Après plus de 1 000 jours de conflit et alors qu’un nouvel hiver arrive, le sort des enfants ukrainiens continue d’inquiéter le Conseil de sécurité
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« Les Nations Unies ont pu vérifier qu’au moins 2 406 enfants ont été tués ou blessés depuis février 2022, soit une moyenne de deux enfants par jour », a déclaré ce matin Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, devant un Conseil de sécurité unanimement préoccupé par la situation des enfants ukrainiens, à l’exception de la Russie. « Derrière ces chiffres se cachent des enfants, chacun avec un nom, des êtres chers, des rêves brisés », a-t-elle ajouté, une remarque reprise par les États-Unis, qui présidaient la séance et ont, eux aussi, voulu donner une dimension personnelle et humaine à ce conflit qui vient de passer le cap des 1 000 jours.
Mme Russell a décrit les conditions de vie effroyables des enfants ukrainiens, souvent confinés dans des abris souterrains sombres et froids pendant plusieurs heures chaque jour pour échapper aux bombardements. Elle a signalé que plus de 20% des écoles ukrainiennes ont été détruites, obligeant certains enfants à suivre des cours dans des stations de métro glaciales. Ces conditions, a-t-elle précisé, entraînent des traumatismes graves: un tiers des parents ukrainiens rapportent des signes persistants de détresse psychologique chez leurs enfants.
Le tribut payé à cette guerre par les enfants ukrainiens a été détaillé par Mme Kateryna Rashevska, experte juridique au Centre régional pour les droits humains de Kyïv: 593 enfants tués, 1 707 blessés et 15 000 devenus orphelins. Près de 3 millions d’enfants vivent dans une vulnérabilité extrême, souvent exposés à des violences graves, notamment des viols et des tortures, a-t-elle expliqué. À cela s’ajoute un accès limité à l’eau potable pour 1,7 million d’enfants et à des installations sanitaires pour 3,4 millions, a fait remarquer la Slovénie. Plusieurs délégations, dont l’Union européenne, ont en outre condamné le bombardement, en juillet dernier, de l’hôpital pédiatrique Okhmatdyt de Kyïv, le plus grand du pays.
Malgré ce tableau alarmant, Mme Russell a souligné le rôle crucial de l’UNICEF et de ses partenaires, qui ont fourni de l’eau potable à 5,1 millions de personnes en 2024, des services psychosociaux à de nombreux enfants et tuteurs, et un soutien scolaire à plus de 450 000 enfants. Cependant, elle a insisté sur l’insuffisance de l’aide humanitaire seule, exhortant le Conseil à agir immédiatement pour protéger les enfants, en mettant fin aux attaques contre les infrastructures essentielles (écoles, hôpitaux, réseaux d’énergie) et en interdisant les armes explosives dans les zones peuplées, et particulièrement les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions, qui causent des souffrances disproportionnées aux enfants.
Un programme d’adoption et de placement forcés dirigé par le Kremlin
Elle s’est également alarmée du grand nombre d’enfants ukrainiens séparés de leur famille. M. Nathaniel Raymond, Directeur exécutif du laboratoire de recherche humanitaire de l’École de santé publique de l’Université de Yale, a fait écho à ces inquiétudes en présentant au Conseil les conclusions du rapport publié hier par son institution sur le programme russe d’adoption et de placement forcés d’enfants ukrainiens. L’enquête, fruit de 20 mois de collecte et d’analyse de données open source et d’images satellite disponibles dans le commerce, a permis d’identifier 314 enfants d’Ukraine qui, à la suite de l’invasion de leur pays par la Russie en février 2022, ont été pris en charge dans le cadre de ce programme systématique dirigé par le Kremlin. Parmi eux, 208 ont été adoptés en Russie et 67 ont été naturalisés russes.
Au nom des États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), la Lettonie a estimé que cette politique n’est pas seulement un effet secondaire « involontaire » de l’agression russe, mais bel et bien une tactique délibérée, visant à effacer l’avenir de l’Ukraine. M. Raymond a pour sa part comparé ces actes aux crimes nazis jugés lors du procès de Nuremberg, lorsque des responsables du Troisième Reich avaient été condamnés pour le transfert forcé d’enfants polonais en Allemagne afin de les germaniser. Il a enfin accusé la Russie de truquer ses bases de données et a exhorté Mme Maria Lvova-Belova, la Commissaire russe aux droits de l’enfant, à fournir une liste complète des enfants ukrainiens déplacés, incluant leur lieu d’origine, leur localisation actuelle et toute modification apportée à leurs informations personnelles.
