En cours au Siège de l'ONU

Soixante-troisième session,
6e séance plénière – matin
SOC/4921

La Commission du développement social examine les questions de résilience sociale et de développement social dans un contexte de crises complexes

Les participants à la soixante-troisième session de la Commission du développement social ont examiné, ce matin, « les questions nouvelles: résilience sociale et développement social » au cours de deux tables rondes.  La première a porté sur les « politiques visant à renforcer la résilience sociale dans un contexte de crises plus fréquentes et plus complexes », la deuxième sur des « systèmes de protection sociale universels fondés sur les droits qui s’adaptent à l’évolution des risques et soutiennent la résilience sociale ».  Plusieurs intervenants ont plaidé pour des systèmes de protection sociale fondés sur les droits humains et exemptes de pressions politiques partisanes.

Des politiques sociales à élaborer et appliquer avec les communautés

D’emblée, les effets réels des politiques sociales sur les populations ont été mis en avant.  Pour que les populations puissent ressentir les avantages recherchés par les politiques sociales, il faut que celles-ci soient choisies, mises en œuvre et évaluées par et avec les communautés, a recommandé lors de la première table ronde un chercheur en sciences sociales du Groupe de recherche sur le développement de la Banque mondiale.  Pour lui, dans des contextes complexes, la mise en œuvre des politiques de solidarité et cohésion sociales dépend de la crédibilité des décideurs, du respect des règles communes et des valeurs sociétales, de la participation et de la transparence.

Le chercheur a par ailleurs mis en garde contre les politiques de développement qui peuvent elles-mêmes faire partie du problème.  Il a ainsi parlé du risque qu’elles sapent la solidarité communautaire en marginalisant des aînés analphabètes, par exemple.  Ces politiques peuvent également remettre en question des pratiques culturelles ancestrales.

D’où l’importance d’une « gouvernance participative » qui donne aux communautés marginalisées les moyens de créer des solutions à la question de la résilience sociale, a souligné l’ancienne Ministre de l’éducation du Nigéria et fondatrice de l’École de politique publique et de gouvernance.  Ces communautés peuvent trouver des réponses aux besoins qui leur sont spécifiques dans la mesure où un engagement actif des citoyens dans la gouvernance locale est permis.  C’est la pierre angulaire d'une démocratie saine, a insisté l’ancienne Ministre en expliquant que cela donne des résultats politiques plus efficaces et plus équitables, favorisant ainsi la résilience des communautés. 

Elle a également misé sur des institutions publiques transparentes qui donnent la priorité au bien-être des citoyens plutôt qu’au clientélisme politique.  La transparence des activités gouvernementales est cruciale pour maintenir la confiance du public, a-t-elle observé.  S’agissant du leadership, elle a souligné la nécessité de former les dirigeants aux principes de prise de décisions basés sur la résilience pour qu’ils puissent naviguer efficacement dans des contextes de crises complexes.  Face à la dégradation de la qualité du leadership sur le continent africain, elle a encouragé à investir dans l’apprentissage de base, l’apprentissage tout au long de la vie et la formation des enseignants.

La résilience mentale au cœur du développement social

Prenant la parole à son tour, le fondateur de la Fondation Kaminski a focalisé son intervention sur la résilience en milieu hostile pour recommander plus de programmes scolaires axés sur la résilience mentale, renforcer l’aide aux personnes dans le besoin et investir dans la résilience sur le lieu de travail.  « Si nous voulons des économies et des communautés prospères, il faut investir dans le renforcement de la résilience mentale des individus. »  Le succès du renforcement de la résilience des populations vulnérables en Israël a ensuite été présenté par le Président-Directeur général de l’Open University d’Israël, qui a cité les cinq domaines clefs d’intervention que sont le développement social, l’emploi, les services municipaux, le logement et les infrastructures physiques.  Selon lui, les partenariats avec les dirigeants communautaires, les ONG et les universités sont essentiels pour le développement social.  

