En cours au Siège de l'ONU

AG/J/306

LES DELEGATIONS ENJOIGNENT LA COMMUNAUTE DES NATIONS A SE LIGUER POUR COMBATTRE LE TERRORISME INTERNATIONAL

15 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/J/306


LES DELEGATIONS ENJOIGNENT LA COMMUNAUTE DES NATIONS A SE LIGUER POUR COMBATTRE LE TERRORISME INTERNATIONAL

19991115

Réunie sous la présidence de M. Phasiko Mochochoko, la Sixième Commission (Commission juridique) a poursuivi ce matin l'examen du point relatif aux mesures visant à éliminer le terrorisme international.

Les représentants ont affirmé de façon unanime que l'efficacité de la lutte contre le terrorisme passe par une mobilisation de la communauté internationale dans son ensemble. A l'appui de cette affirmation, ils ont fait remarquer que le terrorisme revêt désormais un caractère transnational. Traduisant les vues exprimées en ce sens par les délégations, le représentant de l'Algérie a affirmé que le terrorisme, phénomène global, requiert une réponse globale. Partant, de nombreux représentants ont appelé de leur voeux l'instauration d'une véritable coopération internationale au service de la lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, ils ont insisté sur le rôle de coordination que pourraient jouer les organes compétents de l'ONU. Ainsi, ils se sont félicités que le Conseil de sécurité, reconnaissant que le terrorisme constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales, ait adopté en octobre dernier une résolution dans laquelle il affirme sa volonté de lutter contre ce phénomène. Partant, certains représentants ont appelé de leurs voeux l'élaboration d'une convention qui définirait le terrorisme de façon globale et permettrait de fixer le cadre international de la coopération dans ce domaine. Cette convention compléterait utilement les instruments de lutte contre le terrorisme déjà entrés en vigueur ou actuellement en cours d'élaboration et qui ne traitent de la question du terrorisme que de façon fragmentaire.

Ont pris la parole les représentants des pays suivants: Slovaquie, Egypte, Iraq, Maldives, Roumanie, Oman, Mongolie, Kazakhstan, Algérie, Iran, Qatar, Cuba, Azerbaïdjan (au nom des Etats membres du GUUAM), Turquie et Pérou.

La Sixième Commission se réunira de nouveau cet après-midi à 15 heures.

- 2 - AG/J/306 15 novembre 1999

EXAMEN DES MESURES VISANT A ELIMINER LE TERRORISME

Déclarations

M. DRAHOSLAV STEFANEK (Slovaquie) a déclaré que la question de l'élimination du terrorisme a pendant longtemps attiré l'attention de la communauté internationale. Déjà en 1934, le Conseil de la Ligue des Nations avait adopté une résolution relative à la lutte contre le terrorisme. Ce texte faisait référence à la création d'une cour pénale internationale compétente en matière de terrorisme. De nombreuses autres mesures ont été prises dans ce cadre. Sa délégation appuie l'adoption d'une convention internationale pour la répression du financement du terrorisme à la présente session de l'Assemblée générale. Le recours à des armes nucléaires par des terroristes et les attaques terroristes éventuelles contre des installations nucléaires posent une menace grave pour la population civile. Les conséquences de telles attaques seraient dévastatrices et durables. C'est pourquoi, la Slovaquie appuie la finalisation rapide du projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire. A cet égard, M. Stefanek a noté avec satisfaction que la détermination en matière de lutte contre le terrorisme a été réaffirmé récemment par le Conseil de sécurité, en vertu de sa résolution 1269 (1999) en date du 19 octobre 1999. Dans le processus d'élaboration d'instruments internationaux dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, les mesures adoptées jusqu'ici ne couvrent que certains aspects de la prévention de formes particulières d'actes terroristes. La délégation slovaque considère que la définition générale est une approche constructive. C'est pourquoi, elle estime que le projet de convention présenté par l'Inde mérite toute l'attention. Les actes terroristes sont prévus dans différentes dispositions du code pénal slovaque, a précisé M. Stefanek qui a indiqué en outre que son pays est partie à neuf des onze conventions internationales existantes. La Slovaquie a signé la Convention pour la répression des actes terroristes à l'explosif le 28 juillet 1998 et le processus de ratification sera achevé d'ici la fin de l'année. Elle est également partie à la Convention européenne pour la répression du terrorisme de 1977.

