En cours au Siège de l'ONU

9685e séance – matin
CS/15764

Afrique de l’Ouest: le Conseil de sécurité est prévenu de retards dans le retour à l’ordre constitutionnel dans plusieurs pays, au risque d’une incertitude prolongée

Ce matin, M. Leonardo Santos Simão, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest, a présenté au Conseil de sécurité un diagnostic d’une région en proie à des défis sécuritaires et humanitaires ainsi qu’à un manque de coopération suffisante entre les États pour y faire face efficacement.  Le Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) a informé les délégations des retards imposés par les régimes de transition au retour à l’ordre constitutionnel, faisant craindre une incertitude prolongée, notamment dans les pays du centre du Sahel, tout en se félicitant par ailleurs des développements politiques dans plusieurs États côtiers de la région.  Lors de leurs interventions, certains membres ont déploré le manque d’occasion pour le Conseil de sécurité de discuter de la situation dans la région, tout en soulignant la pertinence de la déclaration présidentielle du 24 mai 2024 qui réaffirme l’engagement du Conseil aux côtés de l’UNOWAS. 

M. Simão s’est montré préoccupé d’une situation socioéconomique marquée par une croissance au ralenti ainsi que de l’instabilité politique et sécuritaire.  Ils a ainsi rappelé que quelque 7 millions de personnes sont déplacées ou ont fui dans les pays voisins et que des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire, alors que le plan de réponse humanitaire des Nations Unies n’est financé qu’à hauteur d’environ 15%.  Les États-Unis, qui ont mis en avant leur contribution de près de 10 millions de dollars d’aide d’urgence, ont exhorté l’ONU, les membres du Conseil, les organisations régionales et les pays de la région à donner davantage, avant de rappeler « l’immense catastrophe humanitaire au Soudan », où le conflit, ont-ils mis en garde, menace de dégénérer en une nouvelle crise régionale. 

Sur le plan politique, le Représentant spécial a salué les succès démocratiques remarquables, la gouvernance démocratique et la résilience des populations de Mauritanie, du Sénégal et du Ghana.  Il a toutefois regretté le faible nombre de candidatures féminines aux fonctions électives, exhortant les pays de la région à adapter leurs cadres législatifs et les modalités de mise en œuvre de ceux-ci afin que davantage de femmes aient une chance d’occuper des postes de direction à tous les niveaux. 

M. Simão a en outre observé que l’espace politique et civique continue de se réduire dans les pays en transition.  Les autorités de ces pays ont retardé le retour à l’ordre constitutionnel, faisant craindre une incertitude prolongée, s’est alarmé le Représentant spécial, prenant à témoin des organisations de défense des droits humains qui font état d’exactions contre des civils, de nouvelles législations et politiques qui limitent les libertés civiles, des allégations de violations des droits humains enracinant les clivages communautaires.  Selon le Chef de l’UNOWAS, les questions de justice et d’obligation de rendre des comptes sont au cœur de nombreux conflits dans la région.  Il a cité en exemple la Guinée où, 15 ans après la répression militaire brutale du 28 septembre 2009, le procès en cours met en lumière les profondes fractures sociétales et le désir de justice et de réconciliation. 

M. Simão a aussi noté que les Gouvernements des trois États du Sahel central –Mali, Burkina Faso et Niger- continuent d’affirmer que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne sert plus leurs intérêts et ont en conséquence réduit leur participation aux mécanismes régionaux de coopération en matière de sécurité, alors même que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée restent une menace omniprésente et se propagent davantage aux pays côtiers.  Cela se ferait au détriment des deux parties, a-t-il averti.  De ce fait, il a appelé à soutenir l’Initiative d’Accra et mettre en œuvre la résolution 2719 (2023) visant à soutenir les opérations de paix dirigées par l’Union africaine.  « C’est en parlant d’une seule voix, en interagissant avec les gouvernements et les partenaires à différents niveaux, que nous pouvons avoir un impact significatif et durable », a-t-il insisté, appelant la CEDEAO et les dirigeants régionaux à préserver l’unité régionale. 

