AG/EF/327

L'INTEGRATION AUX MECANISMES DE LA MONDIALISATION DOIT SE FAIRE PAR ETAPES, EN RESPECTANT LES CAPACITES DE CHAQUE PAYS ET EN LES SOUTENANT, RECOMMANDENT LES DELEGATIONS

24 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/EF/327


L’INTEGRATION AUX MECANISMES DE LA MONDIALISATION DOIT SE FAIRE PAR ETAPES, EN RESPECTANT LES CAPACITES DE CHAQUE PAYS ET EN LES SOUTENANT, RECOMMANDENT LES DELEGATIONS

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La mondialisation doit être un processus global auquel les pays doivent se joindre selon leur niveau de préparation et leurs capacités à maîtriser les interactions entre ses composantes, à savoir la libéralisation, le commerce multilatéral et le fonctionnement des institutions financières, et les politiques promues par différents pays dont notamment les puissances économiques, a estimé cet après-midi, devant la Deuxième Commission (économique et financière), le représentant de la Thaïlande. Il a rappelé que son pays avait été le premier à faire l’expérience d’une crise financière due aux mécanismes de la mondialisation. Une approche d’intégration par étapes semble la plus adaptée, a poursuivi le représentant en souhaitant cependant que les pays développés, les institutions de Bretton Woods, les Nations Unies et l’Organisation mondiale du commerce fournissent une meilleure assistance aux pays en développement en les dispensant même de certaines obligations commerciales, financières ou politiques. La mondialisation ne devrait pas être une course où seuls les plus forts survivent, mais un processus où tous les acteurs ont un minimum de chances de réussite et de survie, a-t-il estimé.

Relevant les asymétries actuelles du processus de mondialisation, qui s’est essentiellement caractérisé dans les pays en développement par l’appauvrissement de leurs populations et la perte de contrôle des Etats sur les conditions économique et sociale de leurs pays, la représentante de Sainte-Lucie a estimé que la mondialisation était une forme de colonialisme économique qui donne tous les pouvoirs à des multinationales sans aucune légitimité internationale. Il est surprenant, a-t-elle dit, que les mesures et le cadre qui régissent ce phénomène soient le seul cadre de politiques et de législations ayant des impacts mondiaux qui échappent totalement au contrôle de la communauté internationale, dont le seul forum légitime est celui des Nations Unies. Les mécanismes actuels de la mondialisation sont l’outil d’un véritable crime contre des peuples entiers de la planète, et l’on ne peut être que très sceptique quand, dans le même temps, certains pays puissants prétendent tenir des discours moralisateurs sur la démocratie et le respect des droits de l’homme, alors que des millions de personnes vivent dans la plus abjecte des misères dans les pays du Sud, a dit la représentante, qui a lancé un appel à la création d’un organe de contrôle et de régulation de la mondialisation au sein de l’Organisation des Nations Unies.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/327 24 octobre 2000

Dans son intervention, le représentant du Japon a rappelé que son pays avait pris, lors du Sommet du G-8 à Okinawa, la décision de mettre 15 milliards de dollars, sur une période de cinq ans, au service de la réduction de la fracture numérique qui est un frein à l’intégration des pays en développement aux échanges mondiaux. Le Japon, a dit le représentant, fera porter son aide sur les différents aspects d’équipements en infrastructures, de formation et d’éducation, et d’assistance technique à l’intégration aux échanges internationaux, dont la solution permettrait aux pays pauvres de sortir de la marginalisation et de l’exclusion.

Les pays suivants ont également pris la parole au cours de cette réunion: Singapour; Chine; Nouvelle-Zélande; Kenya; Saint-Marin; Chili; Pologne; Maroc; Slovaquie; Brunéi Darussallam; Malaisie; République de Corée; Myanmar, et Philippines. L’Observateur de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et le Directeur de la Division de l'appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales se sont également exprimés.

La Commission reprendra ses travaux demain, mercredi 25 octobre, à 11 heures.

