9702e séance – matin et après-midi
CS/15788

Le Conseil de sécurité débat du renforcement de la représentation de l’Afrique en son sein, afin de « remédier à l’injustice historique » et « une omission flagrante »

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le Secrétaire général a exhorté, aujourd’hui, à ce que « la voix de l’Afrique, les idées de l’Afrique et la participation de l’Afrique » soient pleinement prises en compte dans les délibérations et les travaux du Conseil, déplorant une « omission flagrante ». 

Ce n’est pas seulement une question d’éthique et de justice.  C’est aussi un impératif stratégique susceptible d’accroître l’acceptation globale des décisions du Conseil, dans l’intérêt de l’Afrique et du monde, a déclaré M. António Guterres à l’entame d’une réunion de haut niveau, conduite par le Président de la Sierra Leone, pour débattre des moyens de « remédier à l’injustice historique et renforcer la représentation effective de l’Afrique » au sein de l’organe.  

En 1945, la plupart des pays d’Afrique actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient pas voix au chapitre dans les affaires internationales. Il n’y a pas de membre permanent représentant l’Afrique au Conseil de sécurité, et le nombre de membres élus issus du continent n’est pas proportionnel à l’importance de ce dernier qui compte 54 des 193 États Membres de l’Organisation, accueille la majorité des opérations de maintien de la paix et compte 4 des 10 premiers pays fournisseurs de contingents aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. 

Il est tout simplement « inacceptable » que l’Afrique soit sous-représentée au Conseil de sécurité, parce que « cela porte atteinte aux principes d’équité, d’inclusion et d’égalité souveraine des États », a renchérit le Président de l’Assemblée générale. Notant que celle-ci est activement engagée sur cette question importante, M. Dennis Francis a précisé qu’au cours du processus de négociations intergouvernementales, les discussions sur les cinq groupes et modèles ont soutenu le renforcement de la représentation de l’Afrique au sein du Conseil.  Pour Mme Sithembile Mbete, de l’Université de Pretoria, il s’agit avant tout de corriger une sous-représentation autant qu’une fausse représentation de l’Afrique.  Cette fausse représentation qui perpétue les récits faits du continent africain comme étant en retard, demandeur d’aide plutôt qu’agent de progrès, a-t-elle déploré.  

Le Président de la Sierra Leone, dont le pays coordonne le Comité des 10 chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, a rappelé que l’Afrique exige deux sièges permanents au Conseil de sécurité et deux sièges non permanents supplémentaires, ce qui porterait à cinq le nombre total de sièges non permanents réservés au continent. Cette position connue comme le consensus d’Ezulwini précise également que c’est l’Union africaine qui choisira les membres permanents africains.  M. Julius Maada Bio a aussi relevé que l’Afrique souhaite en outre que le veto soit aboli, mais que si les États Membres souhaitent le conserver, il doit être étendu à tous les nouveaux membres permanents par souci de justice.  

« La représentation limitée de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité restreint la capacité du continent à résoudre les conflits de manière efficace et concrète », a renchéri le Mozambique, constatant que cela peut entraîner des réponses internationales tardives, des solutions qui ne sont pas en phase avec les objectifs de paix et de sécurité à long terme du continent et une dépendance excessive à l’égard des forces extérieures dans la mise en œuvre efficace des solutions africaines aux problèmes africains. 

Selon l’Algérie, cette réforme doit d’ailleurs englober les méthodes de travail et l’usage du droit de veto, puisqu’« une représentation sans efficacité ne suffira pas, et une efficacité sans représentation ne sera pas utile ».  Même dans les cas où la force du plaidoyer de l’Afrique est renforcée par une approche coordonnée dans des mécanismes tels que les A3+ (les membres africains du Conseil de sécurité plus un), celle-ci peut facilement être contrecarrée par l’utilisation du veto, a constaté le Guyana, d’où la position du pays d’abolir le veto, ou à défaut d’étendre ce privilège aux nouveaux membres permanents.   

La plupart des délégations ont dit partager cette exigence de réparer l’injustice historique faite à l’Afrique, dont le Japon qui s’est dit convaincu que l’Afrique a le droit à une participation égale à l’architecture de gouvernance mondiale. Pour l’Équateur, cela signifie en outre réformer non seulement le Conseil de sécurité, mais aussi les institutions de l’architecture financière internationale issues de Bretton Woods.  La République de Corée a fait valoir pour sa part que la catégorie de « siège permanent régional » est inconcevable pour d’autres régions telles que l’Asie-Pacifique. 

Corriger les injustices contre l’Afrique ne devrait pas se limiter à la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, a estimé à son tour la Fédération de Russie, appelant à juguler les conséquences du colonialisme qui s’étendent à tous les domaines de la vie de la société africaine comme la question de la dette ou encore l’absence de représentants du Sud dans les structures de gestion de Bretton Woods et les institutions de développement de l’ONU.  La Chine a indiqué soutenir la demande de l’Afrique d’être considérée comme une priorité et un cas particulier, en saluant la prise en compte de cette position dans le libellé du Pacte pour l’avenir.  

