9629e séance – matin 
CS/15699

Ukraine: vifs échanges au Conseil de sécurité sur les livraisons d’armes

Les délégations ont une nouvelle fois affiché leurs divergences au sujet des livraisons d’armes en Ukraine, ce matin, au Conseil de sécurité.  Alors que la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement a appelé les pays exportateurs à évaluer les risques avant de telles livraisons, les échanges ont été très vifs entre la Fédération de Russie et les pays occidentaux.  La France a qualifié cette réunion, demandée par la Russie, de « représailles » pour le soutien militaire international dont bénéficie l’Ukraine. 

En début de séance, à la demande de la Fédération de Russie, de la Chine et de l’Algérie, le Conseil, au nom de tous ses membres, a observé une minute de silence en mémoire du Président de la République islamique d’Iran, Seyyed Ebrahim Raisi, et du Ministre des affaires étrangères iranien, Hossein Amir-Abdollahian, disparus hier dans un accident d’hélicoptère.

Première oratrice, la Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, Mme Izumi Nakamitsu, a expliqué que la plupart des informations de source gouvernementale sur les livraisons d’armes et de munitions en Ukraine sont disponibles.  Ces livraisons incluent des chars, des véhicules blindés, des avions de combat et des missiles notamment.  Elle a aussi mentionné que se poursuivent les livraisons de missiles et de munitions à la Russie pour être utilisés en Ukraine.

« Toute livraison d’armes et de munitions doit respecter le cadre juridique international, y compris les résolutions de ce Conseil », a déclaré la Haute-Représentante.  Soulignant les risques découlant de ces livraisons d’armes, Mme Nakamitsu a appelé les États exportateurs à agir de manière responsable afin de prévenir tout trafic illicite et détournement.  L’évaluation des risques avant ces transferts est de la plus haute importance, a-t-elle conclu.

De son côté, Mme Margaret Kimberley, journaliste, membre de la Black Alliance for Peace et de la United National Antiwar Coalition, a chiffré à près de 175 milliards de dollars, mobilisés sur deux ans, le soutien apporté par le Gouvernement des États-Unis à l’effort de guerre ukrainien.  « Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à une guerre terrible qui prendrait fin si ce pays et d’autres cessaient de fournir des armes et recherchaient plutôt la paix », a-t-elle observé.

Les États-Unis ont débloqué un important programme d’aide militaire « attendu de longue date » au « régime de Zelenskyy », a appuyé le délégué russe en y voyant la raison de l’humeur « au beau fixe » dans les cercles occidentaux de partisans de la poursuite des hostilités entre Kiev et la Russie.  Le délégué russe a également décrété que, depuis 2014, Washington et ses alliés utilisent l’Ukraine comme « cobaye » afin d’affaiblir la Russie. 

L’élément principal de la transformation de l’Ukraine en cobaye a été l’envoi d’armes sous le couvert des accords de Minsk et « le lavage de cerveau russophobe, nationaliste et néo-nazi », a-t-il martelé.  « En cela, les Américains et leurs compagnons d’armes ont vraiment réussi puisque le cobaye est devenu agressif et imprudent ». Le représentant russe a enfin accusé les « marionnettistes occidentaux » de gagner toujours plus d’argent grâce à ce cobaye et d’avoir empêché l’Ukraine de conclure un traité de paix en mars-avril 2022. 

Son homologue des États-Unis a, lui, dénoncé le cynisme de la Russie, qui, après avoir déclenché la guerre contre l’Ukraine, prétend que c’est l’aide occidentale à ce pays qui prolonge le conflit.  « Dans son aveuglement, la Russie oublie que plus de 140 pays ont régulièrement condamné son agression et appelé à son retrait du territoire ukrainien », a-t-il souligné, déniant à la partie russe le statut de « victime », alors qu’elle s’efforce de dominer un autre État Membre et qu’elle viole les résolutions du Conseil de sécurité.

Même son de cloche du côté du Royaume-Uni qui a ironisé sur le fait que la Russie convoque une « énième réunion » sur ce sujet alors que « les forces russes poursuivent leurs attaques dévastatrices autour de Kharkiv ».  « Nous ne laisserons pas la Russie anéantir l’Ukraine, ce serait la laisser anéantir la Charte et tous les principes sur lesquels est construite notre sécurité collective », a mis en garde la France, avant d’assurer que son pays et ses partenaires continueront de soutenir le peuple ukrainien dans l’exercice de son droit à la légitime défense.

