En cours au Siège de l'ONU

9625e séance – après-midi   
CS/15695

Ukraine: le Conseil de sécurité examine la situation humanitaire marquée par la destruction d’infrastructures énergétiques

« Les parties doivent épargner tous les civils, ainsi que les infrastructures critiques », tel a été le principal message transmis cet après-midi au Conseil de sécurité par la Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Alors qu’elles débattaient de la situation humanitaire en Ukraine après l’escalade récente dans la région de Kharkiv, les délégations ont, dans leur majorité, appelé la Fédération de Russie à cesser de cibler les sites civils, notamment les infrastructures énergétiques.

Selon Mme Lisa Doughten, l’Ukraine subit les pires attaques depuis le début de la guerre, notamment à Donetsk et à Soumy qui ont été touchées ces derniers jours. Au total, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a enregistré plus de 700 victimes civiles en Ukraine en avril, dont 129 morts, et depuis le 22 mars dernier, les attaques contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine ont privé 250 000 personnes de courant à Kharkiv.  Des restrictions sont également en cours à Dnipro.  L’impact de ces coupures de courant sur les plus vulnérables est rude, a-t-elle indiqué en parlant de millions de foyers sans électricité, sans eau et sans gaz pour cuisiner se chauffer ou se laver. 

 « Presque toutes les centrales électriques » ont été ciblées en Ukraine, a renchéri la Directrice de l’équipe du Conflict Observatory selon qui les responsables russes ont clairement indiqué leurs objectifs de cibler le secteur énergétique de l’Ukraine.  Mme Caitlin Howarth a évoqué des raisons comme « faire progresser les objectifs militaires de la Russie, mener des représailles aux prétendues actions de l’Ukraine, ou encore infliger intentionnellement des dommages à des civils pour contraindre l’Ukraine à se soumettre à des négociations favorables aux intérêts de la Russie ».  Pour contrer ces objectifs, elle a suggéré, entre autres, de renforcer les sanctions et de « faire payer » la Russie en utilisant les avoirs saisis dans le cadre des sanctions mondiales pour financer les préparatifs d’urgence au cours des six prochains mois. 

L’Équateur, comme la plupart des délégations, a appelé les parties à adhérer strictement aux principes de proportionnalité, de distinction et de prudence, afin d’éviter l’escalade.  Moult intervenants ont insisté sur l’impérieuses nécessité pour les parties de respecter le droit international, y compris le droit international humanitaire.  Les États-Unis ont clairement accusé la Russie d’entraver l’arrivée de l’aide humanitaire dans les territoires ukrainiens occupés, suggérant à Moscou de « se regarder dans le miroir pour comprendre pourquoi plus de 50 pays fournissent un appui essentiel aux forces ukrainiennes ». L’Allemagne a d’ailleurs confirmé appuyer l’Ukraine par des moyens politiques, humanitaires et militaires, y compris des systèmes de défense aérienne. 

L’Ukraine a indiqué que depuis fin février, la Russie a mené 388 frappes contre 131 installations d’infrastructures énergétiques et systèmes de transmission, détruisant la quasi-totalité du système de production d’énergie thermique en Ukraine.  En outre, les attaques russes dans la région de Kharkiv au cours de ces derniers jours ont entraîné des morts et des blessés parmi les civils, notamment des enfants, a-t-il précisé en évoquant un total de 1 993 enfants tués ou blessés depuis le début de l’invasion russe. 

Le Royaume-Uni a rappelé que ce ciblage des infrastructures énergétiques de l’Ukraine se fait depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022 « et même avant ».  Depuis mars, au moins 14 centrales électriques ont été touchées, a déploré la délégation britannique selon qui les drones de fabrication iranienne représentent l’arme de choix de la Russie dans ses attaques contre les civils et leurs infrastructures.

Insistant sur l’importance de la reddition de comptes, la France a salué les mandats d’arrêt émis le 5 mars 2024 par la Cour pénale internationale (CPI) contre Sergueï Ivanovich Kobylach, général de corps d’armée de l’armée de l’air russe, et Viktor Nikolayevich Sokolov, vice-amiral et commandant de la flotte russe de la mer Noire, concernant la campagne de frappes de missiles contre des infrastructures énergétiques civiles ukrainiennes, y voyant une « étape décisive ». 