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MONDIALISATION ET INTERDEPENDANCE

Débat général

M. LOH TUCK WAI (Singapour) a estimé que l’on pouvait déjà voir se manifester certains des bienfaits que les technologies de l’information et des communications (TIC) peuvent apporter aux pauvres. Avant la révolution des TIC, les bases de données les plus importantes n’étaient accessibles qu’aux entreprises et personnes vivant dans des pays riches. Aujourd’hui, les populations des pays en développement peuvent avoir un accès direct à l’information concernant par exemple les dernières découvertes en matière d’agriculture et de santé qu’elles peuvent trouver sur des sites web comme ceux du Réseau d’information agricole de Cornell, à l’adresse www.cornelle.agnic.org ou du réseau de santé, www.health.net.nz. Avec les TIC, l’information est devenue sans frontières, et même la ligne de téléphone n’est pas toujours nécessaire. Nous espérons que dans les temps à venir, l’accès aux réseaux d’information sera de plus en plus possible pour tous. Singapour soutient à cet égard les initiatives déployées par le système des Nations Unies en vue de donner aux différents pays la possibilité de s’ancrer aux échanges internationaux. Comme l’ont dit les leaders du G-8, qui ont décidé de créer un groupe de travail sur les TIC à Okinawa, la fracture numérique doit être comblée. Lors du Sommet du millénaire, les dirigeants du monde entier se sont engagés à réduire de moitié la pauvreté d’ici à l’an 2015. Singapour pense que les TIC peuvent grandement contribuer à atteindre cet objectif.

M. SHEN GUOGANG (Chine) a rappelé que le rapport entre le revenu par habitant des pays riches et des pays pauvres est passé de 30/1 en 1980 à 74/1 aujourd’hui. Il a en outre rappelé que les pays développés, dont la population ne représente que 20% de la population mondiale, détiennent 80% de la richesse mondiale. Dans ces conditions, a dit le représentant, exagérer les avantages de la mondialisation en niant totalement ses méfaits comme son rôle dans la marginalisation des pays pauvres, fera du développement commun de l’humanité un objectif impossible. S’il faut espérer que les “élus” de la mondialisation continueront à se développer, il faut cependant les prévenir que la dernière chose que nous voulons voir est que leur développement se fasse au détriment des intérêts des autres, a prévenu le représentant. En l’absence de règles et d’un objectif clair, la mondialisation ne profitera qu’à une petite minorité d’entre nous, a ajouté le représentant, en assignant à la communauté internationale la tâche de mettre en place une réelle gouvernance de cette mondialisation. Le nouveau système, a-t-il précisé, doit représenter les intérêts de la majorité des peuples. Pour le représentant, les Nations Unies, en tant qu’organe universel et représentatif, doivent jouer un rôle central dans la gestion et la réglementation de la mondialisation.

La communauté internationale, a poursuivi le représentant, doit procéder à une réforme du système financier et commercial international et en faire un système ouvert, équitable, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire. Le succès de ce processus dépend naturellement de la pleine participation des pays en développement, a estimé le représentant. Il a conclu sur la question de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication en appelant la communauté internationale à prendre les mesures qui s’imposent pour combler le fossé numérique.

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Des efforts doivent être déployés pour renforcer la coopération internationale et créer un environnement favorable à l’accès des pays en développement à ces technologies, a encore dit le représentant. Invoquant la Déclaration adoptée par le Conseil économique et social au cours de sa dernière session de fond, le représentant a estimé que les Nations Unies et le Conseil en ressortent clairement comme ayant un potentiel unique pour relever les défis dans les domaines économique et social. Le représentant a émis l’espoir que l’Organisation fera de la question de la technologie de l’information et de la communication au service du développement une de ses priorités.