Une demande formulée également par Mme Rashevska, qui a rappelé que la Cour pénale internationale (CPI) a émis pour ces crimes des mandats d’arrêt contre le Président Vladimir Putin et Mme Lvova-Belova. Elle estime, pour sa part, que plus de 19 000 enfants ukrainiens ont été illégalement déportés en Russie sous prétexte d’évacuation depuis février 2022, et que plus de 40 000 sont déplacés chaque année des territoires occupés vers des camps de rééducation en Russie et au Bélarus, où ils subissent un endoctrinement militariste.
Elle a cité l’exemple du camp « Avangard », dans la région de Volgograd, où 300 enfants ont reçu une formation militaire comprenant des exercices tactiques et des sauts en parachute. Elle a également indiqué que la Russie a remplacé illégalement l’éducation ukrainienne par un système d’enseignement russe dans les territoires occupés, politisant et militarisant les écoles dans le but d’éradiquer ainsi l’identité ukrainienne. « Dépouiller les enfants de leur identité et de leur famille » de cette manière constitue une violation de la Convention relative aux droits de l’enfant et une tentative systématique d’effacer l’identité ukrainienne, s’est-elle indignée, rejointe par le Royaume-Uni, pour qui c’est l’avenir même de l’Ukraine qui est ainsi menacé.
Des crimes qui resteront « gravés dans l’histoire », selon l’Ukraine
La Russie a fermement rejeté les accusations d’enlèvements et de déportations forcées d’enfants ukrainiens, qualifiant ces allégations de « mensonges systématiques » et de « propagande » orchestrée par les États-Unis et leurs alliés pour politiser le Conseil de sécurité. La délégation a attribué les problèmes affectant les enfants ukrainiens au « coup d’État anticonstitutionnel » de Maïdan en 2014, soutenant que le Gouvernement ukrainien persécute les populations russophones en restreignant l’usage de leur langue maternelle.
S’agissant des déplacements d’enfants, la Russie a affirmé respecter le droit international humanitaire, précisant que la majorité des enfants « évacués » étaient accompagnés de leurs parents ou tuteurs. Elle a mentionné des mécanismes de réunification familiale mis en place avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Qatar et le Vatican, tout en réfutant les accusations d’adoptions forcées. Selon le délégué russe, les enfants sans tuteurs ont été placés sous tutelle temporaire et leur naturalisation russe visait à faciliter leur accès aux services sociaux sans renonciation à leur nationalité ukrainienne. Il a ajouté que, pour les enfants ukrainiens, la plus grande menace vient du Gouvernement ukrainien qui les « instrumentalise à des fins militaires et géopolitiques ».
En réponse, l’Ukraine a rappelé que la Russie figure depuis deux ans sur la « liste des violations graves contre les enfants » —une première pour un membre permanent du Conseil de sécurité— et qu’elle a exposé les enfants ukrainiens aux six violations graves auxquelles peuvent être victimes les enfants en temps de conflit armé. Évoquant des cas d’identité effacée, la déléguée ukrainienne a brandi deux certificats de naissance de la petite Marharyta Prokopenko, kidnappée à Kherson à l’âge de 10 mois: un certificat ukrainien, authentique, et un certificat russe falsifié, portant un autre nom (Maryna Mironova) et un lieu de naissance modifié. Promettant que les crimes russes, notamment contre les enfants, « resteront gravés dans l’histoire », elle a salué les efforts internationaux tels que « l’Engagement de Montréal ». Signé en octobre par 54 États à l’initiative de l’Ukraine et du Canada, cet engagement vise à faciliter le retour des prisonniers de guerre, des civils détenus illégalement et des enfants déportés.
Parmi les signataires de cette initiative, les États-Unis ont annoncé de nouvelles restrictions contre cinq responsables russes impliqués dans de telles violations des droits humains. Sur le plan humanitaire, la France a déclaré qu’un million d’euros de sa contribution à l’UNICEF pour 2024 serait consacré à la reconstruction et à l’exploitation de deux centres de protection des droits de l’enfant à Kharkiv et Dnipro, destinés à aider les enfants victimes ou témoins de violences. La Pologne a quant à elle déclaré aider les enfants réfugiés ukrainiens à conserver leur identité nationale en leur permettant de fréquenter des écoles polonaises, où ils poursuivent leur éducation en ukrainien tout en bénéficiant des mêmes avantages sociaux et de santé que les citoyens polonais.
Enfin, la Chine, tout en rappelant la nécessité de protéger les populations, et plus particulièrement les enfants, notamment via la résolution 1612 (2005) du Conseil, a réaffirmé sa priorité de parvenir à une « désescalade immédiate » dans le conflit ukrainien. Soutenue par plusieurs États Membres, dont l’Algérie, elle a appelé les parties belligérantes à faire preuve de « retenue et de calme ». Pour un règlement définitif, la Chine a insisté sur l’importance de respecter le principe de « sécurité indivisible » et de concevoir une architecture sécuritaire durable pour le continent européen.