L’obsession de la Russie de demander des réunions du Conseil sur les livraisons d’armes à l’Ukraine « traduit sa volonté d’étendre de manière irréversible la zone de combat à l’ensemble de l’Ukraine », s’est indigné le représentant ukrainien, avant de remercier les alliés de son pays qui l’aident à lutter pour sa survie et à repousser la ligne de front.  Cette réunion demandée par la Russie est « franchement absurde », a abondé la République de Corée qui, comme le Japon, la Slovénie et d’autres, a reproché à la Russie de se fournir en armes auprès de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  La question est aussi de savoir ce que la RPDC obtient en retour, s’est inquiété le Japon en déplorant que la Russie fasse fi de sa « responsabilité solennelle de membre permanent ».

Enfin, un échange a eu lieu entre les délégations de la Chine et des États-Unis, cette dernière ayant exprimé sa vive inquiétude face à l’appui massif que la Chine apporte à la Russie pour reconstruire son industrie de défense.  « Les États-Unis doivent cesser de vilipender la Chine et de profiter de la crise ukrainienne pour promouvoir leurs intérêts », a répondu la délégation chinoise. 

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

Mme IZUMI NAKAMITSU, Haute-Représentante pour les affaires de désarmement, a tout d’abord présenté ses condoléances au peuple de l’Iran après le décès, hier, du Président et du Ministre des affaires étrangères de ce pays.  Elle a ensuite fait remarquer que près de 27 mois se sont écoulés depuis que la Russie a lancé son invasion à grande échelle de l’Ukraine en violation de la Charte des Nations Unies, ce qui représente « près de 800 jours de mort, de destruction, de dévastation et d’immenses souffrances pour le peuple ukrainien ».  Elle a regretté que la situation sécuritaire continue de se détériorer, avec une escalade des attaques dans la région de Kharkiv notamment.  Des frappes ont aussi été recensées en Russie, faisant des victimes civiles, a-t-elle ajouté avant de rappeler que toutes les parties ont l’obligation de protéger les civils et les infrastructures civiles en vertu du droit international humanitaire.  « Toutes les attaques doivent cesser immédiatement. »

L’apport d’une aide militaire et les livraisons d’armes et de munitions aux forces ukrainiennes se sont poursuivis, a-t-elle dit.  Elle a expliqué que la plupart des informations gouvernementales sur les livraisons d’armes et de munitions sont disponibles.  Ces livraisons incluent des chars, des véhicules blindés, des avions de combat et des missiles notamment.  Elle a aussi mentionné les informations faisant état de livraisons de missiles et de munitions à la Russie pour être utilisés en Ukraine.  « Toute livraison d’armes et de munitions doit respecter le cadre juridique international, y compris les résolutions de ce Conseil », a-t-elle martelé.  Soulignant les risques découlant de ces livraisons d’armes, elle a appelé les États exportateurs à agir de manière responsable afin de prévenir tout trafic illicite ou détournement.  L’évaluation des risques avant ces transferts est de la plus haute importance, a-t-elle observé.  Mme Nakamitsu a appelé au respect des instruments en la matière, en particulier le Traité sur le commerce des armes et le Cadre mondial pour la gestion des munitions classiques tout au long de leur cycle de vie.  Enfin, elle a appelé à ne pas placer d’engins explosifs dans les zones densément peuplées, avant de préciser que le conflit, depuis le 24 février 2022 et jusqu’au 16 mai 2024, a tué au moins 11 017 civils et fait 21 445 blessés.  « Il est grand temps de mettre fin à cette guerre », a-t-elle lancé en conclusion.

Mme MARGARET KIMBERLEY, rédactrice en chef du Black Agenda Report, membre de la Black Alliance for Peace et de la United National Antiwar Coalition, a assuré qu’en deux ans, le Gouvernement des États-Unis avait alloué près de 175 milliards de dollars à l’effort de guerre ukrainien et au soutien apporté au Gouvernement ukrainien.  « Au cours des deux dernières années, nous avons assisté à une guerre terrible qui prendrait fin si ce pays et d’autres cessaient de fournir des armes et recherchaient plutôt la paix », a-t-elle remarqué.  Elle a regretté les opportunités manquées en mars et avril 2022, lorsque le Gouvernement turc a organisé des pourparlers entre l’Ukraine et la Fédération de Russie.  Cette possibilité a été perdue lorsque les États-Unis et d’autres États ont promis à Kiev de lui fournir une quantité inépuisable d’armes pour lui permettre de remporter une victoire militaire, a argué l’intervenante.  Le Secrétaire américain à la défense a même déclaré, « dans un rare moment de franchise », que les États-Unis voulaient « affaiblir la Russie ».  Rien de tel ne s’est produit, mais d’autres pays ont souffert économiquement d’efforts vains visant par exemple à empêcher l’importation de pétrole russe, a poursuivi la journaliste. 