Le texte du Pacte pour l’avenir se doit d’être à la hauteur et refléter cette ambition collective, a estimé la France.  Même son de cloche pour les États-Unis qui attendent des précisions dans le Pacte et qui ont rappelé soutenir une représentation permanente au sein du Conseil de sécurité pour l’Afrique et l’Amérique latine et les Caraïbes.  À ceux qui soutiennent qu’un Conseil élargi diminuerait son efficacité, le Mozambique a retorqué que la légitimité et l’efficacité ne s’excluent pas mutuellement, et elles peuvent se renforcer l’une l’autre. 

 


 

 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Remédier à l’injustice historique et renforcer la représentation effective de l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (S/2024/574)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que le Conseil de sécurité a été pensé par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et reflète les structures de pouvoir de l’époque.  Le monde a changé depuis 1945, mais la composition du Conseil, malgré quelques changements, n’a pas suivi.  En 1945, la plupart des pays d’Afrique actuels étaient encore sous domination coloniale et n’avaient pas voix au chapitre dans les affaires internationales.  Il n’y a pas de membre permanent représentant l’Afrique au Conseil de sécurité, et le nombre de membres élus issus du continent n’est pas proportionnel à l’importance de ce dernier.  Cela a créé une omission flagrante à laquelle il n’a toujours pas été remédié, a-t-il déploré. 

« Nous ne pouvons accepter que le principal organe de paix et de sécurité du monde ne donne pas une voix permanente à un continent qui compte plus d’un milliard d’habitants, à la population jeune et en croissance rapide, et qui regroupe 28% des Membres de l’ONU », a-t-il indiqué.  Nous ne pouvons pas non plus accepter que les vues de l’Afrique soient insuffisamment prises en compte s’agissant des questions de paix et de sécurité, tant sur le continent que dans le monde, a-t-il ajouté. 

L’Afrique est sous-représentée dans les structures de gouvernance mondiale, que ce soit au Conseil de sécurité ou dans les institutions financières internationales, mais surreprésentée dans les situations difficiles que ces structures sont censées régler, a poursuivi le Secrétaire général qui a souligné que la sécurité mondiale passe obligatoirement par la sécurité en Afrique. Pendant ce temps, a-t-il noté, les pays africains accueillent près de la moitié des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et cela fait des années qu’ils fournissent des contingents dans les zones de tension de la planète, notamment au Liban. 

Pour que différentes régions du monde puissent contribuer aux travaux du Conseil, la réforme de la composition de ce Conseil doit s’accompagner d’une démocratisation de ses méthodes de travail, a proposé M. Guterres.  De même, le Nouvel Agenda pour la paix a orienté les négociations concernant un pacte pour l’avenir qui doit être adopté au Sommet de l’avenir prévu le mois prochain.  Le Sommet offre, a-t-il dit, une occasion cruciale de progresser sur ces questions et de faire en sorte que tous les pays puissent participer véritablement et sur un pied d’égalité aux structures de gouvernance mondiale. 

La voix de l’Afrique, les idées de l’Afrique et la participation de l’Afrique doivent être pleinement prises en compte dans les délibérations et les travaux du Conseil, a plaidé le Secrétaire général.  Selon lui, ce n’est pas seulement une question d’éthique et de justice.  C’est aussi un impératif stratégique susceptible d’accroître l’acceptation globale des décisions du Conseil de sécurité, dans l’intérêt de l’Afrique et du monde. 

M. DENNIS FRANCIS, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que la question de la réforme du Conseil de sécurité résonne particulièrement en Afrique, et que cet appel se fait de plus en plus pressant chaque jour, alors que le monde fait face à de multiples crises et que la pression sur les Nations Unies en tant qu’organisation ne cesse de s’accroître.  Cette situation inacceptable appelle le Conseil à redoubler d’efforts pour prendre des mesures décisives face à la violence récurrente et aux souffrances humaines insupportables, a argué le Président de l’Assemblée générale. 

Rappelant qu’aujourd’hui, les Nations Unies comptent 193 États Membres, ce qui représente une augmentation considérable par rapport aux 50 États qui s’étaient réunis à San Francisco pour créer l’organisation en 1947, M. Francis a estimé que le monde exige que les institutions s’adaptent aux réalités actuelles, et ce, à l’échelle et au rythme requis pour créer des changements significatifs dans la vie des gens.  Face à ces pressions, des voix de plus en plus nombreuses et légitimes s’élèvent pour réclamer un Conseil de sécurité plus représentatif, plus réactif, plus démocratique et plus transparent, a pointé M. Francis, qui a aussi relevé que des voix s’élèvent également pour réclamer une Assemblée générale revitalisée qui non seulement assume un rôle plus important sur les questions de paix et de sécurité, mais qui tienne également le Conseil de sécurité, principal gardien de la sécurité internationale, davantage responsable de ses actes « et de son inaction. » 

L’Afrique représente 54 des 193 membres des Nations Unies.  Le continent compte 1,3 milliard d’habitants, accueille la majorité des opérations de paix de l’ONU et compte 4 des 10 principaux pays contributeurs de Casques bleus, a résumé le Président de l’Assemblée générale.  Fort de ce constat, il est tout simplement inacceptable, selon lui, que l’Afrique continue d’être manifestement sous-représentée au sein du Conseil de sécurité.  Cela porte atteinte aux principes d’équité et d’inclusion et va à l’encontre du principe de l’égalité souveraine des États, a-t-il indiqué, exhortant à une réforme urgente de cette institution afin de refléter le monde tel qu’il est aujourd’hui et non tel qu’il était il y a près de 80 ans. 