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MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE
Exposés
Mme CATHERINE RUSSELL, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a tout d’abord souligné que, depuis février 2022, deux enfants, en moyenne, ont été tués ou blessés chaque jour en Ukraine. « Derrière ces chiffres se cachent des enfants, chacun avec un nom, des êtres chers, des rêves brisés », a-t-elle ajouté, notant que, durant les neuf premiers mois de 2024, il y a eu plus d’enfants victimes que pendant toute l’année 2023, ce qui révèle une intensification de la violence, tandis que le conflit a désormais dépassé le cap des 1 000 jours.
Mme Russell a ensuite décrit les conditions de vie effroyables auxquelles font face de nombreux enfants, contraints de se cacher dans des abris souterrains sombres et humides pendant six heures par jour en moyenne, pour échapper aux attaques incessantes. Ces abris, souvent improvisés, deviennent insupportables avec l’arrivée de l’hiver. Elle a également rapporté que plus de 20% des établissements scolaires et 660 hôpitaux ont été détruits, forçant parfois les enfants à suivre des cours dans des stations de métro.
La haute fonctionnaire a insisté sur les conséquences psychologiques graves pour les enfants, affirmant qu’un tiers des parents observent des signes de traumatisme psychologique chez leurs enfants dont les effets risquent de persister tout au long de leur vie. Malgré cette situation, a expliqué Mme Russell, l’UNICEF et ses partenaires continuent de travailler sans relâche pour répondre aux besoins immédiats. En 2024, 5,1 millions de personnes ont eu accès à l’eau potable grâce à leurs efforts, tandis que des services psychosociaux ont été fournis à de nombreux enfants et tuteurs. En outre, plus de 450 000 enfants ont été soutenus dans leur scolarisation.
Mme Russell a toutefois précisé que les efforts humanitaires ne suffisent pas à eux seuls et doivent être complétés par des mesures politiques. Elle a exhorté les parties au conflit, ainsi que les membres du Conseil de sécurité, à prendre des mesures immédiates pour protéger les enfants. Elle a demandé un respect strict du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, notamment en mettant fin aux attaques contre les infrastructures vitales telles que les écoles et les réseaux d’énergie. Elle a également appelé à l’interdiction des armes explosives dans les zones densément peuplées, des mines antipersonnel et des bombes à sous-munitions, qui causent des souffrances disproportionnées aux enfants.
La Directrice générale s’est également inquiétée du nombre élevé d’enfants séparés de leur famille, exhortant les parties à favoriser la réunification familiale et à s’abstenir de modifier la nationalité des enfants, conformément à la Convention des droits de l’enfant. Enfin, elle a insisté sur la nécessité d’un accès humanitaire sans entrave pour permettre à l’ONU et à ses partenaires de venir en aide aux enfants et aux familles dans toutes les régions, y compris celles hors du contrôle du Gouvernement ukrainien.
M. NATHANIEL RAYMOND, Directeur exécutif du laboratoire de recherche humanitaire de l’École de santé publique de l’Université de Yale, a évoqué le rapport publié hier par son institution sur le programme russe d’adoption et de placement forcés d’enfants ukrainiens. L’enquête, fruit de 20 mois de collecte et d’analyse de données open source et d’images satellite disponibles dans le commerce, a permis d’identifier 314 enfants d’Ukraine qui, à la suite de l’invasion de leur pays par la Russie en février 2022, ont été pris en charge dans le cadre de ce programme systématique dirigé par le Kremlin. Les dossiers de chaque enfant identifié dans ce rapport ont été transférés au Gouvernement ukrainien, y compris aux forces de l’ordre, et au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), a-t-il indiqué. M. Raymond a précisé que les enfants identifiés provenaient exclusivement des oblasts de Donetsk et de Louhansk, même si des informations laissent croire que des enfants des oblasts de Zaporizhzhia, Kherson et Kharkiv sont aussi probablement inclus dans le programme.