Pour elle, le « projet Ukraine » est un effort bipartisan, dans le cadre duquel démocrates et républicains soutiennent l’injection continue d’énormes sommes d’argent dans l’industrie de la défense, le complexe militaro-industriel et « des projets douteux » en Ukraine même, comme le financement de nombreuses fonctions gouvernementales.  Elle a fait remarquer que la plupart des Américains ignorent que les petites entreprises ukrainiennes sont soutenues par leurs fonds publics, alors qu’au moins 25 milliards de dollars d’aide non militaire y ont été dépensés.  Mme Kimberley a ajouté que la tranche la plus récente du financement américain en matière d’armement dépend de la mobilisation par l’Ukraine de davantage d’hommes, environ un demi-million.  Elle a aussi noté qu’alors que plusieurs millions d’entre eux ont fui vers les États voisins en 2022, on leur dit désormais qu’ils ne peuvent pas renouveler leur passeport à l’étranger.  Ils doivent donc retourner en Ukraine, « où nous voyons des vidéos d’hommes littéralement forcés de rejoindre l’armée, pour y servir de chair à canon », a relaté Mme Kimberley.  Elle a en conclusion lancé un appel à l’ONU pour qu’elle enquête sur la destruction des gazoducs Nord Stream lors d’une explosion en 2022, laquelle a également provoqué le rejet d’environ 15 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, contribuant ainsi au réchauffement climatique.

Le représentant de la Fédération de Russie est revenu sur la récente réunion du Conseil pendant laquelle ses « collègues occidentaux » décrivaient les souffrances des habitants de l’Ukraine, qui se retrouvaient sans lumière et sans nourriture à cause des frappes aériennes russes sur diverses infrastructures des villes ukrainiennes, alors qu’au même moment, le Secrétaire d’État américain Anthony Blinken « chantait et dansait dans une boîte de nuit de Kiev et, auparavant, mangeait une pizza dans une pizzeria de Kiev, dont les murs étaient décorés de symboles et de photographies néonazis ». 

Depuis plusieurs semaines, a constaté le délégué, l’humeur est au beau fixe dans les cercles occidentaux de partisans de la poursuite des hostilités entre Kiev et la Russie, parce que les États-Unis ont débloqué un important programme d’aide militaire au « régime de Zelenskyy », attendu de longue date. « L’Ukraine en retirera effectivement quelque chose, ce dont se réjouissent déjà les hauts fonctionnaires locaux corrompus, mais la part du lion sera dépensée aux États-Unis mêmes, et les responsables américains ne s’en cachent pas. »  Le Chef du Pentagone, M. Lloyd J. Austin, a même dit qu’environ 50% des 61 milliards de dollars alloués en avril seront investis dans le complexe militaro-industriel américain, a pointé le délégué alors qu’il n’existe pas de « super-arme » (Wunderwaffe) que l’Occident puisse donner à l’Ukraine pour inverser la tendance sur le champ de bataille.  Qu’il s’agisse des missiles à longue portée américains ATACMS, qui sont maintenant abattus par des dizaines de systèmes de défense aérienne russes et détruits, ou des tanks Leopard et Abrams dont on a fait l’éloge, le représentant a assuré que le même sort sera réservé aux « fameux F-16 » dès qu’ils seront livrés au « régime de Kiev ».

Poursuivant son analyse, le délégué a décrété que, depuis 2014, Washington et ses alliés utilisent l’Ukraine comme cobaye: ils se sont donné pour objectif d’en faire quelque chose qui contrarierait la Russie et, idéalement, entraverait son développement.  Il a estimé que l’élément principal de la transformation de l’Ukraine en cobaye a été l’envoi d’armes en Ukraine sous le couvert des accords de Minsk et « le lavage de cerveau russophobe, nationaliste et néo-nazi ».  En cela, les Américains et leurs compagnons d’armes ont vraiment réussi, a estimé le représentant puisque « le cobaye est devenu agressif et imprudent ».  De plus, il a affirmé que les « marionnettistes occidentaux » tentent de gagner toujours plus d’argent grâce à ce cobaye, de recycler autant d’anciennes armes que possible et d’en tester le plus possible.  « Ce sont ces mêmes marionnettistes qui ont empêché l’Ukraine de conclure un traité de paix acceptable pour elle en mars-avril 2022. »

Le représentant russe a regretté que ces acteurs conduisent l’Ukraine vers un effondrement complet et inconditionnel alors que ceux qui se soucient réellement de l’Ukraine et des Ukrainiens s’efforcent sans relâche de trouver un moyen viable de résoudre la crise ukrainienne.  « Sans l’ingérence malveillante de l’Occident, ce conflit aurait pris fin il y a longtemps », a-t-il tranché.  Il a estimé qu’il n’aurait même jamais commencé puisqu’« après tout, la Russie et l’Ukraine sont des nations fraternelles, qui le resteront lorsque le régime fantoche de Kiev aura cessé d’exister ». 

