AG/EF/274

LE MANQUE DE PROGRES CONCERNANT LE PROTOCOLE RELATIF A LA BIOSECURITE ET LA MISE EN OEUVRE DU PROTOCOLE DE KYOTO SUSCITE DES PREOCCUPATIONS

25 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/EF/274


LE MANQUE DE PROGRES CONCERNANT LE PROTOCOLE RELATIF A LA BIOSECURITE ET LA MISE EN OEUVRE DU PROTOCOLE DE KYOTO SUSCITE DES PREOCCUPATIONS

19991025

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi l'examen du lien entre environnement et développement durable qui a permis aux délégations de commenter l'état d'application des trois Conventions issues de la Conférence internationale sur l'environnement et le développement durable qui s'est tenue à Rio en 1992. L'élaboration d'un protocole relatif à la prévention des risques biotechnologiques, dans le cadre de la Convention sur la biodiversité, a suscité de nombreux commentaires de la part des délégations, en particulier celles des pays en développement. Ces pays ont dénoncé le blocage des négociations, qui se sont tenues en Colombie au début de l'année, en raison de la position des six pays producteurs d'organismes génétiquement modifiés qui ont rejeté toute disposition tendant à interdire le commerce libre de ces organismes. Arguant des risques sur l'environnement et la santé qu'impliquent ces organismes, les pays en développement ont rappelé que l'article 19 de la Convention sur la diversité biologique prévoit, elle- même, l'élaboration d'un régime juridique pour contrôler les produits dérivés de ces manipulations génétiques. Ces pays considèrent que ce régime ne peut être en aucun cas lié aux dispositions de l'Organisation internationale du commerce qui ne prévoient aucune restriction à la libre circulation des biens et services. Des préoccupations ont également été exprimées face à la lenteur des ratifications et des accessions au Protocole de Kyoto lié à la Convention sur les changements climatiques. Le Protocole demande une réduction substantielle des émissions de gaz à effet de serre d'ici à l'an 2008. A cette date, aucun des 37 pays industrialisés que vise l'Annexe I du Protocole ne figure parmi les 15 pays qui ont ratifié le Protocole.

L'examen de la mise en oeuvre de la Convention sur la lutte contre la désertification a permis aux délégations de mettre l'accent sur l'absence de ressources qui empêchent le Secrétariat de la Convention et le Mécanisme mondial de remplir efficacement leur mandat d'assistance aux pays touchés par ce phénomène. Selon le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), en Afrique, 14 pays sont touchés; ce chiffre devant passer à 25 d'ici à l'an 2025. Commentant les progrès dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade, les petits Etats insulaires en développement ont lancé des appels en faveur d'un appui international accru et attiré l'attention de la Commission sur un projet de texte visant à faire de la mer des Caraïbes, une zone spéciale dans le contexte du développement durable.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/EF/274 25 octobre 1999

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Fédération de Russie, Turquie, Brésil, Norvège, Ethiopie, Chine, Bénin, Malaisie, Antigua-et-Barbuda (au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires en développement), Colombie, Burkina Faso, Australie et Barbade (au nom des Etats membres de la Communauté des Caraïbes - CARICOM). Les rapports du Secrétaire général ont été présentés par le Secrétaire exécutif de la Convention sur la lutte contre la désertification et le Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique.

La Commission poursuivra son débat cet après-midi à 15 heures.

ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Convention sur la diversité biologique

Protection du climat mondial pour les générations présentes et futures

Application de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique

Dans son rapport (A/54/96), le Secrétaire général rend compte des résultats de la deuxième session de la Conférence des parties à la Convention, qui au 27 avril 1999, comptait 149 signatures dont 148 d'Etats membres et une de la Communauté européenne. A l'issue de ses travaux, la Conférence des Parties a constaté avec préoccupation que le Mécanisme mondial n'avait pas commencé de fonctionner le 1er janvier 1998 et prié le Directeur général du Mécanisme mondial de finir de mettre au point la stratégie opérationnelle de manière à pouvoir en examiner dans le détail toutes les fonctions principales, y compris la mobilisation et l'acheminement des ressources financières. La Conférence des Parties a également prié le secrétariat de la Convention et le Mécanisme mondial de coopérer en vue d'éviter les doubles emplois et d'accroître l'efficacité de l'application de la Convention. Par ailleurs, la Conférence des Parties a décidé de faciliter un processus de consultations sur l'élaboration d'une annexe supplémentaire à la Convention concernant sa mise en oeuvre au niveau régional, dans les pays de la région de l'Europe centrale et de l'Europe orientale. Elle a accepté l'offre faite par le Gouvernement brésilien d'accueillir sa troisième session à Récife du 15 au 26 novembre 1999.

