Les risques d’escalade régionale dominent la séance du Conseil de sécurité consacrée à la situation politique et humanitaire en Syrie
Le « spectre sinistre d’un conflit régional » a ressurgi au-dessus de la Syrie depuis l’attaque israélienne du 1er avril contre les locaux diplomatiques de l’Iran à Damas, a mis en garde ce matin au Conseil de sécurité l’Envoyé spécial pour la Syrie, M. Geir Pedersen. Un risque d’escalade régionale qui a dominé la séance mensuelle consacrée à la situation politique et humanitaire en Syrie, après les récents échanges de frappes entre Israël et l’Iran.
« Je suis extrêmement alarmé par cette escalade dangereuse », a d’emblée déclaré l’Envoyé spécial. Il a déploré que la Syrie soit traitée par de nombreux acteurs comme une arène afin d’y régler leurs différends. Ignorer le conflit syrien ou le contenir est une erreur, a-t-il tranché. « Ce n’est pas un conflit gelé ». Il a précisé qu’il n’y aucun signe d’accalmie, tandis que la situation humanitaire reste critique, comme l’ont rappelé M. Ramesh Rajasingham, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), et Mme Helen Hayford, de Malteser International qui a relayé des témoignages poignants.
L’Envoyé spécial a donc plaidé pour une désescalade régionale, avec un cessez-le-feu immédiat à Gaza et un cessez-le-feu à l’échelle nationale en Syrie. Enfin, il a réclamé une nouvelle approche permettant de restaurer la souveraineté de la Syrie, « où six armées étrangères et régionales règlent leurs comptes ». Cette nouvelle approche devrait engager toutes les parties prenantes, syriennes et internationales, a préconisé M. Pedersen en conclusion.
Les délégations ont largement relayé l’appel au calme de l’Envoyé spécial, tout en affichant leurs divergences. « Devant l’escalade continue des hostilités que connaît le Proche-Orient depuis octobre 2023, notre responsabilité collective est de tout faire pour apaiser les tensions dans la région », a déclaré le délégué de la France, en appelant à la retenue. « Il est impératif que la régionalisation du conflit au Proche-Orient et son extension actuelle sur le territoire syrien soient contenues », a renchéri la Suisse, appuyée par l’Algérie.
De son côté, le délégué des États-Unis s’est inquiété des actions des milices iraniennes menées sur le territoire syrien avec des armes sophistiquées, ainsi que de leurs activités en matière de renseignement et de formation. Cela ne fait que déstabiliser davantage la situation, a-t-il constaté sachant que la population syrienne voit d’un mauvais œil cette présence. À l’instar de la France, le délégué a dit comprendre les frustrations de l’Envoyé spécial qui fait preuve de créativité pour rassembler les parties malgré « les obstructions du régime syrien et de la Russie ».
Le délégué de la Fédération de Russie a, lui, dénoncé la « version sournoise » de ses collègues occidentaux de la situation en Syrie, les accusant d’être incapables d’accepter le fait que les dirigeants syriens soient sortis victorieux de la bataille contre les terroristes financés par l’Occident. Le représentant a également déploré les bombardements israéliens en divers endroits du territoire syrien, dans le contexte de l’opération militaire sans précédent menée dans la bande de Gaza.
Revenant sur la frappe israélienne contre le bâtiment du consulat iranien à Damas, le délégué russe a rappelé l’inviolabilité des locaux diplomatiques en vertu des Conventions de Vienne de 1961 et 1963, avant de reprocher aux États-Unis et à leurs alliés de n’avoir pas encore condamné cette attaque. De tels actes s’inscrivent-ils également dans le fameux « ordre fondé sur des règles » prôné par Washington, a-t-il ironisé.
Un point de vue pleinement partagé par l’Iran qui a condamné les « attentats terroristes lâches » perpétrés, le 1er avril 2024, contre la Syrie par le régime israélien à Damas. « Ces agressions contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie se poursuivent en toute impunité », a-t-il accusé. Son homologue syrien a, lui, dénoncé « l’attaque barbare israélienne » à l’encontre du peuple palestinien qui dure depuis 7 mois et qui montre qu’Israël ne fait rien pour maintenir la paix dans la région. Les pays qui soutiennent l’occupation israélienne alimentent le risque de voir le conflit se régionaliser, a-t-il tranché.
La délégation de la Syrie a également reproché aux États-Unis d’avoir empêché le Conseil de faire une déclaration à la presse condamnant l’attaque israélienne terroriste contre le consulat iranien à Damas. Elle a, enfin, accusé les États-Unis et la Türkiye de « piller » les ressources syriennes et de maintenir une présence illégale sur le territoire syrien. De son côté, la Türkiye a déploré que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple (YPG) continuent de promouvoir leurs visées séparatistes dans le nord-est de la Syrie, alimentant ainsi le terrorisme.