Exigeant qu’à l’avenir, toute négociation potentielle prenne en compte les préoccupations de la Russie en matière de sécurité et s’appuie sur les nouvelles réalités territoriales, le délégué a reproché à la « pseudo-conférence de paix » prévue en Suisse au mois de juin de s’inscrire dans le prolongement des réunions précédentes qui ont échoué à Copenhague, Djedda, Malte et Davos, et de n’apporter aucune valeur ajoutée tant que la base des discussions reste la soi-disant « formule de paix » de M. Zelenskyy.  Notant qu’aujourd’hui, l’Occident invite activement les pays du Sud à ces réunions, il appelé à ne pas s’y tromper: « le plan sournois des parrains de l’événement consiste à proposer aux invités un ordre du jour prétendument "non conflictuel", en mettant l’accent sur la sécurité nucléaire et alimentaire, la liberté de navigation, l’échange de prisonniers et le retour des enfants », puis de présenter leur présence comme une prétendue adhésion à « un ultimatum peu prometteur adressé à la Russie ». 

« Si nous laissons de côté tous ces efforts futiles des parrains occidentaux du régime Zelenskyy, un véritable règlement de la crise ukrainienne par des moyens politiques et diplomatiques est encore possible », a affirmé le délégué en conseillant pour cela que l’Occident cesse d’armer le régime de Kiev, que l’Ukraine retrouve son statut de pays neutre, non aligné et non nucléaire, en étant démilitarisée et dénazifiée, et que les droits de ses citoyens russophones et de ses minorités nationales soient pleinement garantis.  « Il n’y aura pas de paix durable tant que l’on ne s’attaque pas aux causes profondes du conflit ukrainien », a conclu le délégué en assurant que la Russie est prête à travailler avec tous ceux qui partagent cette position.

Le représentant des États-Unis a dénoncé le cynisme de la Russie, qui, après avoir déclenché la guerre contre l’Ukraine, prétend que c’est l’aide occidentale à ce pays qui prolonge le conflit.  Dans son aveuglement, la Russie oublie que plus de 140 pays ont régulièrement condamné son agression et appelé à son retrait du territoire ukrainien internationalement reconnu, a-t-il souligné, déniant à la partie russe le statut de « victime », alors qu’elle s’efforce de dominer un autre État Membre et viole les résolutions du Conseil de sécurité.  « Lorsque qu’elle se fait prendre, la Russie essaie de détourner l’attention, c’est une tactique que nous connaissons tous », a observé le délégué, en rappelant que, depuis décembre dernier, les forces russes ont utilisé des missiles de la RPDC pour frapper l’Ukraine plus d’une dizaine de fois.  Depuis septembre dernier, la Russie a aussi acheté plus de 11 000 conteneurs de munitions et d’autres matériels militaires de la RPDC en violation de l’embargo de l’ONU sur les armes, a-t-il ajouté, avant de relever que le Groupe d’experts assistant le Comité des sanctions contre la RPDC a établi que des débris découverts à Kharkiv provenaient d’un missile balistique Hwasong nord-coréen, dont l’acquisition par la Russie constitue une violation des résolutions du Conseil.  Il a également été prouvé que ce missile avait été tiré depuis le territoire russe, a poursuivi le représentant, non sans rappeler que la Russie a mis son veto à la prorogation du mandat du Groupe d’experts quand ces informations sont devenues publiques. 

Le délégué a ensuite signalé qu’au début de ce mois, les États-Unis ont imposé des sanctions à la Russie pour son utilisation d’armes chimiques contre l’Ukraine. Ajoutant que cette utilisation n’est pas un « incident isolé », il a accusé la Russie de conserver un programme d’armes chimiques non déclaré, en violation flagrante de la Convention sur les armes chimiques.  Il s’est d’autre part inquiété des signalements selon lesquels la Russie s’efforcerait d’acheter des missiles balistiques à l’Iran, ce qui représenterait une sérieuse escalade dans cette guerre d’agression.  Appelant tous les pays à cesser leur coopération militaire avec la Russie, il a exprimé sa vive inquiétude face à l’appui massif que la Chine apporte à la Russie pour reconstruire son industrie de défense.  La Russie ne pourrait pas poursuivre sa guerre de conquête territoriale sans ce soutien, a-t-il martelé, avant d’inviter tous les pays à soutenir l’Ukraine dans sa recherche d’une paix juste et durable, conformément à la Charte des Nations Unies. 