M. Francis a signalé que l’Assemblée générale est activement engagée sur cette question importante et qu’au cours de la dernière itération du processus de négociations intergouvernementales, les discussions sur les cinq groupes et modèles ont soutenu le renforcement de la représentation de l’Afrique au sein du Conseil. En outre, le projet actuel de contribution au Pacte de l’avenir fait référence à cette injustice historique et traite l’Afrique comme une question prioritaire et un cas particulier. 

Mme SITHEMBILE MBETE, professeure de sciences politiques à l’Université de Pretoria, a rappelé que le consensus d’Ezulwini répond au désir de l’Afrique d’être pleinement représentée dans les organes onusiens de prise de décisions, en particulier le Conseil de sécurité.  Il s’agit de corriger une sous-représentation autant qu’une fausse représentation de l’Afrique.  Cette fausse représentation perpétue les récits faits du continent africain comme étant en retard, demandeur d’aide plutôt qu’agent de progrès, a-t-elle dit. Elle a estimé que la Position africaine commune vise à corriger l’injustice historique s’agissant de la représentation de l’Afrique mais aussi la « myriade d’injustices » qu’elle subit au cours des 500 dernières années.  Elle a ainsi rappelé que l’industrialisation de l’Occident s’est littéralement faite sur « le dos » des esclaves africains, avant de dénoncer le néocolonialisme qui continue de définir les relations économiques de l’Afrique avec les pays riches. 

La réforme du Conseil est nécessaire pour garantir la légitimité de cet organe dans un contexte incertain, marqué par de nouvelles menaces sécuritaires telles que les changements climatiques, les pandémies ou bien encore l’intelligence artificielle.  L’incapacité de ce Conseil à régler des conflits majeurs tels que ceux au Soudan, en Palestine, en Syrie ou encore en Ukraine ont entamé sa crédibilité, a-t-elle tranché.  Elle s’est projetée en 2045 lors de la commémoration du centième anniversaire de l’ONU.  L’Afrique comptera alors 2,3 milliards d’habitants, soit 25% de la population mondiale. « Est-ce la composition du Conseil sera la même qu’aujourd’hui? »  Elle a estimé que le Sommet de l’avenir est l’occasion de réparer l’injustice historique faite à l’Afrique.  Les 10 propositions du Comité de l’Union africaine sur la réforme du Conseil constitue une bonne base pour que l’Afrique ait la priorité lors des négociations, a souligné Mme Mbete. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la République de Sierra Leone, a dit s’exprimer en tant que représentant d’un continent qui a longtemps été sous-représenté dans les processus de prise de décisions qui façonnent notre monde en matière de paix et de sécurité.  En l’absence de changement structurel, la performance et la légitimité du Conseil de sécurité restent discutables, a-t-il argué.  Il a expliqué que la structure actuelle du Conseil de sécurité reflète un ordre mondial dépassé, ainsi qu’une ère qui ne reconnaît pas l’importance et les contributions croissantes de l’Afrique.  Selon lui, cette sous-représentation n’est pas simplement une anomalie statistique; c’est une profonde injustice historique à laquelle il faut remédier.  En tant que coordonnateur du Comité des 10 chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine sur la réforme du Conseil de sécurité, la Sierra Leone a été le fer de lance des efforts visant à amplifier la voix de l’Afrique sur cette question, a-t-il souligné, rappelant la Position africaine commune telle qu’elle est énoncée dans le Consensus d’Ezulwini et la Déclaration de Syrte.  Ainsi, l’Afrique exige deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU et deux sièges non permanents supplémentaires, ce qui porte le nombre total de sièges non permanents à cinq.  Et l’Union africaine choisira les membres permanents africains.  L’Afrique souhaite également que le veto soit aboli.  Mais si les États Membres souhaitent conserver le veto, il doit être étendu à tous les nouveaux membres permanents par souci de justice.

Pour bien comprendre la nécessité de remédier à l’injustice faite à l’Afrique, le Président sierra-léonais a souligné que depuis la partition arbitraire de l’Afrique, pendant et après la période coloniale, les nations africaines ont été exclues des principales décisions internationales qui affectaient leur avenir.  Cette injustice historique découle donc de l’héritage colonial et des déséquilibres de pouvoir qui persistent à ce jour.  De même, l’héritage de l’esclavage recoupe d’autres formes d’injustice historique, notamment le colonialisme, l’impérialisme et l’exploitation.  Ce biais systémique perpétue un cycle de marginalisation et renforce la fausse notion selon laquelle l’Afrique est un acteur passif dans la définition des affaires mondiales, a-t-il constaté.

Pour M. Bio, l’absence de représentation africaine permanente au Conseil de sécurité signifie que les décisions ayant un impact sur le continent sont prises sans une contribution africaine suffisante, ce qui conduit à des politiques qui ne correspondent pas aux besoins et aux aspirations des nations africaines.  Il a ajouté qu’une représentation efficace de l’Afrique au Conseil de sécurité est impérative pour la légitimité même du Conseil.  De même, l’injustice historique contre l’Afrique contredit les principes de justice, d’équité et de représentation démocratique de l’ONU.  En outre, le paysage géopolitique a considérablement évolué depuis 1945, et plus de 60% des délibérations, décisions et missions de maintien de la paix du Conseil sont concentrées sur l’Afrique ou affectent l’Afrique.  Dans ce contexte, le leadership et les solutions africaines sont essentiels pour relever les défis africains, a-t-il insisté. 

