SC/15654

Déclaration à la presse sur la situation en République démocratique du Congo

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’avril, Mme Vanessa Frazier (Malte):

Les membres du Conseil de sécurité se sont réunis le 27 mars 2024 pour examiner la situation en République démocratique du Congo.  Ils ont entendu un exposé de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la République démocratique du Congo et Chef de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), Bintou Keita. 

Les membres du Conseil ont fermement condamné la reprise des attaques menées par le Mouvement du 23 mars (M23) au Nord-Kivu et dans d’autres zones, qui aggravent les conditions de sécurité et la situation humanitaire désastreuse et portent atteinte à la stabilité de la région. Ils ont condamné tous les groupes armés opérant dans le pays.  Ils ont demandé la cessation immédiate des hostilités et demandé que le M23 arrête toute nouvelle avancée et se retire de toutes les zones occupées, sans conditions, conformément au processus de Luanda approuvé par l’Union africaine. 

Les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation face au nombre de personnes déplacées dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et invité tous les donateurs à intensifier leur soutien pour donner suite au plan de réponse humanitaire 2024.  Ils ont exhorté toutes les parties, en particulier le M23 et les groupes armés congolais, à permettre un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave aux personnes dans le besoin, et à s’abstenir de tout acte de violence contre les civils, conformément au droit international, notamment au droit international humanitaire applicable, et aux principes directeurs concernant l’aide humanitaire. 

Les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation face à la persistance des violations du droit international humanitaire ainsi que des violations des droits humains et des atteintes à ces droits, notamment des violences fondées sur le genre et des violences sexuelles commises en période de conflit et le recrutement et l’utilisation d’enfants.  Ils se sont également déclarés préoccupés par l’intensification de la mésinformation et de la désinformation.  Ils ont de nouveau condamné les discours de haine visant toute communauté et alimentant les violences intercommunautaires.  Ils ont souligné qu’il importait de protéger les civils et de veiller à ce que les auteurs de ces violations, y compris les violences sexuelles commises dans les situations de conflit et d’après-conflit, en répondent. 

Les membres du Conseil ont condamné l’appui militaire extérieur fourni au M23 et à tout autre groupe armé opérant en République démocratique du Congo et ont exigé de toute partie extérieure fournissant un tel soutien qu’elles y mettent un terme et se retirent immédiatement du pays. Ils se sont déclarés vivement préoccupés par les informations communiquées par le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo concernant l’appui militaire extérieur apporté au M23 et des interventions militaires directes sur le territoire congolais.  Ils ont également condamné l’appui apporté, notamment par les forces militaires, à certains groupes armés tels que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et ont exigé qu’il soit mis fin à un tel soutien. 

Les membres du Conseil ont condamné avec la plus grande fermeté les attaques perpétrées récemment contre la MONUSCO, son personnel et ses biens, lors desquelles des soldats de la paix ont été gravement blessés, et ont souhaité un prompt et complet rétablissement aux blessés. Ils ont réaffirmé leur appui résolu aux mesures énergiques que la MONUSCO avait prises pour exécuter son mandat, notamment les offensives ciblées menées en République démocratique du Congo en vue de neutraliser les groupes armés.  Ils ont demandé au Secrétaire général, aux États Membres et au Gouvernement congolais de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sûreté et la sécurité du personnel de la MONUSCO, conformément à la résolution 2518 (2020), et conformément aux directives et aux meilleures pratiques de l’Organisations des Nations Unies visant à améliorer la sécurité des soldats de la paix.  Ils ont réaffirmé qu’il importait que la MONUSCO renforce sa mobilisation auprès de la population locale dans le cadre de sa communication stratégique et souligné qu’il importait de prévenir et contrer les campagnes de désinformation et la mésinformation visant à saper la crédibilité de la mission et à entraver l’exécution de son mandat. 

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur appui au retrait progressif, responsable et durable de la MONUSCO.  À cet égard, ils ont souligné l’importance d’un renforcement de la communication entre la MONUSCO, les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police et les autorités congolaises dans ce processus. Ils ont encouragé vivement les autorités congolaises à prendre des mesures concrètes, notamment à accélérer la réforme du secteur de la sécurité et à appliquer promptement le Programme national de désarmement, de démobilisation, de relèvement communautaire et de stabilisation (P-DDRCS), pour appliquer le plan de désengagement afin d’éviter toute lacune en matière de sécurité dans le Sud-Kivu de sorte à assurer une protection efficace des civils, des femmes et des enfants en particulier.  Ils se sont de nouveau déclarés prêts à envisager d’autres étapes de ce processus à la fin de cette première phase, en tenant compte des progrès accomplis concernant les objectifs et les indicateurs énoncés dans le plan de désengagement ainsi que de la situation sur le terrain. 

Les membres du Conseil ont demandé à toutes les parties de poursuivre le dialogue diplomatique et de prendre des mesures concrètes en vue d’une désescalade.  Ils ont exprimé leur soutien à tous les efforts visant à parvenir à une cessation des hostilités et salué en particulier l’action menée par le Président de l’Angola et Président de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), S.E. João Lourenço, pour assurer une médiation entre la République démocratique du Congo et le Rwanda dans le cadre du processus de Luanda. Ils se sont félicités de la rencontre entre les ministres des affaires étrangères de la République démocratique du Congo et du Rwanda, qui a eu lieu à Luanda le 21 mars, et ont encouragé les deux pays à poursuivre leurs efforts pour faire avancer une paix durable dans la région.  Ils ont également mis l’accent sur le rôle déterminant des processus de paix régionaux, notamment ceux de Luanda et de Nairobi, et l’appui continu de l’Angola, de la MONUSCO, le Bureau de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs et les partenaires internationaux. 

Les membres du Conseil ont pris note du communiqué du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine adopté après la réunion sur la situation en République démocratique du Congo tenue le 4 mars 2024.  Ils ont également pris note du communiqué du sommet extraordinaire de la troïka élargie de l’Organe de la SADC du 23 mars 2024.  Ils ont pris acte des mesures prises pour rendre opérationnelle la Mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SAMIDRC), et se sont déclarés préoccupés par les informations concernant l’attaque qui a visé une base de la SAMIDRC le 27 mars.  Ils ont souligné que la protection des civils et la coordination et l’échange d’informations avec la MONUSCO importaient et que toutes les opérations devaient être conduites dans le strict respect du droit international, notamment du droit international humanitaire et du droit international des droits humains, selon qu’il convient.  Ils ont rappelé les dispositions énoncées dans la résolution 2717 (2023) concernant les conditions dans lesquelles la MONUSCO pourrait donner un appui à une force régionale déployée sous l’égide de l’Union africaine en République démocratique du Congo. 

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les États de la région.  Ils ont renouvelé leur plein soutien à la Représentante spéciale du Secrétaire général, Bintou Keita, et à l’action de stabilisation menée par la MONUSCO.

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