La représentante du Guyana a relevé que nombres d’attaques perpétrées en Ukraine violent les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution.  Elle a condamné le recours à la violence contre les civils et l’utilisation d’explosifs dans les zones peuplées et a appelé les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international, y compris le droit international humanitaire. La représentante a également exprimé sa préoccupation face aux graves risques qui pèsent sur la sécurité régionale et mondiale en transférant des armes dans un conflit actif.  Des contrôles doivent être effectués pour empêcher leur transfert, a-t-elle estimé.  Selon elle, le seul moyen efficace de prévenir de nouvelles escalades ou l’instabilité en Ukraine et dans la région est de mettre fin à cette guerre par des moyens pacifiques.

Le représentant de l’Algérie a rappelé la position constante de son pays sur la crise en Ukraine.  Seul le dialogue permettra d’aboutir à la paix, a souligné le délégué, en rappelant que toute solution devra être conforme à la Charte des Nations Unies.  Les parties doivent abandonner la logique de confrontation.  Ce conflit est marqué par l’escalade malheureusement, a-t-il dit, en pointant les risques découlant des livraisons d’armes.  Ces armes, a-t-il prévenu, pourraient tomber entre les mains de groupes terroristes et criminels.  Enfin, il a demandé aux parties de protéger les civils et les infrastructures civiles.

Le représentant de la République de Corée a trouvé « franchement absurde » que la Fédération de Russie, qui a lancé une guerre brutale contre son voisin, ait demandé cette nouvelle séance sur la question des transferts d’armes vers l’Ukraine.  Selon lui, « la coopération militaire entre la Russie et la RPDC aurait été un sujet plus pertinent ».  Il a ainsi rappelé que, le mois dernier, la Russie a mis son veto à la prolongation du mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC.  Ce veto avait pour but d’empêcher le Groupe d’experts de révéler des « vérités inconfortables », à savoir la fourniture illégale de munitions et de missiles balistiques nord-coréens à la Russie, a-t-il accusé, avant d’exhorter Moscou à protéger le régime mondial de non-prolifération en mettant immédiatement fin à sa coopération militaire avec Pyongyang.  Enfin, après avoir réaffirmé que la Russie peut et doit mettre fin à cette guerre, il assuré que son pays continuera de se tenir aux côtés du peuple ukrainien jusqu’à ce qu’il parvienne à une paix juste et durable sur ses terres. 

La représentante de la Suisse s’est inquiétée de la situation dans la région de Kharkiv, avec l’escalade des hostilités et l’intensification des attaques russes qui ont fait de nouvelles victimes civiles, causé des déplacements et aggravé la situation humanitaire.  Elle a exprimé sa profonde gratitude au personnel humanitaire qui facilite l’évacuation de la population la plus proche des hostilités.  À la veille du débat annuel sur la protection des civils, elle a rappelé que toutes les parties à un conflit sont tenues de donner la priorité à la protection des civils et des personnes qui ne participent pas ou plus aux hostilités.  Pour parvenir à une solution pacifique, elle a renouvelé son appel à la Russie pour qu’elle désamorce immédiatement la situation, cesse toutes les hostilités et retire ses troupes du territoire ukrainien.  Elle a aussi rappelé que l’Ukraine a le droit d’assurer sa sécurité et de défendre son intégrité territoriale et sa souveraineté. 

La déléguée s’est dite également profondément consternée par le fait que l’agression militaire de la Russie semble continuer à être alimentée et intensifiée par des transferts d’armes et de munitions à la Russie par des tiers.  Il est grand temps d’intensifier tous les efforts pour parvenir à une paix globale, juste et durable en Ukraine, en conformité avec la Charte des Nations unies, a-t-elle conclu.

La représentante du Royaume-Uni a ironisé sur le fait que la Russie convoque une « énième » réunion sur la prolifération des armes au moment même où nous assistons à la destruction épouvantable des infrastructures civiles ukrainiennes et où « les forces russes poursuivent leurs attaques dévastatrices autour de Kharkiv ».  Or, comme l’ont confirmé des experts de l’ONU, des missiles balistiques nord-coréens ont été utilisés dans le cadre de ces opérations.  L’achat d’armes par la Russie à Pyongyang constitue une violation de nombreuses résolutions du Conseil et s’ajoute à son utilisation de milliers de drones iraniens depuis 2022, a accusé la déléguée.  Tout transfert de missiles balistiques ou de technologies connexes de l’Iran vers la Russie constituerait une escalade significative, a-t-elle mis en garde.