Les « nazis ukrainiens », confrontés aux avancées de l’armée russe, se vengent sur les villes russes, a objecté la Fédération de Russie selon qui le « régime de Kiev » serait au bord de l’effondrement.  Dénonçant les récentes frappes ukrainiennes contre Belgorod, en territoire russe, l’une d’entre elles ayant tué 15 civils, le représentant russe a indiqué que son pays mène des frappes ciblées, contrairement à ce que les pays occidentaux affirment. 

Soit les soldats russes ne savent pas viser, soit la Russie est une menteuse invétérée, a ironisé l’Estonie.  Le représentant de la Slovénie a pour sa part dénoncé l’utilisation d’armes à sous-munitions par la Russie lors du bombardement d’Odessa fin avril dans une zone densément peuplée. 

Le Danemark qui s’exprimait au nom des pays nordiques a dit appuyer pleinement l’initiative de la Suisse d’accueillir un sommet pour la paix en Ukraine le mois prochain.  Une initiative saluée par plusieurs délégations dont la Pologne qui a dit soutenir la formule de paix du Président Zelenskyy.  La Suisse a espéré que ce sommet prévu les 15 et 16 juin prochains verra la participation de toutes les régions du monde pour définir ensemble une feuille de route sur la manière d’impliquer les deux parties dans un futur processus de paix. 

« Toute participation à une conférence serait une perte de temps », a cependant estimé la Russie, alors que l’Ukraine a jugé que face à une guerre d’une telle ampleur, un effort mondial est nécessaire.  La Chine et l’Europe doivent œuvrer de concert pour créer les conditions propices à des pourparlers de paix, a recommandé le délégué chinois qui a plaidé pour une trêve pendant les Jeux olympiques d’été de Paris. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ DE L’UKRAINE

Déclarations

Mme LISA DOUGHTEN, Directrice de la Division du financement et des partenariats du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que l’Ukraine subit les pires attaques depuis le début de la guerre. Les habitants de Donetsk et de Soumy, dans l’est et le nord du pays, ont été touchés par des attaques ces derniers jours.  Des maisons et des infrastructures civiles ont été endommagées.  Au total, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a enregistré plus de 700 victimes civiles en Ukraine en avril, dont 129 morts.  Le territoire contrôlé par l’Ukraine recense 90% des victimes civiles. Et des frappes ont également été signalées à l’intérieur de la Fédération de Russie. 

Les attaques contre les infrastructures civiles ont des conséquences humanitaires de grande portée.  Depuis le 22 mars 2024, les attaques contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine ont privé 250 000 personnes de courant à Kharkiv et des restrictions sont également en cours à Dnipro.  L’impact de ces coupures de courant sur les plus vulnérables est rude.  Des millions de foyers sont sans électricité, sans eau et sans gaz pour cuisiner, se chauffer, ou se laver.  Les enfants sont privés de classes.  Et les personnes âgées à mobilité réduite, les personnes handicapées ne peuvent pas quitter les immeubles à plusieurs étages pour accéder à la nourriture et au soutien médical. 

Mme Doughten a dit être préoccupée par les attaques contre les chemins de fer dans l’est et le sud de l’Ukraine qui ont tué 16 civils et en ont blessé 59 autres.  Les dommages empêchent la circulation des personnes, des matériaux de construction et d’autres fournitures essentielles.  Les attaques contre les usines de production sont également préoccupantes, tandis que les attaques contre les ports ukrainiens menacent leur capacité à exporter des céréales et d’autres produits agricoles à un moment où le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans le monde augmente.  En outre, les attaques contre les raffineries de pétrole en Russie risquent d’enflammer davantage la guerre. 