Les A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana) ont exhorté le Conseil à se pencher sur la détérioration de la situation sécuritaire dans la région avant de plaider « pour des solutions politiques et l’unité de la région ».  Les pays en cours de transition (Burkina Faso, Guinée, Niger, Mali) doivent respecter les calendriers électoraux afin de consolider la démocratie et l’état de droit, a ainsi encouragé le représentant du Sierra Leone, appuyé également par son homologue de la République de Corée, qui a exhorté ces pays à élaborer un plan clair pour le retour à l’ordre constitutionnel.  La France les a encouragés à poursuivre leur transition en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel, afin que les populations puissent choisir librement leurs dirigeants.  L’Équateur a souhaité que les processus électoraux pour revenir à la démocratie s’accomplissent selon les calendriers prévus. 

« Ces pays mènent une lutte coordonnée contre le terrorisme et remportent des succès », a toutefois fait observer la Fédération de Russie, qui leur a promis « une contribution positive pour la stabilité des pays du Sahel ».  La Chine a appelé la CEDEAO à coopérer avec les États de la région en vue d’une plus grande stabilité.  S’agissant des transitions au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le représentant chinois a plaidé pour « des solutions africaines à des défis africains, en appelant à éviter les pressions ». 

« Ce n’est pas un problème africain qui appelle une solution africaine; le terrorisme est un problème mondial qui nécessite des solutions mondiales », ont retorqué les États-Unis, tandis que le Royaume-Uni estimait que les mercenaires, y compris l’« Africa Corps » russe, ne sont pas la solution, car leur manière d’agir aggrave les conflits et sape le développement à long terme.  La Slovénie, qui a souligné la persistance des menaces terroristes, s’est quant à elle félicitée de la condamnation par la Cour pénale internationale de l’ancien chef de la police islamique de Tombouctou.  La Suisse a jugé crucial de promouvoir le dialogue et de coordonner les engagements multinationaux, régionaux et bilatéraux pour atténuer les tensions internes et interétatiques.  L’Équateur a salué l’établissement du Centre régional pour la lutte contre le terrorisme d’Abuja, qui bénéficie du soutien de la CEDEAO et de l’Union africaine. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST - S/2024/521

Déclarations

M. LEONARDO SANTOS SIMÃO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a constaté qu’alors que les Nations Unies se préparent à la tenue du Sommet de l’avenir, la région est en proie à des défis liés à l’insécurité et à des crises humanitaires.  S’y ajoute un manque de coopération suffisante entre les États pour y faire face efficacement.  Ces problèmes sont encore exacerbés par des relations tendues entre certains États membres et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).  La situation socioéconomique, elle aussi, reste préoccupante, avec une croissance ralentie exacerbée par ces instabilités politiques et sécuritaires. 

M. Simão a notamment rappelé qu’en raison de l’insécurité, quelque 7 millions de personnes sont déplacées ou ont fui dans les pays voisins, des chiffres toujours en hausse.  Des millions de personnes dépendent de l’aide humanitaire.  Les populations font face à l’absence d’électricité, à la fermeture des centres de santé et à l’interruption d’autres services.  Par ailleurs, plus de 8 000 écoles restent fermées.  Le plan de réponse humanitaire lancé par les Nations Unies n’est financé qu’à hauteur d’environ 15%. 

Le Représentant spécial a salué les succès remarquables en termes de pratiques démocratiques qui émergent dans plusieurs pays de la région, y voyant le témoignage de la résilience des populations et de leur engagement envers la gouvernance démocratique.  Ainsi, a-t-il détaillé, la Mauritanie vient d’organiser une élection présidentielle dans les délais constitutionnels.  Au Sénégal, des institutions solides ont résolu une crise politique, ouvrant la voie à l’élection d’un dirigeant jeune, portant l’espoir de changement prôné par la jeunesse de toute la région.  Au Ghana, après avoir organisé des primaires renforçant la démocratie interne des partis politiques, le pays se prépare à un autre scrutin pour élire son prochain président, l’actuel chef de l’État ayant atteint la limite constitutionnelle de deux mandats. Au Libéria, un nouveau Gouvernement a succédé sans heurt au Président George Weah. 

