AG/EF/205

LA DETTE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT S'ACCUMULE ET PREOCCUPE L'ENSEMBLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

12 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/EF/205


LA DETTE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT S'ACCUMULE ET PREOCCUPE L'ENSEMBLE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

19961112 MATIN AG/EF/205

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé ce matin son débat général sur les questions de la dette extérieure et du développement ainsi que du financement du développement, y compris le transfert net de ressources entre les pays en développement et les pays développés. Elle a ainsi achevé le débat général sur l'ensemble des points à son ordre du jour. Elle a entendu, ce matin, les intervenants qui ont souligné que le problème de la dette continue d'affecter les pays en développement dont la dette a atteint 1 700 milliards de dollars en 1996, soit 7,4% de plus qu'en 1994. Certains ont indiqué que si les pays pauvres lourdement endettés étaient les premiers touchés par les problèmes liés au surendettement, les pays à revenu intermédiaire étaient eux aussi confrontés à la question fondamentale de trouver les ressources nécessaires au développement quand l'essentiel des ressources du pays est absorbé par le service de la dette. La plupart des représentants ont salué l'initiative commune du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale en faveur des pays pauvres lourdement endettés.

La Commission a entendu plusieurs représentants qui ont estimé que les différentes stratégies de la dette avaient été jusqu'à présent des stratégies du "cas par cas" et ont regretté qu'une approche fragmentaire ait prévalu. Ces représentants ont souhaité que des stratégies globales, qui prennent en compte les composantes publique, commerciale, multilatérale et bilatérale de la dette soient adoptées sans plus tarder. L'idée de convoquer une Conférence internationale sur la dette extérieure a été réitérée.

La Commission a entendu dans le cadre du débat sur la dette, le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie ainsi que les représentants des pays suivants : Brésil, Egypte, Jamaïque (au nom de la Communauté des Caraïbes), Venezuela, Guyana, Philippines, Iraq, Ouganda, Nigéria, Japon, Qatar, Maroc, Yémen, Inde et Ukraine. L'Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies a également pris la parole.

La Commission économique et financière poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

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Questions de politique macro-économique

Débat

M. CELSO AMORIM (Brésil), au nom des pays du MERCOSUR, a observé que des changements substantiels ont marqué l'économie mondiale au cours des dernières décennies. La rapidité et la profondeur de ces transformations ont remis en question les tendances et les politiques économiques traditionnelles. L'un des éléments significatifs de l'économie mondiale actuelle est la mondialisation des flux financiers. Les changements technologiques ont eu des impacts sur les activités économiques. Ces tendances ont ouvert la voie à l'intégration financière globale, dont certains pays en développement et développés en ont tiré parti. D'autres, par contre, n'ont pas été en mesure de bénéficier des opportunités de la volatilité des flux financiers privés, en particulier les pays les moins avancés. La communauté internationale, qui s'est engagée à soutenir les pays en développement dans leurs efforts de développement, devrait s'assurer que les avantages découlant de l'intégration financière mondiale soient plus amplement diffusés. M. Amorim a indiqué qu'il importe de promouvoir un environnement économique international sain qui garantisse une stabilité contre les effets des mouvements imprévisibles des flux de capitaux privés. A cet égard, il a estimé que tous les pays, notamment, les principaux pays industrialisés qui exercent une forte influence au niveau économique mondial, doivent essayer de réduire les déséquilibres économiques et coopérer avec les pays en développement dans ce domaine. Le renforcement des mécanismes de prêts concessionnels aux pays en développement constitue un élément central de la coopération pour le développement. L'Association internationale pour le développement joue un rôle fondamental en la matière et le respect des engagements dans ce contexte est essentiel. Le représentant a appelé au maintien du Fonds spécial d'ajustement structurel et a souligné qu'il existe des secteurs de l'économie internationale qui exigent la supervision active et le contrôle d'institutions tels que le Fonds monétaire international. Un climat macro-économique stable, avec des niveaux bas d'inflation, des taux de change compétitifs et un déficit public contrôlé, associé à des institutions démocratiques pleinement opérationnelles, peuvent conduire à des niveaux élevés d'investissement national et étranger. M. Amorim a indiqué qu'un aspect clef dans le phénomène de l'intégration financière mondiale est la nécessité de promouvoir la confiance des marchés par le biais du renforcement de la supervision non seulement des pays en développement mais également des pays développés.

