Mis en cause pour ses exactions dans le Territoire palestinien occupé, Israël accuse de partialité le Comité spécial chargé d’enquêter sur ses pratiques
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« Israël, qui a franchi toutes les lignes rouges, doit maintenant faire face aux conséquences de ses actes. » Voilà le constat dressé par la République islamique d’Iran cet après-midi à la Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, partagé par la plupart des délégations à avoir pris la parole. « Gaza est devenue invivable pour les Palestiniens », a résumé l’Afrique du Sud, reprenant l’une des conclusions du rapport du Comité spécial chargé d’enquêter sur les pratiques israéliennes affectant les droits de l’homme du peuple palestinien et des autres Arabes des territoires occupés, présenté hier aux États Membres.
Israël s’est défendu, accusant le Comité spécial d’être « biaisé » et ses rapports « sélectifs » « d’induire en erreur et de déformer la réalité », afin de promouvoir une « vision politique étriquée » qui ignore le contexte régional plus large. Des accusations que la délégation a également adressées aux résolutions adoptées chaque année au terme de ce débat. Pourtant, la majorité anti-israélienne à l’ONU appuie ces résolutions, a constaté son représentant, reprochant à ces pays d’entretenir « une culture de la haine et de la violence ».
Au lieu d’investir dans sa population les millions de dollars qu’il a reçus, le Hamas s’est armé, a creusé des tunnels sous les écoles et les installations humanitaires à Gaza, y compris celles de l’UNRWA, dans l’intention d’attaquer les civils et les villes israéliennes, a affirmé la délégation israélienne. Et malgré l’ampleur du « carnage » du 7 octobre, Mahmoud Abbas, le Président de l’Autorité palestinienne, n’a toujours pas condamné cette attaque, pour laquelle l’ONU n’a pas jugé utile de créer un comité spécial pour enquêter sur les crimes du Hamas, s’est indigné Israël.
Mais la « Puissance occupante » a essuyé l’essentiel des critiques formulées au cours de cette séance, son recours « aveugle et inacceptable » à la force depuis plus d’un an ayant débordé sur la Cisjordanie, le Liban et le Golan syrien, comme l’a relevé le Yémen, en dénonçant l’incapacité de la communauté internationale à s’y opposer. Au cours des dernières 48 heures, plus de 300 frappes aériennes ont été comptabilisées au Liban, a confirmé la délégation libanaise. De plus, le Rapporteur spécial sur le droit au logement a conclu que Tel-Aviv mène non seulement une guerre à l’encontre de Gaza et du Liban, mais aussi une véritable politique de la terre brûlée. « L’objectif n’est pas militaire, mais l’extermination et l’annexion », a tranché le Liban, un avis partagé par l’Égypte, qui y a vu une stratégie pour saper la création d’un État palestinien.
La « Puissance occupante » est allée jusqu’à déclarer publiquement que 2025 serait l’année de l’annexion de la Cisjordanie, a mis en garde la République arabe syrienne, avant de déplorer qu’Israël chercherait à modifier le statut juridique et politique du Golan syrien occupé dans le but de le judéiser. Il est temps que chacun prenne ses responsabilités pour mettre fin à ce bain de sang en imposant un cessez-le-feu immédiat à Gaza et au Liban, a conclu la délégation libanaise, qui a exigé le retrait d’Israël de son territoire. De son côté, la Tunisie a appelé le Conseil de sécurité à sortir de sa paralysie et la communauté internationale à faire cesser « l’hémorragie de la guerre génocidaire » à Gaza.
Le ciblage du personnel humanitaire et de l’ONU a également été dénoncé à maintes reprises, y compris par l’Égypte, dans un contexte marqué par l’adoption, à la Knesset, d’une loi interdisant les activités de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le Territoire palestinien occupé. Cette législation reflète la volonté affichée d’Israël de remplacer la solution à deux États par une solution à un État, au moyen d’une politique du fait accompli dans le Territoire palestinien occupé, s’est alarmée la Ligue des États arabes.
Face à cette éventualité, l’Arabie saoudite a annoncé le lancement d’une coalition internationale pour mettre en œuvre cette solution à deux États, en coopération avec l’Union européenne et la Norvège. Riyad a d’ores et déjà accueilli la première réunion de cette alliance qui vise à mobiliser et à coordonner tous les efforts possibles pour ramener la paix dans la région et répondre aux demandes légitimes des Palestiniens. Cette paix ne sera réalisée qu’en mettant fin à l’occupation et en créant un État palestinien indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale, conformément à l’Initiative de paix arabe et à la légitimité internationale des résolutions pertinentes de l’ONU, ont souligné les délégations arabes.
L’État de Palestine, la République islamique d’Iran, Israël, le Liban et la République arabe syrienne ont exercé le droit de réponse.
La Commission mettra aux voix les projets de résolution relatifs aux activités de l’UNRWA et aux pratiques israéliennes demain, mercredi 20 novembre, à partir de 15 heures.
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