En cours au Siège de l'ONU

9663e séance – matin
CS/15740

Afghanistan: « 1 000 jours sans accès à l’enseignement secondaire et universitaire », le sort des femmes et filles afghanes inquiète au Conseil de sécurité

La Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à progresser vers la résolution des problèmes structurels entre ce pays et la communauté internationale qui, a-t-elle relevé, est « toujours en mode gestion de crise ».  Cette séance a également été marquée par les inquiétudes suscitées par le sort des femmes et des filles afghanes qui n’ont pas à accès à l’enseignement secondaire et universitaire depuis 1 000 jours.

Soulignant que l’Afghanistan n’a pas d’avenir sans les femmes, Mme Manizha Wafeq, qui parlait au nom de la société civile afghane, a invité le Conseil à ne rien faire qui puisse normaliser l’approche des Taliban s’agissant des droits des femmes. Nombre de délégations ont d’ailleurs appelé les Taliban à revoir leur politique de genre, tandis que la Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) a dit percevoir des signes croissants de mécontentement populaire. 

En apparence, la stabilité politique a été maintenue, a constaté Mme Roza Otunbayeva, même s’il y a peu de place pour la dissidence interne.  Les partis politiques et les organisations de la société civile ont été interdits, il existe des restrictions croissantes sur les activités de certains acteurs politiques non Taliban de premier plan, et les médias sont également confrontés à des contraintes.  Une stabilité qui dépend de la répression des idées opposées est inévitablement fragile, a-t-elle analysé.  Elle a aussi noté que les autorités de facto manquent de prévisibilité, de transparence et de cohérence et n’ont pas mis sur pied des institutions pour recevoir les commentaires de la population.  Pourtant, de telles institutions sont essentielles à la légitimité politique interne, a-t-elle dit, soulignant que la légitimité nationale est essentielle à la légitimité internationale. 

Sur le plan humanitaire, plus de 50% de la population de l’Afghanistan, soit 23,7 millions de personnes, a besoin d’une aide humanitaire, ce qui représente le troisième plus grand nombre de personnes dans le besoin dans le monde, a relevé pour sa part la Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).  Selon Mme Lisa Doughten, cette crise est encore aggravée par les effets particulièrement aigus des changements climatiques.  Alors que les sécheresses annuelles devraient devenir la norme d’ici à 2030, la probabilité d’inondations soudaines a également augmenté, a indiqué l’intervenante, avant de rappeler qu’en avril et mai, des villages entiers ont été détruits et plus de 340 personnes ont été tuées, sans parler du bétail et des terres agricoles également perdus. 

Pourtant, a noté la Représentante spéciale, l’Afghanistan a une empreinte carbone proche de zéro, mais c’est le sixième pays le plus vulnérable aux changements climatiques et le moins préparé à faire face aux chocs climatiques, alors que les ressources de l’aide internationale diminuent.  L’appel de quelque 3 milliards de dollars pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 20%, a-t-elle déploré.  Selon elle, les donateurs seraient plus assurés de l’efficacité de leur aide si les autorités de facto supprimaient les restrictions imposées aux femmes travaillant pour les ONG et l’ONU et montraient une plus grande transparence sur le montant des revenus collectés et sur ce à quoi ils sont dépensés. 

La Fédération de Russie a dénoncé des donateurs qui rejettent catégoriquement la possibilité d’aider au développement du pays.  Interpellant les pays occidentaux, elle a appelé à évaluer sobrement les réalités « sur le terrain » et d’arrêter d’essayer de forcer le pays à « danser sur votre rythme », y compris sous les auspices de l’ONU.  Justement, les Nations Unies organisent la troisième réunion de Doha du 30 juin au 1er juillet 2024, a rappelé le délégué afghan qui a jugé décevant que l’ordre du jour n’inclue pas d’éléments du processus politique et les droits humains.  Il a aussi déploré le fait que les représentants de la société civile et des femmes ne seront pas présents à la table de discussions. 

La Représentante spéciale a averti que ce processus ne peut véritablement porter des fruits sans la participation des autorités de facto.  Elle s’est félicitée du fait que ces dernières aient annoncé leur participation, une information saluée par plusieurs délégations.  La France a souhaité que l’architecture du processus de Doha soit inclusive et permette de réels échanges sur la question des droits humains, tandis que le Japon a dit espérer que « Doha 3 » marquera aussi un point de départ en termes de droits humains et que les Taliban reconnaîtront que l’éducation et l’emploi des femmes sont une nécessité essentielle pour le développement de l’Afghanistan. 

Le représentant de la Chine a pour sa part appelé à respecter la réalité politique des Taliban et encouragé ces derniers à prendre des mesures sur la participation des femmes et des filles.  Pour la délégation, il est crucial de renforcer la confiance avec les autorités en place.  Et pour cela, le Conseil devrait remettre en place les dérogations octroyées pour le déplacement des responsables gouvernementaux et modifier le régime de sanctions imposé à l’Afghanistan.  L’Iran n’a pas dit le contraire en arguant qu’un engagement continu avec les autorités de facto de l’Afghanistan est crucial pour la stabilité régionale.

