Le forum ministériel de la Commission du développement social se penche sur l’intégration des considérations sociales aux cadres de développement
Les ministres réunis ce matin à l’occasion du forum ministériel de la Commission du développement social, consacré à l’intégration des considérations sociales dans les cadres de développement, ont vu dans les programmes de protection sociale, l’investissement social et la solidarité mondiale les moyens d’endiguer la pauvreté aux niveaux national et international.
« En matière sociale, le coût de l’inaction est supérieur à celui de l’action », a prévenu le Ministre fédéral des affaires sociales, de la santé, des soins et de la protection des consommateurs de l’Autriche. Confrontées à une poussée inflationniste sans précédent, les autorités autrichiennes ont fait le choix d’investir dans les services sociaux plutôt que de laisser s’installer la pauvreté, a-t-il expliqué, en mobilisant les ressources pour freiner la hausse des prix de l’électricité et en venant en aide aux citoyens en situation précaire.
Le Ministre du développement et de l’aide sociale du Brésil a illustré l’importance de telles politiques publiques en rappelant que la faim avait resurgi dans son pays dès que les programmes sociaux qui avaient permis de réaliser des progrès avant 2014 ont été « déformés, détériorés ou interrompus » par un « projet politique destructeur ». Fort de plus de sept décennies de programmes de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire, auxquels s’ajoutent les objectifs de développement durable (ODD), seules les inégalités entravent « encore une fois » leur mise en œuvre, a-t-il noté, les pays vulnérables ne disposant pas des ressources ou des capacités techniques nécessaires pour y parvenir.
La protection sociale étant un « outil stratégique » permettant de réduire la pauvreté et la vulnérabilité tout en favorisant une croissance durable et inclusive, la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda a expliqué que son pays n’a pas hésité à faire appel aux subventions et aux prêts émanant des institutions et programmes multilatéraux internationaux afin de renforcer son économie. Une coopération qui englobe les organisations communautaires et les groupes d’entraide informels qui ont recours à des approches d’autonomisation sociale. Le développement durable n’est pas l’apanage de l’État, a renchéri le Vice-Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, mais doit plutôt inclure une multitude d’acteurs, en tirant avantage de l’innovation des entreprises pour le financement de projets.
Ces défis exigent, selon la Vice-Ministre de la protection sociale de Chypre, davantage de solidarité et de coopération pour rompre les cycles intergénérationnels de pauvreté et produire des effets systémiques dans la durée. Considérant, comme la Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, que l’investissement social peut nous aider à en finir avec ces cycles de pauvreté, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Costa Rica a fait valoir qu’à cet égard, « le plus grand défi est celui de la coopération internationale ».
Lors de la reprise, dans l’après-midi, du débat de haut niveau sur le thème prioritaire, soit la promotion du développement social et de la justice sociale afin d’accélérer la réalisation du Programme 2030 et l’élimination de la pauvreté, la Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale du Ghana s’est inquiétée, comme les Philippines, de la persistance des inégalités et de la pauvreté en dépit d’une croissance économique globale considérable. Ce constat a amené le Pérou à adopter une politique nationale de développement et d’inclusion sociale pour 2030 fondée sur une approche différenciée de la pauvreté rurale et urbaine.
« Nous devons comprendre les défis permanents auxquels les populations du monde entier sont confrontées en raison de la pauvreté », a insisté la Libye, et collaborer pour nous attaquer à ses causes profondes. L’annulation de la dette, l’accès aux marchés, l’éducation, le transfert de technologie et l’assistance technique sont autant d’éléments susceptibles de renforcer l’aide internationale au développement.
Le Vice-Ministre des affaires étrangères pour l’Amérique du Nord du Venezuela a soutenu pour sa part que l’imposition « criminelle » de mesures coercitives unilatérales à l’encontre du tiers de l’humanité constitue l’une des plus grandes attaques contre le développement social des peuples, particulièrement les groupes les plus vulnérables.
La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, le mercredi 7 février, à 10 heures.
SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Forum ministériel sur le thème prioritaire: Comment améliorer l’intégration des considérations sociales dans les cadres de développement?
En matière sociale, le coût de l’inaction est supérieur à celui de l’action, a constaté M. JOHANNES RAUCH, Ministre fédéral des affaires sociales, de la santé, des soins et de la protection des consommateurs de l’Autriche, en ouvrant la discussion. Confrontées à un taux d’inflation historique de 10% qui a poussé des personnes qui n’avaient jamais eu besoin d’aide dans des situations précaires, voire dans la pauvreté, les autorités autrichiennes ont su surmonter ces difficultés en intégrant des considérations sociales aux programmes publics nationaux. La mobilisation des ressources afin d’endiguer la hausse des prix de l’électricité et de venir en aide aux personnes, notamment âgées, a ainsi permis d’investir dans les services sociaux plutôt que de laisser s’installer la pauvreté, s’est-il félicité. La société autrichienne vieillissant rapidement, le Gouvernement fédéral autrichien a pris acte du fait que les services sociaux sont devenus critiques en adoptant deux réformes des soins de santé à long terme à l’intention de personnes âgées, a expliqué M. Rauch.
Dans une vidéo préenregistrée, le Ministre du développement et de l’aide sociale du Brésil, M. WELLINGTON DIAS, a illustré l’importance de mettre en œuvre des politiques publiques contre la pauvreté en rappelant que « la faim est revenue » dans son pays dès lors que les programmes qui avaient permis de réaliser des progrès avant 2014 ont été « déformés, détériorés ou interrompus » par un « projet politique destructeur ». Pour mettre fin à ces fléaux, nous disposons déjà, en plus des objectifs de développement durable (ODD), de plus de sept décennies de programmes de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire qui nous ont permis d’identifier les politiques les plus efficaces. Or, « encore une fois », les inégalités sont venues entraver la mise en œuvre de ces mesures, de nombreux pays animés de la volonté d’appliquer des politiques sociales porteuses manquant des ressources ou des capacités techniques pour le faire, a-t-il constaté. En outre, lorsqu’elles existent, ces sources demeurent trop souvent fragmentées, incohérentes et difficilement applicables à grande échelle dans les pays les plus vulnérables. C’est la raison pour laquelle le Président brésilien a annoncé, lors d’une réunion du Groupe des Vingt (G20), la création d’un groupe de travail spécial chargé de forger une alliance mondiale contre la faim et la pauvreté, en collectant ressources et connaissances là où elles sont le plus abondantes pour les canaliser là où elles sont le plus nécessaires.
