9869e séance – matin  
CS/16008

Conseil de sécurité: le point sur la situation au Soudan

Le Conseil de sécurité examine, ce matin, la situation du Soudan.  Il entendra à cette occasion un exposé de la Directrice des opérations et de la communication du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Mme Edem Wosornu.

 

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(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.) 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Exposé

Mme EDEM WOSORNU, Directrice de la Division des opérations et de la communication du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a rappelé qu’en près de deux ans de conflit au Soudan, plus de 12 millions de personnes ont été déplacées, dont 3,4 millions qui ont fui au-delà des frontières du pays.  Elle a ajouté que 24,6 millions de personnes, soit plus de la moitié de la population soudanaise, souffrent de faim aiguë et que les services de santé se sont effondrés. Dans ce contexte de dégradation de la situation des civils, des millions d’enfants traumatisés sont privés d’éducation formelle et la violence sexuelle est incessante, a-t-elle constaté, avant de faire le point sur les derniers développements au Darfour septentrional. 

Huit mois après l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2736 (2024), les civils continuent d’être attaqués, a précisé Mme Wosornu, faisant état d’une intensification des violences dans le camp de déplacés de Zamzam et aux alentours, « où la famine est avérée ».  Selon elle, des images satellite confirment l’utilisation d’armes lourdes ces dernières semaines, ainsi que la destruction des principales installations commerciales du camp.

En raison des combats dans cette zone, qui ont coûté la vie à de nombreux civils, dont au moins deux travailleurs humanitaires, l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF), principal fournisseur de services de santé et de nutrition à Zamzam, a annoncé lundi qu’elle était contrainte de cesser ses opérations dans le camp, a rapporté la responsable de l’OCHA.  Parallèlement, les civils continuent d’être touchés par les combats acharnés qui se poursuivent dans certaines parties de Khartoum, où des exécutions sommaires sont signalées dans les zones qui ont changé de mains, tandis que, dans le sud du pays, les affrontements se propagent dans le Kordofan septentrional et du Kordofan méridional.  Mme Wosornu a également fait état de nouvelles atrocités dans l’État du Nil-Blanc, notamment une vague d’attaques au début du mois qui aurait tué des dizaines de civils. 

Au vu de cette situation, l’intervenante a salué la décision des autorités soudanaises de prolonger l’autorisation d’utilisation du point de passage d’Adré pour les mouvements humanitaires.  Notant que les partenaires humanitaires ont poursuivi leurs efforts pour accroître l’aide via les itinéraires transfrontaliers, elle a indiqué que, l’an dernier, quelque 15,6 millions de personnes ont bénéficié d’une forme d’aide humanitaire dans tout le pays.  Elle a toutefois reconnu que tout ce qui parvient à destination ne représente qu’une fraction de ce qui est nécessaire.  « L’insécurité et les hostilités actives, les obstacles bureaucratiques persistants et les interférences plus larges continuent de saper nos efforts pour atteindre les personnes dans le besoin », a-t-elle déploré.

Mme Wosornu a rappelé que, la semaine dernière, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Tom Fletcher, et le Haut-Commissaire des Nations Unies aux réfugiés, M. Filippo Grandi, ont lancé les plans d’intervention pour le Soudan et la région à l’horizon 2025, lesquels nécessitent 6 milliards de dollars pour venir en aide à près de 21 millions de personnes au Soudan et jusqu’à 5 millions d’autres, principalement des réfugiés, dans les pays voisins.  Cette somme colossale, « supérieure à tout appel coordonné par l’ONU dans l’histoire du Soudan », vise à répondre à une crise humanitaire « sans précédent par son ampleur et sa gravité », a-t-elle souligné, appelant la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour tenter d’atténuer cette situation. 

Avant de conclure, elle a demandé au Conseil de prendre des mesures immédiates pour garantir que tous les acteurs respectent le droit international humanitaire et protègent les civils ainsi que les infrastructures et les services dont ils dépendent.  Elle a aussi exigé la mise en œuvre des engagements visant à faciliter et à permettre un accès humanitaire sans entrave aux civils dans le besoin.  Enfin, elle a réclamé une mobilisation sans précédent de l’aide internationale, notamment un financement flexible, remerciant les donateurs qui ont déjà annoncé des engagements financiers. 

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