AG/EF/361

LE MANQUE DE REUSSITE DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT EST DU EN PARTIE A L’ABSENCE DE PRISE EN COMPTE DE L’EXPERTISE NATIONALE

26/10/01
Communiqué de presse
AG/EF/361


Deuxième Commission

Table ronde sur le thème

« Le renforcement des capacités et

l’éradication de la pauvreté – Leçons

apprises des évaluations »

& 16e séance – matin


LE MANQUE DE REUSSITE DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE DEVELOPPEMENT EST DU EN PARTIE A L’ABSENCE DE PRISE EN COMPTE DE L’EXPERTISE NATIONALE


La Deuxième Commission (Commission économique et financière) a organisé ce matin, en collaboration avec la Division de l’appui au Conseil économique et social et à la coordination du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, une table ronde sur le thème: “Le renforcement des capacités et l’éradication de la pauvreté – Leçons tirées des évaluations”.


Lors de cette table ronde coordonnée par M. Roger Maconick, Coordonnateur des effets de l’évaluation des activités opérationnelles au Département des affaires économiques et sociales, les délégations ont entendu une série d’exposés liminaires présentés par Mme Joyce Mapunjo, Sous-Commissaire au Ministère des finances de la République-Unie de Tanzanie; Mme Meena Acharya, auteur et experte sur les questions de sexospécifités et de la pauvreté au Népal; et MM. Kenneth King, ancien Ministre du développement économique du Guyana et Haven North, ancien Président du Comité d’aide au développement et du Groupe d’experts de l’évaluation de l’aide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


Au cours de leurs interventions, les panélistes ont estimé que la lutte contre la pauvreté avait permis de globalement ralentir la dégradation des conditions de vie des pays les plus frappés par la pauvreté.  A cet égard,

Mme Acharya a dit que la situation du Népal était meilleure aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années du fait de l’amélioration de l’éducation des populations et de l’introduction d’une dimension sexospécifique dans les programmes d’aide au développement que fournit le système de l’ONU.  Mais, a-t-elle regretté, les objectifs que l’on assigne au départ à certaines activités opérationnelles ne sont pas toujours atteints du fait du manque d’infrastructures.  Ce manque, selon l’experte, est dû au fait que la sélection et la définition des programmes ne prennent pas suffisamment en compte les besoins réels des populations et ne tiennent pas assez compte des priorités socioéconomiques définies par le Gouvernement népalais.


Abondant dans ce sens, M. Kenneth King, qui a conduit une mission d’évaluation en Tanzanie, a déploré que les résultats obtenus dans ce pays restent en-dessous des espoirs de départ.  Les activités opérationnelles de l’ONU ont manqué des ressources de base qui auraient été nécessaires à leur réussite, a-t-il estimé, en relevant aussi le manque de coordination entre les agences


opérationnelles de l’Organisation, et entre l’ONU, le Gouvernement tanzanien et les institutions de Bretton Woods.  Le modèle unique de développement et les conditionnalités imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) doivent être remis en question, a estimé M. King en relevant que ces institutions avaient plusieurs fois obligé la Tanzanie a opéré des changements coûteux sur le plan de l’administration des politiques et des priorités.  Ces changements pourraient être en partie responsables de la stagnation du pays dont 40% du budget dépendent aujourd’hui de l’aide extérieure, et 80% “de la bonne volonté des investisseurs étrangers”.  Sur le plan de l’expertise, la majorité des experts et consultants qui élaborent et appliquent les dossiers économiques tanzaniens sont des étrangers, dont les compétences peuvent parfois être mises en doute, a dit M. King en appelant la Tanzanie et les autres pays en développement à développer une expertise nationale qui pourrait prendre part à la conceptualisation des programmes et à leur mise en oeuvre et assurer ainsi l’appropriation du développement à leur pays.  Sans vouloir provoquer de guerre d’idées, nous encourageons l’ONU à contester l’hégémonie conceptuelle des institutions de Bretton Woods dont le modèle unique ne doit pas être aveuglément appliqué, a conclu l’orateur.