De son côté, Mme BETTY AMONGI, Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda a vu dans la protection sociale un outil stratégique permettant de réduire la pauvreté et la vulnérabilité, d’améliorer la résistance des ménages aux chocs et de soutenir le développement du capital humain en vue d’une croissance durable et inclusive. Les politiques sociales de l’Ouganda reposent notamment sur l’accès à la sécurité sociale grâce à des régimes contributifs, le soutien aux personnes vulnérables, le renforcement institutionnel et la protection contre les chocs, le tout en tenant compte des questions de genre. Pour ce faire, a expliqué la Ministre, le pays n’a pas hésité à faire appel aux institutions et programmes multilatéraux internationaux tels que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque africaine de développement (BAD) ou encore les institutions spécialisées de l’ONU, par l’entremise de subventions et de prêts destinés à renforcer l’économie et le bien-être des citoyens. Cette coopération englobe également les organisations communautaires et les groupes d’entraide informels qui ont recours à des approches d’autonomisation sociale.
Au cœur de la stratégie des objectifs nationaux des ODD du Costa Rica se trouve l’idée que le développement durable n’est pas l’apanage de l’État, mais qu’il doit faire appel à la participation d’une multitude d’acteurs pour assurer l’adaptation des objectifs aux priorités du pays, a expliqué à son tour M. ALEJANDRO SOLANO ORTIZ, Vice-Ministre des affaires étrangères du Costa Rica. À cet égard, la mobilisation des efforts multilatéraux est fondamentale pour promouvoir l’inclusion et la participation à l’économie de l’avenir, y compris en matière d’emploi, de protection sociale et de santé. Il incombe donc, selon lui, aux États d’encourager les partenariats public-privé afin d’atteindre les ODD, en tirant davantage de l’innovation et de l’efficacité des entreprises, notamment en matière de financement des projets. La coopération internationale peut soutenir ces efforts en libérant des flux financiers pour l’investissement social. En prévision du Sommet de l’avenir, nous devons intégrer ce bagage à nos discussions pour renforcer la solidarité internationale et raffiner l’architecture internationale du financement du développement.
L’investissement social a en effet le potentiel de nous aider à en finir avec les cycles de pauvreté, a reconnu la Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, Mme ANA MENDES GODINHO. Alors que les acquis des dernières années sont menacés et que l’extrême pauvreté est en progression pour la première fois depuis des décennies, elle a jugé urgent de mobiliser des financements pour l’action sociale à l’échelle locale, nationale et internationale à l’aide de politiques de renforcement de la résilience face aux inégalités. L’intégration sociale dans tous les domaines politiques doit être une priorité commune et le moteur du progrès, a-t-elle insisté. La Ministre a expliqué que la stratégie sociale de son pays repose sur cinq piliers, à savoir l’investissement dans l’enfance, des programmes de travail décent visant à augmenter les salaires de 20% d’ici à 2026, la formation ainsi qu’un modèle social inclusif garantissant l’égalité des droits, indépendamment de l’origine et du sexe.
Débat interactif
Ces exposés démontrent, selon le Vice-Ministre de la famille et des services sociaux de la Türkiye, que l’intégration sociale dans le cadre du développement nécessite une démarche multidimensionnelle, notamment en ce qui concerne l’aide aux personnes âgées et en situation de handicap. Considérant que notre monde a besoin de davantage de solidarité et de coopération pour tenir les engagements en faveur des ODD, la Vice-Ministre de la protection sociale de Chypre a souligné l’importance de rompre les cycles intergénérationnels de pauvreté afin de produire des effets systémiques à long terme.
En réponse à une question du Kenya concernant la mobilisation des recettes nationales fiscales pour investir dans l’aide aux démunis, la Ministre du genre, du travail et du développement social de l’Ouganda a reconnu que les impôts nécessaires pour briser les cycles de pauvreté sont trop souvent mal gérés du fait de la corruption endémique dans certains pays. Pour y mettre fin, elle a prôné une réforme du régime fiscal permettant de le rendre plus efficace, à l’image de celle menée dans son pays.
Pour le Vice-Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, cependant, « le plus grand défi est celui de la coopération internationale ». Le PIB ne doit pas être le seul indicateur macroéconomique pour déterminer si un pays est considéré à revenu intermédiaire ou non. Comme la Ministre des services sociaux et de la sécurité sociale du Guyana, il a demandé à la communauté internationale de reconnaître le caractère pluridimensionnel de l’indice de vulnérabilité pour évaluer les pays et leur permettre de réaliser leurs programmes nationaux de développement.
Discussion générale
Mme DONNA COX, Ministre du développement social et des services à la famille de la Trinité-et-Tobago, a présenté la stratégie nationale de développement de son pays destinée à ancrer la société dans les principes de justice sociale. Le Gouvernement examine l’impact des programmes sociaux nationaux sur la réduction de la pauvreté multidimensionnelle et de la vulnérabilité, afin de garantir l’inclusion sociale et l’accessibilité aux services essentiels pour tous les citoyens, notamment en établissant un registre national des personnes vulnérables. L’éradication de la pauvreté étant l’un des principaux objectifs de son gouvernement, la Ministre a indiqué avoir travaillé en tandem avec des organisations de la société civile et d’autres partenaires pour mettre en œuvre des initiatives en ce sens, dans le cadre du système de protection sociale.
Mme HAJIA LARIBA ZUWEIRA ABUDU, Ministre du genre, des enfants et de la protection sociale du Ghana, a indiqué que dans son pays, les inégalités et la pauvreté persistent malgré une croissance économique considérable. C’est pourquoi le Gouvernement met en œuvre des politiques de transformation pour assurer un développement social équitable. Alors que la Constitution nationale consacre les droits du travail et promeut la protection et l’inclusion sociales, des politiques telles que l’Education Capitation Grant et la gratuité des lycées ont catalysé l’accès à une éducation de qualité, favorisant la réduction de la pauvreté à long terme, s’est-elle enorgueillie. Le Ghana a également mis sur pied un registre national des ménages qui collecte des données socioéconomiques pour cibler l’aide là où elle est le plus nécessaire. Sur cette base, le programme Livelihood Empowerment Against Poverty permet de fournir un soutien financier indexé à plus de 1,5 million de Ghanéens, a-t-elle précisé, faisant également état d’un programme d’alimentation scolaire, qui contribue à nourrir près de 4 millions d’élèves, tout en créant des emplois et des marchés pour les agriculteurs locaux.