Les parties doivent épargner tous les civils ainsi que les infrastructures critiques, a rappelé l’intervenante.  Alors que l’intensification des hostilités rend l’acheminement de l’aide humanitaire dangereux, l’ONU et ses partenaires humanitaires font tout pour atteindre les personnes qui ont besoin d’aide, malgré les risques.  Elle a précisé qu’à la fin du mois de mars de cette année, 3,6 millions de personnes avaient reçu une aide humanitaire dans tout le pays.  Une douzaine de convois ont livré des fournitures vitales à 20 000 personnes dans les zones de la ligne de front.  Près de 860 000 personnes ont reçu des soins de santé.  Plus de 1,7 million de personnes ont vu leur système de traitement de l’eau réparé et 1,2 million ont reçu un approvisionnement en eau d’urgence.  Deux millions de personnes ont reçu une aide alimentaire, des semences et du bétail, tandis qu’environ 580 000 personnes ont reçu des fournitures ménagères essentielles et des matériaux pour les réparations d’urgence de leur maison. 

Elle a remercié les donateurs qui ont versé 22%, soit 669 millions des 3,1 milliards de dollars demandés dans le cadre du Plan d’intervention humanitaire pour l’Ukraine.  Il faut maintenant venir en aide aux populations de Donetsk, Luhansk, Kherson et Zaporizhzhia qui vivent sous occupation de la Fédération de Russie.  « Nous sommes profondément préoccupés par le sort des 1,5 million de personnes qui ont besoin d’une aide vitale dans ces régions », a-t-elle insisté. 

Mme CAITLIN HOWARTH, Directrice des opérations de l’équipe Conflict Observatory, Yale Humanitarian Research Lab, a relevé que « presque toutes les centrales électriques » ont été prises pour cible en Ukraine, et que depuis mars dernier, le ciblage des installations de production d’électricité s’est encore accru, réduisant les capacités du pays.  Les responsables russes ont clairement indiqué leurs objectifs de cibler le secteur énergétique de l’Ukraine, a-t-elle affirmé.  Il s’agit de faire progresser les objectifs militaires de la Russie; et de mener des représailles aux prétendues actions de l’Ukraine, a-t-elle expliqué.  En outre, le fait d’infliger intentionnellement des dommages à des civils vise à contraindre l’Ukraine à se soumettre à des négociations favorables aux intérêts de la Russie.  Alors que le premier objectif semble licite dans les limites des lois de la guerre, les représailles et le fait d’infliger un préjudice viole probablement le droit international humanitaire, a-t-elle ajouté.

Selon Mme Howarth, les responsables russes utilisent un langage qui témoigne d’un mépris pour l’ampleur des souffrances civiles, et ont avoué utiliser ces souffrances pour contraindre l’Ukraine à négocier sous des conditions favorables à la Russie.  Les attaques lancées paralysent le secteur du travail, réduisent la productivité et déstabilisent le système éducatif.  Cela veut aussi dire des pannes qui durent plus longtemps, avec un impact sur les équipements nécessaires pour les soins de santé vitaux. Alors que les responsables russes ont minutieusement planifié et exécuté la destruction d’infrastructures critiques de l’Ukraine, la communauté internationale devrait systématiquement contrecarrer la dévastation, a-t-elle plaidé.  Tout d’abord, il faut viser les missiles russes, a-t-elle suggéré.  De même, les sanctions déjà en place doivent être appliquées pour garantir que les composants d’armes et le réapprovisionnement d’autres éléments critiques soient bloqués aux frontières des pays qui reconnaissent ces régimes de sanctions.  Elle a appelé également à mobiliser des ressources pour soutenir et stabiliser l’économie de l’Ukraine et assurer l’acheminement de l’aide humanitaire d’urgence dès maintenant pour garantir la survie des civils au cours de l’hiver prochain. Elle a enfin appelé à « faire payer la Russie » en utilisant les avoirs russes saisis dans le cadre des sanctions mondiales pour financer les préparatifs d’urgence au cours des six prochains mois. 

Le représentant de la France a accusé la Russie de poursuivre ses violations du droit international humanitaire et de mener des campagnes de frappes délibérées contre des objectifs civils.  Il a relevé que 50% des capacités de production énergétiques ukrainiennes seraient détruites ou endommagées.  La Russie a frappé Kharkiv et Odessa de manière presque quotidienne avec des missiles balistiques.  Ces frappes en profondeur, loin des lignes de front, ne répondent pas à des objectifs militaires directs, mais visent des infrastructures civiles, essentielles pour les populations, a-t-il dit.  Ces pratiques sont contraires aux principes fondamentaux du droit international humanitaire de protection des civils, de distinction et de proportionnalité, a-t-il poursuivi.

