Soixante-dix-neuvième session
21e séance plénière – après-midi
CPSD/820

Quatrième Commission: les délégations insistent sur l’importance d’opérations de paix fondées sur la primauté du politique dans la résolution des conflits

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

La Quatrième Commission, chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, a poursuivi cet après-midi son débat général consacré à l’étude d’ensemble des opérations de maintien de la paix, en insistant sur la nécessité d’établir des mandats clairs, adaptés aux conditions locales, et assortis de stratégies de transition et de sortie dans le cadre de processus politiques continus.

L’Autriche a décelé dans les menaces stratégiques et les tensions politiques actuelles un « tournant » pour les missions de maintien de la paix, une décennie après que la dernière opération a été établie. Pour garantir que le maintien de la paix reste robuste et adaptable en dépit des conflits « longs et politiquement fragmentés » d’aujourd’hui, l’ONU a besoin selon elle d’un « menu » flexible d’options de maintien de la paix, allant des missions traditionnelles aux opérations de soutien plus ciblées.  Nous devons en outre intensifier nos efforts pour concrétiser le principe de la primauté du politique dans la résolution des conflits et clarifier le rôle de soutien des opérations de paix à cet égard, en fondant celles-ci sur une stratégie politique inclusive et des approches non militaires susceptibles de s’attaquer aux causes profondes des conflits. 

Important pays fournisseur de contingents, le Bangladesh a indiqué avoir adopté une approche « sur mesure » afin de parer aux nombreuses difficultés auxquelles se heurtent les opérations de maintien de la paix.  Comme l’affirme la mesure 21 du Pacte pour l’avenir, celles-ci doivent être adaptées au mieux à leur objectif et être guidées par des stratégies politiques dans le cadre de mandats réalistes, s’appuyant sur des stratégies de sortie élaborées en amont.  Dans cette perspective, elle a prôné la mise en place de partenariats entre pays fournisseurs de contingents et de personnels de police, à l’image des protocoles de codéploiement conclus entre le Bangladesh et la Gambie.

« Le maintien de la paix ne peut réussir sans une stratégie politique solide », a confirmé le Népal, fort du déploiement de plus de 155 000 Casques bleus dans 44 missions de l’ONU depuis 1958.  Les États Membres, notamment par l’entremise du Conseil de sécurité, doivent non seulement soutenir les solutions politiques dans le cadre des missions de paix, mais aussi exercer une influence diplomatique sur les parties afin de favoriser la conclusion d’une paix pérenne.

Se référant elle aussi aux dispositions du Pacte, la Norvège a fait sienne la modalité incitant à tenir compte de la nature évolutive des conflits pour affiner des stratégies de transition et de sortie efficaces.  À cette fin, la Commission de consolidation de la paix peut, selon elle, fournir un appui aux processus politiques qui vont de pair avec la construction de la paix.  « Une approche qui se concentre exclusivement sur la sécurité ne saurait favoriser la paix de manière durable », a-t-elle ajouté.

Haïti a salué la récente décision du Conseil de sécurité de renouveler le mandat de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), « en réponse aux cris de notre peuple ».  Les efforts combinés de la Police nationale d’Haïti, des Forces armées haïtiennes et de la Mission ont déjà permis d’entrevoir des résultats encourageants sur le terrain, s’est félicitée la délégation haïtienne, certaines zones retrouvant progressivement la stabilité.  Elle a néanmoins invité à « tirer des enseignements du passé », dont les atteintes sexuelles qui ont marqué certaines des missions précédentes dans le pays, en engageant une réflexion sur la possibilité de transformer cette Mission en une véritable opération de maintien de la paix, afin de renforcer ses capacités et d’assurer un financement stable tout en renforçant l’engagement des États Membres.

Malgré son attachement à la sécurité des soldats de la paix, Israël a accusé le Hezbollah d’avoir infiltré les zones de déploiement de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) pour lancer des attaques, en violation du mandat de la Mission d’assurer la stabilité le long de la Ligne bleue.  C’est pourquoi il a recommandé aux contingents de la FINUL de se déplacer à cinq kilomètres au nord de la Ligne bleue.  L’État hébreu tient le Gouvernement libanais pour responsable de toute attaque à son encontre lancée à partir du Liban, « État souverain qui n’a pas su empêcher la création d’un État terroriste en son sein ».