Le nombre total d’enfants ukrainiens que la Russie a placés dans son « pipeline » d’adoption et de placement familial n’est pas connu et ne peut être déterminé à partir des données analysées pour ce rapport, a expliqué M. Raymond. Selon lui, la naturalisation d’enfants originaires d’Ukraine en tant que citoyens russes est un aspect essentiel de toute l’opération. Il a ajouté que le programme s’est appuyé sur des « manœuvres juridiques » menées par le Président Putin lui-même, ainsi que par Mme Maria Lvova-Belova, Commissaire russe aux droits de l’enfant, Mme Anna Kuznetsova, membre de la Douma et l’une des responsables du parti Russie unie, et d’autres responsables, pour s’assurer que ces activités soient conformes à la loi fédérale russe régissant l’adoption des enfants russes. Il a rappelé, à cet égard, que lors du procès de Nuremberg, après la Seconde Guerre mondiale, des Nazis et leurs collaborateurs avaient été jugés pour le transfert forcé d’enfants polonais en Allemagne pour une soi-disant germanisation. « Le même crime présumé se produit aujourd’hui, au XXIe siècle, et c’est la Russie qui le commet cette fois-ci », a-t-il lancé.
Dans les bases de données du programme, les enfants sont présentés sans aucune mention de leur origine d’Ukraine, a constaté le Directeur exécutif. De plus, certains dossiers d’enfants ont été modifiés, et des preuves potentielles pertinentes de crimes présumés ont été supprimées d’Internet. Au regard de ces agissements, il a appelé la Russie à fournir à l’Ukraine, au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à l’UNICEF et aux autres autorités compétentes une liste complète des enfants qu’elle a emmenés, liste devant préciser d’où ils viennent et où ils se trouvent actuellement, et documenter toute modification des informations personnelles identifiables des enfants effectuée par les responsables russes. Tant que la Russie ne fournira pas ces informations, ce qu’elle est légalement et moralement tenue de faire, il sera impossible d’évaluer pleinement le nombre exact d’enfants qui attendent de rentrer chez eux, a-t-il conclu.
Mme KATERYNA RASHEVSKA, experte juridique au Centre régional pour les droits humains à Kyïv, a rappelé que les enfants n’ont aucun rôle à jouer dans les conflits armés, déplorant le fait que 593 petits Ukrainiens ont été tués et 1 707 blessés, tandis qu’environ 15 000 ont perdu leurs parents ou sont devenus orphelins à cause de la guerre dans leur pays. En Ukraine, a-t-elle ajouté, près de 3 millions d’enfants vivent aujourd’hui dans une extrême vulnérabilité, confrontés à ce qui pourrait être le pire hiver depuis le début de l’invasion russe à grande échelle.
Elle a relevé que des actes de violence, notamment des viols, des tortures et des détentions arbitraires perpétrés par des soldats russes contre des enfants ukrainiens, sont confirmés par le rapport de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la question des enfants et des conflits armés. Les forces armées russes figurent à deux reprises sur la « liste de la honte » pour ces violations graves, a-t-elle précisé.
Mme Rashevska a ensuite souligné que plus de 19 000 enfants ukrainiens ont été illégalement déportés en Russie sous prétexte d’évacuation, et que certains d’entre eux ont été transférés à parfois plus de 8 000 kilomètres de leur domicile, placés dans des orphelinats ou des familles d’accueil russes. Ces actes ont conduit la Cour pénale internationale (CPI) à émettre des mandats d’arrêt contre le Président Vladimir Putin et Mme Maria Lvova-Belova, Commissaire russe aux droits de l’enfant. Malgré les initiatives de médiation internationales, notamment celles du Vatican, du Qatar et d’autres parties, environ 90% de ces enfants restent sous contrôle russe, a indiqué l’intervenante.
La juriste a également dénoncé l’imposition forcée de la citoyenneté russe aux enfants ukrainiens dans les territoires occupés. Chaque année, plus de 40 000 enfants ukrainiens sont déplacés vers des camps de rééducation en Russie et au Bélarus, où ils subissent un endoctrinement militariste, s’est-elle indignée. Elle a cité l’exemple du camp « Avangard », dans la région de Volgograd, où 300 enfants ont reçu une formation militaire comprenant des exercices tactiques et des sauts en parachute. Elle a également fait savoir que la Russie a remplacé illégalement l’éducation ukrainienne par un système d’enseignement russe dans les territoires occupés, politisant et militarisant les écoles, tentant d’éradiquer ainsi l’identité ukrainienne. Le manque d’accès à l’enseignement en langue ukrainienne en Crimée occupée a déjà été reconnu comme une violation de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale par la Cour internationale de Justice (CIJ), jugement que la Russie continue d’ignorer.
Mme Rashevska a conclu son intervention en appelant le Conseil de sécurité de l’ONU à utiliser ses leviers pour contraindre la Russie à respecter le droit international, notamment en assurant le retour des enfants déportés et la protection de leurs droits. « Si nous voulons une véritable paix en Ukraine et dans le monde, nous devons commencer par protéger nos enfants », a-t-elle affirmé.