Conseil de sécurité: au Yémen, la dynamique actuelle vient rappeler brutalement le risque d’un retour d’une guerre à grande échelle, avertit l’Envoyé spécial
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Deux hauts responsables de l’ONU ont décrit, ce matin devant le Conseil de sécurité, la dynamique actuelle au Yémen, estimant qu’elle constituait un rappel brutal d’un risque bien réel de retour à une guerre à grande échelle dans le pays, ainsi que la situation humanitaire dramatique du pays. Comme les membres du Conseil après eux, les intervenants ont dit craindre les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza sur le Yémen, réclamé la libération des travailleurs humanitaires détenus par les houthistes du mouvement Ansar Allah, qu’ils ont accusés des attaques contre des navires en mer Rouge, menaçant la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale.
M. Hans Grundberg, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a réclamé dès le début de son exposé la libération immédiate et sans condition des travailleurs humanitaires yéménites et internationaux ainsi que des diplomates et employés du secteur privé et des communautés religieuses minoritaires détenus par Ansar Allah. Il a ensuite rappelé que son objectif principal restait l’obtention, par la médiation, d’une résolution durable et juste du conflit au Yémen, avant de regretter que la guerre à Gaza et l’escalade régionale compliquent ses efforts. M. Grundberg a lancé un appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate et sans condition de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza.
L’Envoyé spécial a décrit les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza sur le Yémen. Rappelant qu’Ansar Allah avait poursuivi ses attaques contre des navires en mer Rouge, présentées comme des représailles aux attaques israéliennes à Gaza mais qui menacent la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale, M. Grundberg s’est dit particulièrement préoccupé par les conséquences de l’attaque du pétrolier M.V. Sounion avant d’exhorter le groupe houthiste à cesser de prendre pour cible les navires civils, dans la mer Rouge et au-delà.
M. Grundberg a également déploré une situation intérieure militaire qui ne s’est pas améliorée, avec des activités militaires inquiétantes le long des lignes de front et l’escalade verbale entre les parties belligérantes. La dynamique actuelle est un rappel brutal que la menace d’un retour à une guerre à grande échelle reste toujours présente, a-t-il prévenu. L’Envoyé spécial a toutefois dit « être résolu à s’engager avec toutes les parties au conflit afin de trouver des solutions immédiates et à plus long terme ». Mentionnant des « discussions approfondies » avec des interlocuteurs clefs, il a fait état de discussions constructives sur la question prioritaire de la libération des détenus et noté que les communications avec les commandants militaires se poursuivaient afin d’assurer un fonctionnement efficace des mécanismes de cessez-le-feu. C’est en s’engageant durablement et de manière ciblée sur des questions économiques, le cessez-le-feu à l’échelle nationale et un processus politique global et inclusif, que le Yémen pourra parvenir à une paix durable, a affirmé l’Envoyé spécial.
« Le temps presse si nous voulons éviter une catastrophe humanitaire », a pour sa part affirmé Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence. Affirmant que 62% des ménages yéménites déclarent ne pas disposer d’assez de nourriture, elle a également rappelé que le Yémen est confronté aux effets de pluies dévastatrices, d’inondations et de glissements de terrain, ainsi qu’à une épidémie de choléra en pleine expansion. Mme Msuya a déploré un financement très insuffisant de la réponse humanitaire, relevant notamment que le mécanisme de réponse rapide n’avait reçu que 6,4 millions des 17,9 millions de dollars nécessaires. C’est pourquoi, a-t-elle expliqué, elle avait autorisé le Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) à débloquer 20 millions de dollars pour la réponse au Yémen, tout en avertissant que ce fait ne dispensait aucunement les États Membres et les autres donateurs d’augmenter leur soutien financier à cette réponse.
L’intensification de la réponse humanitaire nécessitera le soutien de la communauté internationale et la coopération des parties, a souligné Mme Msuya, qui a déploré la persistance d’obstacles à l’accès et d’interférences avec les activités humanitaires. Elle a en particulier rappelé aux autorités de facto leur devoir de protéger les travailleurs humanitaires, libérer toutes les personnes arbitrairement détenues et faciliter l’aide humanitaire.