Le Chef de l’UNOWAS a toutefois regretté le faible nombre de candidatures féminines pour les fonctions électives, saluant des femmes qui se sont portées candidates à l’élection présidentielle au Sénégal.  Il a exhorté les pays de la région à adapter leurs cadres législatifs et les modalités de mise en œuvre de ceux-ci, notamment au niveau des partis politiques, afin que davantage de femmes aient une chance d’occuper des postes de direction à tous les niveaux.  L’UNOWAS promeut de façon très concrète le leadership féminin dans la résolution des crises politiques à l’échelle régionale et nationale, a fait observer M. Simão.  Une initiative est ainsi en cours, dans le cadre de laquelle des personnalités féminines africaines s’organisent pour s’engager dans un processus de médiation pour la sous-région Afrique de l’Ouest. 

L’espace politique et civique continue de se réduire, en particulier dans les pays en transition, a poursuivi le Représentant spécial.  Les régimes de transition ont retardé le retour à l’ordre constitutionnel, faisant craindre une incertitude prolongée.  Alors que des organisations de défense des droits humains font état d’exactions contre des civils, de nouvelles législations et politiques ont limité les libertés civiles dans les pays en transition, les allégations de violations des droits humains enracinant les clivages communautaires.  En Guinée-Bissau voisine, le procès des suspects en lien avec la tentative de coup d’État de 2022, dont la plupart sont en détention provisoire depuis plus de deux ans, a été reporté sine die, les avocats ayant soulevé la question de la légitimité du tribunal militaire, de sa composition et de sa compétence, entre autres. 

Selon M. Simão, les questions de justice et d’obligation de rendre des comptes sont au cœur de nombreux conflits dans la région.  En Guinée, 15 ans plus tard, le procès en cours sur la répression militaire brutale du 28 septembre 2009 met en lumière les profondes fractures sociétales et le désir de justice et de réconciliation.  L’UNOWAS soutient l’Association des Barreaux de l’Afrique de l’Ouest, en tant qu’instance de promotion de l’état de droit, du respect des droits de l’homme et de l’adhésion aux instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples.  Le Bureau suit aussi de près les efforts déployés par le Gouvernement, les acteurs politiques et la société civile en Gambie pour mener à bien l’adoption d’une nouvelle constitution incarnant les aspirations du peuple. 

Le Chef de l’UNOWAS a relevé que les Gouvernements des trois États du Sahel central continuent d’affirmer que la CEDEAO ne sert plus leurs intérêts et ont en conséquence réduit leur participation aux mécanismes régionaux de coopération en matière de sécurité, alors même que le terrorisme et la criminalité transnationale organisée restent une menace omniprésente et se propagent davantage aux pays côtiers.  Renoncer à la CEDEAO implique de renoncer aux principaux avantages du régionalisme de la CEDEAO que sont l’intégration régionale, la liberté de circulation, la coopération en matière de sécurité et une économie régionale intégrée.  Cela se ferait au détriment des deux parties, a-t-il averti. 

Alors que le Plan d’action de la CEDEAO sur l’éradication du terrorisme est en cours de réévaluation, il faut soutenir l’Initiative d’Accra, qui fournit un cadre précieux, lequel n’a pas encore réalisé son potentiel, a plaidé M. Simão.  Il a également appelé à mettre en œuvre la résolution 2719 (2023) visant à soutenir les opérations de paix dirigées par l’Union africaine.  Il s’est félicité de l’approche de la CEDEAO, qui vise à faciliter une approche plus vigoureuse de ses engagements avec les trois pays, notamment à travers la récente désignation du Président Bassírou Diomaye Diakhar Faye du Sénégal en tant que facilitateur, en collaboration avec le Président Faure Essozimna Gnassingbé du Togo. 

Le représentant spécial a appelé la CEDEAO et les dirigeants régionaux pour qu’ils accordent la priorité à la solidarité de la CEDEAO et la préservation de l’unité régionale en Afrique de l’Ouest.  Il a décrit les efforts de facilitation de son Bureau pour assurer l’accès de l’ONU aux communautés locales ayant besoin d’aide humanitaire.  Il faut placer les citoyens au premier plan de tous les efforts et faire en sorte que les ressources naturelles essentielles, en particulier l’eau, soient facilement disponibles, a-t-il plaidé. 