La Ministre a d’autre part évoqué le régime national d’assurance maladie, qui couvre plus de 11,7 millions de citoyens, y compris les plus vulnérables. Saluant l’aide fournie par des partenaires tels que la Banque mondiale et l’UNICEF, elle a assuré que son pays entend faire de la protection sociale, de la participation économique et de la justice une réalité pour tous ses citoyens. Pour ce faire, le Ghana encourage les investissements, notamment dans des pratiques agricoles modernes et durables qui garantissent la sécurité alimentaire et l’autonomisation économique au niveau national et régional, a-t-elle précisé.
M. ALEJANDRO SOLANO, Vice-Ministre des affaires multilatérales du Costa Rica, a indiqué que, face aux problèmes liés à la pandémie, au vieillissement de sa population et à la migration, son pays a opté pour des politiques et des stratégies qui répondent à ces défis de manière intégrée. Le Costa Rica a ainsi lancé voilà 10 ans le système d’information sociale Sinirube, assorti d’une couverture nationale, qui facilite l’identification des ménages vulnérables. Il a également adopté une loi créant le système national de soins, avec pour objectif d’universaliser les services d’accompagnement et de soins dont ont besoin les personnes âgées en situation de dépendance. Il a d’autre part lancé un programme de localisation des ODD afin d’avoir des impacts plus durables au niveau local grâce à des alliances multiacteurs et multiniveaux. De l’avis de l’intervenant, la coopération internationale peut soutenir ce type d’initiatives en générant des marges budgétaires pour l’investissement social et en libérant de nouvelles ressources pour parvenir à la sécurité humaine. À cet égard, il s’est dit convaincu que le Sommet de l’avenir aidera à jeter les bases d’un nouveau contrat social entre « nous, le peuple des Nations Unies », complété par un Sommet social mondial qui approfondira ces leçons.
Mme MARILENA EVANGELOU SERDARI, Vice-Ministre de la protection sociale de Chypre, a passé en revue les politiques de protection sociale à l’œuvre dans son pays, telles que le revenu minimum garanti et le renforcement du programme d’intervention sociale dont l’objectif est d’accroître les chances d’accès à l’emploi grâce à des programmes d’éducation et de renforcement des compétences. L’éducation est également très importante pour parvenir à un avenir durable. Elle a précisé que la fréquentation scolaire à Chypre est presque universelle, garantissant l’égalité des chances à tous les enfants, sans discrimination. Chypre est pleinement déterminée à ne laisser personne de côté et c’est pourquoi, au travers de la stratégie nationale en faveur des personnes handicapées 2018-2028, son gouvernement ambitionne de mettre fin à l’exclusion sociale de cette catégorie de la population, en l’aidant à parvenir à une participation pleine et effective dans tous les secteurs de la société.
Mme MARÍA ALEJANDRA MENALDO, Vice-Ministre des politiques, de la planification et de l’évaluation au Ministère du développement social du Guatemala, a déclaré que, grâce à un accord ministériel, tous les programmes sociaux nationaux ont été harmonisés, en pariant sur l’interopérabilité des données collectées en amont pour accroître l’efficacité des différentes mesures. Cette stratégie se fait dans le respect des droits humains des populations, a-t-elle ajouté, en rappelant les engagements pris par son gouvernement pour tendre vers une société plus inclusive et égalitaire.
M. NHEK VANARA, Secrétaire d’État au Ministère des affaires sociales, des anciens combattants et de la réinsertion de la jeunesse du Cambodge, a déclaré que son gouvernement accorde une forte priorité à l’inclusion sociale, reflétée par le cadre politique national de protection sociale 2016-2025 et la stratégie pour la croissance, l’emploi, l’équité, l’efficacité et la durabilité. Le pays s’est également doté du cadre politique pour l’économie et la société numériques 2021-2035, de la politique numérique 2022-2035 et du cadre politique national de protection sociale qui abordent la protection sociale comme un investissement en matière de capital humain et d’équité sociale. La vision à long terme, a expliqué l’intervenant, consiste à bâtir un système de protection sociale inclusif, efficace et financièrement viable; à améliorer le développement des ressources humaines; et à stimuler la croissance économique. Le suivi et le financement de tous les programmes d’assistance sociale sont également consolidés dans le cadre d’un paquet familial afin d’améliorer l’efficacité opérationnelle des programmes, a encore précisé le Secrétaire d’État.
Mme FANNY MONTELLANOS, Vice-Ministre des politiques sociales et de l’évaluation du Pérou, a convenu qu’en dépit de ses richesses, son pays fait face à de grands défis, l’un des principaux étant la pauvreté, aggravée par la pandémie de COVID-19, qui est passée de 20% en 2019 à 27,5% en 2022. Elle a ajouté que 72% de la population en situation de pauvreté ou de vulnérabilité réside dans des zones urbaines. En réponse à ce phénomène, l’État péruvien reconnaît la nécessité de lutter contre les fortes inégalités existantes, a-t-elle affirmé, évoquant l’adoption en 2022 de la politique nationale de développement et d’inclusion sociale pour 2030. Alignée sur les objectifs du Programme 2030, cette politique propose une vision et une approche différenciées de la pauvreté rurale et urbaine, et donne la priorité à la pauvreté multidimensionnelle. Le Pérou a d’autre part engagé différentes actions qui appuient une vision globale du développement social, parmi lesquelles la consolidation du registre social, qui permet d’avoir une vision complète des ménages vulnérables et de les accompagner. Le Gouvernement péruvien prévoit d’autre part de réaliser la première mesure de la pauvreté multidimensionnelle, ce qui permettra de compléter la mesure actuelle de la pauvreté monétaire et ainsi de suivre les engagements de réduction de la pauvreté au niveau national. Rappelant enfin que le Pérou est confronté à un grave problème de migration, la Vice-Ministre a indiqué que, fin 2023, pas moins de 1,6 million de réfugiés vivaient sur le sol péruvien, dont un million dans la capitale Lima, beaucoup étant entrés dans le pays de manière irrégulière. Pour y faire face, a-t-elle précisé, l’État péruvien a renforcé ses stratégies d’identification des étrangers afin d’évaluer leur situation de vulnérabilité en raison de leur condition socioéconomique.