M. GRANT ROBERTSON (Nouvelle-Zélande) a déclaré que son pays soutient les recommandations émises par le Conseil économique et social après la tenue de son débat de haut niveau sur les TIC, et en particulier la recommandation de la création d’un groupe de travail sur la question. Les initiatives de partenariat que ce groupe doit promouvoir entre les secteurs privé et public sont le genre de mesures indispensables à la maximisation des bénéfices de la mondialisation. Ceci ne veut pas dire pour autant que les TIC sont la panacée à tous les problèmes économiques des pays en développement. Nous ne devons pas oublier, en même temps que nous nous attelons à rendre l’usage des TIC possible, de mettre en place des mesures efficaces de lutte contre la pauvreté, et celles qui pourraient fournir les services d’éducation de base, de santé, et les logements dont les populations des pays pauvres ont besoin. Une action globale est nécessaire, et nous pensons que seules des actions internationales concertées peuvent nous permettre d’atteindre ces buts. La Déclaration du millénaire nous rappelle qu’il faut mettre en place un nouveau système financier international ainsi qu'un nouveau cadre commercial international libre des politiques protectionnistes que pratiquent les pays développés. Il est essentiel dans le même temps, d’améliorer la gouvernance, le respect des droits de l’homme et la parité entre les sexes pour arriver à une mondialisation équitable. L’Organisation des Nations Unies a, à cet égard, un rôle important à jouer.

Mme GIULIA GHIRARDI (Saint-Marin) s’est inquiétée des menaces que la mondialisation fait peser sur la survie des petites nations. Certains petits pays, a dit la représentante, dépendent essentiellement de quelques facteurs pour leur existence. Il serait sans doute nécessaire d’examiner la possibilité de créer des structures répondant aux besoins des pays de petite superficie et de faible population. Bien qu’étant conscient des priorités que se donne la communauté internationale, nous sommes confiants en la volonté de la communauté internationale de travailler en prenant en compte toutes les opinions et tous les intérêts de manière à minimiser les effets négatifs de la mondialisation sur la vie de toutes les sociétés. Nous demandons que l’on donne une chance à chacun, à travers notamment des règles claires et pertinentes qui donnent à chaque Etat la possibilité de participer au débat d’élaboration de ces règles. Notre délégation pense qu’à cet égard, nous devons veiller à respecter la préservation des particularités et des traits de chaque nation.

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M. ADAM ADAWA (Kenya) s’est déclaré préoccupé par l’environnement économique défavorable et dit l’urgence qu’il y a à renforcer la coopération économique internationale et à appuyer les pays en développement dans leur quête de croissance économique et de développement durables. L’accès des pays en développement aux bénéfices de la mondialisation exige une démocratisation du processus de prise de décisions économiques ainsi que l’adoption, par les institutions internationales, d’une approche intégrée dans l’examen des questions liées au commerce, à la finance et au développement et une réforme globale du système financier international. La recherche de solutions au problème de la marginalisation en tenant compte de la question de l’accès aux ressources, aux marchés, à la science et à la technologie devrait favoriser les pays en développement. Il faut, a estimé le représentant, renforcer les modes actuels des flux financiers bilatéraux, multilatéraux et privés ainsi que ceux de l’investissement et du commerce. Dans ce contexte, il est nécessaire d’établir un système commercial multilatéral ouvert, fondé sur des règles, équitable, sûr, non discriminatoire, transparent et prévisible.

Pour ce faire, il convient d’assister les pays en développement dans leurs efforts concernant la dette extérieure, l’APD, les flux de l'IED, le renforcement des capacités, la pauvreté, l’analphabétisme et les maladies; le règlement des conflits, la dégradation de l’environnement et les catastrophes naturelles. Le représentant a, dans ce cadre, réaffirmé l’importance des Nations Unies comme organe universel pour le dialogue requis. Il a souhaité que les principales institutions financières et commerciales tiennent compte de la position des Nations Unies et s’assurent que leurs politiques répondent aux besoins et aux objectifs des pays en développement. Tout en se félicitant des différentes initiatives des Nations Unies en faveur du développement, le représentant a constaté que leur mise en oeuvre n’a pas donné les résultats escomptés. Il a appuyé les appels à la coordination et à l’harmonisation des activités qui selon lui, conduiront à un meilleur financement des programmes et projets et à une meilleure appropriation de ces programmes et projets par les populations concernées.