M. ADEL ABDELLATIF (Egypte) a estimé que les questions qui font l'objet du débat auraient dû être traitées séparément car chacune présente un intérêt particulier pour les pays en développement. Il a fait observer que l'aide public au développement est loin d'atteindre les 0,7% originellement fixés et que cette insuffisance des ressources publiques a des conséquences sur les financements multilatéraux. Les activités opérationnelles des Nations Unies ainsi que beaucoup d'autres activités comme le Fonds de développement africain ont vu leurs ressources baisser.

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Quant aux initiatives récemment prises par la Banque mondiale et le FMI, elles demandent un délai très long et prennent en compte les problèmes d'un nombre limité de pays. Ces deux tendances, la baisse de l'APD et une prise en compte insuffisante de l'urgence du problème constituent une menace très grande pour les pays en développement.

Le représentant a fait observer que l'intégration financière mondiale présente certains avantages mais aussi beaucoup de dangers. Il a insisté sur la nécessité d'intégrer les pays en développement à la coopération financière internationale et pour cela de les intégrer aux processus de décision.

M. DAVID PRENDERGAST (Jamaïque), au nom des pays de la Communauté des Caraïbes, s'est félicité du rapport du Secrétaire général qui dresse le bilan de la dette extérieure dans le monde. La situation de la dette préoccupe la communauté internationale, en particulier les pays en développement. Après avoir évoqué les plans et stratégies élaborés et mis en oeuvre au cours de ces dernières années, le représentant a appuyé la récente initiative de la Banque mondiale et du FMI qui vise à alléger le poids de la dette des pays en développement. Il a noté que pour nombre d'entre eux, la dette extérieure et son service restent insoutenables. M. Predergast a appelé à tenir compte de plusieurs éléments qui marquent le marché financier et économique mondial pour appliquer cette initiative. Pour éviter de nouvelles crises, il faudrait réduire la spéculation sur les marchés financiers. Il y a lieu de prendre en considération la nécessité de mettre en oeuvre des formules qui soulagent certains pays sans en affecter d'autres. Il a regretté la baisse continue de l'aide publique au développement et a reconnu que cette aide est un facteur critique dans le processus de développement de la plupart des pays en développement. Alors que le CARICOM reconnaît l'accord de l'ADI 11, dans le cadre de l'aide fournie par l'Association internationale pour le développement (AID), il est grandement préoccupé par la réduction significative des contributions des pays donateurs. Il a également insisté pour que l'ADI 11 conduise à une stratégie complète qui porte sur tous les types de dette et a formé l'espoir que cette question sera abordée lors de la réunion de printemps du Comité de développement.

M. RAFEEUDDIN AHMED, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a observé que la crise actuelle découle du fossé qui se creuse toujours plus entre les besoins financiers et les fonds disponibles. Les problèmes s'accroissent plus vite que les ressources, a-t-il souligné. Il faut donc trouver des idées neuves et créatives pour combler ce fossé. Parmi les possibilités existant pour tirer un meilleur parti des ressources disponibles, M. Ahmed a cité notamment des incitations fiscales a posteriori pour les investisseurs privés. Actuellement, a-t-il fait remarquer, les pays donateurs proposent des incitations a priori sous forme de subventions à l'exportation. Il a suggéré que des allégements fiscaux soient également mis en place pour les entrepreneurs qui ont investi avec succès dans les pays et les régions les moins développés. Il a également suggéré de mettre en place de nouvelles formes d'assurance risque.

