En cours au Siège de l'ONU

9611e séance – après-midi  
CS/15672

Conseil de sécurité: le soutien extérieur fourni aux parties fait durer le conflit au Soudan, selon la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques

Un an après le début des affrontements, le 15 avril 2023, entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide, le pays continue de s’enfoncer dans la guerre et la population endure des souffrances insupportables, a rapporté, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, selon laquelle la durée de ce conflit aux graves conséquences humanitaires tient en grande partie au soutien que reçoivent les belligérants d’acteurs extérieurs au Soudan.  Une situation également dénoncée par le représentant de l’Union africaine (UA) et par un grand nombre de délégations.

Dans cette crise « aux proportions épiques », les parties ont ignoré les appels répétés à cesser les hostilités, y compris l’appel à faire taire les armes durant le ramadan contenu dans la résolution 2724 (2024) du Conseil, a déploré Mme Rosemary DiCarlo.  Pendant ce temps, a constaté la Secrétaire générale adjointe, le conflit, qui a commencé à Khartoum, se propage à d’autres parties du pays, notamment au Darfour, où de récents rapports font état d’une attaque imminente des Forces d’appui rapide contre El-Fasher.  Ce nouveau front pourrait déclencher des conflits intercommunautaires sanglants et entraverait encore davantage l’acheminement de l’aide humanitaire dans une région déjà au bord de la famine, a-t-elle averti. 

Si les parties ont pu maintenir leur confrontation, c’est en grande partie grâce au soutien matériel qu’elles reçoivent de l’extérieur du Soudan, a souligné Mme DiCarlo.  « Ces acteurs extérieurs continuent de faire fi du régime de sanctions imposé par le Conseil pour soutenir un règlement politique, alimentant ainsi le conflit », s’est-elle indignée, appuyée dans ce constat par le Président du Groupe de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur le Soudan, pour qui les ingérences extérieures, en particulier les fournitures de matériels de guerre, expliquent l’échec des efforts de médiation.  De fait, a observé M. Mohamed Ibn Chambas, les actions nées du processus de Djedda et les initiatives des pays voisins et de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) n’ont pas abouti. 

Dans ces circonstances, il ne suffit pas d’appeler les acteurs extérieurs à s’abstenir de toute ingérence dans le conflit au Soudan, a estimé l’Algérie, au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana).  Il importe que les belligérants respectent l’embargo sur les armes tel que stipulé dans la résolution 1556 (2004) du Conseil, a-t-elle martelé, soutenue par les États-Unis, le Japon, Malte et la Slovénie.  Rien de tout cela ne serait arrivé si les Émirats arabes unis, « parrain régional du plan d’agression armée », n’avaient pas continué à fournir un soutien militaire et logistique à la rébellion, a pour sa part accusé le représentant du Soudan, qui a appelé à « ne pas internationaliser » la question soudanaise. 

Pour contribuer à une cessation durable des hostilités et à une médiation internationale inclusive et efficace, l’ONU est prête à redoubler d’efforts avec ses partenaires multilatéraux, notamment l’UA, l’IGAD, la Ligue des États arabes et les États Membres partenaires, a assuré Mme DiCarlo, avant d’appeler de ses vœux la tenue du dialogue politique prévu par la plateforme de Djedda et facilité par le Groupe de haut niveau de l’UA, dans le but de permettre le règlement du conflit au Soudan et le retour à un gouvernement démocratique dirigé par des civils.  Dans le même esprit, plusieurs délégations, dont la France et la Suisse, se sont félicitées de la reprise dans les prochaines semaines de pourparlers dans le cadre du processus de Djedda. 

Sur le plan humanitaire, la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a confirmé que le risque de famine est désormais bien réel au Soudan, où 18 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë.  À l’instar de la Secrétaire générale adjointe, Mme Edem Wosornu a aussi alerté le Conseil sur la situation des 800 000 civils présents à El-Fasher, alors que des milices affiliées aux Forces d’appui rapide ont attaqué et brûlé des villages alentours.  Face au risque d’un nouveau bain de sang, elle a enjoint aux parties de respecter leurs obligations en droit international humanitaire et de mettre un terme aux violences sexuelles et autres traitements inhumains, les sommant également d’épargner les civils et les biens à caractère civil, rejointe dans cette supplique par l’Équateur et le Royaume-Uni. 

Mme Wosornu s’est toutefois réjouie que la conférence humanitaire sur le Soudan et la région, qui s’est tenue à Paris lundi dernier sous l’égide de la France, l’Allemagne et l’Union européenne, ait donné lieu à de nouvelles promesses de financement pour la réponse humanitaire et l’appui aux réfugiés dans les pays voisins.  Cet argent devra être déboursé rapidement, a-t-elle plaidé, indiquant que l’OCHA doit prépositionner des produits de première nécessité avant le début de la saison des pluies, fournir des semences aux agriculteurs avant les semailles et fournir des liquidités aux personnes déplacées avant qu’elles ne sombrent encore plus dans la faim. 