M. AHMED ABDOUL GHEIT (Egypte) a souligné qu'aucun Etat, aucun peuple, n'est à l'abri d'actes terroristes. L'Egypte, qui a été l'un des premiers Etats à tirer la sonnette d'alarme en matière de terrorisme, a toujours mené des campagnes contre ce phénomène tant au niveau national qu'international. Cela s'est traduit par l'adoption de législations internes dans les domaines politique, économique et culturel et par la ratification de 10 conventions multilatérales de lutte contre le terrorisme. L'Egypte, qui contribue activement aux négociations actuelles visant à définir de nouvelles règles pour lutter contre ce phénomène, a décidé de signer la convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif. Elle invite tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait, à ratifier les instruments internationaux pertinents. Par ailleurs, l'Egypte exhorte tous les Etats à tenir informé le Secrétaire général des mesures qu'ils adoptent pour lutter contre le terrorisme.

Le représentant a affirmé que sa délégation a participé activement à la définition d'une convention pour la répression du financement du terrorisme et appuie le projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire, projet d'importance. Toutefois, évoquant le projet de traité global sur le terrorisme, proposé par l'Inde, le représentant a demandé que la priorité soit accordée à un tel projet. Par ailleurs, l'Egypte se prononce en faveur de l'organisation d'une conférence de haut niveau sur le terrorisme, sous les auspices des Nations Unies. Cela permettrait d'envoyer un message politique et pratique au monde entier, sur la volonté de la communauté internationale de lutter contre un phénomène terrible.

M. ABDUL MUNIM AL-KADHE (Iraq) a déclaré que son pays fait sienne les mesures adoptées en matière de lutte contre le terrorisme international, conformément à la Charte des Nations Unies. Son pays se rallie à la position exprimée par la Déclaration du Sommet du Mouvement des pays non alignés, tenu à Durban (Afrique du Sud), en décembre 1998. Il incombe en premier lieu à l'Assemblée générale de prendre des mesures concrètes pour lutter de manière efficace contre le terrorisme international. Par sa résolution 40/61, l'Assemblée générale exhorte tous les Etats à lutter contre le terrorisme, y compris le racisme et l'occupation étrangère. Le représentant a dénoncé les pays qui préfèrent recourir à la force pour défendre des intérêts propres.

La délégation iraquienne fait siennes les recommandations formulées par le Président du Groupe de travail chargé de l'élaboration d'une convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, M. Philippe Kirsch. De l'avis de M. Al-Kadhe, le projet de convention pour la répression des actes terroristes nucléaires ouvre largement la voie au terrorisme d'Etat. Deux Etats permanents du Conseil de sécurité ont utilisé de l'uranium enrichi au cours de leur agression contre l'Iraq a affirmé le délégué, précisant par ailleurs que l'uranium enrichi a des effets radioactifs et est interdit par la communauté internationale. L'Iraq émettra des réserves sur l'Article 11 de ce projet de texte (relatif à l'extradition). M. Al-Kadhe a rappelé que son pays continue de faire l'objet d'attaques terroristes perpétrées par les deux Etats Membres permanents du Conseil de sécurité susmentionnés. Ces actes - qui relèvent du terrorisme d'Etat-ont fait de nombreuses victimes innocentes et provoqué des dommages considérables à l'infrastructure du pays. Il a attiré l'attention sur l'article du New York Times du 28 octobre 1999 relatant l'intervention de mercenaires de la CIA pour déstabiliser son pays. Ces faits, qui sont interdits par la Charte des Nations Unies constituent, des actes terroristes. Ces actes visent à provoquer la terreur et une psychose de peur au sein de la population civile iraquienne. La délégation iraquienne souligne en conséquence le financement de cette forme de terrorisme.

M. HUSSAIN SHISHAB (Maldives) a estimé que le terrorisme constitue une menace croissante pour les peuples, ses auteurs étant désormais susceptibles de tirer parti des progrès technologiques en matière de communication, de transport ou d'armement. Signalant que nul Etat n'est à l'abri du terrorisme, le représentant a souligné que des petits Etats comme le sien, en raison de leurs limites en matière de sécurité, sont particulièrement vulnérables à ce phénomène. Dans ce contexte, il a évoqué l'attaque de son pays par des terroristes en 1988. Cette agression, a expliqué le représentant, a mis en lumière la nature transnationale du terrorisme. En effet, ses responsables étaient financés par des pays voisins. Fort de cet exemple, les Maldives demandent que l'on cesse de considérer que les attaques terroristes livrées contre les petits Etats sont des incidents isolés, sans impact direct sur la paix et la sécurité internationales.

