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AG/EF/215

FACE A LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE ET A SES CONSEQUENCES, LA DEUXIEME COMMISSION APPELLE A UNE REFLEXION SUR L'HUMANISATION DE LA MONDIALISATION

6 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/EF/215


FACE A LA CRISE FINANCIERE INTERNATIONALE ET A SES CONSEQUENCES, LA DEUXIEME COMMISSION APPELLE A UNE REFLEXION SUR L'HUMANISATION DE LA MONDIALISATION

19981006 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi cet après-midi son débat général sur les questions à son ordre du jour, et a entendu les représentants d'Etats Membres qui ont fait état des conséquences de la mondialisation et la nécessité de procéder à des réformes dans les domaines du commerce et de la finance internationale. Les délégations ont convenu que la mondialisation a engendré de nouvelles opportunités en matière de croissance mais n'a pas résolu les problèmes des pays en développement, en particulier ceux des pays les plus pauvres. La mondialisation a accentué la marginalisation des pays pauvres et compromis leurs efforts de croissance économique et de développement durable. La supériorité du marché ayant montré ses limites, les délégations ont appelé à une humanisation de la mondialisation. Dans le contexte de cette mondialisation, il faut remettre l'homme au centre du développement, ont souligné les délégations, qui ont également évoqué le renforcement de la coopération internationale, le rôle des des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods pour faire face à la crise résultant de la mondialisation.

La Commission a entendu les représentants des pays suivants : Afrique du Sud, Tanzanie, Myanmar, Inde, Algérie, Bolivie, Tunisie, Japon, Sénégal et Argentine. Le représentant du Forum du Pacifique Sud s'est également exprimé.

La Commission poursuivra son débat général, jeudi 8 octobre, à 10 heures.

- 2 - AG/EF/215 6 octobre 1998 Suite de débat général

M. MATHE DISEKO (Afrique du Sud) a indiqué que la situation économique mondiale connaît des changements spectaculaires, liés à la mondialisation. Pour la plupart des pays en développement, et notamment pour les pays les moins développés, la mondialisation s'est accompagnée d'une marginalisation accrue. Le fossé entre les pays riches et les pays pauvres s'est creusé davantage. La situation en Asie du Sud-Est est d'autant plus sombre que la crise financière a affecté un grand nombre de pays de la région.

Le manque de ressources financières en vue du développement est un problème majeur actuellement. Aussi, le représentant demande aux pays développés de renverser la tendance actuelle des flux de l'APD, d'accroître leur soutien aux programmes d'aide et d'honorer les engagements pris lors des conférences de l'ONU. Des mesures doivent également être prises pour annuler l'encours de la dette. Le représentant affirme que sa délégation est, en outre, préoccupé par le rythme et les critères d'éligibilité qui seront retenus à la suite de l'initiative HIPC.

L'Afrique fait face à des termes de l'échange qui ne cessent de se dégrader et elle a un accès très limité aux investissements directs étrangers. Le représentant espère que des efforts seront faits pour aider les pays africains à renforcer leur environnement économique intérieur afin que celui- ci soit favorable aux investissements. Il faudrait également demander aux institutions et aux entreprises d'investir en Afrique. L'Afrique du Sud soutient le travail effectué par les organes des Nations Unies, mais est préoccupée par le déclin des ressources qui permettent de financer les initiatives de développement. Les fonds qui sont actuellement consacrés au développement durable sont insuffisants. Des progrès en la matière peuvent être produits grâce à la coopération et au partenariat entre le Nord et le Sud, basés sur le principe des responsabilités communes mais différenciées. Dans le même temps, les disparités entre les pays développés et les pays en développement ne cessent d'augmenter, ce qui constitue une remise en cause fondamentale du droit au développement.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a estimé que les causes principales de la faible croissance économique des pays en développement est principalement imputable au déclin du prix des matières premières et à la volatilité des marchés financiers. Il est clair aujourd'hui que de nombreux pays en développement voient leur croissance économique et leur développement compromis par leur vulnérabilité à un environnement économique mondial défavorable. Il faut redresser la tendance et freiner la baisse des investissements directs étrangers. La Tanzanie note à cet égard le nombre de réunions qui se sont déroulées aux Nations Unies pour renforcer le partenariat mondial aux fins du développement. Ce développement doit être au coeur des activités des Nations Unies et de la Deuxième Commission, en particulier. Il faut donc revitaliser la coopération internationale pour le développement et régler la question des ressources.