La conférence a aussi permis de faire avancer les discussions sur l’accès humanitaire requis d’urgence, a ajouté la responsable de l’OCHA, selon laquelle les obstacles actuels rendent presque impossibles les acheminements vers certaines parties du Darfour et de Khartoum.  Dans le prolongement des appels lancés à Paris, a-t-elle précisé, la Coordonnatrice de l’action humanitaire au Soudan a recommandé d’acheminer l’aide par tous les itinéraires possibles, y compris à partir de Port-Soudan, ainsi que par les postes frontières de Tine et d’Adré depuis le Tchad, et de Renk, d’Aweil et de Panakuach depuis le Soudan du Sud. 

Comme l’ensemble des membres du Conseil, la Fédération de Russie s’est déclarée encouragée par les intentions exprimées lors de la conférence de Paris. Elle a cependant regretté que les organisateurs aient décidé de lui donner une « tournure politique » en n’invitant pas toutes les parties soudanaises impliquées.  Cette rencontre visait à isoler le Soudan, « les États agresseurs étant invités et l’État victime étant exclu », a quant à lui regretté le délégué du Soudan, pour qui discuter du processus politique avant d’aborder la situation humanitaire et de mettre fin au conflit « nuit à la réalisation de la paix ». 

RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR LE SOUDAN ET LE SOUDAN DU SUD

Exposés

Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé qu’il y a un peu plus d’un an, le déclenchement du conflit entre les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide a interrompu la transition politique au Soudan.  Depuis, le peuple soudanais endure des souffrances insupportables, a-t-elle déploré, parlant de plus de 14 000 personnes tuées, de dizaines de milliers blessées et d’une situation humanitaire « effroyable ».  En effet, la moitié de la population du pays a besoin d’une aide vitale, tandis que plus de 8,6 millions de personnes, dont 1,8 million de réfugiés, ont été contraints de fuir leurs foyers.  Dans ce contexte, des rapports font état d’un recours généralisé à la violence sexuelle comme arme de guerre, du recrutement d’enfants par les parties au conflit et du recours massif à la torture et à la détention arbitraire prolongée par les deux parties.  Outre les milliers de maisons, d’écoles, d’hôpitaux et d’autres infrastructures civiles essentielles démolies, la guerre a détruit de vastes pans des secteurs productifs du pays, paralysant l’économie.  Parallèlement, a poursuivi la haute fonctionnaire, de nombreux médias et organisations de la société civile ont été fermés et des centaines de défenseurs des droits humains et de journalistes ont été contraints de chercher refuge à l’étranger. 

Dans cette crise « aux proportions épiques », les parties belligérantes ont ignoré les appels répétés à cesser les hostilités, y compris ceux du Conseil de sécurité, a regretté Mme DiCarlo.  Au lieu de cela, elles se préparent à de nouveaux combats et poursuivent leurs campagnes de recrutement de civils.  Pendant ce temps, le conflit, qui a commencé à Khartoum, se propage à d’autres parties du pays.  Au Darfour, a indiqué la Secrétaire générale adjointe, des rapports récents font état d’une possible attaque imminente des Forces d’appui rapide contre El-Fasher, faisant planer le spectre d’un nouveau front qui pourrait déclencher des conflits intercommunautaires sanglants dans toute cette région.  Cela entraverait encore davantage l’acheminement de l’aide humanitaire dans une région déjà au bord de la famine, a-t-elle averti, ajoutant qu’au-delà du Darfour, le grand Khartoum continue d’être l’épicentre des combats.  Galvanisées par de récentes avancées, les Forces armées soudanaises ont en effet intensifié leurs raids aériens à Khartoum, dans les régions du Kordofan et dans certaines parties du Darfour.  De plus, les affrontements entre les belligérants se sont également intensifiés à Gazira et dans ses environs. 

Après avoir appelé les belligérants à respecter leurs obligations en droit international humanitaire et à adhérer à la déclaration d’engagement de Djedda pour la protection des civils, Mme DiCarlo a estimé que, si les parties ont pu maintenir leur confrontation, c’est en grande partie grâce au soutien matériel qu’elles reçoivent de l’extérieur du Soudan.  « Ces acteurs extérieurs continuent de faire fi du régime de sanctions imposé par le Conseil pour soutenir un règlement politique, alimentant ainsi le conflit », a-t-elle dénoncé, jugeant cela « illégal et immoral ».  Face à la détérioration de la crise, a indiqué la haute fonctionnaire, l’Envoyé personnel du Secrétaire général s’est entretenu ces derniers mois avec un large éventail de parties prenantes nationales, régionales et internationales pour promouvoir la coordination des initiatives de médiation.  Hier encore, il présentait un exposé au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). 

L’ONU est prête à redoubler d’efforts avec ses partenaires multilatéraux, notamment l’UA, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), la Ligue des États arabes et les États Membres partenaires, pour contribuer à une cessation durable des hostilités et à une médiation internationale inclusive et efficace, a assuré Mme DiCarlo, avant d’appeler de ses vœux la tenue du dialogue politique prévu par la plateforme de Djedda.  Elle a également salué les efforts déployés par l’UA et l’Union européenne (UE) pour aider les civils soudanais à coordonner une position commune sur une transition politique inclusive.  Enfin, elle a remercié la France, l’Allemagne et l’UE d’avoir accueilli la récente conférence de Paris sur le Soudan et s’est réjouie qu’elle ait permis un soutien massif aux efforts humanitaires, tout en soulignant la nécessité d’une unité d’objectif et d’action des initiatives de paix.  À cette fin, a-t-elle indiqué, l’Envoyé personnel du Secrétaire général a proposé la convocation d’une réunion inclusive pour élaborer une stratégie globale de médiation et de rétablissement de la paix. 

Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui s’exprimait au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Martin Griffiths, a constaté qu’un an après le début du conflit au Soudan, les perspectives pour le peuple soudanais sont sombres.  Le conflit continue de faire rage et le risque de famine est bien présent.

Elle a rappelé qu’il y a sept mois, l’OCHA avait mis en garde le Conseil des conséquences catastrophiques d’une éventuelle attaque sur El-Fasher pour la population civile, un risque qui s’est réalisé depuis.  Le 13 avril, après des semaines de tensions croissantes et de frappes aériennes, des milices affiliées aux Forces d’appui rapide ont attaqué et brûlé des villages à l’ouest d’El-Fasher.  Depuis, des affrontements ont été signalés dans l’est et le nord de la ville, entraînant le déplacement de plus de 36 000 personnes.  Plus de 100 patients ayant subi des traumatismes ont afflué dans la structure de Médecins sans frontières et le nombre total de victimes est probablement beaucoup plus élevé. 

S’inquiétant de la violence que risquent de subir les 800 000 civils résidant à El-Fasher, Mme Wosornu a mis en garde que cela risque de déclencher de nouvelles violences dans d’autres régions du Darfour, où plus de 9 millions de personnes ont un besoin urgent d’aide humanitaire.  Elle a demandé une nouvelle fois aux parties au conflit de respecter leurs obligations en droit international humanitaire et de mettre un terme aux violences sexuelles et autres traitements inhumains, les sommant également d’épargner les civils et les biens de caractère civil et de mettre immédiatement fin à la violence autour d’El-Fasher et ailleurs dans le pays.

Revenant sur la conférence humanitaire sur le Soudan et la réunion qui s’est tenue à Paris lundi dernier, la haute fonctionnaire a souligné qu’elle a débouché sur plusieurs résultats urgents.  Tout d’abord, elle a donné lieu à de nouvelles promesses de financement pour la réponse humanitaire au Soudan et la réponse aux réfugiés dans les pays voisins - des promesses qui doivent être déboursées dès que possible, a-t-elle insisté en signalant le délai très court dont on dispose pour réagir.  En effet, dans les six semaines à venir, l’OCHA doit prépositionner des produits de première nécessité avant le début de la saison des pluies en juin; fournir des semences aux agriculteurs avant la saison des semailles en juin; et de l’argent aux personnes déplacées avant qu’elles ne sombrent encore plus dans la faim.  « Chaque jour qui passe met de nouvelles vies en danger. »

L’insécurité alimentaire au Soudan a atteint des niveaux record, le risque de famine guidant désormais la réponse, a-t-elle indiqué en rappelant que 18 millions de personnes sont confrontées à une famine aiguë.  Il y a exactement une semaine, l’OCHA a lancé un plan de prévention de la famine et, le 17 avril, l’agence a prolongé de trois mois l’intensification de l’aide à l’échelle du système déclarée par le Comité permanent interorganisations. 

La conférence a également permis de faire avancer les discussions essentielles sur l’accès humanitaire requis d’urgence rappelant que les obstacles à l’accès ont rendu presque impossible l’acheminement des fournitures humanitaires vers certaines parties du Darfour et de Khartoum.  Ces derniers jours, la Coordonnatrice humanitaire au Soudan, Mme Clementine Nkweta-Salami, a défini une série de priorités en matière d’accès, a précisé la représentante de l’OCHA.  Elle a recommandé des mesures urgentes pour faciliter l’aide humanitaire à tous les civils dans le besoin et permettre aux humanitaires d’atteindre les communautés touchées où qu’elles se trouvent et par tous les itinéraires possibles, y compris à partir de Port-Soudan à destination et en provenance d’El-Fasher et de Khartoum, ainsi que de l’itinéraire sud via Kosti et El-Obeid.  Elle a également demandé de pouvoir utiliser sans entrave et de manière durable les postes frontières de Tine et d’Adré depuis le Tchad, ainsi que les postes de Renk, d’Aweil et de Panakuach depuis le Soudan du Sud.  En outre, les autorisations de voyage doivent être accordées dans les 24 heures, a-t-elle exigé affirmant qu’il est inacceptable qu’un convoi interagences doive attendre plus de six semaines pour obtenir une autorisation.  Les parties ne doivent pas instrumentaliser, attaquer, entraver ou interférer avec les opérations humanitaires, a tranché la représentante de l’OCHA.

Elle a concédé que la conférence de lundi a permis d’attirer l’attention de la communauté internationale sur le Soudan, regrettant que pendant la majeure partie de l’année écoulée, ce conflit ait été très largement absent dans les médias. Plaidant pour un changement radical du soutien international au peuple soudanais, Mme Wosornu a résumé les trois priorités immédiates: une action renforcée des parties pour protéger les civils et faciliter l’accès humanitaire; le décaissement rapide de fonds pour la réponse humanitaire; et un plus grand engagement international pour le Soudan pour faire taire les armes.