M. CARLOS RON, Vice-Ministre des affaires étrangères pour l’Amérique du Nord du Venezuela, a déclaré que l’ensemble des politiques publiques nationales de son pays visent à l’éradication définitive de la pauvreté, en plaçant l’être humain « au centre du développement et au-dessus du profit ». Les inégalités d’accès à l’alimentation, l’éducation, la santé, la protection sociale ainsi qu’à des services décents génèrent, à ses yeux, une rupture des liens sociaux essentiels, au sein d’un système économique « prédateur et exclusif ». Selon le Ministre, l’imposition « criminelle » de mesures coercitives unilatérales à l’encontre du tiers de l’humanité, dont le Venezuela, constitue l’une des plus grandes attaques contre le développement social des peuples, particulièrement les groupes les plus vulnérables. En dépit de « l’agression continue » menée contre son pays, l’investissement social au Venezuela représente plus de 77% du budget national, s’est-il enorgueilli. Les efforts multilatéraux visant à garantir le financement de la protection sociale universelle doivent être une priorité de l’ONU, dans le cadre d’un multilatéralisme authentique et inclusif, fondé sur la Charte des Nations Unies, a-t-il affirmé.
Le représentant de l’Inde a déclaré que la justice sociale est au cœur des politiques entreprises par son pays pour réaliser les ODD. L’Inde, a-t-il affirmé, connaît à cet égard un changement de paradigme, après être passée du développement des femmes aux « femmes du développement », pour que celles-ci ne soient pas simplement les bénéficiaires des programmes d’aide prévus par le Gouvernement. Pour promouvoir l’entreprenariat des femmes, des prêts sans intérêt leur sont fournis, a indiqué le représentant, en expliquant qu’un certain nombre d’entre elles sont des vendeuses dans les rues ou des maraichères. Le délégué a également fait valoir le nombre d’élues au sein des gouvernements locaux, avant d’énumérer les réussites indiennes en matière de recul de la pauvreté et de baisse de la mortalité infantile.
Le représentant des Philippines a déploré que la persistance de la pauvreté dans son pays a pour effet de priver de ses droits une partie importante de la population, les plus vulnérables au premier chef. Compte tenu des disparités socioéconomiques existantes, la réalisation des ODD nécessite selon lui des interventions ciblées et des politiques inclusives. Parmi celles-ci, le représentant a mentionné l’apport de la transformation numérique afin de combler les écarts socioéconomiques, notamment les programmes d’alphabétisation numérique et les services administratifs en ligne. Les Philippines mettent en outre l’accent sur le renforcement des programmes de protection sociale en tant que filet de sécurité à l’intention des groupes vulnérables. Le plan de protection sociale national vise également à doter le pays d’un système social transformateur. Dans le cadre du trentième anniversaire de l’Année internationale de la famille, le Gouvernement philippin poursuit ses efforts pour renforcer les valeurs familiales, promouvoir l’équilibre entre la vie professionnelle et familiale et fournir des systèmes de soutien social.
Le représentant du Paraguay, a indiqué que pour remédier à la pauvreté, aux inégalités et à l’exclusion sociale, le Gouvernement paraguayen a adopté un plan national de développement 2030 qui converge à 92% avec les ODD. Dans le cadre de ce plan, axé sur le développement social et la croissance économique inclusive, le Paraguay s’engage à améliorer la qualité de vie des personnes en situation de pauvreté, la situation économique des personnes actives, ainsi que la cohésion sociale dans les territoires et les communautés. Pour ce faire, il suit des politiques et des programmes qui prennent le respect des droits humains comme principes directeurs, a précisé le délégué, avant de mettre l’accent sur le plan national de réduction de la pauvreté, obligatoire pour le secteur public et indicatif pour le secteur privé. Ce dispositif, actualisé grâce à la contribution des agriculteurs, des peuples autochtones et des personnes handicapées, vise à lutter contre la pauvreté monétaire et multidimensionnelle, a-t-il indiqué. Il s’est également félicité que l’augmentation de 25% de la valeur des transferts monétaires ait permis de réduire les disparités dans les conditions de vie de la population paraguayenne. Ces types d’initiatives d’inclusion monétaire sont des exemples concrets de la manière dont les pays, en collaboration avec l’ONU, peuvent progresser vers des objectifs communs de développement durable, a souligné le responsable, se disant convaincu que la transformation numérique est essentielle pour progresser vers la justice sociale.
La représentante de la Suisse a indiqué que le système éducatif suisse offre des parcours professionnels et académiques, ainsi qu’une grande flexibilité entre ces deux types de parcours. Cela permet de disposer d’une main d’œuvre suffisamment qualifiée tout au long de la chaîne d’innovation et de création de valeur, a-t-elle expliqué, assurant que ce système contribue à la cohésion sociale en offrant un large éventail de possibilités de formation et d’emploi à des personnes ayant des inclinations et des intérêts différents. Elle a expliqué que le contenu de la formation et les procédures de qualification au niveau national sont définis par les associations professionnelles ou les organisations sectorielles, ce qui permet de répondre aux besoins spécifiques du marché du travail. Elle a ajouté que les réglementations du marché du travail suisse combinent flexibilité et sécurité, encourageant notamment la réintégration rapide des chômeurs. Selon elle, le progrès social peut devenir partout une réalité à condition de créer des environnements favorables dans lesquels les entreprises et les sociétés peuvent prospérer sur la base du respect des droits humains, de mettre en œuvre des systèmes fiscaux progressifs, et de développer un système d’assurance sociale efficace tout au long du cycle de vie. Elle a également cité le renforcement du dialogue social, via des mécanismes de consultation multipartite, et la proposition d’emplois décents. À cet égard, la représentante a salué le lancement par l’Organisation internationale du Travail (OIT) d’une coalition mondiale pour la justice sociale afin de s’assurer que toutes les mesures et actions sociales nécessaires à tous les niveaux de l’élaboration des politiques soient intégrées.
M. MARK KAMPERHOFF, Ministère fédéral de la famille, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse de l’Allemagne, a tout d’abord estimé que la justice sociale va de pair avec la réduction des inégalités et l’éradication réussie de la pauvreté multidimensionnelle. À cette aune, il a jugé essentiel d’examiner l’ensemble du parcours de vie des personnes et d’adopter une perspective intersectionnelle, ce qui implique notamment de placer les enfants et les jeunes au premier plan des politiques et des prises de décision, de soutenir les familles, de garantir de bonnes conditions de vie aux personnes âgées, de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles et de garantir à tous une vie sans violence. Il a affirmé que les politiques axées sur la famille contribuent à mettre fin à la pauvreté et à la faim et à promouvoir le bien-être de toutes les générations. Revenant au thème prioritaire de cette session, il a préconisé des politiques sociales globales et fondées sur les droits humains pour accélérer les progrès dans la mise en œuvre de tous les objectifs du Programme 2030, en particulier celui de l’éradication de la pauvreté.
