AG/EF/204

L'INITIATIVE DE LA BANQUE MONDIALE ET DU FMI EN FAVEUR DES PAYS LES PLUS ENDETTES DOIT ETRE APPLIQUEE SANS TARDER

11 novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/EF/204


L'INITIATIVE DE LA BANQUE MONDIALE ET DU FMI EN FAVEUR DES PAYS LES PLUS ENDETTES DOIT ETRE APPLIQUEE SANS TARDER

19961111 APRES-MIDI AG/EF/204 La Commission examine des projets de résolutions sur l'élimination de la pauvreté et l'intégration des pays en transition dans l'économie mondiale

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a été saisie, cet après-midi, de deux projets de résolution. Au terme d'un projet de résolution intitulé "Première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté", l'Assemblée générale déciderait que cette Décennie aurait pour thème : "L'élimination de la pauvreté est un impératif éthique, social, politique et économique pour l'humanité". L'Assemblée déciderait d'adopter pour la Décennie l'emblème proposé dans le rapport du Secrétaire général. L'autre projet intitulé "Intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale" inviterait l'Assemblée générale à se féliciter des mesures prises par les organismes des Nations Unies pour appliquer sa résolution 49/106 sur l'intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale. L'Assemblée demanderait de continuer de mener des activités analytiques et de fournir aux pays en transition, dans les limites des ressources disponibles, des conseils théoriques et une assistance technique sur le cadre social et politique à mettre en place pour les réformes de l'économie et du marché.

La Commission a entamé son débat sur la dette extérieure et le développement, ainsi que sur le financement du développement, notamment le transfert net de ressources entre pays en développement et pays développés. Sont intervenus, à ce titre, les représentants des pays suivants: Costa Rica (au nom du Groupe de 77 et la Chine), Irlande (au nom de l'Union européenne et d'autres pays), Tunisie, Bangladesh, Fédération de Russie, Etats-Unis, Ghana, Saint-Siège, Chine, Fidji, Nicaragua, Ethiopie, Togo, République de Corée, Koweït, Soudan, Niger et Cambodge. Des délégations ont déclaré que la question de la dette extérieure est de loin le problème le plus urgent à résoudre si l'on aspire véritablement à un développement durable et écologiquement rationnel de tous les pays. Un intervenant a constaté que ni les propositions du Club de Paris ni les termes de Naples ou de Brady n'ont aidé à trouver une solution. Eu égard à la structure actuelle des pays endettés, l'aménagement d'un nouvel ordre économique mondial est urgent et devrait être mis en oeuvre en association avec un agenda du développement, a précisé un orateur.

(à suivre - 1a)

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Le fardeau de la dette extérieure, la réduction de l'aide publique au développement et la détérioration des termes de l'échange constituent les contraintes fondamentales imposées par l'environnement économique extérieur qui entravent et compromettent les efforts de développement des pays en développement, en particulier les moins avancés d'entre eux, ont noté des intervenants. La majorité des délégués ont salué la récente Initiative de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en faveur de l'allégement de la dette de certains des pays les plus lourdement endettés. Ils ont appelé à son application immédiate en réduisant au minimum les conditions d'éligibilité, sans pour cela cesser de rechercher d'autres solutions au fardeau extrêmement lourd que représente la dette extérieure pour les pays les plus démunis, y compris leur dette multilatérale. Les délégations ont insisté sur la situation particulièrement difficile des pays africains et des pays les moins avancés, en demandant que des mesures spéciales continuent de leur être accordées. Dans un proche avenir, le rôle de l'aide publique au développement restera encore vital et au lieu d'une "fatigue de l'aide", il faut au contraire se rendre compte que cette aide est une contribution cruciale pour l'avenir de tous, a observé un intervenant.

La Commission reprendra son débat sur la dette extérieure le mardi 12 novembre à 10 heures.

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Développement durable et coopération économique internationale

La Commission économique et financière a examiné un projet de résolution intitulé "Intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale" (A/C.2/51/L.17), au chapitre du point de l'ordre du jour sur le développement durable et la coopération économique internationale. Aux termes de ce projet, l'Assemblée générale prendrait acte du rapport du Secrétaire général sur l'intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale. L'Assemblée se féliciterait des mesures prises par les organismes des Nations Unies pour appliquer sa résolution 49/106 sur l'intégration de l'économie des pays en transition à l'économie mondiale et leur demande de continuer de mener des activités analytiques et à fournir aux pays en transition, dans les limites des ressources disponibles, des conseils théoriques et une assistance technique sur le cadre social et politique à mettre en place pour les réformes de l'économie et du marché, en particulier en ce qui concerne l'instauration des conditions nécessaires pour attirer les investissements étrangers.

Aux termes de son projet de résolution intitulé "Première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté" (A/C.2/51/L.18) et présenté par le Costa Rica au nom du Groupe des 77 et la Chine, l'Assemblée générale déciderait que la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté aura pour thème : "L'élimination de la pauvreté est un impératif éthique, social, politique et économique pour l'humanité" et décide d'adopter pour la Décennie l'emblème proposé dans le rapport du Secrétaire général.

L'Assemblée générale déciderait également que, dans le cadre de l'action d'ensemble visant à éliminer la pauvreté, il faudrait mettre spécialement l'accent sur les questions qui traduisent la nature multidimensionnelle de la pauvreté comme l'environnement, la sécurité alimentaire, la population et les migrations, la santé, le logement, la mise en valeur des ressources humaines, l'accès à l'eau douce — y compris l'eau potable et l'assainissement —, le développement rural, l'emploi productif, la situation des groupes vulnérables et l'intégration sociale et décide en conséquence que les thèmes retenus pour 1997 et 1998 seront respectivement "La pauvreté et l'environnement" et "La pauvreté et la sécurité alimentaire", les thèmes concernant les années suivantes de la Décennie devant être choisis tous les deux ans à partir de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, en 1998.

L'Assemblée générale déciderait en outre que la première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté a pour objectif de parvenir à éliminer la pauvreté dans le monde grâce à des mesures nationales et à une coopération internationale résolument orientées vers la mise en oeuvre complète et effective de tous les accords, engagements et recommandations émanant des grandes conférences et des sommets des Nations Unies qui se sont tenus depuis 1990, en particulier ceux qui ont eu trait à l'élimination de la pauvreté.

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L'Assemblée générale prierait instamment la communauté internationale de consacrer une partie des ressources libérées par l'application des accords de désarmement et de limitation des armements aux programmes d'élimination de la pauvreté dans les pays en développement, en particulier les pays africains et les pays les moins avancés, en vue de réduire le fossé entre pays développés et pays en développement, qui va croissant.