M. MOHAMED IBN CHAMBAS, Président du Groupe de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur le Soudan, a observé que la guerre a fait reculer le pays de plusieurs décennies et qu’il faudra plus d’une génération pour le reconstruire dans son état d’avant-conflit.  Alors que cette guerre meurtrière et destructrice vient d’entrer dans sa deuxième année, il s’est dit particulièrement inquiet de l’extension des combats de Khartoum à d’autres régions du pays, y compris à l’État de Gazira, principal centre de production agricole.  Il s’est désolé que, malgré les investissements de la communauté internationale au fil des années pour ramener la paix au Darfour, cette région est à nouveau le théâtre d’un nettoyage ethnique et d’un conflit interethnique.  Jusqu’à présent, a-t-il constaté, les efforts de médiation dans la crise soudanaise n’ont pas abouti.  C’est le cas du processus de Djedda, mais aussi des initiatives des pays voisins, de l’Égypte, de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la société civile soudanaise.  Selon M. Ibn Chambas, les ingérences extérieures sont une des principales raisons de l’échec de ces efforts, les fournitures de matériel de guerre depuis l’étranger expliquant le fait que cette guerre dure depuis si longtemps. 

Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, l’Union africaine a été proactive dans la gestion de la guerre.  Cinq jours après le début des hostilités, elle a convoqué une réunion des principaux acteurs internationaux et voisins du Soudan pour former ce qui sera plus tard appelé le mécanisme élargi afin de coordonner les efforts sur le Soudan.  Elle a ensuite élaboré en mai 2023 la feuille de route de l’UA pour le règlement du conflit au Soudan, avant de nommer le Groupe de haut niveau sur le Soudan en janvier 2024, sur la base d’une décision du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation.  Le mandat du Groupe est d’impliquer les acteurs soudanais, y compris les belligérants mais également d’autres acteurs civils et des groupes armés, pour mettre en œuvre la feuille de route de l’UA.  À cette fin, le Groupe a conçu une approche fondée sur des navettes diplomatiques vers les pays de la région et au-delà, la coordination avec les acteurs régionaux et internationaux et l’organisation d’un dialogue politique censé préparer les civils à une transition d’après-guerre et faire pression sur les belligérants pour qu’ils mettent fin à la guerre. 

Dans le cadre de ses navettes diplomatiques, le Groupe a mené, en mars dernier, des consultations avec les autorités du Soudan et des pays voisins, notamment l’Égypte, l’Éthiopie et Djibouti.  Il a également tenu des réunions avec le chef du Conseil souverain de transition, le général Abdul Fattah Burhan, et d’autres responsables soudanais à Port-Soudan.  Le Groupe a par ailleurs rencontré des représentants du chef des Forces d’appui rapide, le général Hamdan Dagalo, à Addis-Abeba.  Afin de renforcer la coordination et la complémentarité des efforts visant à mettre fin à la crise, le Groupe a aussi consulté les principales parties prenantes aux niveaux national, régional et international, en particulier le mécanisme élargi, l’IGAD, la Ligue des États arabes et l’ONU à travers le Représentant personnel du Secrétaire général pour le Soudan.  Tous ont promis leur soutien aux travaux du Groupe et leur ferme volonté de voir l’UA jouer un rôle de premier plan, avec pour principe la « recherche d’une solution africaine à un problème africain ». Dans ces circonstances, M. Ibn Chambas s’est réjoui de constater que la récente conférence humanitaire de Paris a attiré l’attention internationale sur la situation humanitaire désastreuse au Soudan, tout en reconnaissant le rôle important que le Groupe devrait jouer dans la coordination du processus de paix.

Après avoir fait état de consultations avec les ambassadeurs et envoyés spéciaux de l’UE, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, le Président du Groupe de haut niveau de l’UA sur le Soudan a estimé que son entité a « parcouru suffisamment de chemin » pour obtenir l’adhésion des acteurs politiques et civils soudanais en vue de l’organisation d’un dialogue politique destiné à permettre le règlement du conflit au Soudan et le retour à un gouvernement démocratique dirigé par des civils.  Pour aller de l’avant, le Groupe poursuivra dans les semaines à venir ses navettes diplomatiques avec des pays voisins, comme le Soudan du Sud, le Kenya et l’Ouganda, et prévoit de convoquer la phase de planification du dialogue politique le mois prochain.  En conclusion, il a invité le Conseil de sécurité et l’ensemble des États Membres de l’ONU à peser de tout leur poids pour soutenir cette initiative de l’UA dans la quête d’une paix durable au Soudan.

Déclarations

La représentante du Royaume-Uni a noté que cette semaine a marqué le cinquième anniversaire des manifestations du peuple soudanais qui ont mis fin à des décennies de dictature.  Aujourd’hui, cependant, les espoirs suscités par ces événements ont été anéantis par les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises.  Le pays est désormais en proie à la pire crise humanitaire au monde, l’obstruction et le ciblage délibérés des convois humanitaires empêchant l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont le plus besoin.  Des civils sont assassinés, des femmes et des filles sont violées, des villages sont pillés et incendiés.  En adoptant la résolution 2724 (2024), le Conseil de sécurité s’est joint au Secrétaire général, à l’Union africaine et à la Ligue des États arabes pour appeler les parties belligérantes à faire taire les armes pendant le mois du ramadan, appel qu’elles ont ignoré, s’est désolée la déléguée.  Elle s’est notamment alarmée des tensions croissantes à El-Fasher, où un conflit à grande échelle serait selon elle catastrophique.

