du Millénaire, est de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté dans les différentes régions du monde.  Selon les plus récentes estimations, les ressources dévolues aux efforts de lutte contre la pauvreté restent malheureusement insuffisantes, ce qui fait craindre que l’objectif que s’est fixée la communauté internationale ne soit pas atteint à la date mentionnée plus haut.  La création du fonds mondial de solidarité pourrait pallier certaines insuffisances en ressources, et assurer aux programmes de lutte contre la pauvreté un minimum de financements, et ceci dans les régions les plus défavorisées.


Déclarations


S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. LUIS ANTONIO NINO GOMEZ (Venezuela) a souligné le caractère inégal des résultats régionaux observés en matière de lutte contre la pauvreté.  Il a salué la décision du Sommet mondial de Johannesburg de créer un fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté dans le monde en faisant appel à des contributions volontaires.  Dans cette nouvelle phase et compte tenu de la sensibilisation de la communauté internationale sur l’urgence des mesures à prendre en ce domaine, il a formé l’espoir que l’on passe enfin à l’action.  Il s’est félicité des ambitions du NEPAD en appelant les pays développés à soutenir cette initiative.  Il a estimé que la pauvreté est humaine et sociale et qu’elle est quantifiable par le biais d’indicateurs reconnus.  Il est nécessaire que nous nous engagions tous à trouver des mécanismes novateurs et que les pays développés s’engagent à respecter leurs promesses en matière d’aide publique au développement et de flux financiers.


Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays associés, que des études récentes montrent que 800 millions de personnes souffrent aujourd’hui de la faim et que le quart des habitants de la planète vivent avec moins de 1 dollar par jour.  Ces mêmes données montrent aussi que les pays d’Asie orientale et du Pacifique ont fait beaucoup d’efforts et ont pu réduire leur nombre de pauvres.  Mais en Afrique subsaharienne, le nombre de personnes mal nourries et de pauvres semble augmenter et il en est de même en Europe de l’Est et en Asie centrale.  Que ce soit dans la Déclaration du Millénaire, dans le Plan d’action de Bruxelles ou dans le Consensus de Monterrey, la communauté internationale a pris des engagements en faveur de l’aide au développement et du soutien à la lutte contre la pauvreté. 


Mme Loj a par ailleurs expliqué qu'à la Conférence de Johannesburg, il a beaucoup été question de la mise en œuvre des programmes, des plans d’actions et du respect de nos engagements.  Il appartient par conséquent aux pays développés d’honorer leurs engagements.  Après s'être félicitée des efforts concertés déployés par les dirigeants africains pour concevoir le NEPAD, Mme Loj a estimé que la bonne gouvernance est le cadre pour promouvoir des programmes efficaces de développement et de lutte contre la pauvreté.  L'Union européenne accorde beaucoup d’importance à la lutte contre la corruption, au partage équitable des fruits du développement et à la prévention des conflits.  L’Union européenne va augmenter de

manière substantielle son aide publique au développement (APD) dans les années qui viennent, mais dans le même temps, elle souhaite qu’elle soit plus rationnellement utilisée.  Estimant que les propositions figurant dans le rapport du Secrétaire général au sujet d'une efficacité renforcée des Nations Unies, l'Union aimerait toutefois être mieux informée des avantages comparatifs des différentes entités de l’ONU en ce qui concerne l’assistance technique qu’elles fournissent.  L’Union européenne soutient les stratégies de réduction de la pauvreté qu’élaborent les pays avec le soutien des organismes multilatéraux et nous sommes convaincus que l’ONU peut jouer à cet égard un rôle fructueux.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé qu’il est nécessaire de doubler l’aide publique au développement pour qu’elle atteigne au moins 100 milliards de dollars par an si nous voulons parvenir aux Objectifs de développement du Millénaire.  Il a également ajouté que les objectifs de lutte contre la pauvreté extrême ne pourront être atteints que lorsque les pays développés affecteront 0,7% de leur PNB à l’aide au développement.  M. Kolby s’est félicité des consensus obtenus à l’issue des grandes Conférences de Monterrey et de Johannesburg et des progrès constatés dans la situation des pays les moins avancés (PMA).  Un effort extraordinaire sera nécessaire pour atteindre les objectifs fixés en matière de lutte contre la pauvreté extrême, a-t-il encore ajouté.  Dans ce contexte il s’est félicité des discussions fondées sur la proposition du PNUD de mettre en place un fonds mondial pour la solidarité pour l’éradication de la pauvreté. 