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L'aide publique au développement continue de baisser et cette tendance négative doit être inversée si l'on veut qu'un processus de développement ait lieu dans les pays concernés. Une attention particulière doit d'ailleurs être accordée aux besoins des pays les moins avancés. La crise de la dette extérieure continue, elle aussi, de compromettre les efforts de développement. Il faut savoir que le paiement du service de la dette représente à lui seul un tiers des exportations dans les pays en développement. Les mesures d'allégement du Club de Paris et l'initiative en faveur des pays les plus endettés n'ont pas réglé la question. Il est important de renforcer les termes de Naples du Club de Paris dont l'annulation de la dette. Il faut aussi établir des critères plus souples d'éligibilité à l'initiative de la Banque mondiale pour les pays les plus endettés.

Il faut déployer tous les efforts pour éviter une marginalisation plus avant des pays en développement dans le contexte de la mondialisation. La décision de l'Assemblée de convoquer, en l'an 2000, la troisième conférence sur les pays les moins avancés est une bonne initiative. Il faut aussi se féliciter de l'initiative de l'OMC, de la CNUCED, du FMI et de la Banque mondiale et du PNUD de créer un cadre intégré pour le commerce lié à l'assistance technique des pays les moins avancés. Par ailleurs, le faible niveau de techniques, l'absence de capitaux et la qualité des infrastructures ont ralenti les efforts d'industrialisation des pays en développement. Une telle situation plaide pour une augmentation de l'assistance technique. La mise en oeuvre d'Action 21 ne peut progresser que si des ressources sont disponibles et que si le transfert de technologie est assuré. L'Afrique traverse une période économique très difficile. Elle n'a pas besoin d'une simple sympathie mais d'une action concrète.

M. U WIN AUNG (Myanmar) a estimé que les institutions de Bretton Woods sont des organes omnipuissants en matière de politique économique. Au niveau national, les pays ont tendance à toujours mettre en oeuvre les suggestions et les idées de ces instances. Mais la situation actuelle nous oblige à nous demander s'il est bon de suivre le chemin que ces institutions indiquent. Ne serait-il pas plutôt préférable de suivre nos propres chemins, en tenant compte des situations nationales? Il serait temps de faire les comptes de la mondialisation et de la libéralisation, notamment pour les économies vulnérables.

Le fardeau de la dette est l'un des principaux facteurs qui entravent la promotion d'un développement durable. Seulement un petit nombre de pays peuvent actuellement profiter de l'initiative HIPC. Il est donc nécessaire de donner de l'ampleur à ce programme pour que les pays les plus pauvres puissent bénéficier de ses bienfaits avant qu'il ne soit trop tard. Le représentant a affirmé que sa délégation est favorable à l'adoption du communiqué ministériel sur l'accès au marché lors de la dernière session de fond du Conseil économique et social. La délégation est également favorable aux recommandations contenues dans le communiqué sur les futures négociations en matière de barrières tarifaires et non-tarifaires.

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Le représentant a souligné que, malgré les progrès de la science et de la technologie, les hommes et les sociétés humaines sont toujours aux mains de la Mère Nature. Comment les pays les moins riches peuvent-ils subvenir aux coûts humains et financiers des désastres qui sont survenus cette année? Les pays développés devraient aider les pays en développement qui n'ont pas les moyens de prévoir ces sinistres.

M. DIGVIJAY SINGH (Inde) a déclaré que l'année 1997 a marqué un changement dans le déroulement des débats. En effet, un dialogue a été lancé entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods et le Conseil économique et social a pu tenir un dialogue de haut niveau sur le commerce dans le contexte de la mondialisation. Ces initiatives ont été prises avec l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans un esprit de partenariat. L'année dernière a également servi à affiner le suivi coordonné des conférences internationales des Nations Unies et à coordonner les activités de l'ONU dans les domaines économique et social. Aujourd'hui, l'économie internationale se caractérise par une volatilité accrue qui révise à la baisse les perspectives de croissance. Alors que les avantages de la mondialisation ont été nombreux, ils se sont accompagnés, ces dernières années, de chocs financiers qui ont ralenti la croissance mondiale. La crise de la Fédération de Russie et, aujourd'hui, du Brésil montre à suffisance l'effet de contagion de la crise de l'Asie de l'Est. Alors qu'ils veulent se sortir de ces crises, les pays touchés doivent faire face en outre à des coûts sociaux considérables.

