En cours au Siège de l'ONU

Soixante-troisième session,
10e séance plénière – après-midi
SOC/4923

Commission du développement social: appels à accélérer l’action à tous les niveaux et par toutes les parties prenantes pour réaliser le Programme 2030

La Commission du développement social a clos, cet après-midi, sa soixantième-troisième session dont le thème était « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Entamée le 10 février, la session s’est achevée en approuvant par consensus sept textes (résolutions propres à la Commission ou projets de résolution à entériner par le Conseil économique et social).  Dans son texte phare, la Commission alerte sur l’urgence à accélérer l’action à tous les niveaux, et par toutes les parties prenantes, pour réaliser la vision et les objectifs du Programme 2030, à cinq ans de l’échéance. 

Ce texte adresse plusieurs demandes aux États Membres, notamment d’adopter des mesures pour lutter contre la traite des personnes, le trafic illicite de migrants, l’esclavage moderne et les formes d’exploitation sexuelle et autres dont sont victimes les personnes en situation de pauvreté.  Par ailleurs, la Commission demande aux États Membres de protéger les droits des travailleurs et de renforcer les partenariats et la solidarité intergénérationnels.  Elle les encourage aussi à accroître les investissements dans le développement social, notamment par la mobilisation de ressources nationales pour les politiques sociales. 

Dans ses commentaires, la Fédération de Russie s’est dissociée de la « formulation inacceptable » des mentions faites au Pacte pour l’avenir dans plusieurs des projets de résolution examinés par la Commission.  En septembre 2024, lors de l’adoption du Pacte, la Russie avait en effet exprimé sa déception du fait de l’absence, à son avis, de véritables pourparlers intergouvernementaux.  La délégation a également rappelé qu’elle rejette l’utilisation de terminologies controversées s’agissant du terme « genre », qui pour elle se réfère à la notion de sexe biologique.  Il en va de même lorsque le terme « inégalité » est utilisé au pluriel, a-t-elle ajouté.

Le terme « genre » doit être compris comme se référant uniquement au sexe biologique, c’est-à-dire aux hommes et aux femmes, a appuyé le Burundi, en se référant à l’annexe IV de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes tenue de Beijing.  De plus, le Burundi n’a pas soutenu la formulation « formes multiples et croisées de discrimination ».  « Nous tenons à souligner que l’utilisation de tels termes dans cette résolution n’implique pas un mandat pour promouvoir des catégories controversées qui ne sont pas internationalement convenues. »  Agir ainsi sape la coopération multilatérale et compromet la démocratie, a ajouté la délégation. 

Même son de cloche du côté du Sénégal, qui a aussi rejeté l’usage de termes non consensuels dans cette résolution, « qui ne facilitent pas l’adhésion de tous les acteurs ».  Pour le pays, qui a rejeté les mêmes termes, le concept de « genre » et toutes les terminologies qui pourraient lui être associées ne sauraient faire référence aux rapports sociaux entre hommes et femmes.

Des résolutions incluant les jeunes comme la population vieillissante

Présentée par l’Iraq, la résolution (E/CN.5/2025/L.5) intitulée « Aspects sociaux du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique » encourage les pays d’Afrique à renforcer et à développer, au moyen d’investissements nationaux ou étrangers, les infrastructures locales et régionales et les infrastructures matérielles et immatérielles résilientes face aux changements climatiques.  Elle engage les États Membres d’Afrique, leurs partenaires de développement et les institutions multilatérales à soutenir la mise en œuvre opérationnelle rapide de la Zone de libre-échange continentale africaine, notamment en investissant dans le renforcement des chaînes de valeur régionales pour faciliter les échanges commerciaux en Afrique. 

Dans sa résolution intitulée « Politiques et programmes mobilisant les jeunes » (E/CN.5/2025/L.3), présentée par le Portugal, la Commission du développement social demande aux États Membres de poursuivre la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la jeunesse, notamment ses 15 domaines d’activité prioritaires interdépendants.  En outre, la résolution demande aux donateurs, y compris les États Membres et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales, de contribuer activement au Fonds des Nations Unies pour la jeunesse afin de faciliter la participation des représentants des jeunes des pays en développement aux activités de l’ONU. 

Après l’adoption du projet de résolution, la Hongrie a rappelé sa position concernant le lien entre migration et développement.  Elle a fait valoir que la migration ne s’accompagne pas toujours d’opportunités pour tous les pays impliqués.  Selon elle, il serait préférable d’autonomiser les jeunes pour qu’ils puissent s’épanouir dans leur propre pays. 

La Commission a ensuite recommandé à l’ECOSOC d’adopter le projet de résolution (E/CN.5/2025/L.6) intitulé « Modalités du cinquième cycle d’examen et d’évaluation du Plan d’action international de Madrid de 2002 sur le vieillissement » dans lequel elle fait sien le calendrier du cinquième cycle d’examen et d’évaluation, présenté dans le rapport du Secrétaire général, qui indique notamment que l’examen au niveau mondial aura lieu en 2028. 