M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a déclaré que la mondialisation et l’interdépendance forment un processus qui affecte non seulement la nature des relations internationales mais aussi la vie de chaque individu. Au Chili, un pays situé à l’extrême Sud du continent américain, les transformations technologiques ont été des facteurs positifs dans le développement économique et social. La situation nouvelle, qui offre une très grande quantité d’informations sur tout un ensemble de sujets, place la communauté internationale dans la position de promouvoir réellement les droits de l'homme. Un autre aspect de la mondialisation est la densité des échanges commerciaux et financiers qui offre une occasion particulière aux petits pays éloignés des places financières. En 10 ans, le Chili a pu développer son économie et réduire considérablement la pauvreté prouvant ainsi que la mondialisation peut être une source d’opportunités. La mondialisation s’est aussi révélée un moteur de dialogue entre les civilisations et permet d’apprécier les autres cultures. Dans ce cadre, il convient de faire des efforts d’investissement dans l’éducation sans avoir peur de l’ouverture sur le reste du monde.

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La mondialisation pouvant également aboutir à l’élargissement du fossé entre riches et pauvres, il convient de réfléchir à l’orientation que l’on veut lui donner. Etre en faveur de la mondialisation ne veut pas dire choisir la loi de la jungle. Le Chili appelle à des normes et à des institutions capables de guider cette mondialisation. Il faut pourtant garder à l’esprit qu’aucun mécanisme ne pourra réduire les inégalités en l’absence de la volonté politique requise. Il faudra écarter l’idée de laisser certains pays à l’écart et s’atteler à la définition de normes et à la mise en place d’institutions pour intégrer tous les pays à l’économie mondiale. Les pays développés se doivent de prendre des mesures concertées avec les pays en développement, a conclu le représentant avant d’apporter son appui à toutes les mesures pouvant aboutir à une mondialisation inclusive et humaniste, au renforcement du rôle des Nations Unies dans le rétrécissement du fossé numérique ainsi qu'au lancement d’un nouveau cycle de négociations commerciales.

M. HIDEAKI HOBAYASHI (Japon) a déclaré que le Japon avait décidé, lors du Sommet de Kyushu-Okinawa, de préparer une enveloppe d’aide à la coopération comprenant des fonds d’APD et les ressources publiques en dehors de l'APD qui s'élèvent à 15 milliards de dollars répartis sur cinq ans au bénéfice du développement des TIC dans les pays en développement. Cette proposition met l’accent sur quatre dimensions politiques: la première a trait à l’assistance intellectuelle en faveur de la mise en place de politiques et de systèmes; la deuxième concerne le renforcement des capacités humaines par l’éducation et la formation; la troisième touche à la construction et à la promotion des infrastructures et des réseaux, et la quatrième a trait à l’usage des TIC dans l’aide au développement. Les Nations Unies peuvent assister les efforts que nous nous proposons de fournir, et leurs agences telles l’Organisation de la propriété intellectuelle et l’OMC, auxquelles peut se joindre l’OCDE, peuvent participer à la mise en place de normes et régulations dont le monde a besoin pour une meilleure maîtrise du cyberespace. Les pays développés et ceux en développement doivent renforcer leur coopération, aidés en cela par les Nations Unies et les autres institutions internationales, de manière à maximiser les synergies favorables à la mondialisation, tout en réduisant la fracture numérique et en permettant de tirer un maximum de profits des TIC.

M. ARTUR KLOPOTOWSKI (Pologne) a déclaré que la mondialisation est devenue un mot à la mode pour décrire l’émergence d’un monde non plus constitué d’Etats nationaux relativement indépendants mais connecté électroniquement entre eux et dans lesquels les décisions économiques doivent tenir compte des facteurs extérieurs. Le défi est de faire en sorte que les gains de ce processus dynamique soient équitablement répartis entre les pays et à l’intérieur des pays. La mondialisation, a reconnu le représentant n’est pas encore un phénomène mondial, il demeure régional. Ses avantages sont encore limités aux pays qui ont su développer leurs infrastructures institutionnelles et matérielles et qui ont créé un environnement économique attrayant. Sur les 644 milliards de dollars que représente l’IED, les pays développés ont reçu 71,5%, les pays en développement 25% et les pays à économie en transition 2,7%. Il y a donc un véritable danger de marginalisation d’une certaine partie du monde. Le système économique mondial court donc le risque d’être de plus en plus remis en question et les raisons de ce retour de manivelle contre la mondialisation sont complexes.

