La Commission du développement social débat des voies et moyens de renforcer la solidarité et la cohésion sociale
À l’occasion d’un forum ministériel, la Commission du développement social a approfondi, ce matin, sa réflexion sur les moyens de renforcer la solidarité et la cohésion sociale aux niveaux national et local. Les échanges ont notamment porté sur les actions et politiques nécessaires pour retrouver l’élan vers l’éradication de la pauvreté, l’inclusion sociale et le travail décent, mais aussi sur les bonnes pratiques en matière de transparence afin d’accroître la confiance entre les populations et les gouvernements.
Modérée par le Président de la soixante-troisième session de la Commission, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne), cette discussion a mis en lumière des visions du développement social étroitement liées aux spécificités socioéconomiques des pays. La Ministre des affaires sociales et de la santé de la Finlande a ainsi relevé qu’investir dans la couverture sanitaire universelle, la protection sociale universelle, l’éducation et l’égalité des sexes contribue grandement à la cohésion sociale et à la croissance économique inclusive. De fait, a-t-elle souligné, ces éléments, associés au travail décent et à un marché du travail inclusif, sont les meilleurs moyens de lutter contre la pauvreté et la discrimination, et par voie de conséquence, d’améliorer la cohésion sociale.
Dans le même ordre d’idées, la Ministre des services sociaux de la Suède a indiqué que son pays a procédé récemment à une réforme de sa politique sociale, « la plus importante de la dernière décennie », dans le but de créer une société « accessible pour tous et à tous ». Dans ce cadre, les services sociaux mènent un suivi systématique des politiques d’intégration des personnes marginalisées, en particulier de celles en situation de handicap. Le Gouvernement suédois s’appuie également sur la prévention et les interventions précoces auprès des parents et des familles pour briser la corrélation entre les problèmes psychosociaux des enfants et le fait de vivre dans la précarité.
L’intégration sociale a aussi été mise en avant par la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda, pour qui il s’agit d’un impératif absolu pour lutter contre le chômage et la pauvreté. Tout en reconnaissant le retard pris par son pays -comme tous ceux du Sud- dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), elle a expliqué que l’Ouganda donne la priorité aux politiques de promotion des investissements directs étrangers dans l’espoir de stimuler son économie. Parallèlement, un accès abordable aux services publics a été aménagé, notamment dans les zones rurales, tandis que des programmes de formations qualifiantes ont été lancés pour faciliter l’accès à l’emploi, notamment pour les femmes. Le soutien financier aux entrepreneuses a en outre été accru, grâce notamment à un prêt de 217 millions de dollars de la Banque mondiale, a-t-elle précisé, appelant à la solidarité internationale en prévision du prochain Sommet mondial pour le développement social en novembre prochain à Doha.
En dépit des progrès accomplis depuis la tenue du Sommet mondial de Copenhague en 1995, les inégalités de revenus et de patrimoine continuent d’atteindre des niveaux alarmants partout dans le monde, a constaté, pour sa part, la Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala qui a indiqué que dans son pays, 59% des gens vivent dans la pauvreté, en particulier dans les zones rurales et autochtones. Aussi le Gouvernement a-t-il lancé des politiques de protection sociale pour que les familles les plus vulnérables aient accès à des opportunités en termes d’éducation, de santé et d’emploi décent. Convaincu que la croissance économique doit aller de pair avec l’intégration sociale, le Guatemala préconise aussi un environnement propice aux investissements et à la création d’entreprises dans des secteurs essentiels comme l’agriculture durable ou le numérique.
L’importance de la croissance économique pour toute politique de progrès social a également été mis en avant par le Directeur général de l’Agence djiboutienne de développement social qui a reconnu que son pays demeure l’un des plus inégaux de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, avec un coefficient de Gini de 40,6% et un taux de pauvreté extrême de 19,1%.