Les membres du Conseil se sont particulièrement appesantis sur cet appel aux houthistes à libérer le personnel humanitaire, yéménite comme international. Pour les États-Unis, « le moment est venu pour l’ONU de revoir ses opérations et ses programmes non vitaux au Yémen afin de garantir la sûreté et la sécurité de ses employés ».
L’arrêt des attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge et partout ailleurs a été réclamé par les différentes membres du Conseil, y compris la Fédération de Russie. Pour cette dernière toutefois, « l’obstacle, ici, est la résolution des États-Unis et du Royaume-Uni à poursuivre la lutte armée contre Ansar Allah plutôt que la désescalade de la violence du conflit israélo-palestinien ». La Chine a abondé dans la même direction, appelant à « mettre tous les moyens en jeu pour restaurer la paix et la sécurité au Moyen-Orient ». Les A3+ (Algérie, Guyana, Mozambique et Sierra Leone) ont affirmé qu’une réponse rapide et une action diligente restaient nécessaires pour résoudre les conflits plus larges dans la région, insistant notamment sur l’urgence d’un cessez-le-feu à Gaza, lequel reste essentiel à la stabilité du Moyen-Orient.
En revanche, pour le Yémen, ce sont les houthistes qui sapent le processus de paix avec leur escalade militaire en mer Rouge et sur le terrain en ciblant les civils, ainsi qu’en menant une lutte économique contre les dirigeants du pays. Le représentant a exigé un processus politique qui respecte la volonté des Yéménites. Les houthistes doivent revenir à la table des négociations conduites par l’Envoyé spécial, a réitéré la France souhaitant en outre que soit garantie la participation effective des femmes yéménites aux négociations. « Plutôt que de poursuivre des attaques imprudentes et des détentions de civils innocents, les houthistes doivent donner la priorité aux besoins des Yéménites en s’engageant dans les négociations du processus de paix », a renchéri le Royaume-Uni qui a appelé à l’arrêt immédiat des livraisons d’armes aux houthistes.
Le Conseil a également entendu une représentante de la société civile, Mme Linda Al Obahi, Conseillère principale aux affaires politiques et en médiation de « Peace Track Initiative » dont le travail se concentre sur le soutien à la consolidation d’une paix inclusive au Yémen et sur la défense des droits des femmes. Après avoir mentionné que 6,3 millions de femmes et de filles yéménites sont exposées à un risque accru de violences domestiques, sexuelles et de mariage forcé, elle a dénoncé les tortures physiques et mentales et viols subis par les femmes en détention, en particulier dans les prisons houthistes. Se disant « déçue » face à la tiédeur de la réaction internationale à ces développements, elle a exhorté les agences onusiennes et les organisations internationales opérant au Yémen à militer beaucoup plus fermement en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle des détenus. Elle a également dit craindre qu’en l’absence de possibilité pour les femmes d’influencer de manière significative le processus de paix mené par l’ONU, les consultations des diverses représentantes féminines restent symboliques, alors que, pour la première fois en 24 ans, aucune femme n’occupe de poste au Gouvernement ni ne fait partie du Conseil de direction présidentiel du Yémen, malgré l’existence d’un quota minimum de 30% de femmes dans les instances dirigeantes du pays.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Exposés
M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a d’abord réclamé la libération immédiate et sans condition des travailleurs humanitaires yéménites et internationaux ainsi que les diplomates et employés du secteur privé et des communautés religieuses minoritaires détenus par Ansar Allah. Leur détention est une profonde injustice, réduit l’espace civique et a un impact négatif sur les efforts humanitaires pour les Yéménites, a-t-il affirmé, demandant qu’Ansar Allah s’abstienne de toute nouvelle détention arbitraire.