Questions de politique macro-économique

Dans son rapport consacré à l'endettement des pays en développement au milieu de l'année 1996 (A/51/294), le Secrétaire général note que, depuis que la crise de la dette extérieure est apparue dans toute son ampleur et sa gravité au milieu des années 80, l'Assemblée générale débat tous les ans de cette crise et de ses rapports avec le développement. Ce débat est destiné à faire progresser les politiques mises en oeuvre par la communauté internationale pour aider les pays en développement et les pays en transition qui portent le poids d'une dette insupportable à se sortir de leurs difficultés. Désignées collectivement sous le nom de "stratégie internationale", ces politiques ont évolué en même temps que l'appréhension du problème par la communauté internationale et elles semblent franchir une nouvelle étape importante en 1996. Des politiques nouvelles et prometteuses vont probablement être engagées. Le rapport fournit les résultats de la réunion du Comité du développement, c'est-à-dire la réunion ministérielle commune des Conseils des gouverneurs de la Banque et du Fonds sur le transfert de ressources réelles aux pays en développement, qui s'est tenue en avril 1996. Il présente également le bilan actuel de la stratégie internationale de la dette.

Au chapitre consacré aux indicateurs de la dette, le rapport indique que, selon les estimations faites pour 1995, la dette extérieure brute des pays en développement importateurs de capitaux a augmenté de 120 milliards de dollars, à 1,7 billion de dollars. Contrairement à ce qui s'était passé durant les quatre années précédentes, les prêts à long terme des créanciers publics ont augmenté plus rapidement que les prêts privés, en raison surtout du programme de sauvetage en faveur du Mexique et d'un autre programme moins important en faveur de l'Argentine.

La croissance des crédits privés, qui s'est fortement ralentie en Amérique latine et dans les Caraïbes à cause des retombées temporaires de la crise mexicaine, s'est en revanche accélérée sensiblement en Asie, notamment sur les nouveaux marchés de l'Asie de l'Est, ce qui montre que les investisseurs font davantage la différence entre les divers emprunteurs grâce à des analyses plus fines des données économiques fondamentales. En conséquence, l'Asie a été la région qui a enregistré la plus forte hausse de l'encours de la dette en 1995. Entre-temps, la part de l'Afrique a progressivement diminué : l'an dernier, elle n'était plus que de 18% contre 22% en 1990.

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Le rapport attire par ailleurs l'attention, à la section V, sur la situation d'un nouveau groupe de pays, les "pays pauvres très endettés" qui bénéficieraient de nouvelles conditions d'allégement de la dette. Le cadre d'action officiel à ces mesures a été proposé par la Banque mondiale et le FMI lors des réunions du Comité intérimaire et du Comité du développement, en avril dernier.

Avec cette initiative, la communauté des créanciers s'engage à ramener à un niveau supportable l'endettement des pays concernés, à condition que ces derniers appliquent des politiques judicieuses pendant une période prolongée. Cet allégement serait obtenu au moyen d'une réduction de la valeur actuelle nette des créances. Dans chaque cas, les divers créanciers bilatéraux et multilatéraux offriraient un allégement proportionnel à l'endettement du pays à leur égard. L'idée sous-jacente est qu'en aidant ces pays à alléger le fardeau de leur dette extérieure, on contribuera à redonner confiance aux investisseurs et à supprimer un obstacle important à la croissance.

Un rapport du Secrétaire général sous le titre "Questions de politique macro-économique: financement du développement, y compris le transfert net des ressources entre pays en développement et pays développés"(A/51/291), traite des tendances récentes des flux et transferts nets vers les pays en développement et la situation particulièrement difficile à laquelle doit faire face la communauté internationale dans le domaine de la coopération financière publique pour le développement.

Le sixième d'une série de rapports du Secrétaire général sur la question de la surveillance des transferts nets, ce document répond à la requête de l'Assemblée générale, contenue dans sa résolution 49/93, par laquelle elle prie le Secrétaire général de lui présenter, à la présente session, un rapport sur l'application de la politique macro-économique nationale et internationale tant dans les pays développés que dans les pays en développement, ainsi que des besoins en matière de politique dans les domaines du commerce et des finances au niveau international.

Parmi les tendances récentes, le Secrétaire général note que tous les ans, depuis 1991, les pays en développement ont enregistré un important transfert de ressources. Le transfert considérable effectué par l'Amérique latine et les Caraïbes au cours des années 80 a été inversé, bien que les apports nets aient pratiquement cessé en 1995. Il fait remarquer que l'Asie occidentale, autrefois source de transferts financiers vers le reste du monde, les a absorbés depuis plus de dix ans, encore qu'en moindre quantité au cours des dernières années, en raison des mesures d'ajustement adoptées par les gouvernements. Le reste de l'Asie a oscillé entre la fourniture et l'absorption de ressources financières, cette dernière étant plus particulièrement le cas ces dernières années.

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En Afrique, le transfert net qui a alternativement été négatif et positif au cours des années 80, est demeuré positif depuis 1993. En tant que groupe, les pays les moins avancés ont reçu un transfert net positif continu, même si, depuis les années 80 le montant de ce transfert se soit accru plutôt lentement en termes de dollars.

Le Secrétaire général explique qu'il est évident que ce sont des pays spécifiques et non pas les pays en développement dans leur ensemble qui ont bénéficié d'un transfert net. A cet égard, le Brésil est le seul pays ayant subi le transfert net négatif de ressources financières le plus important, soit environ 10 milliards de dollars par an (près de 2% du PIB). Il ajoute que, sur les 93 pays en développement pour lesquels il existe des données assez détaillées concernant la balance des paiements et la dette extérieure et qui sont suivis régulièrement, 21 ont enregistré des transferts nets négatifs pendant la période 1991-1994. En 1995, le transfert net de ressources financières de l'échantillon de 93 pays représentait près de 40 milliards de dollars. Le Secrétaire général signale qu'une fois additionnés les flux financiers en provenance et à destination de ces pays, y compris les paiements d'intérêts et autres rémunérations au titre des placements effectués dans le pays, les apports nets - appelés le transfert net sur une base financière - étaient d'environ 94 milliards de dollars.

Le Secrétaire général observe que trois des cinq pays ayant enregistré les plus importants transferts négatifs nets pendant la période 1985-1990, ont été les trois pays sur les cinq ayant reçu les plus importants transferts positifs nets entre 1991 et 1994. Ces pays sont l'Argentine, la République de Corée et le Mexique. Uniquement pour ces trois nations, le changement entre ces deux périodes représentait plus de 40 milliards de dollars par an. Néanmoins, en 1995, tant l'Argentine que le Mexique ont enregistré des déclins très importants, précise le rapport.

Le Secrétaire général ajoute qu'il est évident qu'un volume considérable de ressources financières a été transféré aux pays en développement en 1995, dont bien plus de 50 milliards de dollars ont été ajoutés aux réserves publiques au lieu de servir à l'expansion des importations. Evoquant la crise du Mexique en 1994, il note toutefois que de grandes quantités de réserves peuvent être dépensées très rapidement lorsque le pays enregistre une demande élevée d'importations et que les apports financiers de l'étranger commencent à disparaître.