Or, a continué la déléguée, il n’est pas trop tard pour que le Soudan se remette d’être au bord de la ruine.  Pour y parvenir, les parties doivent reprendre les négociations, convenir d’un cessez-le-feu durable et soutenir un processus politique visant à rétablir un régime civil. Elles doivent en outre respecter leurs engagements visant à faciliter l’accès humanitaire transfrontalier et rétablir la route vitale d’Adré.  Bien que le Royaume-Uni compte doubler son aide humanitaire l’an prochain, la représentante a prévenu que, sans un accès humanitaire durable, cette aide ne pourra pas parvenir à ceux qui en ont besoin.

Le représentant de l’Algérie, s’exprimant au nom des A3+1 (Guyane, Mozambique, Sierra Leone et Algérie), a regretté d’avoir, un an après le début du conflit au Soudan, à réitérer les préoccupations du groupe face à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans ce pays, théâtre de la plus grande crise de déplacement de populations au monde.  Si le non-respect du cessez-le-feu par les parties belligérantes pendant le ramadan est regrettable, le délégué a toutefois espéré que les cadres de négociation existants se traduiraient bientôt par des résultats tangibles, avec le soutien du Conseil.  Il a estimé que le prochain cycle du processus de Djedda représente une opportunité que les parties soudanaises doivent saisir pour participer aux négociations de bonne foi.  Il a insisté pour que soient déployés des efforts diplomatiques coordonnés avec l’ONU, l’UA, l’IGAD et la région pour relever les défis persistants.  Aussi le groupe salue-t-il le communiqué adopté par le Conseil de paix et de sécurité de l’UA, à l’issue de sa réunion hier sur le Soudan, ainsi que la tenue à Paris de la conférence humanitaire internationale sur le Soudan et les pays voisins.  Il a salué les engagements pris par les donateurs internationaux de mobiliser plus de 2 milliards de dollars pour soulager les souffrances de millions de Soudanais déplacés. 

Tout en saluant ces efforts positifs, le délégué a estimé qu’il reste encore beaucoup à faire.  Il ne suffit jamais, à son avis, d’appeler les acteurs extérieurs à s’abstenir de toute ingérence dans le conflit au Soudan.  Il a rappelé qu’il existe un régime de sanctions en vigueur, en particulier un embargo sur les armes.  Il est maintenant plus que jamais temps pour les parties soudanaises de faire preuve de retenue et de parvenir à un accord en vue d’une résolution pacifique du conflit, a poursuivi le représentant.  Au Conseil de sécurité, il a demandé de tirer les leçons de son engagement passé dans ce pays pour définir un rôle plus constructif et trouver une solution efficace et durable au conflit.  « Nous devons être à l’écoute du Gouvernement soudanais. »  L’inclusion et la coordination doivent façonner toutes les initiatives entreprises par la communauté internationale et le Conseil concernant le Soudan, a-t-il ajouté en rejetant le « deux poids, deux mesures ».  Le représentant a aussi prôné la confiance dans les efforts régionaux et demandé de garantir la pleine appropriation d’une solution durable par les Soudanais eux-mêmes.

Le représentant de la Chine a jugé indispensable un cessez-le-feu au Soudan et noté l’escalade des hostilités, nonobstant la résolution 2724 (2024).  Il a réclamé un règlement politique et appuyé les efforts entrepris à cette fin.  Ce conflit prolongé au Soudan trouve ses racines dans les pressions extérieures et les ingérences, a dit le délégué, en invitant la communauté internationale à tirer les leçons de cette situation.  Il a réclamé des solutions africaines à des défis africains et demandé que les avis des pays africains soient dûment respectés.  Enfin, il a insisté sur la nécessité de régler la situation humanitaire critique au Soudan, en pointant le sous-financement du plan de réponse humanitaire.  Nous espérons que les engagements pris lors de la récente conférence à Paris seront honorés, a conclu le délégué.

Le représentant de la Slovénie a souligné que le conflit au Soudan inflige de profondes souffrances aux populations et que ses répercussions dépassent largement ses frontières, les femmes et les enfants étant disproportionnellement touchés.  Il a appelé les parties à respecter leurs obligations en droit international humanitaire et en ce qui concerne les droits humains, ainsi que les engagements pris dans la Déclaration de Djedda pour protéger les civils.  Plus de 18 millions de personnes sont confrontées à la faim, s’est alarmé le délégué en condamnant l’utilisation de la famine comme méthode de guerre.  Même si les appels à un cessez-le-feu immédiat ont été ignorés, le conflit doit prendre fin, s’est-il impatienté.  Pour lui, parvenir à une solution politique par le biais d’un dialogue inclusif est la seule voie viable vers la paix et la réconciliation.  Et sans la participation des femmes, la paix durable ne peut être atteinte. 