Les convictions sur le fonctionnement de l'économie sont remises en question et ont mis en exergue la nécessité de régler les problèmes urgents. L'on sait aujourd'hui que les crises comme celles de l'Asie de l'Est sont imprévisibles et n'ont même pas été prévues par le FMI. En outre, ces crises se sont avérées difficiles à gérer du fait de l'effet de contagion et de l'inefficacité des remèdes habituels. Les effets de contagion liés à la limitation des ressources du FMI ont montré en quelque sorte que l'instabilité est inhérente au système financier international. La menace d'une récession est devenue réalité. L'Inde souscrit à la théorie selon laquelle il faut tout mettre en oeuvre pour mieux superviser les systèmes financiers nationaux et améliorer la transparence.

Il faut toutefois poser les questions à long terme et se demander comment faire en sorte que cette surveillance soit symétrique et qu'elle concerne aussi les pays exportateurs de capitaux. Dans un contexte de crise, le FMI peut-il servir de prêteur de dernier recours ou faut-il une autre institution? Le système actuel est-il à même de gérer les crises ou faut-il d'autres instruments et mécanismes de gestion? Comment régler les problèmes liés à l'important volume de la dette du secteur privé, y compris le fardeau partagé entre les débiteurs et les créditeurs en cas de crise? La pleine convertibilité des capitaux implique t-elle trop d'instabilité? En conséquences, les pays en développement doivent-ils considérer la libéralisation du commerce et le flux des investissements directs comme les

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principales sources des avantages de l'intégration dans l'économie mondiale et adopter une approche prudente quant à la libéralisation des flux des capitaux jusqu'à ce qu'ils soient capables de les gérer? Aucune réponse n'a été trouvée à ces questions.

Pour les pays en développement, les perspectives sont décourageantes, la croissance de la production se ralentissant aussi bien au Nord qu'au Sud. L'environnement économique international est devenu moins favorable et un nombre de produits de base ont été révisé à la baisse. L'ampleur du manque à gagner est considérable. Il faut aussi noter qu'un changement est apparu dans le transfert net des ressources vers les pays en développement et il est prévu que la tendance à la baisse se poursuive au cours de l'année prochaine. La situation actuelle est en fait un recul des acquis de la mondialisation. Il incombe à la communauté internationale de prendre des mesures pour améliorer les termes de l'échange, renforcer l'accès aux marchés, assurer la stabilité et la disponibilité des flux des capitaux, garantir l'accès à la technologie sur une base préférentielle, et honorer les engagements de fournir des ressources nouvelles et additionnelles.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a indiqué que l'impact de la crise en Asie sur les pays du monde est tel qu'il pourrait engendrer une récession mondiale. Le commerce international est d'ores et déjà condamné à un ralentissement, qui risque d'affecter particulièrement les pays en développement. L'interdépendance croissante, qui caractérise de plus en plus les relations économiques internationales, devrait stimuler le travail de cette Commission. La crise actuelle interpelle toute la communauté internationale sur les limites des instruments de concertation et de coopération internationale existant et partant, sur la nécessité d'une conjugaison des efforts afin de l'endiguer et de faire en sorte qu'elle ne se reproduise plus. Dans ce cadre, le débat actuel sur la nouvelle architecture financière mondiale, qui est en train de gagner en adhésion, devrait être un exercice collectif et transparent de la communauté internationale. Dans cette optique, l'ONU doit jouer un rôle central d'articulateur de la coopération internationale.

La question du financement du développement mérite d'être étudiée profondément en raison de son effet d'entraînement et de son impact sur tous les autres domaines du développement économique et social. Le processus de restructuration et de revitalisation de l'ONU doit viser à renforcer les capacité de l'Organisation à mieux prendre en charge les préoccupations de la communauté internationale.

Les pays en développement sont particulièrement préoccupés par le déclin des ressources qui a un impact négatif sur la nature des activités de développement menées par les agences de l'ONU. Certains pays donateurs, plus prompts à se ruer au secours d'économies en difficulté là où des intérêts sont à protéger, qu'à aider des pays engagés dans de difficiles réformes économiques, ne semblent pas prendre toute la mesure de la situation. La baisse continue de l'APD constitue une source de préoccupation majeure. Elle contredit manifestement les engagements pris par les pays donateurs.

