En cours au Siège de l'ONU

SC/15982

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la situation en République démocratique du Congo

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, M. Amar Bendjama (Algérie):

Les membres du Conseil de sécurité ont condamné avec la plus grande fermeté la poursuite des avancées du M23 dans le Nord-Kivu, notamment la prise de contrôle du centre de Masisi le 4 janvier 2025 et de Sake le 23 janvier 2025, et se sont déclarés vivement préoccupés par les menaces directes pesant sur Goma, qui font courir un risque accru à des centaines de milliers de civils.  Ces avancées représentent une grave violation du cessez-le-feu, accentuent la gravité de la crise humanitaire et de la crise de déplacement qui règnent dans l’est de la République démocratique du Congo et entravent les efforts déployés pour trouver une solution pacifique et politique durable au conflit dans le cadre du processus de Luanda.  Les membres du Conseil se sont fait l’écho de la déclaration du Secrétaire général en date du 26 janvier 2025 et ont exigé l’arrêt immédiat de l’offensive et des avancées en direction de Goma.  Ils ont également exhorté le M23 à suspendre sans délai son expansion territoriale.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur plein soutien à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), qui agit dans le cadre de son mandat et fait un travail essentiel en République démocratique du Congo, notamment près de Goma, et se sont dits fermement attachés à la sûreté et à la sécurité de ses Casques bleus.  Ils ont rendu hommage à tous les soldats de la paix qui mettent leur vie en danger.  Ils ont adressé leurs plus sincères condoléances et exprimé toute leur solidarité aux familles des Casques bleus tués ainsi qu’à l’Afrique du Sud, au Malawi et à l’Uruguay.  Ils ont également adressé leurs condoléances à l’Organisation des Nations Unies.  Ils ont souhaité un prompt et complet rétablissement aux Casques bleus blessés.  Ils ont réaffirmé que les attaques contre les soldats de la paix pouvaient constituer des crimes de guerre.  Ils ont souligné que le fait de préparer, d’ordonner, de commanditer ou de commettre des attaques contre des Casques bleus de la MONUSCO était un motif de sanctions en application de résolutions du Conseil.

Les membres du Conseil ont condamné le mépris flagrant actuellement manifesté à l’égard de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, notamment la présence non autorisée de forces extérieures dans l’est du pays, comme l’a signalé le Groupe d’experts, et ont exigé que ces forces se retirent immédiatement et que le M23 cesse de mettre en place des administrations parallèles sur le territoire de la République démocratique du Congo.  Ils ont exhorté toutes les parties à respecter scrupuleusement le cessez-le-feu.  Ils ont en outre réaffirmé qu’ils condamnaient l’exploitation illicite systématique des ressources naturelles dans l’est de la République démocratique du Congo, soulignant que ces actes entretenaient le conflit.

Les membres du Conseil ont engagé vivement le Rwanda et la République démocratique du Congo à reprendre les pourparlers diplomatiques afin de parvenir à un règlement durable et pacifique du conflit qui perdure dans la région, notamment en abordant les questions relatives à la présence de membres de la Force de défense rwandaise dans l’est de la République démocratique du Congo et au soutien apporté par la République démocratique du Congo aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), comme l’a indiqué le Groupe d’experts.  Ils ont réaffirmé leur soutien indéfectible aux efforts de médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda actuellement déployés dans le cadre du processus de Luanda, dirigé par le Président de l’Angola, João Manuel Gonçalves Lourenço, médiateur désigné par l’Union africaine.

Les membres du Conseil sont également profondément préoccupés par la poursuite des activités de brouillage et d’usurpation du Système mondial de localisation (GPS) à l’appui des opérations du M23 dans le Nord-Kivu, qui représentent un risque imminent pour la sécurité de l’aviation civile et entravent la fourniture d’aide humanitaire aux populations dans le besoin.  Ils ont demandé qu’il soit mis fin au brouillage et à l’usurpation du système GPS ainsi qu’au déploiement de missiles sol-air, qui menacent la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix des Nations Unies et entravent l’exécution de son mandat de protection des civils.

Les membres du Conseil ont condamné la persistance des violations du droit international humanitaire et des violations des droits humains et atteintes à ces droits dans l’est de la République démocratique du Congo, notamment des cas de violences sexuelles et fondées sur le genre, de recrutement et d’utilisation d’enfants soldats et d’exécutions sommaires par des groupes armés.  Les membres du Conseil ont demandé que tous les responsables soient amenés à répondre de leurs actes.  Ils ont exhorté les deux parties à honorer rapidement tous les engagements qu’elles ont pris dans le cadre du processus de Luanda et à coopérer pleinement et de bonne foi avec l’Angola pour accélérer la mise en œuvre du plan harmonisé de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et du désengagement des forces.  Les membres du Conseil ont également souligné qu’il importait de reprendre les consultations dans le cadre du processus de Nairobi, sous la direction de l’ancien Président Uhuru Kenyatta, afin de régler la question persistante des groupes armés, y compris le M23, qui opèrent en République démocratique du Congo, et de tracer la voie à suivre pour instaurer la paix et la stabilité dans la région.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les États de la région.  Ils ont rappelé la résolution 2765 (2024) et exprimé leur plein soutien à la MONUSCO et au Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs.

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