AG/EF/223

LA DEUXIEME COMMISSION REAFFIRME LE LIEN ENTRE DEVELOPPEMENT CULTUREL ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

22 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/223


LA DEUXIEME COMMISSION REAFFIRME LE LIEN ENTRE DEVELOPPEMENT CULTUREL ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

19971022 La Deuxième Commission (économique et financière) a entamé, ce matin, l'examen du point de son ordre du jour relatif au développement durable et à la coopération économique internationale. Elle était saisie dans ce cadre d'une série de lettres. La Commission s'est plus particulièrement intéressée au développement culturel, sur lequel elle était saisie du rapport d'activité final du Secrétaire général et du Directeur général de l'UNESCO. Présentant le rapport, le coordonnateur de la Décennie mondiale pour le développement culturel à l'UNESCO, a précisé que le projet de résolution sur le développement culturel qui sera présenté à l'Assemblée générale durant la présente session, invite, notamment, le Secrétaire général d'inclure dans l'élaboration de la stratégie internationale pour la prochaine Décennie des Nations Unies pour le développement des lignes directrices pour promouvoir les aspects culturels du développement.

La Commission a, lors du débat, entendu les représentants des pays suivants: Luxembourg (au nom de l'Union européenne et de pays associés), Inde, Turquie, Chine, Côte d'Ivoire, République de Corée et Colombie. Les délégations ont affirmé le lien entre développement culturel et développement économique, en particulier dans le cadre de la mondialisation: le développement économique incite les peuples à rechercher dans leur culture leur identité propre. La plupart des délégations se sont félicitées des activités menées durant la Décennie mondiale du développement culturel, même s'il est encore trop tôt pour en faire le bilan complet. Une délégation a cependant regretté que le rapport présenté ne fournisse que peu d'indications pour une discussion plus approfondie de la proposition faite, l'an dernier, d'un code d'éthique ou encore sur les effets de la mondialisation sur la diversité et la coexistence pacifique des cultures.

La Commission se réunira de nouveau cet après-midi, à 15 heures. Elle examinera le point de son ordre du jour relatif à la souveraineté permanente du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe dans le Golan syrien occupé, sur les ressources naturelles.

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Développement durable et coopération économique internationale

DOCUMENTATION

La Deuxième Commission, sur ce point a été saisie de plusieurs lettres transmises au Secrétaire général (A/52/92, A/52/112, A/52/139, A/52/153- S/1997/384, A/52/163, A/52/217-S/1997/507, A/52/284, A/52/318, A/52/413)

Développement culturel: rapport d'activité final du Secrétaire général et du Directeur général de l'UNESCO (A/52/382)

En application de la résolution 41/187 de l'Assemblée générale, en date du 8 décembre 1986, le rapport présente un bilan synthétique des activités entreprises dans le cadre de la Décennie mondiale du développement culturel au cours de la période 1994-97. Le rapport rappelle les quatre objectifs principaux de la décennie à savoir la prise en considération de la dimension culturelle dans le développement, l'affirmation et l'enrichissement des identités culturelles, l'élargissement de la participation à la vie culturelle et la promotion de la coopération culturelle internationale.

Le rapport rappelle que la Conférence générale de l'UNESCO a adopté à sa vingt-huitième session de novembre 1995 une résolution par laquelle elle prie le Directeur général de prendre les mesures appropriées:..."pour que la prise en compte de la dimension culturelle dans le processus de développement durable...reste une priorité dans les programmes de l'UNESCO après l'achèvement de la Décennie, et pour que cela soit reflété, concrètement et spécifiquement, dans la structure et les activités de l'Organisation prévue pour la période suivant la fin de la Décennie mondiale du développement culturel."

Concernant les activités, l'accent a été mis au cours de ces trois dernières années sur la mise en oeuvre de projets interdisciplinaires d'envergure régionale autour des champs d'action prioritaires, le renforcement de la coopération interagences autour de projets interdisciplinaires, la poursuite des travaux de recherche sur les méthodes d'intégration de la dimension culturelle dans le développement et la publication et le lancement du débat sur le rapport de la Commission mondiale de la culture et du développement (CMCD), "Notre diversité créatrice".