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M. ROBERTO JORDAN PANDO (Bolivie) a déclaré que la Bolivie, en 1997, a mis en oeuvre un plan d'action s'inscrivant dans le programme de développement économique national. Grâce à ce plan, la croissance est passée à 4,5 % durant les premiers mois de cette année et l'inflation est tombée à 3,29 %. En outre, le programme financier, signé avec le FMI l'année dernière, a permis à la Bolivie de devenir éligible à l'initiative en faveur des pays les moins avancés à hauteur de 450 millions de dollars. Dans le contexte de la mondialisation, il faut dire que les pays les moins développés paient et subventionnent les erreurs d'autrui. Il faut donc prendre des mesures pour mettre fin à une telle situation. Il faut en outre discuter du rôle du FMI et de la Banque mondiale, débordés par des événements qu'ils n'ont pas pu prévenir. Partant, il faut corriger les structures, la philosophie et le fonctionnement de ces institutions.

La Bolivie estime que le moment est venu de mettre en place un mécanisme chargé de réfléchir à l'établissement d'une "économie de la solidarité" et d'une meilleure répartition des richesse.

Il est aussi urgent de créer d'autres indicateurs économiques, tant il est vrai que l'arithmétique du développement ne s'intéresse qu'à l'économie formelle et continue d'ignorer l'économie informelle. Toutefois, l'économie illégale, comme celle créée par le trafic des drogues ou le trafic d'armes n'a pas été prise en compte dans cette façon de concevoir le développement. De tels indicateurs tridimensionnels donneront une meilleure mesure de l'économie mondiale.

En ce qui concerne le financement du développement, la Bolivie juge préoccupant que le PNUD limite de plus en plus son rôle à l'administration des dons, mettant ainsi en péril l'éligibilité des pays les plus pauvres aux ressources du développement. Il est donc urgent de convoquer la conférence internationale sur le financement du développement, étant entendu que 85 % des recettes mondiales sont détenues par 15 % de la population.

M. ABDERRAZAK AZAIEZ (Tunisie) a indiqué que la mondialisation du secteur financier, qui était considérée par certains comme la conséquence logique de la libéralisation économique et un puissant levier du développement et d'une croissance soutenue profitable à toutes les nations, s'est révélée en fin de compte être également un facteur d'instabilité financière, ce qui a ébranlé les certitudes des apôtres de l'orthodoxie financière. Les déséquilibres et les incertitudes que connaît actuellement l'économie mondiale ont surtout affecté les économies des pays en développement. La communauté internationale et les organismes onusiens doivent oeuvrer, en coopération avec les institutions de Bretton Woods, pour favoriser la mise en oeuvre de dispositions, telles que des mécanismes multilatéraux et efficients assurant le contrôle des flux de capitaux internationaux et des fluctuations monétaires. Il s'agit par ce biais de garantir la concurrence loyale et d'organiser les transactions financières sur des bases saines et solides.

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La coopération pour le développement demeure un objectif primordial pour les Nations Unies. L'APD représente, certes, une faible proportion des ressources globales que les pays industriels consacrent au développement, mais cette aide constitue une source importante de ressources extérieures pour de nombreux pays en développement. En effet, après plus d'une décennie de flux négatifs, le mouvement des capitaux privés a enfin commencé à s'inverser. Cette reprise a surtout été le fait des pays Africains eux-mêmes, par le biais de réformes économiques, de la création de bourses des valeurs, de l'introduction de programmes de privatisation. Toutefois, les pays d'Afrique n'ont pas un accès suffisant aux flux privés.

En matière d'endettement des pays en développement, il est nécessaire d'aider les pays en développement à sortir du cercle vicieux du rééchelonnement. Il faudrait donc continuer à chercher des solutions efficaces et novatrices aux problèmes que pose le service de la dette aux pays à revenu intermédiaire. La dette multilatérale représente, de son côté, une forte proportion du fardeau paralysant la croissance d'un certain nombre de pays en développement. Enfin, des engagements doivent être pris au niveau national pour contribuer à promouvoir un environnement favorable au développement.

M. MASAKI KONISHI (Japon) a déclaré que pour contribuer aux objectifs du développement, son pays a mis en place une nouvelle stratégie du développement qui souligne la nécessité de responsabiliser chaque pays en développement dans le processus du développement et celle d'un partenariat mondial entre tous les participants. La responsabilisation des pays en développement signifie qu'il revient au pays même de déterminer la manière de réaliser le développement en fixant d'abord les objectifs puis en mobilisant les ressources locales pour les compléter avec d'autres ressources. La mise à disposition de ressources aux fins du développement est une question capitale comme l'est la question du développement des infrastructures socio-économiques. A cet égard, le Japon attire l'attention sur le Centre des Nations Unies pour le développement régional de Nagoya au Japon qui promeut depuis plus 25 ans le développement au niveau régional par la formation et la fourniture de services consultatifs.

