9857e séance – matin
CS/15991

Conseil de sécurité: séance sur les situations politique et humanitaire en Syrie

(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Ce matin, le Conseil de sécurité tient une séance d’information sur les situations politique et humanitaire en Syrie, au cours de laquelle l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ce pays, M. Geir Otto Pedersen, fera le point sur l’évolution de la situation politique deux mois après l’effondrement du Gouvernement de Bashar Al-Assad.  La Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires, Mme Joyce Msuya, présentera de son côté la situation sur le plan humanitaire. 

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. GEIR OTTO PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a rappelé que le 29 janvier dernier, les factions militaires se sont rassemblées à Damas et ont adopté une déclaration, par laquelle la Constitution de 2012 a été abrogée.  Toutes les entités militaires et révolutionnaires ont été dissoutes pour être incluses au sein des institutions étatiques.  M. Ahmed al-Sharaa a été désigné Président par intérim et Chef de l’État pour la période de transition, a précisé le haut fonctionnaire.  Le lendemain, ce dernier a annoncé mettre sur pied un gouvernement représentatif de la diversité syrienne en vue de la tenue d’élections libres et transparentes et annoncé la création d’un comité préparatoire chargé de sélectionner un « conseil législatif restreint ».  Il a précisé que ces élections pourraient se dérouler dans un délai de quatre à cinq ans.  Les autorités intérimaires se sont engagées en faveur d’une nouvelle Syrie pour tous les Syriens, bâtie sur des fondations crédibles et inclusives.  « Compte tenu de la feuille de route qui a été avancée sur la gouvernance, la Constitution et les élections, les paroles desdites autorités recoupent considérablement les principes clefs de la résolution 2254 (2015) », a souligné M. Pedersen, en ajoutant que l’élément clef sera la mise en œuvre.  « Ma mission est de prodiguer soutien et conseils », a-t-il ajouté. 

Il a insisté sur l’importance de la réussite de la transition syrienne, en relayant les préoccupations de nombreux Syriens devant le manque de transparence de certaines nominations et décisions et l’absence d’état de droit.  Les Syriens, qui veulent une transition crédible et inclusive, demandent que les engagements pris se traduisent en actes concrets.  Les femmes veulent être protégées et participer audit processus.  L’Envoyé spécial a ensuite évoqué le contexte « extrêmement préoccupant » de la transition, marqué par une division territoriale et un conflit actif dans le nord-est du pays.  Il a encouragé les États-Unis, la Türkiye et les partenaires régionaux à parvenir à des compromis susceptibles de ramener la stabilité.  M. Pedersen a également évoqué les craintes des Syriens que la fragmentation sécuritaire ne soit exploitée par des acteurs extérieurs, en particulier si la transition devait échouer.  La mise sur pied d’une armée nationale est donc un élément clef de la transition, a-t-il préconisé.  Enfin, le haut fonctionnaire a appelé à un assouplissement des sanctions en vigueur et salué les signaux émis ces dernières semaines par les États-Unis et l’Union européenne, tout en indiquant qu’une transition crédible permettra d’avancer résolument en ce sens.  Une transition inclusive, crédible et transparente, appuyée par l’ONU et la communauté internationale, respectant la résolution 2254 (2015), est la meilleure façon de répondre aux défis de la Syrie, a insisté l’Envoyé spécial en conclusion. 

Mme JOYCE CLEOPA MSUYA MPANJU, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a d’emblée souligné l’urgence de faire face à l’immense crise humanitaire qui touche plus de 70% de la population syrienne et de répondre aux besoins supplémentaires alors que les hostilités se poursuivent dans certaines zones, en particulier dans le nord.  Les combats à Menbij et aux alentours, dans l’est d’Alep, ont déplacé plus de 25 000 personnes et causé des dizaines de victimes civiles, a-t-elle indiqué, ajoutant que, plus à l’est, les hostilités se poursuivent également dans les provinces de Raqqa et de Hassaké, avec de graves répercussions sur les civils, les stations d’eau et autres infrastructures civiles.  Dans le même temps, les engins explosifs continuent de constituer une menace pour les civils et d’entraver l’aide humanitaire dans tout le pays, tuant des dizaines de personnes et en blessant des dizaines d’autres ces dernières semaines, a déploré Mme Msuya, avant de décrire l’assistance essentielle fournie par l’ONU et ses partenaires humanitaires. 

L’opération transfrontalière depuis la Türkiye reste essentielle, a souligné la Sous-Secrétaire générale, selon laquelle 94 camions transportant de la nourriture, des soins de santé et d’autres fournitures ont traversé le mois dernier les points de passage de Bab el-Haoua et Bab el-Salam, soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier.  Saluant les livraisons continues en provenance de pays de la région, elle a assuré que l’ONU est prête à renforcer sa coordination pour faire en sorte d’atteindre le plus grand nombre possible de personnes dans le besoin.  Depuis l’activation de l’intensification du système humanitaire et la visite du Coordonnateur des secours d’urgence en décembre, la Syrie reste en tête de notre liste de priorités, a-t-elle affirmé, faisant état d’une nouvelle architecture humanitaire rationalisée qui, d’ici au mois de juin, sera dirigée par le Coordonnateur des opérations humanitaires à Damas, avec une équipe de pays réunissant les acteurs humanitaires opérant dans toute la Syrie. 

Parallèlement, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) continue de dialoguer avec les autorités intérimaires sur les assurances qu’elles ont fournies pour faciliter l’accès et alléger les procédures bureaucratiques, a poursuivi Mme Msuya, constatant des améliorations notables, notamment la levée des limites de retrait d’espèces pour les organisations humanitaires, l’autorisation des transactions en livres syriennes ou en dollars américains et le feu vert donné à toutes les expéditions humanitaires en attente aux points de passage.  Elle s’est également félicitée de l’autorisation donnée par les autorités intérimaires à l’ONU de poursuivre les arrangements existants pour les livraisons transfrontalières d’aide depuis la Türkiye, via Bab el-Haoua, pendant six mois supplémentaires. 

La Sous-Secrétaire générale a cependant averti que le manque de financement continue de limiter considérablement l’intensification des efforts. Il en résulte que des dizaines d’établissements de santé risquent de fermer et que les services d’eau et d’assainissement ont été suspendus dans les camps de déplacés du nord-ouest, affectant plus de 635 000 personnes.  Elle a dit attendre de plus amples précisions sur les implications du gel des activités financées par les États-Unis.  Rappelant que le financement américain a représenté l’an dernier plus d’un quart de l’aide au Plan de réponse humanitaire en Syrie, elle a prévenu que « les retards ou la suspension auront une incidence sur l’accès des personnes vulnérables aux services essentiels ».  Dans l’immédiat, l’ONU et ses partenaires lancent un appel de fonds de 1,2 milliard de dollars pour atteindre 6,7 millions de personnes d’ici au mois de mars, avant d’élaborer un appel complet pour le reste de l’année sur la base de nouvelles évaluations.  Par ailleurs, le retour durable, sûr et digne des 6 millions de réfugiés syriens disséminés dans la région nécessite des investissements substantiels dans les moyens de subsistance, les services de santé, la reconstruction des écoles et le rétablissement des infrastructures d’électricité et d’eau, a expliqué Mme Msuya.  Selon elle, plus d’un quart des réfugiés espèrent rentrer chez eux au cours de l’année à venir. 

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