Selon le délégué, il ne doit pas y avoir d’impunité pour ces crimes commis par la Russie en Ukraine.  De ce fait, les mandats d’arrêt émis le 5 mars 2024 par la Cour pénale internationale contre Sergueï Ivanovich Kobylach, général de corps d’armée de l’armée de l’air russe, et Viktor Nikolayevich Sokolov, vice-amiral et commandant de la flotte russe de la mer Noire, concernant la campagne de frappes de missiles contre des infrastructures énergétiques civiles ukrainiennes, sont une étape décisive.  Il a également salué le renouvellement du mandat de la Commission d’enquête indépendante du Conseil des droits de l’homme qui documente les attaques indiscriminées contre les populations et les infrastructures essentielles de l’Ukraine. 

Le représentant de l’Équateur a constaté que l’impact des attaques de ses derniers jours dans la région de Kharkiv a été dévastateur, avec de nombreuses victimes civiles et une augmentation significative de déplacements internes.  Il a appelé les parties à adhérer strictement aux principes de proportionnalité, de distinction et de prudence, afin d’éviter l’escalade.  La manière la plus efficace de mettre fin aux souffrances des civils est la cessation définitive des hostilités, a-t-il argué.  À cette fin, il a exhorté la Fédération de Russie à mettre fin à ses opérations militaires en Ukraine et à se conformer à la décision de la Cour internationale de Justice du 16 mars 2022, afin de laisser la place au dialogue et la diplomatie dans la recherche de la paix.

La représentante du Guyana a dénoncé les attaques incessantes de la Russie contre les infrastructures civiles ukrainiennes, en violation du droit. Ces attaques doivent cesser.  Elle a également appelé à préserver la sûreté nucléaire en Ukraine.  Les parties doivent s’engager dans un processus diplomatique, a tranché la délégation, en appelant au retrait des forces russes.  « Cette guerre doit cesser dans les plus brefs délais. »

La représentante du Japon s’est dite profondément affligée par le mépris persistant de la Russie pour le droit international, y compris le droit international humanitaire.  La communauté internationale ne tolérera pas l’impunité des responsables et des auteurs de ces violations et ils doivent être identifiés et tenus responsables. Elle a condamné, dans les termes les plus fermes, l’achat de missiles balistiques nord-coréens par la Russie et leur utilisation contre l’Ukraine.  Le transfert de ces armes constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité et nous continuons de surveiller de près ce que la République populaire et démocratique de Corée gagne en retour, a-t-elle ajouté.

La déléguée a ensuite souligné que le Japon a soutenu la reconstruction de l’infrastructure énergétique de l’Ukraine, y compris la fourniture de deux grands transformateurs qui bénéficient à environ 500 000 habitants de Kyïv, ainsi que cinq turbines à gaz et sept transformateurs pour aider à éviter la pénurie d’énergie et le maintien des services essentiels pour plus de 5 millions de personnes pendant les mois d’hiver difficiles.

Le délégué de l’Algérie a déploré la destruction des infrastructures civiles en Ukraine, sans oublier les répercussions économiques et sociales comme l’insécurité alimentaire.  Il a appelé à mettre fin aux hostilités et à respecter la Charte des Nations Unies et le droit international, y compris le droit international humanitaire.  Le délégué a exhorté les parties à focaliser leurs efforts sur le règlement pacifique de la crise ukrainienne. 

La représentante du Royaume-Uni a rappelé que ce printemps, la Russie a ciblé les centrales électriques et celles dédiées au stockage de l’énergie dans toute l’Ukraine.  La déléguée a appelé à l’arrêt immédiat de cette campagne destructrice contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine alors que des millions de personnes sont déjà confrontées à des coupures d’électricité, de chauffage et d’approvisionnement en eau.  Ces attaques aggravent une situation humanitaire épouvantable, a-t-elle constaté. L’attaque la plus récente, le 8 mai, a impliqué plus de 70 missiles et drones, et depuis mars, au moins 14 centrales électriques ont été touchées, a-t-elle déploré. Selon elle, les drones de fabrication iranienne représentent l’arme de choix de la Russie dans ces attaques contre les civils et leurs infrastructures.