La table ronde s’est achevée par une série de questions posées par des délégations aux panélistes sur la manière dont des solutions tenant compte des priorités nationales pourraient être élaborées et proposées aux pays en développement frappés par la pauvreté.  Terminant le débat sur les activités opérationnelles de développement et la coopération économique et technique entre pays en développement, la Commission a entendu les représentants du Yémen, de l’Ethiopie, de la République de Corée, du Suriname et de la République Unie de Tanzanie ainsi que celui du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).


La Commission se réunira lundi 29 octobre à 10 heures pour entamer l’examen des questions d’environnement et de développement durable.


Table ronde sur le thème « Le renforcement des capacités et l´éradication de la pauvreté – Leçons apprises des évaluations »


      Ouvrant la table ronde, M. ROGER MACONICK, Coordonnateur des effets de l’évaluation des activités opérationnelles au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, a rappelé que les évaluations dont il est question ont été demandées par la Deuxième Commission elle-même.  Le but de la table ronde, a-t-il indiqué, est de permettre à certains évaluateurs de faire-part de leur réflexion sur les résultats enregistrés jusqu’ici.  Il sera également question, a-t-il ajouté, de donner la possibilité aux délégations de poser des questions sur l’analyse des résultats, les enseignements tirés et le suivi éventuel.  Les évaluations, a-t-il ensuite expliqué, ont été menées à Madagascar, au Mozambique, au Népal, aux Philippines, en Tanzanie et au Viet Nam, et ce par deux consultants, l’un du Nord et l’autre du Sud, qui eux-mêmes ont été appuyés par une « équipe de sages » composée de deux personnes représentant également le Nord et le Sud, pour assurer l’intégrité et l’indépendance du processus. Outre la table ronde, a annoncé M. Maconik, des synthèses des leçons apprises sur la lutte contre la pauvreté et le renforcement des capacités ont été préparées par deux évaluateurs. 


Les évaluations, a-t-il poursuivi, visaient à donner aux Etats Membres une analyse de la performance du système de l’ONU.  Il en est ressorti qu’avec un bon équilibre entre les politiques et des mesures institutionnelles, la pauvreté peut être réduite.  Les évaluations ont également mis l’accent sur le manque de ressources aux niveaux national et international tout comme elles ont établi un lien étroit entre la capacité nationale et l’appropriation nationale.  Toujours selon les évaluations, le système de l’ONU a contribué à élargir le concept du renforcement des capacités en partant du développement des ressources humaines.  Une législation récente a demandé des lignes directrices sur cette question à tous les niveaux de l’ONU.  La question d´ailleurs semble être réservée au PNUD et le principe de l’implication de l’ensemble du système doit encore rendu être opérationnel.


Les évaluations ont aussi montré que certaines entités du système de l’ONU ont contribué à changer le concept de lutte contre la pauvreté qui inclut désormais l’accès aux ressources et services et plus seulement l’augmentation des revenus.  Dans leurs recommandations, les évaluateurs ont estimé que la poursuite de l’objectif central de l’élimination de la pauvreté et le travail des différents organismes de l’ONU, en la matière, doivent être plus systématique et mieux liés entre elles.  Certains évaluateurs se sont d’ailleurs demandé si le système des Nations Unies dispose des compétences et de l’expérience requises pour traiter des questions multisectorielles liées à la pauvreté.  Enfin, les évaluateurs ont conclu que le fossé entre la rhétorique officielle et les mesures concrètes a été rarement aussi évident, a ajouté M. Maconick.