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La mondialisation, a dit le représentant, augmente les pressions concurrentielles et peut porter atteinte à certains secteurs ou régions en créant des troubles sociaux et politiques. L’interdépendance des marchés rend les économies nationales vulnérables aux chocs extérieurs conduisant à la contagion des crises financières ou monétaires. La télévision par satellite et l’Internet peuvent affecter la cohésion sociale, compromettre les valeurs traditionnelles et modifier les modes de comportements des communautés locales. Les divers défis de la mondialisation révèlent les faiblesses des institutions internationales et font ressortir la nécessité de mettre en place une meilleure coopération internationale qui prône une meilleure gestion de l’interdépendance. La mondialisation doit devenir un instrument de développement, a dit le représentant en appuyant la position du Secrétaire général selon laquelle l’approche de la communauté internationale face à la mondialisation ne peut se limiter exclusivement aux mécanismes économiques et financiers visant à multiplier les marchés économiques mais devra également tenir compte de l’impact complexe de la mondialisation économique sur la vie sociale et politique des nations. Au niveau national, outre la mise en place de politiques macroéconomique saines, le représentant a prôné la mise en oeuvre de réformes structurelles.

M. AHMED AMAZIANE (Maroc)a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine faite par le Nigéria. Le représentant a déclaré que l’objectif de réduire la fracture numérique Nord-Sud devait être atteint. Les pays industrialisés qui représentent 15% de la population du monde, comptent plus de 80% des utilisateurs de l’Internet. A cela s’ajoute le fait que l’anglais, parlé par 15% des habitants de la planète, est disproportionnellement représenté sur le web. Le Sommet de La Havane, celui du G-8, la session annuelle de l’ECOSOC et le Sommet du millénaire, ont relevé l’importance des TIC et ont été à l’origine de recommandations visant à mettre les TIC au service du développement des pays en développement. Le Plan d’action de l’IUT et les programmes d’action du PNUD ainsi que les autres initiatives du système de l’Organisation des Nations Unies, vont certes dans le bon sens, mais la délégation marocaine aurait souhaité avoir des chiffres montrant les sommes allouées et les efforts déployés par le système de l’Organisation des Nations Unies en faveur de la réduction de la fracture numérique.

Le Maroc souhaite remercier la CNUCED pour la perspective historique qu’elle a ouverte dans sa participation au rapport du Secrétaire général sur la mondialisation et l’interdépendance. Les recommandations de la CNUCED sur le partage des responsabilités des crises financières et de leurs coûts entre les pays développés, d’où partent les flux de capitaux, et les pays où ils s’investissent de manière volatile et créent des crises, sont à féliciter. Nous souhaitons que la réunion à venir sur le financement du développement permette de discuter de manière équitable de ces questions.

M. IGOR VENCEL (Slovaquie) a estimé que pour ce qui est de la mise en oeuvre des initiatives concernant l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, les efforts doivent porter sur un inventaire de ces technologies et des activités associées. Ce n’est qu’en tirant les enseignements de ces analyses et expériences que la communauté internationale sera en mesure de dresser la liste des meilleures pratiques et de fournir des conseils dans la formulation des politiques relatives à l’IED et celles visant à attirer les nouvelles technologies.

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Il faut pour ce faire mobiliser tous les acteurs potentiels, aux niveaux international, régional et local, de manière plus coordonnée. En la matière, beaucoup reste à faire, a dit le représentant, qui a souligné l’importance d’un partenariat élargi incluant le secteur privé, la société civile ou encore les autorités locales.