Si le volet politique a pris le dessus au cours de la réunion, la situation humanitaire a été largement commentée, avec une vive inquiétude, par tous les intervenants, à commencer par la représentante de l’OCHA qui a appelé à un financement de 4 milliards de dollars pour y répondre. Elle a aussi attiré l’attention sur les conséquences de la présence d’engins explosifs improvisés en Syrie, qui font des morts et des blessés et qui entravent les activités agricoles et le travail des humanitaires. Enfin, la Syrie, l’Iran, la Chine et la Russie ont demandé la levée des sanctions, autre obstacle majeur au soutien humanitaire et au relèvement de la Syrie. La Russie a même exigé la publication d’un rapport spécial de l’ONU sur l’impact négatif des sanctions sur le travail des agences spécialisées.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a condamné les attaques israéliennes du 1er avril contre les locaux diplomatiques de l’Iran à Damas. Le spectre sinistre d’un conflit régional a ressurgi au-dessus de la Syrie, a-t-il fait remarquer. Ces frappes ont été suivies de frappes iraniennes le 13 avril contre Israël et d’attaques de ce pays le 19 avril en Iran, en Iraq et en Syrie, a-t-il rappelé, se disant extrêmement alarmé par cette escalade dangereuse. Il a observé avec inquiétude que la Syrie est traitée par de nombreux acteurs comme « une arène » afin d’y régler leurs différends.
L’Envoyé spécial a estimé que toute tentative visant à ignorer le conflit syrien ou à le contenir est une erreur. Ce n’est pas, à son avis, un conflit gelé et, en outre, ses répercussions ne touchent pas seulement la Syrie. Il a précisé que les principaux théâtres de conflit en Syrie ne montrent aucun signe d’accalmie. Il a donc plaidé pour une désescalade régionale, avec un cessez-le-feu immédiat à Gaza et un cessez-le-feu à l’échelle nationale en Syrie. Tous les acteurs doivent respecter le droit international humanitaire et protéger les civils, y compris lorsqu’ils sont aux prises avec les groupes terroristes listés par le Conseil, a-t-il réclamé.
L’Envoyé spécial a constaté en Syrie, comme ailleurs, un mélange de désescalade, de gestion de conflit et d’aide humanitaire, au gré d’arrangements partiels. Reconnaissant que sans cela, la situation serait pire, il a tout de même expliqué que de telles approches ne peuvent pas apporter la stabilité en Syrie. M. Pedersen a souligné la nécessité d’une voie politique de sortie du conflit, dont un des éléments est la reprise des sessions de la Commission constitutionnelle. « Malgré des efforts intenses, nous ne voyons pas une telle reprise, pour des motifs qui n’ont pas trait à la Syrie », a-t-il regretté. Il s’est dit ouvert à trouver tout autre endroit que Genève susceptible de faire consensus parmi les parties. En attendant, il a plaidé pour une reprise des sessions à Genève comme option de compromis, en invitant les parties à se concentrer sur des propositions d’ordre constitutionnel.
Enfin, il a réclamé une nouvelle approche permettant de répondre aux aspirations des Syriens et de restaurer la souveraineté de la Syrie, « où six armées étrangères et régionales règlent leurs comptes ». Cette nouvelle approche devrait engager toutes les parties prenantes, y compris les parties syriennes, les acteurs internationaux du format d’Astana, le groupe de contact arabe, le « quad occidental » et ce Conseil. « Écarter tout acteur clef ne ferait qu’aboutir à un blocage. »
M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la coordination au Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a tout d’abord mis l’accent sur le fléau des restes explosifs de guerre, qui touche environ un tiers des communautés de Syrie. Si les terres agricoles sont particulièrement touchées, avec des conséquences importantes sur la production alimentaire, des signalements font régulièrement état de civils tués ou blessés par des munitions explosives à travers le pays, a-t-il indiqué, précisant que l’on compte en Syrie plus de victimes civiles dues aux mines terrestres, aux restes explosifs de guerre et aux engins explosifs improvisés que partout ailleurs. De plus, la présence de munitions non explosées rend la tâche des humanitaires plus difficile. À cela s’ajoute la menace climatique, a souligné le haut responsable, évoquant les fortes inondations du mois dernier dans plusieurs sites de déplacement à Edleb et dans le nord d’Alep, qui ont touché plus de 15 000 personnes en l’espace de deux jours. À l’approche des mois d’été, le risque de sécheresse, de choléra et d’autres risques sanitaires vont augmenter, a-t-il averti. Selon lui, la prévalence des vagues de chaleur va encore mettre à rude épreuve les services d’eau et d’assainissement déjà limités, ce qui augmentera les risques en matière de santé sexuelle et reproductive et de protection pour les femmes et les adolescentes.
Dans ce contexte, a indiqué M. Rajasingham, l’ONU et ses partenaires humanitaires continuent de fournir une aide essentielle à des millions de personnes à travers la Syrie. Mais leur capacité d’agir est progressivement érodée par des réductions alarmantes de financement, avec à la clef des décisions difficiles à prendre en termes de priorité aux plus vulnérables. En 2024, a-t-il précisé, nous appelons à un financement de 4 milliards de dollars, soit une réduction significative par rapport à 2023 malgré une augmentation des besoins. Alors que l’aide permet actuellement de cibler 10,8 millions de personnes sur un total de 16,7 millions en détresse, nombre d’entre elles risquent de se retrouver sans assistance vitale si le sous-financement persiste, a prévenu l’intervenant. En outre, des centaines d’établissements médicaux et d’équipes de santé mobiles risquent de cesser de fonctionner dans les mois à venir, a-t-il redouté. L’absence d’assistance risque également d’entraîner une nouvelle augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave, a-t-il ajouté, citant les 500 000 enfants souffrant actuellement de malnutrition aiguë. Par ailleurs, le financement de l’aide aux 438 000 réfugiés palestiniens présents en Syrie a également chuté de façon spectaculaire au cours de l’année écoulée, ce qui affecte la capacité de l’UNRWA de s’acquitter de son mandat.