Le rapport présente également les activités entreprises dans les Etats arabes et dans les régions d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes et d'Europe dans le cadre de cette Décennie. Il décrit aussi le projet interculturel intitulé les "Routes" qui ont relié les peuples du monde et structuré les civilisations au fil des siècles. Le second projet interculturel décrit est celui des "Espaces Baroques" qui a permis de mieux connaître, préserver et mettre en valeur le patrimoine culturel physique et non physique des XVIIe et XVIIIe siècles dispersé dans plus de 50 pays d'Europe, d'Amérique latine et des Caraïbes, d'Asie.

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Au cours de la période 1988-1997, plus de 1200 projets ont été lancés par 152 Etats membres, 13 OIG et 45 ONG. 400 de ces projets ont reçu un soutien financier de l'UNESCO pour un montant total de plus de 5 millions de dollars. Le rapport indique cependant qu'il est encore prématuré d'effectuer un véritable bilan des actions entreprises pendant la Décennie mondiale du développement culturel, car d'une part les résultats ne sont pas tous encore enregistrés et d'autre part, parce que ceux-ci sont difficilement quantifiables, puisque l'objectif central de la Décennie était de sensibiliser la communauté internationale à la nécessité de prendre en compte la dimension culturelle du développement et, plus globalement, de l'inciter à réfléchir sur les ressorts profonds et la finalité du développement.

Débat

M. HENRI SCHUMACHER (Luxembourg, au nom de l'Union européenne et des Etats associés) s'est réjoui du fait que pour la première fois depuis 1985, tous les membres de l'Union européenne sont désormais membres de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO). Il a indiqué que le rapport du Directeur de l'UNESCO relève que la Décennie mondiale du développement culturel a su contribuer à une meilleure intégration de la dimension culturelle dans le processus de développement à travers les nombreux projets expérimentaux sur le terrain, ainsi que par une campagne de sensibilisation au niveau du système des Nations Unies.

M. Schumacher a indiqué que l'Union européenne procède en ce moment à une évaluation des recommandations qui figurent dans le rapport de la Commission mondiale de la culture et du développement. Il s'est réjoui de la décision du Conseil exécutif de l'UNESCO d'accepter l'offre de la Suède d'accueillir en 1998 une conférence intergouvernementale sur les politiques culturelles et a indiqué que les membres de l'Union contribueront activement à cette conférence. M. Schumacher a rappelé qu'au cours des ces trois dernières années, la contribution des pays européens à la Décennie s'est davantage développée. Parmi le nombre croissant de projets régionaux et interrégionaux, il convient surtout de souligner les efforts réalisés par le programme de recherche sur la gestion du pluralisme culturel en Europe, qui a proposé la création de réseaux orientés vers la recherche et la définition de politiques sur des thèmes spécifiques. L'Union européenne attend avec intérêt les résultats des travaux des groupes de recherche qui seront présentés l'année prochaine.

MME MARGARET ALVA (Inde) a noté que la culture constitue une dimension fondamentale du processus de développement et qu'elle contribue à renforcer l'indépendance, la souveraineté et l'identité des nations. Le but du développement réel est le bien-être de chaque individu et l'héritage culturel d'un peuple se compose aussi bien de l'oeuvre de ses artistes, architectes, musiciens, écrivains et savants que de l'oeuvre de ses artisans anonymes. Le tangible rejoint l'intangible pour que s'exprime la créativité d'un peuple.

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Mme Alva a donc indiqué que le développement d'ensemble de la société exige l'adoption de politiques complémentaires dans les domaines de la culture, de l'éducation, de la science et des communications. C'est dans cette perspective, a-t-elle noté, que l'Inde a participé à la Décennie mondiale du développement culturel et qu'elle a soutenu son oeuvre. L'Inde a participé à un large éventail d'activités, notamment à des projets interculturels tels que les quatre projets d'étude des "routes" qui ont relié les peuples et déterminé la structure des civilisations au fil des siècles telles que la route de la soie et la route du bouddhisme.