M. Simão, qui a aussi applaudi la décision du Cameroun et du Nigéria de poursuivre la démarcation des 36 derniers kilomètres de leur frontière, a assuré que, face aux multiples défis, l’UNOWAS maintiendra le cap.  Plaidant une fois encore en faveur des principes et des pratiques démocratiques, de la recherche du consensus, de la promotion de la bonne gouvernance et du respect des droits humains et des principes humanitaires, il a estimé que « c’est en parlant d’une seule voix, en interagissant avec les gouvernements et les partenaires à différents niveaux, que nous pouvons avoir un impact significatif et durable ».  « L’ONU continue d’être considérée comme un sauveteur essentiel en ces temps difficiles, car les peuples de la région attendent de nous que nous incarnions les valeurs d’humanité, de neutralité et d’impartialité, » a-t-il conclu. 

Le représentant de la Sierra Leone, au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a exhorté le Conseil à se pencher sur la détérioration de la situation sécuritaire dans la région en raison de la menace représentée par l’extrémisme violent.  Il a salué le renforcement des efforts régionaux antiterroristes en Afrique de l’Ouest et au Sahel, notamment ceux du Nigéria.  Il a appelé à remédier aux crises humanitaires dans la région, en rappelant que les plans de réponse humanitaire pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Nigéria ne sont financés qu’à hauteur de 13%. 

Le délégué a plaidé pour des solutions politiques et l’unité de la région. À cet égard, il s’est dit vivement préoccupé par les difficultés rencontrées par les différentes transitions politiques et par les conséquences que continuent d’avoir les changements anticonstitutionnels de gouvernement.  Les pays en cours de transition doivent respecter les calendriers électoraux afin de consolider la démocratie et l’état de droit, a-t-il insisté. 

Enfin, le délégué a estimé que des solutions répondant aux défis socioéconomiques, aux tensions communautaires et aux conséquences des changements climatiques seront bénéfiques pour les populations de la région. 

La représentante de la Suisse a souligné que la région est l’une des plus jeunes au monde, particulièrement le Sahel, où la majorité de la population a moins de 25 ans.  Nous devons par conséquent tâcher de répondre aux besoins et au potentiel de cette jeunesse, a-t-elle suggéré, estimant que les investissements dans la santé, l’éducation et la formation professionnelle pourraient produire d’énormes gains.  Si ce potentiel n’est toutefois pas renforcé et soutenu, il peut y avoir des risques et des défis importants au-delà de la sous-région a-t-elle averti. 

La déléguée a appelé toutes les parties en conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire afin de protéger la population civile.  Elle a rappelé que la Suisse œuvre au Mali pour offrir des opportunités d’éducation dans les zones touchées par les conflits.  Elle a ensuite jugé crucial de promouvoir le dialogue et de coordonner les engagements multinationaux, régionaux et bilatéraux pour atténuer les tensions internes et interétatiques, afin d’éviter une aggravation des crises. 

L’espace civique et politique est fondamental pour que les millions de jeunes dans la région puissent réaliser leur potentiel économique et social, a encore indiqué la représentante.  Jugeant inquiétante la réduction de ces espaces dans certains pays, elle a rappelé qu’une société civile dynamique incite les gouvernements à rendre des comptes, à garantir la transparence et augmente la confiance dans le gouvernement.  En vue de sa présidence en octobre, la Suisse veillera également à ce que les échanges avec le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) permettent une réflexion approfondie sur le Sahel, répondant aux attentes régionales et des pays concernés. 

La représentante du Japon a salué les développements positifs récents au Sénégal, au Libéria, en Gambie et, plus récemment, en Mauritanie, dans les domaines de la démocratie, de l’état de droit et des réformes judiciaires.  Elle s’est félicitée de l’achèvement pacifique de la démarcation de la frontière entre le Cameroun et le Nigéria en juin. La déléguée a toutefois dit être préoccupée par l’insécurité croissante, l’instabilité politique, les crises humanitaires, les graves effets néfastes des changements climatiques et la stagnation du développement socioéconomique dans la région du Sahel.  Elle a appelé les pays de la région et les autres parties prenantes à coopérer avec l’UNOWAS pour faire progresser la paix et la stabilité régionales. 

Pour relever ces défis de la région, il faut placer la sécurité humaine au centre des préoccupations, a poursuivi la représentante.  Concernant la sécurité, les populations doivent avoir le sentiment d’être impliquées dans la construction d’une société résiliente.  À cette fin, une représentation démocratique est vitale et l’espace politique et civique est essentiel, de même que la prise en compte dans tous les processus des voix de divers acteurs, tels que les femmes et les jeunes. 