Le haut responsable de l’OCHA a ainsi souligné l’importance de fournir une assistance en Syrie par tous les moyens disponibles, que ce soient par-delà les lignes ou à travers les frontières. Il s’est félicité que l’opération transfrontalière depuis la Türkiye continue de permettre l’entrée d’une aide vitale dans le nord-ouest de la Syrie, en plus de la fourniture de soins de santé, de nutrition, de protection, d’éducation et d’autres services essentiels. Mais, faute d’un financement suffisant, cette aide, notamment alimentaire, a dû être considérablement réduite, a-t-il déploré, non sans saluer le maintien de l’autorisation de ces livraisons transfrontalières. Il a ajouté que l’OCHA travaille actuellement avec le Gouvernement syrien pour l’utilisation des points de passage de Bab el-Salam et de Raai au-delà du 13 mai et continue de collaborer avec les acteurs concernés pour étendre la fourniture d’une assistance transfrontalière dans toute la Syrie. Avant de conclure, M. Rajasingham s’est associé à l’appel lancé par l’Envoyé spécial à toutes les parties pour qu’elles renouvellent leur engagement en faveur d’une solution politique visant à mettre fin au conflit, « sans laquelle nous ne pourrons pas mettre fin à cette crise humanitaire ».
Mme HELEN HAYFORD, responsable mondiale de la protection à « Malteser International », un organisme partenaire de l’Ordre souverain de Malte, a partagé quelques histoires de Syriens dans le besoin. Ainsi, Abu Ammar, un Syrien de 64 ans, a été déplacé par six bombardements il y a des années. Ses enfants et lui ont presque tout perdu, et le tremblement de terre du 6 février 2023 a emporté ce qui leur restait. Un an après le tremblement de terre, ils vivent dans des camps où ils manquent du strict minimum pour survivre. L’intervenante a également parlé de l’« expérience déchirante » de Hala, qui a accouché au milieu des frappes aériennes et des catastrophes naturelles. Un exemple qui met en évidence la résilience des femmes syriennes face à l’adversité, a-t-elle estimé en indiquant que cette maman avait craint à deux repries de perdre son enfant, lors du tremblement de terre puis pendant les bombardements, au moment où elle était sur le point d’accoucher. Hala et sa jeune famille continuent de vivre une existence précaire aux côtés de milliers d’autres au milieu d’un danger permanent, avec des contraintes financières et un manque de nourriture et d’eau. Mme Hayford a aussi parlé d’Areej, âgé de 15 ans, né avec un trouble de croissance et des besoins en médicaments réguliers. Sa famille vit sous une tente depuis le tremblement de terre, mais elle a encore de l’espoir.
Mme Hayford a expliqué que l’Ordre souverain de Malte œuvre pour améliorer la vie d’Abu Ammar, Hala, Areej, et des milliers de personnes en Syrie. Jusqu’à présent, les efforts de l’Ordre ont directement bénéficié à plus d’un quart de million de Syriens, avec également 633 000 patients ayant reçu un traitement dans des établissements de santé soutenus par l’Ordre. Elle a appelé au renforcement du soutien humanitaire en Syrie, tout en dénonçant la fréquence croissante des attaques, y compris les frappes aériennes dans des zones densément peuplées. Elle a insisté pour qu’une action urgente soit menée en vue de désamorcer la violence, faciliter l’accès humanitaire et protéger les populations vulnérables, en particulier les femmes, les enfants et les personnes handicapées. Elle a aussi plaidé pour un meilleur soutien aux organisations humanitaires sur le terrain, notamment à travers un financement adéquat pour répondre aux besoins croissants des personnes affectées. L’aide et le soutien économiques doivent être orientés vers ceux qui en ont le plus besoin, a-t-elle précisé, expliquant que cela pourrait faire partie d’une politique cohérente de la communauté internationale pour favoriser l’agriculture locale et la reconstruction des infrastructures. Le but est d’améliorer la qualité de vie des gens, de rétablir la confiance et de donner l’espoir d’un avenir plus positif.