Application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement

Pour l'examen de cette question la Deuxième Commission était saisie d'une lettre datée du 29 septembre 1999 (A/C.2/54/4), adressée au Président de la Deuxième Commission par le Président de l'Assemblée générale transmettant le texte d'un projet de résolution résultant des consultations sur le statut de la mer des Caraïbes

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Déclarations liminaires

M. HAMA ARBA DIALLO, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification, en particulier en Afrique. Il a rendu compte des résultats de la deuxième session de la Conférence des Parties qui a eu lieu à Dakar du 30 novembre au 11 décembre 1998. Il a cité parmi les décisions prises, l'ajustement du budget et du programme du Secrétariat de la Convention pour 1999, le fonctionnement du Mécanisme mondial et la coopération avec les autres conventions traitant du développement durable et le programme de travail du Comité de la science et de la technologie. M. Diallo a attiré l'attention de la Commission sur les manifestations qui se sont déroulées parallèlement à la Conférence des Parties. Il a fait part de la première Table ronde internationale des Parlementaires sur la désertification qui a abouti à l'adoption de la Déclaration de Dakar. A ce jour, a poursuivi M. Diallo, la Convention compte 159 ratifications et accessions. Il a lancé un appel aux pays qui ne l'ont pas encore fait à prendre les dispositions pour ratifier la Convention. Indiquant que le Secrétariat permanent de la Convention s'est installé à Bonn en février 1999, M. Diallo a indiqué qu'en prévision de la troisième Conférence des Parties, prévue du 15 au 26 novembre 1999 à Récife au Brésil, le Secrétariat a facilité la tenue de plusieurs concertations régionales qui se sont tenues à Biejing au mois de juillet 1999 pour les pays de la région Asie; au Pérou en août dernier pour les pays d'Amérique latine et des Caraïbes; à Nairobi au mois de septembre 1999 pour les pays de la région Afrique, et ce avec le soutien du PNUE. M. Diallo a ajouté que 41 rapports nationaux des pays africains ont été transmis au Secrétariat pour soumission à la Conférence des Parties.

M. HAMDALLAH ZEDAN, Secrétaire exécutif du Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, a présenté le rapport relatif à la Convention sur la diversité biologique paru sous la côte A/54/428. Il a fait remarquer que les Conférences des parties à la Convention sur la biosécurité n'ont pas pu conclure les négociations sur le protocole relatif à la sécurité de la biodiversité, lors de sa première rencontre extraordinaire en février dernier. Des consultations informelles ont, à la suite de cette impasse,été tenues entre les parties et les gouvernements à Montréal en juillet et à Vienne en septembre. Lors de ces rencontres, des avancées ont été faites concernant l'objet du protocole, les moyens de sa mise en oeuvre et la relation entre le protocole et les législations internationales existantes. Le succès de ces négociations représentera une avancée substantielle de l'agenda du développement durable, car le protocole sur la sécurité biologique représente une tentative critique de résoudre les questions qui se posent quant à la sécurité de l'environnement face aux développements de technologies nouvelles.

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L'organe-conseil subsidiaire de la Convention sur les questions de la science, de la technique et la technologie, a tenu sa quadrirème rencontre à Montréal au mois de juin, et à fait plusieurs recommandations à la Conférence des parties . Une de ses recommandations les plus remarquables a été celle relative à des restrictions sur les techniques génétiques qui produisent des plantes qui, si elles sont productives, produisent cependant des graines qui sont stériles et ne peuvent donc être replantées. Comme la plupart d'entre vous le savent, une des plus grandes compagnies produisant ce genre de produits, la société Monsanto, a pris ce mois la décision de ne pas les commercialiser. L'organe-conseil a, d'autre part, demandé au Secrétariat exécutif de préparer pour la cinquième rencontre qui aura lieu à Paris, une proposition détaillée sur les évaluations scientifiques, en se basant sur les expériences acquises dans ce domaine dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et sur le Protocole de Montréal sur les substances nuisibles à la couche d'ozone. Le Groupe d'experts sur l'accès et le partage des bénéfices qui peuvent être tirés des nouvelles technologies s'est, quant à lui, réuni, au début de ce mois au Costa Rica. Ce Groupe est formé de 50 membres, experts nommés par les gouvernements. Il a recommandé un certain nombre de règles sur les mécanismes de partage des avantages que les pays peuvent tirer des technologies nouvelles et sur des procédures permettant aux gouvernement d'être adéquatement informés sur les ressources génétiques, la propriété intellectuelle et l'usage de ces techniques.