Besoin de se fonder sur les droits humains et besoin de leadership

Parmi les États Membres qui ont participé à la discussion, la Suisse a martelé que sans respect des droits humains fondamentaux, il ne peut y avoir de développement, surtout pour les jeunes.  Plusieurs orateurs ont abordé le rôle du leadership qui est important pour prendre à bras le corps les problèmes complexes.  Le chercheur principal de la Banque mondiale a estimé que les nouveaux leaders devraient émerger organiquement des administrations elles-mêmes.  En d’autres termes, les pouvoirs publics devraient aménager des espaces pour que ces nouveaux leaders émergent.  Il a aussi souligné la nécessité pour les pays en développement ou émergeants de trouver de nouvelles recettes dans un monde où les moyens sont de moins en moins disponibles pour faire des investissements sociaux. 

Alors que le Mali a demandé des réponses concrètes, pour sortir des discours, l’ancienne Ministre nigériane a répondu que tout le développement se fait au niveau local, c’est-à-dire que l’appropriation par les pays est cruciale. Selon elle, pour combler la défaillance de leadership, « le contexte actuel peut être le moment de l’Afrique où l’âge médian est de 18 ans ».  « Les actions requièrent du leadership », a confirmé le chercheur de la Banque mondiale, qui a aussi misé sur les fonctionnaires servant la population et cherchant à identifier les difficultés et à y répondre. 

L’impact des technologies numériques sur la résilience sociale

La deuxième table ronde a permis aux participants de débattre sur le thème « systèmes de protection sociale universels fondés sur les droits qui s’adaptent à l’évolution des risques et soutiennent la résilience sociale ».  Le Président du Club de Madrid a insisté sur les liens entre le développement, les droits humains et le développement social.  Lui aussi a mis l’accent sur les personnes vulnérables dont l’inclusion dans les systèmes de protection sociale est cruciale pour garantir la résilience de toute la population.  Il a également recommandé d’intégrer dans les débats les technologies numériques qui ont un impact direct sur les gens.  Notant que la période actuelle est marquée par une transition vers l’économie verte et numérique, le Président du Club de Madrid a préconisé que les débats soient guidés par les principes d’égalité et d’équité afin de garantir leur succès. 

L’efficacité des politiques dépend de la coordination des programmes et de l’absence de pression

La réussite des programmes de protection sociale et du renforcement de la résilience des pauvres et des vulnérables repose sur une coordination solide des programmes et des stratégies, a fait valoir la Secrétaire permanente au Ministère du développement communautaire et des services sociaux de la Zambie.  Avec une vision claire, une bonne coordination et des financements suffisants, nous pouvons créer des systèmes qui non seulement fournissent une aide immédiate, mais donnent également aux gens les moyens de surmonter les défis futurs, a-t-elle fait valoir. Elle a formé le vœu que la protection sociale devienne un mécanisme « durable, adaptable et inclusif » pour renforcer la résilience, réduire la pauvreté et faire face aux changements climatiques, aux crises économiques et aux inégalités sociales.

Le Directeur du Conseil national d’assistance sociale du Ministère du développement et d’aide sociale du Brésil a fait la publicité de son entité qui, il y a deux décennies, a doté le pays d’un système d’assistance sociale solide et fondé sur les principes d’universalité, d’équité et de participation démocratique.  Les prestations, décentralisées, vont de la protection sociale classique à la prise en charge des personnes en situation de vulnérabilité et à la lutte contre les inégalités, la faim, la pauvreté et les violences.  Le système soutient 4,7 millions de personnes handicapées et de personnes âgées à faible revenu.  En 2023, le système a porté une aide à 43,9 millions de personnes. 

Le Directeur s’est prévalu du caractère apolitique des activités du Conseil qui transcendent les politiques de droite ou de gauche des gouvernements.  Il est en effet important que les politiques de développement social soient protégées des pressions politiques partisanes, ont plaidé les Philippines soucieuses de l’efficacité de ces politiques qui doivent bénéficier continuellement aux populations. 

Le Directeur exécutif de la Section technique du cabinet social au Cabinet du Président de la République du Paraguay a présenté, lui aussi, son système de protection sociale, « le premier dans la région » selon lui. Ce système, qui repose sur les droits humains, est fondé sur trois piliers, à savoir l’intégration sociale, l’insertion professionnelle et la sécurité sociale.  Les délégations qui ont participé à la discussion interactive, comme le Panama, ont insisté, entre autres, sur la préparation à la transition vers une économie verte et numérique, des éléments essentiels à la résilience sociale. 

La Commission, qui a achevé cet après-midi son débat général, poursuivra demain ses travaux en abordant notamment le sujet de l’économie sociale et solidaire. 

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