Mme MEENA ACHARYA, expert et auteur sur les questions de sexospécificité et de pauvreté (Népal), a estimé que le Népal a fait beaucoup de progrès dans la lutte contre la pauvreté.  Le taux de natalité s’est stabilisé et l’accès à l’eau potable s’est amélioré.  Mais le taux de chômage reste élevé dans les zones rurales, et les femmes ont perdu une partie des activités traditionnelles qui leur procuraient des revenus.  La population népalaise n’a pas, d’autre part, accès aux revenus éventuels que pourraient lui procurer des activités d’exportations, et sur le plan de l’emploi, le secteur économique formel national fait venir d’ailleurs une main d’oeuvre qui lui coûte moins cher que la main d’oeuvre népalaise.  Mais globalement, le Népal fait mieux, face à la pauvreté, qu’il y a une vingtaine d’années.  Le niveau d’éducation s’est amélioré et les infrastructures, telles que les routes, sont aujourd’hui plus disponibles.  Sur le plan politique, la démocratisation a permis de rendre la vie sociale plus ouverte et plus tolérante.  Sur le plan humain, le gouvernement est en ce moment plus averti du besoin de former plus de personnels et de renforcer les capacités humaines.


Le Népal a connu un changement de gouvernement il y a quelques années.  Des querelles politiques ont éclaté entre partis politiques sur les questions économiques, mais on a finalement pu arriver à une entente sur la manière et les modalités d’une privatisation des entreprises d’Etat.  Les changements de comportements sont lents à venir au Népal, mais peu à peu on arrive à éduquer les gens sur les changements qui sont nécessaires si l’on veut s’adapter à un contexte mondial différent.   Le budget national du Népal est faible, et les ressources manquent pour mener les programmes de lutte contre la pauvreté.  C’est pourquoi le soutien des bailleurs de fonds est d’une importance cruciale.  L’ONU mène des activités de soutien au développement qui sont indispensables.  La coordination au sein du système de l’ONU s’est améliorée, grâce au bilan commun de pays (CCA) et au Plan-cadre des Nations Unies (UNDAF) qu’appliquent les agences sur le terrain.


Concernant la situation des femmes, il faudrait aller au-delà du droit aux soins de santé génésique.  La mise en application  des politiques en faveur de la femme laisse encore à désirer.  On parle cependant de plus en plus de l’égalité des chances entre sexes et on conduit des programmes d’éducation s’adressant aux couples en vue d’améliorer la situation des femmes dans la structure familiale et au-delà.  Introduire la transparence dans tous les processus de lutte contre la pauvreté mis en oeuvre par l’Etat est une nécessité, car il faut rendre compte de l’usage qui est fait de l’argent des contribuables.  Nous avons parfois observé que certains programmes n’avaient pas atteint l’objectif qui leur était assigné au départ, mais qu’ils avaient eu des effets contraires.  Nous pensons qu’il faudrait faire preuve de plus de souplesses dans la conception des programmes.  La priorité devrait être mise sur la construction des routes au Népal, car sans routes, tout autre type de programme a peu de chance de réussite dans ce pays.  La règle 20/20 adoptée à Copenhague dans les recommandations pour assurer le développement social, ne devrait pas être mise en application de la même manière partout; elle devrait être adaptée aux besoins et aux priorités des pays, d’où la nécessité de mieux cibler les programmes. 


A son tour, Mme JOYCE MAPUNJO, Sous-Commissaire au Ministère des finances de la République-Unie de Tanzanie, a axé sa déclaration sur la question du renforcement des capacités en arguant que bien souvent la compétence et les capacités sont les obstacles à la réalisation des objectifs de lutte contre la pauvreté.  Elle a estimé qu’en la matière, il faut des cadres appropriés, des priorités, et un engagement sans failles des gouvernements.  Le renforcement des capacités, a-t-elle encore estimé, doit se faire à tous les niveaux, de la base aux niveaux régional et national.  Pour ce qui est de la base, il faut sensibiliser les populations et analyser leur possibilité de participer au processus politique.  Mme Mapunjo a poursuivi en soulignant l’importance de la question du changement économique et social des pays, en ce qui concerne, en particulier, leurs rapports avec les bailleurs de fonds.  En Tanzanie, depuis le début des années 90, une adaptation s’est faite qui a mené au renforcement du dialogue avec les donateurs, a-t-elle dit.