Il constate par ailleurs que les courants d'investissements étrangers directs (IED) ont fortement et régulièrement augmenté, ce qui s'explique par la réelle explosion de l'IED en Asie, particulièrement en Asie de l'Est. Le fort attrait que l'Asie représente pour les investisseurs directs s'est reflété sur les marchés internationaux des crédits et dans le domaine des prises de participation. Il fait observer dans le document qu'un changement important dans les courants financiers vers un ou deux pays économiquement dominants dans une région génère des effets induits ou "effets de contagion" pour les pays voisins plus petits.

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En effet, en 1990, la réapparition du Chili et du Mexique sur les marchés internationaux des capitaux semble avoir rendu les investisseurs des pays développés mieux disposés à placer leurs fonds dans d'autres marchés naissants d'Amérique latine. A l'inverse, les difficultés de la balance des paiements qu'ont connues le Mexique et l'Argentine vers la fin de 1994 et en 1995 ont suscité un sentiment négatif chez les investisseurs envers la région dans son ensemble.

En revanche, les apports publics ont été plus élevés en 1995, indique le Secrétaire général qui précise que l'augmentation totale des courants nets de crédits publics a été d'environ 25 milliards de dollars. Il souligne d'autre part que la différence d'accès aux ressources financières privées internationales entre les trois plus grandes régions en développement montre l'importance continue que revêtent les transferts publics à l'Afrique. Il note à cet égard que, malgré tout, les courants de crédits publics vers l'Afrique ont stagné et qu'entre-temps, les subventions officielles sans contrepartie à l'Afrique ont diminué. En fait, le transfert net des institutions financières multilatérales aux pays en développement a été négatif presque tous les ans depuis 1987.

Observant que l'élaboration de politiques en matière d'équilibre macro- économique et de développement économique dans une économie mondiale changeante requiert de l'ingéniosité, le Secrétaire général souligne la nécessité d'un Fonds monétaire international (FMI) solide et capable de fournir un appui aux pays suivants ses conseils en matière de politique et un soutien financier suffisant aux pays en ajustement. Il annonce que trois séries de discussions financières du FMI pourraient bientôt aboutir, durant la session d'automne 1996 du FMI et de la Banque mondiale. Il s'agit de l'expansion des ressources prévisionnelles, à savoir les Accords généraux d'emprunt (AGE); de l'augmentation des propres ressources du FMI; et de la Facilité d'ajustement structurel renforcé (FASR). Le Secrétaire général explique que pour la plupart des pays en développement, la nécessité de recevoir une aide publique internationale va au-delà des mesures de financement de l'ajustement et est plutôt de l'ordre de la coopération au développement traditionnelle. La plupart de ces pays ont besoin d'une aide à des conditions extrêmement favorables, c'est-à-dire telles que celles accordées dans le cadre de l'aide publique au développement (APD). Il fait remarquer que l'aide totale du Comité d'aide au développement (CAD) est tombée de 0,27% du produit national brut (PNB) combiné des pays membres du CAD, soit le niveau le plus éloigné de l'objectif de 0,7% du PNB fixé par les Nations Unies en 1970 dans la Stratégie internationale pour le développement de la deuxième Décennie des Nations Unies pour le développement. Néanmoins, quatre des donateurs du CAD ont accru leurs contributions en termes réels: la Belgique (23%), la Finlande (7,9%), l'Irlande (21,1%) et les Pays-Bas (14,1%).

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D'autre part, quatre pays ont atteint l'objectif en matière d'aide fixée par les Nations Unies (Danemark, Norvège, Pays-Bas et Suède). Cependant, le plus grand donateur de l'APD, le Japon a indiqué que l'augmentation maximum de celle-ci pour son année fiscale 1997 serait de 2,6%, soit l'augmentation la plus faible depuis 1979 et bien en dessous de la limite globale des dépenses de 3,4%.

En conclusion, le rapport souligne que l'aide au développement est essentiellement politique et qu'à l'heure où les anciens engagements pris dans le cadre de la coopération internationale font l'objet d'un réexamen, la question est donc de déterminer comment retrouver l'élan politique nécessaire à l'aide au développement.

Dans son rapport intitulé "Intégration financière mondiale : défis et chances" (A/51/388), le Secrétaire général fournit un ensemble d'informations sur le fonctionnement et l'évolution des marchés financiers internationaux. A mesure que les progrès techniques ont réduit le coût des transactions financières internationales et les ont accélérées et que les barrières qui faisaient obstacle aux flux internationaux de capitaux ont été levées, les institutions financières ont de plus en plus ajouté des actifs financiers étrangers à leur portefeuille. Cette diversification internationale a entraîné un rythme rapide d'innovation dans le domaine des instruments financiers dits dérivés. Ces tendances ont pris une telle ampleur qu'ont les appelle souvent "intégration financière mondiale".

Certains pays en développement ont pu tirer parti de cette mondialisation des finances et exploiter les marchés pour obtenir des flux financiers d'un volume et d'une diversité croissante. Mais nombre de ces pays ont aussi été touchés par l'instabilité potentielle de certains de ces flux. Les investisseurs disposent de plus en plus d'informations sur les possibilités financières existant à l'étranger et agissent en conséquence. Les marchés fluctuent parfois très rapidement en réponse à de nouveaux renseignements sur un marché ou même à une rumeur.

L'époque où les pays développés contrôlaient les flux de capitaux est révolue. Il en résulte que les fonctions de contrôle et de suivi des marchés qu'exerçaient les banques centrales et les organismes de surveillance des titres de pays individuels ont été obligées de prendre une dimension internationale. La coopération internationale est devenue un aspect de plus en plus important des mesures prises pour réduire les risques systémiques inhérents au secteur financier. Elle s'est forgée au cas par cas à mesure que diverses organisations internationales spécialisées ont pris des initiatives dans divers segments des activités financières internationales. C'est le cas de la Banque des règlements internationaux (BRI) à Bâle, qui s'occupe essentiellement des activités des banques commerciales et des activités monétaires, de l'Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) qui surveille les activités boursières et de l'Association internationale des organes de surveillance de l'assurance (IAIS).

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En outre, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) suit aussi l'évolution des marchés financiers et il est probable que l'Organisation mondiale du commerce décidera de libéraliser les conditions d'accès international aux marchés financiers nationaux. Seul le Fonds monétaire international (FMI) procède toutefois à un examen intergouvernemental régulier et détaillé du point de vue de la stabilité économique et financière mondiale.