Djibouti a appuyé ce projet de résolution, fruit des efforts du Groupe des États d’Afrique.  Il a rappelé que l’absence de solidarité et d’inclusion sociale entrave les progrès en matière de développement social et renforce les inégalités en hypothéquant l’emploi, notamment pour ceux qui qui sont en situation vulnérable.  Selon lui, la mise en œuvre de politiques réduisant ces risques et renforçant la solidarité devrait permettre de s’atteler à ces questions. Toutefois, a-t-il ajouté, il faut s’assurer de mobiliser plus de ressources pour les pays en développement afin de les aider à renforcer leur système de protection sociale et à réduire la pauvreté.  Près de 30 ans après la Déclaration de Copenhague, le programme social a le potentiel d’accélérer Programme 2030 si chacun sort de ses visions étriquées, a-t-il conclu.

La Commission a de plus adopté un projet de résolution (E/CN.5/2025/L.7) pour fixer le thème prioritaire de sa soixante-quatrième session: « Promouvoir le développement social et la justice sociale au moyen de politiques coordonnées, équitables et inclusives ». 

Postes à pourvoir à l’UNRISD

Par ailleurs, afin de pourvoir à des postes au Conseil d’administration de l’Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social (UNRISD), la Commission a décidé de présenter la candidature de M. Olivier de Schutter (Belgique) et de Mme Graziella Moraes Silva (Brésil) pour un mandat supplémentaire prenant effet à la date de sa confirmation par l’ECOSOC et expirant le 30 juin 2027, ainsi que Mme Jenina Joy Chavez (Philippines) pour un mandat de quatre ans prenant effet à la date de sa confirmation par l’ECOSOC et expirant le 30 juin 2029.

Le bilan de la session

Le Président de cette session, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne) s’est félicité des travaux menés de cette semaine sur les problèmes multiformes qui entravent le progrès social.  Il s’est dit convaincu que la transformation sociale souhaitée ne pourra avoir lieu sans s’attaquer aux causes profondes des inégalités, sans donner plus d’autonomie à tous les individus et sans favoriser un environnement où chaque voix est entendue et valorisée. 

« Nos discussions ont mis en évidence le caractère central de l’égalité des sexes, des droits humains et de la promotion de la cohésion sociale », a salué M. Szczerski, rappelant que le renforcement des systèmes de protection sociale et l’assurance d’un accès équitable à la santé, à l’éducation, à un travail décent et au logement sont essentiels pour créer des sociétés plus justes et plus inclusives. 

Ces progrès doivent non seulement être inclusifs mais aussi durables, compte tenu du réseau complexe de défis tels que les changements climatiques, la fracture numérique et les changements démographiques qui façonnent notre avenir collectif, a poursuivi le Président de la Commission, avant de louer les exemples de la Finlande sur l’économie du bien-être, les efforts de l’Ouganda pour autonomiser les populations vulnérables, et l’engagement du Brésil à éradiquer la faim.  Il y a vu de précieuses leçons de résilience. 

M. Szczerski s’est aussi réjoui de la reconnaissance par la Commission de l’importance croissante de l’économie sociale et solidaire, en particulier des coopératives, qui continuent d’apporter une contribution significative à l’économie mondiale.  En remédiant aux défaillances du marché, en créant des emplois, en donnant plus de pouvoir aux communautés marginalisées et en soutenant le développement durable, les coopératives incarnent les principes de coopération volontaire, d’entraide et de primauté de l’objectif social sur le profit, a-t-il relevé, appelant à soutenir davantage ce secteur. 

Il a enfin estimé que le deuxième Sommet mondial pour le développement social, qui se tiendra en novembre à Doha, est l’occasion de redéfinir les priorités et de renouveler notre détermination collective. « Il est essentiel que nous restions déterminés à poursuivre les réformes structurelles, la réduction de la pauvreté et des inégalités, la promotion d’emplois de qualité, l’élimination des obstacles à l’éducation et à la technologie et la création de systèmes de protection sociale résilients capables de résister aux chocs de notre monde en constante évolution », a-t-il plaidé, non sans rappeler que la paix et la sécurité sont inextricablement liées au développement social. 

Avant de clore la soixante-troisième session, la Commission a entériné le rapport sur ses travaux (E/CN.5/2025/L.2), présenté par la Vice-Présidente et Rapporteuse, Mme Paola Andrea Morris Garrido (Guatemala), et adopté l’ordre du jour provisoire et la documentation de sa soixante-quatrième session (E/CN.5/2025/L.1).

Ouverture de la soixante-quatrième session

La première réunion de la soixante-quatrième session de la Commission s’est ouverte avec l’élection de Mme Khrystyna Hayovyshyn (Ukraine) à sa présidence.  Elle sera épaulée par Mme Céline Pierre Fabre (Haïti) et M. Stefano Guerra (Portugal) à la vice-présidence.  L’élection des représentants issus du Groupe des États d’Afrique et du Groupe des États d’Asie et du Pacifique aura lieu à une date ultérieure. 

 

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