Pour ce qui est de l’avenir national, a-t-elle indiqué, un travail se fait avec tous les intéressés pour mettre en place une stratégie de développement dans laquelle l’agriculture, l’éducation, la santé, l’accès à l’eau potable et les infrastructures sont les priorités.  Des plans de développement sectoriels fondés sur l’évaluation des besoins sont également envisagés.  Pour ce qui est de l’ONU, son aide a ciblé la santé, l’éducation, la décentralisation, l’agriculture et la bonne gouvernance.  En la matière, le renforcement des capacités a pu se faire grâce à l’intervention de l’ONU.   


Comment s’engager pour appuyer les réformes proposées par l’ONU et pour que le système onusien ait un impact plus important sur la réduction de la pauvreté, s’est interrogée l’oratrice.  Il ne s’agit pas seulement de procédures mais d’un processus d’autoévaluation qui, selon elle, est un véritable défi. Toutes les questions importantes pour le renforcement des capacités en matière de lutte contre la pauvreté doivent être examinées en priorité, a-t-elle dit.  Comme première conclusion, elle a estimé que l’aide de l’ONU ne peut avoir de véritable impact si l’environnement du pays ne le permet pas.  Le cas de la Tanzanie peut illustrer ce postulat.


M. KENNETH KING, ancien Ministre du développement économique du Guyana, a déclaré que les résultats des travaux effectués par les organismes de l’ONU en Tanzanie dans la lutte contre la pauvreté étaient en général positifs.  Le développement et le renforcement des capacités sont certaines des grandes réussites de l’ONU en Tanzanie, a estimé M. King.  Cependant, a-t-il poursuivi, la Tanzanie reste très pauvre, le pays ayant des capacités de développement très faibles.  Les résultats obtenus globalement en Tanzanie sont en dessous des espoirs et ce n’est pas de la faute des organismes du système de l’ONU.  Les activités opérationnelles de l’ONU ont fait face à une pénurie criarde de ressources.  D’autres problèmes se sont posés: par exemple, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) a fait un excellent travail dans le domaine de l’industrialisation et de la production.  Mais à cause du manque de coordination entre agences de l’ONU, les efforts de l’ONUDI n’ont pas été soutenus par la FAO dans le domaine de la production alimentaire et par les autres intervenants dans leur secteur.  L’assistance étrangère n’a donc pas eu les effets d’entraînement qu’elle aurait pu avoir sur le reste de l’économie tanzanienne.  La faute est partagée, car les politiques nationales de la Tanzanie et celles des institutions de Bretton Woods n’étaient pas, elles non plus, coordonnées avec celles de l’ONU.  La Tanzanie a dû, pour adapter ses actions nationales aux exigences des institutions de Bretton Woods, modifier plusieurs fois le cadre des politiques qu’elle avait élaborées sur le plan national.  Ces changements ont été coûteux et peuvent expliquer la stagnation économique du pays, dont la dépendance envers l’assistance s’est aggravée.  40% du budget de la Tanzanie dépendent de l’aide extérieure, et 80% des capitaux dont elle a besoin viennent de l’extérieur.  Sur le plan de l’expertise, la majorité des “experts” qui travaillent sur les dossiers économiques tanzaniens sont des étrangers, dont les compétences peuvent souvent être mises en doute.  Le drame est que les autorités tanzaniennes ne font pas les efforts qui seraient nécessaires pour développer une expertise nationale.  Or, l’expérience a montré que si le bénéficiaire de l’aide est aux commandes des programmes de mise en oeuvre, les chances de réussite sont beaucoup plus grandes que si l’application des politiques était entre les mains de l’extérieur.  La conceptualisation des programmes est


elle aussi à un moment critique dans le processus d’appropriation, et les nationaux doivent y prendre part.  Les conditionnalités imposés par les institutions de Bretton Woods sont un facteur négatif dans le processus de développement, et il en est de même des conditionnalités cachées qui existent parfois dans les programmes des organismes de l’ONU.