La représentante de la Suisse s’est dite profondément préoccupée par la spirale de violence en cours au Moyen-Orient, une région au « bord du précipice ». Il est impératif que la régionalisation du conflit au Proche-Orient et son extension actuelle sur le territoire syrien soient contenues, a-t-elle enjoint: « Il est urgent d’œuvrer à la désescalade. » Elle a appelé tous les acteurs impliqués militairement en Syrie ou qui exercent une influence sur les parties au conflit à s’engager en faveur d’un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire syrien, conformément à la résolution 2254 (2015). « Face à la commission de crimes d’atrocité de masse depuis 2011, la lutte contre l’impunité, notamment facilitée par le Mécanisme international, impartial et indépendant, est une condition sine qua non pour parvenir à une paix durable. » Enfin, elle a rappelé que toutes les modalités de l’aide –y compris l’aide transfrontalière et celle fournie à travers les lignes de front– sont cruciales. « Nous rappelons qu’autoriser et faciliter le passage rapide et sans entraves de l’aide est une obligation de droit international humanitaire. »
Le représentant des États-Unis a dit partager les frustrations de l’Envoyé spécial qui fait preuve de créativité pour rassembler les parties malgré « les obstructions du régime syrien et de la Russie ». Il a exhorté les membres du Conseil à appeler le « régime syrien » à s’engager en faveur du processus politique de bonne foi et à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial concernant la situation humanitaire. Alors que plus de 16 millions de personnes ont besoin d’assistance, l’aide n’arrive pas en quantité suffisante d’autant que l’accès à travers les points de passage de Bab el-Salam et de Raaï expirera dans quelques semaines, s’est désolé le délégué. Il a estimé que prolonger à la dernière minute et pour quelques mois le point de passage de Bab el-Haoua n’est pas une solution viable. L’accès doit être garanti tant qu’il y aura des besoins en Syrie, a-t-il réclamé.
Concernant les personnes détenues et portées disparues, le délégué a salué le financement de l’Institution indépendante chargée de la question des personnes disparues en République arabe syrienne au titre du budget ordinaire de l’ONU. Cela devrait la rendre opérationnelle afin de donner des réponses aux personnes qui ont perdu des proches. Son travail est un impératif humanitaire et une composante essentielle pour bâtir une paix durable, a ajouté le représentant. Il s’est par ailleurs inquiété des actions des milices iraniennes menées sur le territoire syrien avec des armes sophistiquées, ainsi que de leurs activités en matière de renseignement, d’aide financière et de formation. Cela ne fait que déstabiliser davantage la situation, a-t-il constaté sachant que la population syrienne voit d’un mauvais œil cette présence. Il a assuré que les États-Unis sont prêts à travailler avec tous les partenaires diplomatiques pour résoudre les tensions dans la région, concluant sur la nécessité d’action collective de la communauté internationale pour financer l’aide aux populations nécessiteuses.
Le représentant de la Fédération de Russie a analysé la « version sournoise » de ses collègues occidentaux de la situation en Syrie, les accusant d’être incapables d’accepter le fait que les dirigeants syriens soient sortis victorieux de la bataille contre les terroristes financés par l’Occident. Il leur a aussi reproché de tenter par tous les moyens d’empêcher la Syrie de se remettre sur pied, dénonçant la présence militaire étrangère illégale dans le nord et le sud du pays et leur protection des terroristes de Hay’at Tahrir el-Cham (HTS) dans l’enclave d’Edleb alors qu’ils restent indifférents au sort des habitants des régions syriennes sous le contrôle du Gouvernement légitime, où plus de 16,7 millions de personnes ont besoin d’aide. Regrettant l’indifférence des donateurs occidentaux, il a observé que la réponse humanitaire internationale reste maigre: depuis le début de l’année, le plan des Nations Unies n’a été financé qu’à hauteur de 0,2% (8 millions de dollars sur les 4 milliards demandés). Cela conduit non seulement à l’annulation de nouveaux projets de relèvement rapide, dont l’avenir du pays dépend largement, mais aussi à une réduction des activités existantes, s’est inquiété le représentant en citant l’exemple du Programme alimentaire mondial (PAM) qui n’arrive à nourrir qu’un tiers des 3 millions de Syriens nécessiteux qui bénéficiaient de son aide auparavant.
Malgré tous les efforts de Damas pour étendre l’aide humanitaire, notamment en autorisant l’utilisation de trois points de passage dans le nord du pays, la situation en termes d’accès s’aggrave, a-t-il regretté notant qu’il n’y a pas de ligne de démarcation et que les efforts de l’ONU en ce sens sont restés vains. « Tous les pseudo-humanistes occidentaux prétendent qu’il s’agit d’une situation normale lorsque les terroristes du groupe HTS déterminent eux-mêmes l’aide qu’ils autoriseront à apporter aux réfugiés d’Edleb », a fustigé le délégué les accusant de le faire à travers le prisme de leur propre enrichissement. Affirmant que l’un des principaux facteurs qui sapent les activités humanitaires en Syrie reste la pression étouffante des sanctions unilatérales imposées par les pays occidentaux, principalement les États-Unis, il a évoqué leurs graves conséquences sur le plan socioéconomique et sur la capacité de l’État à lutter contre le terrorisme. Fort de ce constat, la Fédération de Russie a exigé la publication d’un rapport spécial de l’ONU sur l’impact négatif des sanctions sur le travail des agences spécialisées.
Le délégué s’est indigné que malgré le faible niveau de financement des donateurs, associé à la pression continue des sanctions et au pillage des ressources naturelles de la Syrie, ses collègues occidentaux cherchent à se montrer vertueux et organisent des forums pseudo-humanitaires qui ne contribuent pas à améliorer la situation en Syrie. Il les a accusés de montrer leur mépris pour les autorités syriennes et de ne mobiliser les ressources nécessaires que pour contenir le flux de réfugiés afin d’éviter qu’il ne se déverse sur l’Europe.