Dans ce contexte, l’Agence djiboutienne de développement social a comme mandat non seulement la lutte contre la pauvreté, mais aussi le rattrapage des inégalités en termes d’infrastructures sociales de base entre les villes et les régions, a indiqué son responsable, selon lequel il importe également de renforcer la participation des citoyens aux décisions publiques. Cette approche participative s’inscrit pleinement dans la « Vision Djibouti 2035 », qui vise à bâtir une gouvernance plus inclusive, transparente et centrée sur le bien-être de la population, a-t-il affirmé.
Au cours du débat interactif qui a suivi, plusieurs États Membres ont présenté la famille comme la pierre angulaire de leurs politiques de solidarité et de cohésion sociale. Le Ministre de la solidarité sociale de la Türkiye a fait état de plusieurs initiatives nationales en la matière, dont un plan d’action pour la protection des droits des familles, le lancement de l’année de la famille en 2025, et un dispositif d’autonomisation des femmes et des jeunes axé sur le développement de l’entrepreneuriat et l’acquisition de compétences numériques, « étapes essentielles pour parvenir à une société inclusive ». Il a été rejoint dans cette vision par le Ministre du développement social du Panama, qui a mis en exergue l’importance de l’autonomie financière des familles, avant de souligner l’importance d’une gouvernance inclusive, associant les populations dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques publiques, et d’un partenariat public-privé pour le développement social.
De son côté, la Vice-Ministre des services sociaux du Chili a annoncé l’établissement d’institutions nationales consacrées au développement social, notamment dans le but de créer un environnement propice à l’action locale et dans les quartiers. La nutrition, les soins et l’égalité des sexes sont autant de piliers du bien-être social des populations, a-t-elle fait valoir.
La Secrétaire d’État au développement social des Philippines a, elle, dénoncé l’utilisation à mauvais escient des réseaux sociaux, qui impactent négativement la cohésion sociale et alimentent les troubles sociaux. Elle a donc plaidé pour des politiques qui promeuvent le dialogue, la lutte contre les préjugés, la transparence et le renforcement de la confiance dans les institutions et les gouvernements, prônant par ailleurs une utilisation des technologies numériques orientée vers les plus vulnérables, « parce que leurs voix doivent être entendues dans l’élaboration des politiques ». Ce n’est qu’ainsi que ces groupes défavorisés pourront accorder leur confiance aux institutions, a-t-elle estimé.
À la suite de Cuba, qui a dénoncé la « pression maximale » exercée sur elle et son peuple par les États-Unis, tout en rappelant la politique solidaire qu’elle mène depuis 60 ans avec les pays du Sud, l’Iran a condamné les mesures coercitives unilatérales, « y compris les sanctions illégales », qui entravent le droit à la vie, la sécurité alimentaire et l’accès à une éducation de qualité et à un emploi décent dans les pays en développement.
Le grand groupe des enfants et des jeunes des Nations Unies a ensuite dénoncé toutes les formes de violence, de discrimination et d’injustice à l’encontre des enfants, imputant aux pays développés la responsabilité de cet « échec collectif ». Fort de ce constat, il a appelé à élaborer un nouveau contrat social pour les générations futures, qui prévoit notamment le principe de responsabilité. La Vice-Ministre des affaires étrangères du Guatemala a répondu à cet appel en l’élargissant à la violence faite aux femmes, qui nuit gravement à la cohésion sociale, tandis que le Directeur général de l’Agence djiboutienne de développement social insistait sur l’importance de l’éducation des jeunes filles.
Prenant à son tour la parole, l’Union européenne s’est engagée à réduire de 15 millions le nombre de personnes exclues sur son territoire. Cela passera par l’amélioration des accès aux services, au marché du travail et à l’apprentissage, mais aussi par la lutte contre les disparités et la promotion de la transition numérique, a-t-elle assuré.
En conclusion, le Président de la Commission a indiqué que les échanges de ce forum ministériel feront partie des contributions au segment de haut niveau de l’ECOSOC ainsi qu’au forum politique de haut niveau de 2025.
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