Les organismes de l’ONU devraient donner plus de ressources aux programmes qu’ils appliquent en Tanzanie.  Les programmes en eux-mêmes ne sont pas toujours mauvais, mais ce sont les fonds et les ressources d’application qui manquent le plus.  La coordination devrait être améliorée, de manière à ce que les diverses institutions travaillent de manière plus cohérente afin que les efforts entrepris aident vraiment le pays bénéficiaire.  Enfin, nous pensons que la dépendance conceptuelle envers les institutions de Bretton Woods devrait être équilibrée par un apport de vues conceptuelles originaires du pays lui-même.  On ne donne pas le choix aux pays en développement entre plusieurs solutions ou modèles de développement.  Nous pensons que les catégories de développement ne sont pas limitées, et que l'on a tort de vouloir imposer un modèle unique aux pays pauvres.  Nous encourageons l’ONU à contester l’hégémonie conceptuelle des institutions de Bretton Woods.


M. HAVEN NORTH, ancien Président du Comité d’aide au développement/Groupe d’experts de l’évaluation de l’aide de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a observé que les évaluations ont montré que grâce à leur dialogue sur la politique globale ou sectorielle, les Nations Unies ont une influence certaine sur les pays.  Les évaluations ont aussi fait apparaître certaines faiblesses comme la multiplication des projets ou le manque de coordination mais aussi une “surextension” du secteur, c’est-à-dire que les programmes s’étendent à si un grand nombre de secteurs que cela affaiblit leur impact. De plus, il apparaît que les initiatives de l’ONU sur le terrain sont rarement intégrés dans les politiques générales des gouvernements nationaux. 


Questions-réponses


Lançant la première série de questions, le représentant de la Suède a demandé des exemples concrets de “restructuration du travail de l’ONU” sur le terrain.  Quel est le potentiel des notes stratégiques sur la lutte contre la pauvreté dans le renforcement de la cohérence? a encore demandé le représentant avant de vouloir aussi savoir quelles sont les “autres idées” de développement évoquées par l’ancien Ministre du développement économique de Guyana.  S’adressant toujours à ce dernier, il lui a demandé comment son idée de proclamer la primauté de l’ONU sur les institutions de Bretton Woods en matière de développement sert les objectifs du renforcement de la cohérence.  A son tour, le représentant de la Belgique a souhaité des éclaircissements sur la méthodologie des études d’impact des activités opérationnelles.  La représentante des Etats-Unis a, elle, souhaité savoir si la présence de nombreux réfugiés en Tanzanie a un impact sur les efforts de développement du pays.


Répondant à la Suède, l’ancien Ministre du développement économique de Guyana a souhaité la mise en place de “bureaux” sur le terrain composés de personnes compétentes dans les projections économiques des pays.  Quant à l’impact des notes stratégiques de lutte contre la pauvreté sur la cohérence, il a argué que de toute manière, l’approche du développement est “un peu étriquée” car très souvent des aspects fondamentaux sont perdus de vue au profit des avantages à court terme.  Au Népal, par exemple, l’aide extérieure se concentre sur le développement social en oubliant les infrastructures routières ou le développement agricole qui sont essentiels pour un développement harmonieux.  Poursuivant, il a rappelé que les pays en développement se sont entendus dire que la discipline fiscale doit être l’objectif des politiques financières.  Cette discipline est importante, a-t-il reconnu, mais chacun sait que d’autres moyens existent qui n’ont pas autant d’impact sur le développement.  Il est donc nécessaire d’avoir une analyse rigoureuse à Washington, au sein des institutions de Bretton Woods, pour que ces pays puissent faire leur choix.  A ce propos, il a souligné que les pays en développement, face aux institutions de Bretton Woods, sont confrontés à des “partenariats inégaux”. Or le système de l’ONU n’étant pas perçue de la même manière, il faut privilégier une autre opinion.  La demande d’une autre opinion en tant de crise est une chose normale, a insisté l’orateur en indiquant que les pays en développement, qui sont en pleine crise, se voient refuser le droit de proposer des solutions alternatives.


Reprenant la série de questions, le représentant du Népal est revenu sur la question du manque de coordination sur le terrain pour s’interroger sur les moyens d’améliorer cette coordination entre les sièges et les bureaux sur le terrain.  A cette question, l’Experte du Népal sur les questions de sexospécificités et de la pauvreté a estimé que tout doit commencer avec une meilleure prise en compte des avis des acteurs sur le terrain. 