L’Égypte a rejeté ce « narratif fallacieux », destiné à justifier une « guerre vengeresse » contre les civils palestiniens innocents, conflit qui s’étend aujourd’hui au Liban.  Les forces israéliennes ont tiré plus d’une fois sur les positions de la FINUL, menaçant la sûreté des soldats de la paix, a-t-elle accusé.  La Türkiye a exprimé à son tour sa vive préoccupation face à ces attaques dirigées contre la FINUL, tout en témoignant son soutien à son mandat.

Or, selon la délégation égyptienne, rejointe par l’Afrique du Sud, les opérations de paix font face aujourd’hui à des défis sans précédent qui « dépassent la capacité de l’ONU à s’y adapter ».  Dès lors, la priorité doit être accordée à la fourniture des ressources matérielles, humaines, médicales et technologiques nécessaires, ainsi qu’à l’établissement des responsabilités pour les crimes commis contre les Casques bleus.

Bien que ces derniers soient l’un des symboles les plus représentatifs de l’Organisation et l’un des exemples les plus remarquables de solidarité entre les États, le Paraguay a jugé de la plus haute importance que l’ONU et les pays fournisseurs de contingents poursuivent les réformes nécessaires pour réduire les menaces auxquelles sont confrontés les Casques bleus, en améliorant l’évaluation des risques, l’identification des menaces ainsi que la formation du personnel avant le déploiement.

À cela s’ajoute, selon le Pérou, la nécessité d’intensifier le recours aux technologies de pointe, à de nouvelles capacités de renseignement, à la constitution d’unités d’intervention rapide, à la mise en place de systèmes d’alerte et de soutien médical modernes, outre l’élaboration de plans de déploiement stratégiques et de l’harmonisation des concepts opérationnels.

Pour que les opérations de maintien de la paix réalisent leur plein potentiel, les Maldives ont appelé à nouer des partenariats élargis, rassemblant l’ensemble des parties prenantes, dont les organisations régionales, la société civile et les pays fournisseurs de contingents.  Une telle coopération veillerait notamment à garantir que les missions de paix disposent des ressources, des connaissances et des perspectives locales nécessaires à l’application efficace des mandats.  Un processus qui implique également des mandats clairs et adaptés aux réalités régionales, sur la base de solutions politiques à même d’appuyer la reconstruction postconflit.

Comme le prévoit la Charte des Nations Unies, l’Arabie saoudite a souligné l’importance de renforcer le rôle des organisation régionales afin qu’elles participent aux opérations de maintien de la paix en coopération avec l’ONU.

À cet égard, le Sénégal a exprimé sa conviction que l’intégration d’une dimension développement aux mandats des missions de paix permettrait de gagner l’adhésion des populations et des autorités des pays hôtes.  Une mesure qui s’articulerait, par exemple, autour du déploiement d’unités de génie militaire pour aider à la reconstruction d’infrastructures de base telles que des routes ou des écoles, et qui contribuerait en outre, selon la délégation, à la réalisation des objectifs de développement durable dans les zones touchées par les conflits.

Tout en rappelant ces principes essentiels au succès des opérations de maintien de la paix, la Zambie a noté que les mandats vagues ou trop ambitieux se soldent souvent par un échec, avec des conséquences désastreuses pour les pays hôtes comme pour la crédibilité de l’Organisation.   

C’est d’ailleurs pour faire le point sur l’avenir des opérations de paix que l’Uruguay organisera, en décembre, conjointement avec le Japon, le Royaume-Uni et le Département des opérations de paix (DPO), une conférence préparatoire à la Réunion ministérielle de Berlin sur le maintien de la paix.  Cette rencontre aura pour objectif de faciliter un dialogue entre les États Membres et les experts internationaux afin d’explorer les idées innovantes et de tirer des enseignements des expériences récentes quant à la façon idoine de répondre aux besoins émergents des missions de maintien de la paix.

En fin de séance, Israël, l’Inde, l’Iran et le Liban ont exercé leur droit de réponse.

La Quatrième Commission conclura son débat général sur l’étude d’ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects le lundi, 11 novembre 2024, à compter de 10 heures.

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