En cours au Siège de l'ONU

9833e séance – après-midi
CS/15962

RPDC: le Conseil de sécurité reste divisé après le récent tir d’un nouveau missile balistique à portée intermédiaire par Pyongyang

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Deux jours après le tir d’un nouveau missile balistique à portée intermédiaire par la République populaire démocratique de Corée (RPDC), le Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique a appelé, cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, à la reprise urgente des pourparlers, insistant sur l’impératif d’apaiser les tensions dans la péninsule coréenne. 

« Le tir d’un nouveau missile balistique par la RPDC est très préoccupant », a-t-il déclaré rappelant qu’il s’agit du quatrième tir d’un missile balistique à portée intermédiaire depuis le début de l’année 2024.

M. Mohamed Khaled Khiari a précisé que le missile balistique tiré le 6 janvier était chargé d’un véhicule planeur hypersonique et a suivi une trajectoire de vol prédéterminée à une vitesse correspondant à 12 fois la vitesse du son avant de retomber en pleine mer.  Les véhicules planeurs hypersoniques se déplacent à au moins cinq fois la vitesse du son et effectuent des manœuvres d’évitement, ce qui rend les mesures de défense contre ces armes beaucoup plus difficiles, a expliqué le Sous-Secrétaire général qui a reproché à la RPDC d’aggraver les tensions et de contribuer à son isolement de la communauté internationale. 

Affirmant que la RPDC a lancé plus de 100 missiles balistiques depuis le début de l’année 2022, le Japon a appelé le Conseil de sécurité à se montrer uni et capable de parler d’une seule voix sur ce dossier comme dans le passé.  Cependant, depuis le veto posé en mai 2022 à un projet de résolution qui aurait condamné le lancement d’un missile balistique intercontinental par la RPDC, le Conseil n’a pas réussi à afficher une position ferme et unie face aux provocations répétées de la RPDC, a déploré la délégation japonaise.  Qui plus est, le Groupe d’experts du Comité 1718, chargé de surveiller la mise en œuvre du régime de sanctions applicables en RPDC, a été contraint de mettre fin à son mandat en raison d’un autre veto de la Russie dans le but de « dissimuler sa coopération militaire illégale avec la Corée du Nord ».  La République de Corée s’est dite particulièrement alarmée de la dissolution de ce mécanisme, de même que les États-Unis selon qui ces prises de position russes coïncident avec la coopération militaire actuelle entre la Russie et la RPDC dans le cadre de la guerre en Ukraine. 

Également préoccupée par cette « coopération militaire illicite », la France a noté que ce nouveau tir illégal de missile s’accompagne d’une rhétorique nucléaire « irresponsable » de la part du régime nord-coréen.  De même, elle a déploré la caution apportée par la Russie aux programmes nucléaires et balistiques de Pyongyang, en particulier les propos du Ministre russe des affaires étrangères qui aurait qualifié de « close » la question de la dénucléarisation de la Corée du Nord. 

Il ne fait aucun doute que le régime « le plus isolé et le plus pauvre du monde », soumis à des sanctions strictes du Conseil de sécurité, a de plus en plus accès à une technologie de pointe et à des matériaux à double usage, s’est inquiétée la République de Corée, notant que la RPDC intensifie sa coopération militaire « illégale » avec la Russie.  Même son de cloche du côté du Royaume-Uni, qui a appelé à ne pas se bercer d’illusions quant au coût du silence du Conseil sur ce dossier: le développement des capacités nucléaires et balistiques de la RPDC représente une menace sans équivoque pour la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et dans l’ensemble de la région indo-pacifique. 

A contrario, la Fédération de Russie et la Chine ont reproché au Conseil de sécurité d’être devenu « un outil de propagande de l’Occident et de règlement de comptes politiques ».  En convoquant des réunions à chaque lancement de missile par la RPDC, les délégations occidentales répètent les mêmes thèses, faisant porter l’entière responsabilité à Pyongyang, a constaté la Fédération de Russie, alors que les provocations militaires de Washington, Séoul et Tokyo restent obstinément ignorées.  Il s’agit, a-t-elle dit, de faire du bruit pour pouvoir maintenir le régime de sanctions « dépassé » visant la RPDC et de justifier les mesures agressives des États-Unis et de leurs alliés dans la région.

Les dirigeants de la RPDC ont tout à fait le droit de prendre des mesures pour assurer la sécurité et la souveraineté de leur pays, a souligné la délégation russe selon qui le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, aurait affirmé que le renforcement militaire de la RPDC vise à consolider l’autodéfense de son pays et non à mener des opérations offensives. 