La représentante a appuyé les efforts de médiation régionaux et internationaux en soulignant l’importance de la cohérence et de la coordination entre ces efforts.  Les acteurs externes doivent s’abstenir de toute forme d’ingérence, a-t-il ajouté.  Il a plaidé en faveur d’un accès humanitaire immédiat, complet et sans entrave, ce qui nécessite la levée des obstacles bureaucratiques et administratifs.  Les travailleurs humanitaires doivent pouvoir accomplir leurs missions en toute sécurité et sans entrave, a-t-il insisté.  Le représentant a dit être préoccupé par la reprise des affrontements autour d’El-Fasher où les parties doivent s’abstenir de toute escalade supplémentaire.  Il a attiré l’attention sur l’aggravation de la situation des femmes et des filles confrontées à la violence sexiste et sexuelle dans les zones touchées par le conflit ou lors de leurs déplacements ou encore dans les pays d’asile.  « La Slovénie est aux côtés du peuple soudanais et exhorte les parties au conflit à choisir la paix. » 

Le représentant de l’Équateur a exprimé sa tristesse face aux conséquences dévastatrices du conflit au Soudan pour la population et la région.  Condamnant les attaques contre les personnes et les infrastructures vitales, ainsi que les restrictions imposées au travail du personnel humanitaire, il a jugé impératif que les parties déposent immédiatement les armes, assurent la protection des civils et respectent les obligations établies par le droit international humanitaire.  Préoccupé par les informations faisant état de viols, d’exploitation sexuelle et d’enlèvements de femmes et de filles soudanaises, il a enjoint aux belligérants de cesser immédiatement toute forme de violence, avant d’exiger que les responsables de graves violations des droits humains soient traduits en justice.  Le délégué s’est également alarmé des appels croissants à armer les civils et des campagnes de mobilisation généralisées au sein de la population, qui peuvent conduire à une fragmentation accrue du pays et aggraver les tensions intracommunautaires. 

Dans ce contexte, il a salué le leadership de l’Envoyé spécial du Secrétaire général dans la recherche d’un accord de cessez-le-feu et d’une solution politique durable.  Il a aussi appuyé les initiatives nées des pourparlers de Djedda, la récente conférence de Paris et l’engagement continu de l’Union africaine, de l’IGAD et des pays voisins en faveur de la paix au Soudan.  Il a enfin estimé que la participation pleine, égale et significative des femmes soudanaises sera indispensable à la reconstruction postconflit et au rétablissement de la paix et de la stabilité dans la région. 

Le représentant des États-Unis a regretté que dans la guerre que se livrent deux généraux rivaux au Soudan depuis un an, ce soient les civils qui payent le prix fort, notamment les femmes et les enfants. La guerre a transformé le Soudan en véritable enfer, a-t-il constaté, avec 25 millions de personnes qui ont besoin d’une aide vitale et 8 millions de personnes qui connaissent une insécurité alimentaire aiguë.  Les Forces d’appui rapide et les Forces armées soudanaises ignorent les besoins de la population, s’est-il indigné.  Préoccupé du risque de voir le conflit se généraliser à l’ensemble du Darfour, il a exhorté les deux généraux à y mettre fin une bonne fois pour toute.  De même, il a appelé à un cessez-le-feu et à un accès humanitaire sans entraves à tout le pays, avant de saluer la reprise des pourparlers à Djedda.  Le peuple soudanais a besoin de plus d’aide tout de suite, a-t-il insisté, en précisant que les États-Unis sont le plus gros donateur de la riposte humanitaire pour le Soudan et qu’ils ont annoncé, le 15 avril à Paris, une contribution supplémentaire de 100 millions de dollars.  Appelant à exercer plus de pression sur les belligérants afin qu’ils reviennent à la table de négociations, le représentant a également insisté sur l’importance du respect de l’embargo sur les armes. 

La représentante de la France a relevé que l’année écoulée depuis le début du conflit était « une année de souffrances, qui aurait pu suffire à faire tomber cette guerre dans l’oubli ». Face à l’ampleur « cataclysmique » de cette crise, la communauté internationale doit se montrer à la hauteur des enjeux, a-t-elle exhorté.  C’est la raison pour laquelle la France a organisé avec l’Union européenne et l’Allemagne le 15 avril 2024 à Paris une conférence internationale humanitaire pour le Soudan et les pays voisins, qui a permis l’annonce de plus de 2 milliards d’euros de contributions financières, dont près de 900 millions promis par l’UE et ses États membres.  Paris s’est engagée pour sa part à allouer plus de 110 millions d’euros pour répondre aux besoins des populations au Soudan et dans les pays voisins.

Cette conférence, a poursuivi la déléguée, a également permis l’adoption d’une déclaration de principes par les États et les organisations impliqués dans les initiatives de paix pour le Soudan afin de davantage coordonner leurs efforts.  Elle appelle les parties à cesser les hostilités et à mettre en œuvre les engagements qu’elles ont pris lors des pourparlers de Djedda.  « Il est urgent qu’elles garantissent un accès humanitaire complet, sûr et sans entrave à l’ensemble des populations, aussi bien par des accès transfrontaliers qu’à travers les lignes de front », a enjoint la représentante.  Aussi s’est-elle félicitée de l’annonce, faite lundi à Paris, d’une reprise sous trois semaines des discussions dans le cadre du processus de Djedda.  Elle a donc appelé les deux belligérants à dépasser une logique de préconditions et « à juguler les pressions exercées par les fauteurs de guerre dans les rangs ». 

