En cours au Siège de l'ONU

9647e séance – matin
CS/15719

Conseil de sécurité: à l’approche du sommet sur la paix en Ukraine, des délégations somment la Fédération Russie de cesser ses frappes « aveugles »

Ce matin, le Conseil de sécurité s’est penché sur la situation humanitaire en Ukraine où les frappes russes se sont intensifiées, surtout dans la région de Kharkiv.

Faisant le bilan de la situation, la Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence, a fait état d’au moins 174 civils tués et 690 blessés en mai, soit le nombre le plus élevé de victimes civiles en un seul mois depuis juin 2023.  Plus de la moitié de ces victimes étaient à Kharkiv où des centres commerciaux, des habitations, des écoles, des magasins, des immeubles de bureaux, des parcs et des transports publics ont tous été frappés ces dernières semaines, a expliqué Mme Joyce Msuya. 

Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 18 100 personnes ont été nouvellement déplacées dans cette région. Concrètement, a-t-elle ajouté, ce sont plus de 14,6 millions de personnes, soit environ 40% de la population, qui ont besoin d’une forme ou d’une autre d’aide humanitaire aujourd’hui en Ukraine, et plus de la moitié d’entre elles sont des femmes et des filles.

La France, qui a demandé la tenue de cette réunion, s’est indignée que la Fédération de Russie continue de cibler délibérément des infrastructures civiles. « Après plus de deux ans d’agression, la Russie parie sur l’épuisement du peuple ukrainien et sur la lassitude de ceux qui le soutiennent », a constaté sa représentante, « mais elle ne l’obtiendra pas ».  Le ciblage d’infrastructures énergétiques critiques n’a aucune valeur militaire, son seul objectif étant d’obliger la population ukrainienne à se soumettre, a renchéri la Slovénie, alors que le Royaume-Uni a invité chaque membre du Conseil à rejeter catégoriquement ces attaques délibérées et illicites de la Russie. 

Même son de cloche de la plupart des membres du Conseil de sécurité qui ont eux aussi dénoncé dans les termes les plus fermes les attaques aveugles qui ont visé des hôpitaux, des centrales énergétiques et des installations portuaires en Ukraine, martelant qu’elles sont contraires à la Charte des Nations Unies et au droit international humanitaire.  Lancer un missile contre une cible civile, attendre l’arrivée des sauveteurs et lancer un autre missile, c’est ce que font les terroristes, a condamné la Lettonie au noms des pays baltes, la Pologne et le Japon exhortant pour leur part à la reddition de comptes. 

Les États-Unis ont pointé « l’attitude hypocrite de la Russie au Conseil », en soulignant que cette dernière n’a eu de cesse de dénoncer « le calvaire infligé aux Palestiniens » ces huit derniers mois alors même qu’elle continue de détruire l’infrastructure civile de l’Ukraine et de massacrer ses civils. « La Russie peut continuer de nier ses crimes en Ukraine, mais elle ne peut pas se cacher éternellement et elle aura des comptes à rendre », a asséné la délégation. 

De son côté, la Suisse a rappelé qu’elle accueille prochainement le sommet sur la paix en Ukraine et a dit compter sur le soutien des participants de toutes les régions du monde afin de faire un pas vers un futur processus de paix conforme à la Charte des Nations Unies. 

Qualifiant ce sommet d’initiative de propagande sans valeur ajoutée, la délégation russe a argué qu’une « conférence sur la souveraineté et la sécurité de la Fédération de Russie » sans ses représentants n’a aucun intérêt.  La délégation a également fustigé l’« hypocrisie » des pays occidentaux qui ne se soucient pas, selon elle, de la situation humanitaire en Ukraine, et encore moins des souffrances des civils dans les zones frontalières avec la Russie alors qu’ils donnent carte blanche à « Kiev » pour utiliser des armes de l’OTAN contre le territoire russe. 