M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré, en reprenant les conclusions d’un rapport de la Banque mondiale, que 40 à 60 milliards de dollars supplémentaires sont nécessaires pour mener des actions efficaces de lutte contre la pauvreté dans les pays affectés.  La Chine estime que les pays riches devraient non seulement tenir les engagements qu’ils ont pris à Monterrey, mais aussi respecter celui qu’ils avaient pris de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  Pour réussir leur sortie de la pauvreté, les pays en développement devraient recevoir une assistance substantielle tout en bénéficiant d’un cadre positif de financements et d’investissements.  Les pays du Sud devraient, d’autre part, pouvoir s’approprier leur politique et leur processus de développement et de lutte contre la pauvreté.  Pays le plus peuplé du monde, la Chine a déployé des efforts considérables pour sortir ses populations de la pauvreté.  La proportion de Chinois vivant dans la pauvreté est passée de 250 millions en 1979 à 30 millions aujourd’hui.  La proportion de la population rurale vivant dans l’extrême pauvreté est quant à elle passée de 30,7% à 3%.  Nous avons pu atteindre ces résultats parce que nous avons suivi une voie compatible avec nos caractéristiques, et la lutte contre la pauvreté est inscrite dans nos plans nationaux de développement économique et social.


M. JAIPAL REDDY (Inde) a déclaré que le niveau d’inégalité atteint dans le monde est scandaleux.  1% des gens les plus riches du monde rassemble des revenus équivalents à ceux de 57% de la population mondiale la plus pauvre, a t-il cité, à titre d’illustration.  Il a également ajouté que sur 6 milliards d’habitants, 2,8 milliards d’entre eux vivent avec moins de 2 dollars par jour.  Il a souligné que plus de 500 millions de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour en Asie.  Evoquant les efforts de son pays, il a précisé que l’Inde à réduit le taux de pauvreté de 38,9% en 1987 à 23,3% en 2000 et son objectif est de faire baisser ce

chiffre à 20% d’ici 2007 puis à 10% d’ici 2012.  A cet égard, il a déclaré que tous les efforts des pays en développement seront insuffisants pour éliminer la pauvreté s’ils ne peuvent obtenir une aide conséquente des pays développés en matière d’aide publique au développement (APD).  Il a regretté que l’APD totale soit passée de 53,7 milliards en l’an 2000 à 51,4 milliards en 2001.  Il a salué la proposition du Secrétaire général de confier au PNUD le soin de rendre compte à l’Assemblée générale de l’évolution et des travaux du fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté. 


M. MUHAMMAD HASSAN (Pakistan) a déclaré que plus nous écrivons sur la pauvreté et plus elle croît.  Compte tenu du caractère multidimensionnel de la pauvreté, ce phénomène doit être abordé de tous les côtés et à toutes ses sources.  La santé et l’éducation, a-t-il précisé, sont incontestablement deux des secteurs prioritaires à aborder dans un souci de promotion du développement humain.  La combinaison dangereuse de la pauvreté extrême et de la dette extrême a plongé de nombreux pays à faible revenu dans la spirale du désespoir.  Dans ce contexte, il a déclaré que la question de la dette doit être abordée comme une partie intégrante de la pauvreté.  Car, un pays qui affecte la moitié de son revenu au remboursement de la dette n’a plus les moyens de financer des programmes efficaces de lutte contre la pauvreté.  Ainsi les efforts des pays pour restructurer leurs économies sont-ils anéantis par le poids de la dette, a-t-il ajouté.  Il a exhorté les pays donateurs à respecter leurs engagements en matière d’ouverture des marchés et d’aide publique au développement.  Il s’est également félicité de la décision du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg de créer un fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté extrême. 


M. IFTHEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que le déclic nécessaire à la réussite de la lutte contre la pauvreté ne peut venir que de la fourniture de ressources suffisantes aux différents programmes et plans d’action pour le développement, notamment à travers un surplus d’APD, un meilleur accès aux marchés, une vraie réduction de la dette extérieure et des investissements substantiels et bien orientés.  Après avoir lu les rapports soumis sur ce point à la Commission, le Bangladesh estime, tout en se réjouissant de la mention qui est faite des bonnes pratiques, dont l’expérience de la banque Gramen, que ces efforts ne devraient pas devenir purement anecdotiques. 


Le représentant a estimé que les rapports devraient indiquer comment dupliquer ces expériences sur d'autres terrains et comment les adapter à des environnements différents.  Notre délégation, a-t-il dit, soutient la création du fonds mondial de solidarité pour la lutte contre la pauvreté et la présente session de la Commission aura à débattre des conditions de sa mise sur pied.  Nous pensons que nous devrions discuter du montant de ses ressources et des stratégies à déployer pour que la mobilisation financière en faveur de ce fonds soit couronnée de succès.


Mgr RENATO R.MARTINO (Saint Siège) s’est félicité du consensus obtenu par la communauté internationale en 2000 à l’issue de la Déclaration du Millénaire sur les moyens et la nécessité de réduire la pauvreté extrême de moitié d’ici 2015.  Quand bien même il s'est déclaré satisfait du rapport du Secrétaire général intitulé «Mise en œuvre de la Première Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté», l’Observateur permanent du Saint-Siège a néanmoins indiqué qu’il ne pouvait accepter le libellé du paragraphe 22.  En effet, a-t-il précisé, les obstacles d'ordre social peuvent également constituer de graves entraves au développement économique et à l'élimination de la pauvreté.  Les plus importants d'entre eux sont la croissance démographique et le manque d'accès à l'éducation et aux soins de santé.  On ne peut pas dire que la croissance démographique d'un pays soit un obstacle à son développement.  En effet, il existe de nombreux facteurs qui constituent une influence négative sur le développement, comme par exemple les catastrophes naturelles, les oppressions et tous les évènements qui sont la cause des déplacements des populations.  La réduction de la pauvreté n'est pas seulement une affaire de chiffres; elle est aussi le résultat d'un vaste effort politique en faveur de la justice, de la dignité humaine et de la poursuite du dialogue. 


M. MAURICE MALANDA (République du Congo) a déclaré qu’avec une population estimée à 2,85 millions d’habitants et un taux de croissance de 2,8%, le Congo aborde le troisième millénaire dans un état de pauvreté prononcé, état qui s’est trouvé aggravé par les guerres civiles récurrentes de ces dernières années.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, 70% des Congolais vivent en dessous du seuil de pauvreté, c’est à dire avec moins de 1 dollar par jour et la dette du Congo s’élève à 5 milliards de dollars selon les derniers chiffres du FMI.  Dans ces conditions, le Gouvernement du Congo a décidé de placer la lutte contre la pauvreté au centre de sa politique de développement et par décret du 31 octobre 2001, il a créé le Comité national de lutte contre la pauvreté placé sous l’autorité du Ministère de l’économie, des Finances et du Budget.  A cet égard, nous avons entrepris, depuis le 7 octobre 2002, des discussions préliminaires avec la Banque mondiale, en vue de définir le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté au Congo.  L’adoption d’un tel cadre nous permettra de bénéficier de l’initiative PPTE en faveur de la réduction ou de l’annulation de la dette.  En conclusion, il a appelé à l’adoption des résolutions en faveur d’un appui substantiel au NEPAD, à l’annulation de la dette de tous les pays lourdement endettés, ainsi qu’à l’aide publique au développement. 


