En cours au Siège de l'ONU

Soixante-troisième session,
2e séance – matin
SOC/4919

La Commission du développement social lance les travaux d’une session axée sur la cohésion et la résilience des sociétés

Au coup d’envoi ce matin de la soixante-troisième session de la Commission du développement social, son Président, M. Krzysztof Maria Szczerski (Pologne), a donné aux États Membres quelques lignes directrices afin de préserver les « progrès sociaux remarquables » réalisés depuis la Déclaration de Copenhague de 1995.  Il les a exhortés, ainsi que les entités des Nations Unies et les organisations de la société civile, à promouvoir la bonne gouvernance, des systèmes fiscaux justes et des services de santé et éducatifs inclusifs.  De concert avec tous les autres orateurs, il a dit attendre de cette session des recommandations visant à mettre en application le Programme 2030 et le Pacte pour l’avenir et à nourrir le deuxième Sommet mondial pour le développement social prévu du 4 au 6 novembre 2025 à Doha (Qatar). 

La session s’étale sur cinq jours et comporte un débat général, des tables rondes et un forum de la société civile, a indiqué le M. Szczerski en précisant le thème prioritaire: « Renforcer la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale pour accélérer la réalisation des engagements pris dans la Déclaration de Copenhague sur le développement social et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social ainsi que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Plantant le décor, le Président de la Commission a noté le déclin inquiétant de la confiance dans les institutions, un phénomène qui sape le développement social, crée la division et mine les efforts visant à éradiquer la pauvreté.  C’est sur la « cohésion sociale » qu’il a misé pour faire avancer le développement social, en rappelant que c’est précisément une « question émergeante » identifiée par la Commission pour cette session, de même que celle du « développement social ». 

Un nouvel élan est attendu

Si le Président de l’Assemblée générale, M. Philémon Yang, a reconnu lui aussi les réels progrès engrangés depuis les engagements de Copenhague de 1995, il a appelé à « insuffler un nouvel élan pour nos objectifs de justice sociale et d’équité ».  Le bilan de la dernière décennie, notamment l’augmentation de 20% de l’écart entre les riches et les pauvres et les presque 700 millions de personnes vivant aujourd’hui dans une extrême pauvreté, a conduit M. Yang à s’inquiéter pour les 4,5 milliards de personnes, environ, qui ne bénéficient pas de services de santé essentiels et pour les jeunes sans emploi, ni éducation, ni formation (20% des jeunes en 2023).

« Nous sommes à cinq ans de la réalisation des objectifs de développement durable », s’est-il impatienté.  D’où son appel à suivre une approche du développement économique basée sur les valeurs, les personnes et la planète plutôt que le pouvoir et le profit.  L’économie sociale et solidaire, que l’Assemblée générale a reconnue en décembre 2024 comme clef du développement durable, offre une voie vers une croissance durable et inclusive, a rappelé M. Yang en expliquant que cela passe par l’autonomisation des communautés locales, le travail décent, l’égalité des sexes, la fourniture équitable de soins de santé et d’éducation et des systèmes de protection sociale.  Il a rappelé que chaque dollar investi dans la protection sociale rapporte 3 dollars, plaidant pour des modèles économiques innovants pour faire émerger des sociétés plus justes et équitables pour tous. 

Ajoutant aux chiffres donnés par le Président de la Commission, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a rappelé que 733 millions de personnes sont actuellement confrontées à la faim.  M. Li Junhua a pointé du doigt la faible croissance économique dans de nombreux pays, qui entrave les progrès sociaux.  Il a fait remarquer en outre que si la transition verte et la technologie numérique offrent des opportunités de croissance, elles profitent de manière disproportionnée aux économies développées, laissant de nombreux pays en développement à la traîne. 

Pour combler les écarts de développement, M. Li a conseillé d’approfondir la confiance entre les personnes et les systèmes publics. Cela signifie également augmenter les investissements dans le travail décent, la protection sociale, la santé et l’éducation de qualité, soutenus par des politiques fiscales efficaces et équitables.  Un dialogue avec les parties prenantes, en particulier les populations marginalisées, sur la conception, la mise en œuvre et le suivi des politiques, est essentiel, a-t-il ajouté. 

