Soixante-dix-neuvième session
20e séance plénière – après-midi
CPSD/819

Quatrième Commission: le maintien de la paix à l’ONU, jamais plus efficace que le soutien que les États Membres lui accordent, rappellent de hauts fonctionnaires

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)

Le maintien de la paix à l’ONU dépend étroitement du soutien que lui apportent ses États Membres, ont constaté, cet après-midi, trois hauts fonctionnaires de l’ONU venus faire le point à la Quatrième Commission (chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation) sur cette question, dont la Sous-Secrétaire générale à l’appui opérationnel, Mme Lisa Buttenheim.

S’exprimant au nom de M. Atul Khare, le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, Mme Buttenheim a rappelé que la déclaration d’engagements communs de l’Action pour le maintien de la paix (A4P) reste un véritable symbole de ce partenariat, tout en relevant que le Pacte pour l’avenir, adopté pendant la dernière Assemblée générale, offre un cadre supplémentaire vigoureux pour garantir que le maintien de la paix est adapté aux défis d’aujourd’hui et de demain.  La Directrice du Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité (DMSPC), Mme Aruna Thanabalasingam, a décritl’initiative A4P+ comme « le cadre de notre ambition collective ».  Pour la Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix, Mme Ama Akyaa Pobee, il s’agit d’une stratégie de mise en œuvre, catalysant les progrès vers une exécution plus efficace des mandats tout en renforçant à la fois la sécurité des soldats de la paix et le fait pour eux d’assumer la responsabilité de leurs actions.

C’est d’autant plus important que les opérations de paix sont confrontées à des divisions géopolitiques croissantes et à une évolution rapide de la nature des conflits, façonnés par les influences extérieures, la criminalité transnationale organisée et l’extrémisme violent, et favorisées par des avancées technologiques rapides, notamment celles qui permettent de propager plus rapidement la désinformation.  À cette aune, le succès de l’exécution de mandat des missions dépend essentiellement du soutien politique « total, cohérent et unifié » des États Membres, qui malheureusement s’érode parfois, a constaté Mme Pobee.  Le succès des missions dépend également de mandats clairs et réalisables, définis avec le pays hôte, a pointé d’autre part la Sous-Secrétaire générale.

Le Département de l’appui opérationnel (DOS), qui se consacre à la préservation, l’innovation et l’amélioration des capacités opérationnelles indispensables à l’efficacité des opérations de paix, s’appuie sur les trois priorités de l’A4P+, à savoir: capacités et état d’esprit; responsabilité envers les soldats de la paix; et responsabilité des soldats de la paix eux-mêmes.  La Sous-Secrétaire générale Buttenheim a expliqué que son Département veille à ce que les équipements appartenant aux contingents des unités déployées dans le cadre des missions de maintien de la paix correspondent pleinement aux capacités requises pour accomplir les tâches qui leur ont été confiées.  Le DOS collabore étroitement avec les États Membres pour combler les lacunes en matière de matériels appartenant aux contingents, a-t-elle précisé, en annonçant que la préparation de la réunion de 2026 du Groupe de travail sur le matériel appartenant aux contingents est d’ores et déjà en cours.  Mme Buttenheim s’est réjouie de pouvoir annoncer que le traitement des demandes de remboursement trimestriels de matériel appartenant aux contingents et au personnel en uniforme est actuellement à jour.

Consciente de l’importance des partenariats pour le succès des missions, elle a évoqué la coopération avec l’Union africaine.  En effet, à la suite de l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité de la résolution 2719 (2023) établissant le cadre de financement prévisible des opérations sous conduite de l’Union africaine au moyen des quotes-parts des Nations Unies, le DOS est en train de finaliser une approche qui tire parti de l’avantage comparatif de ses partenaires de l’UA pour faciliter la mise en œuvre, y compris l’expansion du programme d’échange de connaissances et d’expertise (KEEP).  Un programme de formation à la synergie opérationnelle pour les gestionnaires de l’UA et de l’ONU et une expertise technique ont été mis en place au sein du secrétariat du Fonds pour la paix de l’Union africaine pour mobiliser les ressources.