Le rapport énumère les progrès accomplis dans la surveillance officielle des marchés internationaux des capitaux, notamment dans le cadre du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, créé en 1974 à la Banque des règlements internationaux. Il souligne que, même si les marchés financiers internationaux fonctionnent bien et sans danger, l'accès à ces marchés n'est souvent ouvert qu'à certains emprunteurs originaires de certains pays, et dans certaines circonstances. En outre, un pays peut avoir accès à toute une gamme de projets à des conditions favorables à un moment donné et, à un autre moment, n'avoir accès qu'à un petit nombre de possibilités et à des conditions moins favorables. Pour les pays en transition et en développement, l'enjeu consiste à saisir les occasions qu'offrent les marchés internationaux sans se mettre à la merci de leur instabilité. Pour la communauté internationale, l'enjeu consiste à réduire les risques et l'instabilité des flux financiers allant vers les "marchés naissants" tout en aidant à accroître le nombre de pays entrant dans cette catégorie.

La discussion des réformes visant à améliorer l'accès à des sources privées de financements internationaux commence inévitablement au niveau national. Un environnement économique stable, comportant un taux d'inflation faible et prévisible, un taux de change compétitif et un déficit des finances publiques bien géré, facilite grandement l'investissement national ou étranger. Si la situation macro-économique est atteinte au prix d'un chômage élevé, de graves tensions sociales et d'une croissance économique faible, les investisseurs se demanderont forcément si le gouvernement suivant ne risque pas de changer de politique. S'ils jugent élevée la possibilité d'un changement de cap, ils ne s'engageront qu'en faveur de projets dont ils peuvent attendre des résultats rapides et qui se prêtent à un revirement.

Si les politiques internes adoptées par les pays en transition et en développement déterminent en grande partie le volume et la structure des entrées de capitaux privés, les dispositions prises au niveau international peuvent jouer un rôle important pour en renforcer leur efficacité. C'est notamment le cas de la stratégie internationale sur la dette qui a aidé un certain nombre de pays en développement et en transition surendettés en allégeant le fardeau de leur endettement à l'égard de banques commerciales et de créanciers publics. En outre la communauté internationale s'efforce d'aider les pays en développement à obtenir accès ou à accroître leur accès aux marchés privés des capitaux par divers programmes de garantie, accords de co-financement et programmes d'assurance.

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De manière plus générale, les programmes normaux de prêt des institutions multilatérales et les activités opérationnelles du système des Nations Unies aident en périodes d'ajustement et renforcent la capacité de développement des pays en développement et en transition.

Certaines initiatives du FMI visent en outre à renforcer la confiance des marchés financiers en plaçant des montants de plus en plus importants sur les "marchés naissants". A un moment donné, notamment à la suite de la crise mexicaine de 1994-95, s'est posée également la question du renforcement de la confiance des marchés financiers grâce à une amélioration de la surveillance des politiques des pays. Le FMI a mis en place un système destiné à renforcer la surveillance qu'il exerce sur les politiques économiques des pays membres et d'accroître la transparence des politiques nationales en fournissant en temps voulu des données de meilleure qualité. Deux normes devaient être formulées : une norme générale et une série plus exigeante d'indicateurs pour les pays qui avaient obtenu ou cherchaient à obtenir accès aux marchés internationaux des capitaux. En avril 1996, les critères applicables aux données spéciales avaient été adoptés et les critères applicables aux données générales devaient être mis au point avant la fin de l'année. Le Fonds a par ailleurs accepté un tableau d'affichage électronique à la fin août 1996 sur lequel figureraient les participants à la norme tout en laissant aux gouvernements eux-mêmes le soin de fournir les données.

L'Organisation des Nations Unies avec la Commission des communautés européennes, le FMI, l'OCDE et la Banque mondiale, a révisé le Système de comptabilité nationale qui fournit désormais un cadre plus complet et plus cohérent pour l'analyse économique et financière. Le FMI a enfin tenté de se préparer à l'éventualité de crises de confiance sur les marchés des capitaux en établissant un mécanisme de décision rapide permettant de déployer les ressources du Fonds en cas d'urgence et en s'assurant qu'il aurait lui-même accès à un volume exceptionnel de ressources financières lorsqu'il en aurait besoin.

Déclaration liminaire

M. BARRY HERMAN, Chef de la Division des relations économiques internationales au Département de l'information économique et sociale et de l'analyse des politiques, a introduit trois rapports dont la Deuxième Commission a été saisie. Il a indiqué qu'alors que les deux premiers rapports du Secrétaire général abordent des questions qui sont régulièrement présentées à l'Assemblée générale depuis plusieurs années, le troisième rapport, en revanche, répond à une nouvelle initiative de l'Assemblée, qui traite du dialogue entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods et de la possibilité de le renforcer dans les domaines relevant de l'intégration financière mondiale. Il a évoqué la résolution 50/91 de l'Assemblée générale et il semblerait en réponse a la préoccupation concernant les pays importateurs de capitaux. M. Herman a affirmé que la confiance dans le financement est beaucoup plus forte en 1996 qu'elle ne l'était il y a 18 mois.

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Il s'est demandé si c'est le calme avant la tempête et a recommandé que la situation financière soit évaluée avec minutie et d'une manière régulière, tandis que l'Assemblée générale se chargerait d'assurer un contrôle au niveau politique. La question de la collaboration et du renforcement du dialogue entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods est très importante et ses résultats doivent être présentés par les Conseils d'administration de chaque institution.

Débat

M. OSCAR ACUÑA (Costa Rica), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a reconnu que les flux de ressources en direction des pays en développement ont atteint récemment des niveaux encourageants pour de nombreux pays, en particulier en Afrique. Il a noté toutefois que la part respective de ces pays a beaucoup diminué. En outre, comme ces ressources sont généralement constituées de capitaux à court terme et destinés à quelques pays en développement seulement, nous nous inquiétons beaucoup de leur durabilité, a-t-il indiqué. De même, nous regrettons de devoir constater qu'alors que l'aide publique au développement est vitale, particulièrement pour les pays en développement qui ne sont pas en mesure d'attirer des fonds privés, elle continue de diminuer non seulement en valeur absolue mais également en pourcentage du PNB des pays développés.

Le représentant a insisté sur le fait que sa délégation considère qu'il faut accroître les efforts destinés à assurer la fourniture de ressources substantielles en faveur du développement des pays en développement grâce, entre autres, à l'augmentation des crédits multilatéraux, la promotion de l'investissement étranger direct et l'augmentation des ressources à des conditions libérales. La question du financement du développement des pays en développement et le déclin sérieux dans la disponibilité de ressources financières compatibles avec les besoins du développement et les objectifs de nos pays réaffirment l'importance et la nécessité croissante de réunir une Conférence des Nations Unies sur le financement du développement. Pour toutes ces raisons, le Groupe des 77 et la Chine ont l'intention de présenter des projets de résolution sur ces deux questions, a-t-il déclaré.