Pour remédier à l’injustice historique et améliorer la représentation de l’Afrique, le Président sierra-léonais a suggéré de réformer d’urgence le Conseil de sécurité.  Selon lui, il est absurde que l’ONU entame sa huitième décennie d’existence avec cette cicatrice d’injustice contre l’Afrique.  Il a appelé le Conseil et les États Membres de l’ONU à se faire les champions de l’appel à ce que l’Afrique soit traitée comme un cas spécial et une priorité dans le processus de réforme du Conseil de sécurité.  Et la mise en œuvre rapide est la prochaine étape logique, car une justice retardée est une justice refusée, a-t-il plaidé. 

La représentante des États-Unis a remercié la Sierra Leone d’avoir organisé le premier débat de ce type au Conseil de sécurité.  Elle a concédé que depuis la création de l’ONU, les choses ont beaucoup changé et qu’il incombe aux États Membres de tracer la voie pour la prochaine génération en engageant une réforme pour renforcer le Conseil de sécurité et lui permettre de mieux refléter la réalité actuelle.  Pour la représentante, l’Afrique doit être mieux représentée en son sein, concédant que cette réforme aurait dû avoir lieu depuis un moment, compte tenu du fait que le continent accueille 1,2 milliards de personnes et qu’il a la plus forte croissance démographique au monde.  Les pays africains continuent de jouer un rôle incontournable dans le maintien de la paix et la sécurité en Afrique et dans le monde, a-t-elle relevé, en citant notamment la contribution du Kenya à la force internationale déployée en Haïti, ce qui l’a amenée à faire valoir qu’une réforme et un renforcement du Conseil de sécurité ne sont pas uniquement dans l’intérêt des nations africaines mais également dans celui de la paix et la sécurité internationales. 

Les États-Unis soutiennent une représentation permanente au sein du Conseil de sécurité pour l’Afrique et l’Amérique latine et les Caraïbes, a-t-elle réaffirmé. Depuis cette annonce faite par le Président Biden à l’Assemblée générale il y a deux ans et réaffirmée depuis, la représentante a noté que même si les stratégies diffèrent souvent, « nous sommes d’accord sur le diagnostic et sur les objectifs. »  Le dialogue est par conséquent incontournable pour débloquer cette question dans l’impasse depuis si longtemps, en a-t-elle conclu. Pour leur part, les États-Unis souhaitent qu’un libellé figure dans le Pacte pour l’Avenir, qui appuie une augmentation du nombre de membres permanents et non permanents au sein du Conseil de sécurité, a-t-elle affirmé.  La représentante a appelé à garantir par tous moyens possibles une action de l’ONU en vue de prévenir et de réagir aux menaces sécuritaires sur le continent africain et dans le monde.  À ce sujet, elle a loué la pertinence de la résolution 2719 qui soutient le financement des opérations d’appui à la paix sous conduite africaine.  Elle a également appelé à contrer toute tentative de saper l’action du Conseil en Afrique, en reprochant notamment à certains membres de chercher à entraver les travaux de certains groupes d’experts de comités des sanctions. 

M. RAY COLLINS, Sous-Secrétaire d’État parlementaire au Bureau de l’étranger, du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, qui s’est présenté en tant que nouveau Ministre du Royaume-Uni pour l’Afrique et les Nations Unies, a souligné l’urgence d’une représentation permanente de l’Afrique au sein du Conseil.  Il a salué l’expertise et l’expérience des membres africains du Conseil dans la réponse aux conflits et la promotion de la paix.  S’il a reconnu que les obstacles à une réforme du Conseil sont réels, il a redit la détermination de son pays à les surmonter.  « Nous appuyons pleinement les négociations intergouvernementales et l’approche innovante retenue cette année, et pensons que se rallier à des négociations sur la base d’un texte nous permettra de progresser, » a-t-il dit.  « Notre force réside dans notre unité. » 

M. LOUNES MAGRAMANE, Secrétaire général du Ministère des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger d’Algérie, a relevé que le Conseil de sécurité est paralysé, les puissants faisant prévaloir leurs intérêts au détriment des plus vulnérables.  Et la communauté internationale reste bras ballants, compromettant la recherche de solutions aux crises sécuritaires internationales.  Le haut responsable a pris l’exemple du Sahel, où le terrorisme se propage, ainsi que la criminalité transfrontière organisée.  Il a également évoqué la situation du peuple sahraoui qui attend depuis plus de 50 ans la reconnaissance de son indépendance et la fin de l’occupation.  M. Magramane a ensuite évoqué la situation du peuple palestinien devant l’incapacité du Conseil à faire respecter le droit international par la Puissance occupante.  Il s’est en outre dit convaincu que le Conseil a besoin de voix africaines, en conformité avec le Consensus d’Ezulwini.  Il a donc appelé à une réforme qui lui permette de s’en tenir davantage à son rôle, conformément à la Charte des Nations Unies.  Pour l’Algérie, cette réforme doit également englober les méthodes de travail et l’usage du droit de veto, puisqu’« une représentation sans efficacité ne suffira pas, et une efficacité sans représentation ne sera pas utile », a-t-il résumé. 