Prenant la parole dans le cadre de remarques de conclusion, M. HAVEN NORTH, ancien Président du Comité d’aide au développement et du Groupe d’experts de l’évaluation de l’aide de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), a dit que les rapports d’évaluation de la lutte contre la pauvreté devaient être consultés comme une base de compilation d’expériences.  Une analyse en profondeur des évaluations est nécessaire pour que les pays concernés puissent en tirer les leçons qui s’imposent.  Les évaluations doivent faire partie d’un processus d’apprentissage.  On peut peut-être, dans le cas présent, reprocher à ces documents le fait qu’ils se basent surtout sur les activités des organismes du système de l’ONU.  Cependant il faut reconnaître qu’ils permettent d’avoir une vue plus claire sur les différentes situations.  L’idée a été avancée que les hauts fonctionnaires se rendent de plus en plus sur le terrain pour voir de leurs yeux les activités de soutien au développement et de lutte contre la pauvreté.  Nous pensons que cette idée mérite d’être retenue pour permettre aux personnes qui prennent les décisions de se rendre sur le terrain et de ne pas travailler dans l’abstrait.  D’autre part il faudrait que les donateurs soient de leur côté évalués séparément, afin que chacun soit mis devant ses responsabilités et puisse profiter de l’expérience, a dit M. North.  Rappelant que cela fait 40 ans qu’il participe à des travaux sur l’élimination de la pauvreté, il a souhaité que la communauté internationale aille au-delà de l’organisation de grandes conférences internationales et prenne la question de la pauvreté plus au sérieux.


A son tour, la Sous-Commissaire au Ministère des finances de la Tanzanie a souhaité que les évaluations soient désormais dirigées par les pays et ne suivent pas des recettes toutes faites imposées par d’autres.  Nous devons nous montrer plus pratiques et ne pas privilégier la rhétorique, a-t-elle insisté.  Intervenant aussi, le Coordonnateur des effets de l’évaluation des activités opérationnelles au Département des affaires économiques et sociales a souligné que la question qu’il faut se poser est de réfléchir à ce que l’on peut véritablement


attendre de l’appui des Nations Unies en matière de renforcement des capacités et de lutte contre la pauvreté.  Les évaluations, a-t-il conclu, sont considérées comme un processus d’apprentissage.  Ce n’est ni une menace ni une punition mais un moyen de voir comment on peut faire mieux.


Fin du débat sur les activités opérationnelles de développement et la coopération économique et technique entre pays en développement


      M. SETHURAMIAH L.N.RAO, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a assuré les délégations que tous les membres du Groupe des Nations Unies pour le développement continuent de renforcer la coordination afin d’alléger le fardeau des partenaires nationaux et des équipes de pays.  Reconnaissant qu’il reste encore beaucoup à faire, il a annoncé les mesures importantes qui sont prises en matière d’harmonisation par le biais des cycles de programmation, de la mise en oeuvre commune des processus Bilans communs/Plans-cadres, des examens conjoints à mi-parcours, et des directives pour la programmation commune.  Il a aussi annoncé qu’un groupe de travail du Groupe des Nations Unies pour le développement, dirigé par le FNUAP, travaille à l’élaboration d’un processus commun d’approbation des programmes.  Dans ce cadre, tout est fait pour que les gouvernements nationaux aient le contrôle effectif du processus et des résultats.  En conséquence, un groupe de travail restreint interinstitutions, comprenant le PNUD, le FNUAP, l’UNICEF et le PAM, travaille sur un format commun de directives à l’intention des pays-programmes.  Le FNUAP et les autres partenaires du Groupe des Nations Unies pour le développement travaillent aussi, a expliqué le représentant, à la simplification et l’harmonisation des autres aspects de leurs activités comme les règles et les normes générales et les règles et procédures financières et administratives.  Avant de conclure, le représentant a suggéré aux délégations d’autoriser la publication des rapports communs du FNUAP, du PNUD, de l’UNICEF et du PAM en ce qui concerne l’examen triennal et les réformes de l’ONU.  Il a enfin soulevé la question des ressources en disant attendre beaucoup de la Conférence sur le financement du développement.