Les Maldives invitent les Nations Unies à mettre en place une stratégie d'ensemble pour lutter contre le terrorisme et à mobiliser à cet effet, la coopération de tous les Etats. Le représentant a indiqué que son pays est devenu partie à de nombreux instruments de lutte contre le terrorisme. Dans ce contexte, il a regretté que 10 ans après l'ouverture à la signature de la Convention contre le financement et la formation des mercenaires, celle-ci ne soit toujours pas entrée en vigueur. Il a appelé tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait, à signer et à ratifier l'instrument. Les Maldives soulignent l'importance de la coopération au niveau régional pour lutter efficacement contre le terrorisme et appellent au renforcement de cette coopération. Toutefois, le représentant s'est félicité de l'entrée en vigueur d'une convention régionale pour la suppression du terrorisme. En conclusion de son intervention, le représentant a estimé que les moyens pour les petits Etats de se défendre contre les attaques terroristes, sont inscrits dans la Charte de Nations Unies. Dans ce contexte, il s'est félicité de la création d'une section de prévention du terrorisme au sein du Secrétariat des Nations Unies.

Mme IONA GABRIELA STANCU (Roumanie) a expliqué que le terrorisme, fléau planétaire qui inquiète aussi bien les individus que les gouvernements, constitue une grave menace pour la paix et la sécurité internationales. L'existence du terrorisme est presque toujours étroitement liée au négoce illicite des armes ou des stupéfiants. Il permet au crime organisé de s'épanouir. La délégation roumaine estime que tous les aspects doivent être gardés à l'esprit lorsque l'on se penche sur les moyens de lutte et de prévention du terrorisme international, objectif qu'aucun pays ne peut réaliser seul. Pleinement consciente des conséquences des actes terroristes et de la responsabilité particulière qui incombe aux Etats pour élaborer une législation en la matière, la Roumanie a été l'un des premiers signataires de la Convention internationale pour la répression des attaques terroristes à l'explosif, adoptée par l'Assemblée générale le 15 décembre 1997. La délégation roumaine se félicite en outre de la conclusion des négociations sur le projet de convention pour la répression du financement du terrorisme et, à cet égard, félicite le Gouvernement de la France en émettant l'espoir que

cet instrument sera adopté à la présente session de l'Assemblée générale. Mme Stancu a indiqué que sa délégation est prête à contribuer à la finalisation du projet de convention pour répression des actes de terrorisme nucléaire, présenté par la Fédération de Russie, et appuie son adoption rapide.

Puisque les activités terroristes sont devenues transnationales, a expliqué, M. MOHAMMED ABDULLAH SALIM SAMEEN (Oman), il importe de développer la coopération internationale dans ce domaine. Des instruments internationaux de lutte contre le terrorisme ont d'ores et déjà été adoptés, a indiqué le représentant. Il faudrait à présent qu'on les explique à la lettre. Le représentant a émis l'espoir que tous les Etats redoubleront d'efforts pour que les projets de convention pour la répression du financement du terrorisme et pour la répression de actes de terrorisme nucléaire soient rapidement adoptés. Il a insisté sur la nécessité de parvenir à une acceptation universelle de ces textes. Des efforts concertés au plan régional et mondial sont indispensables. Le représentant a exhorté la communauté internationale à identifier clairement les activités terroristes. Ainsi, doit-elle distinguer clairement les activités de type terroriste des activités destinées à assurer le droit des peuples à l'autodétermination. Nous continueront de condamner le terrorisme et d'en demander la répression, sur le fondement des principes de tolérance de l'Islam a indiqué le représentant. En conclusion de son intervention, le représentant a appuyé l'idée de l'Egypte de convoquer une Conférence internationale sur le terrorisme.

M. Ts. DORJSUREN (Mongolie) a réaffirmé que son pays condamne le terrorisme sous toutes ses formes. La Mongolie appuie pleinement les efforts déployés par la communauté internationale visant à lutter et réprimer les actes de terrorisme international, y compris les efforts du Comité spécial. L'examen récent de cette question par le Conseil de sécurité souligne la menace que le terrorisme pose pour la paix et la sécurité internationales et l'urgence de faire face à ce fléau sur le plan international. C'est pourquoi, son pays se rallie pleinement à la résolution 1269 (1999) du Conseil de sécurité, a indiqué M. Dorjsuren. L'adoption, puis la signature et l'entrée en vigueur de la Convention pour la répression du financement du terrorisme international devrait constituer une mesure efficace pour lutter contre le terrorisme international. En dépit de certaines difficultés, le projet de texte présenté par la France est bien équilibré.