Le Ministre a cédé la parole à deux délégués de la jeunesse de l’Allemagne, qui ont regretté que la mise en œuvre des mesures décidées par l’ONU pour favoriser un développement social inclusif et la justice sociale pour tous exclue souvent ceux qui sont le plus touchés. Témoignant de la situation des jeunes Allemands, ils ont déploré que, pour la plupart d’entre eux, en particulier ceux en situation précaire, la participation aux travaux de l’ONU reste impossible en raison des obstacles financiers et structurels auxquels ils continuent de se heurter. Selon eux, créer des opportunités pour l’engagement inclusif des jeunes doit être une priorité pour les Nations Unies et leur objectif de ne laisser personne de côté. Plaidant pour des conseils de jeunesse ou des comités consultatifs dédiés, incluant des jeunes de différentes zones géographiques ou milieux sociaux, ils ont aussi appelé à réduire la fracture numérique afin de garantir que toutes les voix soient entendues. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons garantir que les politiques sociales profitent à tous, ont-ils déclaré.
Le représentant du Qatar a déclaré que son pays est à l’avant-garde de ceux qui œuvrent à réaliser les ODD, notamment en matière d’éradication de la pauvreté, grâce à son soutien à l’ONU, « étant le plus grand donateur du monde arabe ». Le pays a obtenu des succès considérables en matière de stabilité sociale, grâce à de nombreux projets visant à favoriser une « culture de production », afin d’améliorer l’efficacité des familles et de garantir les droits des enfants. Ainsi, le programme Qatar Charity s’appuie sur des projets d’autonomisation économique pour lutter contre la pauvreté. Le nombre de projets mis en œuvre au cours de l’année 2020-2021 dans ce cadre a dépassé les 10 000, bénéficiant à plus de 62 000 personnes, s’est enorgueilli le représentant. Notre pays, a-t-il ajouté, a parcouru un long chemin dans le domaine des droits des personnes handicapées, grâce à de nombreuses initiatives, notamment sa stratégie nationale pour les droits des personnes handicapées (2021-2025), qui se concentre sur l’égalité des chances, la pleine intégration et la lutte contre la discrimination à leur égard.
Le représentant du Mexique a souligné que la pauvreté est un obstacle majeur au développement. Il a expliqué que les programmes nationaux de son pays promeuvent la justice, le développement et le bien-être social, à travers des objectifs tels que la garantie des droits humains, et la réduction des inégalités socioéconomiques auxquelles sont confrontés les groupes de population historiquement exclus, de même que l’assurance de revenus suffisants, la promotion de l’autosuffisance alimentaire, l’inclusion productive des agriculteurs et la promotion d’une culture de paix. Ces programmes promeuvent aussi l’égalité des sexes et s’attaquent aux obstacles à l’inclusion sociale.
Il a également fait état d’une réforme de la Constitution, qui transforme l’octroi d’une pension non contributive à tous les adultes de plus de 68 ans en un droit du citoyen et une obligation de l’État. Dans le cas des peuples autochtones et afro-mexicains, cette prestation est accordée à partir de 65 ans, a-t-il précisé, ajoutant que le droit et l’ordre de priorité selon lesquels l’État mexicain est tenu de fournir un soutien économique aux personnes handicapées permanentes ont également été établis. Il a par ailleurs rappelé qu’en octobre dernier, la première chambre de la Cour suprême de justice du Mexique a déterminé que toute personne a le droit humain de recevoir des soins, d’être soignée et de prendre soin d’elle-même, et que l’État a un rôle prioritaire dans ce domaine. De même, a-t-il poursuivi, il a été acté que le droit aux soins implique également le droit des personnes à ne pas être forcées de le faire en raison de mandats liés au genre, ce qui contribue à lutter contre les conditions de pauvreté différenciées dont souffrent de nombreuses femmes.
La représentante de la Zambie a indiqué que son pays procède à une évaluation pour établir les niveaux de pauvreté au niveau national et s’est doté d’un plan de développement qui mise sur l’investissement dans le capital humain pour renforcer la vision nationale. La Zambie cherche notamment à renforcer son système de protection sociale afin qu’il puisse répondre aux chocs grâce à un cadre institutionnel robuste. Parmi les domaines visés, elle a cité la promotion de l’emploi décent, le renforcement de l’éducation de qualité et des compétences, ainsi que l’accès aux soins de base, à l’eau potable et à l’assainissement. La Zambie compte également continuer d’investir dans le renforcement des capacités des travailleurs sociaux et finance ses efforts à l’aide de ses recettes fiscales. La numérisation des services est une autre grande priorité. Alors que 60% de la population du pays demeure dans la pauvreté, la Zambie va continuer d’investir dans la protection sociale, a-t-elle assuré.
La représentante de la Thaïlande a mis en avant certains des efforts déployés par son pays pour réduire la pauvreté et remédier aux vulnérabilités des individus et de leurs familles. Elle a notamment fait mention de la plateforme de cartographie et d’analyse des personnes thaïlandaises, utilisée par son gouvernement pour identifier les ménages à faible revenu et leur fournir des services sur mesure. Depuis 2021, plus de 900 000 ménages vulnérables ont été enregistrés dans le système, a-t-il précisé. Elle a d’autre part évoqué les actions entreprises pour garantir que les personnes vulnérables, en particulier les enfants, les personnes handicapées et les seniors, soient véritablement intégrées dans le développement social. La représentante a ainsi rappelé que, depuis 2015, une aide financière est versée aux familles pauvres avec des nouveau-nés afin de réduire l’écart de pauvreté dans la société thaïlandaise. En 2023, plus de 2,3 millions de familles ont bénéficié de ce programme, pour un montant d’environ 8,7 milliards de bahts thaïlandais, a-t-elle détaillé, ajoutant que plus de 2,2 millions de personnes handicapées doivent recevoir cette année une allocation d’invalidité ainsi que d’autres aides et services, notamment en matière d’emploi et de formation numérique. Elle a enfin souligné l’attachement de son gouvernement au renforcement de la famille, « unité centrale de la société », afin de soutenir une société intergénérationnelle fondée sur l’équité, le respect des droits humains, la justice sociale et la non-discrimination.