Mme HELEN BROWNE (Irlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés (Chypre, République tchèque, Estonie, Lettonie, Lituanie et Roumanie, l'Islande et la Norvège), a reconnu que le fardeau de la dette extérieure d'un grand nombre de pays en développement, en particulier des plus pauvres et des pays le plus lourdement endettés, demeure une question critique dans le contexte de leurs efforts tendant vers le développement durable. Il a manifesté l'inquiétude des membres de l'Union européenne en ce qui concerne la situation de l'Afrique où une dette extérieure insoutenable représente un véritable défi au développement durable.

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Des mesures d'allégement de la dette sont essentielles dans l'assistance de la communauté internationale à ces pays. Mme Browne a souligné que les problèmes de la dette varient considérablement d'une nation à l'autre et les mesures d'allégement devraient être traitées au cas par cas. Elle a ajouté que la communauté financière internationale a contribué d'une façon notoire, au travers d'une stratégie de la dette, à améliorer la situation des pays en développement puisque nombre d'entre eux ont pu accéder aux marchés financiers internationaux. La base de telles améliorations a consisté en des politiques économiques rationnelles ainsi que des programmes de réajustement et de réformes.

La représentante a salué, en particulier, les progrès enregistrés dans l'allégement de la dette bilatérale par le biais d'annulation de celle-ci ou la mise en oeuvre des Termes de Naples par le Club de Paris. Elle a toutefois reconnu que même avec des politiques économiques rationnelles et une réforme structurelle et institutionnelle, la dette extérieure reste insoutenable pour la majorité des pays sans des efforts additionnels, nationaux et internationaux. Mme Browne a jugé que le récent programme d'action concernant l'Initiative sur la dette des pays pauvres lourdement endettés, adopté par les institutions de Bretton Woods représente un pas en avant. Les trois principaux groupes de créanciers ont confirmé qu'ils continueront de jouer leur rôle, en prenant des actions coordonnées, simultanées et indépendantes à la fois, et en partageant équitablement les coûts de l'initiative. Les principes d'une structure flexible, d'une approche souple dans la durée et au cas par cas des pays débiteurs a été acceptée, ce qui reflète les différentes caractéristiques des économie et le profil de la dette des pays pauvres lourdement endettés.

Les décisions du Club de Paris à cet égard démontrent l'attachement des créanciers aux problèmes des pays endettés. Elle a encouragé les créanciers qui ne sont pas membres du Club de Paris à se joindre à cette Initiative. Mme Browne a noté, par ailleurs, que même si les processus de restructuration de la dette des pays à revenus moyens sont achevés, certains de ces pays montrent des signes de fragilité dans leur position financière extérieure. Elle a suggéré que des politiques rationnelles soient poursuivies par ces nations et que des efforts soutenus soient fournis pour atteindre des conditions stables.

M. THAMEUR SAAD (Tunisie) a souligné la nécessité de la promotion d'un environnement propre à assurer la stabilité des flux internationaux et à prévenir l'effet déstabilisateur des variations soudaines des flux de capitaux privés. Il a observé que l'existence d'un environnement national propice au renforcement de la confiance pour drainer l'entrée des capitaux privés et assurer leur pérennité par le bais de réformes structurelles portant notamment sur la libéralisation des échanges était également important.

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Il a indiqué que la stratégie de la Tunisie pour créer une économie axée sur le marché, tirée par le secteur privé tout en s'ouvrant de plus en plus au commerce et aux capitaux mondiaux à trouvé son couronnement dans l'adhésion à l'OMC dont elle est l'un des membres fondateurs et surtout dans la conclusion en 1995 d'un accord d'association avec l'Union européenne. Le représentant a fait remarquer que même si les politiques internes peuvent déterminer en partie le volume des entrées de capitaux privés, il n'en demeure pas moins vrai que les dispositions prises au niveau international sont nécessaires pour garantir l'efficacité des réformes entreprises au niveau des pays.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a fait observer que le service de la dette reste exceptionnellement élevé pour les pays les moins développés et particulièrement pour les pays d'Afrique. A la fin de 1994, le Club de Paris est parvenu à un accord sur les termes de Naples pour les pays les plus pauvres et les plus endettés, a-t-il observé. Cet accord a été appliqué dans le cas d'un nombre relativement faible de pays et quand il l'a été, les conséquences réelles ont été peu adaptées.

Le représentant a souligné qu'il trouvait encourageante l'initiative de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international en faveur des pays pauvres lourdement endettés. C'est une façon de manifester l'inquiétude suscitée par le fait que l'endettement élevé a un effet négatif sur le développement d'une économie vulnérable. Il a exprimé l'espoir que cette initiative, si elle est mise en oeuvre de façon positive, soulagera de nombreux pays. Il a souligné que les efforts entrepris pour réduire la dette des pays les plus pauvres devaient s'assortir d'une augmentation des ressources destinées aux économies vulnérables.

M. VLADISLAV I. FEDORTCHENKO (Fédération de Russie) a fait remarquer que son pays est un des principaux créditeurs auprès des pays en développement, et ce faisant, il est vivement intéressé par un règlement rapide du problème de la dette sur des bases équitables et acceptables par toutes les parties concernées. Il a fait observer que ce désir de coopérer s'est traduit par un accord conclu récemment avec le Nicaragua sur le règlement de la dette de ce pays vis-à-vis de la Russie sur la base de pratiques internationales reconnues. Il a souligné que dans la recherche d'une solution au problème de la dette, il faut prendre en compte la situation monétaire et les intérêts de toutes les parties. il faudrait en particulier que les termes de l'aide financière multilatérale accordée aux pays lourdement débiteurs incluent l'obligation claire faite à ces pays de suivre une politique économique saine de façon à régler leur situation en matière de crédit bilatéral.

Le représentant a souligné que les nouvelles initiatives prises par les institutions de Bretton Woods, en avril 1996, pour régler les problèmes d'endettement des pays pauvres lourdement endettés constituent un important pas en avant. Il a estimé que les institutions financières internationales devaient accentuer leurs efforts pour faire participer les investisseurs privés à la recherche de solutions au problème de la dette.

- 13 - AG/EF/204 11 novembre 1996

M. SETH WINNICK (Etats-Unis) a déclaré que l'édification d'un développement durable doit se faire au travers d'un partenariat, non seulement entre les pays développés et en développement mais entre les secteurs public et privé. Nous avons tous appris, a-t-il affirmé, qu'il ne suffit pas de débourser de l'argent pour régler un problème. Il a appelé à une vision réaliste, un engagement à faire des choix difficiles et à une volonté à la fois politique et financière pour mettre efficacement en oeuvre des programmes. Il a observé que plusieurs pays en développement, grâce à des politiques rationnelles et à un marché mondial de plus en plus ouvert, ont connu des croissances "robustes". Simultanément, il reste des pays qui n'arrivent pas à prendre le train en marche et ne bénéficient toujours pas des nouvelles opportunités.