Le délégué afghan a en outre appelé à la nomination d’un envoyé spécial pour assurer un engagement international dédié et coordonné avec l’Afghanistan.  Le vœu des États-Unis est également de voir le Secrétaire général de l’ONU établir un point focal pour le processus de réintégration du pays dans l’économie internationale. 

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (S/2024/469)

Déclarations

Mme ROZA OTUNBAYEVA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’Afghanistan et Cheffe de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a dit percevoir des signes croissants de mécontentement populaire.  Elle a noté que la communauté internationale est toujours en mode gestion de crise, alors qu’il faudrait progresser vers la résolution des problèmes structurels entre la communauté internationale et l’Afghanistan.  Selon elle, les acteurs du secteur privé afghan font état d’une amélioration de l’environnement pour l’activité commerciale, notamment sur le plan de la sécurité et la réduction de la corruption, même s’ils sont inquiets quant au manque de cadre juridique clair, une faible demande et des difficultés persistantes pour effectuer des transactions bancaires internationales et accéder aux marchés internationaux.

Elle a indiqué que même si les donateurs internationaux ont fournis plus de 7 milliards de dollars pour l’aide humanitaire et 4 milliards pour répondre aux besoins humains fondamentaux du peuple afghan depuis la prise du pouvoir par les Taliban, l’Afghanistan reste en proie à une pauvreté massive qui laisse la population encore plus vulnérable aux nombreuses catastrophes naturelles provoquées par les changements climatiques.  L’Afghanistan a une empreinte carbone proche de zéro, mais c’est le sixième pays le plus vulnérable aux changements climatiques et le moins préparé à faire face aux chocs climatiques, a-t-elle indiqué.  En outre, les ressources de l’aide internationale diminuent, en partie à cause de la concurrence mondiale.  L’appel de quelque 3 milliards de dollars pour 2024 n’est financé qu’à hauteur de 20%, a-t-elle déploré.  Les donateurs seraient plus assurés de l’efficacité de leur aide si les autorités de facto supprimaient les restrictions imposées aux femmes travaillant pour les ONG et l’ONU et montraient une plus grande transparence sur le montant des revenus collectés et sur ce à quoi ils sont dépensés.

La Représentante spéciale a constaté que nombreux sont ceux qui, en dehors de l’Afghanistan, ont tendance à sous-estimer les évolutions positives qui ont eu lieu dans le pays, y compris l’accès humanitaire en cours.  Dans le même temps, les autorités de facto ont tendance à sous-estimer les contributions de la communauté internationale aux succès qu’elle réclame.  En apparence, la stabilité politique a été maintenue, a-t-elle constaté, même s’il y a peu de place pour la dissidence interne.  Les partis politiques et les organisations de la société civile ont été interdits et il existe des restrictions croissantes sur les activités de certains acteurs politiques non taliban de premier plan.  Les médias sont également confrontés à des contraintes quant à ce qu’ils sont autorisés à rapporter.  Une stabilité qui dépend de la répression des idées opposées est inévitablement fragile, a-t-elle indiqué.  Elle a aussi noté que les autorités de facto manquent de prévisibilité, de transparence et de cohérence et n’ont pas mis sur pied des institutions pour recevoir les commentaires de la population.  Pourtant, de telles institutions sont essentielles à la légitimité politique interne, a-t-elle dit, soulignant que la légitimité nationale est essentielle à la légitimité internationale.

Pour Mme Otunbayeva, l’application continue des châtiments corporels est également préoccupante, ainsi que les exécutions publiques d’individus condamnés à la peine de mort, ce qui est contraire aux normes internationales relatives aux droits humains.  Elle a également dénoncé les restrictions persistantes imposées aux femmes et aux filles qui ont désormais enduré plus de 1 000 jours sans pouvoir accéder à l’enseignement secondaire et universitaire.  Avec les informations sur la diminution des salaires des fonctionnaires contraints de rester à la maison, elle a mis en garde sur l’éventualité d’une fuite des cerveaux qui minerait l’avenir de l’Afghanistan. 

En évoquant la réunion de Doha sur l’Afghanistan, la troisième du genre prévue en fin de mois, la Représentante spéciale a averti que ce processus ne peut véritablement porter des fruits sans la participation des autorités de facto.  Elle s’est félicitée du fait que ces dernières aient annoncé leur participation.  Seul un engagement à travers une approche commune, coordonnée et une position internationale de principe peut constituer une forte incitation pour les autorités de facto à adopter des politiques qui permettraient leur réintégration dans la communauté internationale, a-t-elle souligné.