Le délégué de la jeunesse de la Croatie, a appelé à mettre le développement social et la justice sociale au premier plan des efforts collectifs, car ils constituent le fondement sur lequel prospère le développement durable. Considérant à cet égard que l’éradication de la pauvreté « n’est pas un rêve lointain mais un appel urgent à l’action », il a relevé qu’il existe de nombreux exemples de l’impact positif de politiques ciblées qui autonomisent les communautés marginalisées, leur permettant de briser les chaînes de la pauvreté et de contribuer de manière significative à la société. Pour y parvenir, a-t-il plaidé, nous devons lutter contre les causes profondes de l’inégalité, de la discrimination et de l’exclusion, en favorisant une société dans laquelle chaque individu, quelle que soit son origine, peut s’épanouir. Dans ce cadre, l’inclusion des jeunes n’est pas négociable, a-t-il souligné, assurant que l’énergie, la créativité et la détermination des jeunes sont de puissants catalyseurs de changement. Le délégué a donc invité les gouvernements et les parties prenantes à s’engager auprès des jeunes, en exploitant leurs perspectives, idées et innovations pour façonner des politiques qui trouvent un écho auprès de la jeune génération.
Le représentant de l’Afrique du Sud a indiqué que le système de protection sociale de son pays est basé sur un modèle hybride conçu pour couvrir l’ensemble du cycle de vie, protéger les personnes vulnérables et à risque, renforcer les capacités et assurer l’inclusion économique. Près de 14 milliards de dollars sont consacrés chaque année à la sécurité et à l’assistance sociales, ce qui permet d’atteindre 27 millions de personnes et de ménages vulnérables. Le Gouvernement investit dans le développement de la petite enfance, l’éducation est gratuite et un programme de travaux publics a été mis sur pied dans l’objectif de renforcer les capacités et de créer une passerelle entre les emplois à court et long termes. Ces services et d’autres représentent 60% des dépenses annuelles du Gouvernement.
Mme NAIDA NISIC, Ministre du travail et de la protection sociale du Monténégro, a indiqué qu’en seulement trois mois, le nouveau Gouvernement du pays a augmenté la pension minimale, démontrant ainsi son engagement à améliorer les normes de sécurité sociale pour 74 000 de ses concitoyens. Il prévoit également d’entreprendre des réformes globales du système de protection sociale et de l’enfance ainsi que du système de protection des personnes handicapées, conformément à la Convention relative aux droits des personnes handicapées des Nations Unies. L’emploi et l’autonomisation des jeunes constituent aussi une priorité, a ajouté l’intervenante, en vantant des réformes structurelles qui visent à accroître la flexibilité du marché du travail, à éliminer l’emploi informel et à renforcer la stabilité sociale. Le Monténégro, a-t-elle ajouté, s’engage activement dans des réformes systémiques globales, en mettant l’accent sur l’amélioration de la disponibilité et de la qualité de la protection sociale et de la protection de l’enfance. Enfin, afin de créer une administration publique plus efficace, transparente et ouverte, accessible à tous les citoyens sur un pied d’égalité, le Gouvernement monténégrin continuera à promouvoir le respect des droits humains et l’égalité entre les sexes et à contribuer à la suppression de toutes les formes de discrimination, en particulier celle à l’égard des femmes, a précisé la Ministre du travail.
Le représentant de la Pologne a déclaré que son pays prend l’éradication de la pauvreté et le soutien aux familles très au sérieux, en mettant en place des mesures visant à les combiner par le biais de nombreux programmes. Le programme national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale 2021-2027 comprend des mesures de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, ainsi que l’itinérance, de même que des services d’aide aux personnes handicapées, aux personnes âgées et à l’intégration des étrangers. Si, en Pologne, la solidarité revêt une signification historique particulière, elle désigne aujourd’hui la volonté de partager son histoire de transformation pacifique avec ses partenaires, a expliqué le représentant. La mise en place d’institutions fortes, fondées sur les principes de bonne gouvernance et de protection des droits humains, doit être au cœur du développement durable, a-t-il insisté. Selon le représentant, les États Membres doivent écouter les voix de la société civile et des organisations qui en découlent pour trouver les solutions les plus adaptées.
Le délégué de la jeunesse de la Bulgarie a fait état d’une enquête menée auprès des jeunes de son pays. Les quelque 1 800 réponses reçues révèlent que la santé est l’une des trois principales préoccupations des jeunes, a-t-il indiqué, appelant à reconnaître le rôle vital des soins de santé des jeunes dans la construction de l’avenir de nos sociétés. Selon lui, l’un des problèmes les plus urgents auxquels sont confrontés les jeunes est la disparité en matière d’accès et de prix des soins. Nous devons élargir l’accès aux services de santé essentiels et garantir une qualité égale de soins de santé pour tous, a-t-il plaidé, avant de souligner que, pour les communautés mal desservies et rurales, les investissements dans les soins de santé ainsi que la collaboration entre les agences gouvernementales et les organisations non gouvernementales sont essentiels pour réduire les inégalités. Il a ensuite cédé la parole à un autre délégué de la jeunesse de la Bulgarie, qui a mis l’accent sur la santé mentale des jeunes. Estimant que l’éducation en la matière doit demeurer une priorité si l’on veut que les prochaines générations exploitent pleinement leur potentiel, il a rappelé que le Conseil des droits de l’homme a reconnu la nécessité d’intégrer la santé mentale dans les soins primaires en soulignant l’importance des approches communautaires pour protéger les droits individuels et faire progresser la santé mentale en tant que droit humain.
Le représentant de la Chine a indiqué que le développement est une priorité de son gouvernement, comme le fait de placer l’être humain au cœur de ses programmes. En témoignent des politiques macroéconomiques qui favorisent la création d’emplois, y compris pour les segments vieillissants de la population. Le Gouvernement chinois accorde beaucoup d’importance à la réalisation du Programme 2030, a ajouté le représentant, qui a expliqué qu’étant donné le nombre de bénéficiaires, Beijing met en œuvre les plus importants programmes au monde de sécurité sociale, d’éducation et de soins de santé. La Chine s’est par ailleurs engagée à l’international, pour aider les pays qui aspirent à leur développement dans le respect de leur indépendance, tout en partageant une même vision d’un avenir commun.
Le représentant de la Libye a déploré que le monde s’évertue à répéter ses promesses « vides de sens » d’élimination de la pauvreté, tandis que des milliards de personnes demeurent piégées dans un cycle de pauvreté. Nous devons comprendre les défis permanents auxquels les populations du monde entier sont confrontées en raison de la pauvreté, et collaborer pour nous attaquer à ses causes profondes, a-t-il insisté. L’annulation de la dette, l’accès aux marchés, l’éducation, les transferts de technologie et l’assistance technique sont autant d’éléments essentiels de nos efforts collectifs visant à renforcer l’aide internationale au développement. Compte tenu que la pauvreté touche certains groupes de manière disproportionnée, le représentant a souligné l’importance de mettre en œuvre des politiques sociales ciblées. Le Gouvernement libyen s’efforce pour sa part de développer des systèmes complets de protection sociale à l’intention de ceux qui en ont besoin, afin d’assurer l’accès aux nécessités de base telles que la nourriture, les soins de santé, l’éducation, l’électricité et l’eau. Il s’est également engagé en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes. S’agissant du conflit en cours à Gaza, le représentant a déclaré que « parler de pauvreté devient un luxe face à un siège, des massacres et des destructions systématiques qui annihilent tous les aspects de l’existence ».