Mon objectif principal reste la médiation d’une résolution durable et juste du conflit au Yémen, a déclaré l’Envoyé spécial, qui a regretté que la guerre à Gaza et l’escalade régionale compliquent ses efforts. M. Grundberg a lancé un appel en faveur d’un cessez-le-feu immédiat, la libération immédiate et sans condition de tous les otages et d’une augmentation massive de l’aide humanitaire à Gaza.
Les conséquences déstabilisatrices de la guerre à Gaza ont un impact négatif sur le Yémen, a ensuite rappelé l’Envoyé spécial. Ansar Allah a poursuivi ses attaques contre des navires en mer Rouge, menaçant la stabilité régionale et la sécurité maritime internationale. En réponse, les États-Unis et le Royaume-Uni ont continué de frapper des cibles militaires à l’intérieur du Yémen. Se disant préoccupé face à cette escalade, M. Grundberg a demandé aux parties de donner la priorité au Yémen et au règlement du conflit au Yémen.
L’Envoyé spécial s’est dit particulièrement préoccupé par l’attaque d’Ansar Allah du pétrolier M.V. Sounion, battant pavillon grec, qui présente une menace imminente de marée noire et d’une catastrophe environnementale d’une ampleur sans précédent au Yémen et dans la région. Il a exhorté Ansar Allah à cesser de prendre pour cible les navires civils dans la mer Rouge et au-delà.
M. Grundberg a déploré une situation intérieure militaire qui ne s’est pas améliorée, avec des activités militaires inquiétantes le long des lignes de front et l’escalade verbale entre les parties belligérantes. Bien que les niveaux de violence restent inférieurs à ceux d’avant la période de trêve de 2022, les affrontements à Dalea, Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada, Chaboua et Taëz entraînent souvent des pertes en vies humaines inutiles et tragiques. La dynamique actuelle est un rappel brutal que la menace d’un retour à une guerre à grande échelle reste toujours présente, a-t-il averti.
Sur le plan économique, l’accord conclu entre les parties le 23 juillet sur la désescalade économique a permis d’éviter une crise aiguë, a observé l’Envoyé spécial, qui a toutefois noté que la situation économique des Yéménites continue de se détériorer. À cela s’ajoutent les catastrophes naturelles qui touchent de manière disproportionnée les plus vulnérables notamment à Hodeïda et Hajja. L’ampleur de cette perte souligne l’importance de rester concentré sur les besoins du peuple yéménite. Il est également crucial que les Yéménites travaillent ensemble de part et d’autre sur les lignes de front pour répondre aux urgences sans entraver les efforts de sauvetage.
L’Envoyé spécial a déclaré être « résolu à s’engager avec toutes les parties au conflit afin de trouver des solutions immédiates et à plus long terme ». Il a fait part de discussions approfondies avec des interlocuteurs clefs à Aden, Taëz, Dalea, Riyad, Le Caire et Londres. Ces engagements ont été constructifs sur les questions économiques, a-t-il estimé. Il y a aussi des discussions constructives sur la libération des détenus, qui reste une priorité absolue.
Ces signaux positifs ne suffisent toutefois pas eux seuls, a poursuivi l’Envoyé spécial, pour qui le peuple yéménite doit rester la priorité. Il a donc demandé des actions concrètes qui contribuent à la désescalade et à l’avancement de la paix, encourageant la mise en œuvre effective de l’accord de juillet sur la désescalade dans le secteur bancaire et Yemenia Airways. Il a relevé que les communications avec les commandants militaires se poursuivent afin d’assurer un fonctionnement efficace des mécanismes de cessez-le-feu. Pour sa part, le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) se prépare à d’autres consultations avec les partis politiques et la société civile afin de promouvoir un processus de paix inclusif au Yémen. Les voix de tous les segments de la société yéménite doivent être entendues, a rappelé M. Grundberg.