S'agissant de la question du terrorisme nucléaire, le représentant s'est déclaré d'avis qu'il faudrait accélérer les travaux sur le projet de convention. Il a estimé que la volonté politique est nécessaire pour finaliser les travaux sur cette question importante. A l'instar de nombreuses autres délégations, la Mongolie estime qu'il faudrait insister sur la définition du terrorisme international. Bien que la question soit encore controversée, il faudrait essayer de le définir, en gardant à l'esprit le climat international, ainsi que l'expérience acquise par la communauté internationale. A cet égard, la proposition de l'Inde pourrait servir de base pour l'examen futur de cette question.

M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a estimé que seules des actions conjointes peuvent permettre de lutter efficacement contre le terrorisme. Partant, le représentant a souligné que l'ONU, grâce à ses mécanismes de type universel, pourrait utilement coordonner les efforts de lutte déployés par la communauté internationale dans ce domaine. Le représentant a appuyé l'idée de convoquer une Conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme. Il a indiqué que son pays a ratifié 7 des 11 instruments internationaux de lutte contre le terrorisme. Se disant préoccupé par le fait que les terroristes sont aujourd'hui à même de se doter d'armes de destruction massive, le représentant a insisté sur l'importance attachée par son pays à la définition d'un instrument de lutte contre les actes de terrorisme nucléaire. Le représentant a également souligné l'importance du projet de convention pour la répression du financement du terrorisme. Il a évoqué l'adoption de mesures et la tenue de rencontres au niveau régional pour mieux lutter contre le terrorisme. Il a indiqué que les Etats de la Communauté des Etats indépendants (CEI) coopèrent étroitement pour mieux combattre le terrorisme. Il a toutefois lancé un appel aux Etats de sa région afin que soient développés les accords de coopération bilatérale en matière de lutte conte le terrorisme. En conclusion de son intervention, le représentant a affirmé que son pays souhaite lutter avec détermination contre le terrorisme.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré qu'en cette fin de millénaire, l'humanité fait face à des périls d'un type nouveau qui se jouent des frontières et contre lesquels les Etats, pris individuellement, se trouvent de plus en plus démunis. De tous ces périls transfrontières, le plus redoutable est à l'évidence celui que représente le terrorisme en ce qu'il constitue un véritable péril pour le droit fondamental à la vie, à la liberté et à la sécurité de l'individu, qu'il s'inscrit dans une logique de terreur visant à paralyser toute activité économique, politique et sociale, et que bien souvent, il s'assigne pour objectif de déstabiliser les Etats et d'entraver leur développement économique et social. De plus en plus, la recrudescence et l'internationalisation du terrorisme constituent une menace tangible pour la paix et la sécurité internationales et une entrave certaine à la réalisation des objectifs de la Charte des Nations Unies. Depuis 1994, la volonté résolue des Nations Unies de faire échec au terrorisme a été, à maintes reprises, réaffirmée, non seulement au sein de l'Assemblée générale mais également au niveau du Conseil de sécurité qui vient d'adopter une importante résolution par laquelle il condamne de manière claire et sans équivoque les actes terroristes, quels qu'en soient les motifs ou le lieu où ils sont commis. Cette action du Conseil vient confirmer la prise de conscience de plus en plus grande qui ne cesse de se développer à l'échelle internationale quant à la nécessité de coordonner les efforts et les actions pour mettre en échec le terrorisme international.