La déléguée a souligné que ce ciblage des infrastructures énergétiques de l’Ukraine se fait depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022 et même avant.  Elle a ainsi rappelé qu’en 2015, des milliers de consommateurs avaient manqué d’électricité lorsque la Russie avait piraté les réseaux énergétiques ukrainiens.  Le Royaume-Uni s’est engagé à verser 55 millions de dollars au programme Ukraine Energy de la Communauté de l’énergie, a-t-elle indiqué, avançant le chiffre global de 214 millions de dollars en soutien au secteur de l’énergie en Ukraine.  Elle a encouragé les donateurs à envisager de fournir rapidement des équipements énergétiques neufs ou de seconde main pour contribuer à soutenir les systèmes de défense aérienne de l’Ukraine et protéger les infrastructures civiles du pays.

Le représentant des États-Unis s’est inquiété du grave bilan humanitaire de l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Les civils souffrent des attaques des forces russes qui commettent des actes de torture et de violences sexuelles, a-t-il condamné, s’indignant en outre des transferts et des déportations forcés d’enfants.  Des milliers de personnes sont également privées d’électricité, des systèmes de traitement des eaux, et de chauffage parce que les centrales électriques fonctionnent seulement à une capacité de 20% en raison d’attaques quotidiennes russes.  La Russie qui a déclenché cette guerre doit se regarder elle-même dans le miroir pour comprendre pourquoi plus de 50 pays fournissent un appui essentiel aux forces ukrainiennes, a ajouté le délégué.  Le mois dernier, a-t-il rappelé, les États-Unis ont annoncé un milliard de dollars de nouvelles aides à l’Ukraine qui incluent du matériel de défense antiaérienne.

Depuis février 2022, les États-Unis ont octroyé près de 2,9 milliards de dollars d’aide humanitaire à l’Ukraine.  Les attaques contre les civils et des infrastructures civiles montrent qu’il faut renforcer l’aide humanitaire pour 14,6 millions d’Ukrainiens.  Le représentant a également dénoncé les entraves de la Russie à l’arrivée de l’aide humanitaire dans les territoires ukrainiens occupés.  La Russie continue aussi à se fournir en munitions auprès de la RPDC en violation des résolutions du Conseil de sécurité, a-t-il dénoncé. La Russie devra rendre des comptes. Mais d’ici là, il faut mettre un terme à cette guerre et à la crise humanitaire, a-t-il dit.

Le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que le régime de Kiev est au bord de l’effondrement, avant de rappeler les origines de la crise. Il a indiqué que son pays mène des frappes ciblées, contrairement à ce que les pays occidentaux, parrains dudit régime, affirment.  La population ukrainienne continue de vivre tranquillement, nonobstant les rafles d’hommes ordonnées par le Président ukrainien, a-t-il affirmé.  Il a dénoncé les récentes frappes ukrainiennes contre Belgorod, en territoire russe, l’une d’entre elles ayant tué 15 civils.  Les « nazis ukrainiens », confrontés aux avancées de l’armée russe, se vengent sur les villes russes, a-t-il accusé. 

Il a dénoncé le soutien des pays occidentaux au régime de Kiev dans l’espoir d’affaiblir la Russie.  L’Ukraine n’a plus peur d’afficher ouvertement son nazisme antidémocratique, a-t-il dit.  Le délégué a estimé que la nouvelle loi sur la mobilisation va encore restreindre les droits des hommes ukrainiens, en rappelant que 11 000 Ukrainiens ont fui en Roumanie.  Le délégué s’est ensuite adressé aux pays en développement en les invitant à réfléchir aux desseins ukrainiens appuyés par les pays occidentaux.  « Toute participation à une conférence serait une perte de temps. »  Enfin, il a indiqué que la place du régime de Kiev est dans les « poubelles de l’histoire. »

Le représentant de la Slovénie a noté que depuis avril, plus de 1 000 attaques de drones et de missiles par la Russie ont été enregistrées à travers l’Ukraine.  Le pilonnage aérien d’infrastructures civiles essentielles se poursuit sans relâche endommageant 140 écoles ukrainiennes cette année.  Et selon l’UNICEF, le taux de mortalité des enfants a augmenté de près de 40% au premier trimestre 2024 par rapport à la même période l’année dernière, s’est-il inquiété.  Le délégué a également dénoncé l’utilisation d’armes à sous-munitions par la Russie lors de son bombardement d’Odessa fin avril dans une zone densément peuplée, de même que les attaques contre les infrastructures énergétiques du pays qui ont privé d’électricité des millions d’Ukrainiens.  Le secteur de l’énergie du pays a été particulièrement touché la semaine dernière lorsque trois centrales thermiques ont été endommagées. 