En ce qui concerne la transition au Burkina Faso, en Guinée, au Mali et au Niger, la représentante a jugé important que la communauté internationale poursuive son engagement avec ces pays, en coordination avec l’Union africaine et la CEDEAO.  Pour résoudre d’urgence la crise humanitaire, elle a demandé un accès complet, sûr, rapide et sans entrave pour acheminer l’aide humanitaire à toutes les personnes dans le besoin.  Notant que les défis de la région sont transnationaux, elle a salué les efforts régionaux tels que l’Initiative d’Accra, la Force multinationale mixte et l’activation de la Force en attente de la CEDEAO pour faire face aux menaces transnationales à la sécurité.  Elle a encouragé le dialogue entre la CEDEAO et le Burkina Faso, le Mali et le Niger afin de préserver les acquis de l’intégration régionale. 

Le représentant de la Chine a appelé la CEDEAO à coopérer avec les États de la région en vue d’une plus grande stabilité.  S’agissant des transitions au Mali, au Burkina Faso et au Niger, il a plaidé pour des solutions africaines à des défis africains, en appelant à éviter les pressions.  Il a salué la création d’un centre antiterroriste de la CEDEO au Nigéria, en appelant cette organisation à jouer un rôle de chef de file dans la lutte contre le terrorisme.  Le Niger, le Mali et le Burkina Faso sont en première ligne de cette lutte, a-t-il relevé. Il a déploré la diminution de l’aide extérieure aux pays de la région alors que les besoins humanitaires sont pressants.  Les pays développés doivent s’acquitter de leurs engagements au titre du financement climatique afin d’aider les pays de la région à faire face aux conséquences des changements climatiques, a conclu le délégué. 

Le représentant de l’Équateur a souhaité que les processus électoraux prévus pour revenir à la démocratie s’accomplissent selon les calendriers prévus.  Il a jugé importante l’Initiative d’Accra pour contrer la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel et juguler la propagation du terrorisme.  Il s’est dit inquiet des liens existant entre le terrorisme et le crime organisé, notamment les activités illicites telles que le trafic d’armes, de ressources naturelles et de drogue. 

Notant la recrudescence d’activités terroristes dans le golfe de Guinée, le délégué a salué l’établissement du Centre régional pour la lutte contre le terrorisme d’Abuja, qui bénéficie du soutien de la CEDEAO et de l’Union africaine. Toute initiative visant à lutter contre le terrorisme est bienvenue, mais elle doit être encadrée dans le respect du droit international humanitaire et des droits humains, a-t-il précisé.  Enfin, il a souligné que la coopération régionale et sous-régionale est essentielle pour relever les défis auxquels est confrontée l’Afrique de l’Ouest. 

La représentante des États-Unis a rappelé qu’au cours de l’année écoulée, le Conseil a assisté au retrait de la MINUSMA, la fin du régime de sanctions contre le Mali, la dissolution du G5 Sahel et la fin de l’établissement de rapport alors que les membres manquent d’occasions de discuter de la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel.  La déclaration présidentielle du 24 mai réaffirme l’engagement du Conseil aux côtés de l’UNOWAS, a-t-elle fait valoir.  Rappelant les défis sécuritaires auxquels la région est confrontée, elle a insisté sur la nécessité pour les États-Unis de son partenariat stratégique pour prévenir le conflit, promouvoir la stabilité, faire face aux facteurs de la violence ainsi qu’à promouvoir la gouvernance démocratique sur la base des droits humains et de la dignité humaine. 