Abordant le Rapport établi par la Commission mondiale sur la culture et le développement intitulé "Notre diversité dans la création", la représentante a regretté que ses recommandations ne soient pas tout à fait au diapason des réalités actuelles en matière de coopération internationale. On ne voit pas bien pourquoi, a-t-elle indiqué, il faut un nouveau rapport annuel se spécialisant dans la culture et le développement. Les rapports existants pourraient très bien étudier cet aspect. La question d'une approche commune au développement, a-t-elle rappelé, a été soulignée et acceptée dans toutes les conférences récentes organisées par l'ONU. Elle s'est donc étonnée de la nécessité d'un sommet consacré à la culture et au développement, questions qui, selon elle, pourraient faire partie du suivi des conférences.

M. FEZA OZTURK (Turquie) a indiqué que la Turquie s'est pleinement engagée à tenir compte des objectifs de la Décennie mondiale du développement culturel et a apporté sa participation active aux projets de la Décennie. Il a cité un certain nombre de projets qui ont vu le jour, notamment le projet de musée pour le village de Tahtakuslar, la création d'un laboratoire central à Istanbul chargé de la restauration et de la conservation, et une étude destinée à analyser la relation entre les caravansérails et le tourisme sur les routes de la soie en Turquie. M. Ozturk a estimé que la Décennie mondiale du développement culturel a beaucoup fait pour mettre en valeur la dimension culturelle du développement. Notant en outre que la Décennie mondiale du développement culturel touche à sa fin, il a espéré que le concept sera maintenu et qu'il continuera de faire sentir ses effets. Il faut que les décideurs aient conscience du concept qui anime la décennie, a-t-il estimé, sans quoi la Décennie mondiale du développement culturel risque de se résumer en une série d'efforts sincères mais insuffisants entrepris par des experts et des intellectuels.

MME CUI YING (Chine) a déclaré que la culture et le développement sont interdépendants, ne serait-ce que parce qu'une société qui prête attention à la culture prête aussi attention à l'éducation. La représentante a souhaité que la prochaine session de l'UNESCO fasse une évaluation approfondie de la Décennie mondiale pour le développement culturel qui s'achève. La Chine cherche quant à elle à dépendre de sa propre culture, très riche, et cherche à prendre dans les autres civilisations ce qui lui semble profitable.

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M. LARGATON G. OUATTARA (Côte d'Ivoire) a indiqué que la question du développement culturel représente une question charnière de toutes les formations de l'homme. La Décennie du développement prenant fin cette année, il est peut-être trop tôt, comme l'indique le rapport du Directeur général de l'UNESCO, de faire un bilan sur les activités qui ont été entreprises à l'échelon international, national et local. Cependant M. Ouattara a indiqué que la Côte d'Ivoire prend acte des activités exécutées par l'UNESCO au cours de la Décennie, en particulier les propositions de projets et les activités menées en Afrique. M. Ouattara a déclaré que la question de l'interdépendance de la culture et du développement est toujours d'actualité. C'est pourquoi il s'est félicité de la résolution 28 C/3.2 de la Conférence générale de l'UNESCO pour les directives données au secrétariat de l'Organisation en vue de "faire en sorte que la dimension culturelle dans le processus du développement durable.... reste une priorité dans les programmes de l'UNESCO après l'achèvement de la Décennie". A cet égard, il importe dès à présent d'entamer des actions et d'élargir la notion de la dimension culturelle au-delà des structures et des activités de l'UNESCO pour en faire une constante dans l'action de tout le système des Nations Unies dans sa quête pour un développement économique. Il serait donc souhaitable, a-t-il déclaré, que la dimension relative à la culture de la paix qui sera introduite ici au titre du point 12 intitulé "Rapport du Conseil économique et social" devienne un volet pour prolonger la Décennie sur le plan intellectuel et pédagogique.