De son côté, le Département des stratégies et politiques de gestion et de la conformité a révisé la « boîte à outils » pour répondre aux risques d’inconduite des Casques bleus, notamment en privilégiant une approche centrée sur la victime.  Mme Thanabalasingam a notamment fait cas de la collaboration de son Département avec les États Membres afin de répondre efficacement aux allégations et les prévenir.  Des plans d’action sont en cours d’élaboration avec les pays contributeurs de troupes ayant signalé un nombre élevé d’allégations, a-t-elle précisé, en rappelant l’existence d’un portail dédié.  En 2023 et 2024, le fonds d’affectation spéciale en faveur des victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles a soutenu la mise en œuvre de trois projets d’aide aux victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles en Haïti, au Soudan du Sud et en République centrafricaine.

Pour l’Union européenne (UE), « les opérations de paix incarnent le multilatéralisme en action et demeurent un instrument essentiel de soutien à la paix et à la sécurité dans le monde ».  Ses États membres contribuent conjointement à près du quart du budget du maintien de la paix de l’ONU en 2024 et déploient plus de 4 000 personnels, dans le cadre de 21 missions et opérations civiles et militaires, s’est félicitée la délégation, qui a confirmé un renforcement du partenariat stratégique avec l’ONU avec un nouvel ensemble de priorités pour 2025-2027.

Le succès de ces missions dépend de la capacité du Conseil de sécurité à définir des mandats clairs, ciblés, réalistes et réalisables pour chacune d’entre elles, assortis de stratégies de sortie et de plans de transition viables, ont argué l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande).  Des ressources adéquates, un financement prévisible, le renforcement des capacités et un meilleur équipement sont également essentiels, selon l’ASEAN et l’UE, qui ont encouragé des partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales.  Pour le groupe CANZ, il faut veiller en outre à une meilleure coordination entre les composantes civiles, militaires, policières et de soutien, et à une meilleure adéquation avec les priorités et les capacités des pays hôtes.

L’UE, le Mouvement des pays non alignés, le groupe CANZ et d’autres délégations se sont alarmés de la multiplication des attaques directes contre les soldats de la paix, comme celles dont a été récemment victime la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).  Le groupe CANZ et le Liban ont condamné l’appel d’Israël adressé à la FINUL pour qu’elle quitte ses positions dans le sud du Liban.  « Ces attaques sont inacceptables, compromettent gravement la sécurité des forces de l’ONU au Liban et créent un précédent dangereux et indésirable », a tranché le groupe CANZ, alors que la délégation libanaise s’est indignée qu’aujourd’hui même, Israël ait pris pour cible une voiture à un poste de contrôle de l’Armée libanaise à Sidon, tuant 3 civils en plus de blesser 3 soldats et 4 membres du contingent malaisien opérant au sein de la FINUL.  « La sûreté et la sécurité du personnel et des biens de l’ONU doivent être garanties et l’inviolabilité des locaux de l’ONU respectée à tout moment », ont exigé les membres du Groupe des Ambassadeurs francophones.

Ces derniers ont aussi estimé que l’efficacité de l’action internationale sur le terrain ne peut être réalisée que si l’ONU prend pleinement en considération le contexte local et s’attache à faire coïncider les compétences, notamment linguistiques et interculturelles, et les zones d’intervention: « Nous croyons fermement que l’avenir des opérations de paix ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion approfondie sur ces enjeux. »

Il faut veiller à ce que les OMP évitent à tout prix de devenir des parties au conflit, a souhaité le Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, en encourageant un effort pérenne de la communauté internationale pour fournir une assistance au pays et réduire les inégalités qui nourrissent les conflits.

À l’instar de l’UE, le Mouvement des pays non alignés a pris rendez-vous à la Réunion ministérielle sur le maintien de la paix, qui se tiendra en 2025 à Berlin, et sera une occasion essentielle pour les États Membres de poursuivre la réflexion sur les réformes nécessaires et de prendre des engagements concrets pour dépasser les défis opérationnels auxquels font face les opérations de maintien de la paix.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Déclaration liminaire

La Sous-Secrétaire générale pour l’Afrique aux Départements des affaires politiques et de consolidation de la paix et des opérations de paix (DPPA), Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE, qui s’est exprimée au nom du Secrétaire général adjoint M. Jean-Pierre Lacroixa commencé par dire que les défis auxquels est confronté le maintien de la paix aujourd’hui sont plus complexes et imbriqués que jamais, ce qui rend les conflits d’autant plus difficiles à résoudre.  Il s’agit notamment de divisions géopolitiques croissantes et d’une évolution rapide de la nature des conflits, où la violence et l’instabilité sont souvent alimentées par un mélange d’influences extérieures, de criminalité transnationale organisée et d’extrémisme violent, et favorisées par des avancées technologiques rapides, y compris celles qui permettent de propager plus rapidement la désinformation.  Sans compter les effets perturbateurs des changements climatiques, a ajouté la haute fonctionnaire.  À cette aune, le succès de l’exécution du mandat des opérations de paix dépend essentiellement du soutien politique total, cohérent et unifié des États Membres, qui malheureusement s’érode parfois, a-t-elle noté.