Mme LISA DOUGHTEN, Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a commencé par rappeler que plus de 50% de la population de l’Afghanistan, soit 23,7 millions de personnes, a besoin d’une aide humanitaire, ce qui représente le troisième plus grand nombre de personnes dans le besoin dans le monde. La moitié de la population vit dans la pauvreté et un Afghan sur quatre ne sait pas d’où viendra son prochain repas, a-t-elle souligné, ajoutant que nombre des 618 000 Afghans rentrés du Pakistan depuis la mi-septembre ont besoin d’une aide humanitaire.  Cette crise est encore aggravée par les effets particulièrement aigus des changements climatiques, la diminution des précipitations et la récurrence de conditions de type sécheresse ayant contribué à une crise de l’eau à grande échelle.  Alors que les sécheresses annuelles devraient devenir la norme d’ici à 2030, la probabilité d’inondations soudaines a également augmenté, a constaté l’intervenante, avant de rappeler qu’en avril et mai, des villages entiers ont été détruits et plus de 340 personnes ont été tuées, sans parler du bétail et des terres agricoles également perdus.  L’Afghanistan n’est toujours pas du tout prêt à faire face à ces menaces qui nécessitent des investissements importants dans des systèmes d’alerte et de réponse précoces, a averti Mme Doughten. 

La responsable de l’OCHA a ensuite signalé que l’Afghanistan entrera bientôt dans sa quatrième année sous l’autorité de facto des Taliban, dont nul n’a ressenti l’impact plus profondément que les femmes et les filles.  Dénonçant les décrets qui limitent leurs déplacements et leur participation à la vie publique, elle a indiqué que cela fait plus de 1 000 jours que les filles de plus de 11 ans n’ont plus accès à l’école secondaire, « ce qui équivaut au temps nécessaire pour obtenir un diplôme universitaire ».  L’interdiction de l’éducation des filles aboutit en outre à une augmentation des mariages d’enfants et des grossesses précoces, avec des conséquences physiques, émotionnelles et économiques désastreuses, a-t-elle déploré, faisant état d’une hausse des tentatives de suicide chez les femmes et les filles.  Toutefois, malgré les restrictions imposées à leur capacité de travailler et aux risques pour leur sécurité personnelle, les femmes afghanes continuent de participer à la réponse humanitaire, a indiqué Mme Doughten, selon laquelle des arrangements locaux sont trouvés pour permettre la participation du personnel féminin afghan aux activités sur le terrain. 

Notant que cet exposé est le cinquième de l’OCHA au Conseil depuis l’adoption de l’« exception humanitaire » prévue par la résolution 2615 (2021), l’intervenante a affirmé que cette mesure a permis l’an dernier à quelque 28 millions de personnes, soit plus de 60% de la population, de recevoir une assistance vitale.  L’exception humanitaire couvre d’importantes dépenses éligibles qui sont nécessaires pour fournir cette assistance, a-t-elle précisé, ajoutant que la nature et les modalités des paiements effectués à ce titre n’ont pas changé au cours des trois dernières années et restent donc identiques à celles qui avaient cours sous l’administration de la République islamique d’Afghanistan avant août 2021. Par exemple, les frais de douane restent fixés à environ 23 dollars par conteneur ou expédition.  Tous les paiements effectués au titre de l’exception constituent des coûts opérationnels prévisibles et budgétisés nécessaires au maintien de la réponse humanitaire en Afghanistan, a-t-elle insisté, avant de relever que la résolution 2615 (2021) a aussi contribué à réduire les difficultés liées au traitement des paiements et aux transferts de fonds vers l’Afghanistan à des fins humanitaires. 

Parallèlement, a poursuivi Mme Doughten, l’OCHA continue de renforcer et d’élargir les procédures de gestion des risques en Afghanistan.  Ainsi, le système de gestion de l’information sur les entrepreneurs est désormais opérationnel et permet le partage de données sur les partenaires, sous-traitants et autres fournisseurs de biens et de services utilisés par diverses agences de l’ONU dans le pays, y compris le placement sur liste noire de ceux qui agissent contrairement au Code de conduite des Nations Unies.  Les organisations humanitaires mettent également tout en œuvre pour garantir que l’aide parvienne aux bénéficiaires prévus, via des mesures prises à différentes étapes des phases d’évaluation, de planification, de distribution et de suivi des opérations.  Au total, 9,9 millions de personnes en Afghanistan ont reçu au moins une forme d’assistance entre janvier et mars 2024, a-t-elle expliqué, regrettant cependant que l’OCHA n’ait encore reçu que 21% des 3 milliards de dollars nécessaires cette année pour répondre aux énormes besoins humanitaires.  En conséquence, des programmes vitaux ont dû être fermés et d’autre pourraient aussi s’arrêter, ce qui risque de priver 700 000 enfants de moins de 5 ans de services de traitement nutritionnel vitaux. Ce manque de fonds met également en péril les programmes de déminage et d’assistance aux victimes des mines en Afghanistan, a prévenu l’intervenante.  En conclusion, elle a exhorté les donateurs à financer entièrement l’appel en faveur de l’Afghanistan afin que l’OCHA puisse continuer à fournir ce soutien vital. 

Mme MANIZHA WAFEQ, représentante de la société civile, a indiqué que l’économie afghane a connu une rétraction de 22% en 2022 après l’arrivée au pouvoir des Taliban.  Un véritable apartheid entre les genres a été mis en place depuis, a-t-elle dit, en dénonçant les graves restrictions à l’emploi et à l’éducation des femmes.  La Chambre de commerce des femmes, dont elle est l’une des cofondatrices, a dû cesser ses activités.  Elle a indiqué ne pas savoir si les Taliban vont renforcer ces restrictions ou, au contraire, écouter la communauté internationale. Elle a également indiqué que les Taliban ont plafonné les salaires des femmes employées dans le précédent gouvernement à 70 dollars par mois, ce qui est insuffisant pour vivre. 