Pour réaliser les objectifs du développement, il est aussi nécessaire d'établir une série intégrée d'indicateurs pour pouvoir évaluer les progrès et prendre des mesures supplémentaires. A cet égard, le Japon se félicite de voir la question des indicateurs inscrite à l'ordre du jour du Conseil économique et social pour l'année prochaine. Le Japon estime également que la coordination des activités de développement est essentielle à chaque niveau. C'est pourquoi, il a accueilli en juin dernier un symposium sur la coopération au développement. S'agissant de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique, qui doit se tenir du 19 au 21 octobre 1998, le Japon souligne que l'agenda qui sera adopté à l'issue de la conférence spécifiera les besoins des pays africains et la marche à suivre pour les partenaires du développement.

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Le Japon est convaincu que le succès de cet agenda dépend de l'efficacité avec laquelle les participants pourront traduire leurs engagements en action en intégrant les buts et les objectifs de l'agenda dans leurs programmes de développement respectifs et de la justesse avec laquelle l'on surveillera les progrès et évaluera les moyens par des indicateurs appropriés. Pour la Japon, il est important de renforcer la coordination entre les partenaires extérieurs, d'une part, et les partenaires extérieurs et nationaux, d'autre part. Il est également important de promouvoir une coopération et une intégration régionales. Il est enfin important de promouvoir la coopération Sud-Sud, en particulier entre les pays d'Asie et d'Afrique.

Le Japon estime par ailleurs que le succès du cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement dépend de la manière dont l'on tirera profit du système des coordonnateurs-résidents. Il souhaite une participation active de toutes les entités des Nations Unies présentes sur le terrain afin de faciliter la coopération et la collaboration sur le terrain.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que le cours des événements socioéconomiques offre peu de raisons d'être optimiste. La mondialisation, perçue sous son double aspect, de porteur d'opportunités et de risques de marginalisation, n'a, pour le moment, montré que le revers de la médaille. Notre monde, aujourd'hui, revêt tant de disparités et de déséquilibres qu'il mériterait, peut-être, une appellation plurielle. Sommes-nous vraiment dans le même univers lorsque le culte de l'Internet et des technologies de l'espace côtoie, ici et là, la misère, la faim, la maladie et l'analphabétisme? L'ADP continue de subir une baisse sans précédent, l'idée de ressources nouvelles et additionnelles pour la mise en oeuvre des plans d'action issus des Grandes Conférences n'est plus à l'ordre du jour et le problème de la dette dans son ensemble reste toujours préoccupant. Maintenant que le spectre de la guerre froide s'est éloigné, il est peut-être temps de revisiter toute la philosophie de l'APD pour l'adapter aux nouvelles réalités dans le cadre d'un véritable partenariat pour le développement.

Le représentant a indiqué que sa délégation reste convaincue que le développement durable relève essentiellement de l'effort national. Comme la crise actuelle en est la preuve, le libéralisme intégral a montré ses limites. L'Etat reste le garant de la sécurité des affaires et de la stabilité de l'ordre économique et social. Trop souvent, même dans cette maison, on a tendance à réduire l'Afrique en une zone de conflits et d'urgence humanitaire. Cette vision est erronée et injuste, par la confusion qu'elle instaure auprès des investisseurs étrangers et par le préjudice qu'elle cause à la grande majorité des Etats africains. Aider l'Afrique aujourd'hui, c'est instaurer un ordre économique plus juste et c'est nouer avec ces pays des relations de partenariat mutuellement avantageuses. Le représentant a conclu en citant le professeur Serge Latouche: "il faudrait décoloniser les esprits pour changer vraiment le monde avant que le changement du monde nous y condamne dans la douleur".