Le représentant du Pakistan a constaté que si la tendance actuelle se confirme, quelque 765 millions de personnes risquent de vivre dans la pauvreté extrême en 2030. Face à ces défis, la stratégie du Pakistan porte sur l’alimentation, le logement, les soins gratuits, l’autonomisation des jeunes et le renforcement de leur employabilité, a précisé le représentant. Rappelant que la Déclaration de Copenhague stipule que le développement social ne peut devenir une réalité à travers des initiative parcellaires, il a appelé à promouvoir le progrès social, formant le vœu que le Sommet social mondial de 2025 sera un jalon important à cet égard. Il a appelé à lutter contre les inégalités d’accès aux services fondamentaux, jugeant en outre essentiel d’aider les pays en développement à lutter contre la pauvreté et à réaliser les ODD. Pour cela, 4 500 milliards de dollars doivent être mobilisés chaque année à partir de l’aide publique au développement, des droits de tirages non utilisés et d’autres mécanismes de financement concessionnel, a plaidé le représentant.
Il a d’autre part appelé à faire de la promotion de la couverture sanitaire universelle, de l’accès à l’éducation de qualité et au renforcement des compétences des priorités. De même, a-t-il ajouté, une approche fondée sur les moyens de subsistance et une augmentation des capacités en termes d’adaptation aux effets des changements climatiques sont nécessaires pour lutter efficacement contre la pauvreté. Enfin, alors que les 54 pays les plus pauvres dépensent plus en remboursement de la dette qu’en soins de santé, il a jugé urgent de réformer l’architecture financière internationale pour atteindre les ODD et éliminer la pauvreté.
La représentante de l’Indonésie a constaté que les défis du développement social ont pour effet de creuser les inégalités numériques, de genre et d’accès à la santé et l’éducation. La pauvreté constitue selon elle le défi le plus important, et l’ONU se doit de fixer des priorités pour y remédier. Nous devons en outre mettre les personnes les plus vulnérables au cœur du développement, en misant sur une volonté politique forte. Les inégalités continuent de se creuser entre pays développés et pays en développement, a noté la représentante, avant d’appeler à renforcer la voix de ces derniers au sein des institutions économiques et financières multilatérales. La mise en place de partenariats inclusifs avec le monde universitaire et le secteur privé permet également de faire fond sur de nouvelles sources de croissance en appui au développement social.
Dans une vidéo préenregistrée, la représentante de la République dominicaine a déclaré que son pays s’est efforcé de promouvoir les accélérateurs du Programme 2030 tels que la création d’emplois de qualité, un cadre institutionnel inclusif, une plus grande résilience des populations face aux chocs dus aux changements climatiques, ainsi qu’une production et une consommation durables. Le programme de lutte contre la pauvreté superate a redéfini la portée du programme de transfert de fonds monétaires qui bénéficie aujourd’hui à 40% des ménages vulnérables du pays. Le Gouvernement dominicain a également élargi la portée de la protection sociale et de l’assurance maladie, a-t-elle noté. Des investissements ont en outre été effectués dans le logement et l’eau potable. Qui plus est, le niveau de pauvreté a chuté à 24,4% depuis la pandémie du fait des politiques de protection sociales ciblées et de la résilience du secteur agricole.
Le représentant de l’Italie a déclaré que la promotion de l’inclusion sociale, économique et intergénérationnelle figure au premier plan des initiatives prises par son gouvernement à l’égard de ses citoyens et qu’à cet égard le dialogue et les échanges entre femmes et jeunes sont très importants. Il est essentiel, a-t-il dit, de donner à ces deux catégories de la population les moyens d’agir et de promouvoir leur participation pleine et significative à la société, grâce à l’accès à l’éducation, au marché du travail, et à la prise de décisions. Face aux multiples défis qui se posent à la communauté internationale, le délégué a plaidé en faveur d’un contrat social renouvelé enraciné dans le respect des droits humains, qui se manifesterait par un logement adéquat, une éducation, un apprentissage tout au long de la vie et un travail décent pour tous. La réalisation de ces objectifs ne sera possible que grâce à des efforts conjoints et à la coopération entre les États et les institutions internationales, a-t-il assuré.
Le représentant du Bélarus a indiqué que son pays a réussi à bâtir un modèle de développement social qui offre à chaque citoyen des garanties sociales et des opportunités. La politique du Gouvernement repose sur le principe de la justice sociale, qui constitue la pierre angulaire de l’idéologie de l’État, a-t-il affirmé. Ainsi, le concept de sécurité nationale définit la sécurité sociale comme un état de protection de l’individu contre les menaces sociales, garantissant la préservation de la vie, de la santé et du bien-être des citoyens, ainsi que leurs valeurs spirituelles et morales. Notre pays, a poursuivi le délégué, a réalisé plus tôt que prévu l’objectif du millénaire pour le développement visant à éliminer l’extrême pauvreté et prend constamment des mesures pour réduire le niveau de pauvreté de sa population. Le Bélarus se caractérise en outre par un faible taux de chômage et des systèmes de retraite fiables, ainsi qu’une qualité de vie correspondant à bien des égards à celle des pays économiquement développés, a encore précisé le représentant.
Le représentant de la Grèce a présenté quelques initiatives entreprises par son pays pour promouvoir le développement social et la justice. Il s’est tout d’abord concentré sur la famille, « colonne vertébrale de la société », précisant que la Grèce a récemment créé un Ministère dédié à la cohésion sociale et à la famille, assorti d’un plan démographique national actuellement en cours. Parmi les mesures mises en place pour permettre aux parents de gérer l’équilibre entre travail et vie privée, tout en allégeant le fardeau des frais de logement et d’éducation des enfants, le représentant a cité un projet qui propose aux jeunes couples des prêts à des taux d’intérêt bas, ce qui facilite leur parcours vers la parentalité et leur accession à la propriété. Il a également fait état de l’initiative « Nounous du quartier », qui vise à promouvoir l’égalité entre les sexes et à faciliter l’accès des femmes à l’emploi en réduisant le travail non déclaré des nourrices. Dans le même esprit, le Ministère de la cohésion sociale et de la famille aide les entreprises à financer des unités de garde d’enfants au bénéfice de leur personnel. Convaincue par ailleurs du rôle crucial de l’éducation pour briser le cycle de la pauvreté, la Grèce a lancé un projet de repas scolaires nutritifs, a encore indiqué le représentant.