M. ZUFFI HAJI SANI (Brunéi Darussalam) a estimé que le développement des ressources humaines était indispensable à la promotion des TIC en faveur de l’intégration des pays à la mondialisation. Les Etats ont, à cet égard, le devoir de promouvoir, au bénéfice de leurs populations, les moyens qui leur permettraient de saisir les opportunités offertes par la mondialisation. Ceci peut se faire à travers des programmes d’éducation renforcés. A cela, la communauté internationale doit améliorer la coopération internationale dans le domaine de la promotion du développement dans le cadre de la mondialisation et de l’interdépendance. Notre pays soutient les conclusions de l’ECOSOC lors des travaux de sa dernière session, et nous demandons aux Nations Unies de jouer un rôle accru de soutien aux pays en développement.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré que les crises économiques des trois dernières années ont montré que la mondialisation a pour vecteurs essentiels le marché et la technologie et qu'elle est la manifestation des liens économiques entre les nations du monde. Ces aspects de la mondialisation sont bien connus, a dit le représentant, alors que d’autres aspects plus importants pour les pays en développement semblent parfois oubliés. Ainsi la mondialisation n’est pas un évènement mais un processus. Elle est, en effet, le fruit de l’interaction entre les éléments clefs que sont la libéralisation, les institutions multilatérales commerciales et financières et les politiques des différents pays, en particulier celles des grandes puissances économiques. Cette interaction détermine par conséquent la nature et le degré de la mondialisation qui, au bout du compte, reflète la pensée économique néolibérale qui sous-tend le processus. La mondialisation, a poursuivi le représentant, n’est pas non plus un train que l’on peut prendre en marche mais un processus que nous pouvons intégrer de notre propre gré conformément à notre degré de préparation.

Le principe de la participation graduelle des pays en développement à la mondialisation est consacré par les accords du FMI et de l’OMC, a rappelé le représentant en appelant les Nations Unies, les pays développés et les institutions financières et commerciales à aider les pays en développement à prendre sans plus tarder le train de la mondialisation. Beaucoup reste à faire, a dit le représentant, en soulignant la nécessité pour les pays développés et les institutions internationales à mettre en oeuvre une politique internationale plus cohérente dans les domaines économique et financier. La cohérence est encouragée dans les domaines de la lutte contre la drogue, les armes légères ou encore la prolifération nucléaire, cependant qu'elle ne l'ait pas suffisamment dans les domaines commercial et financier, a noté le représentant.

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M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a déclaré que son pays a développé son “Super Corridor Multimédias” (MSC) qui crée, pour la première fois au monde, un environnement rassemblant tous les éléments pouvant créer un climat et un environnement multimédias mondial. La ville nouvelle de CyberJaya a été créée à cet effet, et elle est équipée de moyens de communications électroniques de classe mondiale et d’autres équipements permettant de promouvoir une civilisation du commerce électronique. Nous pensons que l’Organisation des Nations Unies devrait jouer un rôle de pointe en matière de diffusion et d’accès aux TIC. Le besoin de pleinement associer les femmes à ce nouvel univers se fait pressant et indispensable, et nous avons, à cet égard, développé un plan d’action en faveur des femmes lors de la Deuxième Conférence sur le savoir qui a eu lieu à Kuala Lumpur. A cette occasion, nous avons, en collaboration avec d’autres pays, développé un Plan d’action mondial de la connaissance en faveur des femmes. La Malaisie met un accent particulier sur les partenariats entre secteurs privé et public pour promouvoir harmonieusement les bases d’une société et d'une économie dans laquelle la connaissance joue un rôle important. Cette politique nous a permis d’atteindre de nouveaux niveaux de compétitivité internationale et de participer plus activement à la nouvelle économie mondiale en émergence.

M. JEONG-SIK KANG (République de Corée) a souhaité que la mondialisation et ses avantages ne nous fassent oublier sa face cachée et son lot de marginalisation et d’inégalités. Partant, le représentant a encouragé l’Organisation des Nations Unies, à faire valoir sa vaste expérience et sa capacité normative et opérationnelle, pour jouer un rôle moteur dans la formulation de politiques intégrées et cohérentes susceptibles de relever les défis de la mondialisation. Il a appelé les Nations Unies à combler les déficits institutionnels résultant du renforcement de l’intégration internationale et à créer des partenariats avec le secteur privé, les ONG et la société civile.