C’est en s’engageant durablement et de manière ciblée sur des questions économiques, le cessez-le-feu à l’échelle nationale et un processus politique global et inclusif, que le Yémen pourra parvenir à une paix durable, a encore affirmé l’Envoyé spécial, qui a demandé le soutien indéfectible du Conseil à ses efforts pour obtenir la libération du personnel des Nations Unies détenu et pour réfuter les accusations sans fondement portées sur les différentes agences onusiennes et des partenaires humanitaires. L’ONU, par l’intermédiaire de tous ses organismes, continuera d’œuvrer sans relâche pour le bien-être du peuple yéménite, a-t-il conclu.
Mme JOYCE MSUYA, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a commencé par exprimer sa profonde préoccupation face à la détention arbitraire persistante de membres du personnel des Nations Unies et d’organisations non gouvernementales ainsi que de représentants de la société civile par les autorités de facto houthistes. Si la plupart de ces personnes sont détenues depuis plus de trois mois, quatre autres le sont depuis 2021 et 2023, a-t-elle précisé, appelant à leur libération immédiate et inconditionnelle. L’ONU mène des actions diplomatiques à cette fin, a indiqué Mme Msuya, avant d’exhorter tous les États Membres à exercer l’influence dont ils disposent pour soutenir ces efforts. Elle a par ailleurs dénoncé les accusations mensongères des autorités de facto houthistes concernant les travailleurs humanitaires, notamment celles faisant état d’une ingérence dans le système éducatif du Yémen, avertissant que de telles allégations menacent la sécurité du personnel et entravent encore davantage la capacité de l’ONU et de ses partenaires à servir le peuple yéménite.
Mme Msuya a ensuite évoqué la situation humanitaire au Yémen, laquelle ne cesse de se détériorer, 62% des ménages interrogés déclarant ne pas avoir assez de nourriture. Pour la première fois, a-t-elle relevé, 3 districts –2 à Hodeïda et un à Taëz– sont confrontés à des niveaux de malnutrition extrêmement critiques (phase 5 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire) et 4 autres devraient atteindre ce niveau d’ici à octobre. Dans les zones contrôlées par le Gouvernement du Yémen, 600 000 enfants devraient, d’ici à la fin de l’année souffrir de malnutrition aiguë et environ 118 000 de malnutrition aiguë sévère, soit une augmentation de 34% depuis 2023. « Le temps presse si nous voulons éviter une catastrophe », a prévenu Mme Msuya, pour qui l’intensification de la réponse humanitaire nécessitera le soutien de la communauté internationale et la coopération des parties.
Alors que les besoins augmentent, les attaques contre les navires en mer Rouge continuent de poser des risques environnementaux importants, a déploré l’intervenante, qui a rappelé que l’ONU suit de près la tentative de sauvetage du navire marchand Sounion.
En plus de ces défis, le Yémen est confronté aux effets de pluies dévastatrices, d’inondations et de glissements de terrain, ainsi qu’à une épidémie de choléra en pleine expansion, a ajouté Mme Msuya, indiquant qu’à ce jour, 177 000 personnes ont reçu une forme d’aide d’urgence. Toutefois, à l’approche du dernier trimestre de l’année, l’appel humanitaire coordonné n’est financé qu’à 28%, les programmes de sécurité alimentaire et agricole qu’à 9% et les activités de soutien aux refuges qu’à 16%, a-t-elle alerté. Quant au Mécanisme de réponse rapide, principal outil de l’OCHA pour répondre aux situations d’urgence soudaines, il n’a reçu que 6,4 millions des 17,9 millions nécessaires.
En réponse à la gravité de cette pénurie de financement, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires a dit avoir accepté de débloquer 20 millions de dollars du Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) pour la réponse au Yémen. Ceci ne dispense pas les États Membres et les autres donateurs d’augmenter leur soutien financier à cette réponse, a-t-elle averti.
Outre un financement adéquat, une réponse efficace nécessite que les parties respectent leurs obligations de faciliter les opérations de secours humanitaires, a souligné Mme Msuya, qui a déploré la persistance d’obstacles à l’accès et d’interférences avec les activités humanitaires. Affirmant avoir récemment reçu l’assurance du nouveau cabinet formé par les autorités de facto houthistes qu’il travaillera avec l’ONU et la communauté humanitaire dans son ensemble pour relever ces défis d’accès, elle l’a exhorté à prendre des mesures concrètes pour respecter ces engagements, protéger les travailleurs humanitaires, libérer toutes les personnes arbitrairement détenues et faciliter l’aide humanitaire.