Le représentant a également appelé le Conseil à garder un autre problème à l’esprit: les attaques régulières de missiles et de bombardements israéliens sur divers sites du territoire syrien, dans le contexte de l’opération militaire sans précédent menée par Israël dans la bande de Gaza. Revenant sur l’incident du 1er avril, où l’armée de l’air israélienne a lancé une frappe aérienne sur le bâtiment du consulat iranien à Damas, le délégué a rappelé l’inviolabilité des locaux diplomatiques en vertu des conventions de Vienne de 1961 et 1963, avant de reprocher aux États-Unis et à leurs alliés de n’avoir pas encore condamné cette attaque. De tels actes s’inscrivent-ils également dans le fameux « ordre fondé sur des règles » prôné par Washington, a-t-il ironisé.
Au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), le représentant de l’Algérie a regretté l’escalade de la situation en Syrie, à la lumière des récents incidents signalés dans le nord du pays. Dénonçant les violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, il a estimé qu’une reprise des hostilités ne ferait que perpétuer l’insécurité et ferait sombrer le pays dans la violence, sapant les progrès réalisés. Dans ce contexte, il a appelé les parties à la retenue pour éviter une escalade régionale et s’est dit convaincu que la solution au conflit est politique. Cette solution, a-t-il insisté, doit s’appuyer sur les termes de la résolution 2254 (2015), qui prévoit la mise en place d’un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens. Dans cette perspective, le délégué a appelé à la reprise rapide des travaux de la Commission constitutionnelle, invitant les parties à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial destinés à renforcer la confiance. Il a également exhorté la communauté internationale et les principales parties prenantes à jouer un rôle plus constructif pour aider le peuple syrien à parvenir à la paix et à la prospérité de manière durable.
Soulignant l’importance d’œuvrer pour l’avenir de la Syrie, le représentant a rappelé que ce sont les enfants qui subissent les pires effets de la crise syrienne. Alors qu’un million d’entre eux risquent d’être déscolarisés, plus de 500 000 souffrent de malnutrition aiguë, s’est-il alarmé, ajoutant que, faute d’un financement suffisant de l’aide, quelque 14,9 millions de Syriens risquent de ne plus avoir accès aux services de nutrition et de soins de santé. « Il faut donc agir de toute urgence pour prévenir cette catastrophe humanitaire qui aura des conséquences sur plusieurs générations ». À cet égard, il a réaffirmé l’appui des A3+1 au mécanisme d’assistance transfrontière, affirmant attendre avec impatience la réouverture par le Gouvernement syrien des points de passage de Bab el-Salam et de Raaï. Il a toutefois plaidé également pour le renforcement des livraisons à travers les lignes de front. Mais, selon lui, il faut aussi soutenir l’économie syrienne car les activités humanitaires ne suffiront pas pour alléger les souffrances de la population. Il a ainsi appelé la communauté internationale à travailler avec l’ONU et les autorités syriennes pour investir dans des projets de relèvement rapide, afin de contribuer à la reprise économique dans les zones touchées et permettre le retour des réfugiés syriens. Il a enfin souhaité que les Syriens dépassent leurs divergences dans le cadre d’un processus politique appuyé par la communauté internationale.
Le représentant de la Chine a appelé la communauté internationale à soutenir le peuple syrien. Il a dénoncé les frappes qui se poursuivent dans le pays, exposant toute la région au risque d’une escalade. Il a appelé à renforcer le soutien humanitaire en Syrie, tout en dénonçant les sanctions unilatérales imposées au pays et le pillage de ses ressources. Les forces étrangères doivent mettre fin immédiatement à leur présence en Syrie, a-t-il insisté en conclusion.
Le représentant du Japon a déploré la poursuite de la crise humanitaire en Syrie, dans un contexte où le financement du plan de réponse humanitaire pour ce pays est au plus bas. La communauté internationale, a-t-il observé, commence à ressentir une « fatigue de l’aide » face à une crise syrienne prolongée sans solution politique en vue. Rappelant que le statu quo n’est pas tenable, le délégué a appelé le Gouvernement syrien à faire progresser le processus politique conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, à créer un environnement propice au retour des réfugiés et coopérer pleinement avec la communauté internationale.
Le Japon apporte pour sa part diverses aides à la reconstruction et à la résilience à moyen et long terme de la Syrie en réhabilitant des hôpitaux, des écoles et des infrastructures de base pour aider les Syriens à devenir plus autonomes, a souligné le représentant, en exhortant la communauté internationale et la Syrie à s’engager davantage. Cependant, une avancée du processus politique à l’initiative du Gouvernement syrien est cruciale au préalable. Il faut aussi faire progresser rapidement les travaux de la Commission constitutionnelle, a ajouté le délégué. Le Conseil doit selon lui soutenir les mesures de renforcement de confiance entre les parties prises par l’Envoyé spécial et agir avant que la crise ne dégénère de manière irréversible.