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Le représentant a fait observer qu'il n'existait pour ainsi dire pas d'informations sur les coûts du mauvais développement pas plus que sur les avantages tirés de l'investissement dans la régénération de l'environnement et le développement humain. Si l'on veut attirer des capitaux supplémentaires, a-t-il indiqué, il est urgent de réexaminer nos concepts et méthodologies actuelles d'analyse de la faisabilité et de la rentabilité d'un investissement. Les organisations non gouvernementales et les autres agences internationales de développement ont un rôle à jouer dans l'introduction d'un paradigme de changement dans le secteur privé.

M. GONZALO VIVAS (Venezuela) a souligné l'oeuvre des Nations Unies dans l'analyse et la recherche de solutions à l'endettement des pays en développement. L'intégration et la mondialisation économiques sont des réalités irréversibles qui n'offrent pas à ces pays d'autre alternative que celle d'une discipline accrue dans les politiques économiques nationales s'ils ne veulent pas courir le risque d'être punis par les marchés et s'ils veulent que leurs populations bénéficient d'une croissance soutenue et équitable avec un faible taux d'inflation. Comme le Venezuela et d'autres pays en développement tentent de s'adapter aux défis de la mondialisation, il serait juste aussi que les organismes multilatéraux opèrent des changements dans leur structures de décision s'ils veulent préserver leur crédibilité à l'avenir. Dans ce contexte, il est inconcevable que des décisions fondamentales qui touchent aux règles et conditions du jeu financier et monétaire international continuent d'être adoptées sans la participation effective et sans la représentation des pays en développement. Il a considéré que les pays industriels ont une responsabilité en ce qui concerne les conséquences de leurs politiques sur l'économie mondiale. Le représentant a relevé avec satisfaction l'importance accordée par le FMI à la composante sociale. Ceci se reflète dans la Déclaration du Comité provisoire de l'association globale sur la croissance soutenue qui appelle à améliorer la qualité et l'efficacité de la gestion publique, y compris la lutte contre la corruption. Le représentant a indiqué qu'un nouveau programme national intitulé "Agenda Venezuela", orienté vers la croissance économique et la solidarité sociale a vu le jour. Il s'est réjoui de l'initiative conjointe Banque mondiale et FMI et a insisté pour un traitement au cas par cas, en prenant en compte la situation spécifique des pays lourdement endettés.

M. IMMANUEL ROBERT INKIRIWANG, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, a reconnu que de nombreuses initiatives avaient été lancées et que des progrès significatifs avaient été réalisés dans la recherche de solutions au problème de la dette extérieure. Il faut toutefois bien comprendre, a-t-il déclaré, que la plupart de ces initiatives traitent des différentes sources d'endettement de façon isolée au lieu de rechercher une approche globale, c'est-à-dire considérant la dette publique, commerciale, bilatérale et multilatérale comme un tout. Dans ce contexte, l'Indonésie est depuis longtemps favorable à une approche globale du problème de la dette des pays pauvres lourdement endettés de façon à leur permettre de recouvrer une solvabilité économique.

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Le Ministre s'est félicité de l'initiative récente prise par les institutions de Bretton Woods dans le but de ramener le niveau d'endettement des pays pauvres lourdement endettés à des niveaux supportables. Il a estimé toutefois que la Banque mondiale et le FMI auraient pu aller plus loin dans leur contribution. Il a insisté sur le fait qu'il faudrait que la contribution de la Banque mondiale soit plus importante dans le futur de façon à mieux aider les pays les plus lourdement endettés à sortir de leur endettement. Il a formulé l'espoir que la volonté du Président de la Banque mondiale de contribuer pour un montant allant jusqu'à 1 milliard de dollars au Fonds d'affectation spéciale se concrétisera rapidement.