M. SHIMIZU SHINSUKE, Ambassadeur pour la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) et Envoyé spécial du Japon pour la Corne de l’Afrique, a salué l’initiative de l’Afrique de prendre « la direction de notre voyage commun vers la réforme du Conseil de sécurité », affirmant que l’Afrique, qui a souffert une injustice historique, est porteuse d’une voix puissante qui se répercute dans le monde entier.  Si le Conseil continue à ne pas refléter une représentation équitable, sa légitimité, sa crédibilité et son efficacité, et même celles des Nations Unies dans leur ensemble, en pâtiront, a mis en garde le haut responsable, ajoutant que cela n’est dans l’intérêt de personne.  En tant que membre du Conseil, le Japon a collaboré avec les A3+ pour permettre au Conseil de remplir les fonctions qui lui incombent. Compte tenu du rôle essentiel de l’Afrique au sein du Conseil, il est plus que temps de réparer l’injustice historique à l’égard de l’Afrique et d’autres régions non représentées ou sous-représentées, a-t-il insisté et, pour remédier au déséquilibre et à l’inefficacité actuels, le Conseil doit être réformé en augmentant le nombre de ses membres permanents et non permanents, a fait valoir le représentant.  Qu’il s’agisse de réforme ou d’autres questions, le Japon est un partenaire de longue date de l’Afrique et, a-t-il précisé, son principe directeur est de soutenir l’appropriation africaine et les partenariats.  Depuis 1993, le Japon et l’Afrique avancent ensemble dans le cadre de la TICAD, guidés par leurs objectifs communs, a-t-il expliqué. En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, l’approche du Japon n’a pas changé; il soutient les aspirations de l’Afrique et travaille côte à côte, permettant ainsi au Conseil de mieux traiter les questions en Afrique et au-delà.  Le Japon, à titre national et en tant que membre du Groupe des Quatre, est fier de soutenir la Position africaine commune qui ne prévoit pas moins de deux sièges permanents pour l’Afrique, a affirmé l’Ambassadeur. 

Prenant rendez-vous au Sommet de l’Avenir pour présenter les progrès réalisés jusqu’à présent dans les discussions sur la réforme du Conseil et adresser un message tourné vers l’avenir pour les négociations futures, le représentant a précisé que le Japon soutient le paragraphe 3 sur l’Afrique dans le projet de texte actuel du Pacte pour l’avenir, qui aborde à juste titre l’impératif de réparer les injustices historiques.  Après le Sommet, viendra le prochain cycle des négociations intergouvernementales, qui sera crucial, a-t-il souligné.  Le Japon attend que le modèle de réforme pour l’Afrique soit soumis à discussion, comme l’a annoncé la Sierra Leone au nom du Groupe des États d’Afrique lors des dernières négociations intergouvernementales, et que les efforts visant à développer un modèle consolidé se poursuivent, ce qui constituerait, à ses yeux, une avancée concrète. 

La représentante de la France a estimé qu’un élargissement du Conseil dans les deux catégories de membres est indispensable pour renforcer sa légitimité et sa représentativité, tout en préservant sa capacité décisionnelle.  « Nous avons la conviction que cette réforme est possible, conformément à la Charte, même en l’absence d’un consensus absolu, comme l’a montré la précédente réforme de 1963. »  La position de la France est claire, historique et constante: il est anormal que l’Afrique, qui compte pour plus d’un quart des États Membres des Nations Unies, ne soit pas représentée parmi les membres permanents du Conseil de sécurité, a-t-elle tranché. 

« Cela doit, cela peut changer, maintenant. »  La déléguée a appelé à engager, dans les meilleurs délais, des négociations concrètes sur la base d’un projet de résolution, en soulignant l’occasion unique que constitue le Sommet de l’avenir.  « La France considère, comme la majorité des États, qu’un élargissement dans les deux catégories de membres et une présence renforcée de l’Afrique, y compris parmi les permanents, sont nécessaires pour y parvenir. » Le texte du Pacte pour l’avenir se doit d’être à la hauteur et refléter cette ambition collective, a conclu la représentante de la France. 

Le représentant du Mozambique a noté avec regret que l’engagement du Conseil de sécurité dans le processus de sa réforme a été jusque-là modeste.  Au grand désespoir des États africains, le consensus mondial sur la justice et la légitimité de l’appel de l’Afrique à un siège permanent au Conseil de sécurité s’est transformé en un processus de travail long et difficile, a-t-il noté.  Pourtant, la représentation limitée de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité restreint, dans une large mesure, la capacité du continent à résoudre les conflits de manière efficace et concrète.  Et cela peut entraîner des réponses internationales tardives, des solutions qui ne sont pas en phase avec les objectifs de paix et de sécurité à long terme du continent et une dépendance excessive à l’égard des forces extérieures et des acteurs et défis non africains dans la mise en œuvre efficace des solutions africaines aux problèmes africains. 

À ceux qui soutiennent qu’un Conseil élargi diminuerait son efficacité, nous affirmons que la légitimité et l’efficacité ne s’excluent pas mutuellement, a-t-il poursuivi.  L’une ne progresse pas au détriment de l’autre, et elles peuvent se renforcer mutuellement, a-t-il ajouté.  Il a appelé les membres du Conseil de sécurité à parler d’une seule voix au Sommet de l’avenir, individuellement et collectivement, pour corriger cette injustice historique et accorder à l’Afrique, sans réserve ni délai, une présence permanente au sein du Conseil de sécurité, en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies.