M. GEORGE WILFRED TALBOT (Guyana), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a dit attacher une grande importance à la Convention sur la diversité biologique et à une pleine mise en oeuvre de ses dispositions. Il a accueilli avec satisfaction la création d'un panel d'experts sur les ressources génétiques et sur les modalités de mise en oeuvre de la Convention. Le représentant a souligné l'importance qu'il y a à adopter un protocole sur la biosécurité en regrettant que les préoccupations actuelles relatives à la santé et au développement ont quelque peu dilué les efforts précédent. Il a toutefois dit espérer que cette question, qui sera examinée plus avant, en janvier 2000, au cours de la reprise de la session de la Réunion extraordinaire de la Conférence des Parties aboutira à la conclusion d'un tel protocole. S'agissant de la Convention-cadre sur les changements climatiques, le représentant a attiré l'attention sur la lenteur des accessions et des ratifications en ce qui concerne le Protocole de Kyoto alors même que les effets des émissions de dioxine de carbone et de gaz à effet de serre continuent d'avoir un impact profond sur les systèmes climatiques du monde. Venant à la Convention sur la désertification, le représentant a estimé que les problèmes rencontrés dans sa mise en oeuvre ont trait au faible statut que lui accorde la communauté internationale. Il l'a appelé à accorder la plus haute priorité à la Convention, en encourageant une plus grande collaboration entre le Secrétariat de la Convention et le Mécanisme mondial et en fournissant un appui financier, technique et scientifique accru.

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Pour ce qui est du Programme d'action sur le développement des petits Etats insulaires en développement, le représentant s'est félicité des résultats de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui s'est tenue en juin dernier. Il a appelé la communauté internationale à aider les petits Etats insulaires à améliorer leur compétitivité, à élargir leur accès aux marchés, à diversifier leurs efforts, et à mobiliser des ressources nouvelles, additionnelles et extérieures. Il a souligné la nécessité constante de renforcer les capacités et les institutions de ces Etats pour traiter des questions intersectorielles du développement durable. Le représentant a terminé sur le défi que représente la mer des Caraïbes en matière de développement durable. Il a souhaité que cette mer soit reconnue comme zone spéciale dans le contexte du développement durable.

Mme AIRA PAIVOKE (Finlande) a déclaré, au nom de l'Union européenne et des pays associés, que l'Union européenne souhaite que les négociations en vue d'adopter un protocole sur la biosécurité aboutissent le plus rapidement possible. Sur ce point, l'Union européenne partage le point de vue du rapport du Secrétaire général, qui recommande que ces négociations aboutissent lors de la reprise de la première Conférence extraordinaire des Parties qui doit se tenir au début de l'an 2000. L'Union européenne pense qu'un arrangement intérimaire pourrait être pris en la matière et elle partage les recommandations faites en vue de prévenir les impacts négatifs des espèces génétiquement modifiées, dont les effets sur l'environnement ne sont pas encore connus.

Sur le chapitre de la protection du climat de la planète, l'Union européenne soutient le renforcement des capacités des pays en développement en vue de les rendre capables de participer effectivement aux discussions internationales sur les changements climatiques. A ce sujet, tous les programmes de développement économique de l'Union européenne comportent désormais un volet d'évaluation des conséquences des projets sur l'environnement écologique. Nous reconnaissons en la matière, a dit le délégué, l'importance du rôle joué par la Facilité pour l'environnement mondial (GEF), qui facilite le transfert de technologie qui ne menacent pas l'environnement vers les pays en développement. La revue de la mise en oeuvre des projets menée par le GEF, a montré que l'adoption de modes de fourniture d'énergie alternatifs et sobres pouvait aider à préserver les conditions écologiques des pays en développement. Quant à la Convention pour la lutte contre la désertification, la 3ème Conférence des parties se tiendra dans quelques semaines à Récife au Brésil. Un des thèmes de la réunion sera consacré à la présentation par les pays africains de leurs expériences dans la lutte contre la désertification et dans la mise en oeuvre des clauses de la Convention.