M. GEORGE TALBOT (Guyana) a salué l'initiative de la Banque mondiale et du FMI sur la dette qui vise à permettre à certains pays d'arriver à un niveau d'endettement supportable. Il a émis l'espoir que cette initiative sera mise en oeuvre avant la fin de 1996. Il a souhaité que le Fonds d'administration de cette initiative, qui sera administré par l'AID, sera efficace et il a applaudi à l'annonce faite par la Banque mondiale d'un versement initial de 500 millions de dollars. Il s'est déclaré préoccupé par les informations du FMI selon lesquelles cette institution devra puiser dans ses réserves d'or pour le financement de cette initiative. Le représentant a demandé que l'Assemblée générale et le Conseil économique et social surveillent la mise en oeuvre de cette initiative, en consultation avec les institutions de Bretton Woods, et de faire si nécessaire des recommandations en vue de son amélioration. Il a ajouté que l'une des questions qui requiert une attention spéciale serait d'analyser l'impact de l'initiative sur la réduction de la pauvreté dans les pays concernés. Il a conclu que les efforts de règlement de la dette extérieure devrait se faire dans un environnement international favorable et qui soutient les stratégies adoptées, y compris l'application complète de l'Acte final du cycle d'Uruguay.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a suggéré différentes solutions destinées à progresser sur la question du poids de la dette. Il a insisté sur la nécessité de poursuivre les discussions sur la question du critère de durabilité de la dette. Il a attiré l'attention sur le problème des dates limites de paiement pour les dettes couvertes par les Termes de Naples et a estimé qu'il fallait reconsidérer la question de l'éligibilité des pays. Il a indiqué que sa délégation était préoccupée par le calendrier exigé de la part des pays éligibles pour attester de leurs résultats et pouvoir bénéficier des initiatives d'allégement. La durée exigée aurait pu être encore raccourcie dans la mesure où les pays éligibles ont déjà réalisé les réformes nécessaires, a-t-il déclaré.

Le représentant a salué l'initiative de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays pauvres lourdement endettés. Il a estimé que, désormais, l'étape critique était la mise en oeuvre rapide de l'Initiative et que les Nations Unies pouvaient agir dans deux directions pour aider à cette mise en oeuvre rapide de l'Initiative.

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Il s'agit d'abord de générer une volonté politique suffisante de la part de la communauté internationale, en particulier de la part des pays créditeurs et des institutions financières de telle sorte qu'ils soutiennent pleinement l'Initiative de la façon qui s'avèrera nécessaire pour faire du Fonds d'affectation spéciale l'ossature de sa mise en oeuvre. En deuxième lieu, l'organisation doit faire pression sur la Banque mondiale et le FMI pour que l'entrée en vigueur de l'Initiative s'effectue rapidement en leur demandant de fournir un rapport sur cette mise en oeuvre lors de la 52ème session de l'Assemblée générale.

M. KHALED AL-HITTI (Iraq) a fait part de son insatisfaction face au contenu du rapport du Secrétaire général concernant la dette extérieure. Il ne fait aucun doute que les pays en développement souffrent de la situation économique mondiale qui leur est défavorable, c'est pourquoi il est important de trouver une solution durable à la réduction des flux financiers. La solution devrait inclure des critères raisonnables d'allégement de la dette, sans considération d'ordre politique, en assurant un transfert net des ressources vers les pays en développement et en améliorant l'accès aux marchés et les termes des échanges commerciaux, de même qu'en convertissant les ressources financières de la croissance économique vers les pays en développement. Le délégué a plaidé pour des conditions de faveur comme l'a préconisé le Club de Paris et pour certaines des solutions proposées par le Groupe des 77 et la Chine devant la Deuxième Commission. Il a appuyé l'idée de trouver des solutions additionnelles pour alléger le fardeau de la dette extérieure, notamment des pays les moins avancés et les plus lourdement endettés. L'Iraq considère que la crise de la dette doit être résolue en annulant les arriérés et en révisant la stratégie par le truchement de la Banque mondial et du FMI. L'endettement ne doit pas être soumis à des critères politiques, a-t-il insisté. Il a recommandé une approche multilatérale de coopération entre pays développés et pays en développement dans ce domaine.