La représentante a salué les transferts de pouvoir démocratiques au Libéria et au Sénégal ainsi que la réforme du système judiciaire en Gambie, avant de faire part de sa préoccupation face au rétrécissement de l’espace civique et politique, aux restrictions de la liberté ainsi que l’aggravation de la situation humanitaire dans le Sahel, notamment au Burkina Faso et au Mali.  Elle s’est dite préoccupée par la situation humanitaire et alimentaire ainsi que le nombre de personnes déplacées qui continue d’exploser. Les États-Unis, qui sont le principal bailleur de fonds humanitaires en Afrique, ont fourni quelque 9,9 millions de dollars d’aide depuis le début de l’année, a-t-elle rappelé, estimant que la communauté internationale devait donner davantage, y compris le système des Nations Unies et les pays de la région.  La représentante a aussi souligné la nécessité d’avoir un Coordinateur résident des Nations Unies au Niger pour appuyer les efforts de développement de l’ONU et pour garantir l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Par ailleurs, la représentante a rappelé « l’immense catastrophe humanitaire au Soudan ».  Elle s’est réjouie de l’appel du Conseil pour la fin de ces atrocités à El-Fasher et dans tout le pays.  Ce conflit menace de dégénérer en une nouvelle crise régionale alors que l’aide humanitaire est loin d’être à la hauteur des immenses besoins.  Il est plus que temps que l’eau, les médicaments et l’aide alimentaire parviennent à ceux qui en ont désespérément besoin.  Il suffirait de davantage de pression et de davantage de messages clairs de la part de l’ONU, de l’Union africaine et des autres partenaires pour que les deux parties belligérantes mettent un terme aux obstacles à l’accès humanitaire, a-t-elle plaidé. 

Pour la représentante, alors que cette période est très difficile dans la région, le Conseil doit renforcer ses efforts parce que « ce n’est pas un problème africain qui appelle une solution africaine; le terrorisme est un problème mondial qui nécessite des solutions mondiales ».  Pour aider les dirigeants africains, le Conseil doit mener une action collective et aider les partenaires africains à régler ces problèmes. 

La représentante de la Slovénie a rappelé que 8 200 écoles sont toujours fermées au Sahel, affectant près de 1 620 000 enfants. Elle a aussi déploré l’absence de progrès notables en ce qui concerne la représentation des femmes dans les processus de prise de décision.  La déléguée a souligné la persistance des menaces terroristes, avant de se féliciter de la condamnation par la Cour pénale internationale de l’ancien chef de la police islamique de Tombouctou.  Si l’Afrique de l’Ouest et le Sahel sont la proie des conflits et de l’instabilité, l’histoire montre la résilience de la région et sa capacité à surmonter les défis, y compris le recul de la démocratie, a conclu la déléguée. 

Le représentant de la République de Corée a exhorté tous les pays en transition politique en Afrique de l’Ouest à élaborer un plan clair pour le retour à l’ordre constitutionnel.  Le Mali, le Burkina Faso et la Guinée ont un report annoncé ou implicite des périodes de transition jusqu’en 2027, 2029, et peut-être 2025, respectivement, a-t-il noté, soulignant que cet état de fait conduit à aggraver les tensions avec l’opposition politique, induit la stagnation sociale et économique et intensifie le risque d’instabilité régionale.  De même, les restrictions aux libertés d’expression et de réunion limitent considérablement l’espace civique et politique, détériorant ainsi la situation des droits humains.   

Le délégué a salué les progrès de la Gambie et du Libéria dans la mise en place de mécanismes pour lutter contre l’impunité dans le contexte de la justice transitionnelle, espérant que ces développements deviendront des exemples marquants pour la région.   

Le représentant s’est dit préoccupé par la fragmentation des efforts régionaux de lutte contre le terrorisme, en raison des récents réalignements et tensions. Il a appelé tous les pays concernés à collaborer avec la CEDEAO, l’UA, l’ONU et d’autres organismes internationaux en vue de lutter plus efficacement contre le terrorisme régional, l’extrémisme violent et le crime organisé.  Il a dit espérer que les récentes initiatives de la CEDEAO porteront leurs fruits, y compris la désignation du Président Faye du Sénégal comme facilitateur dans l’engagement de la CEDEAO avec l’Alliance des États du Sahel. 

Le délégué a noté que les changements climatiques exacerbent l’insécurité alimentaire existante, ainsi que la compétition pour l’accès à des ressources rares.  À cet égard, la République de Corée a commencé à financer le poste d’un conseiller climat et sécurité au Bureau pour l’Afrique de l’Ouest et Sahel à partir de cette année. 

La représentante de la France a dit être préoccupée par les attaques terroristes incessantes qui touchent le Sahel et les pays du golfe de Guinée, ainsi que le bassin du lac Tchad.  À ce défi sécuritaire majeur, s’ajoutent des violences intercommunautaires dont les populations civiles sont les premières victimes.  Cette situation a des conséquences humanitaires désastreuses au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Nigéria, où près de 33 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aujourd’hui.  La France continuera de se tenir aux côtés de ceux qui luttent contre ces fléaux, en mobilisant les outils à sa disposition, avec les partenaires qui le souhaitent.  Sur le plan politique, la représentante a encouragé les pays concernés à poursuivre leur transition en faveur d’un retour à l’ordre constitutionnel, afin que les populations puissent choisir librement leurs dirigeants.  Elle a vu dans certains pays de la région des sources d’inspiration à cet égard, notamment le Sénégal, où la transition démocratique s’est achevée en mars dernier. 