La représentante de la Fédération de Russie a exprimé sa vive préoccupation face à la poursuite des hostilités au Soudan et à la situation humanitaire difficile qui en résulte.  L’ONU et le Conseil de sécurité doivent selon elle adopter une approche équilibrée pour résoudre cette situation.  Elle a jugé « contreproductif » de sous-estimer, pour des raisons politiques, le rôle des autorités soudanaises pour soulager la crise humanitaire, notamment en délivrant des autorisations pour l’acheminement transfrontalier de l’aide. À cet égard, l’engagement avec l’équipe de pays de l’ONU à Port-Soudan doit être pleinement soutenu.  Tout en se disant encouragée par les intentions exprimées lors de la conférence à Paris, la déléguée a regretté que les organisateurs aient décidé de lui donner une tournure politique, en invitant les représentants de la coalition démocratique plutôt que les partis soudanais impliqués. 

Poursuivant, la représentante a qualifié de « populiste » la résolution 2724 (2024) du Conseil appelant les parties au conflit à déclarer un cessez-le-feu pendant le ramadan, estimant qu’elle ne visait pas à résoudre les principales causes du conflit.  À ses yeux, le « dérèglement » de la phase actuelle du conflit n’est pas lié aux ambitions des belligérants, mais plutôt à l’incapacité ou au refus d’aider collectivement les Soudanais de manière concrète.  Elle a demandé aux pays occidentaux de s’abstenir de promouvoir un récit « déformé » présentant la situation actuelle comme le résultat des événements d’octobre 2021, qui ont conduit à la démission du Gouvernement civil.  « S’il y a des souris dans la maison, il ne faut pas reprocher au chat de les manger », a-t-elle illustré.  Selon elle, le règlement durable de la crise au Soudan ne sera possible qu’au moyen de la reprise du dialogue intersoudanais impliquant l’ensemble des forces politiques du pays.

Le représentant de la République de Corée a déploré que les parties soudanaises n’aient pas respecté la résolution 2724 (2024).  La situation au Soudan atteint rapidement un point de non-retour, s’est inquiété le délégué, en pointant les risques de famine.  Il a exhorté les parties à déposer les armes et à s’acquitter des engagements formulés dans la déclaration d’engagements de Djedda.  « Il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit », a-t-il insisté. Il a invité les parties soudanaises à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, avant de se féliciter des 2,2 milliards de dollars d’aide promis lors de la récente conférence à Paris. Mon pays, qui a achevé sa démocratisation après avoir subi une dictature militaire, a une profonde sympathie pour la quête démocratique du Soudan, a conclu le délégué.

Le représentant de la Suisse a réitéré l’appel urgent aux Forces armées soudanaises et aux Forces d’appui rapide ainsi qu’aux autres parties au Soudan pour qu’elles fassent taire les armes.  Reprochant aux belligérants d’avoir ignoré l’appel du Conseil de sécurité à une trêve humanitaire pour le mois du Ramadan et d’être ainsi passés outre une résolution contraignante du Conseil, il a réclamé le respect du droit international humanitaire et des droits humains.  Un arrêt des combats reste essentiel pour répondre aux énormes besoins de protection, a-t-il souligné en se félicitant à cet égard de l’annonce de la reprise des pourparlers de Djeddah dans les semaines à venir.  Nous avons besoin de toute l’influence diplomatique possible pour ramener les parties à la table des négociations, mettre fin aux actions extérieures susceptibles de prolonger le conflit et faire respecter l’embargo sur les armes, a-t-il fait valoir. 

Sur la situation humanitaire, il a salué l’initiative de la conférence internationale qui s’est tenue à Paris cette semaine qui a permis de mobiliser plus de 2 milliards de dollars, mais, a-t-il insisté, ce conflit exige une attention et un financement humanitaire continus de la part de la communauté internationale.  Il a donné l’exemple de la Suisse qui a considérablement augmenté son aide humanitaire au Soudan et à la région depuis le début du conflit avec un engagement à verser 21 millions de dollars supplémentaires pour 2024.  Outre le financement, le délégué a appelé à lever les obstacles, dont le blocage, à l’acheminement de l’aide humanitaire, plaidant pour un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à travers les frontières et les lignes de front, et pour la protection du personnel humanitaire.  Le délégué a aussi demandé un effort concerté pour parvenir à un processus politique crédible et inclusif, et a souhaité voir renforcer l’action commune, en rendant complémentaires les initiatives diplomatiques des acteurs régionaux et internationaux.

Le représentant du Japon a regretté que les armes n’aient pas été réduites au silence au Soudan en dépit de l’appel à un cessez-le-feu par le Conseil de sécurité.  La résolution 2724 (2024) stipule la recherche du dialogue, a-t-il rappelé.  Les Forces armées soudanaises et les Forces d’appui rapide doivent cesser immédiatement les combats et s’engager dans les efforts internationaux, régionaux et sous-régionaux pour résoudre le conflit.  De même, le délégué a appelé les États Membres à s’abstenir de toute ingérence extérieure visant à attiser le conflit et l’instabilité.  Il faut respecter l’embargo sur les armes telles que stipulées dans la résolution 1556 (2004). 