M. SALEUMXAY KOMMASITH (République démocratique populaire lao) a souligné la complexité et le caractère multidimensionnel du phénomène de la pauvreté.  Il a déclaré que les pays en développement ne disposent pas des infrastructures et des moyens nécessaires pour lutter contre ce fléau et qu’à l’ère de la mondialisation, aucun pays au monde n’est épargné par les effets et les conséquences de la pauvreté des pays les moins avancés.  Il a regretté que les progrès pour parvenir aux objectifs de lutte contre la pauvreté soient longs et inégaux.  Le représentant s’est déclaré persuadé que des facteurs tels que le lourd fardeau de la dette, l’accès difficile aux marchés des pays développés, l’insuffisance de l’aide publique au développement et des flux financiers privés sont autant de problèmes à régler pour atteindre l’Objectif de la Déclaration du Millénaire qui se propose de réduire de moitié l’extrême pauvreté d’ici 2015.  Même les plus dynamiques des pays en développement, a-t-il ajouté, ne peuvent parvenir à résoudre les problèmes liés à la pauvreté sans un appui adéquat des pays développés.  Soulignant l’engagement national de son pays dans la lutte contre la pauvreté, il a précisé que l’objectif du Gouvernement lao est de sortir de la liste des Pays les moins avancés d’ici 2020.  Dans le même ordre d’idées, le Gouvernement lao souhaite réduire de 39% à 20% le pourcentage des personnes qui vivent dans la pauvreté extrême, éliminer la culture de l’opium et assurer la sécurité alimentaire pour tous.


M. DER KOGDA (Burkina Faso) a déclaré que si les pays donateurs avaient respecté leurs engagements tant de fois rappelés de consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement, sans doute nous ne serions pas confrontés aujourd’hui au fléau abject de la pauvreté.  La présente session, a-t-il ajouté, nous donne encore l’occasion de tirer la sonnette d’alarme sur l’accroissement du niveau inacceptable de la pauvreté dans laquelle vivent des milliards d’êtres humains.  La pauvreté touche tous les aspects vitaux de la vie humaine.  Au-delà des conséquences socio-économiques dévastatrices, la pauvreté porte atteinte même à l’intégrité biologique et morale de l’homme, car elle lui enlève tout droit à l’existence.  Aussi, a-t-il insisté, la communauté internationale se doit d’intensifier ses efforts de lutte contre la pauvreté dans les pays en développement.  Cela ne pourra se faire que par le biais d’une alliance mondiale contre la pauvreté qui se traduira par l’augmentation de l’aide publique au développement et par la suppression de la dette des pays les plus pauvres.  En conclusion, il a salué la décision de créer un fonds mondial de solidarité de lutte contre la pauvreté au sein du Fonds d’équipements des Nations Unies (FENU) en formant le vœu que l’on évite les juxtapositions de structures administratives de gestion qui grèveraient inutilement les ressources de ce Fonds.


M. AHMED EL-SAID RAGAB (Egypte) a déclaré qu’il est nécessaire de suivre les recommandations faites par le Secrétaire général sur la question de la lutte contre la pauvreté.  Le renforcement des capacités est un aspect crucial de la réalisation des Objectifs du Millénaire.  L’Egypte souhaite que l’on applique sans retard les initiatives et recommandations des grandes conférences de l’ONU centrées sur les thèmes du développement.  La question du niveau des ressources à verser à l’APD par les pays industrialisés doit être réglée selon les engagements pris.  Il est d’autre part important de renforcer le rôle des institutions multilatérales dans la mobilisation des ressources financières et techniques au niveau mondial.  Notre pays estime d’autre part qu’il faudrait consacrer plus de moyens et accorder davantage d’intérêt aux zones rurales.  L’Egypte partage l’avis du Saint-Siège, quand il souligne que la communauté internationale tout entière doit se sentir concernée par la lutte contre la pauvreté.  Il est inacceptable qu’alors qu’au cours de la décennie écoulée le monde connaissait une multiplication quasi illimitée de ses richesses, les trois quarts de sa population humaine sombraient en même temps dans la misère la plus abjecte.


M. U NYUNT TIN (Myanmar) s’est félicité des progrès réels réalisés en matière de lutte contre la pauvreté au cours de ces 20 dernières années, bien que la population mondiale ait augmenté de 1,6 milliard d’individus dans la même période.  Il a toutefois regretté que peu de progrès aient été réalisés en Afrique subsaharienne en ce domaine.  Après avoir indiqué qu’il est décourageant de constater qu’en dépit de tous les efforts entrepris, la moitié de la population mondiale vit toujours au-dessous du seuil de la pauvreté.  Le représentant a enjoint la communauté internationale, la société civile, les ONG et le secteur privé à agir en conséquence pour nous rapprocher des Objectifs du Millénaire en matière de lutte contre la pauvreté.  Dans ce contexte, le NEPAD pourrait apporter