« Les forces russes ont également admis avoir utilisé des agents anti-émeutes sur le champ de bataille », a poursuivi la représentante, en disant partager la conviction des États-Unis selon laquelle la Russie s’est servie de la chloropicrine contre les forces ukrainiennes, en violation flagrante de la Convention sur les armes chimiques.  Les dépenses militaires représentent désormais 40% du budget du Gouvernement russe.  « Chaque missile Kinzhal coûte 7 millions de dollars, soit l’équivalent du salaire de 130 enseignants russes.  Et au rythme actuel, d’ici à l’année prochaine, la Russie aura été responsable de plus d’un demi-million de soldats tués et blessés au cours des trois années de sa guerre inutile », a déploré la déléguée britannique.  Elle a ensuite fait part de son soutien au prochain sommet sur la paix organisé par la Suisse, y voyant l’occasion de démontrer l’unité de la communauté internationale quant aux principes d’une paix juste fondée sur la Charte des Nations Unies.

La représentante de Malte s’est dite préoccupée par les rapports selon lesquels la Fédération de Russie se procure des armes et des munitions auprès de la RPDC.  Rappelant que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a vérifié que plus de 10 500 civils ont été tués et plus de 20 000 blessés en Ukraine depuis février 2022, elle a exigé la cessation immédiate des attaques contre les civils et les infrastructures civiles, en insistant sur la nécessité de rendre compte de tous les crimes commis contre l’Ukraine.  Le prochain sommet sur la paix en Ukraine, qui se tiendra en Suisse en juin, enverra un message clair à cet égard, a-t-elle affirmé, espérant que cet effort fournira un cadre de dialogue sur les moyens de parvenir à une paix globale, juste et durable.  L’Ukraine a le droit inhérent de se défendre et de protéger ses citoyens, ses frontières, sa souveraineté et son intégrité territoriale. Elle a également le droit de compter sur ses alliés pour ce faire, a conclu la déléguée.

La représentante de la France a observé que le traitement du dossier ukrainien au Conseil de sécurité est désormais marqué par l’alternance de réunions centrées sur les attaques de la Russie contre les civils et infrastructures civiles en Ukraine et de réunions « de représailles », où la Russie reproche à la communauté internationale de fournir un soutien militaire à l’Ukraine. Constatant que le lien entre ces sujets est désormais « évident », elle a rappelé que la Russie mène des attaques quotidiennes sur l’Ukraine, dont une partie cible délibérément la population civile ukrainienne, en violation flagrante du droit international humanitaire.  « Nous ne laisserons pas la Russie anéantir l’Ukraine, ce serait la laisser anéantir la Charte des Nations Unies et tous les principes sur lesquels est construite notre sécurité collective », a-t-elle fait valoir, avant d’assurer que la France et ses partenaires continueront de soutenir le peuple ukrainien dans l’exercice de son droit à la légitime défense. 

La déléguée a ensuite dénoncé l’utilisation par la Russie de moyens illégaux pour conduire sa guerre illégale, notamment des missiles balistiques acquis auprès de la RPDC.  Pour dissimuler ces violations flagrantes des résolutions du Conseil de sécurité, la Russie a bloqué le renouvellement du Groupe d’experts du Comité 1718, privant ainsi les États Membres d’un outil impartial et public sur la mise en œuvre des sanctions, a-t-elle ajouté, relevant en outre que Moscou a acquis, et continue d’acquérir, des milliers de drones auprès de l’Iran.  Dans ce contexte, elle s’est inquiétée des allégations de transferts de missiles balistiques de l’Iran à la Russie, craignant une escalade inacceptable et avertissant que cela « ne saurait rester sans réponse ». Si la Russie prétend s’inquiéter des conséquences qu’ont les livraisons d’armes à l’Ukraine sur les perspectives de règlement pacifique du conflit, « en réalité, elle n’en a que faire », a estimé la représentante.  Il n’y a donc pas d’autres moyens d’amener la Russie à cesser sa guerre que d’apporter un soutien militaire résolu à l’Ukraine, a-t-elle conclu, jugeant que « ce n’est qu’ainsi que nous pourrons créer les conditions d’une négociation en vue d’un règlement juste et durable du conflit ». 

La représentante du Japon a qualifié d’« ironie tragique » le fait que la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil, condamne ceux qui se défendent contre sa propre agression commise en violation flagrante de la Charte des Nations Unies.  D’un côté, la Russie critique le soutien légitime de la communauté internationale à l’Ukraine, de l’autre, elle a acheté des armes à la RPDC, en violation des résolutions du Conseil de sécurité pour lesquelles elle a pourtant voté, s’est indignée la déléguée.  La question est aussi de savoir ce que la RPDC obtient en retour, s’est-elle inquiétée. 