Avec un nombre record de 16,7 millions de nécessiteux en Syrie, une aide humanitaire efficace et un accès durable à celle-ci sont des priorités, a considéré la représentante du Royaume-Uni. L’aide transfrontalière est vitale pour plus de 4 millions de nécessiteux, a-t-elle souligné, avant de réitérer l’appel au « régime d’Assad » pour qu’il consente à l’accès de l’aide depuis le point de passage à Bab el-Salam, Raaï et Bab el-Haoua, sans conditions préalables. Pour la déléguée, l’aide de part et d’autre des lignes de front est certes importante, mais moins que l’opération transfrontalière.
Le rôle des femmes et des filles est essentiel pour l’avenir de la Syrie, a-t-elle poursuivi, soulignant que cela implique de soutenir les efforts des organisations de femmes syriennes de la société civile, des défenseurs des droits humains et de soutenir la participation des femmes à la vie politique. Dans cet ordre d’idées, le programme britannique quinquennal de 67 millions de dollars « Renforcer la résilience locale en Syrie » est orienté vers la mise en œuvre de trois programmes pionniers pour promouvoir l’intégration des femmes dans le monde du travail et la lutte contre les violences sexistes. Comme l’affirme le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Réfugiés (HCR), la Syrie n’offre pas encore un environnement propice au retour volontaire des réfugiés, a—t-elle aussi relevé, avant d’appeler le régime à s’engager en faveur d’un règlement politique susceptible de garantir la stabilité à long terme que méritent les Syriens, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le représentant de la République de Corée a appuyé le travail de l’Envoyé spécial en Syrie. Il a mis en garde contre la possibilité de voir la Syrie prise dans la spirale d’un conflit régional, tout en reconnaissant les facteurs de tensions internes, notamment la présence continue de l’EIIL dans le nord du pays. Toute erreur de calcul risque de faire échapper la situation à tout contrôle, a insisté le délégué. Regrettant la baisse du financement de l’aide humanitaire pour la Syrie, il a appelé à y remédier sans tarder et à faciliter l’acheminement de l’aide au travers des lignes de front et par de nouveaux points de passage frontaliers. Le représentant a ensuite encouragé les parties à se concentrer sur une solution politique et un cessez-le-feu durable dans le pays, arguant qu’une stagnation du conflit en Syrie n’est dans l’intérêt de personne. Par conséquent, il faut collectivement œuvrer en faveur de la paix et la sécurité pour tous et toutes, a-t-il conclu.
Le représentant de l’Équateur a partagé les préoccupations de l’Envoyé spécial sur les conséquences de l’escalade de la violence de ces derniers mois. Les parties doivent faire preuve de la plus grande retenue, reprendre la négociation politique, relancer le dialogue et instaurer la confiance mutuelle. Le délégué a encouragé l’Envoyé spécial à poursuivre ses efforts pour reprendre les réunions de la Commission constitutionnelle et d’autres mécanismes visant à parvenir à une solution politique durable à la crise en Syrie. Il a appelé à renforcer la coopération pour faire face au terrorisme et à l’extrémisme violent dans le pays. Le représentant a dit être préoccupé par les conséquences du conflit sur l’intégrité physique et mentale des Syriens, déjà confrontés aux inondations. Préoccupé également par le nombre croissant de personnes déplacées et de réfugiés syriens, il a en outre demandé au Gouvernement syrien de se pencher sur le sort de plus de 100 000 personnes disparues et personnes placées en détention arbitraire et soumises à des traitements cruels et inhumains. Le Conseil, a ajouté le délégué, doit trouver une solution politique à la crise pour ouvrir la voie à une paix durable, au redressement socioéconomique et à la réconciliation nationale.
La représentante de la Slovénie s’est déclarée profondément préoccupée par les développements récents, notamment entre Israël et l’Iran, et par la spirale de la violence au Moyen-Orient. Face au risque d’escalade régionale, elle a appelé les parties à faire preuve d’un maximum de retenue et a invité les pays ayant une influence sur les groupes non étatiques à l’utiliser de toute urgence. Pour la Syrie, a-t-elle souligné, la situation sécuritaire régionale actuelle ne fait que souligner l’urgence d’une solution politique viable, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil. Elle a donc exhorté tous les acteurs à collaborer avec l’Envoyé spécial pour relancer le processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens. Selon elle, trouver un accord sur le lieu où se réunira à nouveau la Commission constitutionnelle serait un bon point de départ. Elle a également émis l’espoir que les prochaines réunions du Groupe de contact arabe, le 8 mai à Bagdad, et le Sommet de la Ligue des États arabes; prévu le 16 mai à Bahreïn, apporteront un nouvel élan dans ce sens.