Le représentant de Cuba a déclaré que « les Cubains ne s’avouent jamais vaincus »: en dépit du blocus économique imposé par les États-Unis à son pays, celui-ci continue de mettre en œuvre des programmes sociaux multidimensionnels destinés à fournir une protection sociale à sa population, l’accent étant mis sur les catégories les plus vulnérables. Le programme pour le renforcement de la sécurité sociale permet notamment de parvenir à cet objectif, s’est enorgueilli le représentant, qui a indiqué que Cuba a par exemple augmenté la durée des congés maternités, lesquels peuvent désormais atteindre jusqu’à 15 mois. Nous disposons en outre d’un programme de prise en charge des jeunes et des adolescents et le Gouvernement s’efforce de rendre leurs droits transversaux, « car nous savons que ce sont des acteurs de développement ».
La représentante du Kirghizistan a jugé impératif de respecter les engagements figurant dans la Déclaration de Copenhague. Qualifiant de priorité absolue l’élimination de la pauvreté et la recherche du plein emploi et de la justice sociale, elle a appelé à faciliter la création d’emplois pour atteindre les objectifs du Programme 2030. Le Kirghizistan, a-t-elle indiqué, a intégré les ODD dans sa politique et les principes du développement social dans son cadre stratégique à l’horizon 2026. Il s’est aussi doté d’un cadre juridique robuste pour garantir des conditions de travail équitable et ainsi lutter contre la pauvreté.
Le Gouvernement kirghize a par ailleurs pris des mesures pour renforcer la protection sociale, y compris une nette augmentation des prestations pour les familles vulnérables. Alors que le taux de chômage ne dépasse pas 5%, la récente augmentation de 50% des salaires des fonctionnaires et le doublement des subventions maternité montrent que nous voulons améliorer le bien-être social de nos citoyens, a souligné la représentante, faisant également état d’efforts pour aider les familles à faible revenu dans les secteurs de l’agriculture et des services et pour promouvoir une migration sûre, via des accords bilatéraux. Enfin, après avoir rappelé que le Kirghizistan a promu le 20 février comme Journée mondiale de la justice sociale, elle a invité les États Membres à la manifestation organisée le 20 février prochain par sa délégation et l’OIT au Siège de l’ONU.
Le représentant de la Mongolie a indiqué qu’au cours des trois dernières décennies, son pays a développé une politique globale de protection sociale comme stratégie visant à améliorer le niveau de vie et à assurer le développement socioéconomique. Ce faisant, a-t-il expliqué, la Mongolie a progressé dans la mise en œuvre des ODD, même si ce processus reste confronté à des difficultés liées aux retombées de la pandémie et des tensions géopolitiques, notamment s’agissant de l’accès à l’éducation et à la santé, des transports, de la logistique, des prix et de l’approvisionnement en carburant et en énergie. Ces facteurs, auxquels s’ajoutent les effets des changements climatiques, continuent d’avoir un impact négatif sur le développement social du pays et sur les moyens de subsistance de la population, a déploré le représentant. Malgré ces obstacles, le système national de protection sociale permet aux deux tiers de la population de recevoir des pensions, des prestations et des allocations en espèces, s’est-il enorgueilli.
Le délégué a toutefois déclaré s’attendre à ce que les dépenses publiques d’assurance sociale augmentent en raison du vieillissement rapide de la population et de l’augmentation de l’espérance de vie. En outre, la plupart des éleveurs et des travailleurs indépendants ne cotisent pas au système d’assurance retraite, ce qui posera des problèmes pour assurer leur protection sociale et augmentera les dépenses publiques consacrées aux prestations non contributives, a-t-il ajouté, jugeant crucial d’étendre la couverture d’assurance sociale à ces groupes. Il a enfin reconnu que, tout en avançant dans la réalisation de la plupart des ODD, la Mongolie peine à réduire la pauvreté au sein de sa population, principalement en raison de la crise économique et des inégalités persistantes. Une partie de la solution réside selon lui dans la numérisation des services de protection sociale, qui progresse favorablement en Mongolie.
Le représentant du Népal a constaté que les pays les moins avancé (PMA), les pays en développement sans littoral (PDSL) et les petits États insulaires en développement (PEID) demeurent confrontés à une plus grande vulnérabilité aux catastrophes, d’où le nombre élevé de personnes vivant dans une extrême pauvreté. Les progrès en matière d’éradication de la pauvreté, de plein emploi et d’intégration sociale sont toutefois lents et inégaux. Bien que les États Membres aient mobilisé des ressources nationales pour les services sociaux par le biais d’une fiscalité progressive, d’une redéfinition des priorités des dépenses publiques et du renforcement des efforts internationaux visant à créer un espace budgétaire pour le développement social, le représentant a considéré ces mesures insuffisantes. Pour compléter ces efforts, les partenaires de développement, y compris l’ONU, devraient selon lui répondre aux préoccupations des pays en développement par le biais du financement, du transfert de technologie et du renforcement des capacités.
Pour sa part, le Népal a adopté des programmes fondés sur les droits et axés sur la justice sociale afin de réduire la pauvreté et de créer des emplois. Ces mesures, a-t-il précisé, ont notamment permis d’atteindre la parité entre les sexes pour la scolarisation primaire et secondaire, et d’établir un système de retraite basé sur les cotisations afin de briser le cercle vicieux de la pauvreté.
Le représentant de Sri Lanka a indiqué que l’approche de son pays s’articule autour d’un cadre intégré englobant éducation, soins de santé, protection sociale et autonomisation économique. Nous reconnaissons, a-t-il dit, le lien inextricable entre santé et développement social, et nos efforts visent non seulement à traiter les maladies, mais également à les prévenir grâce à des programmes complets de santé publique. En outre, les mécanismes de protection sociale jouent un rôle central dans notre stratégie de lutte contre la pauvreté, a souligné le représentant, en précisant que son gouvernement a établi un filet de sécurité sociale résilient qui protège les populations vulnérables des chocs liés aux incertitudes économiques. Reste que Sri Lanka a été durement touchée par un ralentissement économique induit par la pandémie, a-t-il reconnu. Son industrie touristique a été gravement touchée, même s’il est réconfortant d’assister à une résurgence rapide de cette industrie, a encore relevé le délégué.