Le représentant de la Chine a relevé la montée en puissance des pays du Sud et l’émergence d’un monde multipolaire dans lequel l’Afrique a fait preuve de sa puissance en tant qu’acteur international.  Pourtant, le continent africain n’a pas encore obtenu le respect qu’il mérite et l’influence africaine dans le monde n’a pas pu pleinement se déployer, a-t-il regretté en appelant à œuvrer, aux côtés du continent, à un monde plus multipolaire et une économie internationale plus inclusive. 

Accusant certains pays occidentaux d’avoir gardé une mentalité colonialiste, le délégué leur a notamment reproché leur ton moralisateur, de s’ingérer dans les affaires intérieures des pays africains, d’utiliser des sanctions à leur encontre et de les opprimer en matière de devises, de minéraux ou encore de défense nationale. Il a appelé à s’opposer au legs du colonialisme et aux pratiques hégémoniques.  Pour réparer les injustices historiques systémiques et structurelles faites à l’Afrique, il faut miser sur la voie du développement durable, a souligné le représentant qui a appelé à la pleine mise en œuvre du Programme 2030 et de l’Agenda 2063.  Il faut appuyer l’Afrique dans sa modernisation et son industrialisation tout en lui garantissant une plus grande participation dans le partage des tâches dans le contexte de la mondialisation, a-t-il dit.  Le représentant a également plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité en soutenant la Position africaine commune sur cette question.  Il a indiqué soutenir la demande de l’Afrique d’être considérée comme une priorité et un cas particulier, en saluant la prise en compte de cette position dans le libellé du Pacte pour l’avenir. 

Le représentant de la Slovénie a estimé que le Conseil ne doit pas rester, dans un monde qui change, « figé dans le temps », sous peine de devenir une « partie du problème ».  Il a émis une opinion positive sur la Position africaine commune et appelé de ses vœux un Conseil où l’Afrique fait non seulement entendre sa voix mais participe pleinement à l’élaboration des politiques de maintien de la paix.  « Faire porter une voix plus forte et permanente pour une région n’est pas seulement la correction d’une injustice historique mais une nécessité pour préserver la légitimité, la crédibilité et la pertinence du Conseil. »  Il est temps de dépasser les discussions théoriques et d’aboutir à des progrès tangibles, a conclu le délégué. 

Le représentant de la Fédération de Russie a plaidé pour que le système réformé du Conseil de sécurité reste efficace et fasse autorité.  Pour cela, sa composition ne doit pas être trop large et le droit de veto doit être préservé.  C’est cet instrument qui reste la garantie de l’adoption par le Conseil de décisions équilibrées et réalistes qui affectent directement les conflits armés dans diverses régions du monde, a-t-il expliqué.  Le veto est utilisé dans l’intérêt de l’Afrique, a-t-il argué en évoquant le cas du veto russe qui a permis d’éviter de prolonger les sanctions contre-productives contre le Mali.

Le délégué a appelé à l’élargissement du Conseil, en augmentant considérablement la proportion de pays africains et en développement en général par rapport à leurs anciennes métropoles.  Selon lui, la tâche de corriger les injustices contre l’Afrique ne devrait pas se limiter à la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU.  Il serait également question de juguler les conséquences du colonialisme qui s’étendent à tous les domaines de la vie de la société africaine.  Il a ainsi évoqué la question de la dette ou encore les enjeux du continent africain en matière de mobilisation des financements pour le développement, ou encore l’absence de représentants du Sud dans les structures de gestion de Bretton Woods et les institutions de développement de l’ONU.  Il a également noté que les donateurs occidentaux fournissent un soutien financier principalement pour des projets liés à leurs propres priorités, et que la plupart des peuples d’Afrique ayant obtenu leur indépendance voient leurs anciens colonisateurs gérer les questions les concernant au Conseil de sécurité.  Tous les efforts pour y remédier sont sabotés par les pays occidentaux, a-t-il déploré.

Le représentant de la République de Corée a déclaré que le sentiment de marginalisation et d’injustice qui sous-tend le débat d’aujourd’hui est largement partagé par les 188 États Membres qui ont toujours souffert de l’inégalité par rapport aux cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité.  Il a exprimé ses réserves à l’égard de l’augmentation du nombre de membres permanents et a estimé que l’élargissement des seuls membres non permanents doit constituer l’essentiel de la prochaine réforme, des élections périodiques étant le seul moyen de garantir que le Conseil de sécurité s’adapte aux réalités internationales en constante évolution et reste représentatif.  Estimant que la position du Groupe du consensus en la matière et sa proposition de sièges « rééligibles à plus long terme » méritent d’être considérées dans cette optique, le délégué a expliqué que la « répartition géographique équitable », telle qu’elle est inscrite dans la Charte des Nations Unies, guidera l’attribution des sièges non permanents élargis. 

La règle est simple: les sièges non permanents seront répartis entre cinq groupes régionaux, proportionnellement à la taille de chacun d’entre eux, a-t-il expliqué, notant au passage que l’Asie-Pacifique est le groupe régional le plus sous-représenté au sein de l’actuel Conseil de sécurité, avec 53 États Membres en rotation pour seulement 2 sièges non permanents.  Le représentant a noté que l’Afrique envisage deux « sièges » permanents, plutôt que des « membres » permanents, pour représenter l’ensemble de la région.  Ce concept de « siège permanent régional » est inconcevable pour d’autres régions telles que l’Asie-Pacifique, a-t-il fait valoir.