Accusant la Russie de vouloir rayer de la carte la nation ukrainienne, son représentant a demandé d’en finir avec les euphémismes qui atténuent la responsabilité de l’agresseur tout en formant le vœu que le prochain sommet en Suisse puisse ouvrir la voie de la paix pour l’Ukraine, l’Europe et le monde.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme Joyce Msuya, Sous-Secrétaire générale aux affaires humanitaires et Coordinatrice adjointe des secours d’urgence, a expliqué que depuis son dernier exposé au Conseil il y a trois semaines, le nombre de victimes civiles en Ukraine n’a cessé de s’alourdir, notamment en raison de l’escalade des combats dans la région de Kharkiv depuis le 10 mai.  Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) fait état d’au moins 174 civils tués et 690 blessés en mai, soit le nombre le plus élevé de victimes civiles en un seul mois depuis juin 2023, dont plus de la moitié à Kharkiv. Des centres commerciaux, des habitations, des écoles, des magasins, des immeubles de bureaux, des parcs et des transports publics ont tous été frappés ces dernières semaines, a-t-elle expliqué. Selon les estimations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 18 100 personnes ont été nouvellement déplacées dans la région de Kharkiv.

Très préoccupée par la poursuite des attaques systématiques contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine, elle a fait état de six vagues d’attaques de ce type dans 15 régions depuis le 22 mars 2024.  Ces frappes ont eu un impact sur les soins de santé et d’autres services sociaux, de paiement et de transport, et elles ont perturbé l’approvisionnement en électricité, en gaz et en eau pour des millions de ménages. Selon les estimations préliminaires du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) le système énergétique ukrainien a perdu plus de 60% de sa capacité de production d’avant-guerre. Elle s’est également inquiétée de l’impact des attaques contre les infrastructures portuaires et de transport de l’Ukraine sur la sécurité alimentaire mondiale.  Au cours des dernières semaines, des signes inquiétants ont montré que les prix mondiaux des céréales subissaient de nouvelles pressions à la hausse, en raison notamment des dommages causés aux infrastructures en Ukraine, a-t-elle relevé.  Elle a appelé à assurer la sécurité de la navigation en mer Noire et la protection des ports et des infrastructures civiles connexes, afin que les exportations de denrées alimentaires puissent atteindre les marchés mondiaux de manière prévisible et efficace. 

Mme Msuya a également évoqué les conséquences physiques, psychologiques et émotionnelles subies par les garçons et les filles ukrainiens, précisant que plus de 600 enfants ukrainiens ont été tués et 1 425 blessés depuis l’escalade du conflit armé.  Beaucoup d’enfants ukrainiens ont vu leur scolarité interrompue, ce qui compromet encore davantage leur avenir, tandis que les filles, sont de plus en plus exposés à la violence sexiste, à la violence domestique et à la traite à des fins d’exploitation sexuelle.  L’accès à l’aide est extrêmement limité, a constaté la Sous-Secrétaire générale avant de préciser qu’un million d’enfants font partie des quelque 4 millions de personnes actuellement déplacées à l’intérieur du pays, et les enfants représentent la part du lion des 6,5 millions de réfugiés ukrainiens recensés dans le monde.

Plus de 14,6 millions de personnes, soit environ 40% de la population, ont besoin d’une forme ou d’une autre d’aide humanitaire, dont plus de la moitié sont des femmes et des filles, a poursuivi la responsable d’OCHA.  Très reconnaissante aux donateurs qui ont jusqu’à présent fourni 856 millions de dollars de financement humanitaire, soit 27% des 3,1 milliards de dollars requis dans le cadre du Plan de réponse aux besoins humanitaires de 2024, Mme Msuya a expliqué que ces ressources ont permis à près de 500 organisations humanitaires -dont environ 70% sont des organisations nationales- de fournir une assistance à plus de 4 millions de personnes au cours des quatre premiers mois de cette année, et ce, malgré le manque d’accès humanitaire à environ 1,5 million de civils dans les régions de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporizhzhia actuellement sous occupation russe.  Alors que le conflit continue de s’intensifier et qu’il faut se préparer à un nouvel hiver dominé par la guerre, Mme Msuya a insisté sur l’urgence de financer intégralement le plan de réponse humanitaire afin de poursuivre les opérations.  Elle a salué la conférence sur la reconstruction de l’Ukraine, qui se tiendra les 11 et 12 juin à Berlin. 