La déléguée a jugé tout aussi regrettable que, le 28 mars dernier, la Russie ait choisi de mettre son veto au renouvellement du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC, dont le rapport aurait certainement inclus une enquête plus approfondie sur le contournement des sanctions, et même leur violation, par la RPDC et la Russie.  La déléguée japonaise a condamné une fois de plus les actions de la Russie, l’accusant de servir ses propres intérêts en faisant fi de sa « responsabilité solennelle de membre permanent ».

Le représentant de la Slovénie a tout d’abord réaffirmé que tout pays soumis à une invasion étrangère a le droit de se défendre conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies et au cadre juridique international applicable. « Notre aide à l’Ukraine soutient ce droit inaliénable et nous continuerons de le faire jusqu’à la fin de cette guerre d’agression », a-t-il souligné, avant d’exprimer sa profonde préoccupation face aux preuves de plus en plus nombreuses concernant l’achat de missiles par la Russie auprès de la RPDC.  Il s’agit d’une violation de plusieurs résolutions du Conseil de sécurité et il faut y remédier de toute urgence, a argué le délégué.  Dans ce contexte, il s’est dit consterné par l’incapacité du Conseil de sécurité à prolonger le mandat du Groupe d’experts chargé d’assister le Comité des sanctions contre la RPDC, en raison du veto mis par la Fédération de Russie.  Il est grand temps que le Conseil remplisse son mandat, inscrit dans la Charte des Nations Unies, et veille à ce que la paix et la sécurité reviennent au peuple ukrainien, a-t-il conclu. 

Le représentant de la Chine a tout d’abord rendu hommage à la mémoire du Président de la République islamique d’Iran, Seyyed Ebrahim Raisi, et au Ministre des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian.  Il a ensuite dit être gravement préoccupé par l’afflux continu d’armes toujours plus léthales sur le champ de bataille en Ukraine.  Notant que les conflits finissent tous par une solution diplomatique, il a appelé les parties à coopérer pour mettre fin à la crise. De même, il a appelé à la promotion d’une nouvelle architecture sécuritaire équilibrée, avant de souligner la disposition de la Chine à jouer un rôle dans la recherche de la paix en Ukraine.  Le délégué a par ailleurs jugé inacceptables les déclarations de son homologue des États-Unis.  Nous n’avons pas fourni d’armes léthales dans le cadre du conflit ukrainien, nous ne voulons pas que le conflit s’éternise et nous sommes en faveur de pourparlers de paix, a-t-il tranché.  « Les États-Unis doivent cesser de vilipender la Chine et de profiter de la crise ukrainienne pour promouvoir leurs intérêts. »

Le représentant de l’Équateur a rappelé la nécessité de respecter les cadres juridiques internationaux régissant le transfert d’armes et de munitions. Il est impératif, a-t-il dit, de prendre des mesures pour contrer les menaces posées par le flux massif d’armes et de munitions, y compris les risques de détournement, de prolifération et d’escalade.  Il a appelé les parties à s’abstenir de recourir à des armes explosives dans les zones peuplées, à combattre en dehors des zones urbaines et à mettre un terme à l’utilisation aveugle d’armes aux effets disproportionnés.  La Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel, la Convention sur les armes à sous-munitions et la Convention sur l’interdiction ou la limitation de l’emploi de certaines armes classiques, entre autres, doivent être respectées et pleinement mises en œuvre, a-t-il insisté. Enfin, il a regretté que l’invasion prolongée du territoire ukrainien continue d’exacerber les risques d’escalade, dans un contexte où les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2023 2,44 milliards de dollars, soit une hausse de 6,8% par rapport à 2022.

Le représentant de la Sierra Leone a pris note des différentes perspectives présentées sur la fourniture d’armes dans le cadre du conflit en Ukraine, notamment le droit à la légitime défense et la violation du principe de neutralité. Il a souligné l’importance pour toutes les parties au conflit d’adhérer aux cadres juridiques internationaux dans tous les transferts d’armes, et à leurs obligations en vertu du droit international humanitaire de protéger les civils et les infrastructures civiles.  Tous les transferts d’armes dans les situations de conflit doivent s’inscrire dans le cadre juridique international applicable et comporter des évaluations des risques et des vérifications auprès de l’utilisateur final afin d’empêcher le détournement d’armes et de munitions. 

Le représentant du Mozambique a une fois de plus appelé à la cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations directes entre les parties.  S’il reconnaît pleinement le droit légitime de chaque pays à la légitime défense, il a souligné l’importance d’un cadre contrôlant l’usage des armes et leur commerce, dans l’esprit de la Charte des Nations Unies.  À cet égard, il a appelé les États ne l’ayant pas encore fait à adhérer à tous les programmes de désarmement international pertinents. 

Ayant toujours préconisé une solution politique et négociée, le représentant a réitéré son appel aux parties à cesser immédiatement les hostilités, à reprendre les négociations directes sans condition, ainsi qu’à dialoguer activement, de manière constructive.