M. AL-HADDAD (Yémen) a souligné le rôle vital des activités opérationnelles de l’ONU pour les pays en développement. Il a estimé, dans ce cadre, que l’examen triennal est l’occasion unique de réfléchir à l’adaptation de ces activités aux défis actuels explicités dans la Déclaration du Millénaire.  Il a appuyé les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général qui visent, a-t-il dit, à l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale.  Il est essentiel, a-t-il poursuivi, que les Nations Unies puissent consolider leur stratégie et renforcer la coordination entre les divers organismes.  Le représentant a particulièrement réitéré l’importance de la question de l’accès aux technologies de l’information et des communications.  Les Nations Unies, a-t-il voulu, doivent renforcer les efforts nationaux en la matière et bénéficier, pour ce faire, des ressources requises.


Venant à la coopération économique et technique entre pays en développement, il s’est félicité des progrès en la matière, y voyant là un élargissement heureux du champ d’activités entre les régions, condition préalable d’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale.  Il a rappelé, dans ce cadre, la Déclaration du Sommet Sud-Sud de la Havane qui doit être le cadre de référence en la matière.  Il a aussi mis l’accent sur le Consensus de Téhéran qui, a-t-il dit,


est une contribution efficace à l’élargissement des domaines de coopération entre les pays du Sud.  Ce dont ont besoin les pays en développement, c’est la traduction en acte de la rhétorique du développement, a conclu le représentant en s’adressant aux pays du Nord.


M. AZANAW T. ABREHA (Ethiopie) a déclaré que l’assistance que fournit le système de l’ONU à l’Ethiopie est essentielle à la lutte que ce pays mène contre la pauvreté et pour la promotion du développement durable.  Notre délégation remercie donc les bureaux basés en Ethiopie du PNUD, de l’UNICEF, du FNUAP, et du PAM, et nous réaffirmons notre conviction que l’éradication de la pauvreté devrait être la pierre angulaire des activités opérationnelles de développement des Nations Unies.


L’Ethiopie prend note de l’impact positif qu’ont eu les réformes commencées en 1997 sur les activités opérationnelles, dont l’efficacité est aujourd’hui plus grande.  Mais nous partageons les préoccupations du Secrétaire général sur la question des ressources, qui font de plus en plus défaut à ces activités.   Les ressources de base sont l’aspect financier le plus important, si l’on veut assurer la durée des activités et la prévisibilité de leur planification et de leur programmation.  Notre pays considère les cadres stratégiques du bilan commun de pays (CCA) et le Cadre intégré d’assistance au développement (UNDAF) comme indispensables, tout en relevant que ces instruments devraient être conçus de manière à favoriser l’appropriation des programmes par les pays bénéficiaires des activités opérationnelles.  Concernant l’UNDAF, nous sommes conscients de la nouveauté du concept et espérons que les leçons de ses premières applications seront rapidement tirées, de manière à rendre le Cadre plus souple et mieux adapté aux pays dans un proche avenir.  L’Ethiopie tient à souligner qu’elle a, comme un certain nombre de pays, élaboré un cadre national d’exécution de l’UNDAF et de la CCA.  Nous attendons, pour faciliter l’exécution de ces instruments, que leurs règles et procédures de mise en oeuvre soient simplifiées.


Mme OH HYUN-JOO (République de Corée) a aussi souligné la nécessité pour les organismes des Nations Unies d’effectuer des progrès dans la simplification et l’harmonisation des procédures liées aux programmes.  Par leur capacité à réduire les coûts de transactions et à renforcer l’efficacité des activités de développement, les progrès en la matière sont au coeur d’une réforme réussie des Nations Unies.  La représentante a poursuivi en faisant part de sa préoccupation devant la tendance à la baisse des ressources de base.  Elle a estimé que la préservation de la nature multilatérale des activités de développement des Nations Unies dépend du maintien des ressources de base comme principale source de financement.  Au sujet de la coopération technique entre pays en développement, elle a souhaité que la Division de l’ONU chargée de la question élargisse ses activités et identifie davantage de domaines pour ce type de coopération.  Pour sa part, a-t-elle dit, la République de Corée continuera à coopérer avec les pays en développement par des programmes de formation technique, d’échanges d’experts, et d’études et de recherches sur le développement.