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L'Union européenne espère que ces expériences permettront de tirer des leçons pratiques sur la mise en oeuvre de la Convention aux niveaux national et local. Nous estimons que la mise en oeuvre de la Convention requiert l'intégration de ses objectifs dans les processus nationaux de planification du développement, car la désertification et la sécheresse sont intimement liées et nécessitent une approche intégrée.

M. YURI ISAKOV (Fédération de Russie) a estimé que la Convention sur la diversité biologique se trouve à une étape difficile de son développement et s'est donc félicité des travaux engagés dans le domaine des ressources génétiques. Il s'est dit favorable à une approche équilibrée en ce qui concerne la réalisation des décisions de la quatrième session des Etats Parties en se félicitant de l'accent placé sur la réforme du secteur environnement de l'ONU et sur la collaboration nécessaire entre la Convention et les autres institutions pertinentes de l'ONU. Pour le représentant, l'une des tâches les plus importantes sera d'achever les travaux sur le Protocole relatif à la biosécurité. En ce qui concerne la Convention sur les changements climatiques, le représentant a indiqué que son pays a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de manière substantielle et qu'il est déterminé à honorer les dispositions du Protocole de Kyoto qu'il a signé en mars 1999. Pour lui, il est important d'identifier les meilleurs paramètres possibles pour les modalités de mise en oeuvre. La priorité doit être de parvenir à un système de quotes-parts pour les émissions de gaz à effet de serre qui permette un développement économique durable des Etats Parties et respecte le principe de participation volontaire. Le système doit garantir les droits d'un Etat à choisir l'accumulation des quotas pour les vendre et attirer ainsi les investissements étrangers. Le représentant s'est enfin félicité des progrès dans la mise en oeuvre de la Convention sur la désertification et a fait part de l'intention de son pays de participer à tous les efforts tendant à une mise en oeuvre complète.

M. BURAK OZURGERGIN (Turquie) a dit que la Turquie n'est pas Partie à la Convention sur les changements climatiques, bien qu'elle en partage l'esprit. Le problème pour la Turquie est dans les annexes I et II de la Convention, qui mélangent à la fois des pays qui ont réalisé leur essor industriel et d'autres qui ne font pas encore partie du monde industrialisé. Ces annexes demandent aux pays non industrialisés de prendre des responsabilités qui, au stade actuel de leur développement, ne devraient pas leur être imposées. Si notre pays a demandé a être retiré de ces annexes, c'est parce que nous estimons que l'on ne peut pas, sur la question des émissions de gaz polluants dans l'atmosphère, nous mettre sur le même pied de responsabilité que les pays industrialisés qui, on le sait, sont les plus grands pollueurs. La Turquie demande plus d'équité et de justice, pour que chaque pays soit réellement responsable de ce qu'elle fait.

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Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a déclaré que son pays a l'honneur d'accueillir la troisième session de la Conférence des Parties à la Convention sur la désertification, du 15 au 26 novembre à Récife. Elle a précisé que les régions semi-arides représentent près d'un tiers de la surface de la terre et sont responsables de près de 22% de la production alimentaire mondiale. Ces régions ne sont pas seulement importantes en raison de leur taille, de leur population et de leur potentiel économique mais aussi parce que si elles ne sont pas proprement gérées, leur climat et leur diversité biologique peuvent être gravement affectés. Le phénomène de la désertification touche 11% du territoire brésilien qui subit une perte de la diversité biologique, compromet les ressources en eau et provoque des flux migratoires importantes qui aggravent les problèmes sociaux des zones urbaines. Selon une étude faite en 1994, les pertes économiques annuelles causées par la désertification s'élevaient à 400 millions de dollars. Le Brésil est donc déterminé à mettre en oeuvre un plan national de lutte contre la désertification dont les éléments principaux concernent l'échange d'information, le renforcement des capacités, les programmes de surveillance et de prévention, des stratégies de réhabilitation des zones dégradées et des campagnes de sensibilisation. En raison de ses conséquences, la désertification ne peut être considérée comme un problème local ou régional. Elle exige des efforts coordonnés et le renforcement de la coopération internationale. Il est donc important que le Secrétariat de la Convention reçoive l'appui nécessaire de la part des Etats parties et que les pays développés, en particulier, prennent les mesures nécessaires concernant le transfert d'écotechnologies et l'apport de ressources adéquates.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que la perte de terres arables est un problème important auquel doit faire face la communauté internationale, car la dégradation des terres et la perte de la sécurité alimentaire sont intimement liées au problème de la pauvreté. La communauté internationale devrait accélérer la mise en oeuvre de la Convention sur la lutte contre la désertification, et les pays riches devraient respecter leur engagement à verser 0,7% de leur PNB à l'Aide publique au développement. La Norvège reconnaît et pense que les pays les plus pauvres, notamment en Afrique, continueront d'avoir besoin d'aide pour faire face à la désertification, et plus de 50% de notre assistance bilatérale et multilatérale au développement va vers les pays d'Afrique subsaharienne, a poursuivi le délégué. La Norvège estime, d'autre part, que la récente réunion intersessionnelle sur la Convention pour la préservation de la biodiversité est une bonne base de création d'un cadre de discussions politiques et stratégiques en la matière. Nous pensons que la mise en place d'un mécanisme d'évaluation du statut de mise en oeuvre de la Convention au niveau national est nécessaire pour aider la communauté internationale à mieux comprendre les actions menées au niveau de chaque pays et pouvoir les renforcer.