Alors que les règlements politiques des conflits sont restés inatteignables dans de nombreux pays au cours de l’année écoulée, les forces de maintien de la paix ont maintenu le cap.  Ces dernières semaines, la présence continue des soldats de la paix le long de la Ligne bleue entre Israël et le Liban a été cruciale pour soutenir les efforts de désescalade, le retour à la cessation des hostilités et la protection des civils, a fait valoir Mme Pobee.  Et dans le Golan syrien, les Casques bleus de la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) ont continué à surveiller la zone de séparation et la ligne de cessez-le-feu entre Israël et la Syrie.   La Sous-Secrétaire générale a dénoncé le fait que dans l’exercice de leurs fonctions, les forces de maintien de la paix des Nations Unies ont trop souvent fait l’objet d’attaques directes, en rendant hommage aux 49 courageux Casques bleus qui ont fait le sacrifice ultime depuis le début de cette année.  Une coopération constructive entre les missions et les pays hôtes reste essentielle pour favoriser leur sûreté et leur sécurité tout en garantissant l’exécution sans entrave de leur mandat, notamment en travaillant ensemble au plein respect de l’accord sur le statut des forces, a-t-elle fait valoir, car même si le nombre de décès a considérablement diminué depuis le début de l’année, notamment grâce au renforcement des mesures de sécurité et à la fermeture de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), les personnels de maintien de la paix continuent de subir des pertes dues à des actes malveillants, notamment au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL).

L’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P), a relevé la haute fonctionnaire, a continué à servir de stratégie de mise en œuvre, catalysant les progrès vers une exécution plus efficace des mandats tout en renforçant à la fois la sécurité des soldats de la paix et la responsabilité de leurs actions.  Rappelant que pour le Département des opérations de paix (DOP), la priorité absolue reste de soutenir et faciliter les solutions politiques aux conflits, Mme Pobee a cité le cas de la République démocratique du Congo (RDC), où la MONUSCO continue d’offrir ses bons offices pour soutenir les processus politiques sur les plans régional, national et local, en collaborant étroitement avec toutes les parties prenantes concernées pour créer les conditions d’un retrait responsable.

Le succès des missions dépend également de mandats clairs et réalisables, définis en collaboration avec le pays hôte, a poursuivi la Sous-Secrétaire générale.  Des communications stratégiques proactives et convaincantes sont tout aussi cruciales pour renforcer le soutien, gérer les attentes et fournir des informations opportunes, précises et impartiales aux principales parties prenantes par le biais d’une série de canaux.  C’est l’objectif de la politique actualisée de 2024 sur les communications stratégiques dans les opérations de paix, a-t-elle expliqué.  Élaborée conjointement avec le DPPA et la DCG, elle vise à renforcer la coordination et la communication dans l’ensemble des missions de l’ONU.  Pour ce qui est de la question des informations préjudiciables, Mme Pobee y a vu une menace sérieuse pour la sûreté et la sécurité des soldats de la paix et la mise en œuvre du mandat des opérations.  Toutefois, les opérations de paix ont progressé dans la lutte contre la désinformation et les discours de haine, a-t-elle signalé, notamment grâce aux outils d’analyse numérique et au renforcement des capacités, favorisé par des formations.

Pour marquer le dixième anniversaire du Sommet des dirigeants sur le maintien de la paix, la prochaine Réunion ministérielle des Nations Unies sur le maintien de la paix, qui se tiendra à Berlin en mai 2025, se concentrera sur l’avenir du maintien de la paix, a annoncé Mme Pobee.  Afin d’éclairer ce processus, le Département des opérations de paix, à la demande des coprésidents du processus ministériel, a commandé au début de l’année une étude intitulée « L’avenir du maintien de la paix: nouveaux modèles et capacités correspondantes », présentée aux États Membres la semaine dernière.  À la demande de ces derniers, un examen de l’avenir de toutes les formes d’opérations de paix des Nations Unies sera entrepris et une nouvelle stratégie de mise en œuvre de l’initiation Action pour le maintien de la paix élaborée, a encore précisé la Sous-Secrétaire générale.

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