La représentante de Malte, État membre du Groupe du consensus, a pleinement appuyé la demande de l’Afrique pour une représentation renforcée au sein du Conseil.  Selon le modèle de ce groupe, si le Conseil devait être élargi à 27 membres, les sièges du Groupe africain passeraient de trois à six, certains de ces sièges ayant une durée plus longue, a-t-elle noté.  La déléguée a salué les plus récentes réussites des membres africains du Conseil, notamment l’adoption de la résolution 2719 (2023) sur le financement onusien des opérations de paix africaines.  Elle a également souhaité que l’exercice du veto soit limité, notamment en cas de commission de crimes graves.  Enfin, elle a partagé les aspirations de l’Afrique et souligné la nécessité d’une approche commune pour trouver des solutions. 

Le représentant de l’Équateur s’est dit convaincu que l’Afrique a le droit à une participation égale à l’architecture de gouvernance mondiale.  Ce qui signifie réformer non seulement le Conseil de sécurité, mais aussi les institutions de l’architecture financière internationale issues de Bretton Woods.  Le système multilatéral a été conçu dans les années 1940, alors que la majeure partie de l’Afrique était encore sous domination coloniale, a-t-il rappelé, avant de préciser que seuls quatre États africains avaient participé à la conférence fondatrice des Nations Unies à San Francisco.  Le délégué a dit que l’Équateur continuera à soutenir une réforme concertée et ambitieuse du Conseil de sécurité, notamment au sein du forum approprié qu’est le groupe de travail informel sur la question de la représentation équitable et de l’augmentation du nombre de ses membres et d’autres questions relatives au Conseil.  Il a estimé qu’une telle réforme est possible avec une approche réaliste et flexible, qui réponde à la dette historique envers l’Afrique et d’autres régions du monde.

La représentante du Guyana a salué le fait que les questions de la représentation de l’Afrique au sein du Conseil de sécurité ainsi que la réforme de l’organe soient étendues « à cette table ».  En tant que membres du Conseil, nous sommes particulièrement bien placés pour proposer des perspectives sur ce sujet, a-t-elle argué, puisque nous connaissons intimement les conséquences de la sous-représentation de l’Afrique au sein du Conseil.  Elle s’est dite favorable à l’élargissement de la représentation africaine dans la catégorie des membres non permanents et à l’aspiration de l’Afrique au statut de membre permanent dans le cadre d’une réforme plus large du Conseil de sécurité qui s’attaque également au déficit de membres permanents d’autres régions, y compris de sa propre région d’Amérique latine et des Caraïbes.  Les régions sous-représentées telles que l’Afrique, dont le nombre de points à l’ordre du jour du Conseil est comparativement plus élevé, sont désavantagées, a-t-elle regretté, parce que cela se traduit par une sous-représentation dans la prise de décisions sur des questions qui les intéressent directement.  Même dans les cas où la force du plaidoyer de l’Afrique est renforcée par une approche coordonnée dans des mécanismes tels que les A3+, cela peut facilement être contrecarré par l’utilisation du veto, a renchéri la déléguée.  S’agissant du droit de veto, elle a précisé que le Guyana ne soutient pas l’option avancée par certains d’un élargissement de la catégorie des membres permanents sans leur accorder le privilège du droit de veto. Cela créerait une hiérarchie entre membres permanents et ne ferait que perpétuer les injustices, a-t-elle tranché. Alors que son pays est favorable à l’abolition du droit de veto lui-même, la déléguée a estimé que tant qu’il existera, tous les nouveaux membres permanents devraient avoir la prérogative de l’utiliser.  Compte tenu des abus du privilège des pouvoirs sur certaines questions, ce qui paralyse le Conseil, la représentante a souhaité que les pays qui aspirent au statut de membre permanent avec toutes ses prérogatives en soient conscients et s’engagent à ne pas utiliser ce privilège pour poursuivre des intérêts personnels étroits, en particulier dans les situations où le principe de la responsabilité de protéger doit guider l’action du Conseil. 

La représentante de la Suisse a jugé impérative une plus grande représentation des États africains au Conseil.  Dans la même veine, elle a encouragé une intensification des échanges entre ce Conseil et le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine.  « Il s’agit de renforcer la compréhension mutuelle et la cohérence de notre action. »  Les échanges annuels entre les deux Conseils permettent d’aborder ensemble les questions de paix et de sécurité, sur la base d’une approche régionale et une vision globale, a-t-elle estimé.  La déléguée s’est donc réjouie de pouvoir accueillir, en octobre, sous présidence Suisse, le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine pour des discussions approfondies, par exemple sur le rôle de la jeunesse, la mise en œuvre de la résolution 2719 sur les opérations de paix ou sur les liens entre climat et sécurité.  Elle a estimé que les contributions africaines sont et resteront essentielles pour renforcer le maintien de la paix et sécurité internationales.  « Permettez-moi de conclure par un adage africain selon lequel: “quand la musique change, la danse doit faire de même”, il est donc grand temps que le Conseil s’adapte à la musique du XXIe siècle. » 

Interventions des États non membres du Conseil de sécurité

Le moment est venu d’adapter la composition du Conseil aux réalités d’aujourd’hui et d’« ôter l’épine » du pied d’une Afrique meurtrie et longtemps marginalisée, a plaidé le Ministre des relations internationales et de la coopération de la Namibiearguant que l’Afrique continue d’affirmer sans ambiguïté qu’elle ne peut plus rester un « spectateur passif » dans le domaine politique mondial, reléguée à la périphérie de la prise de décisions.  « Nos peuples veulent être vus et entendus », a appuyé le dignitaire, en insistant que l’Afrique « ne demande pas de faveur ». 