Le représentant a fait remarquer que la communauté internationale a beaucoup appris des échecs de l'assistance pour le développement et qu'il y a encore beaucoup à apprendre les uns des autres. Au fil des ans, le concept est clairement passé de l'accent mis sur le développement des industries lourdes et des grandes infrastructures à la reconnaissance explicite de la nécessité de traiter la pauvreté, la santé, les inégalités sociales, l'environnement et le développement communautaire de base. Comme la définition du développement s'affinait, a-t-il expliqué, la bonne conduite des affaires publiques tant chez les récipiendaires que chez les donateurs a pris une importance croissante; la démocratie, le respect des droits de l'homme, la transparence dans les opérations et la participation des populations affectées au cours du processus de prise de décisions sont devenus des éléments essentiels d'un développement réussi.

Le représentant a ajouté que l'un des principaux enseignement est que le secteur privé est le moteur de la croissance. Dans ce contexte, des marchés libres fonctionnent et la planification centralisée non. L'assistance officielle au développement est par conséquent cruciale, particulièrement pour les plus pauvres et les pays les plus endettés. Cependant, cette assistance devrait viser à créer les conditions nécessaires à l'épanouissement des marchés privés. Le partenariat pour le développement doit être mutuellement bénéfique, basé sur des objectifs et une responsabilité partagés. Les pays en développement ont une responsabilité fondamentale dans la réalisation de leur propre développement. Il a souligné que l'allocation des budgets relève de la souveraineté nationale, et qu'il existe un triste héritage de mauvais choix dans nombre de nations pauvres, des choix qui ont protégé certains intérêts politiques au détriment des pauvres. Il a ajouté que, peu à peu, les gouvernements acceptent la notion d'application de politiques économiques, sociales et écologiquement rationnelles, tout en veillant à la promotion de l'environnement politique et juridique et en encourageant les investissements privés. Les pays développés doivent appuyer ces efforts par le biais de l'assistance bilatérale et de leur choix de politiques nationales. Le représentant a plaidé en faveur de formules et de politiques de réajustement, car la preuve a été faite que celles-ci fonctionnent bien tant dans les pays développés que dans les pays en développement.

- 14 - AG/EF/204 11 novembre 1996

Il a salué les récentes initiatives de la banque mondiale et du Fonds monétaire international en vue de l'allégement de la dette des pays les plus lourdement endettés. Il a souhaité que le travail d'analyse sur les pays potentiellement éligibles puisse être achevé d'ici à la fin de cette année.

Mme MESSIE AMOAH (Ghana) a déclaré qu'en dépit des différentes approches effectuées au cours des dix dernières années en matière d'allégement de la dette, force est de constater que l'encours de la dette continue de s'accumuler alors que le fardeau du service de la dette augmente proportionnellement. La dette de l'Afrique qui s'élevait à 270 milliards de dollars en 1990, a atteint quelque 370 milliards de dollars en 1995. Ceci s'est produit malgré l'application de plusieurs programmes de réforme. La représentante a ajouté qu'il importe de constater également que les différentes initiatives, y compris celle de Toronto, Brady et Naples, ont toutes échoué à résoudre durablement ce problème. Elle s'est demandée pourquoi ces initiatives avaient échoué et a expliqué que le problème de la dette semble insurmontable parce que les initiatives des pays créditeurs ont été centrées sur un rééchelonnement de la dette plutôt que sur la réduction de l'encours de la dette lui-même. Si cette tendance se poursuit, les pays débiteurs ne pourront jamais sortir de leurs peines. Elle a recommandé des initiatives qui permettent une approche globale, appliquée à toutes les catégories de dette bilatérale et multilatérale.

Mme Amoah s'est félicitée de la décision des membres du Club de Paris d'annuler au cas par cas 90% de la dette des pays les plus lourdement endettés. Le problème de la dette exige une attention urgente si l'on veut faire face aux besoins du développement durable. Comment financer le développement avec un fardeau de la dette ingérable, et une diminution de l'aide publique au développement s'est encore demandée la représentante, qui a appelé à l'élargissement du commerce, du transfert de technologie et de la protection des pays les plus pauvres de la volatilité des taux de change notamment. Tant que les solutions réelles ne seront pas trouvées, les questions de la dette et du financement du développement devront être inclus dans le débat sur la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement.

L'ARCHEVEQUE RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a noté que, depuis le Sommet mondial de Copenhague, on a assisté aux prémisses d'un processus qui ouvre des espoirs nouveaux pour les pays les plus pauvres, au moins en ce qui concerne leur dette aux organismes de prêt multilatéraux, et qui sont susceptibles d'ouvrir de nouvelles voies vers une solution rapide, totale et définitive aux problèmes de la dette. Le problème de la dette ne peut pas être examiné de façon isolée. Il faut examiner ses causes historiques enracinées dans les pays débiteurs et tenir compte du climat international dans lequel le prêt a été effectué, a-t-il estimé.

- 15 - AG/EF/204 11 novembre 1996

Le représentant a fait observer que l'aide publique au développement est en déclin partout, proportionnellement et en valeur absolue, même dans les régions connues historiquement pour leur engagement dans la solidarité internationale. Il a souligné que, quand les ressources sont rares, elles devraient être attribuées aux pays les plus pauvres et aux projets qui bénéficient aux secteurs les plus pauvres. Malheureusement, a-t-il fait remarquer, on se trouve aujourd'hui dans la situation où l'aide publique au développement pourtant limitée, sert à assurer le service de la dette due au pays donateur lui-même. Ces fonds affectés officiellement au développement reviennent donc au pays donateur au terme d'une sorte d'exercice comptable sans jamais avoir eu le moindre impact sur le développement du pays.

Le représentant a estimé que les initiatives actuelles pour alléger le poids de la dette pour les pays les plus pauvres devraient prendre en compte une répartition plus équitable des conséquences sociales des mesures de réforme. Il faut également qu'elles s'assurent que les dispositifs d'allégement soient appliqués rapidement.

Mme CUI YING (Chine) a observé que l'intégration financière mondiale a conduit à une accélération des flux de ressources financières. Au cours de l'année écoulée, les flux financiers nets vers les pays en développement ont continué d'augmenter, mais la rareté de capitaux pour le financement du développement, que nombre de pays en développement affrontent depuis plusieurs années déjà, est loin d'être résolue. De même, l'augmentation des flux financiers vers les pays en développement n'est pas que bénéfique, puisqu'il comporte des contraintes. C'est pour cette raison que la question du financement du développement des pays en développement doit être examinée de façon claire et globale. La situation est particulièrement difficile pour les pays africains et les pays les moins avancés. Elle a souligné que dans un proche avenir, le rôle de l'aide publique au développement restera vitale et qu'au lieu d'une fatigue de l'aide, il faut se rendre compte qu'il s'agit d'une contribution cruciale pour l'avenir de tous. Les pays en développement qui ont une capacité limitée souffrent grandement de l'instabilité des flux des investissements privés. Il importe de réduire les risques sur les marchés des capitaux et les portefeuilles, a-t-elle demandé, en ajoutant qu'il s'agit aussi de réduire les risques en terme de marché mondial. La représentante a souhaité que les pays développés améliorent leur évaluation de la réalité et que les pays en développement, à leur tour, créent l'environnement propice à l'investissement privé. Elle a noté l'interaction entre le financement du développement et le problème de la dette : le nombre de pays en développement les plus lourdement endettés n'a pu être réduit. Ils ne peuvent donc utiliser leurs ressources limitées pour autre chose que le service de la dette, a-t- elle constaté. Elle a souhaité que l'Initiative de la Banque mondiale en faveur de cette catégorie de pays puisse être mise en oeuvre immédiatement afin que les pays affectés puissent sortir de cette situation insoutenable.