M. HAROLD ACEMAH (Ouganda) a déclaré que son pays fait partie des pays pauvres lourdement endettés et qu'il a fourni des statistiques à cet effet. Il a indiqué que l'Ouganda a entrepris des réformes et des ajustements de fond. Il a estimé que ses réalisations pourraient être consolidées par une stratégie internationale progressive et globale de la dette. A notre avis, toute solution durable et orientée vers le développement du problème de la dette passe par des mesures de politique nationale solides, un dispositif de restructuration de la dette qui comprenne une annulation pure et simple de la dette et pour les pays les plus pauvres la poursuite d'une politique de dons et de dette à des conditions libérales à travers l'APD et d'autres sources multilatérales. Le représentant a salué les initiatives en faveur des pays pauvres lourdement endettés. L'Ouganda sera surement l'un des premiers pays à en bénéficier, a-t-il indiqué. On peut espérer cependant que ces initiatives viendront plus tôt et qu'elles incluront un plus grand nombre de pays. Il a estimé qu'il est nécessaire d'examiner de plus près les conséquence de ces initiatives sur le montant global de l'aide publique au développement.

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M. ISAAC AYEWAH (Nigéria) a déclaré qu'en toile de fonds des initiatives du FMI et de la banque mondiale pour trouver une solution à la question de la dette, se situent d'autres qui cette fois, appellent à une aproche globale en faveur des pays en développement, notamment les pays africains. Plus d'une décennie s'est écoulée depuis la naissance de la crise de la dette extérieure, néanmoins, le nombre des pays en développement sévèrement endettés ne baisse pas, ce qui est particulièrement vrai pour les nations d'Afrique, en raison, entre autres, des termes défavorables des échanges commerciaux et du cercle vicieux des normes de croissance. Il s'est demandé comment un pays en développement endetté pourrait s'acquitter de sa dette face à des marchés si peu accessibles et à la fluctuation constante des prix des produits de base. Tout effort ayant un sens pour les pays en développement dans le cadre d'une croissance soutenue et du développement durable doit comprendre des mesures pour résoudre la crise de la dette une fois pour toutes. Il a indiqué que la communauté internationale doit se pencher sur la question de la dette au cours d'une Conférence internationale sur cette question.

M. KEN OKINAWA (Japon) a constaté que les récentes tendances de l'aide publique au développement sont loin d'être encourageantes. En 1995, le montant total de l'assistance accordée dans ce contexte n'a guère augmenté depuis 1993. Pourtant, le Japon a maintenu sa position en tant que premier fournisseur d'aide en 1995 avec 14,48 milliards de dollars, ce qui représente 9,4% de plus qu'en 1994. Cependant, le tableau sera encore plus sombre à l'avenir puisque le Japon est affecté par une économie qui s'essouffle et un déficit fiscal qui atteint des taux alarmants. Il a indiqué que son pays considère extrêmement difficile l'augmentation de son APD alors qu'il tentera de juguler son déficit fiscal. M. Okinawa a proposé que, dans de telles circonstances, les pays développés devraient redoubler d'efforts pour que l'opinion publique prenne conscience que le développement des pays en développement est aussi dans leur propre intérêt. S'ils étaient conscients de ce fait, les contribuables des pays développés seraient plus disposés à soutenir l'aide publique au développement. Le représentant a également suggéré que les pays en développement prennent l'initiative de fixer des objectifs de développement orientés vers des résultats concrets dans le cadre d'une nouvelle stratégie de développement fondée sur l'idée d'un nouveau partenariat. Il a souhaité qu'une nouvelle stratégie de développement basée sur un nouveau partenariat mondial soit placée à l'ordre du jour des Nations Unies. Il s'est réjoui des récents progrès en vue d'un règlement de la dette des pays en développement, notamment du Programme d'action de l'Initiative conjointe Banque mondiale/FMI adopté le 30 septembre dernier par les Comités de ces organismes. La dette extérieure n'est qu'un élément de la problématique du développement et une stratégie de développement devrait inclure une approche globale qui contienne des éléments tels que la dette extérieure, l'APD, l'investissement commercial, les politiques macro-économiques, le transfert de technologie et l'infrastructure sociale, entre autres. Un nouveau partenariat mondial est donc nécessaire.