Mme Wafeq a exhorté les Taliban à respecter les droits fondamentaux de toutes les minorités et groupes marginalisés, en premier lieu les femmes et les filles. Les droits humains des femmes sont non négociables, a-t-elle tranché.  Soulignant que l’Afghanistan n’a pas d’avenir sans les femmes, elle a invité le Conseil à ne rien faire qui puisse normaliser l’approche des Taliban s’agissant des droits des femmes.  Elle a appelé à développer l’entrepreneuriat féminin et à développer les compétences numériques des femmes.  La prochaine réunion de Doha des envoyés spéciaux de l’ONU doit être l’occasion de défendre les droits des femmes, a-t-elle dit.  « Rendons aux femmes leurs droits, leur liberté et leur dignité. »

Le représentant du Japon a indiqué que bien qu’il y ait eu quelques développements positifs depuis le retour des Taliban au pouvoir, comme l’amélioration de la situation sécuritaire et la réduction de la production de pavot, la situation des droits humains reste préoccupante et la situation humanitaire désastreuse.  En outre, des contraintes en matière de ressources ont été exacerbées par la crise économique et financière, les tremblements de terre, les crues soudaines et le retour massif des Afghans dans leur pays. L’impact des changements climatiques affecte négativement le peuple afghan qui est aussi aux prises avec la lutte contre les stupéfiants et le terrorisme, en passant par l’économie, l’éducation et l’emploi des femmes, entre autres. 

Il a plaidé pour l’instauration d’un climat de confiance entre la communauté internationale et l’Afghanistan, ajoutant que le format de Doha est la seule plateforme dont on dispose actuellement pour faire avancer ce processus.  Lors de la prochaine réunion des envoyés spéciaux à Doha, ou « Doha 3 », le Japon souhaite avoir un échange de vues franc sur la manière dont nous pouvons faire avancer une coopération concrète, a-t-il indiqué soulignant que les voix des différents acteurs, y compris des femmes, sont importantes.  Le représentant a espéré que « Doha 3 » marquera aussi un point de départ en termes de droits humains et que les Taliban reconnaîtront que l’éducation et l’emploi des femmes sont une nécessité essentielle pour le développement de l’Afghanistan. 

La représentante de Guyana, s’exprimant au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a appelé les Taliban à annuler rapidement toutes les politiques et pratiques qui discriminent les femmes et les filles, notamment celles qui portent atteinte à leur droit fondamental à une éducation de qualité, celui-ci restant très limité.  Elle a estimé que les défis sécuritaires en Afghanistan restent préoccupants, avec l’augmentation des incidents d’insécurité par rapport à la même période en 2023, y compris une augmentation de 97% d’incidents liés aux stupéfiants.  Il faut renforcer les efforts pour éradiquer la culture du pavot, a-t-elle ajouté en recommandant que cette interdiction s’accompagne d’un soutien aux sources de revenus alternatives.

Les A3+ reconnaissent et saluent les efforts continus des Taliban pour lutter contre l’accumulation et le détournement illicites d’armes légères et de petit calibre par le biais de leur campagne d’enregistrement des armes, a poursuivi la représentante.  Elle a exprimé leur préoccupation quant au nombre élevé d’enfants tués et mutilés, notamment par des munitions explosives.  La déléguée a également constaté que la situation humanitaire désastreuse en Afghanistan a été exacerbée par les récentes inondations qui ont entraîné des morts et des pertes de biens.  La représentante des A3+ a, enfin, exhorté les Taliban à lever les restrictions imposées aux travailleuses humanitaires afghanes, y compris celles travaillant pour l’ONU et des ONG internationales, puisque cela limite la fourniture efficace de l’aide humanitaire.

Le représentant de la Slovénie a mis l’accent sur la vulnérabilité de l’Afghanistan aux changements climatiques et sur les graves conséquences humanitaires que cela entraîne.  Les phénomènes météorologiques extrêmes récurrents liés au climat et les catastrophes naturelles ne font qu’aggraver la situation désastreuse du pays et affectent directement les moyens de subsistance, la santé, la sécurité alimentaire et hydrique des populations, a-t-il constaté.  Il a également insisté sur le fait que la pression autour de la rareté des ressources naturelles suscite une concurrence locale et augmente les risques pour les communautés marginalisées, notamment les minorités, les personnes déplacées, les femmes et les filles.  Dans ces conditions, des systèmes efficaces d’alerte précoce en cas de sécheresse et d’inondation devraient être une priorité absolue, y compris dans les programmes d’aide humanitaire, a plaidé le délégué.