Inclure les jeunes comme les populations marginalisées

Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), organe dont dépend la Commission du développement social, a craint le détricotage des progrès réalisés depuis le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague à cause de la faim, de la pauvreté extrême, des incidences des changements climatiques et du creusement continuel des inégalités sociales. Pour M. Bob Rae, il faut lutter contre le chômage des jeunes et impliquer les personnes handicapées dans les sociétés afin que ces groupes de populations participent davantage à la vie sociale.  Les ODD ne seront pas atteints si le monde ne progresse pas dans le domaine de l’égalité des sexes, a-t-il prévenu. 

Aux yeux de M. Rae, l’élan donné par le Pacte pour l’avenir doit perdurer lors du prochain Sommet mondial pour le développement social.  Cela implique d’avoir une vision stratégique sur les mesures à prendre, notamment en matière de solidarité.  « Promettez moins et faites plus », a-t-il lancé aux délégations, avant de leur demander de « s’attaquer à l’élimination de la méfiance pour contribuer à la solidarité et à l’inclusion ». 

L’appel à impliquer les jeunes a été notamment relayé par Mme Judy Kipkenda, Coprésidente du Groupe mondial des jeunes autochtones. Dans son message vidéo, elle a exhorté la Commission à donner la priorité au renforcement de la solidarité, de l’inclusion sociale et de la cohésion sociale afin d’accélérer la mise en œuvre des engagements pris notamment en 1995.  Alors que les inégalités mondiales se creusent et que la cohésion sociale s’érode, les jeunes sont « la clef et les solutions » car ils possèdent la créativité, l’innovation et l’énergie nécessaires pour relever ces défis, a-t-elle plaidé.

Dans le même sens, la Présidente du Comité des ONG pour le développement social a rappelé que la société civile et les organisations locales et autochtones doivent être à l’avant-garde pour contribuer au développement social des sociétés.  Il est temps, selon elle, d’envisager une nouvelle société, plus juste et plus axée sur l’humain.

Solidarité, inclusion sociale et cohésion sociale

La table ronde qui a suivi les déclarations d’ouverture de cette soixante-troisième session a été axée sur le thème prioritaire de la session, soit la solidarité, l’inclusion sociale et la cohésion sociale.

La situation actuelle exige de revoir les objectifs et de mobiliser davantage de ressources, a évalué la Directrice générale adjointe de l’aide hellénique au Ministère des affaires étrangères de la Grèce. Pour progresser véritablement dans le domaine social, il est crucial d’intégrer cette notion dans toutes les politiques publiques et d’honorer les engagements financiers, a-t-elle défendu.  La Directrice adjointe de la Division du travail au Secrétariat d’État suisse des affaires économiques a, pour sa part, appelé à renouveler le contrat social, ancré dans les droits de l’homme, avec un accent sur la justice sociale.  Pour améliorer le niveau de vie de toute la population, il faut permettre une croissance économique inclusive, parvenir à une augmentation de la productivité et utiliser les technologies émergentes. 

Il faudra définir les termes de ce nouveau contrat social, a rebondi la France, par la voix de la Représentante du Gouvernement français auprès de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et du G7-G20 pour le travail, l’emploi et la protection sociale.  Elle a aussi promu les normes internationales du travail adoptées à l’OIT, qui contribuent tant à la protection des droits des travailleurs qu’à la soutenabilité de l’activité économique et à un développement durable et inclusif.  « Elles répondent aux besoins de régulation dans le monde du travail, à condition qu’elles soient pleinement mises en œuvre par les États qui les ratifient », a insisté la représentante française.

Les orateurs de cette matinée d’ouverture avaient les yeux tournés vers le deuxième Sommet mondial pour le développement social, qui aura lieu en dans neuf mois, à l’instar de M. Guy Ryder, Secrétaire général adjoint aux politiques, pour qui « il n’est pas trop tard pour changer de cap », et ce malgré les tendances alarmantes en matière de pauvreté et d’inégalités dans le monde. Le Sommet de l’avenir a réaffirmé que la pauvreté est le plus grand défi à relever et que l’action multilatérale reste une nécessité, a-t-il rappelé en exprimant son espoir que les travaux de la Commission du développement social permettent de renouveler les engagements pris dans la Déclaration de Copenhague et d’accélérer la réalisation du Programme 2030, afin que nul ne soit laissé pour compte. 

M. Ryder a mis son espoir dans le passage à l’économie verte et dans des politiques budgétaires axées sur l’individu.  Il faut des prises de décision inclusives, a-t-il martelé en souhaitant le renforcement de la confiance entre les populations et les institutions lors des consultations dans l’optique du deuxième Sommet mondial pour le développement social.

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