Le Conseil de sécurité passe au crible les travaux du Comité 1591 alors que l’afflux d’armes aggrave la situation sécuritaire au Soudan
Le Conseil de sécurité a entendu, cet après-midi, un rapport sur les activités du Comité des sanctions du Conseil de sécurité des Nations Unies créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan. Toutes les délégations ont été unanimes sur le fait que l’embargo sur les armes n’est pas respecté, et la délégation du Soudan a évoqué les noms de pays qui livrent des armes, contribuant ainsi à attiser le conflit interne qui s’embrase de plus en plus.
Le Président du Comité 1591, M. Hwang Joonkook, Représentant permanent de la République de Corée, a expliqué que le rapport présenté couvre la période allant du 19 mars 2024 à ce jour. Il a rappelé que le 22 avril dernier, le Secrétaire général de l’ONU a nommé quatre experts qui siégeront au sein du Groupe d’experts du Comité jusqu’au 12 mai 2025. Un cinquième expert a été nommé le 23 mai dernier pour un mandat qui prend également fin le 12 mai prochain.
Le Président a indiqué que le Comité a tenu des consultations informelles le 4 juin dernier. Cette séance a permis d’entendre le programme de travail 2024-2025 du Groupe d’experts et son rapport sur la situation au Darfour. Les membres du Comité ont exprimé leur satisfaction à l’endroit du Groupe d’experts et le 7 juin, le Comité a d’ailleurs produit un communiqué de presse en rapport à la réunion du 4 juin.
Les États-Unis ont salué le travail du Comité des sanctions qui a un rôle important à jouer au vu de la violence sur le terrain au Soudan. La délégation a estimé qu’il faut prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre le régime de sanctions, mettre fin aux combats et favoriser l’accès de l’aide aux civils. Le conflit au Soudan doit se régler sur la table des négociations, a plaidé la délégation américaine.
Les forces armées nationales sont impuissantes à protéger les populations civiles du fait de l’embargo sur les armes, a cependant alerté la délégation du Soudan qui a confirmé l’engagement des forces gouvernementales à respecter la Déclaration d’engagement de Djedda en faveur de la protection des civils. Les Forces d’appui rapide prennent pour cibles les civils partout dans le pays et notamment à El-Fasher qui est actuellement assiégée, a décrié la délégation. Elle a même évoqué un « génocide » en arguant que l’objectif est de faire mourir de faim les populations. Plaidant pour que les responsables répondent de leurs actes devant les tribunaux nationaux et internationaux, elle notamment appelé la Cour pénale internationale (CPI) à se saisir des procédures en complément des actions de tribunaux nationaux. Elle a par ailleurs accusé les Émirats arabes unis de fournir des armes aux Forces d’appui rapide, et de fait, d’être complices de la souffrance des populations civiles au Soudan. Il est inutile de maintenir des sanctions si le Tchad ou la Syrie qui sont complices ne sont pas mentionnés par le Groupe d’experts, a dénoncé le Soudan.
La Fédération de Russie, qui a estimé qu’une visite du Groupe d’experts sur le terrain aurait été utile afin de rencontrer les autorités, a constaté que les sanctions en vigueur depuis 20 ans n’ont pas empêché les armes d’affluer dans le pays. Elle a également rappelé son désaccord quant aux mesures coercitives prises par les pays occidentaux à l’égard du Soudan. À son tour, le Mozambique, s’exprimant au nom des A3+ (Algérie, Ghana, Mozambique et Guyana), a dénoncé l’ingérence de forces extérieures dans le conflit au Soudan. La délégation a indiqué que ceux qui alimentent le conflit doivent avoir à rendre des comptes. Les États voisins et les acteurs régionaux doivent se garder de fournir des armes ou d’autres matériels aux parties en conflit, ont plaidé les A3+ tout en exprimant leur soutien au Comité des sanctions et à son Groupe d’experts.
La République de Corée a dénoncé la grande quantité d’armes qui parvient au Soudan chaque jour malgré l’embargo sur les armes. Elle a fait observer que la nature consensuelle des délibérations du Comité 1591 conduit souvent à des accords a minima comme « l’appel des parties à respecter les résolutions du Conseil de sécurité ».