Abordant ensuite la situation désastreuse des droits humains en Afghanistan, en particulier la répression imposée aux femmes et aux filles, le représentant a souhaité que le Conseil reste uni pour rejeter les politiques restrictives du régime taliban et exige que de telles politiques soient annulées.  Pour ce qui est de la voie à suivre, il a affirmé que son pays soutient les processus menés par l’ONU.  À ses yeux, la prochaine réunion de Doha peut être une opportunité de progrès. Pour cela, il importe selon lui que les femmes aient une voix dans ces processus, ainsi qu’une place centrale dans tout dialogue intra-afghan. 

La représentante de la Suisse a constaté que la situation économique de l’Afghanistan reste catastrophique et sa population massivement dépendante de l’aide humanitaire.  Dans ce contexte, elle a réitéré sa condamnation des restrictions imposées par les Taliban aux femmes, aux filles et aux minorités ethniques et religieuses, appelant au respect de leurs droits humains, de leurs libertés fondamentales et de leur participation à la vie publique.  Après avoir attiré l’attention du Conseil sur le sort des enfants afghans, qui devraient selon elle bénéficier d’une protection spéciale, la déléguée a mis l’accent sur la vulnérabilité du pays face aux changements climatiques. Les sécheresses, les crues éclair, la fonte des glaces due à la hausse des températures et la dégradation des sols entraînent le déplacement de millions d’Afghans, menacent leur survie et pèsent sur une économie déjà fragile et largement dépendante de l’agriculture, a-t-elle alerté, avant d’encourager la MANUA à intensifier la promotion de la coopération au niveau régional pour répondre à ces défis et renforcer la gestion durable des ressources en eau.  Enfin, à l’approche de la nouvelle réunion des envoyés spéciaux à Doha, elle a souhaité que le peuple afghan dans toute sa diversité soit inclus dans tous les processus liés à l’avenir du pays, y compris la mise en œuvre des recommandations de l’évaluation indépendante. 

Le représentant des États-Unis a déploré la détérioration de la situation des droits humains en Afghanistan.  Les violations sont désormais systémiques, a constaté le délégué, en dénonçant la persécution de certaines minorités par les Taliban.  Ces derniers doivent lever les restrictions des droits des femmes et des filles, a-t-il martelé.  Mille jours se sont écoulés depuis la décision des Taliban de priver les filles d’une éducation secondaire et universitaire, a déploré le délégué.  Il a également plaidé pour une économie afghane inclusive, répondant aux besoins de tous les Afghans.  Enfin, le délégué a invité le Secrétaire général à établir un point focal pour le processus de réintégration du pays dans l’économie internationale.

La représentante de Malte a commencé par saluer le travail de la MANUA qui continue d’œuvrer à la construction d’un Afghanistan pacifique, prospère, sûr et ouvert à tous.  Elle a également réaffirmé le soutien indéfectible de Malte aux travaux menés par la Mission, conjointement avec l’ONUDC, pour lutter contre les stupéfiants en Afghanistan, notamment à travers son soutien financier au Programme de santé et de réduction de la demande de drogues en Afghanistan.  Préoccupée par la poursuite des graves violations commises contre les enfants, la représentante a appelé toutes les parties à mettre pleinement en œuvre les conclusions récemment adoptées par le Groupe de travail du Conseil sur les enfants et les conflits armés. 

À la veille de Doha 3, la déléguée a estimé qu’une solution pour le présent ou l’avenir de l’Afghanistan ne peut être envisagée sans un processus politique légitime et inclusif dans lequel les droits des femmes et des filles sont pris en compte et les Afghans représentés dans toute leur diversité.  Elle a dit ne pas pouvoir ignorer ce que la MANUA a caractérisé comme « l’un des exemples les plus frappants au monde » de la régression des droits des femmes, plaidant pour des stratégies claires et des paramètres fondés sur les droits humains pour guider les interactions de la communauté internationale avec les Taliban.  En outre, Malte encourage la mise en place de mécanismes appropriés pour garantir l’engagement total, égal, significatif et sûr des femmes afghanes, des défenseurs des droits humains et de la société civile, et ce, dans tous les processus politiques.

La représentante de la France a rappelé que cela fait plus de 1 000 jours que plus de 1,5 million de filles ne prennent plus le chemin de l’école en Afghanistan.  Et à ce sombre décompte, aux conséquences lourdes pour l’avenir du pays, s’ajoutent d’autres violations toujours plus graves des droits fondamentaux des femmes et des filles dans ce pays.  C’est avec préoccupation que nous avons pris connaissance ce mois de juin des informations selon lesquelles le salaire de certaines femmes fonctionnaires serait diminué de près de moitié.  Il s’agit d’une nouvelle mesure discriminatoire, qui s’ajoute à une longue liste, s’est-elle indignée.

Elle a noté avec préoccupation que l’ensemble des droits des Afghans sont bafoués quotidiennement, notamment avec le retour des châtiments corporels massifs et publics. De plus, la situation sécuritaire demeure également fragile.  Les groupes terroristes restent actifs, « Daech au Khorasan » et Al-Qaida continuant de poser une menace à la sécurité régionale et internationale.  La culture et le trafic de drogue demeurent des sujets de préoccupation essentiels, a-t-elle ajouté.  Elle a également souhaité que l’architecture du processus de dialogue de Doha soit inclusive et permette de réels échanges sur la question des droits humains. 