La représentante de la France a indiqué que son pays a demandé la tenue de cette réunion, alors que les frappes russes contre Kharkiv et sa région s’intensifient.  Le 19 mai, une attaque aérienne a visé une zone de loisirs dans le village de Cherkaska Lozova, tuant 6 personnes et en blessant au moins 27, tandis que le 25 mai, la Russie ciblait un centre commercial, un samedi et en pleine journée, causant des dizaines de victimes civiles, y compris des enfants, et d’importants dommages aux infrastructures civiles.  « La Russie cible délibérément des infrastructures civiles, qu’il s’agisse de logements, d’hôpitaux ou de centrales énergétiques. » 

Selon elle, ces frappes confirment qu’après une première attaque, la Russie a recours à des frappes secondaires, qui visent spécifiquement les secours et les professionnels intervenant sur les lieux.  Elle a condamné ces violations du droit international humanitaire, avant de déplorer que le bilan humanitaire de cette guerre d’agression continue de s’alourdir.  « Après plus de deux ans d’agression, la Russie parie sur l’épuisement du peuple ukrainien et sur la lassitude de ceux qui le soutiennent, elle ne l’obtiendra pas », a-t-elle affirmé.

Le représentant des États-Unis a dénoncé les attaques russes dans la région de Kharkiv qui ont détruit des centres commerciaux, des appartements, des imprimeries et ciblé le système énergétique, provoquant le déplacement de centaines de milliers de personnes et faisant des centaines de victimes.  Ces attaques incessantes rappellent que Putin n’est pas intéressé par la paix et est décidé de mener une guerre illégale de conquête, a-t-il affirmé.

Le représentant a signalé que la majorité des prisonniers de guerre ukrainiens sont victimes de mauvais traitements et de torture, s’inquiétant en outre du refus d’accès des observateurs internationaux aux prisonniers de guerre et aux civils détenus par les forces armées russes.  En outre, le rapport du Secrétaire général 2023 sur les enfants et les conflits armés indique que les forces armées russes sont responsables entre autres de l’assassinat et de la mutilation d’enfants. Il a également accusé la Russie de continue de transférer par la force des enfants ukrainiens pour les priver de leur identité ukrainienne.  Ces transferts qui ne sont pas d’ordre humanitaire pourraient être constitutifs de crimes de guerre.  Le délégué a estimé que la participation de la communauté internationale au sommet sur la paix en Ukraine sera essentielle au maintien de la paix et la sécurité internationales et a espéré qu’un deuxième sommet pourra être organisé avec la participation de la Russie.

La représentante du Guyana, a déploré que plus de 14,6 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire en Ukraine alors que les bombardements se poursuivent à Kharkiv et dans d’autres villes et villages. Elle a dénoncé les attaques ciblées contre les infrastructures énergétiques qui plongent des communautés entières dans l’obscurité et interrompent la fourniture de services vitaux à des centaines de milliers de personnes, de même que les frappes contre les écoles et des installations médicales.  Elle a appelé au respect du droit international humanitaire et des principes de distinction, de précaution et de proportionnalité, ainsi qu’à la protection et à un accès sans entrave aux opérateurs humanitaires, y compris dans les territoires occupés de l’Ukraine.  Les attaques contre les infrastructures critiques doivent cesser, a-t-elle tranché.  Insistant sur l’urgence d’un règlement pacifique de ce conflit, elle a appelé à nouveau la Fédération de Russie à retirer ses forces militaires du territoire internationalement reconnu de l’Ukraine et exhorté les parties à s’engager dans un processus politique et diplomatique sérieux pour mettre fin au conflit de manière pacifique. 

La représentante de Malte a indiqué que les conséquences humanitaires de la guerre d’agression contre l’Ukraine dépassent l’entendement.  Selon les autorités, 12 000 civils de la région de Kharkiv ont dû quitter leurs foyers en raison des attaques russes. Elle a exhorté les pays à respecter le droit international humanitaire, avant de déplorer les attaques contre les centres de santé.  « Il ne doit pas y avoir d’impunité pour ces crimes. »  Enfin, elle a pleinement appuyé le sommet sur la paix en Ukraine qui doit se tenir plus tard dans le mois en Suisse.  La Russie doit retirer sans conditions ses forces de l’Ukraine, a tranché la déléguée.

Le représentant de l’Algérie a dit être préoccupé par la situation humanitaire en Ukraine, ainsi que par l’absence de perspective de désescalade. La situation a évolué récemment dans une direction tout à fait inverse, s’est-il inquiété.  Il a appelé à donner la primauté à l’approche diplomatique pour répondre de manière inclusive à la crise humanitaire grave en Ukraine.  Pour que cela soit possible, toutes les parties doivent choisir la voie de la désescalade et respecter la Charte des Nations Unies et le droit international.  La logique de la confrontation ne saurait être durable: il faut laisser un espace à la retenue, au dialogue et à la négociation en étant mû par le principe de l’inclusivité et du règlement pacifique des différends. 