De l’avis de la déléguée, les conditions d’un retour sûr, digne et volontaire des réfugiés syriens ne sont pas encore réunies. Saluant les pays voisins de la Syrie qui accueillent un grand nombre de ces réfugiés depuis plus d’une décennie, elle a estimé que les causes sous-jacentes de cette crise doivent être traitées par la Syrie elle-même, conformément à la résolution 2254 (2015). Elle s’est toutefois alarmée des conclusions du dernier rapport du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, selon lesquelles de nombreux rapatriés en Syrie sont victimes de violations et d’abus flagrants des droits humains. De surcroît, le nombre de personnes dans le besoin en Syrie n’a jamais été aussi élevé et risque d’augmenter encore, a-t-elle observé, appelant à une réponse urgente en matière d’accès à la nourriture, à l’eau potable, à la santé, aux services nutritionnels et aux écoles, ainsi qu’à des mesures de relèvement rapide pour renforcer la résilience des communautés vulnérables. À cet égard, la représentante a rappelé que l’Union européenne accueillera, le 27 mai prochain, la huitième Conférence de Bruxelles sur l’avenir de la Syrie et de la région, avec pour objectif d’attirer l’attention internationale sur la nécessité d’une solution politique au conflit et de susciter des promesses de soutien humanitaire. Enfin, après avoir sommé les parties de faciliter le passage sûr et sans entrave de l’aide à travers les zones sous leur contrôle, elle a souligné que toutes les modalités de livraisons, transfrontalières et à travers les lignes de front, restent nécessaires pour répondre aux vastes besoins.
Le représentant de la France a estimé que, devant l’escalade continue des hostilités que connaît le Proche-Orient depuis octobre 2023, « notre responsabilité collective est de tout faire pour apaiser les tensions dans la région ». L’ensemble des acteurs de la région doit faire preuve de retenue, a-t-il appelé de ses vœux. Il a assuré que la France continue à œuvrer pour prévenir un embrasement régional, en coordination avec ses partenaires. Il a regretté que « le régime de Damas et ses alliés », qui ont tous leur part de responsabilité dans les violences touchant les Syriens au quotidien, restent sourds aux demandes de ceux-ci qui ne veulent que la paix, la liberté et la dignité. « Les manifestations qui se poursuivent à Soueïda, et maintenant à Edleb, montrent pourtant que ces revendications, exprimées de manière pacifique, sont plus que jamais d’actualité. » Une paix juste et durable en Syrie passe par une solution politique fondée sur la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015), a conclu le délégué.
La représentante de Malte a appelé à combler le déficit de financement de l’action humanitaire en Syrie. Elle a salué la poursuite de l’autorisation d’emprunter les points de passage frontaliers à Bab el-Haoua, Bab el-Salam et Raaï. Ceux-ci doivent rester ouverts aussi longtemps que les besoins persistent, a-t-elle insisté. La déléguée a aussi souligné la nécessité d’une aide via toutes les modalités, y compris à travers les lignes de front. En Syrie, les causes profondes de ce conflit qui dure depuis 14 ans restent sans réponse, a-t-elle ensuite déploré, exprimant sa déception face au refus de Damas de poursuivre les réunions de la Commission constitutionnelle à Genève. Il n’y a aucune solution militaire à la crise syrienne, a-t-elle rappelé, notant que seule la mise en œuvre de la résolution 2254 (2015) peut permettre les progrès nécessaires. La représentante a notamment appelé à un cessez-le-feu national et à un véritable engagement avec le bureau de l’Envoyé spécial pour son initiative « étape par étape ».
Le représentant de la Syrie a estimé que les trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité ont détourné son mandat en utilisant cette instance pour cibler et isoler plusieurs États Membres et les priver de leurs besoins les plus essentiels. La situation est intenable, a-t-il déclaré l’expliquant notamment par « l’attaque barbare israélienne » à l’encontre du peuple palestinien qui dure depuis 7 mois et qui montre qu’Israël ne fait rien pour maintenir la paix et la sécurité dans la région. Il a ensuite reproché aux pays qui soutiennent l’occupation israélienne d’avoir favorisé l’émergence de cette crise au risque de voir le conflit se régionaliser. Accusant l’occupation israélienne de commettre un véritable génocide à Gaza, il a reproché dans la foulée à la délégation américaine d’avoir posé son veto à cinq reprises, y compris pour empêcher l’adhésion de la Palestine comme État Membre à part entière de l’ONU et d’avoir empêché le Conseil de sécurité de faire une déclaration à la presse condamnant l’attaque israélienne terroriste contre le consulat iranien à Damas.
Le représentant a affirmé que le Gouvernement syrien continue de promouvoir les mécanismes institutionnels de l’État, notamment à travers des dialogues de haut niveau avec les différentes factions de la société syrienne. La loi 19, qui vient d’être adoptée, prévoit la liberté de la presse et la liberté d’expression, tandis que les scrutins législatif et constitutionnel sont en cours de préparation, a-t-il indiqué. En outre, le Gouvernement continue à tout mettre en œuvre pour améliorer la situation humanitaire et les conditions de vie des Syriens en dépit des nombreux obstacles. Ces mesures n’ont pas été reconnues par les occidentaux, a déploré le délégué en martelant que ces efforts sont pourtant bien réels. Le délégué a ensuite accusé les États-Unis et la Türkiye de « piller » les ressources syriennes et de maintenir une présence illégale sur le territoire syrien avant de demander la levée des sanctions qui visent la Syrie. Il a aussi appelé à passer en revue le fonctionnement des structures onusiennes en Syrie, en coopération avec son gouvernement, et à mettre fin aux conditions exceptionnelles qui permettent au bureau de Gaziantep de continuer de fonctionner.