- 16 - AG/EF/204 11 novembre 1996

M. POSECI W. BUNE (Fidji) a attiré l'attention sur la situation des petits Etats insulaires en développement de la région du Pacifique qui sont limités dans leur croissance par leur situation isolée, leur petite taille et leurs ressources naturelles limitées. Ils ne bénéficient donc pas d'avantages comparatifs dans la mesure où ils ne produisent aucun produit de base primaire grâce auquel ils pourraient influencer les cours mondiaux. Au cours des dernières années, a-t-il fait remarquer, les petites économies en développement se sont fixées comme objectif une croissance durable et élevée. Un pas décisif dans cette direction a été fait avec le passage de politiques de substitution à l'importation à une stratégie de croissance tournée vers le secteur privé. On n'acquiert la confiance des investisseurs privés que si certaines conditions préalables, notamment l'existence d'infrastructures suffisantes, sont en place de telle sorte qu'ils puissent bénéficier d'un meilleur retour sur les investissements. Les gouvernements des petits Etats insulaires en développement qui ont des ressources limitées, doivent donc se tourner vers l'emprunt pour financer de tels projets.

Le représentant a lancé un appel pour que la dette extérieure des petits Etats insulaires en développement soit renégociée chaque fois que des options telles que l'allongement de la durée du prêt, l'abaissement des taux d'intérêt ou l'annulation de la dette sont possibles. Il a demandé que soient appliqués des systèmes de réajustement des taux de façon à permettre le refinancement de la dette et à prendre en compte la réalité de l'environnement de ces pays en matière de développement.

Mme MARIA DREYFUS (Nicaragua) a indiqué que depuis 1990, son pays a fait d'importants efforts en vue de stabiliser son économie et d'intégrer le marché financier international. Elle a rappelé que le Nicaragua a commencé à résorber sa dette grâce au "Programme ombre" du FMI et grâce au premier programme de stabilisation et de réajustement structurel entamé en 1994. Ce faisant, l'un des plus grands défis a été le passage d'une économie centralisée vers une économie de marché libre, en adoptant des politiques de réajustement économique qui prennent en compte les aspects sociaux du développement, notamment l'élimination de la pauvreté. Malgré tous les efforts consentis, le fardeau de la dette continue de peser lourdement malgré la collaboration de la communauté internationale. Dans un monde interdépendant, une solution définitive, efficace, souple et durable au problème de la dette et orientée vers un développement économique et social s'impose. Mme Dreyfus s'est félicitée de l'Initiative de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays lourdement endettés et a souhaité son application immédiate. Elle a indiqué que son pays figure parmi les huit pays dont la dette est considérée comme la plus "insoutenable". En 1995, la dette extérieure s'élevait à 10 milliards de dollars, avec une légère baisse après les opérations d'achat de la dette commerciale. Mme Dreyfus s'est déclarée convaincue que les Nations Unies aideront à l'application rapide de mesures d'allégement de la dette tant au niveau multilatéral que bilatéral.

- 17 - AG/EF/204 11 novembre 1996

La solution de la dette doit être globale et les créanciers non membres du Club de Paris devraient appuyer les efforts des pays endettés d'une manière qui soit compatible avec leur capacité de paiement. Elle a remercié les pays membres du Groupe d'appui au Nicaragua, à savoir le Canada, l'Espagne, les Pays-Bas, le Mexique et la Suède qui ont déclaré le 16 avril dernier que les ressources libérées devraient être dirigées vers le développement productif et social.

M. BERHANU KEBEDE (Ethiopie) a fait observer qu'une des raisons majeures du problème de la dette des pays en développement, en particulier ceux d'Afrique, est la chute des prix réels des produits de base. Les augmentations successives des montants impayées de la dette pendant la décennie écoulée ont érodé la solvabilité des pays africains et ont fait obstacle aux nouveaux investissements. Il a indiqué que sa délégation demandait donc qu'un mécanisme novateur de réduction supplémentaire et d'annulation de la dette soit mis en place. Les stratégies internationales existantes de réduction et de rééchelonnement de la dette, y compris les termes de Toronto et les termes de Naples ont collectivement échoué à alléger le poids de la dette pour les pays pauvres lourdement endettés et plus particulièrement ceux d'Afrique, a-t-il déclaré.

Le représentant s'est félicité des initiatives récentes de la Banque mondiale et du FMI. Il s'est cependant dit préoccupé par les critères d'éligibilité. Certaines publications parues après l'adoption de cette initiative indiquent que des pays tels que l'Ethiopie devront attendre jusqu'à six ans avant de pouvoir tirer tous les bénéfices du plan malgré leur engagement dans le sens de la croissance économique et des réformes structurelles et sociales, a-t-il souligné. L'Ethiopie espère que la nouvelle initiative, et notamment les critères d'éligibilité, sera suffisamment flexible pour offrir une solution durable aux problèmes de la dette des pays les moins avancés.

M. KADANGA-BARIKI (Togo) a salué les efforts des Nations Unies en vue du règlement de la crise de la dette extérieure des pays en développement. Les intérêts de la dette portent le total de la dette à des chiffres insurmontables. Les institutions de Bretton Woods ont proposé et mis en oeuvre avec les pays endettés des formules de rééchelonnement qui n'ont pas permis de régler définitivement le problème. Il a souligné que ni les propositions Brady, ni les multiples formules des Club de Paris et de Naples n'ont aidé à une solution alors qu'aujourd'hui, les populations des pays endettés ne tolèrent plus que la question du développement socio-économique passe après celle du règlement de la dette et de son service. Il a apprécié les progrès faits dans la recherche de la solution à crise et a proposé aux institutions créancières d'en faire davantage. Il a placé un grand espoir dans l'Initiative spéciale des Nations Unies en faveur de l'Afrique. Eu égard à la structure actuelle des pays endettés, l'aménagement d'un nouvel ordre économique mondial est urgent et devrait être mis en oeuvre en association avec un agenda du développement.