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M. BORIS SVETOGORSKY (Uruguay) a estimé que la conjoncture mondiale actuelle constitue une bonne occasion de mettre en oeuvre les accords issus des négociations du cycle de l'Uruguay. En Uruguay, les objectifs de la politique économique consistent à atteindre une croissance soutenue, à augmenter le niveau de vie des populations et à réduire les taux d'inflation pour les rendre compatibles avec les taux internationaux. Dans le cadre du MERCOSUR, l'Uruguay a négocié différents aspects de sa politique commerciale pour réaliser une union douanière et établir un marché commun. Les négociations avec l'hémisphère Nord pour la constitution d'une zone de libre-échange des Amériques se poursuivent, ainsi que celles avec les pays centraméricains et l'Union européenne. Pour l'Uruguay, le PNUD demeure le principal vecteur de la coopération technique internationale. Il gère en ce moment en Uruguay un programme de 75 projets pour un montant de 75 millions de dollars. C'est le programme le plus important de la région.

En ce qui concerne le commerce et le développement, l'Uruguay s'oppose au postulat selon lequel dans certaines circonstances, l'environnement sert d'instrument de protectionnisme. Pour l'Uruguay, le commerce est un instrument vital et un promoteur de la croissance économique et du développement durable. Il estime également qu'il faut envisager à titre de priorité, les prochaines négociations de l'OMC sur l'agriculture. Elles doivent viser à soumettre le commerce agricole aux normes appliquées aux autres biens. Le refus de modifier la politique des subventions agricoles, soit 280 milliards de dollars par an, risque de faire échouer les négociations sur le libre-échange. L'Uruguay estime que les subventions agricoles conduisent à des distorsions des prix et causent des instabilités sur le marché international en affectant ainsi les pays agricoles en développement.

L'élimination de la pauvreté est la dernière aventure de cette fin de siècle. L'Uruguay appuie toutes le actions de l'Organisation pour mettre fin à ce fléau. En cette occasion de l'anniversaire du Plan de Buenos Aires sur la coopération technique, il faut souligner la nécessité de saisir les possibilités de coopération entre tous les pays et de favoriser la coopération Sud-Sud. Aujourd'hui, le succès économique est associé à la coopération et à l'accès aux technologies de pointe. L'ONUDI doit continuer à apporter son appui à l'élaboration de politiques pour le développement et promouvoir une nouvelle forme de coopération technique qui distribue la charge entre tous les pays donateurs. Il faut en outre rationaliser davantage les ressources destinées au développement dont la répartition inégale compromet les perspectives d'une croissance économique soutenue.

M. NOEL LEVI (Secrétariat du Forum du Pacifique Sud) a indiqué que les petites îles sont non seulement vulnérables aux changements économiques mondiaux mais aussi aux désastres naturels. Elles sont particulièrement affectées par les mouvements de drogues illicites et les activités de blanchiment d'argent sale. Le Forum du Pacifique Sud demande que toute décision de reclassement au sein des pays les moins avancés soit repoussée jusqu'à ce que soit mis en place un index énumérant les différents types de vulnérabilité. Les problèmes touchant à l'environnement, notamment la

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dégradation résultant des essais nucléaires, sont essentiels dans l'agenda du Forum du Pacifique Sud. Les changements climatiques, desquels découle une élévation du niveau de la mer, représentent pour des petites îles comme celles du Forum du Pacifique Sud, une véritable menace. La survie des îles du Pacifique Sud est en jeu. C'est pourquoi le représentant a demandé que la communauté internationale s'efforce de trouver des solutions à ce problème qui, à plus long terme, met en danger l'ensemble des pays du monde. Le Secrétariat du Forum du Pacifique Sud reconnaît que le Protocole de Kyoto est un pas en avant important pour combattre les changements climatiques et engage tous les pays à le ratifier. Il soutient également le plan d'action de la Barbade pour le développement durable des petites îles en développement.

M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a estimé que face aux crises financières, les pays doivent comprendre que la croissance et la stabilité découleront de la mise en oeuvre de politiques visant la libéralisation du marché, la promotion de l'épargne et la poursuite de réformes structurelles. A l'échelle internationale, il faut envisager sérieusement un nouveau cadre pour la finance internationale. Les Nations Unies ont un rôle à jouer, à cet égard, en exposant la situation des petits, des faibles et des plus pauvres. Dans le domaine du commerce, il faut déplorer le protectionnisme ambiant et le recours à des pratiques déloyales comme les subventions. Il faut ajouter à cela la chute des prix des produits de base. Le moment est venu pour les institutions financières d'analyser les mesures visant à limiter la volatilité excessive des marchés de capitaux. Le FMI a d'ailleurs fait part de son intention d'étudier la question. D'autre part, l'octroi à cette institution, de ressources adéquates permettra de renforcer sa capacité de faire face aux crises.

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