D’autres pays auront rendez-vous avec les urnes dans les prochains mois, a rappelé la représentante, soulignant le rôle essentiel joué par l’UNOWAS dans la région pour accompagner au mieux l’organisation de ces élections.  La vitalité de la démocratie passe également par le respect de la liberté de presse, de la liberté de manifester ou encore de la liberté d’association, autant d’éléments que la France continuera de promouvoir auprès de l’ensemble de ses partenaires.  Sur tous ces volets, la déléguée s’est dite convaincue des bienfaits de la complémentarité des acteurs, qu’ils soient nationaux, via un dialogue avec la société civile et l’ensemble des forces politiques, ou internationaux, comme y œuvrent la CEDEAO et l’UNOWAS.  La France se tient prête à collaborer avec les partenaires de la région qui le souhaitent, dans un cadre respectueux du droit international, a-t-elle conclu. 

La représentante de Malte a salué la consolidation de la gouvernance démocratique au Sénégal, au Ghana, au Togo et en Côte d’Ivoire.  Elle a en revanche déploré le manque de progrès dans la représentation politique des femmes en Guinée, au Bénin, au Sénégal et dans les pays du centre du Sahel.  Elle a encouragé le Burkina Faso, le Mali et le Niger à coopérer avec la CEDEAO dans un respect mutuel. 

Les conséquences des changements climatiques dans la région sont indiscutables, a poursuivi la déléguée, en appelant à une approche coordonnée afin d’y remédier.  Enfin, elle a souhaité que le Bureau présente les derniers développements dans la région plus régulièrement devant le Conseil. 

Le représentant du Royaume-Uni a relevé que la démocratie et l’espace civique sont sous pression dans la région, notant que les délais de restauration du pouvoir à des gouvernements constitutionnels au Mali et au Burkina Faso ont été prolongés, tandis que le calendrier de transition de la Guinée a également reculé.  Alors que la sécurité dans tout le Sahel se détériore et que la menace du terrorisme est croissante et nécessite une réponse interrégionale sérieuse, le délégué a estimé que les mercenaires, y compris l’Africa Corps de la Russie, ne sont pas la solution.  Selon lui, ils ont une manière d’agir qui aggrave les conflits et sape le développement à long terme.  De même, la façon dont ils opèrent fait peser de graves menaces sur la protection des civils, « comme nous l’avons vu au Mali ». 

Face à la situation sécuritaire instable au Mali, le représentant a appelé le Bureau régional à aider à ramener toutes les parties à la table des négociations. Il a exhorté tous les États de la région à rechercher des solutions collectives aux questions de sécurité communes. Sur le plan humanitaire, il a rappelé que depuis 2019, l’aide du Royaume-Uni a soutenu plus de 15 millions de personnes au Sahel en leur apportant des secours vitaux, ainsi que 3 millions de personnes au Nigéria depuis 2017.  Mais l’accès est de plus en plus restreint et les besoins restent insatisfaits, a-t-il noté. 

La représentante de la Fédération de Russie a salué les récentes transitions pacifiques au Sénégal et au Libéria, avant de noter que la situation sécuritaire dans la région demeure marquée par les activités des groupes terroristes, notamment Daech.  Le Mali, le Burkina Faso et le Niger mènent une lutte cordonnée contre le terrorisme et remportent des succès, a-t-elle estimé.  Rappelant la nécessité d’offrir des perspectives économiques aux jeunes, avant de rejeter toute imposition de modèles néocoloniaux, elle a jugé que les trois pays précités étaient en première ligne de la lutte antiterroriste et méritaient le soutien de tous les pays africains.  Pour la Fédération de Russie, les causes du retrait de ces trois pays de la CEDEAO s’expliquent aisément, du fait des pressions et des menaces d’user de la force à leur encontre.  La Russie continuera d’apporter une contribution positive pour la stabilité des pays du Sahel, a conclu la déléguée. 

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