Un plaidoyer soutenu par le Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, qui a déploré qu’au milieu de toutes ces injustices, historiques et actuelles, l’Afrique ne dispose toujours pas d’une plateforme lui permettant de se faire entendre et d’être écoutée avec autorité en tant que partenaire égal et contributeur de taille au système multilatéral.  Pour l’heure, il s’est inquiété de la cadence trop lente des réformes et d’un processus qui peine à aboutir. 

Cela est d’autant plus regrettable que le processus des négociations intergouvernementales, engagé depuis 15 ans maintenant, n’a encore débouché sur aucun résultat décisif à ce jour, a déploré le Sénégal, rejetant toute « solution intermédiaire ».  De fait, a abondé la Zambie, l’Afrique doit être traitée comme un cas particulier et une priorité dans le processus de réforme.  Un point de vue partagé par le Kenya qui a constaté que la marginalisation de l’Afrique s’aggrave à mesure que les grandes puissances cherchent à défendre leurs propres intérêts.  L’Afrique doit être un partenaire égal autour de la table de prise de décision, a-t-il martelé. 

C’est en « premier partenaire » de l’Union africaine sur les questions de paix et de sécurité et voisin le plus proche, que l’Union européenne continuera, pour sa part, de soutenir et intercéder en faveur d’une voix africaine plus forte au sein du Conseil de sécurité et au renforcement de la présence de l’Union africaine dans d’autres enceintes multilatérales. 

Quant aux pays nordiques qui s’exprimaient par la voix de la Finlandeils se sont fermement associés à leurs « amis africains » dans cette réforme, afin de garantir que l’Afrique occupe la place qui lui revient au sein du Conseil.  Les « voix africaines doivent être plus nombreuses et les États Membres africains devraient avoir une plus grande influence sur les travaux » du Conseil, ont-ils tranché.  Dans la même veine, le Luxembourg, au nom du Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas), a préconisé que la taille exacte du Conseil élargi devrait résulter des discussions entre les États Membres sur les questions clefs des « catégories de membres » et de la « représentation régionale ». 

Au nom du Groupe du consensus (Argentine, Canada, Colombie, Costa Rica, Espagne, Italie, Malte, Mexique, Pakistan, République de Corée, Saint-Marin et Türkiye), l’Italie a estimé légitime, la requête de l’Afrique pour une plus grande représentation au sein de l’organe onusien, car elle vise à représenter un continent entier, plutôt qu’à satisfaire simplement les ambitions d’États individuels.  C’est pourquoi le Groupe propose d’augmenter le nombre de sièges à un maximum de 27, dont 6 pour l’Afrique, qui deviendrait ainsi le continent disposant du plus grand nombre de sièges de membres élus.  Plus nuancé, le Pakistan, tout en insistant pour que l’Afrique soit traitée comme un « cas particulier », s’est dit opposé à plus de membres permanents, arguant qu’une multiplication de vetos ne ferait qu’augmenter le risque de paralysie du Conseil.  Par la voix de l’Inde, le G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon) s’est dit fermement convaincu que toute réforme du Conseil qui ne remédierait pas au manque de représentation, en particulier dans la catégorie des membres permanents, ne ferait qu’exacerber les déséquilibres et le rendrait mal équipé pour relever les défis internationaux actuels. 

En effet, a renchéri la délégation de Saint-Vincent-et-les Grenadines, au nom du Groupe L.69 des pays en développement d’Afrique, d’Asie et du Pacifique, ainsi que d’Amérique latine et des Caraïbes, l’heure est venue de « cesser d’admirer le problème », critiquant la « composition anachronique » du Conseil de sécurité où 20% de la population mondiale détiennent près 50% des 15 sièges du Conseil et 80% des droits de veto. 

Cet appel à la réforme du Conseil de sécurité n’est pas seulement une nécessité procédurale, mais relève d’un impératif moral, a abondé le Koweït, pressant à aligner tous les facteurs, volonté politique, efforts diplomatiques et détermination collective de la communauté internationale, pour faire de cette réforme une réalité. 

Au nom du Groupe des États arabes, Bahreïn a milité en faveur de l’améliorationde la crédibilité du Conseil qui doit veiller à ce que toutes les questions inscrites à l’ordre du jour soient traitées de manière équilibrée, notamment s’agissant de l’Afrique et du Moyen-Orient, en particulier la question de la Palestine. 

En attendant, la délégation de la Guinée équatoriale a pointé la structure « ancienne et archaïque » du Conseil, invitant notamment les cinq membres permanents à « définir clairement » leur soutien à la Position africaine commune et agir de manière décisive en faveur de la réforme. 

Qualifiant cette reconnaissance des cinq permanents de « réelle opportunité de progrès concrets en matière de réformes », la République du Congo a dit attendre avec beaucoup d’espoir la prochaine réunion entre le Comite de 10 chefs d’État et de gouvernement et les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité au cours du mois prochain. 

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