M. CHANG BEOM CHO (République de Corée) a déclaré que les questions de culture et de développement ont à la fois une dimension nationale et une dimension mondiale. Il a rappelé l'engagement de son pays en faveur de la proposition, contenue dans le rapport "Notre diversité créatrice" de la Commission mondiale sur la culture et le développement, en faveur d'un nouveau code éthique mondial fondé sur l'engagement en faveur du pluralisme. Un tel code est particulièrement important dans une période marquée par la mondialisation et l'intégration économique alors que se multiplient les signes avant-coureurs d'un "conflit des civilisations", a estimé le représentant. Celui-ci a regretté que le rapport du Secrétaire général, s'il donne de nombreuses informations sur les activités de la Décennie mondiale pour le développement culturel, ne fournisse que peu d'indications pour une discussion plus approfondie sur ce code d'éthique ou encore sur les effets de la mondialisation sur la diversité et la coexistence pacifique des cultures.

M. Chang Beom Cho a déclaré que l'expérience montre que la culture et le développement peuvent s'enrichir mutuellement. Quand le développement économique progresse, les peuples se tournent vers leur identité culturelle. La culture fournit ensuite une source de créativité et d'originalité qui contribue à la valeur ajoutée -dont le rôle ne cesse de croître - grâce à l'imagination et aux concepts. Pour réussir, les stratégies de développement doivent donc intégrer la culture comme une composante puissante du développement, et non la traiter comme un élément étranger ou simplement à respecter. La mondialisation, irréversible, rend cette question encore plus importante.

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Pour sa part, la République de Corée soutient totalement les efforts de l'UNESCO et des Nations Unies dans leur ensemble pour intégrer davantage la dimension culturelle dans le processus de développement. Elle a participé à de multiples projets en ce sens. Il faut désormais mener des activités de suivi de la Décennie qui s'achève, a déclaré le représentant. La République de Corée espère que la Conférence intergouvernementale sur les politiques culturelles en faveur du développement, qui se tiendra en mars 1998 à Stockholm, contribuera à la mise au point d'une stratégie efficace pour faire progresser la cause du développement culturel, sur la base des résultats obtenus durant la Décennie.

MME MARTA GALINDO (Colombie) a déclaré que pour les pays en développement, le développement culturel ne constitue pas une priorité en soi étant donné les autres préoccupations économiques et sociales. La Colombie a cependant fait des efforts sur le plan du développement culturel, notamment, en créant et en consolidant son Ministère de la culture. Sur le plan international, Mme Galindo a indiqué que Cartagena a été, a plusieurs reprises, l'hôte de réunions internationales. En mars 1996, elle a accueilli la réunion des experts en science et technologies dans le domaine de la biodiversité, qui constitue un thème d'intérêt commun à tous les Etats. La représentante a cité également Medellin, autre ville de l'intérieur de la Colombie, où les membres des pays non alignés se sont réunis afin de proposer des actions directives pour promouvoir la coopération et la diversité culturelles ainsi que la liberté d'expression.

Mme Galindo a déclaré que la diversité culturelle est la grande richesse de l'humanité et qu'elle doit contribuer au développement culturel durable. Dans le cadre de la mondialisation, il est nécessaire de garantir le respect du patrimoine et des droits culturels, le pluralisme, la liberté d'expression et le développement culturel. La diversité et la tolérance sont importantes pour permettre aux pays en développement de venir à bout des injustices qui causent des retards dans le développement social, politique et économique.

Mme Galindo a déclaré que le développement durable doit être considéré comme un progrès de la société dans les domaines économique, politique et culturel, et ceci afin de construire un monde plus juste et démocratique. Pour ce faire, il faut compter sur la coopération économique internationale pour promouvoir les marchés de développement social et culturel. Elle a indiqué que la coopération économique internationale représente une nécessité si l'on recherche une insertion favorable dans un modèle de développement durable qui constitue le nouveau modèle international.

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