Le représentant de la Chine s’est tout d’abord réjoui que le Gouvernement provisoire afghan ait confirmé sa participation à la troisième réunion des envoyés spéciaux pour l’Afghanistan, prévue à Doha du 30 juin au 1er juillet.  Il a également remercié l’ONU d’avoir rendu possible cette réunion, dont il a appuyé la tenue dans son format actuel.  Il a souhaité que le Conseil de sécurité soit pleinement informé des conclusions de cette rencontre et qu’il prenne ensuite des mesures pour aider le pays à relever les défis du développement et à mieux s’intégrer dans la communauté internationale. Dans cette perspective, il est essentiel selon lui que le Conseil soutienne le dialogue avec le Gouvernement provisoire afghan.  La communauté internationale doit respecter la réalité politique des Taliban et encourager ces derniers à prendre des mesures sur la participation des femmes et des filles, a-t-il plaidé, avant d’appeler à renforcer la confiance avec les autorités en place.  Pour cela, le Conseil devrait remettre en place les dérogations octroyées pour le déplacement des responsables gouvernementaux et modifier le régime de sanctions imposé à l’Afghanistan. 

Il importe aussi d’aider le pays à surmonter ses difficultés humanitaires, alors que 23,7 millions d’Afghans ont besoin d’une assistance et que le plan d’aide pour le pays n’est financé qu’à 16,2%, a poursuivi le représentant.  Exhortant les donateurs à honorer leurs engagements, il a invité le Conseil à promouvoir la coopération régionale afin d’aider au redressement économique de l’Afghanistan et de rétablir les moyens de subsistance. Enfin, après avoir appelé à la levée immédiate des sanctions unilatérales et à la restitution des avoirs afghans gelés à l’étranger, il a demandé au Conseil de soutenir activement le Gouvernement provisoire afghan dans sa lutte contre le terrorisme, alors que Daech et Al-Qaida continuent de menacer la sécurité nationale et internationale. 

Le représentant de l’Équateur a fustigé les restrictions apportées aux droits fondamentaux des femmes et des filles.  Il a relevé que 1 000 jours se sont écoulés depuis la décision des Taliban de priver les filles d’une éducation secondaire et universitaire, se désolant que cela aggrave leur vulnérabilité.  Le délégué a dénoncé en particulier les mariages forcés.  Il a indiqué que la situation humanitaire dans le pays s’est détériorée, tandis que le terrorisme est toujours une réalité. La prochaine réunion des envoyés spéciaux de Doha sera l’occasion de promouvoir le dialogue intra-afghan et les droits fondamentaux des femmes, a espéré le délégué.  Il a assuré, en conclusion, que la restauration d’un espace civique est capitale pour l’avènement d’un Afghanistan prospère et pacifique. 

Le représentant du Royaume-Uni a noté que s’il est positif que les Taliban aient manifesté leur volonté de participer à la réunion à Doha à la fin du mois, ils doivent aussi montrer qu’ils sont prêts à changer de comportement et à écouter les préoccupations du peuple afghan.  La communauté internationale doit rester unie et claire sur la nécessité pour les Taliban de respecter leurs obligations et de revenir sur toutes les politiques restreignant les droits humains et les libertés fondamentales en Afghanistan, a-t-il plaidé.  Cela inclut le décret des Taliban interdisant aux filles d’aller à l’école secondaire, a-t-il souligné en rappelant que cela fait maintenant plus de 1 000 jours qu’il a été promulgué. 

Passant au Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan pour 2024, qui n’est financé qu’à 20%, le délégué a exhorté l’Union européenne et la communauté internationale à le soutenir comme il se doit en indiquant que le Royaume-Uni est en passe de fournir plus de 190 millions de dollars d’aide cette année et qu’il continuera à soutenir l’éducation en Afghanistan par des contributions bilatérales et multilatérales aux ONG et aux partenaires de l’ONU.  Le délégué a insisté sur l’urgence de nommer un envoyé spécial pour l’Afghanistan afin de rassembler la communauté internationale et minimiser le risque de voir les problèmes de l’Afghanistan se propager dans la région et au-delà.  Pour sa part, le Royaume-Uni est prêt à travailler de manière constructive avec toutes les parties prenantes ‑en Afghanistan et au-delà‑ afin de parvenir à un Afghanistan en paix avec lui-même, ses voisins et la communauté internationale, a assuré le représentant.

Le représentant de la Fédération de Russie a jugé encourageant que les autorités afghanes de facto, malgré les prévisions de collègues occidentaux sur l’inévitable effondrement politique interne et l’effondrement économique d’un pays qui a vécu pendant des années sur la dépendance internationale, aient pu se concentrer sur le renforcement de la coopération régionale et la restauration du potentiel socioéconomique.  Les dirigeants recherchent leur propre voie de développement indépendant, sans un regard sur l’aide occidentale, a-t-il analysé.  Compte tenu du nombre d’armes abandonnées par les Occidentaux dans le pays, il a estimé que la menace qu’elles tombent entre les mains de militants extrémistes est bien réelle et représente un danger pour la région.  Il a dénoncé la présence de groupes terroristes comme l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan et de combattants étrangers.  Le problème de la drogue est également étroitement lié au terrorisme, a-t-il relevé. Les efforts déployés par les Taliban ne suffisent pas et l’assistance régionale et internationale est nécessaire. 