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M. JABER ALI SALEEM AL-ADBA (Qatar) a fait remarquer que la crise de la dette est jusqu'à présent à l'ordre du jour de l'Assemblée générale et que le fait que le nombre de pays lourdement endettés ne diminue pas est la preuve que cette crise n'est pas près de disparaître. Il a souligné qu'un nombre important de pays à revenu moyen souffrent du poids de la dette qui n'est pas un problème affectant seulement les pays les plus pauvres. Le représentant a fait remarquer que la nécessité de mettre sur pied des mesures novatrices et créatives pour trouver une solution au problème de la dette a, à plusieurs reprises, été soulignée. Il faut également appliquer les politiques existantes en matière de règlement de la dette, a-t-il estimé. Les pays débiteurs doivent adopter des mesures de réajustement structurels, les pays créditeurs doivent mettre en oeuvre les mesures de rééchelonnement et de restructuration de la dette. Il a indiqué que son pays est préoccupé par le problème des pays pauvres lourdement endettés et que la communauté internationale doit mettre en oeuvre les stratégies internationales de la dette. Il ne peut exister d'ordre économique international tant qu'un aussi grand nombre de pays est affecté par ce problème, a-t-il déclaré.

M. AHMED AMAZIANE (Maroc) a noté qu'en 1995, la dette extérieure brute des pays en développement a augmenté de 120 milliards de dollars pour atteindre le montant de 1 700 milliards de dollars, soit 7,4% de plus qu'en 1994. Grâce à son dynamisme économique, l'Asie a enregistré la plus forte hausse de l'encours de la dette tandis que la part de l'Afrique a progressivement diminué reflétant l'accès limité du continent aux sources privées de financement international. Après avoir noté que, dans l'ensemble, la situation des pays en développement semble s'être un peu améliorée en 1995 puisque le ratio moyen dette extérieure/exportations a été ramené pour tous les pays à son niveau le plus bas depuis le début de cette crise, il a cependant remarqué qu'en Afrique, le ratio dette extérieure/PNB est resté de loin le plus élevé de toutes les régions, malgré une légère amélioration due à l'annulation d'une partie de la dette et à une relance stimulée par les exportations. M. Amaziane s'est félicité de la récente initiative de la Banque mondiale et du FMI de créer un fonds de réduction de la dette extérieure des pays pauvres qui va bénéficier à une vingtaine de pays et qui offre des conditions plus libérales que celles envisagées par les créanciers du Club de Paris dans les conditions de Naples. Le représentant a indiqué que cette initiative confirme que la communauté internationale est désormais consciente du fait que la solution de cette crise réside dans une approche globale et concertée qui implique la participation large et équitable de tous les créanciers pour éviter les problèmes liés à la "resquille", un allégement suffisant de la dette et l'application par les pays endettés de mesures d'ajustement bien conçues. Nous aurions été comblés, a-t-il expliqué, si la communauté internationale avait envisagé certaines mesures comparables ou du moins suffisamment libérales pour permettre aux pays à revenu intermédiaire, qui appliquent des politiques macro-économiques appropriées et qui honorent leurs engagements financiers au prix de sacrifices sociaux énormes, de consolider leur situation financière qui demeure très fragile. Il a regretté que le sort de ces pays ne commande plus autant l'attention de la communauté internationale depuis que leur endettement extérieur a cessé de menacer la stabilité financière des banques privées internationales.

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Evoquant l'érosion continue de l'aide publique au développement, il a souligné que celle-ci s'inscrit en faux contre les engagements financiers contractés par les pays donateurs à l'occasion des conférences internationales organisées sous l'égide des Nations Unies depuis 1992. Tout en engageant les pays en développement à s'assumer pleinement en adoptant des politiques nationales appropriées, il a souhaité que les pays industrialisés se rendent à l'évidence que le progrès au Sud de la planète ne serait que le prolongement naturel de leur prospérité et que leur intérêt à long terme serait mieux sauvegardé dans le cadre d'une communauté internationale véritablement solidaire.