Il a appuyé l’initiative de la Ligue de États arabes appelant la communauté internationale à s’abstenir de toute action qui freinerait les négociations et prolongerait la crise.  Il a également dit être préoccupé par la polarisation de cette crise qui aggrave le risque d’escalade en termes de sécurité énergétique et alimentaire.  Il faut tous se mobiliser pour lancer un processus de paix inclusif, a-t-il insisté. 

Le représentant du Mozambique a constaté que les morts et les blessés civils, le nombre élevé de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur du pays, ainsi que la destruction et l’endommagement ciblés d’infrastructures civiles essentielles, restent des caractéristiques persistantes de cette crise humanitaire sans précédent en Ukraine.  S’appuyant sur le récent appel du Conseil de sécurité à un engagement renouvelé en faveur du renforcement de la protection des civils dans les conflits armés, le représentant a fait valoir que l’application sélective du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme par les parties belligérantes, et l’impact multidimensionnel sur les civils qui sont tués et mutilés à un rythme alarmant, ne peuvent être tolérés.  Il a également dénoncé les obstacles à l’accès humanitaire en Ukraine et appelé au respect des principes de distinction, de précaution et de proportionnalité.  Enfin, le représentant a appelé les bailleurs de fonds à répondre généreusement au plan de réponse humanitaire d’OCHA pour l’Ukraine, arguant qu’un financement souple, prévisible, suffisant et opportun est essentiel pour garantir la fourniture d’un soutien et de services essentiels.

Le représentant de la Chine a appelé les parties à faire montre de rationalité et de retenue, dans le respect du droit international humanitaire, les exhortant en outre à renouer le dialogue.  Il a rappelé que la Chine, qui n’a pas d’intérêt dans ce conflit, est en faveur d’une solution de paix.  Les parties doivent faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, a dit le délégué, en appelant à la fin des attaques contre les infrastructures civiles.  « Personne ne pourra triompher dans une telle situation. »

Le représentant de l’Équateur a regretté que la population continue de souffrir des attaques contre les infrastructures civiles ukrainiennes.  Il a demandé un accès sans entrave à l’aide humanitaire et aux organisations humanitaires afin qu’elles puissent utiliser les fonds et disposer d’un personnel adéquat pour effectuer leur travail, soulignant l’importance de la résolution 2730 (2024) du Conseil de sécurité. Nous n’utilisons pas le dialogue là où nous nous étions engagés à l’utiliser, et que nous manquons à ceux qui ont fondé les Nations Unies en 1945, a-t-il ajouté, affirmant par ailleurs que les sauveurs de ce monde sont les gens qui mettent fin aux guerres et construisent la paix. 

La représentante de la Slovénie a condamné les attaques incessantes de la Russie contre les infrastructures énergétiques essentielles de l’Ukraine, y voyant une nouvelle violation flagrante du droit international humanitaire. Le ciblage d’infrastructures énergétiques critiques n’a aucune valeur militaire, son seul objectif étant d’obliger la population ukrainienne à se soumettre, a-t-elle affirmé.  Près de 20 000 personnes ont fui les zones de combats actifs pour se réfugier dans la ville de Kharkiv, avant d’être exposées à de nouvelles attaques aériennes russes sur la ville elle-même, s’est-elle indignée en rappelant que les garçons et les filles des régions de la ligne de front ont passé l’équivalent de sept mois sous terre.  Ce n’est pas l’a une façon acceptable de passer son enfance, s’est emportée la déléguée en exigeant que les attaques contre les infrastructures civiles cessent.  « Un centre commercial et une imprimerie ne sont pas des cibles militaires.  Cinquante victimes civiles en un jour ne sont pas des dommages collatéraux. »  Elle a fait savoir que la Slovénie participera au plus haut niveau au sommet sur la paix qui se tiendra en Suisse dans quelques jours.