S’inquiétant du sort des 25 millions de Soudanais dans le besoin, le représentant a appelé les parties belligérantes doivent garantir un accès humanitaire complet, rapide, sûr et sans entrave.  Il a déploré le sous-financement des plans de réponse humanitaire, indiquant que le Japon a contribué à hauteur d’environ 149 millions de dollars depuis 2023 pour soutenir les personnes déplacées, les réfugiés et les rapatriés au Soudan et dans les pays voisins.  Il a également dit être préoccupé par l’impact du conflit au Tchad et au Soudan du Sud qui accueillent un nombre croissant de réfugiés et de rapatriés en provenance du Soudan.  « Nous devons empêcher le conflit de déstabiliser davantage ces pays et d’avoir un impact sur de vastes régions s’étendant de la corne de l’Afrique à l’extrémité est de la région du Sahel », a-t-il dit. 

Alarmée par les nouvelles hostilités signalées à El-Fasher, dans le Darfour du Nord, la représentante de Malte a fait état de menaces crédibles d’un siège des Forces d’appui rapide qui pourrait avoir d’horribles conséquences humanitaires sur les personnes déplacées.  Elle a rappelé à toutes les parties au conflit que refuser ou entraver l’accès à l’aide humanitaire constitue une grave violation du droit international humanitaire et peut constituer un crime de guerre.  Dénonçant les violences sexuelles liées au conflit, la déléguée a exigé que les responsables des atrocités en cours et d’autres violations du droit international humanitaire soient tenus pour responsables de leurs actes, notamment par la Cour pénale internationale (CPI), qui est saisie de la situation au Darfour. 

Après avoir condamné le recrutement d’enfants au Darfour, au Kordofan et à Khartoum, la représentante a souligné que le recrutement et l’utilisation d’enfants dans des hostilités constituent un crime de guerre.  Elle a en outre appelé tous les acteurs extérieurs à s’abstenir d’alimenter l’instabilité au Soudan en violant l’embargo sur les armes applicable à ce pays, avant de réitérer le soutien de Malte à une plateforme de médiation concertée, dirigée par des acteurs régionaux tels que l’Union africaine (UA) et l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), et soutenue par le Conseil de sécurité et l’Envoyé personnel du Secrétaire général.

Un an après le début du conflit au Soudan, son représentant a exhorté à faire taire les armes et rejeté la responsabilité de la guerre sur l’action des Forces d’appui rapide, soutenues par les puissances régionales qui aspirent à contrôler le pays et ses richesses.  Rien de tout cela ne serait arrivé si les Émirats arabes unis, « parrain régional du plan d’agression armée », n’avaient pas continué à fournir un soutien militaire et logistique à la rébellion.  Le Soudan a fourni des preuves claires au Conseil de sécurité dans sa plainte contre les Émirats arabes unis, appuyée par le rapport du Groupe d’experts du Comité des sanctions issu de la résolution 1591 (2005).  « De fait, les agissements des Émirats arabes unis sont la véritable cause du déséquilibre actuel, qui n’est pas en faveur de nos forces armées au Darfour », a reconnu le délégué. 

Évoquant les 267 cas de viol commis par les Forces d’appui rapide à Gedaref, Sennar et Sinja, il a justifié la décision des autorités soudanaises de déclarer les Forces d’appui rapide en tant qu’organisation terroriste.  Un an après le déclenchement de cette guerre contre le Soudan, son peuple, « ses femmes, ses filles, ses garçons et son destin », nous n’avons qu’une seule revendication principale, celle d’appeler les parrains de l’agression par leur nom ».  Le Conseil de sécurité doit selon lui prendre des mesures pratiques en condamnant « cette partie qui fournit les armes et aggrave la situation ».  Le représentant s’est inquiété que les milices utilisent les hôpitaux pour utiliser les matières radioactives qui s’y trouvent et occupent le centre des déchets radioactifs de Soba ainsi que le Centre national de contrôle nucléaire et radiologique. 

En ce qui concerne la conférence de Paris, le délégué a noté que les pays et organisations qui y ont participé ont exprimé leurs préoccupations face à la guerre d’agression au Soudan et la situation humanitaire qui en résulte.  Néanmoins, cette rencontre visait selon lui à isoler le Soudan, les États agresseurs étant invités et l’État victime étant exclu.  De même, le non-respect par les Forces d’appui rapide de leurs engagements de mettre en œuvre la Déclaration de Djedda constitue un obstacle fondamental à l’atteinte de solutions pacifiques.  Le Président du Conseil de souveraineté Al-Burhan a néanmoins rencontré à deux reprises le Groupe de mise en œuvre de haut niveau de l’UA pour l’assurer de sa coopération à toute mesure susceptible de contribuer à faire taire les armes.  Les tentatives d’exploiter l’aide humanitaire pour des desseins politiques vont à l’encontre du droit international humanitaire, a rappelé le représentant. 

Selon lui, l’expérience de la « démocratie des parties prenantes » a échoué au Soudan, la démocratie décidée par les urnes étant l’objectif de la révolution de décembre 2018.  Le représentant a demandé de ne pas « internationaliser » la question soudanaise ni d’imposer des solutions de l’extérieur en ramifiant les initiatives de paix.  Les puissances régionales doivent cesser d’instrumentaliser la situation au Soudan pour des gains personnels.  En séparant les efforts visant à mettre fin à la guerre et à fournir l’aide humanitaire de ceux envers le processus politique, le Soudan cherche selon lui à coordonner une pluralité dans les initiatives de médiation. Discuter du processus politique avant d’aborder la situation humanitaire et de mettre fin au conflit constitue à ses yeux un paradoxe politique qui nuit à la réalisation de la paix. 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.