Phénomène global, le terrorisme requiert une réponse globale, a souligné M. Baali qui se félicite, à cet égard, que la communauté internationale est désormais convaincue que la lutte contre le terrorisme international implique une coopération et une stratégie accrues car aucun Etat ne peut à lui seul résoudre le problème. C'est pourquoi, l'Algérie est convaincue que le moment est venu de se doter d'un instrument juridique international global contraignant contre le terrorisme qui appréhenderait tous les actes du terrorisme d'une manière globale aux lieu et place de l'approche parcellaire suivie jusqu'à présent. Cet instrument constituerait le cadre idoine pour cette coopération et parachèverait, en même temps, l'oeuvre de codification du droit international en la matière. Pour sa part, l'Algérie a adopté les mesures juridiques nécessaires en vue de l'éradication du terrorisme et, dans le même temps, adhéré à la plupart des Conventions internationales ayant trait au problème du terrorisme sous ses divers aspects. Par ailleurs, le souci de faire de la coopération un instrument propice à la lutte contre les menées terroristes a conduit l'Algérie à adhérer à des concertations bilatérales, régionales et internationales et à souscrire à des engagements qui, tous, tendent au renforcement des moyens de lutte contre le terrorisme. C'est ainsi que dans le cadre euro-méditerranéen, l'Algérie a accueilli, en juin 1999, la conférence des ministres de l'intérieur de la Méditerranée occidentale au cours de laquelle les participants ont réaffirmé le caractère prioritaire de la prévention et de la lutte contre le terrorisme. L'Algérie a également ratifié la Convention arabe sur la répression du terrorisme, entrée en vigueur le 7 mai 1999. A l'initiative de l'Algérie, une convention africaine de lutte contre le terrorisme international a été adoptée dans le cadre du Sommet de l'OUA, tenu à Alger en juillet dernier.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (Iran) a affirmé qu'il est impératif que la communauté internationale redouble d'efforts pour éliminer la menace du terrorisme. Le représentant a indiqué que son pays a dû subir de nombreuses attaques, menées par une organisation "bien connue". Rappelant l'assassinat de membres du Consulat général iranien à Mazar-e-Sharif par des agents talibans, le représentant s'est dit fortement préoccupé par le fait que les talibans continuent, en dépit des appels lancés par le Conseil de sécurité, à bafouer les normes internationales. Dans ce contexte, le représentant a condamné le terrorisme sous toutes ses formes, quels que soient les lieux où il s'exerce et quels qu'en soient les auteurs. Afin de lutter contre le terrorisme, l'Iran est partie à plusieurs instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et déploiera les efforts nécessaires pour ratifier les instruments restants. Par ailleurs, l'Iran a multiplié la signature d'accords bilatéraux de lutte conte le terrorisme avec des Etats voisins.

Le représentant a estimé qu'un strict respect par les Etats des déclarations de 1994 et 1996 sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international permettrait de donner un nouvel élan à la lutte contre ce phénomène. Il a rappelé que les Etats devraient s'assurer, avant d'accorder le droit d'asile, que les personnes qui en font la demande ne sont pas les auteurs d'actes terroristes. Le représentant a ensuite estimé que la future convention pour la répression du financement sera un instrument utile.

M. JASSIM ALI AL-OBAIDLI (Qatar) a souligné que le terrorisme international est l'un des phénomènes les plus redoutables que connaisse aujourd'hui l'humanité. Sa délégation condamne fermement le terrorisme international sous toutes ses formes et quels qu'en soient les mobiles ou les auteurs. Toutefois, le représentant a réaffirmé que la lutte contre l'agression est un droit légitime des peuples, conformément à la Charte des Nations Unies et du droit international en général. Les pratiques israéliennes dans les territoires palestiniens et syrien illustrent de manière flagrante cette forme d'agression. Tout en se ralliant à l'idée de convoquer une conférence internationale pour examiner la question du terrorisme et de rechercher une définition globale, Qatar fait sienne la nécessité de finaliser le projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire.

Mme SORAYA ELENA ALVAREZ (Cuba) a affirmé que son pays a été souvent victime d'attaques terroristes. Dans ce contexte, elle a estimé que certains auteurs d'attentats perpétrés à La Havane, ont des liens directs ou indirects avec des organisations américaines. Certains des auteurs bénéficient d'une impunité aux Etats-Unis, a-t-elle affirmé. Cuba appuie les efforts déployés par les Nations Unies en matière de lutte contre ce fléau. A cet égard, elle a suggéré la tenue, sous les auspices des Nations Unies, d'une Conférence sur le terrorisme. Elle a stigmatisé certains pays qui, en dépit du fait qu'ils adhèrent à des traités de lutte contre le terrorisme, accueillent et protègent des terroristes. Elle a émis l'espoir qu'il sera possible de définir des règles de responsabilité stricte des Etats en matière de lutte contre le terrorisme. La représentante a appelé de ses voeux l'adoption du projet de convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. Elle a toutefois regretté que certaines sources de financement - financement d'activités terroristes par les personnes morales ou les Etats- aient été écartées du champ d'application de la future convention. Elle a estimé que le projet en son état actuel, parce que la notion de financement qu'il retient est "mutilée", laisse la porte ouverte à de nombreux types de financement. En conclusion de son intervention, la représentante a appelé à la mise en oeuvre d'une véritable coopération entre les Etats, fondée tant sur des actions de prévention que de répression. Elle a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme doit se faire dans le strict respect de la Charte des Nations Unies.