Mme SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie) a estimé que la mondialisation de l’économie était la seule politique d’envergure mondiale qui n’était pas placée sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies et de tous ses Etats Membres. La mondialisation de l’économie internationale a été abandonnée à une poignée de personnes et d’institutions qui ne représentent pas la communauté internationale et n’ont aucune légitimité, d’où la contestation que connaît en ce moment le phénomène. Les gouvernements et l’Organisation des Nations Unies sont les représentants principaux des peuples du monde et sont les seuls à pouvoir défendre leurs intérêts. Il est scandaleux qu’aujourd’hui des multinationales s’arrogent des pouvoirs que personne ne leur a démocratiquement confié et décident comme elles le veulent des emplois et des vies de milliards de personnes. La production internationale des multinationales est aujourd’hui largement supérieure au pouvoir des Etats. Guidées par le seul profit, il n’est pas étonnant que les politiques des multinationales conduisent la majorité des populations du globe à la faillite. Les disparités et les inéquités de la mondialisation, qui s’accompagnent de l’accroissement voulu du rôle des gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir au FMI et à la Banque mondiale qui renient par-là les rôles qui leur avaient été assignés à la naissance. Ces injustices doivent être réparées. La mondialisation, dans son état actuel, se présente comme une guerre d’envergure mondiale que l’on mène sournoisement contre les peuples des pays en développement.

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Nous devons mettre en place, au sein des Nations Unies, un organe et des mesures de surveillance et de régulation de ce phénomène qui a des allures de crime camouflé contre l’humanité ne visant que la colonisation économique des pays du Sud qui est pire que l’ancienne forme de domination dont se sont débarrassés les pays en développement avec l'assistance de l’Organisation des Nations Unies. Devant les faits que l’on observe actuellement, les grands discours sur la démocratie et les droits de l’homme ne sont que des moqueries. Nous devons condamner cette attitude et trouver un nouveau paradigme qui respecte véritablement l’esprit qui a présidé à la création des Nations Unies, et qui se résume dans l’expression: “Nous les peuples…”.

U AUNG HTOO (Myanmar) a estimé qu’à l’allure où vont les choses, les perspectives de la mondialisation ne seront pas meilleures que celles de la révolution industrielle. Le représentant a appelé aux mesures qui s’imposent et au rétrécissement du fossé numérique. Selon lui, il convient, pour ce faire, de fixer la connectivité universelle comme objectif principal. Reconnaissant l’ampleur des investissements que cela exige, surtout pour les pays en développement, le représentant s’est dit convaincu du rôle que les Nations Unies peuvent jouer en encourageant une collaboration accrue entre la communauté de la technologie de l’information et la communauté du développement. Il faut aussi, a poursuivi le représentant, donner corps à la proposition, contenue dans la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social, visant à créer des centres communautaires multimédias. Au niveau des pays, le représentant a souhaité que les institutions spécialisées des Nations Unies assistent et fournissent des services consultatifs dans le domaine des politiques d’acquisition des nouvelles technologies et des cadres juridique, fiscal et institutionnel requis, y compris les droits de propriété intellectuelle. Les crises qui ont frappé l’Asie, a poursuivi le représentant, ont rappelé la nécessité urgente de mettre en place des politiques cohérentes et de renforcer la coopération internationale. Les crises, a-t-il ajouté, ont également fait ressortir la nécessité d’adapter le système financier mondial à l’évolution des marchés financiers internationaux. Pour le représentant, il est également important de donner un rôle de premier plan aux multinationales, au secteur privé et à la société civile dans l’économie mondiale.