Sur le plan humanitaire, le délégué a salué les efforts de l’ONU pour accroître l’aide au-delà des besoins fondamentaux, même si ces efforts sont toujours bloqués, a-t-il affirmé, par les pays occidentaux.  Il a dénoncé des donateurs qui rejettent catégoriquement la possibilité d’aider au développement du pays, et a fait savoir que la Russie a envoyé, le 20 juin, un avion transportant plus de 20 tonnes de nourriture et de fournitures essentielles.  Prônant une approche basée sur le format de Moscou, il a appelé à évaluer sobrement les réalités « sur le terrain » et à arrêter d’essayer de forcer le pays à « danser sur votre rythme », y compris sous les auspices de l’ONU. L’histoire du pays a démontré à plusieurs reprises la futilité et la contre-productivité de telles actions, a-t-il noté.  Il a souligné que toute discussion efficace sur la situation en Afghanistan ne peut se faire sans la participation directe des autorités de facto.  Construire un projet à long terme et une paix durable est impossible sans interaction avec les autorités sur un large éventail de questions.  Il n’y a pas d’alternative à cette voie, a-t-il souligné, y voyant la voie à suivre pour une sortie rapide de l’impasse et la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté internationale.

Le représentant de la République de Corée a commencé par s’adresser aux acteurs politiques afghans, principalement aux Taliban, leur rappelant que « la légitimité vient du bien-être des gens, tant physique que mental ».  Dans ce contexte, il a jugé injustifiable de priver les filles d’école depuis maintenant plus de 1 000 jours.  En tant que pays donateur majeur ayant fourni 74 millions de dollars d’aide humanitaire au cours des trois dernières années, il s’est également élevé contre les violences exercées à l’encontre du personnel humanitaire, les restrictions persistantes imposées aux travailleuses humanitaires et les nouvelles réglementations sur la gestion des ONG.  Il a ensuite estimé que la réintégration de l’Afghanistan dans la communauté internationale est un projet à grande échelle qui va bien au-delà de ce qui peut être réalisé dans la seule région.  Selon lui, il n’y a pas de meilleure entité que l’ONU pour faciliter ce processus, d’où l’importance de la prochaine réunion des envoyés spéciaux à Doha, au cours de laquelle devra être abordée la question des droits humains du peuple afghan, en particulier ceux des femmes et des filles. 

Le délégué a par ailleurs souhaité que, grâce aux efforts déployés par le Secrétariat de l’ONU et la MANUA pour faciliter l’engagement international avec les parties prenantes afghanes, le Conseil de sécurité puisse accélérer les discussions sur les critères, les principes et les mécanismes d’engagement entre les États Membres.  Enfin, à l’adresse du peuple afghan, il a indiqué que la communauté internationale est sur le point d’entamer des discussions approfondies sur des domaines de préoccupation spécifiques, tels que la lutte contre les stupéfiants, les changements climatiques et le secteur privé, souvent appelés « points d’entrée » ou « questions de confiance ».  Dans ces discussions, nous placerons toujours les souffrances et les besoins spécifiques du peuple afghan au centre de nos délibérations, a-t-il assuré, affirmant avoir invité Mme Wafeq à cette fin. 

Le représentant de l’Afghanistan a rappelé que les Nations Unies organisent la troisième réunion de Doha du 30 juin au 1er juillet 2024, réunissant des représentants spéciaux pour l’Afghanistan de divers pays.  Il a jugé non efficace les deux précédentes réunions du genre du fait de l’absence de l’impératif de s’attaquer à la composante politique de la crise afghane. Il a décrié l’absence d’une approche inclusive et d’un système politique représentatif bénéficiant du soutien et de la légitimité de la population du pays.  Il est décevant que l’ordre du jour de la troisième Conférence de Doha n’inclue pas d’éléments du processus politique et les droits humains, a-t-il ajouté.  Il a aussi déploré le fait que les représentants de la société civile et des femmes ne seront pas présents à la table de discussions.  Le délégué a appelé à un engagement international aligné sur les principes et les objectifs de la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Toute discussion sur l’avenir du peuple afghan n’aboutira à aucun résultat tangible sans aborder les questions et préoccupations fondamentales, a-t-il tranché. Les Taliban ne sont qu’un acteur interne et ne représentent pas et ne peuvent représenter la population du pays, a-t-il poursuivi.  Il a appelé le Secrétaire général de l’ONU à examiner sérieusement ces points et à garantir l’inclusion de représentants des femmes et de la société civile dans toutes les discussions sur l’Afghanistan, y compris à la prochaine réunion de Doha. Il a aussi appelé à la nomination d’un envoyé spécial pour assurer un engagement international dédié et coordonné avec l’Afghanistan.