Quant à la conférence de Bruxelles sur le soutien à la Syrie, le délégué a fait remarquer qu’elle est organisée sans la participation du principal concerné -le Gouvernement syrien- y voyant « une mascarade pour détourner l’attention » des conséquences désastreuses des mesures unilatérales coercitives occidentales visant son pays. Le Gouvernement syrien réaffirme sa volonté d’instaurer un processus dirigé et contrôlé par les Syriens eux-mêmes et respectueux de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie, a-t-il déclaré en annonçant que le neuvième cycle de réunions de la Commission constitutionnelle devrait se tenir sous peu.
Le représentant de l’Iran a dit que répondre aux besoins humanitaires des 16 millions de Syriens est insuffisant. Les efforts doivent porter sur la reconstruction des infrastructures essentielles, sur le retour en toute sécurité des réfugiés et des personnes déplacées et sur le processus politique. Le délégué a en outre demandé la levée des sanctions américaines qui bloquent le retour des réfugiés, prolongent la crise et aggravent les souffrances de la population syrienne. Et l’acheminement de l’aide doit se faire en coopération avec le Gouvernement syrien dans le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite condamné les attentats terroristes lâches perpétrés, le 1er avril 2024, contre la Syrie par le régime israélien à Damas. Ces agressions contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Syrie se poursuivent en toute impunité, a-t-il accusé. L’Iran appuie le processus politique facilité par l’ONU afin de reprendre les réunions de la Commission constitutionnelle, a indiqué son représentant, soulignant aussi la nécessité de lutter contre les groupes terroristes et de protéger les civils. Il a appelé au retrait immédiat des forces militaires américaines du territoire syrien, leur présence illégale violant la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays. Elle est aussi une source d’instabilité et d’insécurité qui permet aux groupes terroristes de consolider leur présence et de continuer de perpétrer des atrocités. Dans le cadre du format d’Astana, l’Iran œuvre à la normalisation et à une solution durable en Syrie, a fait valoir le délégué, pour qui la seule façon viable de rétablir la paix et la sécurité dans la région est de contraindre le « régime voyou » israélien à mettre fin immédiatement à sa guerre génocidaire à Gaza et un cessez-le-feu permanent et immédiat.
Le représentant de la Türkiye a constaté qu’après 13 années de conflit en Syrie, les problèmes s’aggravent sans espoir à l’horizon, d’autant plus qu’une escalade dangereuse se fait jour dans la région. La Syrie étant exposée aux hostilités en cours au Moyen-Orient, il est essentiel que les parties s’abstiennent de toutes mesures susceptibles d’étendre le conflit, a-t-il plaidé, avant d’appeler à la poursuite du processus politique, conformément à la résolution 2254 (2015). Se disant convaincu que la fin de cette crise nécessite une réconciliation nationale, il a enjoint au « régime syrien » de créer un environnement propice au règlement du conflit. Selon lui, le « régime » et l’opposition doivent pouvoir négocier une solution sous l’égide de l’ONU. Le choix du lieu où la Commission constitutionnelle reprendra ses travaux ne devrait pas bloquer ce processus. Il a réitéré à cet égard l’appui de son pays aux efforts déployés par l’Envoyé spécial.
Le délégué a ensuite jugé que la situation sur le terrain est « intenable » pour la Syrie comme pour la région. Alors que des millions de Syriens sont éparpillés dans d’autres pays, dont la Türkiye, et que des millions d’autres sont déplacés à l’intérieur de la Syrie, il a appelé tous les acteurs concernés à jouer leur rôle pour que ces personnes puissent regagner leurs foyers. Il a par ailleurs dénoncé le fait que des groupes tels que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Unités de protection du peuple (YPG) continuent de promouvoir leurs visées séparatistes dans le nord-est de la Syrie, alimentant le terrorisme dans le pays. Ces organisations terroristes aux « pratiques inhumaines » et les groupes qui leur sont affiliés « n’ont pas leur place en Syrie et dans la région », a-t-il martelé. Enfin, après avoir déploré le nombre record de personnes ayant besoin d’une aide vitale en Syrie, le représentant a invité les parties prenantes syriennes à aligner leurs positions pour parvenir à une solution globale, qui intègre l’acheminement ininterrompu de l’aide par toutes les modalités possibles et le financement des activités humanitaires et de relèvement.
Prenant à nouveau la parole, le délégué de la Syrie a appelé la Türkiye à cesser de soutenir les terroristes sur le sol syrien. Il a également observé que, comme le représentant de ce pays affirme avoir travaillé comme diplomate en Syrie, il n’est pas sans savoir que c’est un gouvernement qui y est en fonction et non pas « un régime ». Certains pays occidentaux utilisent eux aussi le terme « régime », a-t-il relevé en demandant qu’il ne soit plus utilisé ici.
Le délégué de la Türkiye a repris la parole pour préciser que son pays n’est pas à l’origine du conflit syrien. Il a exhorté le représentant syrien à se focaliser sur les moyens de faire avancer le processus politique syrien.