Le représentant a rappelé les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre deux commandants russes présumés responsables de crimes de guerre pour avoir dirigé une campagne de frappes contre des infrastructures énergétiques.  Ces attaques visent à nuire à l’économie ukrainienne et ne sont évidemment pas dirigées contre des cibles militaires en violation du droit international humanitaire. Elles doivent cesser maintenant. La Russie doit également cesser ses actions subversives et donner une chance à la paix. 

Le représentant de la Sierra Leone s’est dit profondément préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Ukraine, laquelle est particulièrement exacerbée par des attaques contre des infrastructures énergétiques critiques.  Des rapports suggèrent également que ces attaques ont gravement gêné les capacités énergétiques de l’Ukraine, a-t-il noté avec inquiétude.  Il s’est dit également alarmé par l’impact de ces attaques sur les installations de santé, y compris celles équipées d’incubateurs et d’équipements de soins intensifs.  Le délégué a appelé les parties impliquées dans le conflit à respecter leurs obligations en droit international, y compris le droit international humanitaire, notamment en protégeant les civils et les infrastructures civiles, y compris les installations énergétiques. 

La représentante de Malte a accusé la Russie d’avoir fait de la faim une arme, en bombardant notamment les entrepôts de céréales de l’Ukraine.  Elle a dénoncé les attaques de la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes.  Ces attaques sont encore un exemple du mépris de la Russie pour la vie humaine, a-t-elle analysé.  La représentante a aussi relevé les dégâts du secteur énergétique causés par les attaques russes, qui s’élèvent à un milliard de dollars.  Enfin, elle a souligné le traumatisme enduré par des millions d’Ukrainiens en raison de la guerre menée par la Russie, véritable « affront fait aux principes sur lesquels l’ONU a été bâtie ».

La représentante de la Suisse a condamné toutes les attaques qui, touchant des zones peuplées, ont tué et blessé des civils en Ukraine.  Les parties doivent respecter strictement le droit international humanitaire et protéger la population et les infrastructures civiles.  Au total, neuf régions à travers l’Ukraine ont connu des perturbations de leur approvisionnement en électricité la semaine dernière.  De plus, la situation autour de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia reste inquiétante. 

L’évolution inquiétante de la situation dans la région de Kharkiv démontre l’impact humanitaire de l’intensification des hostilités.  En Ukraine, les étudiants sont privés d’accès à l’éducation en raison des coupures d’électricité; les travailleuses et travailleurs mettent leur vie en danger à cause des attaques contre des installations ferroviaires; et le personnel humanitaire voit sa sécurité menacée.  La Russie doit mettre fin à son agression militaire contre l’Ukraine, a exigé la déléguée.  Elle a ensuite informé que la Suisse organisera le premier sommet de haut niveau pour la paix en Ukraine les 15 et 16 juin prochains.  Nous espérons pouvoir compter sur une participation de toutes les régions du monde afin de créer une compréhension commune de ce que nécessite un possible processus de paix et définir ensemble une feuille de route sur la manière d’impliquer les deux parties dans un futur processus de paix.

Le représentant de la République de Corée s’est inquiété de l’expansion du front vers Kharkiv, malgré les condamnations internationales.  Il a dénoncé les attaques par drones de la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, en violation du droit international.  L’augmentation drastique des besoins humanitaires en raison de ces frappes va rendre plus difficile encore la coordination des efforts humanitaires sur le terrain, a-t-il prévenu, notant que toutes les souffrances humaines en Ukraine découlent de l’invasion illicite de la Russie.