une contribution déterminante à la lutte contre la pauvreté sur le continent africain.  M. Tin a noté qu’il faudrait 40 à 60 milliards de dollars supplémentaires par an au titre de l’APD pour aider les pays en développement à atteindre leurs objectifs en la matière d’ici 2015.  Dans ce contexte, il a salué les nouveaux engagements des pays de l’Union européenne à augmenter leur aide publique au développement à hauteur de 0,39% de leur PNB d’ici 2006.  Il a évoqué les efforts de son pays pour parvenir à assurer une réelle sécurité alimentaire par le biais d’une meilleure utilisation des sols et d’une gestion de l’eau et l’encouragement du développement rural. 


M. JONES KYAZZE (Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture) a évoqué les priorités de l’UNESCO en matière de lutte contre la pauvreté qui sont axées sur une meilleure information, une assistance aux Etats Membres en matière de mise en œuvre de politiques, des recherches sur les politiques à mener, le renforcement des capacités et le soutien à des projets locaux novateurs dans les domaines couverts par sa compétence.  Il a tout particulièrement souligné le rôle fondamental de l’éducation pour renforcer la qualité de vie et assurer le progrès économique et social des personnes vivant dans la pauvreté.  Constatant que près d’un milliard de personnes sont aujourd’hui analphabètes sur les 1,3 milliard qui vivent dans la pauvreté, il a souligné le lien étroit entre la pauvreté et l’analphabétisme.  Dans le même ordre d’idées, il a déclaré que l’insuffisance d’accès pour les filles à l’éducation a une incidence sur la féminisation de la pauvreté.  Il a défini l’alphabétisation comme un moyen déterminant pour lutter contre la pauvreté, mais aussi pour atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire dans leur ensemble, et l’amélioration de la qualité de vie en général.


Pour réduire la vulnérabilité de ceux qui souffrent de la pauvreté et pour améliorer leur qualité de vie, a-t-il par ailleurs ajouté, nous devons leur permettre de bénéficier d’investissements dans le domaine de la santé et de l’éducation, mais aussi de moyens de subsistance durables.  Pour ce faire, des stratégies devraient être mises en place pour répondre à ces exigences et tout particulièrement aux exigences des contextes culturels locaux.  Il est important, a-t-il précisé, d’informer les populations locales sur leurs droits en matière de santé, d’éducation, d’alimentation et d’environnement.


Mme CAROLINE LEWIS (Organisation internationale du travail –OIT-) a déclaré que l’une des caractéristiques les plus négatives de la pauvreté est qu’elle prive les gens de leur dignité et les exclut de la société et souvent menace même leurs relations familiales.  L’OIT déploie tous les moyens à sa disposition pour faire face à la pauvreté aussi bien grâce à son Programme spécial de création d’emplois que par la création de petites entreprises (IFP/SEED).  La protection sociale est aussi un moyen efficace de réduction de la pauvreté et nous travaillons avec des organisations communautaires, des syndicats et des ONG pour promouvoir des programmes de microassurance.  Nous essayons de promouvoir d’autre part des mesures spéciales pour aider les gens à faire face aux menaces que pose la

pandémie du VIH/sida, qui souvent affecte les personnes dont l’activité est le gagne-pain des familles.  Le réseau de haut niveau créé par le Secrétaire général pour l’emploi des jeunes, que nous gérons conjointement avec l’ONU et la Banque mondiale, a été créé pour faire face au chômage qui affecte 70 millions de jeunes dans les pays en développement.  Ce programme investit dans l’éducation, la formation professionnelle, l’autonomisation des femmes et la promotion de leurs droits, ainsi que dans le lancement de petites entreprises et la promotion de politiques d’emplois dans les réflexions de réformes macroéconomiques.  L’OIT et le PNUD ont ensemble créé un groupe de travail sur la pauvreté et l’emploi.  Ce programme cherche à promouvoir la coopération avec des institutions nationales et régionales pour le lancement de projets techniques, dont le premier prendra forme en Ethiopie.


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