La représentante du Royaume-Uni a invité le Conseil à rejeter catégoriquement les attaques délibérées et illicites de la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.  L’ouverture d’un nouveau front par la Russie dans la région nord-est de l’Ukraine a exacerbé une situation humanitaire déjà désespérée. Elle a condamné les attaques répétées dans la région de Kharkiv, avant de rappeler l’assistance humanitaire de 456 millions de dollars engagée par son pays en faveur de l’Ukraine et de sa région. Seule la Russie peut répondre à ces souffrances, a-t-elle dit.  « Chaque membre de ce Conseil a le devoir d’appeler la Russie à se conformer à ses obligations en vertu du droit international humanitaire. »

La représentante de la Fédération de Russie a déclaré que les pays occidentaux ne se soucient pas de la situation humanitaire en Ukraine, et encore moins des souffrances des civils dans les zones frontalières avec la Russie, pointant leur hypocrisie.  En outre, ils donnent carte blanche à Kiev pour utiliser des armes de l’OTAN contre le territoire russe, s’est-elle indignée.  Elle a estimé que le sommet sur la paix prévu en Suisse n’est rien d’autre qu’une initiative de propagande sans valeur ajoutée.  Une conférence sur la souveraineté et la sécurité de la Russie sans ses représentants n’a aucun intérêt, a souligné la déléguée, selon qui la population ukrainienne refuse de se battre et de mourir pour les intérêts des sponsors du régime Zelenskyy.  Mais ces mesures ne permettent pas d’éviter l’inévitable parce que les forces armées russes continuent de détruire méthodiquement le potentiel de combat du régime de Kiev composé d’armes occidentales. 

Depuis mai 2022, a-t-elle poursuivi, les forces armées ukrainiennes bombardent les infrastructures civiles de Belgorod tuant 190 personnes dont 15 enfants. Et aujourd’hui même, une frappe sur Lougansk a frappé des immeubles d’habitation et des biens civils.  Ces attaques sont de nature terroriste, a-t-elle souligné.  Elle a accusé l’Ukraine de pourchasser les militants, les services d’urgence et le personnel médical ukrainiens créant ainsi une crise humanitaire dans la région, dénonçant en outre le vol de l’aide humanitaire.  La Russie, a-t-elle ajouté, crée les conditions d’un avenir décent pour la population des zones libérées des villes de Donetsk et de Lougansk et des régions de Zaporojie et de Kherson, et continuera à remplir ses obligations humanitaires envers ses nouveaux citoyens.

La représentante du Japon a rappelé que les attaques contre les civils et les infrastructures civiles sont clairement interdites par le droit international humanitaire, affirmant que la communauté internationale ne tolérera pas l’impunité pour les responsables de ces actes.  Elle a appelé à la protection du personnel humanitaire et à assurer un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave dans toute l’Ukraine.  La représentante a ensuite fermement condamné l’exportation par la Corée du Nord et l’acquisition par Moscou de missiles balistiques, ainsi que l’utilisation de ces missiles par la Russie contre l’Ukraine. Le Japon continuera à surveiller de près ce que la Corée du Nord obtient en retour, a-t-elle prévenu.  Rappelant que depuis le début de l’agression russe, le Japon a fourni à l’Ukraine plus de 12 milliards de dollars, notamment sous la forme d’une aide humanitaire, d’une aide au redressement et d’une aide à la reconstruction, elle a assuré que son pays soutiendra également le développement économique de l’Ukraine.

Le représentant de la Sierra Leone a rappelé que 45 civils ont perdu la vie dans la région de Kharkiv depuis début mai.  Il a exhorté les parties à respecter le droit international humanitaire et à protéger les civils.  Il a souligné la nécessité d’un appui accru afin que les opérations humanitaires soient financées de manière adéquate.  Il est également crucial que les populations civiles puissent bénéficier d’un soutien psychologique, a ajouté le délégué.  Enfin, il a appelé à la cessation immédiate des hostilités et au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

La représentante de la Suisse a dit être particulièrement préoccupée par l’escalade des attaques à Kharkiv, y inclus la frappe du 23 mai qui a détruit un centre commercial bondé en plein milieu de la journée, et a condamné les attaques indiscriminées ou disproportionnées.  Les parties doivent respecter les règles relatives à la conduite des hostilités et assurer la protection de la population civile, a-t-elle souligné.  Elle a également rappelé l’obligation d’autoriser et de faciliter un accès humanitaire complet, rapide et sans entrave à tous les civils dans le besoin et dans toute l’Ukraine, y compris dans les territoires sous contrôle militaire russe.