Reprenant la parole, le représentant des États-Unis a souhaité répondre à la Chine.  Il a assuré que son pays continuera à dénoncer les États fournissant un appui à l’industrie de la Russie alors que ce pays mène une agression brutale contre le peuple ukrainien.  Nos appels ne cesseront pas tant que cet appui à Moscou continuera.

Le représentant de la Chine a répété que la position chinoise sur le sujet du jour était impartiale, s’en tenant à la nécessité d’un règlement pacifique et d’une solution politique à ce « problème ».  Il a appelé la communauté internationale à faire davantage pour contribuer aux efforts en ce sens. 

Le représentant de l’Ukraine a tout d’abord dénoncé les conséquences négatives de la propagande russe pour la crédibilité du Conseil de sécurité.  Il a ensuite rappelé que le nord de la région de Kharkiv connaît maintenant le même sort que d’autres points chauds du pays, avec des villages complètement détruits, des traitements inhumains et des habitants en fuite.  Accusant les « terroristes russes » de recourir à la tactique des frappes à double détente, il a constaté que des bombes aériennes guidées ainsi que des missiles et des obus continuent de tuer des civils, de détruire les infrastructures civiles et de polluer la nature de son pays.  Il a également fait état de violations par la Russie de la Convention sur les armes chimiques, 444 cas de munitions contenant des substances chimiques dangereuses ayant été enregistrés en avril, soit 71 de plus qu’en mars.  En outre, le délégué s’est déclaré préoccupé par les tentatives de la Russie d’exploiter l’occupation de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia dans le cadre de sa stratégie militaire.  Selon lui, la Russie utilise son territoire pour lancer des drones en tirant parti du fait que les forces ukrainiennes ne peuvent pas riposter dans la zone autour de la centrale.

L’obsession de la Russie de demander des réunions du Conseil sur les livraisons d’armes à l’Ukraine « traduit sa volonté d’étendre de manière irréversible la zone de combat à l’ensemble de l’Ukraine », s’est indigné le représentant, avant de remercier les alliés de son pays qui l’aident à lutter pour sa survie et à repousser la ligne de front.  Il a ajouté que, tant que durera l’agression russe, l’Ukraine continuera à exercer son droit à la légitime défense, conformément à l’Article 51 de la Charte des Nations Unies. 

Abordant les « mauvais procès en illégitimité », qui est selon lui la véritable « colonne vertébrale de la propagande russe », le représentant a rappelé que, pour justifier son agression en 2014, la Russie a invoqué un prétendu coup d’État.  De même, pour justifier son invasion en février 2022, « Putin a ouvertement appelé l’armée ukrainienne à renverser le Gouvernement ukrainien illégitime », ce qu’il a continué de faire « comme un disque rayé ».  Afin de rétablir la vérité quant aux institutions ukrainiennes, le délégué a indiqué que l’article 103 de la Constitution dispose que le Président ukrainien est élu par les citoyens ukrainiens pour un mandat de cinq ans au suffrage universel direct à bulletins secrets.  Le même article dispose que le Président ukrainien exerce ses pouvoirs jusqu’à ce que le nouveau Président prenne ses fonctions. La procédure de tenue des élections est établie par la loi, laquelle précise qu’en temps de guerre, il est interdit d’organiser des élections présidentielle, législatives et locales. Si le mandat du Président expire pendant l’application de la loi martiale ou de l’état d’urgence, ses pouvoirs sont prorogés jusqu’à ce qu’un nouveau Président, élu après l’abolition de ce régime d’exception, prenne ses fonctions.

Dans l’immédiat, l’invasion et la poursuite des frappes russes rendent impossible de garantir le respect des normes internationales en matière d’opérations électorales, a-t-il affirmé, assurant toutefois que la convocation des élections interviendra au plus tard un mois après la fin de la loi martiale. « Si le représentant de Putin est vraiment préoccupé par les élections en Ukraine, il devrait recommander à son maître de mettre un terme à son agression », a martelé le délégué. Enfin, après avoir pris note des récentes décisions de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et du Parlement européen confirmant l’illégitimité des soi-disant élections organisées dans les territoires ukrainiens provisoirement occupés, il a appelé les États Membres à ne pas reconnaître ces pseudo-scrutins et à continuer de soutenir l’Ukraine face à l’agression russe. 

Le délégué de la Fédération de Russie a repris la parole et a affirmé que seulement 17% de la population ukrainienne soutient le Président ukrainien. La légitimité de celui-ci n’est d’aucune importance pour l’opération militaire spéciale de la Russie en Ukraine, a-t-il ajouté.

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