Le représentant de la Chine s’est dit préoccupé par l’augmentation des frappes en Ukraine, avant d’exhorter les parties à se montrer rationnelles, à faire montre de retenue et à protéger les infrastructures essentielles.  Il est crucial de parvenir à un cadre sécuritaire européen équilibré, a dit le délégué.  Il a aussi appelé les parties à cesser les combats et à régler leur différend de manière pacifique.  Le délégué a appelé les autres acteurs à soutenir tous les efforts visant à régler la crise.  La Chine et l’Europe doivent œuvrer de concert pour créer les conditions propices à des pourparlers de paix, a ensuite recommandé le délégué, en plaidant pour une trêve pendant les Jeux olympiques.  « Les parties doivent reprendre le dialogue », a-t-il demandé en conclusion.

Le représentant du Mozambique a appelé toutes les parties au conflit en Ukraine à assurer la sécurité des civils et à remplir leurs obligations en vertu des résolutions 2573 (2021), 1296 (2000) et 1265 (1999) du Conseil de sécurité.  En outre, a-t-il poursuivi, les principes de distinction, de précaution et de proportionnalité doivent être scrupuleusement respectés par tous.  Les parties doivent faciliter un accès complet, sûr, rapide et sans entrave des nécessiteux au personnel humanitaire et aux secours, a ajouté le délégué, qui a en outre plaidé une fois de plus en faveur d’une solution politique et négociée, seule manière de mettre fin à ce conflit et de jeter les bases d’une paix durable entre l’Ukraine et la Russie.  Aussi le représentant a-t-il réitéré l’appel du Mozambique à la cessation immédiate des hostilités et au retour aux négociations directes entre les parties, sans conditions préalables.

Le représentant de l’Ukraine a indiqué que le 10 mai dernier, l’armée russe a lancé une nouvelle offensive, visant la région au nord de Kharkiv. L’objectif immédiat est Vovchansk, qui, avec les villes voisines, est confrontée à des bombardements d’artillerie, des frappes aériennes et l’utilisation de bombes aériennes guidées. Les forces ukrainiennes maintiennent jusqu’à présent la ligne de front pour empêcher les troupes russes d’avancer vers Kharkiv, la deuxième plus grande ville ukrainienne et l’une des principales cibles des violentes attaques de missiles et frappes aériennes russes au cours des derniers mois, a-t-il dit.  La situation reste extrêmement dangereuse pour les civils locaux, a-t-il souligné, notant que les attaques russes dans la région de Kharkiv des derniers jours ont entraîné des morts et des blessés parmi les civils, notamment des enfants, a-t-il précisé en évoquant un total de 1 993 enfants tués ou blessés depuis le début de l’invasion russe. 

Les autorités ukrainiennes ont rapidement procédé à l’évacuation des civils des zones ciblées par les attaques russes vers des endroits plus sûrs, a-t-il indiqué, notant que les forces russes persistent à raser les villes ukrainiennes sans se soucier des souffrances de la population locale.  En fait, le Kremlin ne se soucie même pas de la sécurité de ses propres citoyens, a-t-il ironisé, expliquant que la destruction d’un immeuble résidentiel à plusieurs étages à Belgorod dimanche est un autre exemple du mépris de Putin envers ses propres concitoyens.  Le délégué a évoqué des rapports faisant état de « largages non autorisés » de bombes aériennes depuis des avions russes survolant le territoire de la région de Belgorod.

Depuis fin février, la Russie a mené 388 frappes contre 131 installations d’infrastructures énergétiques et systèmes de transmission, a indiqué le représentant.  Ces frappes ont détruit la quasi-totalité du système de production d’énergie thermique en Ukraine.  La situation dans les territoires ukrainiens temporairement occupés reste alarmante, a-t-il indiqué, accusant l’armée d’occupation russe d’utiliser des meurtriers condamnés en échange d’un pardon.  Face à une guerre d’une telle ampleur, un effort mondial est nécessaire, a-t-il lancé. C’est pourquoi les 15 et 16 juin, aura lieu le premier sommet sur la paix en Ukraine en Suisse.  Le sommet sera une première étape d’un débat politique de haut niveau vers une solution globale et d’une paix juste et durable en Ukraine, fondée sur la Charte des Nations Unies et les principes clefs du droit international, a-t-il déclaré.  Il est donc très important, et pas seulement pour l’Ukraine, que la majorité des nations participent à ce sommet, a-t-il plaidé. 