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M. AZANAW T. ABREHA (Ethiopie) a attiré l'attention de la Commission sur les dangers que représente la manipulation génétique pour la santé et l'environnement, en particulier ses effets néfastes sur la préservation et l'utilisation durable des ressources biologiques. Il a indiqué que le dernier cycle de négociations sur un protocole relatif à la prévention des risques biotechnologiques a été compromis par la position d'un groupe formé des six principaux pays producteurs d'organismes génétiquement modifiés qui ont bloqué l'inclusion dans le protocole de toute disposition défavorable au libre commerce des organismes génétiquement modifiés et des produits dérivés. L'article 19 de la Convention sur la diversité biologique comprend une disposition relative à l'élaboration d'un régime juridique international ou d'un protocole relatif à la manipulation génétique, a souligné le représentant avant d'avancer les conditions posées en la matière par les pays africains que l'Ethiopie représente dans les négociations relatives au protocole sur la biosécurité. Ainsi pour ces pays, le protocole à venir doit comprendre une évaluation des dangers posés par tous les organismes génétiquement modifiés. Il devra inclure un "principe de précautions" qui devra permettre aux pays de rejeter les organismes génétiquement modifiés en l'absence d'une caution scientifique quant à leur sécurité. Le protocole devra reconnaître le droit souverain des Etats à refuser l'importation de ces produits et d'imposer des normes plus sévères pour la sauvegarde de l'environnement et de la santé. Le protocole devra tenir compte de l'impact des organismes génétiquement modifiés sur les activités socioéconomiques et la santé humaine. Il ne devra être subordonné à aucun autre instrument international comme l'Organisation mondiale du commerce qui promeut le libre commerce de tout produit sans tenir compte de l'environnement et des préoccupations relatives à la santé.

Le représentant s'est dit préoccupé par l'étude sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent aux commerce. Ses préoccupations ont particulièrement porté sur les conséquences négatives sur la sécurité alimentaire, la dégradation de l'environnement et la santé. Il s'est également dit préoccupé par les compagnies qui abusent des droits de propriété intellectuelle pour s'accaparer des ressources biologiques des pays en développement sans reconnaître les droits au partage des bénéfices de ces derniers. Cette question a fait l'objet d'une réunion tenue en juin 1998 par les Ministres de l'OUA qui ont adopté un projet de texte sur l'accès aux ressources biologiques au niveau national. L'Assemblée générale s'est également penchée sur la question dans sa résolution 53/190.

Mme BAI YONGJIE (Chine) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. Concernant la question de la désertification et des changements climatiques, la Chine fait remarquer que ce sont les pays développés qui prétendent imposer aux pays en développement des normes strictes sur l'environnement qui sont aussi, eux-mêmes, les plus grands pollueurs, notamment en ce qui concerne les gaz à effet de serre. Les pays en développement sont engagés dans la lutte contre la pauvreté et pour le bien- être de leurs populations.

