Soixante-dix-neuvième session
61e séance plénière – matin
AG/12678

L’Assemblée générale commémore en « des temps troubles » la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

L’Assemblée générale a tenu, ce matin, une réunion commémorative à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, observée en « des temps troubles », « où ceux qui veulent nous diviser ont le vent en poupe », selon les expressions de plusieurs hauts responsables onusiens.  Elle a également adopté par consensus deux décisions, ainsi qu’une résolution sur la neutralité permanente du Turkménistan.

« La lutte contre les discriminations raciales n’est pas seulement un impératif moral, c’est une nécessité pour la paix, la justice et le développement », a déclaré son Président, M. Philémon Yang, qui a rappelé que cette journée internationale qui coïncide, cette année, avec la célébration du soixantième anniversaire de l’adoption de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale, est observée le 21 mars pour commémorer ce jour de 1960 où, à Sharpeville, en Afrique du Sud, la police a ouvert le feu et tué 69 personnes lors d’une manifestation pacifique contre l’apartheid. 

Notant que l’Afrique a montré la voix s’agissant de l’abolition du racisme institutionnel, il a appelé à écouter les voix africaines et intégrer les perspectives africaines dans les efforts antiracistes mondiaux, demandant en outre la pleine application de la Convention et de la Déclaration de Durban.

« Le poison du racisme détruit les fondements de la justice et de l’égalité », a mis en garde le Chef de cabinet du Secrétaire général, M. Courtenay Rattray.  Constatant que ceux qui veulent nous diviser ont le vent en poupe, il a plaidé pour l’universalisation de ce texte, « fruit de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud », à l’instar de la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme qui a longuement évoqué les temps « troubles » actuels. 

Les divisions se creusent, les intolérances sont plus marquées et les droits humains sont remis en question, s’est notamment inquiétée Mme Ilze Brands Kehris,, en pointant l’érosion du consensus mondial sur cette question.  Elle a également constaté que le racisme est nourri par la résurgence du populisme nationaliste dans le monde, avant d’appeler à affronter les injustices historiques ainsi que l’héritage du colonialisme.  « L’heure est venue d’agir. » 

Même son de cloche du côté du Président du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, M. Michal Balcerzak, qui s’est lui aussi inquiété de la résurgence de plateformes et d’organisations politiques promouvant des idées de supériorité raciale.  Les discours racistes et xénophobes sont non seulement en augmentation, mais sont aussi encouragés par certains responsables politiques et personnalités publiques, a-t-il déploré.

« Ce n’est pas le moment de rester silencieux », a poursuivi M. Balcerzak, en exhortant les États Membres à faire preuve d’une plus grande détermination dans la lutte contre les discours de haine raciste, y compris sur les réseaux sociaux, et contre les organisations diffusant des idées fondées sur la supériorité raciale.  Ces 60 dernières années, nous avons constaté des progrès précieux dans la lutte contre la discrimination raciale, et toute « tentative de remise en cause de ces acquis est profondément inacceptable. »

Une inquiétude partagée par Mme Claire Lewis, professeure associée à l’université Harvard et fondatrice de Vision & Justice, qui a notamment insisté sur l’importance de corriger la déformation des faits historiques.  Si les individus n’agissent pas face au racisme, c’est parce qu’ils ne disposent pas des faits, a-t-elle dit, en pointant l’ignorance qui entoure l’histoire de l’esclavage.  « L’ignorance est nécessaire à l’existence même du racisme, car une fois que l’on connaît l’histoire, il devient nécessaire d’agir », a-t-elle dit.

À l’instar des autres groupes, la Guinée équatoriale, au nom du Groupe des États d’Afrique, a appelé à combattre énergiquement le racisme et à pleinement mettre en œuvre la Convention.  Tous les États doivent s’engager en faveur de ce texte, a tranché les Fiji, au nom des pays d’Asie-Pacifique, tandis que l’Union européenne s’est elle aussi alarmée de la prévalence du racisme.  La Fédération de Russie a dénoncé les gouvernements qui encouragent le révisionnisme, jugeant en outre qu’on ne peut pas laisser la haine s’exprimer au motif de la liberté d’expression.  De son côté, Cuba a accusé les États-Unis de ne pas lutter contre la discrimination systématique sur leur sol.

L’Assemblée a ensuite adopté sa résolution décennale sur la neutralité permanente du Turkménistan (A/79/L.59), présentée par la délégation turkmène, par laquelle elle encourage la mise à profit du territoire des pays neutres pour la tenue de pourparlers de paix et de processus de résolution et de règlement des conflits, et prend note de la proposition du Turkménistan d’établir sur son territoire la Chambre de médiation de la paix sous les auspices de l’ONU.  Elle prie également le Secrétaire général d’élaborer des orientations sur le respect et l’application des principes de la neutralité en faveur de la paix et de la sécurité.

L’Assemblée générale a par ailleurs décidé* de convoquer la prochaine Conférence des Nation Unies pour les annonces de contributions aux activités de développement en 2026, et que le deuxième Sommet mondial pour le développement social comprendra** une déclaration de l’Émir de l’État du Qatar en qualité de pays hôte.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

*A/79/L.61

**A/79/L.65

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