Malgré la situation préoccupante, la représentante a salué deux développements positifs: l’échange de prisonniers de guerre qui a eu lieu à la fin du mois de mai et la réunification des enfants ukrainiens avec leurs familles.  Ces exemples rappellent que même dans les situations les plus difficiles, l’action diplomatique et humanitaire peut déboucher sur des accords et des améliorations tangibles pour la population civile.  Évoquant par ailleurs la tenue prochaine du sommet sur la paix en Ukraine, elle a indiqué que la Suisse compte sur le soutien des participants de toutes les régions du monde, afin de faire un pas vers un futur processus de paix conforme à la Charte des Nations Unies. 

Le représentant de la République de Corée a vivement regretté que la Russie ait récemment amplifié ses attaques brutales contre l’Ukraine, en particulier dans le nord-est du pays, près de Kharkiv.  Il a condamné les attaques aveugles menées par la Russie contre des biens civils, en violation du droit international humanitaire.  Les frappes coordonnées de la Russie contre les infrastructures énergétiques menacent de paralyser les fonctions de base de l’Ukraine et d’aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse du pays, s’est-il inquiété.  Il a rappelé que dans ce contexte inquiétant, certains dirigeants se réuniront la semaine prochaine en Suisse dans le cadre du sommet sur la paix en Ukraine.  Il a espéré que ce sera une occasion d’avancer sur la voie de l’établissement d’une paix durable.  Le délégué a par ailleurs salué le récent échange de prisonniers de guerre et le retour des enfants ukrainiens de Russie, qui ont fait l’objet d’une médiation de la part des Émirats arabes unis et du Qatar, respectivement, espérant que de tels efforts se poursuivront à l’avenir.

Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a réagi aux propos de la Fédération de Russie, en lui rappelant qu’alors qu’elle dénonce depuis 8 mois le calvaire infligé aux Palestiniens et la destruction des infrastructures civiles à Gaza, elle continue de détruire l’infrastructure civile de Ukraine et de massacrer ses civiles.  Les États-Unis ne permettront pas à la Russie de maintenir cette attitude hypocrite au Conseil, a tranché le représentant.  « La Russie peut continuer de nier ses crimes en Ukraine, mais elle ne peut pas se cacher éternellement et elle aura des comptes à rendre. »

Lui répondant, la représentante de la Fédération de Russie, a indiqué que son pays n’a pas la possibilité de demander des sanctions ou de menacer d’un recours aux sanctions contre des fonctionnaires internationaux s’ils essayent d’accuser la Russie de quoique ce soit , alors que quand quelqu’un se penche sur les crimes militaires des États-Unis, « eux mobilisent toute sorte de menaces et de sanctions »

Le représentant de l’Ukraine a qualifié la déclaration de la Russie aujourd’hui de « particulièrement toxique ».  La Russie veut détruire totalement les territoires ukrainiens à portée de son artillerie, tels que la région de Kharkiv dont il a souligné la vulnérabilité face aux missiles russes, notamment ceux fournis par la République populaire démocratique de Corée.  Il a dénoncé les frappes contre les infrastructures civiles ukrainiennes, avant de déplorer les pertes civiles.  En mai, la Russie a mené trois fois plus de frappes contre Kharkiv qu’au mois d’avril, s’est-il alarmé.  Il a précisé que la Russie a utilisé cette même stratégie de frappes massives à Alep, en Syrie, en 2016.  Toutes les centrales thermiques de l’Ukraine ont été détruites ou endommagées. 

La Russie poursuit également sa politique de déplacement des enfants ukrainiens, en vue de les former à la guerre, au mépris du droit, a tranché le délégué.  « La Russie n’a pris aucune mesure pour mettre fin à ses crimes contre les enfants ukrainiens. »  Selon lui, la Russie veut rayer de la carte la nation ukrainienne.  « Plutôt que de parler de crise ukrainienne, il vaudrait mieux parler de conflit armé international. »  Il a donc demandé d’en finir avec les euphémismes qui atténuent la responsabilité de l’agresseur.  Enfin, il a formé le vœu que le prochain sommet en Suisse ouvre la voie de la paix « pour l’Ukraine, l’Europe et le monde ».