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La Chine n'a pas les moyens qu'il faut pour consacrer des méthodes "modernes" de non-pollution extrêmement coûteuses, mais elle fait tout ce qu'elle peut pour préserver son environnement. Il convient d'élaborer des règles rationnelles respectant réellement le Protocole de Kyoto. Mais la survie des populations devra rester l'objectif prioritaire. Nous avons adopté un cadre juridique en vue de combattre la sécheresse, et nous pensons que la communauté internationale devra donner aux pays pauvres les moyens dont ils ont besoin pour mettre en oeuvre les clauses de la Convention pour la lutte contre la désertification, a précisé la représentante. Le Gouvernement chinois accorde l'importance la plus extrême à la préservation de la biodiversité, et nous espérons que le Protocole sur la biosécurité pourra bientôt être adopté. Concernant les petits Etats insulaires, la réalité montre qu'il y a tout un monde entre les termes du Programme d'action de la Barbade et sa mise en oeuvre effective. La Chine demande que tout soit mis en oeuvre pour aider ces pays, qui font face à de très graves menaces.

M. EDOUARD AHO-GLELE (Bénin) a indiqué que la Convention sur la lutte contre la désertification met en évidence les liens entre la désertification et la pauvreté, et la nécessité de lutte contre ce phénomène reconnu désormais comme une préoccupation mondiale qui requiert des solutions globales et concertées. Le représentant a rappelé qu'à l'instar des autres Conventions de la génération de Rio, la Convention sur la lutte contre la désertification prescrit des obligations différenciées selon les catégories d'appartenance. On attend des pays développés qu'ils apportent des ressources financières et d'autres formes d'assistance aux pays en développement touchés par la désertification. Dans la plupart des cas, cet appui reste attendu. De ce fait, le véritable partenariat international qui mettrait effectivement en oeuvre les mesures globales envisagées pour lutter contre la désertification se fait toujours attendre. De même, le Mécanisme mondial n'a pu mettre en place tout son personnel administratif et n'a pu répondre aux sollicitations des pays en développement pour l'élaboration de leurs rapports nationaux et de leurs programmes d'action nationaux. Le Bénin, comme d'autres pays en développement, n'attend que la mise en oeuvre de son programme d'action national. A cet effet, il attend des ressources financières et appelle à l'appui réel du Mécanisme mondial et aux partenaires au développement afin que la troisième conférence des Parties qui se tiendra à Récife en novembre prochain marque le démarrage de la mise en oeuvre effective des programmes d'action nationaux grâce à la conclusion d'accords de partenariats et le déclenchement véritable du renforcement des actions de lutte contre la désertification.

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Mme ROHANA RAMLI (Malaisie) a associé sa délégation à la déclaration du Groupe des 77 et de la Chine. La Malaisie est très concernée par les difficultés que rencontre l'ONU dans le domaine du développement durable, notamment en matière de ressources humaines et financières, et en matière de manque de capacités institutionnelles et de l'imprécision des mandats et des rôles que devront remplir les organes et agences des Nations Unies dans leurs activités opérationnelles. Dans le domaine du développement durable, notre pays partage le point de vue selon lequel l'éducation, la formation et la mobilisation d'un public averti doivent être des composantes intégrales des plans et des stratégies nationales, comme cela est recommandé dans un des rapports du Secrétaire général. Nous attendons à ce sujet de voir les résultats de l'étude menée par l'UNESCO, en collaboration avec le Département des affaires économiques et sociales et le PNUD sur les stratégies de développement nationales et régionales qui existent à l'heure actuelle, pour voir dans quelle mesure les mesures d'éducation en font partie. Notre pays, en ce qui le concerne, continue de prendre des mesures appropriées pour s'assurer un développement durable et équilibré. Nous mettons l'accent sur la préservation de l'environnement et la sauvegarde de notre base de ressources naturelles. Concernant la biodiversité, nous savons que 12 pays au monde détiennent 60 à 70% de la plus grande biodiversité mondiale. Notre pays en fait partie, et nous avons pris des initiatives pour préserver cette richesse. C'est pourquoi nous soutenons le protocole sur la biosécurité qui, à notre avis, devra réguler les organismes génétiquement modifiés et la santé humaine, les considérations socioéconomiques et la diversité biologique.

