9835e séance - matin
CS/15964

Conseil de sécurité: réunion sur le Yémen

(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.) 

Le Conseil de sécurité se réunit ce matin sur le dossier du Yémen.

Il entendra à cette occasion un exposé de l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grunberg, et de la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Joyce Msuya.

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué que le contexte s’est de plus en plus internationalisé, notant que les frappes d’Ansar Allah en Israël et ses attaques en mer Rouge ont entraîné des représailles de la part des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Israël sur le Yémen.  Les récentes frappes aériennes israéliennes ont endommagé des infrastructures civiles essentielles, notamment le port de Hodeïda et l’aéroport international de Sanaa, a-t-il confirmé, ajoutant que les dégâts subis sur le port et les remorqueurs empêchent le déchargement de l’aide humanitaire. 

M. Grundberg a émis l’espoir que les discussions en cours en vue d’un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages offrent une réelle possibilité de désescalade.  À ce jour, l’escalade du cycle de frappes et de contre-attaques a entravé les perspectives de paix et détourné du Yémen une attention et des ressources cruciales, a-t-il regretté.  Ces actions menacent la sécurité maritime, déstabilisent l’économie du Yémen et mettent à mal la stabilité régionale. 

L’Envoyé spécial a également demandé à Ansar Allah de libérer immédiatement et sans condition tous les membres du personnel de l’ONU, des organisations nationales et internationales, des missions diplomatiques et du secteur privé ainsi que les 25 membres d’équipage du navire Galaxy Leader.  De même, il a dit compter sur le soutien du Conseil pour la libération inconditionnelle de toutes les personnes détenues de façon arbitraire.

Alors que les tensions régionales font la une, le Yémen a connu une escalade le long de plusieurs lignes de front, ce qui risque de remettre en cause la stabilité relative et l’amélioration des conditions de sécurité pour les civils qui existent depuis la trêve de 2022, a mis en garde M. Grundberg.  Il a notamment évoqué un incident tragique qui s’est produit dans le gouvernorat de Taëz, où deux enfants ont été tués et deux autres blessés, et d’informations faisant état d’opérations militaires menées par Ansar Allah dans le village de Hankah Al Masoud, dans le gouvernorat de Beïda. Les parties doivent de toute urgence prendre des mesures concrètes pour parvenir à un accord de cessez-le-feu à l’échelle nationale, a-t-il insisté, ajoutant que son bureau poursuit ses discussions avec les parties sur les actions nécessaires pour créer les conditions d’un cessez-le-feu. 

À ce stade critique, toute nouvelle escalade risque de compromettre les engagements existants et aura des conséquences humanitaires dévastatrices pour le peuple yéménite, a-t-il mis en garde.  Un retour à la violence généralisée entraînerait de nouveaux déplacements, l’effondrement des services essentiels et l’aggravation de la crise humanitaire déjà terrible, éloignant davantage le Yémen de la paix. 

Poursuivant, M. Grundberg a indiqué que le Gouvernement du Yémen et Ansar Allah ont pris des mesures pour faire face à la détérioration économique, tout en signalant que les défis structurels profonds doivent être réglés par des mesures collaboratives.  Il s’agit notamment de l’unification de la Banque centrale, de la reprise des exportations de combustibles fossiles et du paiement intégral des salaires du secteur public.

Dans le contexte d’escalade dans la région et d’incertitude dans la région et la communauté internationale, l’Envoyé spécial a dit craindre que les parties ne réévaluent leurs options de paix et commettent des erreurs de calcul basées sur des hypothèses erronées.  « L’unité de ce Conseil et son message cohérent aux parties sur l’importance d’un règlement négocié seront essentiels dans les mois à venir », a-t-il souligné. 

Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a indiqué que le mois dernier a été marqué par une augmentation inquiétante des attaques contre des infrastructures civiles vitales dont dépendent des millions de personnes. 

Elle a précisé qu’à la suite d’une série de frappes aériennes –la plus récente ayant eu lieu le 10 janvier sur les ports de Hodeïda et de Ras Issa–, les ports yéménites de la mer Rouge ont notamment subi des dommages considérables, entraînant une réduction significative de leurs capacités, celui de Hodeïda ne fonctionnant plus qu’à 30% de ses capacités.  « Or, le Yémen dépend des importations pour plus de deux tiers de son alimentation et à 90% pour ses médicaments. »  Les infrastructures essentielles doivent être préservées, a-t-elle tranché. 

De même, elle a rappelé que la frappe israélienne contre l’aéroport de Sanaa du 26 décembre dernier a causé la mort de trois civils et s’est produite alors que le Directeur général de l’OMS était dans cet aéroport.  Toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, a-t-elle dit, avant d’exhorter les houthistes à libérer le personnel humanitaire et onusien qu’ils détiennent.

Mme Msuya a indiqué que la crise humanitaire au Yémen ne cesse de s’aggraver, près de la moitié de la population ne pouvant subvenir à ses besoins alimentaires.  Près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent de rachitisme en raison de la malnutrition.  Les cas de choléra ont atteint un niveau alarmant.  Et près de 4,8 millions de personnes demeurent déplacées, dont une majorité de femmes et d’enfants, a-t-elle dit. 

Elle a fait état de certains progrès dans l’accès humanitaire, en se félicitant notamment d’une plus grande célérité dans l’octroi de visas pour le personnel humanitaire dans les zones sous contrôle des houthistes.  Enfin, elle a appelé le Conseil à user de son « influence collective » pour faire respecter le droit international humanitaire et veiller à épargner les infrastructures civiles critiques au Yémen. Elle a également plaidé pour l’apport des ressources financières nécessaires afin de remédier à la crise humanitaire.  Seul un règlement politique durable permettra de mettre fin à une décennie de souffrances au Yémen, a-t-elle conclu.

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