La représentante de la Lettonie, au nom des États baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), a accusé la Russie de violer le droit international humanitaire en ciblant la population civile et les infrastructures civiles en Ukraine.  Lancer un missile contre une cible civile, attendre l’arrivée des sauveteurs et lancer un autre missile, c’est ce que font les terroristes, a condamné la déléguée. Elle a évoqué l’aide humanitaire des États baltes pour rétablir le réseau énergétique ukrainien, avant de se préoccuper de l’impact des attaques russes contre les infrastructures portuaires ukrainiennes sur la sécurité alimentaire mondiale.

Un siège de membre permanent au Conseil de sécurité s’accompagne du devoir solennel de sauvegarder la paix et la sécurité internationales, a sermonné la représentante, soulignant que les membres du Conseil ont pour mandat de prévenir les conflits, et non de les déclencher.  Elle a appelé « l’agresseur » à retirer immédiatement, complètement et sans condition toutes ses troupes et tous ses équipements militaires du territoire de l’Ukraine.  Elle a aussi appelé toutes les nations à participer au sommet sur la paix en Ukraine qui se tiendra en Suisse, contribuant ainsi directement à l’établissement d’une paix juste et durable en Ukraine. 

Le représentant de la Pologne a rappelé que la population ukrainienne est confrontée aux conséquences dramatiques de l’agression russe depuis 833 jours.  Les dernières semaines ont été particulièrement désastreuses, a-t-il constaté accusant la Russie d’avoir délibérément pris pour cible l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, ce qui a entraîné des coupures de courant dans tout le pays.  L’attaque terrestre russe sur la région de Kharkiv et la prise pour cible d’infrastructures critiques, d’installations industrielles et commerciales et de bâtiments résidentiels avaient pour but de terroriser la population civile et de forcer les résidents locaux à fuir, a-t-il dénoncé.  Les répercussions de ces attaques systématiques affectent lourdement non seulement la sécurité régionale, mais aussi la sécurité mondiale, a-t-il argué en demandant que les responsables des violations du droit international commises en Ukraine par la Fédération de Russie aient à rendre compte de leurs actes.  Il a déploré les tentatives d’instrumentalisation des migrations et la campagne continue d’attaques hybrides à la frontière de la Pologne avec le Bélarus.  Ces derniers jours, un soldat polonais a perdu la vie dans une attaque à l’arme blanche, ce qui est une conséquence directe de ces attaques, a-t-il expliqué. « Aucun État ne devrait jamais prendre de mesures entraînant des souffrances pour les civils », a-t-il martelé et « cela s’applique également à la Fédération de Russie ».

La représentante de la Suède, au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Suède et Islande) a déclaré que la population dans certaines parties de l’Ukraine a enduré plus de 10 années d’agression russe, avant de dénoncer la campagne de frappes contre la région de Kharkiv.  Elle a souligné l’importance de l’action humanitaire locale pour venir en aide aux populations dans le besoin.  Elle a plaidé pour une approche holistique conjuguant efforts humanitaires et efforts de reconstruction.  Enfin, elle a précisé que tous les pays nordiques comptent participer au niveau le plus élevé au sommet sur la paix en Ukraine prévu en Suisse. « Nous comptons sur votre soutien. »

Le représentant de la Roumanie a dit être préoccupé par les attaques à Kharkiv et a indiqué que son pays, qui est voisin direct de l’Ukraine, fournit un soutien constant pour atténuer les effets des coupures de courant et envisage une aide supplémentaire en matière énergétique.  Il a encouragé les États à soutenir la Conférence sur le relèvement de l’Ukraine à Berlin la semaine prochaine.  Il a insisté sur la nécessité d’autoriser le personnel humanitaire de l’ONU à distribuer l’aide aux civils ukrainiens et a appelé à respecter le mandat de la Cour pénale internationale, qualifiant les attaques contre les tribunaux internationaux d’inacceptables. 

Le représentant de l’Union européenne a exhorté la Russie à respecter le droit et à cesser ses attaques contre les infrastructures civiles ukrainiennes, avant de dénoncer les frappes dans la région de Kharkiv.  Il a plaidé pour un accès humanitaire sans entrave et assuré du soutien généreux de l’UE à la réponse humanitaire en Ukraine. Il a plaidé pour une paix durable en Ukraine, en exhortant l’agresseur à se retirer immédiatement.  Enfin, il a appelé tous les pays à participer au prochain sommet sur la paix en Ukraine qui se déroulera en Suisse.  L’Union européenne sera représentée au niveau le plus élevé, a-t-il assuré.

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