M. PATRICK ALBERT LEWIS (Antigua-et-Barbuda) au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires en développement, a souligné l'importance pour les pays de l'Alliance de la Convention sur la diversité biologique. Il a rendu compte, à cet égard, des efforts entrepris par les pays concernés en se félicitant particulièrement du Plan de gestion des données sur la biodiversité créé par les Bahamas. Il a également cité l'engagement actif des communautés des îles et le recours aux connaissances traditionnelles dans la préservation des écosystèmes. Soulignant la complexité des efforts qu'il convient encore de déployer en la matière, le représentant s'est joint à l'appel du Secrétaire général qui demande un appui international accru, en particulier un appui aux efforts tendant à protéger les espèces et les populations, à contrôler l'invasion des espèces étrangères et à mettre en oeuvre les conventions juridiques internationales. Le représentant a fait part de sa déception face au manque de progrès dans les négociations relatives au protocole sur la prévention des risques biotechnologiques, qui ont été bloquées par l'intransigeance d'un petit groupe d'Etats. Il a souligné la préoccupation des pays de l'Alliance face aux effets négatifs sur la santé des denrées alimentaires produites à partir d'organismes génétiquement modifiés. Venant à la Convention sur les changements climatiques, le représentant s'est dit préoccupé par le rythme peu encourageant des ratifications et accessions au Protocole de Kyoto.

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Ce Protocole, qui vise la réduction des gaz à émissions de serre, ne compte que 15 ratifications dont les 2/3 proviennent des petits Etats insulaires en développement. Aucun des 37 pays industrialisés, desquels la réduction des émissions de gaz à effet de serre est exigée en l'an 2008, ne figure parmi les ratifications.

Terminant sur les résultats de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi du Programme d'action de la Barbade, le représentant s'est félicité de l'engagement de la Norvège de renforcer l'unité des petits Etats insulaires en développement du Département des affaires économiques et sociales et ce, par la fourniture de services consultatifs. Il a également accueilli avec satisfaction l'appui financier fourni par la Norvège et l'Italie au SIDnet - réseau des petits Etats insulaires en développement -, et de l'assistance apportée par les Etats-Unis en ce qui concerne les projets présentés aux donateurs. Le représentant a aussi salué l'initiative d'un Etat membre de l'Alliance, Singapour, qui a offert des cours d'assistance technique. Le représentant a conclu en attirant l'attention de la Commission sur un projet de résolution concernant la mer des Caraïbes. Il a regretté que les Etats Membres de l'Assemblée générale n'aient pu parvenir à un accord sur le texte qui vise à faire de cette mer une zone spéciale dans le contexte du développement durable.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que le rôle de la Commission du développement durable, en tant qu'organe intergouvernemental chargé du suivi du Plan Action 21, est d'une importance cruciale en ce qui concerne la promotion d'un développement durable. Les ressources en terres arables, agricoles, financières, en arrangements commerciaux et en investissements, sont des éléments clefs dans l'élaboration d'une stratégie internationale en matière de développement durable. En conséquence, au nom du Ministre de l'environnement de la Colombie, qui est aussi le Président de la 8ème session de la Commission du développement durable, j'invite les Ministres de l'environnement et de l'agriculture, et ceux du commerce et des finances à participer de façon active au segment de haut niveau de cette session de la Commission, a déclaré le représentant.

Sur un autre plan, la Colombie est l'un des cinq pays les plus riches en biodiversité de la planète. Le Protocole sur la sécurité biologique n'a pas avancé, malgré la volonté des gouvernements d'aboutir à sa conclusion, ceci à cause des intérêts purement économiques et commerciaux, qui s'opposent aux craintes qui existent quant aux effets sur la santé des organismes vivant génétiquement modifiés, et qui semblent mettre de côté l'esprit de Rio, qui mettait l'être humain au centre du développement durable. La Colombie demande à tous les pays de faire preuve de volonté politique pour soutenir l'élaboration du Protocole et son adoption lors de la reprise de la Conférence des parties en janvier prochain.

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Quant à la question de la préservation des forêts, la Colombie, dont le territoire est couvert à 46% de forêts dont 17% ont été déclarés réserves à préserver, veut un renforcement de la coopération internationale en matière de préservation. Nous pensons que les pays possesseurs de forêts dont la préservation est indispensable à la survie de toute l'humanité, devront recevoir des compensations de la part de la communauté internationale.