M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan), au nom du Groupe GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan et Moldova), a appuyé l'idée de convoquer, en l'an 2000, une conférence internationale pour lutter contre le terrorisme international. Cette conférence aurait pour objectif d'élaborer et d'adopter une convention internationale pour la répression du terrorisme international. Sa délégation se félicite en outre de l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1269 (1999) du 19 octobre 1999 réaffirmant la nécessité de redoubler d'efforts pour lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes. Au cours de ces dernières années, certains pays ont été particulièrement affectés par les actes terroristes. En dépit des mesures prises par les autorités compétentes aux niveaux national et régional pour appréhender et

réprimer les terroristes, certains d'entre eux ont réussi à fuir et à trouver refuge dans d'autres pays. Il est donc très important que tous les membres de la communauté internationale adhèrent strictement aux engagements consacrés dans la Déclaration des Nations Unies sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international, ainsi que dans d'autres instruments juridiques internationaux. M. Kouliev s'est déclaré convaincu que l'intensification des efforts internationaux visant à lutter contre le terrorisme exige une attention accrue sur les causes inhérentes du terrorisme international. A cet égard, il a souligné la nécessité de concilier les mesures prises aux niveaux national, régional et international avec les principes fondamentaux du droit international. En raison de la mondialisation, les conséquences des actes terroristes sont transfrontières et il est donc impossible de sous-estimer l'importance des instruments juridiques internationaux existants, en particulier ceux qui ont été élaborés sous les auspices des Nations Unies. Le Groupe GUUAM a fait une déclaration commune à Washington, le 24 avril 1999, reconnaissant la nécessité de lutter conjointement contre le terrorisme sous toutes ses formes et de souligner en particulier le lien étroit entre le terrorisme et le séparatisme par l'agression, ainsi que le fanatisme religieux. Les situations de conflit créent un climat propice pour multiplier les groupes terroristes, responsables de nombreuses pertes en vie humaines.

Il est indispensable de contrôler les sources de financement des activités terroristes, a souligné M. Kouliev. Les instruments juridiques à eux seuls ne peuvent éliminer le terrorisme. Il est en outre nécessaire pour les Etats de prendre un ferme engagement et de développer une véritable coopération entre les autorités nationales compétentes.

M. TEOMAN UYKUR (Turquie) a affirmé que le terrorisme constitue une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité internationales. Parce que le terrorisme frappe la communauté internationale dans son ensemble, la réponse apportée par les Etats à ce phénomène doit être coordonnée. La Turquie est sur le point de ratifier la Convention pour la répression des attentats terroristes à l'explosif. Elle remercie par ailleurs, la délégation française de sa présentation d'un projet de convention pour la répression du financement du terrorisme. Tout en estimant que le projet comporte quelques ambiguïtés, la Turquie appuie le texte tel qu'il est actuellement rédigé et se prononce en faveur de son adoption à la présente session de l'Assemblée générale. Le représentant a enfin appelé de ses voeux la définition d'une convention globale en matière de lutte contre le terrorisme.

M. FRANCISCO TUDELA (Pérou), réaffirmant la position exprimée vendredi dernier par le Mexique au nom du Groupe de Rio, a indiqué que son pays a réussi à éliminer le terrorisme au niveau national. Le terrorisme international est l'un des phénomènes responsables de la violation flagrante des droits de l'homme. Le Pérou réaffirme sa ferme condamnation à l'égard du terrorisme, notamment par l'organisation en 1996 d'une conférence régionale pour déterminer les moyens efficaces visant à éliminer le terrorisme. En novembre dernier, une deuxième conférence s'est tenue à Mar del Plata (Argentine). Le représentant a estimé que le projet de convention pour la répression du financement du terrorisme est bien équilibré et devrait être présenté à l'Assemblée générale pour adoption, à la présente session. Même s'il n'est pas parfait, le projet de convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire peut contribuer utilement à la lutte contre le terrorisme. La délégation péruvienne se félicite des excellents travaux accomplis par le Président du Groupe de travail chargé de la question du terrorisme international, M. Philippe Kirsch.

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