La représentante de l’Allemagne a dénoncé la campagne de bombardement de la Russie contre les infrastructures de l’Ukraine détruisant systématiquement les moyens de subsistance de la population civile.  Mue par ses ambitions impériales, la Russie tente de soumettre l’Ukraine, un pays souverain et pacifique, a-t-elle déploré, jugeant cette guerre incompatible avec les responsabilités de ce membre permanent du Conseil.  La Russie, un État doté d’armes nucléaires, envahit son voisin qui y a renoncé, a-t-elle aussi observé en dénonçant son utilisation d’armes importées d’Iran et de la République populaire démocratique de Corée, qui viole les résolutions du Conseil. 

La déléguée a exhorté la communauté internationale à défendre le droit international, la Charte des Nations Unies et l’humanité, ainsi qu’à protéger l’Ukraine de l’agression de la Russie, disant que son pays appuie l’Ukraine par des moyens politiques, humanitaires (plus d’un milliard d’euros versés depuis février 2022; plus d’un million d’Ukrainiens accueillis) et militaires (des systèmes de défense aérienne par exemple).  Enfin, elle a demandé de rechercher un règlement pacifique et misé pour cela sur le prochain sommet de la paix prévu en Suisse, à condition que la Russie renonce à son objectif de conquête et d’annexion.

Le représentant de l’Estonie, parlant aussi au nom de la Lettonie et de la Lituanie, a relevé que les bombes russes ont détruit plus de 50% des usines hydroélectriques ukrainiennes, alors que la Russie affirme ne frapper que des cibles militaires.  « Soit, les soldats russes ne savent pas viser, soit la Russie, membre permanent de ce Conseil, est une menteuse invétérée », a ironisé le délégué.  Il a salué l’initiative de la Suisse d’accueillir un sommet pour la paix en Ukraine le mois prochain, en espérant que tous les pays épris de paix y participent.  Enfin, il a demandé le retrait des forces russes de l’Ukraine.

Le représentant de l’Union européenne a dénoncé les attaques par drones de la Russie contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, ainsi que les attaques contre Odessa et les autres ports de la mer Noire.  Il a estimé que le leadership russe doit être pleinement tenu responsable pour avoir mené une guerre d’agression.  Il a appuyé une paix durable en Ukraine qui passe par le retrait inconditionnel des forces russes de l’Ukraine.  Enfin, il a salué l’initiative de la Suisse d’accueillir un sommet pour la paix en Ukraine le mois prochain.

Le représentant de la Pologne a déploré que la Russie tente de dégrader l’économie et la société ukrainiennes en rendant de grandes parties de l’Ukraine inhabitables.  Il a demandé de surveiller aussi la situation humanitaire dans les territoires ukrainiens occupés et annexés, faisant remarquer qu’en Crimée, les droits et libertés des civils sont bafoués.  Le délégué s’est dit à cet égard « consterné » par les déportations et les transferts d’enfants ukrainiens et par leur russification forcée. Il a aussi dénoncé les frappes russes contre les écoles de Nikopol et de Kharkiv, qui ont aggravé la crise humanitaire et les risques environnementaux.  Le représentant a appelé la communauté internationale à se tenir aux côtés de l’Ukraine et à tout faire pour que la Russie arrête son agression, saluant l’initiative de la Suisse d’accueillir un sommet sur la paix pour l’Ukraine en juin.  La Pologne soutient la formule de paix du Président Zelenskyy en tant que plan pour une paix juste, globale et durable en Ukraine.

La représentante du Danemark, au nom également de la Finlande, de l’Islande, de la Norvège et de la Suède, a estimé que les frappes russes contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes sont odieuses et contraires au droit international.  Depuis le 22 mars, cinq attaques massives ont endommagé plus de 80% des installations non nucléaires ukrainiennes, a-t-elle déploré. Elle a dénoncé les attaques visant le personnel et les installations humanitaires, en rappelant qu’il y a quelques semaines, une frappe aérienne a endommagé le conseil danois des réfugiés de Kharkiv.  « Nous appuyons pleinement l’initiative de la Suisse d’accueillir un sommet pour la paix en Ukraine le mois prochain », a déclaré la déléguée en guise de conclusion.

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