M. PAUL ROBERT TIENDREGEOGO (Burkina Fasso) a déclaré que son pays, qui est l'un des pays les plus durement frappés par la sécheresse et la désertification, n'a pas ménagé ses efforts avec l'appui des pays amis, d'organismes donateurs et du Secrétariat de la Convention, pour mettre en oeuvre les dispositions de la Convention, dans une approche prenant en compte le contexte socioéconomique local et la participation des différents acteurs concernés. L'information et la sensibilisation ont été faites sur la base d'une stratégie de communication dont l'exécution a été confiée à un groupe spécialisé de communicateurs. Quant à la concertation avec les acteurs, elle a été réalisée aussi bien au niveau national qu'au niveau local, compte dûment tenu de l'élément genre, étant donné la part très active et déterminante que peuvent prendre et prennent les femmes dans la lutte contre la désertification, a indiqué le représentant. Beaucoup reste à faire, a-t-il poursuivi, puisque jusqu'à présent le Programme national est passé à sa phase d'exécution. Le Burkina Fasso espère donc qu'un élan de solidarité plus soutenu verra le jour dans l'intérêt bien compris de tous. Les faits parlent d'eux-mêmes puisque selon le PNUE quatorze pays africains connaissent un stress hydrique ou une pénurie d'eau et qu'en 2025, 11 autres pays seront dans cette situation. Le représentant a donc lancé un appel en faveur d'un financement adéquat du Secrétariat de la Convention et d'un soutien plus ferme au fonctionnement du Mécanisme mondial. Le représentant s'est dit favorable à ce que l'Assemblée général décide de financer au moyen du budget ordinaire des Nations Unies, les dépenses engagées au titre des services de conférence pour les 4ème et 5ème sessions de la Conférence des Parties et de ses organismes subsidiaires.

Mme AMANDA HAWKINS (Australie) a déclaré que l'Australie, qui est un des pays détenteurs de la plus grande biodiversité au monde, donne une importance prioritaire à la protection de la faune et de la flore. Nous sommes, a continué Mme Hawkins, partie à la Convention sur la diversité biologique et mettrons en oeuvre ses divers engagements à travers une série de programmes et de politiques, dont la Stratégie nationale pour la conservation de la biodiversité, la protection de l'environnement et la conservation de la biodiversité, que nous avons adopté cette année. Notre pays travaille activement pour soutenir la conclusion du Protocole sur la biosécurité, car nous pensons que c'est une initiative qui peut aider à atteindre l'objectif important de la synergie entre les politiques du commerce et celles en faveur de la protection de l'environnement, qui assurerait que les arrangements commerciaux et les instruments de préservation écologique se soutiennent mutuellement.

- 13 - AG/EF/274 25 octobre 1999

Concernant les problèmes auxquels font face les petits Etats insulaires, l'Australie est l'un des plus grands donateurs d'aide économique à ces pays, et nous pensons que la promotion des échanges commerciaux pourrait leur ouvrir de nouvelles possibilités de croissance économique, a dit la représentante. Par conséquent, nous estimons que les prochaines négociations commerciales internationales devraient prendre en considération les circonstances spéciales que rencontre ce groupe de nations et d'autres pays en développement. Nous pensons fermement que la vulnérabilité des petits Etats insulaires devra faire l'objet de davantage d'attention de la part de la communauté internationale lors de ses prises de décisions.

Mme DONNA FORDE (Barbade), au nom des pays membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a lancé un appel aux partenaires de développement pour qu'ils respectent les accords faits dans le cadre du Programme d'action de la Barbade en 1994 et honorent leurs obligations. Compte tenu de la mondialisation, la représentante a lancé un appel aux pays développés pour qu'ils aident les petits Etats insulaires en développement à s'adapter à la libéralisation du commerce en renversant la tendance de l'Aide publique au développement. A la veille de la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce, la représentante a appelé à une Organisation plus démocratique et plus participatoire; l'OMC n'ayant pas été créée pour assurer le bien-être des riches au détriment des petits et des économiquement faibles et vulnérables. La représentante a commenté le rapport de l'Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) qui qualifie de dommageables les pratiques fiscales de certaines Etats de la CARICOM, et identifie à tort certains de ces pays "paradis fiscaux" et propose des mesures de rétorsion qui en plus d'être injustifiées, compromettraient la dépendance accrue des économies des Caraïbes au secteur important des finances. Les activités de ces pays sont légitimes, compétitives et bien réglementées, a souligné la représentant en ajoutant qu'elles ne diffèrent en rien des activités des pays développés visant à encourager l'investissement direct étranger. Le CARICOM a créé une équipe spéciale sur l'action financière pour lutter contre le blanchiment d'argent. La représentante a appelé les membres de la Commission à appuyer le projet de résolution visant à faire de la mer des Caraïbes une zone spéciale dans le contexte du développement durable.

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