- 18 - AG/EF/204 11 novembre 1996

M. HAYONG MOON (République de Corée) a observé que rares sont les pays qui connaissent mieux cette question que les pays en développement qui souffrent de cette situation. Il s'est félicité de la nouvelle tendance à chercher des solutions novatrices et efficaces en vue d'un règlement de la crise de la dette extérieure. Il est grand temps que la communauté internationale accorde plus d'importance aux flux des capitaux des pays en développement vers l'étranger et vice versa. Entre 1991 et 1994, 21 pays en développement ont connu des flux négatifs de transferts financiers. Il s'agit de rectifier cette situation défavorable et injuste. D'un autre côté, une politique d'aide et de développement en termes de faveurs ou différenciés reste cruciale pour retrouver l'élan politique de l'aide au développement. Depuis que la République de Corée est devenue pays donateur, elle cherche à améliorer qualitativement son aide. Il s'est félicité des différentes mesures prises par les institutions de financement en vue de l'amélioration du processus de l'octroi de prêt et en introduisant des réformes. La dette continue à être la contrainte la plus coûteuse qui entrave le développement des pays les plus endettés. Par ailleurs, 20 pays les moins avancés continuent d'assumer un fardeau de la dette qui représente deux fois leurs recettes d'exportations. Il a indiqué que son pays a contribué 30 millions de dollars à la 11ème session de l'aide publique au développement, comme il a participé à l'établissement de nouveaux arrangements d'emprunt et à la Banque de développement du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, ainsi qu'à la Banque centraméricaine d'intégration économique.

M. MUBARAK AL-ADWANI (Koweït) a fait remarquer que l'interdépendance des pays du monde a créé une certaine culture commune et un terrain propice à l'échange des idées. Cette interdépendance est aussi à l'origine de la crise de la dette extérieure, a-t-il déclaré. Le nombre de pays qui pâtissent du poids de la dette n'est pas en régression malgré les mesures prises. La nouvelle initiative en faveur des pays les plus endettés constitue un pas en avant qui nécessite une action coordonnée de tous les partenaires. Il a attiré l'attention sur la décision de l'Emir du Koweït qui a annulé les intérêts des prêts du Koweït aux pays en développement. Le représentant a noté qu'en dépit des développements économiques positifs, l'écart économique et social entre les pays du monde s'est maintenu. Il a estimé que les pays développés ont la responsabilité de maintenir une coopération constructive avec les pays en développement. Il a salué à cet égard les résultats du sommet des pays industriels réunis à Lyon qui ont confirmé leur solidarité avec les pays en développement.

M. HAMID ELTINAY (Soudan) a noté que les pays d'Afrique vivent sous le joug d'une dette qui ne cesse de s'accroître et qui absorbe une part considérable de leurs recettes d'exportation, celles-ci étant elles-même, en constante régression. Il a estimé que les initiatives prises jusqu'à présent étaient inadéquates et a observé que les ressources en matière d'aide publique au développement sont pratiquement taries. Parallèlement on assiste à une pression accrue visant à faire effectuer des réformes économiques. Les recettes d'exportation doivent à la fois payer la dette et financer les réformes, a-t-il souligné.

- 19 - AG/EF/204 11 novembre 1996

Le représentant a noté que l'initiative de la Banque mondiale pour alléger la dette des pays les plus endettés ainsi que la décision du Club de Paris ont été favorablement accueillies. Il a estimé cependant que ces initiatives comportent des conditions rédhibitoires et qu'elles ne font en fait qu'aggraver le problème de la dette. Il a lancé un appel pour que soit organisée une Conférence internationale sur cette question.

Mme SUZANNE MAIKARFI (Niger) a déclaré que si pour certains pays en développement la crise de la dette extérieure est dépassée et que leur situation à cet égard s'est améliorée, pour d'autres, en particulier les pays les moins avancés, la crise de la dette extérieure n'a pas cessé de s'amplifier et son impact sur leur économie est plus grand que jamais. Le fardeau de la dette extérieure, la réduction de l'aide publique au développement et la détérioration des termes de l'échange constituent les contraintes fondamentales imposés par l'environnement économique extérieur qui entravent et compromettent les efforts de développement des pays en développement, en particulier les moins avancés d'entre eux. Néanmoins, de nombreuses opérations d'allégement ont été réalisées pour maintenir un certain flux de ressources et soutenir les programmes d'ajustement et de développement tels que les conditions de Toronto, de Naples, entre autres.

Le Niger a pu bénéficier en 1992 d'une décote moyenne sur sa dette d'un niveau de 86% par rapport à sa valeur nominale, a-t-il indiqué; en 1994, les conditions améliorées de Toronto ont encore permis à 18 pays parmi les plus pauvres d'Afrique de bénéficier d'une annulation de la moitié de leur dette. Malgré ces conditions de plus en plus généreuses, la réduction globale du service de la dette a été inférieure à ce qu'indiquent les taux d'allégement. Elle a proposé que le problème de la dette des pays en développement, et en particulier de ceux à faible revenu, soit considéré non seulement sous l'angle de l'équilibre à long terme de la balance des paiements et des budgets publics, mais aussi en rapport avec les capacités d'épargne réelles et potentielles de ces pays. Le représentant s'est félicité de la dernière initiative prise par les institutions de Bretton Woods et a lancé un appel afin qu'elle puisse s'étendre à un plus grand nombre de pays et que les conditions d'éligibilité soient réduites au minimum. Elle a finalement estimé que cette décision constitue un pas sur le chemin de la résolution de la crise de la dette extérieure des pays en développement, tout en espérant que la communauté internationale ne se limitera pas à cette initiative.

M. OUCH BORITH (Cambodge) a attiré l'attention sur l'augmentation de la dette extérieure brute qui a été de 120 milliards de dollars selon les estimations pour 1995. Cette augmentation est due à la conjoncture économique mondiale actuelle qui se caractérise par des taux de change et une situation commerciale défavorables aux pays en développement et par une baisse des prix des produits de base, a-t-il fait observer. Les pays qui dépendent trop de leurs produits de base et ne disposent que d'un marché intérieur limité et d'une base de ressources réduites comme c'est le cas pour le Cambodge, ont besoin d'un allégement de leur dette pour pouvoir poursuivre leurs activités de développement sous peine de voir leurs efforts réduits à néant.

- 20 - AG/EF/204 11 novembre 1996

Pour ce qui est du transfert net des ressources vers les pays en développement, a déclaré le représentant, il convient de noter qu'il a surtout porté sur un petit nombre de pays et qu'il s'agit de flux de capitaux privés fort instables car ils dépendent des taux de change et d'intérêt dans leurs pays d'origine. La communauté internationale doit envisager de prendre des mesures transparentes visant à surveiller les flux de capitaux privés à court terme afin de stimuler davantage les investissements et de protéger les pays en développement des effets néfastes de l'irrégularité des flux. Il a lancé un appel aux pays développés pour qu'ils fassent le maximum pour aller au-delà des termes de Toronto et de Naples et annulent complètement la dette des pays en développement.

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