M. MIGUEL R. BAUTISTA (Philippines) a déclaré qu’il est du devoir de chaque pays de mettre en oeuvre des mesures visant à favoriser l’exploitation des bénéfices de la mondialisation en général, et de la révolution des TIC, en particulier. Les Philippines ont, à cet égard, mis en place un programme de TIC pour le XXIème siècle ayant pour objectif de créer le cadre d’infrastructures indispensables à l’entrée du pays dans la société numérique du nouveau millénaire. Le Programme traite de la création des cadres d’éducation et des mesures techniques et économiques en vue d’accélérer notre intégration à la nouvelle économie. Notre Gouvernement a mis en place, en 1996, un cadre légal de propriété intellectuelle avec la promulgation d'une Loi sur le commerce électronique, qui est la quatrième du genre en Asie, qui régit les transactions commerciales électroniques et définit les sanctions applicables en cas d’irrégularités. Notre pays est donc équipé pour faire face aux demandes de la mondialisation dans le domaine des TIC et nos succès dans ce secteur se mesurent par le nombre de professionnels philippins qui opèrent à l’étranger et dont certains ont même aidé les plus grands pays à accomplir leur révolution numérique.

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M. SHAHID HUSAIN, Organisation de la Conférence islamique (OCI), a indiqué qu’en collaboration avec ses organes subsidiaires tels que la Banque islamique de développement, l’OCI a mis en place un système de réseau informatique pour connecter ses membres par un portail sur l’Internet. Il a également fait part d’un projet de l’OCI consistant à créer des centres des technologies de l’information dans tous les Etats Membres. Il a rappelé qu’au cours de la vingt- deuxième session de l’Organisation, les Ministres des affaires étrangères ont appelé les pays développés à faciliter le transfert de technologie et à lever les barrières en la matière. Le représentant s’est également dit intéressé par la proposition visant à créer une équipe de travail sur les TIC, sous les auspices du Secrétaire général qui réunirait ainsi les institutions multilatérales de développement, le secteur privé, les fondations et les fonds pour faciliter les investissements et l’expansion des marchés des TIC dans les pays en développement. Il a exprimé son désir de se joindre à cette initiative. Il a également dit l’intention de l’OIC de prendre une part active dans la mise en oeuvre de la proposition du Groupe d’experts de haut niveau des technologies de l’information et de la communication visant l’intensification de la coopération Sud-Sud en ce qui concerne l’utilisation des TIC au service du développement et la mobilisation de 30 000 formateurs, de préférence originaires des pays en développement, d’ici à la fin de 2001.

M. SARBULAND KHAN, Directeur de la Division de l'appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales, a conclu qu’à la lumière du débat de la Deuxième Commission, la manière de mettre la mondialisation au service de la lutte contre la pauvreté et au service du développement apparaît comme le défi principal. M. Khan a rappelé que c’est en 1998 que l’Assemblée générale a examiné pour la première fois la question pour décider ensuite de l’inscrire à son ordre du jour. Le débat de 1999 a donc donné lieu à une résolution très vaste qui demandait notamment au Secrétaire général de présenter un rapport sur la question. A la suite de l’examen de ce rapport, l’Assemblée a adopté une résolution qui a constitué un pas en avant, en ce sens que l’on est passé d’une analyse générale à un aspect plus spécifique de la mondialisation, notamment les TIC, en tant que force motrice. Dans la même résolution, l’Assemblée demandait au Secrétaire général de convoquer un Groupe d’experts de haut niveau des technologies de l’information et de la communication. Le rapport de ce Groupe s’articule autour des trois éléments que sont la réglementation, la connectivité et le renforcement des capacités, a dit M. Khan en espérant qu’ils seront reflétés dans la résolution que l’Assemblée générale adoptera cette année.

Un autre aspect important du travail de l’Assemblée en la matière a été la Déclaration ministérielle du Conseil économique et social. Le processus consultatif demandé par cette Déclaration a été commencé par le Secrétaire général qui a fait appel au concours de conseillers de haut niveau venus de tous les secteurs des TIC. Dans quelques mois, ces conseillers présenteront des approches intéressantes aux Etats Membres, jetant ainsi les bases du rôle que devra jouer l’ONU dans ce domaine stratégique des TIC.

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