Mme IRMA LOEMBAM TOBING-KLEIN (Suriname) a déploré la baisse des ressources de base dans les budgets des organismes d’appui au développement du système de l’ONU.  Cette situation met en danger la conduite des activités opérationnelles de l’Organisation, a estimé la représentante.  Le Suriname pense que le CCA et l’UNDAF devraient beaucoup plus prendre en compte les réalités et les priorités des pays en développement qui reçoivent les activités opérationnelles de l’ONU, a-t-elle poursuivi.  Nous soutenons la place importante que l’on se propose de faire jouer à la coopération économique et technique pour le développement entre pays en développement et apprécions à cet égard les tâches menées par le Groupe spécial chargé de la question, a dit Mme Tobing-Klein en se félicitant des efforts déployés pour promouvoir dans ce cadre la coopération triangulaire.  Notre pays appuie une tenue, dans les meilleurs délais, de la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur les droits de l’enfant qui aurait dû avoir lieu à New York le mois dernier et qui a été reportée à cause des attentats qui se sont produits le 11 septembre.  Les enfants du Suriname avaient été choisis pour représenter les jeunes d’Amérique centrale et du Sud et nous remercions les pays de notre région pour ce choix au moment où les problèmes de l’enfance se font plus urgents à résoudre que jamais.


M. RICHARD T. DOGANI (République-Unie de Tanzanie), tout en reconnaissant l’importance des ressources autres que celles de base pour le développement, s’est toutefois déclaré préoccupé par l’importance qu’elles acquièrent au détriment des opérations multilatérales.  Dans ce cadre, il s’est dit déçu que les plans de financement pluriannuels n’aient pu générer la mobilisation attendue des ressources.  Le représentant a poursuivi en souhaitant que toute recommandation sur les activités opérationnelles de développement ne vienne pas compromette leurs caractéristiques principales qui sont leur universalité, leur caractère volontaire et subventionnel et leur capacité à répondre aux besoins des pays en développement, de manière souple et en temps voulu.  De plus, pour lui, les activités opérationnelles doivent être menées dans l’intérêt des pays en développement, à leur demande et conformément à leurs politiques et priorités nationales.  Insistant sur ce point, le représentant a estimé que les plans nationaux sont le seul cadre de référence viable pour les activités opérationnelles de développement.  Il a rappelé la responsabilité première des gouvernements nationaux dans la coordination de l’aide extérieure et l’intégration efficace dans les processus de développement.


Tout en reconnaissant les rôles importants des processus Bilans communs/Plans-cadres dans la cohérence des activités opérationnelles, il a souhaité que les mêmes processus soit utilisés pour renforcer les initiatives relatives au renforcement des capacités pour permettre aux pays en développement de coordonner l’aide extérieure de manière plus efficace et moins onéreuse.  Le renforcement des capacités étant un élément essentiel de l’appropriation par les pays des programmes de développement, il est important que les processus Bilans communs/Plans-cadres soient à même de renforcer cette appropriation nationale et donc de contribuer à la lutte contre la pauvreté. 


Sur la question de la coopération économique et technique entre pays en développement, le représentant a estimé qu’avec la lassitude des donateurs, elle est devenue un outil indispensable pour relever les défis auxquels sont confrontés les pays concernés.  Il a toutefois souhaité que ce type de coopération ne soit pas considéré comme un substitut de la coopération traditionnelle.  L’appui des pays développés par la coopération triangulaire est vital tout comme celui du système des Nations Unies, a-t-il dit avant d’appeler à ce que la Division de l’ONU chargée de la question dispose de ressources adéquates.


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