Le représentant a ensuite évoqué une situation des droits humains désastreuse, en particulier pour les femmes et les filles.  Il a dénoncé l’application stricte des codes vestimentaires, la détention arbitraire de militants et journalistes, les exécutions publiques et les châtiments corporels.  L’Afghanistan est le seul pays au monde où les filles n’ont pas le droit de fréquenter l’enseignement secondaire et supérieur, s’est-il indigné en parlant de politiques et pratiques qui vont à l’encontre des véritables principes islamiques. Le bien-être, la prospérité et la sécurité de l’Afghanistan ne sont pas seulement des préoccupations intérieures, a-t-il argué, notant que cela est profondément lié à la stabilité régionale et mondiale.  En ce moment critique, nous exhortons à la solidarité et au consensus entre les membres du Conseil de sécurité, a-t-il plaidé. 

Le représentant de l’Iran a indiqué que 700 000 étudiants afghans vivent en Iran.  Il a fait savoir qu’en raison des conditions économiques difficiles découlant des sanctions illicites des États-Unis et d’une aide internationale insuffisante, l’Iran ne peut faire face à un afflux de réfugiés afghans et au trafic de drogue.  Il a donc demandé un appui international pour les pays hôtes comme le sien.  L’engagement continu des autorités de facto de l’Afghanistan est crucial pour la stabilité régionale, a dit le délégué qui a notamment appuyé l’initiative du Pakistan visant à réunir les ministres des affaires étrangères des pays voisins.  Il a également précisé qu’un groupe de contact, réunissant l’Iran, le Pakistan, la Chine et la Russie, a été créé à l’initiative de son pays.  Enfin, il a salué la tenue de la prochaine réunion de Doha et rappelé que toute politisation de l’aide humanitaire ne pourrait que porter préjudice au peuple afghan.

Le représentant du Pakistan a plaidé pour un dialogue constant avec les autorités provisoires afghanes en vue de normaliser la situation.  Il a salué leur intention de participer à la réunion de Doha à la fin du mois.  C’est l’occasion d’avoir un dialogue constructif sur toutes les questions clefs qui ont trait à l’Afghanistan, a-t-il espéré, mais la communauté internationale et le Gouvernement provisoire afghan doivent clairement définir l’objectif général poursuivi.  Pour cela, il a mis en avant le rôle de coordination de l’ONU et la possibilité de définir une feuille de route pour la normalisation de la situation en Afghanistan et son intégration dans la communauté internationale.  Pointant le sous-financement alarmant du Plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan, le représentant a appelé la communauté internationale à y remédier de toute urgence.  Il a encouragé en outre à prendre des mesures de soutien à l’économie afghane et au dégel des avoirs afghans au profit de la Banque centrale afghane. Pour sa part, le Pakistan a signé un accord commercial avec l’Afghanistan, a indiqué le représentant.

Il a exhorté les autorités afghanes à garantir les droits des femmes et des filles à l’éducation et au travail, et à promouvoir une plus grande inclusivité politique, saluant au passage le travail de la MANUA sur ces questions.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à se remobiliser sur la question de la lutte contre le terrorisme en Afghanistan, arguant que l’impunité dont semble jouir certains des groupes qui y sont présents représente une menace directe pour tous les pays voisins et au-delà. Le délégué a notamment mis l’accent sur le groupe Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP) qui pose une menace directe au Pakistan.  Le TTP a des armes sophistiquées et a mené plusieurs attaques transfrontalières contre le Pakistan, a-t-il expliqué avant d’appeler les autorités provisoires afghanes à démanteler et désarmer ce groupe.  Il a précisé que faute d’action concrète de leur part, le Pakistan a mené une attaque en réponse aux actions du TTP sur le territoire afghan dans laquelle des terroristes ont été tués.  Il a appelé l’ONU à se pencher sur les sources de financement du TTP et l’origine de ses armes, même si la MANUA n’a pas pour mandat la lutte contre le terrorisme.

Le représentant de l’Inde a estimé que les critères mis en place par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2593 (2021) devraient continuer d’orienter l’action de la communauté internationale, avec pour priorités de faire reculer le terrorisme, de favoriser une gouvernance ouverte à tous, de protéger les droits des femmes, des filles et des minorités, de lutter contre les stupéfiants et de faire bénéficier le peuple afghan d’une assistance humanitaire.  Il importe également selon lui que le territoire afghan ne soit pas utilisé pour semer l’instabilité et encourager des idéologies extrémistes. 

Après avoir rappelé que son pays est un fournisseur d’aide majeure pour l’Afghanistan, le délégué a fait état de plus de 500 projets dans le domaine du développement, qui couvrent les 34 provinces afghanes.  Il a ajouté que l’Inde participe activement aux réunions des envoyés spéciaux pour l’Afghanistan à Doha, avant de se dire favorable au consensus selon lequel la communauté internationale doit avancer sur toutes questions liées au dossier afghan de manière transparente et dans un processus basé sur la concertation.  Il a enfin assuré que la relation indo-afghane est dynamique, comme en témoigne la création récente d’une route destinée à faire de l’Afghanistan une « plateforme connectée au monde entier ». 

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