M. ABDULAZIZ AHMED KAID (Yémen) a rappelé qu'à sa 50ème session, l'Assemblée générale avait reconnu que la question de la dette extérieure et la mise en oeuvre de la stratégie internationale de la dette en vue de son règlement nécessitent d'octroyer des ressources nouvelles et additionnelles aux pays en développement endettés. L'Assemblée avait appelé à l'établissement d'un environnement propice à l'investissement dans les pays en développement. En dépit des tentatives visant la restructuration de économie et leur accès aux marchés, ces pays font face à des problèmes graves. La communauté internationale devrait persévérer dans ses efforts visant à régler ce problème. Le Yémen est l'un des pays les plus pauvres et les moins avancés qui ait entrepris la restructuration de son économie non sans faire face à des difficultés. La dette totale des pays en développement importateurs de capitaux a atteint 1,7 mille milliards de dollars à la fin de 1995, ce qui s'oppose au développement. Des solutions pratiques et équitables s'imposent et les pays débiteurs ainsi que les bailleurs de fonds devraient trouver une solution en adoptant de nouvelles initiatives. Il a favorablement accueilli l'initiative conjointe Banque mondiale/FMI ainsi que la décision adoptée à Lyon par le Groupe des sept pays les plus industrialisés (G7) concernant le développement.

M. V. V. RAGHAVAN (Inde) a noté que quelques pays en développement ont tiré parti de la mondialisation croissante des marchés financiers. Il a insisté sur le fait que la plupart d'entre eux continuent d'être affectés par les conséquences de déséquilibres structurels ainsi que par leur incapacité à absorber les avancées technologiques et à parvenir à une création de capacité suffisante dans certains secteurs. Il est par conséquent impératif pour nous, a-t-il indiqué, de convaincre les pays développés et les institutions financières internationales de la nécessité de poursuivre leur assistance aux pays en développement de façon à améliorer le ratio du service de leur dette et de générer des fonds en faveur des activités de développement tout en ne perdant pas de vue les effets des facteurs de vulnérabilité. Le représentant a salué l'initiative de la Banque mondiale et du FMI mais a souligné qu'il restait à travailler sur une solution globale, durable et rapide au lieu de s'en tenir à une approche basique au cas par cas. Il a regretté que des pays donateurs, parmi les pays riches industrialisés, se soient opposés à l'initiative et soient réfractaires à une approche globale qui inclut l'annulation de la dette.

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M. YURI BOHAYEVSKY (Ukraine) a estimé que le rapport du Secrétaire général (A/51/294) donne un aperçu d'ensemble de la situation de la dette extérieure des pays en développement et des pays à économie en transition. Il associé la clarté à la profondeur, a-t-il souligné. Des mesures durables doivent être prises pour que les solutions proposées ne soient pas des mesures de circonstance, mais qu'elles aient un effet immédiat et à long terme. Il s'est réjoui des mesures prises par le Club de Paris et de certaines décisions du G7 à Halifax et à Lyon. L'Ukraine souffre du fardeau de la dette qui a pratiquement triplé depuis 1987, ce qui pose des défis majeurs à la transformation de l'économie et à l'efficacité des mesures prises pour pallier les conséquences de la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Entre 1992 et 1996, la dette extérieure de ce pays est passée de 3,5 à 8,3 milliards de dollars en raison du sous-développement du secteur des exportations et des substituts aux importations dont il aurait pu comparativement tirer des avantages (secteurs pharmaceutique, textile, ingénierie...). Ce pays a également subi de lourdes conséquences à la suite des sanctions imposées à l'ex-République de Yougoslavie, a ajouté M. Bohayevsky. Il a appelé à l'élaboration d'un mécanisme qui soulagerait les pays des retombées des sanctions imposées à des pays tiers. Dans les efforts de résolution de la dette extérieure, il a recommandé un traitement au cas par cas, en prenant en considération la situation et les données particulières à chaque pays.

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