En effet, la RPDC a invoqué son droit à l’autodéfense en tant que pierre angulaire de l’existence et du développement d’un État et de sa souveraineté nationale.  La délégation a ironisé du reste sur le fait que Washington considère les atrocités de masse commises par Israël à Gaza, qui ont fait 45 000 morts, comme relevant de l’exercice du droit à l’autodéfense, tout en déniant à la RPDC d’exercer le sien, alors que cela n’a pas le moindre impact sur les pays voisins.  Après avoir dénoncé l’alliance entre Washington et Séoul, le représentant a expliqué que le développement de l’arsenal nord-coréen n’était rien d’autre que la réponse à un environnement sécuritaire changeant dans la péninsule coréenne. 

Si la situation devait dégénérer dans la péninsule coréenne, alors le Conseil de sécurité devrait être tenu responsable d’avoir criminalisé l’exercice légitime du droit souverain de la RPDC à l’autodéfense en ayant appliqué un deux poids, deux mesures et donné impunité aux agissements des États-Unis et de la République de Corée. La RPDC, pour sa part, continuera à l’avenir à exercer son droit en tant qu’« État doté de l’arme nucléaire responsable », a-t-il affirmé. 

Sur ce point, la Chine a estimé que pour maintenir la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne et y promouvoir un règlement politique de la crise, il faut prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes des États de la région. Le représentant chinois en a profité pour rappeler que les mesures proposées par la Chine sont une façon efficace de promouvoir un règlement politique et de parvenir à une paix et une sécurité pérennes en péninsule de Corée. 

La Fédération de Russie a assuré pour sa part que sa coopération avec la RPDC est destinée à jouer un rôle stabilisateur dans la région sur la base du principe de l’indivisibilité de la sécurité, à réduire le risque d’une reprise de la guerre dans la péninsule, y compris avec l’utilisation d’armes nucléaires, et à devenir l’un des éléments d’une architecture de sécurité durable dans la région. 

Il n’en reste pas moins que la plupart des membres du Conseil reprochent à la RPDC d’avoir démontré à de nombreuses reprises qu’elle ne se souciait pas de la coopération avec la communauté internationale, ni de ses préoccupations.  Au contraire, elle continue à développer des armes nucléaires et à tester les capacités d’acheminement de ces armes à des milliers de kilomètres de ses frontières.  Avec ce comportement irresponsable, la RPDC menace la paix et la sécurité régionales et mondiales, a tranché la Slovénie. 

 

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NON-PROLIFÉRATION: RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE

Exposé

M. MOHAMED KHALED KHIARI, Sous-Secrétaire général pour le Moyen-Orient, l’Asie et le Pacifique, a indiqué que le 6 janvier à midi, heure locale, la République populaire démocratique de Corée (RPDC) a lancé ce qu’elle a décrit comme étant un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire chargé d’un véhicule planeur hypersonique.  Selon la déclaration officielle de la RPDC, le missile a suivi la trajectoire de vol prédéterminée à une vitesse correspondant à 12 fois la vitesse du son et il est retombé en pleine mer.  Tout en affirmant que le lancement n’a pas eu d’impact négatif sur la sécurité des pays voisins, la RPDC n’a malheureusement pas envoyé de notifications afférentes à la sécurité aérienne ou maritime.  Les véhicules planeurs hypersoniques se déplacent à au moins cinq fois la vitesse du son et effectuent des manœuvres d’évitement, ce qui rend les mesures de défense contre ces armes beaucoup plus difficiles, a expliqué le Sous-Secrétaire général.

Le tir d’un nouveau missile balistique par la RPDC est très préoccupant, a-t-il déclaré rappelant qu’il s’agit du quatrième tir d’un missile balistique à portée intermédiaire depuis le début de l’année 2024.  Au cours de cette même période, la RPDC a également lancé un missile balistique intercontinental et plusieurs missiles balistiques à courte portée, en plus de tenter de lancer un satellite de reconnaissance militaire. 

La RPDC s’emploie activement à l’acquisition de nouvelles capacités militaires conformément à son plan quinquennal de développement militaire, qui entre dans sa dernière année en 2025, a signalé le haut responsable, citant notamment la mise au point d’armes nucléaires tactiques, d’ogives nucléaires « super-larges », et de diverses capacités de missiles balistiques à portée intermédiaire ou longue portée. 

La poursuite par la RPDC de ses programmes nucléaires et de missiles balistiques continue de saper le régime mondial de désarmement et de non-prolifération nucléaires, s’est inquiété le Sous-Secrétaire général lui reprochant d’aggraver par tant les tensions.  Les Nations Unies continuent d’appeler la RPDC à respecter pleinement ses obligations internationales, a-t-il souligné.

Alors que la paix et la sécurité mondiales sont de plus en plus menacées en ce début d’année 2025, il est impératif d’apaiser les tensions dans la péninsule coréenne, a tranché le haut responsable en rappelant les appels à la désescalade et à la reprise urgente des pourparlers du Secrétaire général.  L’engagement diplomatique reste la seule voie vers une paix durable et la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne. 

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