Parallèlement, l’OCHA a pris des mesures pour minimiser l’exposition de son personnel aux risques dans les zones contrôlées par les houthistes, ce qui a pour conséquence une réponse plus restreinte, a-t-elle expliqué. Lorsque les exigences minimales seront remplies en matière de sûreté et de sécurité du personnel des Nations Unies et des autres travailleurs humanitaires, nous espérons sincèrement pouvoir à nouveau élargir les programmes, a-t-elle confié. Dans ce contexte, elle a une nouvelle fois enjoint aux parties de respecter le droit international humanitaire, d’abandonner la voie du conflit et de donner la priorité aux progrès en faveur d’une paix durable.
Mme LINDA AL OBAHI, Conseillère principale aux affaires politiques et en médiation de « Peace Track Initiative », a précisé que son travail se concentre sur le soutien à la consolidation d’une paix inclusive au Yémen et sur la défense des droits des femmes. Elle a relevé que 6,3 millions de femmes et de filles yéménites sont exposées à un risque accru de violences basées sur le genre, notamment de violences domestiques et sexuelles. Nombre d’entre elles ont été contraintes de recourir à des mécanismes d’adaptation extrêmes, notamment le mariage forcé ou précoce, et plus de 30% des filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. Les femmes et les filles issues de minorités et de groupes marginalisés comme les Muhamasheen et les Baha'ies sont encore plus touchées de manière disproportionnée, a-t-elle argué.
Les droits fondamentaux des femmes, en particulier leur liberté de mouvement, sont fortement restreints par toutes les parties belligérantes au Yémen, a déploré Mme Al Obahi. De même, l’imposition de codes vestimentaires et de restrictions à la liberté d’expression, en particulier dans les zones contrôlées par les houthistes, entrave la capacité des femmes à travailler, à accéder aux soins de santé et à l’éducation, et à participer à la vie publique. En outre, les défenseuses des droits humains et les artisanes de la paix yéménites sont souvent sujettes à la diffamation publique, aux violences en ligne et aux menaces. Mme Al Obahi a relevé que les femmes en détention sont victimes de tortures physiques et mentales, de viols, en particulier dans les prisons houthistes, alors que certaines détenues ont à peine 14 ans. Les femmes qui ont purgé leur peine de prison se voient refuser la libération sans tuteur masculin et sont privées de leurs droits légaux, notamment de communiquer avec des avocats et des membres de leur famille, a-t-elle ajouté. Elle a aussi rappelé que, depuis le 31 mai, les houthistes procèdent à des détentions arbitraires de personnes travaillant pour l’ONU et des ONG internationales et nationales.
Mme Al Obahi a par ailleurs exprimé la profonde déception ressentie par la majorité des Yéménites face à la tiédeur de la réaction internationale à ces développements. Elle a exhorté les agences onusiennes et les organisations internationales opérant au Yémen à militer beaucoup plus fermement en faveur de la libération immédiate et inconditionnelle des détenus. Concernant le processus politique, elle a estimé que, bien que la consultation de diverses représentantes féminines soit louable, ces efforts risquent de rester symboliques en l’absence de possibilité pour les femmes d’influencer de manière significative le processus de paix mené par l’ONU. Pour la première fois en 24 ans, aucune femme n’occupe de poste au Gouvernement ni ne fait partie du Conseil de direction présidentiel, a-t-elle regretté. En outre, les femmes sont totalement absentes des comités de négociation du processus de paix, y compris ceux sous les auspices de l’ONU.
Mme Al Obahi a appelé le Conseil de sécurité à exhorter toutes les parties à établir une paix globale, inclusive, juste et durable, tout en militant pour la mise en œuvre du quota minimum de 30% de femmes dans les instances dirigeantes.